Face à cette bonne nouvelle, Maria et moi dûmes nous retrouver pour un petit moment câlin et profiter de ce soulagement le plus total. J'étais heureux, très heureux. Aaron s'était battu comme je l'avais espéré. Et même si dans le fond, je restais encore un peu stressé qu'il y ai un revirement de situation, je restais néanmoins beaucoup plus détendu. Mes bras se refermèrent autour de la brunette, je la serrais doucement contre moi. « Moi aussi je t'aime, plus que tout. », murmurais-je tout en passant ma tête contre la sienne.

Puis une infirmière arriva, dans le but de nous mener jusqu'à une des chambres de repos utilisées par les internes, et toutes autres personnes travaillant au sein de cet hôpital, se voyant dans l'obligation d'être de garde. En effet, quand il y avait une heure qui se présentait pour aller se reposer, ils n'hésitaient pas, ce qui pouvait être compréhensible. Et je devais avouer que là, maintenant, je n'étais pas contre un peu de sommeil. Cela faisait plus de vingt-quatre heure que nous étions éveillés. Cela est déjà difficile à endurer pour une personne d'une vingtaine d'années. Et même si nous n'étions pas des vieillards, Maria et moi n'étions plus en âge de faire ainsi des nuits blanches comme on le souhaite.

Ainsi, nous remerciâmes la jeune femme quand elle nous guida jusqu'à la porte de la chambre de repos. « Merci beaucoup. » L'infirmière esquissa un sourire, visiblement touchée et heureuse que notre bébé aille bien mieux. « Reposez vous bien. » Puis elle tourna les talons pour disparaître et vaquer à ses occupations et à ses obligations professionnelles. Enfin je posais ma main sur la clenche et l'ouvrais, avant de dégager le passage pour laisser Maria entrer en première. Oui, même fatigué, il faut savoir garder les gestes d'un parfait gentleman. Je la suivais et refermais la porte. Certes, ce n'était pas très luxueux. La pièce se trouvait être assez petite, et s'il n'y avait eu qu'un lit, on aurait pu le faire entrer dans un placard à balais sans difficulté. De plus, même si les draps devaient être changés tous les jours, il n'en restait pas moins qu'il arrivait certainement que plusieurs personnes dorment dans le même lit à quelques heures d'écart. En somme, on se couche où il y a de la place. Personnellement, ça ne m'écœurait pas plus que ça, au contraire. Ça me donnait l'impression d'être de nouveau étudiant.

« Je suis éreintée. » Je posais un instant mon regard sur Maria et esquissais un sourire attendri. « Tu vas pouvoir te reposer. », lui avouais-je alors je déboutonnais mon pantalon pour le retirer, avant de m'attaquer à ma chemise. Ainsi, je me retrouvais bien vite uniquement en boxer et venais prendre place sur le même lit que celui où se trouvait la brunette. Je m'étirais doucement, me préparant à quelques petites heures de sommeil. Puis mes yeux regardèrent chacun des lits, avec un petit sourire amusé. « Si les rumeurs sont vraies, à ton avis, combien de personnes ont couché sur ce lit là ? »

« I will stay, I don't care about the rest. I love you. Don't you ? »

Savoir combien de personnes pouvaient avoir dormi ici avant eux, Maria s'en fichait comme de l'an quarante. Tout ce qu'elle voulait présentement, c'était se reposer un petit peu tout en sachant dorénavant que leur enfant allait bien, ou bien mieux que la veille tout du moins. Cela la soulageait tant.. Le fait de savoir que des médecins, infirmières ou autres avaient pu dormir aussi, mais quelle importance, honnêtement... S'allongeant aux côtés de son compagnon, la brunette prit les bras de l'homme qu'elle mit tout autour d'elle, cela la rassurait tellement. Elle avait besoin d'Edward, d'ailleurs maintenant qu'elle avait le temps d'y repenser, la brunette se remémora tout ce qu'elle avait pensé quand elle avait vu Aaron dans cette couveuse.

« Il y a quelque chose que je voulais te dire... »

Chuchota t-elle alors qu'elle avait fermé les yeux. Maintenant qu'elle y repensait, autant qu'elle dise tout ce qu'elle pouvait avoir sur le cœur à l'homme qui occupait une grande partie de son cœur justement. Il ne lui en voudrait pas, bien au contraire, si tout fonctionnait comme prévu – ou tout comme elle aurait aimé que cela se passe – Edward devrait d'ailleurs grandement apprécier tout ce qu'elle avait à lui dire en ce moment.

« ...lorsque j'ai vu Aaron hier soir, dans cet état, j'ai pris conscience de pas mal de choses. Et je n'en reviens pas de ne m'en être enfin rendue compte alors que notre fils était au plus mal. Je voulais m'excuser. » Elle se retourna vers Edward pour lui parler droit dans les yeux. « Ces derniers mois n'ont pas été faciles pour nous, mais en particulier pour toi, et moi j'ai complètement déconné. Alors que tu avais besoin de moi, tout ce que j'ai trouvé à faire c'est de fuir. Je suis désolée pour ça. On était prêt à se marier, on venait d'avoir un enfant, et moi...tout ce que j'ai trouvé à faire c'est te laisser tomber, et j'en ai honte. »

Voilà que maintenant, la brunette se laisser aller à libérer son cœur et dire ce qu'elle pensait réellement, pour une fois, voilà qui changeait bien des choses. Souriant à Edward, elle lui caressa la joue.

