Sur le coup, je ne sais pas si c'est une bonne idée de revenir ici ou non. Après tout, j'avais largué Taylor il y a trois jours, elle avait même pleuré au téléphone avant de me traiter de tous les noms possibles et de promettre de me castrer si elle me recroisait un jour. Je tenais encore un minimum à mon anatomie pour la provoquer en retournant la voir. J'espère au moins qu'elle n'était pas là, et que cette fête n'était pas un piège pour déguiser ma mise à mort. Benson fille n'était pas comme toutes les nanas que j'avais eu. Celles avec qui j'étais sortit plus ou moins longtemps avaient pleuré, avaient cherché pendant des heures à savoir pourquoi je les quittais alors qu'on était si bien ensemble, avant de raccrocher dépitées et certaines que j'en voyais une autre dans leur dos. C'était le schéma typique de toutes les blondinettes que j'avais appelé ma puce au moins une fois dans leur vie. Taylor, elle m'avait menacé de me tuer, elle avait même balancé son potable à l'autre bout de la pièce pour marquer la fin de la conversation - ou pour me niquer les tympans, à voir comment on l'interprétait -. Elle avait toujours été plus violente que les autres de toute façon, et la voir sortir d'un des buis bien taillé, armée d'un sécateur pour me scalper ne m'aurait même pas étonné. Je reste coincé devant la maison des Benson, mains dans les poches de mon jean, capuche sur la tête, à me tourner cent fois la question dans la tête : est ce que je rentre, est ce que je retourne sur mes pas ? Je hausse les épaules, laissant échapper un soupire avant de me diriger droit vers la porte d'entrée, clope pendue aux lèvres. Je devais bien avoir une heure de retard, et j'entendais les basses raisonner dans le salon. Grande soirée chez les Benson ce soir. Andreas m'avait envoyé un message ce matin pour me dire de venir. J'avais hésité quelques secondes, ne l'ayant pas revu depuis l'incident de la dernière fois. Je m'étais encore torturé deux jours seul dans ma chambre, à broyer du noir, avant de me faire une raison et de ressortir, appelant directement Taylor pour lui dire qu'elle et moi, c'était terminé. Je lui avais sortit une vieille excuse, comme quoi nos caractère n'allaient pas vraiment ensemble, ce à quoi elle avait répondu que jusqu'à présent, on s'était toujours bien entendu sauf quand Andreas était dans les parages. J'avais tiqué à cette réplique, en embrayant sur le fait que sexuellement parlant, ce n'était pas le top non plus. C'était à ce moment là qu'elle avait commencé à me traiter. J'allais pas lui dire que je l'avais trompé. Avec son frère. Et si je la croisait ce soir, ce n'était pas pour la récupérer mais voir Andy.

Je m'apprête à frapper à la porte, mais une fois ma main posée sur la parois de bois, elle s'ouvre d'elle même, trois types complétement déchiré me souhaitant la bienvenue dans plusieurs langues avant de me tendre un verre. J'attrape le verre en rigolant un peu, le vidant de son contenu avant qu'un des trois types passe sont bras autours de mes épaules pour m'embarquer dans la maison. J'aurais dû arriver un peu plus tôt, histoire de ne pas avoir à me taper la visite guidé par les gros lourds complétement déchirés. Enfin remarque, pour chaque salle, j'attrape les verres ou bouteille qu'on me tend pour en boire un peu, histoire de me mettre dans l'ambiance. J'ai quand même l'instinct de survie, et scrute deux secondes les salles avant de rentrer, histoire de m'assurer que Taylor n'est pas cachée dans un coin et ne va pas me sauter dessus une fois m'avoir aperçu. Je n'ai pas peur d'elle hein, que ça soit clair. Mais si je pouvais passer une soirée tranquille et sans conflit pour une fois, ça m'arrangerait bien. Si c'était pour avoir une hystérique sur le dos toute la soirée, autant rester chez moi. Bref, pour l'instant, je ne la vois pas et enlève le bras du type pour me poser sur un des canapés. Andreas non plus je ne l'avais pas vu pour le moment. Si ça se trouve, il n'était même pas présent à sa propre fête, ça ne m'aurait pas étonné. Pourquoi je suis venu ? J'attrape un nouveau gobelet, verse un peu de vodka dedans et la porte à mes lèvres, me tournant ensuite vers ma voisine de siège, une jolie brunette aux cheveux attachés en chignon qui rigolait pour un rien. […] Andreas fait enfin son apparition dans le salon. Il est beau, comme toujours. Enfin bref, fallait que j'évite d'avoir les même yeux que Sandy, la brunette de tout à l'heure en le voyant débarquer. Les yeux boule à facette, ça se remarque de loin. J'sais pas s'il m'a vu, pas encore sûrement. J'attrape mon paquet de clope traînant sur la table, en file une à Sandy avant d'allumer la mienne et tirer une latte dessus.

