« C'est encore mieux que ça... » Je souriais doucement. Mes pupilles avaient diminué de volume alors que j'observais le paysage juste en face de nous, tandis que le soleil se reflétait dans l'eau. Les rayons furent si puissants que je dus même par moment froncer les sourcils, même si je fus heureux. L'endroit demeurait dans un calme délicieux. Au loin on entendait quelques personnes discuter entre elle, les gazouillis des oiseaux dans les arbres, l'eau. Quelques petits bateaux restaient là, éparpillés au bord de l'eau, par ci, par là. Ça donnait à cet endroit un côté naturel qui me fit le plus grand bien. Maria sait à quel point j'ai du mal à me faire à la ville. Je n'y ai pas longtemps vécu. Le temps de mes études – et je revenais toujours le week end – et quelques années avec Sarah, tout en revenant très souvent dans ma commune d'origine. Pourtant, je reste un homme de la campagne. J'ai besoin de voir quelques aspects de la nature, et non pas seulement des immeubles à perte de vue, comme ça pouvait être le cas à San Francisco. Ainsi, ce parc me réchauffait le cœur, tant sa beauté fut grande.

Et dans ce paysage parfait, Maria et moi. Elle, le rat des villes. Moi, le rat des champs. Nous deux réunis dans un endroit naturel non loin de San Francisco. En somme, un lieu qui se traduisait par le juste milieu de nos origines respectives. Nos mains s'unirent, nos doigts s'enlacèrent, comme deux jeunes amoureux transis. Je passais ma tête à côté de celle de la jeune femme, si bien que ma joue piquante vint contre la sienne. Un moment elle détourna son regard. Je fis de même pour voir ce qu'elle pouvait bien observer de la sorte. Mes yeux se posèrent donc également sur la bague de fiançailles qu'elle n'avait pas une seule fois retiré. Même lorsque nous avions rompus, et que je la croisais parfois dans les couloirs, elle continuait d'arborer la bague que je lui avais offerte dans ce restaurant français au moment de ma demande en mariage. Et dans le fond, j'en étais heureux, très heureux même. Je portais sa main jusqu'à mes lèvres et déposais un baiser sur le doigt où se trouvait l'anneau, comme pour lui faire comprendre que j'étais heureux qu'elle l'ai gardé, même si nous n'en avions pas de nouveau parlé. Pour le moment, le mariage était en stand by. Nous avions décidé de prendre notre temps, donc une grande discussion à ce propos ne semblait pas à l'ordre du jour. « Je t'aime. », lui murmurais-je à l'oreille, avant de pencher la tête pour l'embrasser sur sa nuque dégagée par sa queue de cheval.

Et quand je me détachais de Maria, je retirais ma chemise, dans la mesure où il faisait particulièrement chaud. Les hommes ont la chance de pouvoir se balader torse nu sans représailles. De plus, c'était une façon pour moi d'accepter un peu plus ma cicatrice. Enfin... de moins complexer dirons nous. Je laissais mon vêtement sur l'herbe et m'étirais doucement. « Tu as encore plein de choses à me faire découvrir sur toi. Tu sais faire des ricochets ? », lui demandais-je avec un sourire malicieux alors que je ramassais une pierre plate au bord de l'eau et la lui tendais.

« Marry me. »

Pourquoi n'en avaient-ils jamais reparlé, de cette fameuse histoire de mariage ? Après tout, Edward lui avait tout de même demandé d'être sa femme, et elle avait répondu oui. Ce n'était pas rien tout ça quand même. Evidemment, il y avait eu leur rupture qui avait alors tout mit en suspens, mais qu'en était-il vraiment aujourd'hui ? Elle se souvenait encore de cette discussion qu'elle avait eu avec sa mère après lui avoir annoncé qu'elle avait décidé de mettre un terme à sa relation avec l'Irlandais.