« J'ai pas du tout réagis de la bonne manière avec toi, et je t'ai fais souffrir et tout ça pour quoi ? Parce que je n'ai pensé qu'à moi et qu'à me protéger. Je n'aurai jamais dû. Et depuis qu'on est de nouveau ensemble, je n'ai jamais pris deux minutes pour te le dire. »

Elle se mit à rougir.

« Voilà, je l'ai fais. »

On aurait dit une adolescente qui venait d'avouer à son premier amour qu'elle était amoureuse de lui. Comme quoi parfois...

Maria s'occupa de placer mes bras autour de son corps. Je ne me faisais pas prier et venais me coller à elle, avec tendresse. Ma main caressa ses cheveux. « Il y a quelque chose que je voulais te dire... » Elle attira mon attention. Mes yeux se posèrent sur son délicieux visage. Ses paupières se fermèrent quelques instants. « Je t'écoute. », murmurais-je avant de déposer un baiser sur sa tempe, tout en lui prêtant toute mon attention. Elle vint à s'excuser. Un de mes sourcils se arqua. Pourquoi demander pardon ? Elle n'avait rien fait de mal. Puis elle expliqua la raison de son comportement. Oh... elle parlait du moment où elle avait décidé de rompre avec moi ? Je restais silencieux, trouvant plus judicieux de la laisser s'exprimer, plutôt que de la couper pour dire n'importe quoi.

Effectivement, elle avait en partie déconné à ce moment là, tout comme moi en fait. Je ne lui avais pas rendu la vie très facile, ce fut la raison pour laquelle je refusais de voir en elle l'unique fautive de l'histoire. Néanmoins, nous étions d'accord sur une chose : quand elle a rompu avec moi, je venais de perdre mon frère, je n'arrivais pas à rester calme face à la situation, je perdais les pédales, et au moment où j'ai eu le plus besoin d'elle, elle a décidé de couper toute relation avec moi, me laissant seul. Ça m'a fait souffrir, énormément même car je me suis senti rejeté sur différents points. Et je ne pouvais cacher le fait que ça me fasse plaisir qu'elle s'en soit rendue compte, même si ce n'était que maintenant. Je pars dans l'esprit qu'on ne peut pas revenir en arrière. Le mal est fait. Et puis aujourd'hui, tout va bien qui finit bien, non ? Nous sommes de nouveau ensemble, pour le meilleur et pour le pire.

« Je ne t'ai pas rendue la vie facile non plus tu le sais très bien. Après, j'avoue que j'ai été blessé par le fait que tu m'abandonnes au moment même où j'avais le plus besoin de toi. J'aurais aimé plus de soutient. Mais le passé est le passé. Et puis, tu as bien eu le droit de péter un câble. J'étais loin d'être un ange, on le sait tous les deux. Encore aujourd'hui j'ai du mal à rester calme et à me contrôler. » Ce que je voulais lui faire comprendre, c'est qu'elle n'avait pas besoin de culpabiliser. Nous avions tous les deux des choses à nous reprocher. Je lui adressais un clin d'œil, avant de reprendre la parole. « Et puis, notre rupture n'a pas eu que du mauvais. Tu m'as aidé à me rendre compte que je perdais bien trop les pédales. En fait... ça m'a même poussé à essayer de vaincre le plus possible mon hyperactivité. Et même si les résultats ne sont pas forcément toujours concluants, je sais qu'il y a du progrès. Si tu n'avais rien fait, si tu ne t'étais que contenter d'accepter tous mes écarts de conduite, qui sait où j'en serais aujourd'hui ? Encore une fois en garde à vue pour avoir déclenché une bagarre dans un bar sous l'effet de l'alcool ? Donc merci à toi quelque part. »

Je lui adressais un nouveau sourire et venais déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Quelle importance maintenant ? Nous sommes de nouveau réunis, et c'est le plus important. »

« I will stay, I don't care about the rest. I love you. Don't you ? »