.SOAN & ANDREAS.
« Bon les mecs, faut pas qu'on se fasse griller sinon c'est vraiment la merde. » Dis-je avant d'attraper le pâque de bière posé sur l'étagère en face de moi. Mes parents étant en voyage de deux semaines dans les iles – je ne sais plus quelles iles mais on s'en fou de toute façon – j'en profitais donc pour faire deux semaines de folies avec des soirée toujours plus grosses les unes que les autres. Ce soir c'était la première d'une longue série. On fêtait en quelques sortes le départ de mes vieux sur leur super croisière de riches. Etant parfaitement conscients d'être mineurs – donc pas moyen d'acheter d'alcool – mes potes et moi avions décidé de tout simplement aller voler des bouteilles dans le supermarché qui est à l'autre bout de la ville. Ouais, autant que je vole dans un endroit que je ne fréquente quasiment jamais. Ca évitera que l'on retrouve ma trace. Et puis je ne pouvais pas me servir infiniment dans le bar de mes parents, il serait à sec en moins de deux. Le problème, c'était d'éviter les vigiles qui nous avaient à l'oeil depuis que l'on était rentré dans le magasin. Mon pâque de bière sous le bras, j'entraine mes potes avec moi à déambuler dans les rayons du magasin pour faire mine de chercher quelque chose. Ayant chacun une bouteille dans les bras, les vigiles se rendent rapidement compte du petit jeu qui se trame. Il me suffit alors de faire un petit signe de la tête à mes potes pour que l'on se sépare rapidement afin de nous mettre à courir chacun dans des directions opposées pour sortir du magasin avec notre butin. Comme de vrais attardés, on pousse des hurlements et on se fou ouvertement de la gueule des vigiles qui tentent de nous rattraper. Putain, je crois que je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Hormis la fois où je me suis fais courser par le doberman de mon voisin. J'adore cette poussée d'adrénaline qui nous submerge lorsque l'on fait quelque chose de formellement interdis. Sans perdre de temps nous grimpons dans ma voiture, fières d'avoir réussi le coup du siècle et je démarre en trombe afin de rentrer chez moi.

Pour cette soirée, j'avais décidé d'inviter Soan. Je savais très bien que lui et ma frangine avaient rompu puisqu'elle m'en avait parlé pendant trois jours d'affilés du matin au soir et du soir au matin. En tout cas, je m'étais bien foutu de sa gueule lorsqu'elle m'avait expliqué les raisons de cette soudaine rupture. La pauvre, si elle savait...Tirant sur ma clope, j'installe les bouteilles sur la grande table et sors des tas de gobelets en plastique. Ouais, j'suis pas encore totalement con et je sais très bien que dans ce genre de soirée, la vaisselle finit vite en mille morceaux. C'est pourquoi, j'avais pris soin de ranger tous les objets de valeur et de le mettre sous clef. Les voleurs c'était pas ca qui manquait par ici. Tirant sur ma clope, je jette une coup d'oeil à ma frangine qui tire une gueule de trois mètres et lève les yeux au ciel. « T'en as pas marre de tirer cette tronche ? A ce rythme ton visage va s'affaisser et tu vas être bonne pour de la chirurgie esthétique. » Je lui balance en lui tendant un verre que je viens de remplir. Elle marmonne une injure dans sa moustache parfaitement inexistante et moi je pars plus loin pour accueil les invités qui commencent à arriver. En tout cas, tout ce que je souhaite, c'est que Soan vienne à la soirée même si il ne m'avait pas confirmé sa venue. […] « Si jamais vous avez des envies, j'ai mis ce qu'il faut un peu partout dans la maison. » Dis-je perché sur la table de la salle à manger tout en agitant une boite de préservatifs. Ouais, valait mieux être prudent. Je n'avais pas spécialement envie que tout le monde fasse des gosses dans mon salon. Je finis par descendre de mon perchoir et reporte ma clope à ma bouche avant d'attraper un verre et commencer à me promener dans la maison à la recherche du seul invité qui m'intéresse : Soan. Et puis c'est qu'il y a tellement de monde que pour le trouver ca va être mignon. Tout ce que j'espère c'est qu'aucun de mes potes ne l'a fait flipper si jamais il s'est décidé à passer le pas de ma porte. La blonde qui était de dos et que je trouvais plutôt bonne, finit par se retourner en me faisant un large sourire. J'affiche un sourire en coin et passe un bras autour de son cou afin de l'entrainer avec moi dans le salon. Ouais enfin ca c'était jusqu'à ce que mes yeux croisent ceux de Soan. D'un geste rapide je lâche la blondasse et me dirige droit vers l'immigré avec un sourire amusé accroché aux lèvres. Prenant place à ses côtés, je m'enfonce confortablement dans le canapé et passe une main dans mes cheveux. « Content d'te voir mec. » Je lui dit tout en lui donnant un coup d'épaule. « J'savais pas si tu viendrais. A cause de ma soeur. » je lui avoue en avalant une gorgée de mon verre. Qu'est-ce qu'il est beau ce mec bordel.