« Mais le mariage...les enfants...vous. Votre amour, Maria, qu'en fais-tu réellement ? Tu aimes cet homme comme rarement il t'a été donné d'aimer quelqu'un de la sorte, même Matthew. Edward est l'homme qu'il te faut Maria, je le sais, tu le sais, et il le sait aussi. Pourquoi tout ruiner maintenant alors qu'il saura te rendre heureuse ? Ne l'a t-il pas déjà fait d'ailleurs ? Et Aaron dans tout cela, qu'en fais-tu ? »

Elle avait eu le droit à ce genre de speech durant deux heures, alors qu'elle se trouvait déjà être en larmes lorsqu'elle avait trouvé le courage de décrocher son téléphone et d'appeler sa mère pour trouver en elle une quelconque forme de soutien. Mais Maria n'avait absolument rien trouvé si ce n'était des accusations de toutes sortes comme quoi elle aimait ruiner sa vie amoureuse, et qu'elle préférait apparemment vivre dans le dénie et le refus de l'amour de l'autre. Maria avait plusieurs fois eut envie de lui raccrocher au nez, mais en vain. Elle s'était contentée d'acquiescer à chaque mots que sa mère prononçait, se rejetant entièrement la faute. Voilà l'une des raisons qui faisaient qu'elle avait tout fait pour évier Edward dans les couloirs et même en ville durant quelques temps après qu'elle l'ait quitté. Mais heureusement, cette époque était dorénavant révolue.

Soudain, alors qu'elle était totalement perdue dans ses plus lointaines pensées, la brunette fut ramenée les deux pieds sur Terre avec Edward qui lui posa la question à savoir si elle était en mesure de faire des ricochets sur l'eau. La question fit sourire Maria. Oui, elle savait en effet le faire, mais en quoi cette question était vraiment importante ? Elle voyait bien par ce questionnement qu'il entreprenait de lui changer les idées. Et Maria trouvait cela absolument adorable, bien qu'elle aurait sans doute préféré s'allonger et oublier. Mais ricocher, pourquoi pas, après tout. Cela pourrait s'avérer amusant aussi, bien qu'elle reste malheureusement dans l'optique qu'elle n'avait plus hui ans et qu'ils avaient passé ce temps-là.

« Vas-tu cesser un instant de croire que je ne connais rien lorsqu'il s'agit de nature, Edward O'Malley ? La citadine reste une fille de l'Ouest Américain, je tiens à te le rappeler. Et si mes propos ne sont pas suffisamment clairs pour toi, rappelle-toi, l'été dernier. »

L'accident avec le couguar qui aurait pu la tuer. Était-ce franchement la peine de revenir sur cet accident ? Peut-être pas vraiment, non, voilà pourquoi elle regretta amèrement ses paroles. Maria n'était même pas certaine qu'ils se rendraient chez ses parents pour les vacances, tant celles de l'an passé furent un enchainement successif de catastrophes. Entre engueulades et accidents, ils avaient eu leur cota durant ses vacances-là. Difficile pour eux alors d'oublier.

Je proposais à Maria de me montrer comment elle faisait des ricochets pour deux raisons. La première, je suis et je resterais un enfant qui se plaît à s'adonner à quelques loisirs totalement puérils. La seconde, mon envie la plus importante restait de changer les idées de la brunette. Je souhaitais donc dévier son esprit du boulot pour qu'elle se concentre sur quelque chose de plus agréable, de plus ludique, de plus... joyeux. Je l'observais donc, avec ce sourire malicieux et un tantinet arrogant. « Vas-tu cesser un instant de croire que je ne connais rien lorsqu'il s'agit de nature, Edward O'Malley ? La citadine reste une fille de l'Ouest Américain, je tiens à te le rappeler. Et si mes propos ne sont pas suffisamment clairs pour toi, rappelle-toi, l'été dernier. » Je levais les yeux au ciel. L'été dernier ? Souhaitait-elle réellement que l'on cite les conséquences de ''Maria en pleine nature'' ? Car ça n'avait rien de très glorieux... à part quelques cicatrices de guerre dans le dos. Ces dernières étaient à présents quasiment invisibles, et des personnes qui n'auraient jamais été au courant de cette histoire ne s'en seraient certainement jamais aperçu. Pour ma part je les voyais, même si ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je n'y faisais même pas attention.

Je continuais donc de la regarder avec ce regard espiègle qui m'est propre. « L'été dernier ? Tu veux vraiment qu'on fasse le topo de cette journée en ''pleine nature'' ? Justement, je trouve que ça contredit assez le fait que tu saches te débrouiller lorsque l'on ne se trouve pas en ville. » Bien évidemment, je la charriais également beaucoup. Je sais que Maria sait se débrouiller et que l'accident avec le couguar relevait du manque de chance le plus total. Mais je trouvais amusant qu'elle utilise cet argument pour se défendre. Pourquoi pas après tout... Pour ma part je la regardais avec un large sourire. Et, comme je n'avais pas envie qu'elle prenne mal mes paroles – car toutes celles ci étaient prononcées sur le ton de la rigolade – je m'approchais d'elle et lui volais un tendre baiser.