C'est vrai, à présent ils étaient de nouveau ensemble et semblaient très heureux ainsi. Évidemment, ils allaient encore avoir bon nombre de défis à relever comme celui qu'ils venaient tout juste de surmonter c'est-à-dire le fait qu'un de leurs enfants soit malade, mais dorénavant Maria osait penser qu'ils s'en sortiraient, quoiqu'il pourrait se passer. Fort heureusement, Aaron allait apparemment s'en sortir, pour le plus grand bonheur de ses deux parents qui s'étaient fait un véritable sang d'encre pour leur fils. Maintenant Maria et Edward allaient pouvoir penser à eux, aux enfants à l'avenir qu'ils voulaient bien réserver à leur famille. A vrai dire, Maria avait déjà des tonnes de projets à l'esprit, mais elle ne voulait pas précipiter les choses, ainsi la brunette gardait tous ses désirs en elle, pour les délivrer à son compagnon un peu plus tard. Pour le moment, le plus important était qu'ils se reposent un peu, alors qu'ils n'avaient pas fermé l'œil de la nuit l'un comme l'autre, et qu'ils profitent également du fait de pouvoir se retrouver un petit peu seuls. Cela leur ferait également le plus grand bien et ça, Maria en était intimement persuadée. Partageant alors un tendre et agréable baiser avec Edward, la brunette ne se retînt nullement lorsqu'il fut nécessaire – selon elle – qu'elle passe ses mains dans le cou de l'homme pour accentuer leur échange amoureux. Ça aussi, ils en avaient tout aussi besoin. En effet, depuis qu'ils étaient parents, on ne pouvait pas réellement dire qu'ils avaient suffisamment de temps pour eux pour partager ce genre de moment à deux. Mais n'était-ce pas cela le fait d'être parent ? Devoir faire quelques confessions, même si cela voulait dire tirer un léger coup de crayon sur leurs relations amoureuses ? Il y avait sans doute un petit peu de cela, mais pas seulement. Maria tout comme Edward, et même parfois surtout Edward, tenait à maintenir des relations intimes entre eux, sans travail et sans enfants. Mais était-ce réellement possible ? Ils osaient encore l'espérer, sans tellement savoir cependant s'ils y parviendraient véritablement. Il fallait simplement y croire, et voir par la suite ce qui se produirait, tant que les choses allaient dans le bon sens, dans le sens du couple, à leur avantage en fait. Dans le cas contraire, quel serait l'intérêt sincèrement ?

« Je t'aime. »

Bien-sûr, elle ne cessait de le dire, mais en même temps, elle ne faisait que dire ce qu'elle ne cessait de penser. Il ne fallait pas croire que Maria partait de l'idée que si on ne dit pas, c'est qu'on ne le pense pas, seulement lorsqu'il s'agissait de dire ce qu'elle ressentait à son compagnon, surtout après ce qu'ils avaient traversé – que ce soit maintenant ou il y a quelques mois – Maria voulait le faire, pensant que c'était tout simplement très important pour le bon maintien de leur couple. Comment pourrait perdurer un amour dans le silence le plus total des sentiments, honnêtement ? Maria ne voyait pas comment cela pouvait vraiment fonctionner, mais pourquoi pas, elle n'était pas contre l'idée, mais ne la poursuivrait pas.

« Et pour répondre à ta question... » Chuchota t-elle en passant ses doigts contre le torse de son compagnon qu'elle avait glissé tout sa chemise. « ...je ne veux même temps imaginer combien de personnes ont dormi ici avant nous. » Elle sourit.

Je ressentais le besoin de me retrouver seul avec Maria, de profiter de l'instant, me reposer avec elle tout en étant de nouveau serein quant à l'état de santé de notre fils. Un moment de tendresse qui nous est propre. Un instant entre nous, entre amoureux. « Je t'aime. » Le bout de mon index se baladait sur son visage, redessinant ses traits. Je me stoppais au niveau de l'arête de son nez. « Je t'aime encore plus. », lui murmurais-je avec ce sourire taquin et malicieux qui m'est tant connu désormais. Qu'importe le fait de paraître pour le dernier des niais. Je m'en fichais. Je lui adressais un petit clin d'œil avant de m'approcher d'elle pour revenir à la rencontre de ses lèvres.

« Et pour répondre à ta question... je ne veux même temps imaginer combien de personnes ont dormi ici avant nous. » Elle laissa ses doigts glisser sur mon torse. Le bout de ses ongles sur ma peau me fit délicieusement frissonner. « Si ce n'est que dormir, ça va. » Je ne pus retenir un rire. Non, mieux valait ne pas penser à ce genre de choses, car si l'on partait dans l'esprit que quelques couples dans la soirées avaient déjà fait l'amour ici même, dans les mêmes draps, là, ça deviendrait très écœurant et j'observerais avec suspicion tout ce qui pourrait ressembler de près comme de loin à une tâche...

J'étais partagé entre deux options. M'endormir et récupérer mes forces, laisser les heures passer rapidement et retrouver au plus vite mon fils, ou ne serait-ce qu'en savoir plus sur son état de santé. La seconde option ? Celle de me retrouver plus intimement avec Maria. En fait, nous avions enfin l'occasion de nous retrouver tous les deux, sans les enfants sur le point de nous stopper dans notre élan. Et puis, nous avions bien besoin de fêter la bonne nouvelle, non ? Aaron vivrait encore très longtemps et en bonne santé. Mais ce n'est pas comme si j'étais le seul à prendre ce genre de décisions. Ainsi, je m'approchais de la brunette, discrètement, et prenais la main qu'elle avait posé sur mon torse, avec tendresse. « Tu n'as pas envie de... baptiser cette pièce ? » Je lui adressais un sourire espiègle, tout en faisant glisser sa main avec la mienne un peu plus bas, plus exactement au niveau de mon bas ventre. « Ou on peut... tout simplement dormir, bien sagement. »

Fin