Je ne dirais pas que je commence à me faire chier, mais presque. Pour le moment, les gens sont là, assis par petits groupes, certains bougent au son de la musique, verre vide à la main. Le reste discute du lycée et compagnie. Et toi tu viens d'où ? Question répétée une bonne dizaine de fois par la nana à côté de laquelle j'étais assis. De loin, de l'autre côté de San Francisco … Question tout de suite suivie par : et qu'est ce que tu fais là. C'est vrai après tout, je n'avais rien à foutre ici, et les questions balancées par Sandy me le faisaient plus que remarquer. Elle ne pensait pas à mal, au contraire, mais nous n'avions rien en commun. En fait, je n'avais rien en commun avec tous les gens présents ici, qui venaient tous du lycée de la Marina. Rien en commun mis à part les deux trois verres dans le nez, les poumons déjà bien amochés et Andreas Benson. Quoi que, j'suis certain que vu le nombre de gens présents ici, une bonne vingtaine n'ont jamais entendu parler de leur hôte. C'était pas le genre de soirées que j'avais l'habitude de fréquenter … C'était totalement différent sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi. Les gens sûrement. C'est jamais facile d'arriver au milieu de quarante personnes inconnue et d'aller taper la discut à tout le monde. C'est sûrement pour ça que je ne perds pas de temps à enchaîner les verres, histoire d'être un peu plus à l'aise, et d'essayer de faire varier le disque de Sandy qui commence à m'expliquer que toutes les personnes ici sont adorables. Un fait que je ne saurais pas expliquer : le nouveau venu est toujours considéré comme l'handicapé de service. Comme s'il fallait qu'elle me prenne par la main pour me faire faire le tour du salon. Ah merci Sandy, je me sens trop rassuré sur le coup. Je n'ai jamais eu de chance là dessus : il faut toujours que je m'asseye à côté de la lourde de service. Oui c'était un impératif, une poisse que je traînais depuis des lustres. J'sais pas, j'avais dû être horrible dans une ancienne vie, faire chier tout le monde et le karma se vengeait sur moi ce soir en m'envoyant Sandy.

Je hoche la tête de haut en bas, mon verre faisant l'aller retour entre la table et mes lèvres. Cette fois c'est clair et net, je me fais chier. J'aurais très bien pu naviguer de pièces en pièces, à la recherche de nouvelles connaissances ou même de mon but principal : Andreas. Mais j'avais trop peur que ce dernier pense que je le cherchais. Il allait se mettre à penser qu'il me faisait un effet monstre depuis la dernière fois – ce qui était vrai au passage -. J'étais venu ici, c'était déjà bien. Je relève les yeux, pour le voir arriver accompagné d'une blonde, bras autours de ces épaules qu'il retire directement après avoir croisé mes yeux. Allez Soan, fais semblant de t'amuser pour voir. Je souris à Sandy, en laissant entendre un petit rire – pas trop fort non plus, je suis un mauvais comédien et j'ai tendance à tout exagérer dans mes gestes -. La brunette est aux anges d'avoir enfin capté mon attention avec son histoire de rebelle première de la classe. Si je lui racontais ce que je pouvais y faire en classe … C'était pas avec sa boulette de papier balancée dans le dos du prof qu'elle allait attiré mon admiration. Enfin, on s'amusait comme on pouvait. Andreas s'approche, Sandy se lève pour lui faire la bise mais il prend sa place, s'enfonçant dans le canapé à mes côtés, me balançant un coup d'épaule au passage. « Content d'te voir mec. » Moi aussi. « Hmm. J'avais rien de prévu ce soir donc je me suis décidé à bouger. » Tu parles Charles. Comme pour la semaine dernière, je n'avais pas arrêté de penser à lui. Le message de ce matin m'avait mis en stress en plus du reste, la crise existentielle sur la façon dont j'allais débarquer, sur comment me comporter en face de lui. Bref, autant paraître totalement normal, pas agressif comme il y a quelques jours. « J'savais pas si tu viendrais. A cause de ma soeur. » Je crisse un peu en venant déloger la clope d'entre ses lèvres pour tirer une latte dessus. Taylor, mon gros problème de la soirée. « Je savais pas non plus. Elle m'a promis de me défoncer la gueule si je remettais les pieds ici. » Je hausse les épaules. « Enfin défoncer la gueule... C'est un bien grand mot. » Bon, fallait pas abuser non plus quand on voyait le gabarit de Taylor à côté du mien. Elle pourrait battre des poings autant qu'elle le voulait, elle ne ferait que brasser de l'air – même si je n'allais pas me battre avec elle -. Je tire une nouvelle latte sur la clope d'Andy avant de la lui rendre. Ça me fait bizarre de lui parler comme ça. Ça me stresse aussi même si je ne laisse rien paraître. L'horreur si j'étais sujet aux mains qui tremblent. « Sympa comme soirée ... » Note pour moi même et mon talent de comédien : mettre plus de conviction dans mes paroles. Je jette un regard à la brunette qui occupait tout à l'heure le siège à côté de moi. « Merci de m'avoir sauvé de Sandy. Je sais pas où tu l'as trouvé elle … mais bon. » . Je me sens un peu mal à l'aise encore, à être à côté de lui, et attrape un mon verre à moitié vide pour le finir.