« Et puis, madame je prends la mouche, sache que le fils d'agriculteur d'une campagne irlandaise que je suis, ne sait pas faire des ricochets, ou bien n'y arrive qu'une fois sur trois. » Et oui, je ne pouvais être doué pour tous les jeux. C'est pour lui prouver que je n'étais vraiment pas fort pour ça, que je jetais le caillou dans l'eau dans un angle qui me paraissait être le bon. Mais, bien évidemment, la pierre rencontra violemment le liquide en un « plouf » et coula aussi sec – sans mauvais jeux de mots –. Je me retournais donc vers Maria et faisais une petite grimace enfantine. Elle pouvait bien se moquer gentiment de moi, mais j'ai vraiment l'impression qu'entre les bassins d'eau et moi, ça ne sera jamais le grand amour. Je ne serais même pas surpris qu'une vague apparaisse et que je me prenne en pleine figure le cailloux que je viens de jeter à la flotte. Vraiment...

« Marry me. »

A chaque fois qu'il se retrouvait face à de l'eau, Edward perdait toute sa confiance en lui, ce que Maria pouvait comprendre dans le sens où l'Irlandais avait eu un accident avec un ami qui malheureusement ne s'en était pas aussi bien sorti qu'Edward. D'ailleurs, lui et Maria n'en avaient parlé qu'une seule fois, et jamais la brunette n'avait pensé important le fait de devoir remettre ce sujet sur la table. Maria savait que cela faisait souffrir Edward, même s'il avait appris à ne plus culpabiliser à ce propos, car il n'était en rien responsable de la mort de son petit camarade. La connerie et un manque de chance complet, voilà ce qui l'avait tué. Bref.
Le regardant essayer de faire des ricochets avec un galet, la brunette esquissa un sourire franc en le voyant un peu penaud face à cet échec, quoique peu important. Maria se rapprocha de son compagnon, prit un galet qu'elle posa dans la main de l'homme, et se plaça derrière lui. Tenant la main d'Edward, Maria la positionna de telle sorte qu'il put lancer la pierre et parvenir à faire quelques ricochets. Ce n'était pas franchement évident, mais une fois qu'on avait choper le truc, tout allait très bien.

« Tu vois, ce n'est pas si compliqué que ça. Il suffit juste de se concentrer deux secondes et de bien positionner sa main. Et voilà le travail. »

La brunette sourit à son compagnon puis s'empara elle-même d'un galet qu'elle lança. Elle fit quelques ricochets, puis s'arrêta. C'était bien gentil de faire des ricochets, mais ils n'allaient pas passer leur temps à cela, si ? Maria n'était pas franchement emballée par l'idée. Ce qui était normal en même temps. Allant se lover dans les bras de l'Irlandais, Maria ferma les yeux en posant sa joue contre le torse nu de son homme. Il faisait drôlement bon et elle se sentait particulièrement bien ici, en ce moment. Ce sentiment de bien-être la changeait, elle qui avait passé des journées vraiment pourries ces derniers temps...

« Je t'aime, Ed. »

Et encore, c'était tellement plus que cela. Maria avait besoin de lui dans sa vie autant qu'il avait apparemment besoin d'elle. Il était évident que ces deux-là ne pouvaient tout bonnement pas vivre l'un sans l'autre, bien que certaines personnes pouvaient encore penser le contraire. Bien-sûr, ils étaient passés par des moments plutôt difficiles, mais aujourd'hui, les choses allaient tout de même beaucoup mieux entre eux deux.