Les soirées comme celle-la, il y a en un paquet dans le quartier. La jeunesse dorée de San Francisco qui passe son temps à dépenser sans compter l'argent de papa et maman ainsi que boire et fumer jusqu'à n'en plus pouvoir. Des parents censés n'auraient jamais laissé leur somptueuse villa à des enfants terribles comme ma soeur et moi. J'en étais certain. Seulement mes parents avaient un côté complètement cinglés et aimaient prendre des risques. En nous laissant ici ma frangine et moi, ils savaient très bien que nous n'allions pas nous contenter d'aller au lycée et de rentrer chez nous tranquillement le soir à glander devant la télévision tout en bouffant de la pizza. Non, ce serait trop beau. Personnellement j'aurais été à leur place, je crois que j'aurais foutu des flics de la maison afin de m'assurer qu'il n'y ait aucun débordement. Autant employer les grands moyens n'est-ce pas ? Mais ce n'est que mon avis. Pour ma part, j'avais pris soin de fermer la porte de ma chambre à clef. Après tout, on est jamais trop prudent. Je n'avais pas la moindre envie de me faire piquer des trucs ou bien de retrouver deux cons entrain de faire des folies de leur corps dans mes draps. Qu'ils pètent des trucs dans le salon je m'en foutais royalement – sauf l'ecran plat – du moment qu'ils ne touchaient pas à mes affaires personnelles. Des soirées de ce genre là, j'en avais fait un bon nombre pour savoir qu'il fallait planquer ce à quoi on tenait le plus. Moi-même je piquais des tas de trucs quand j'allais chez les autres. C'était tellement facile de se servir avec le monde qu'il y avait. Tout ce que j'espère, c'est que ce genre de soirée ne fera pas flipper Soan. Bien qu'il ait l'habitude d'aller dans des trucs de débauches, j'suis pas certain que ce soit le même genre que les fiesta de bourg'.

En parlant de Soan, il me tarde de le trouver parmi toute cette foule. Mais connaissant le phénomène Wilshire, ca ne m'étonnerait même pas qu'il ne soit pas venu. Notre relation était tellement bizarre depuis quelques temps. Depuis la fois où j'étais aller mettre les choses au clair dans son quartier, nous ne nous étions pas revus. Et pour être honnête, je ne sais plus trop quoi penser de tout ca. C'est une évidence, Soan me manque depuis cette longue semaine et je n'ai qu'une seule envie : le revoir. De savoir qu'il avait largué ma soeur m'avait soulagé d'un poids. Ouais, j'étais heureux qu'il ne se passe plus rien entre lui et Taylor. De toute façon, j'suis pas certain que je l'aurais supporté encore très longtemps. Ma soeur était complètement déprimée depuis trois jours alors que moi j'étais très certainement le mec le plus heureux du monde. Mais bon, je serais encore plus heureux si Soan se décidait à venir ce soir. Comme je n'ai aucun signe de vie de l'amour de ma vie – oui oui dans ma tête c'est un peu la folie quand je pense à lui – je me contente d'embarquer une blondasse avec moi. Elle est plutot mignonne et va me servir de jouet pour la soirée voilà tout. Il faut bien que je m'occupe un peu. Ce n'est pas que je n'avais aucun respect pour la gente féminine, mais presque. Les nanas j'aime bien m'envoyer en l'air avec point barre. Mis à part ca, elles me courent vite sur le haricot, surtout lorsqu'elles commencent à me parler de relation serieuse et tout ce qui s'en suit. Alors je les dégage vite fait bien fait de ma vie. Alors que chez Soan, tout me plaisait chez lui. Absolument tout. Pour une fois que j'avais vraiment envie d'être avec quelqu'un, il fallait que je lui cours après. Si c'est pas le monde à l'envers ca. Généralement ce sont les autres qui me court après.

Rapidement je lâche Blondie pour rejoindre Soan sur le canapé. Ce n'est pas que ca me dérangeait qu'il parle avec une nana, mais un peu quand même. Bref, après avoir dégagé la brunette je lui avoue que je suis content de le voir là. « Hmm. J'avais rien de prévu ce soir donc je me suis décidé à bouger. » Je hoche la tête et me mords la lèvre inférieure avant de porter mon verre à ma bouche. On a vraiment l'air de deux gros cons là, sur notre canapé à ne pas savoir comment s'y prendre l'un avec l'autre. Enfin si, moi j'aimerais bien le prendre dans mes bras mais j'peux pas. Premièrement parce qu'il y a ma soeur qui traine dans les parages et deuxièmement parce que je ne sais même pas ce que veut Soan. En parlant de ma soeur, je lui avoue que je ne savais pas si il viendrait à cause d'elle et de ses crises d'hystérie. « Je savais pas non plus. Elle m'a promis de me défoncer la gueule si je remettais les pieds ici. » Je lève un sourcil puis lève les yeux au ciel. Elle s'est prise pour Bruce Lee ou quoi ? « Enfin défoncer la gueule... C'est un bien grand mot.  » Je laisse échapper un rire « Elle a déjà du mal à ouvrir un pot de moutarde, j'vois pas comment elle te défoncerait la gueule. A coup de ceinture cloutée peut-être. » Dis-je avec un air amusé. Qu'elle abime le beau visage de Soan et c'est moi qui lui refait le portrait. Alors que je m'apprête à porter ma cigarette à mes lèvres, Soan me la pique pour tirer dessus avant de me la rendre. Y'a du progrès, il n'a plus peur de mélanger sa salive à la mienne. Quoi qu'on avait fait pire que de s'échanger une clope. « Sympa comme soirée ... » Je lui jète un regard en coin, la clope calée entre mes lèvres. « Dans vingt minutes y'en a au moins quatre qui vomissent. » J'affirme en haussant les épaules. « Merci de m'avoir sauvé de Sandy. Je sais pas où tu l'as trouvé elle … mais bon. » Je fais une moue avec ma bouche, faisant mine de réfléchir. « J'sais pas, j'ai du me la taper un jour. Mais j'm'en souviens pas. » J'affirme tout en recrachant de la fumée. En même temps si je devais me rappeler de toutes les nanas que j'me tape j'ai pas fini. « Andy, y'a ta soeur qui se sent mal. » Je pousse un soupire et passe une main dans ma chevelure avant de me lever du canapé « J'vais aller la coucher, je reviens. » Dis-je à Soan avant de m'éloigner pour aller chercher ma soeur.

« Elle a déjà du mal à ouvrir un pot de moutarde, j'vois pas comment elle te défoncerait la gueule. A coup de ceinture cloutée peut-être. » Je laisse entendre un rire. Oui, c'est vrai que Taylor était plus apte à m'écraser avec ses doc martins qu'autre chose. Elle éclatait peut être la tête de certaines nanas qui ne lui plaisait pas, mais j'suis pas sûr qu'elle arrive à lever le poing assez haut pour m'avoir. Un jour, je l'avais surpris en train de se battre dans la rue, ce qui est tout sauf féminin. Enfin ça m'avait fait rire, ça m'avait même plu de la voir se défendre comme ça. Un des traits de caractère qui m'avait fait craquer pour elle au début, sa part de masculinité avancée. Je sais plus vraiment pourquoi elle en était arrivé aux mains, mais quand j'avais débarqué dans la ruelle, elle tenait une blonde par la tignasse en lui hurlant je ne sais quoi, une salve d'insultes. J'avais déjà vu cette blondinette, peut être en soirée … Taylor était peut être jalouse et avait décidé de lui faire payer le fait de m'avoir parlé ou je ne sais quoi. Je n'ose même pas imaginer la merde que ça serait si elle se rendait compte que je l'avais trompé avec son frère, dans la chambre à côté de la sienne. Elle aurait sûrement encore plus envie de me refaire le portrait … Et s'en prendrait sûrement à Andreas. Je rigole un peu moins à cette pensée. Le drame familial. J'pense que j'en voudrais un peu à mon petite frère si un jour il venait me piquer une de mes nanas. Quoi que, ça ne durerait pas des siècles, juste un ou deux jours et une paire de claque pour lui dire de ne plus jamais recommencer. Encore une fois nos relations familiales étaient très différentes. J'enchaîne avec une remarque sur la soirée, ne sachant pas très bien m'y prendre avec Andy. Si encore nous avions été seul et pas au milieu de quarante jeunes à moitié bourrés, j'aurais été plus à l'aise, j'aurais sûrement décroché des paroles un peu moins bateau que celles là. « Dans vingt minutes y'en a au moins quatre qui vomissent. » Le pronostique. D'instinct, je lui fais confiance pour ça, surtout en voyant le blondinet debout sur une table qui bouge dans tous les sens, une bouteille de vodka à moitié vide entre les mains. Il est blanc comme un cul et continue de faire hélicoptère. Deux minutes et il se casse la gueule, en rendant ses tripes.