« Au risque de te paraître vraiment niaise, je suis vraiment heureuse d'être là avec toi. »

Maria et moi avions des ''talents'' tout à fait différents. Par exemple, je suis un véritable cordon bleu. Elle, elle excelle dans l'art de faire des ricochets. Bon, elle sait faire bien d'autres choses beaucoup plus gratifiantes, comme savoir gérer toute une université, et pas n'importe laquelle, une des plus importantes des États-Unis et donc, du monde entier. Et, je me plaisais à lui apprendre quelques petites choses de la vie quotidienne, tout comme elle m'en enseignait. Il faut savoir que c'est elle qui m'a apprit à me servir d'une machine à laver. En effet, pendant mon enfance et mon adolescence, c'était mes parents qui s'occupaient de me laver mon linge. Puis, une fois marié, je laissais Sarah s'en occuper. En contrepartie, je faisais la vaisselle. Même lorsque nous avons divorcé, il m'arrivait de lui confier mes vêtements sales pour qu'elle les lave. Enfin ça, ce fut jusqu'à ce qu'elle balance mes affaires par la fenêtre en estimant que ce n'était plus son boulot de nettoyer ''ça'' alors que je ne faisais même pas sa vaisselle pour la remercier. J'ai pris un moment à comprendre cette réaction que je trouvais, il y a un an encore, disproportionnée. Puis Maria a finalement trouvé qu'il était grand temps de me faire un cours sur la façon dont marchait une machine à laver. Rien de très glorieux au final. Je sais laver des vêtements désormais, mais la plupart du temps, je laisse la brunette s'occuper de ça. En contrepartie, c'est moi, le plus souvent, qui fait le dîner, ainsi que le déjeuner lorsque l'on est à la maison le midi. J'aime concocter de bons petits plats, même si je m'efforce à lui rappeler que si elle n'était pas végétarienne, je pourrais lui faire à manger ce que je sais cuisiner de mieux.

Je me laissais donc faire lorsqu'elle se plaça derrière moi de façon à m'apprendre à faire des ricochets. Elle guida ma main, et, comme par magie, la pierre se mit à rebondir trois fois sur l'eau, en formant de larges ondes autour, avant de couler. J'esquissais un large sourire, comme si on venait de faire un tour de magie à un gamin, sans que ce dernier ne puisse expliquer la façon dont il a été réalisé. « Tu vois, ce n'est pas si compliqué que ça. Il suffit juste de se concentrer deux secondes et de bien positionner sa main. Et voilà le travail. » Mes bras se refermèrent autour d'elle. « Ce n'est pas si compliqué que ça ? Tu parles... », lui lançais-je avec amusement, comme si je faisais la tête parce qu'elle réussissait mieux à faire quelque chose que moi. Bien évidemment, je plaisantais. Je ne ressens pas le besoin d'être en concurrence avec Maria, comme la plupart des hommes. Et puis, j'aime bien quand elle joue la prof. Ça me donne des idées... Mh, bref !

Son corps dans l'étau de mes bras, je baissais légèrement la tête pour la poser au dessus de la sienne. Là, je fermais doucement les yeux, profitant de cet instant précis. Rien ne pouvait nous gêner, nous énerver. Tout était parfait. « Au risque de te paraître vraiment niaise, je suis vraiment heureuse d'être là avec toi. » Je ne pus retenir un large sourire. Oh, je ne comptais même plus le nombre de fois où nous étions niais tous les deux. Et même si mes paroles ne l'étaient pas souvent, mais pensées, elle, si. « C'est niais si je te dis que je veux que toutes les journées soient comme celle-ci et qu'on puisse en profiter ensemble, dans les bras de l'autre ? » Petit sourire en coin. « Oh oui, c'est complètement niais, même si ça reste la vérité. » Puis je me détachais doucement d'elle. J'étalais nos vestes en cuir dans l'herbe et m'allongeais dessus, avant d'entraîner Maria avec moi. Il y avait bien assez de place pour deux.

« Hey baby, I think I wanna marry you... »

De façon générale, on pouvait dire que le comportement qu'Edward et Maria avaient lorsqu'ils étaient ensemble était plus ou moins un comportement niais, mais en toute sincérité, Maria préférait cela à quoique ce soit d'autre de plus austère. Imaginons qu'ils soient comme ces couples qui ne communiquent quasiment plus excepté pour l'échange de commodités quelconques, Maria ne survivrait pas dans une telle situation, et mourrait petit à petit. Elle, ce dont elle avait réellement besoin dans un couple c'était de la vitalité, de la fraicheur, de la surprise, même si son caractère lui imposait bien souvent de faire dans la simplicité, et d'être quelque peu casanière. Ce qu'aimait Maria par dessus tout en étant en couple avec Edward c'était le faire qu'il ait systématiquement besoin de la satisfaire, de savoir qu'elle allait bien, lui proposer des plans pour le week-end question qu'ils ne rentrent dans une routine qui finirait par avoir raison d'eux.