Un type s'approche de nous, se penche vers Andy. « Andy, y'a ta soeur qui se sent mal. » J'ai envie de dire tant mieux, au moins elle viendra pas me donner de coup de couteau dans le dos … Mais je me retiens, regardant Andreas se lever en soupirant. « J'vais aller la coucher, je reviens. » Je lui fais un signe de main en le regardant s'en aller pour chercher sa sœur. Sandy revient aussitôt à l'attaque en voyant que sa place venait de nouveau de se libérer. J'dois lui avoir tapé dans l'œil, on retourne pas voir un mec qui balance une ou deux phrases tous les quarts d'heure sinon. J'ai aucune envie de me la taper, pas ce soir. Je pose ma main sur sa cuisse, tapote doucement dessus. « J'vais te chercher un autre verre, tu parles encore trop. » Je me lève à mon tour, traversant la salle assez rapidement pour me poster devant les escaliers menant à l'étage au dessus, aux chambres. Sur les marches, un couple qui se tripote et que je prends soin à contourner, montant rapidement l'étage. Je jette un coup d'œil au couloir, étonnamment vide pour le moment, et me pose dos sur la porte d'une des nombreuses chambres d'amis. Andreas doit être dans la chambre de sa sœur au fond du couloir, à s'occuper d'elle. Il est quand même mignon de faire ça, j'pense qu'il y en a plus d'un qui aurait laissé crever Taylor dans un coin. Je plonge la main dans ma veste pour me sortir une clope, attendant qu'il ressorte. […] Un bruit de porte qui claque, de l'autre côté du couloir se fait entendre, m'apprenant qu'Andy venait de sortir de la chambre de sa sœur. Il n'y avait pas vraiment de lumière dans le couloir, c'était plutôt calme si on excluait les hurlements dans le salon, les basses qui faisaient trembler les murs et le bruit des bouteilles qui venaient sûrement s'écraser par terre où sur les murs. Je tire une dernière latte sur ma clope et l'écrase dans un cendrier – ou pot de fleur -. Les pas se rapprochent, régulier, et le tatoué arrivé à ma hauteur, je saisie son bras fermement, l'entraînant avec moi dans la chambre d'amis pour ensuite refermer la porte en la poussant du dos, une main sur la nuque d'Andy. Mes lèvres viennent automatiquement retrouver les siennes, j'en crevais d'envie dès que je l'avais vu rentrer dans son salon. De ma main libre, je fais tourner le verrou de la porte de chambre – on sait jamais si un couple décidé de venir squatter et nous trouve là. J'en aurais fait une attaque -. Je finis par rompre le baiser, le poussant sur le lit pour le faire basculer. Je me met à califourchon sur lui, mes lèvres retrouvant une nouvelle fois les siennes, glissant ensuite jusqu'à son oreille. « Tu m'as manqué. » Je passe une main dans ses cheveux, le fixant dans les yeux. « Je n'ai fait que penser à toi … c'est la première fois que ça m'arrive. C'est … je sais pas. »

A chaque fois c'est la même chose. Il faut qu'il y ait un boulet qui picole trop et qui emmerde tout le monde. Enfin là c'est surtout moi que ca emmerdait. A croire que ma frangine en faisait exprès de tomber malade au moment où je papotais avec Soan. Ca m'énerve. Pour une fois qu'on pouvait parler tous les deux lui et moi. De toute façon ca ne m'étonnais même pas qu'elle finisse dans cet état là vu son air de dépressive accroché à son visage depuis trois jours. C'est moi qui la forçait à avaler quelque chose. Alors évidemment faim et alcool ca ne fait pas bon ménage. Rapidement j'arrive au niveau des toilette du rez de chaussez et dégage les gens qui sont autour d'elle. « Allez voir ailleurs putain ! » Je gueule en poussant un type un peu trop collant. Taylor est là, les bras entourant la cuvette des toilettes et la tête calée entre le mur et un bras. Elle va se taper un putain de torticolis en plus de son mal de crâne demain matin celle-là. J'écrase ma clope dans pot et m'avance vers ma soeur. Une fois à sa hauteur je m'accroupis et dégage de ma main des mèches de cheveux qui lui tombent dans les yeux. « Taylor. Réveille-toi. Taylor. » Une main sur son épaule je la secoue légèrement. Aucune réaction. Fait chier. Poussant un soupire, j'arrive à la tirer de son trou et la porte dans mes bras façon « mariée » avant de l'emmener dans sa chambre. C'est vraiment parce que c'était ma soeur que j'étais aux petits soins pour elle, sinon la personne qui aurait été dans cet état là je l'aurais laissé crever dans mes chiottes tout en s'étouffant dans sa gerbe. C'est tellement pas pratique d'ouvrir une porte lorsque l'on a quelqu'un dans les bras. Je gueule un coup et donne un coup de pied dans la porte pour l'ouvrir. D'un pas rapide je me dirige vers le lit afin de la déposer dessus. Je rabat la couette et attend quelques minutes, assis sur le rebord du lit pour m'assurer que tout va bien.

Une fois assuré qu'elle ne va pas gerber partout – ouais parce que c'est moi qui vait devoir nettoyer après – je me décide enfin à sortir de la chambre. Il faut que j'aille retrouver Soan dans le salon, il va se demander ce que je fabrique sinon. Et je ne voudrais pas qu'il prenne la fuite. Décidément, il y avait toujours quelque chose pour nous séparer. Enfin là c'était surtout ma soeur qui, comme à chaque fois nous emmerdait. Doucement je referme la porte de la chambre et reprend mon chemin vers l'escalier qui est à l'autre bout du couloir pour retourner dans le salon. Avec la chance que j'ai, je vais bien finir par me vautrer dans les marches vu qu'il n'y a pas de lumière. Ou très peu. Passant une main dans ma chevelure je continue ma route, jusqu'au moment où je sens une pression se faire sur mon bras. Sans que je n'ai vraiment le temps de capter quoi que ce soit, on m'entraine dans une des chambres et c'est à ce moment là que je me rends compte qu'il s'agit de Soan. Quelle mouche l'a piqué pour qu'il soit pris d'une telle fureur ? Mais bon, je ne vais pas m'en plaindre. Au contraire. Sa main sur ma nuque, nos lèvres viennent rapidement en contact et je m'empresse de passer mes bras autour de sa taille pour profiter du moment. Quel revirement de situation tout d'un coup. Lui qui était si renfermé et mal à l'aise, le voilà qui me saute dessus comme si j'étais son quatre heures.

Rapidement Soan verrouille la porte et dans même mouvement, me pousse vers le lit. Je me laisse tomber sur le dos et mes mains viennent trouver naturellement leur place au niveau de la taille de Soan lorsqu'il prend place au dessus de moi. Je relève légèrement la tête pour prolonger notre baiser, mais Soan finit par rapprocher son visage de mon oreille me murmurant un simple « Tu m'as manqué. » Mon coeur s'accélère soudainement face à ce qu'il vient de me dire, puis j'affiche un sourire ravi. Dans la seconde qui suit, sa main vint alors s'égarer dans ma chevelure avant qu'il ne reprenne aussitôt la parole. « Je n'ai fait que penser à toi … c'est la première fois que ça m'arrive. C'est … je sais pas. » Gosh. J'vais en faire une attaque. Est-ce qu'il se rend compte de l'état dans lequel ca me met, que de l'entendre me dire ca ? Mes mains toujours sur sa taille, je le saisit fermement afin de le faire basculer sur le coté et prendre par la même occasion la position du dessus. Dans un même mouvement, mes lèvres retrouvent celle de Soan, puis au bout d'un certain temps je recule mon visage du sien, laissant courir un doigt le long de sa joue. « Toi aussi tu m'as manqué. Mais je savais pas si... » Je marque une pause. « Je t'aime tu sais. Vraiment. » Je lui avoue. « T'es le premier à qui je dis ca. » Je continue avant de l'embrasser a nouveau et lui retirer son T-shirt.

J'ai un instant de doute dans le couloir. Je commence à m'inquiéter tout seul, à me faire des films en me demandant si ma présence ici était une bonne idée. Sandy allait peut être commencer à me chercher vu que je mettais quand même un sacré temps pour aller lui chercher son verre. Et si elle montait jusqu'ici et me voyait en train d'attraper Andreas par le bras pour l'embarquer dans une chambre ? La suite n'était pas bien difficile à imaginer, surtout avec un peu d'alcool dans le sang et tout un répertoire de films à la con en mémoire. Sandy est une fille, je veux pas faire de généralité, mais des films avec un super amour passionnel et un type qui agrippe l'amour de sa vie par le col pour lui faire l'amour en secret, loin de la vue du public, c'est du vu et revu. D'ailleurs, si l'autre jour Andy ne m'avait pas attrapé de la sorte pour m'emmener dans sa chambre, je me serais demandé si je n'étais pas en train de retranscrire un passage de film qui m'avait fait fantasmé quelques temps. Oui, il m'arrive de regarder ce genre de film quand je m'ennuie les après midi. Bref, tout ça pour dire que je me tâte un peu à mettre mes plans à exécution. Je balance d'ailleurs régulièrement des coups d'œil sur ma droite et ma gauche pour vérifier que personne n'est à l'autre bout du couloir, à me fixer avec de grands yeux. S'il y a bien une chose que je ne supporterais pas, s'est d'entendre des rumeurs sur Andreas et moi. Le tatoué à la réputation de se taper tout ce qui bouge, homme ou femme sans grande différence de nombre. La nouvelle de lui et moi dans une chambre allait vite faire le tour. Les amis d'Andy encore, ils s'en foutaient pas mal. Ils allaient en parler en petit peu, en disant qu'Andy se tapait l'ex à sa sœur et ça s'arrêterait là … Mais si jamais j'en recroisais un avec mes potes et qu'il me balançait ça dans la gueule devant eux, c'était une toute autre affaire.

Quand Andreas arrive enfin, ce genre de crainte s'envole, et je l'attrape directement pour l'emmener avec moi dans la chambre, prenant ensuite soin de bien fermer. Personne ne nous avait vu, du moins, je n'avais rien remarquer et je pouvais enfin me trouver seul à seul avec lui. Je ne perds pas une seconde pour venir l'embrasser, ce que j'avais envie de faire depuis notre dernier baiser il y a quelques jours. C'était étrange comme sensation, de vouloir l'avoir contre moi à chaque fois que je le croisais. Je le pousse sur le lit en continuant de l'embrasser, avant de lui dire qu'il me manquait. J'sais pas si c'était une bonne idée … Andreas avait beau eu me dire l'autre jour qu'il y avait quelque chose entre nous, il pouvait très bien me mentir, dire ça pour me séduire et me rassurer. Ce qui me tuerait, c'est qu'il ne me réponde rien, qu'il se contente de me déshabiller pour une nouvelle partie de jambe en l'air et que ça s'arrête là. Je suis perdu, une nouvelle fois. Je pense être tombé amoureux de lui même si je n'en ai pas vraiment envie. Pas au grand jour en tout cas. Je bascule sur le côté, Andreas prenant place au dessus de moi. Je sens le doigt d'Andreas passer sur ma joue. « Toi aussi tu m'as manqué. Mais je savais pas si... » c'est déjà ça. Je lui souris doucement, mes lèvres posées sur les siennes le coupant quelques secondes. Je recule de nouveau le visage et il continue. « Je t'aime tu sais. Vraiment. » Mon cœur loupe un battement avant de se mettre à s'emballer. Je t'aime, c'était la première fois qu'il me le disait. Entre il y a quelque chose entre nous, et un je t'aime, il y a un monde. Ce soir, je dois être un des mecs les plus heureux au monde. Et des plus stressé aussi. Moi aussi je l'aime, même si j'essaye de me le cacher. Je l'aime mais je n'ai pas envie que quelqu'un d'autre que lui le sache. « T'es le premier à qui je dis ca. » Les mains d'Andy, alors posées sur ma taille agrippent mon tee shirt. Je me redresse pour l'aider à l'enlever et je fais de même avec le siens. « Moi aussi je t'aime Andy. » Et c'était également la première fois que je lui disais. Je l'avais dit plusieurs fois, au contraire d'Andy. Je l'avais balancé à toutes les sauces aux nanas avec qui j'étais sortis, sans en penser une seule parole, juste pour les faire rester quelques jours de plus, avant que j'en ai marre de simuler l'amour fou. Ce soir, c'était totalement différent, je pensais réellement les mots que je lui disais. Mes lèvres viennent se nicher dans son cou, mes mains caressant son dos. Je ne sais pas ce qui va arriver demain, ça ne sera pas facile c'est sûr, mais je ne suis pas prêt de le quitter.