« Mh, j'adore ça. »

Se laissant aller à s'allonger aux côtés de son compagnon, elle vînt prendre place dans ses bras, posant avec douceur sa tête contre son torse. Voilà. Là, elle se sentait vraiment bien, et pour rien au monde elle ne changerait avec quelqu'un sa situation. Pour une fois qu'ils n'avaient pas à gérer les enfants, ni le boulot et qu'ils pouvaient se consacrer un peu de temps rien que pour eux, il n'y avait rien de mieux dans l'esprit de la brunette. Soudain, alors qu'elle avait les yeux clos, profitant simplement de la chaleur émanant du soleil et de la beauté de l'instant, Maria fut bien vite ramenée à la réalité en entendant son téléphone portable sonner. Grognant un peu, elle se força à répondre. C'était l'université.

« Non, je ne viendrais pas aujourd'hui non... Oui, ne vous en faites pas, tout va bien... C'est ça, à demain. »

Qu'avait-elle cru ? Qu'elle pouvait ne pas se rendre sur son lieu de travail sans n'avoir de compte à rendre à personne ? Quelle bonne plaisanterie. Ses obligations, elle pouvait les éviter, mais elle finiraient toujours par la rattraper. Et bien, tant pis. Maria acceptait cela, cependant aujourd'hui elle ne demandait qu'à être dans les bras de l'homme qu'elle aimait, et oublier tous les tracas qui la prenaient d'un seul coup.

Maria et moi nous complétons. Elle est mon attache, la personne que je veux retrouver après une dure journée de travail, celle que je vais voir pour un peu de tendresse. Elle est ma famille. Pour ma part, je suis celui qui l'oblige à faire des sorties. Bien que je trouve que l'aspect pantouflard puisse être séduisant sur certains points, il n'en reste pas moins que j'adore le fait de sortir, d'aller m'amuser dans des endroits différents. Ainsi, c'est moi qui organise tous les week end en amoureux, qui propose quelques sorties le soir, quand on en a la possibilité tout du moins. On ne va donc pas trop se plaindre. Nous sommes très complémentaires et nous nous ressemblons également sur bien des points. En somme, elle est celle que je veux, pour le restant de mes jours. C'est catégorique. Les autres femmes ne m'intéressent pas.

Nous profitâmes d'un moment de tendresse, elle contre moi, moi refermant mes bras autour d'elle, quand son téléphone portable se décida à sonner. J'entendais Maria émettre un léger grognement qui eut tendance à m'amuser un minimum. Je la laissais donc décrocher. « Non, je ne viendrais pas aujourd'hui non... Oui, ne vous en faites pas, tout va bien... C'est ça, à demain. » Mes doigts caressaient doucement son dos, alors que je l'écoutais parler. Il n'était pas nécessaire d'être très intelligent pour comprendre qu'il s'agissait de l'université. On voulait savoir pourquoi la directrice adjointe n'était pas encore présente dans son bureau pour tout gérer. Après tout, ce ne fut pas étonnant. Ce qui était étrange en revanche, c'est qu'ils aient mis autant de temps avant d'essayer de la joindre. C'était comme si... comme s'ils étaient des enfants perdus sans leur mère. Ne pouvaient-ils pas la laisser souffler quelques temps ?

Elle raccrocha, alors que ma tête était positionnée en face de la sienne. Je la regardais dans les yeux avec ce petit sourire enfantin et involontairement charmeur. « Un seul geste, et tous tes ennuis s'envoleront. » On aurait pu croire que j'allais lui proposer de la drogue en parlant de la sorte. Mais non. Je prenais son cellulaire noir, et pointais mon index sur la touche où était dessiné un téléphone rouge. « Attention, c'est magique. » Petit clin d'œil attendrissant, et j'appuyais dessus en maintenant quelques secondes. Là, l'écran s'éteignit. J'esquissais un sourire en coin. « Et voilà le travail ! Je vais devoir t'apprendre comment une personne normale fait pour se la couler douce mon ange. » J'aurais volontiers lancer le portable à l'eau, mais j'avais peur de quelques représailles. Un blackberry tout neuf... ça m'aurait fait chier de perdre la vie à cause de ça. Donc je compensais cette envie en déposant mes lèvres contre celle de la brunette.

Je m'installais en tailleur juste en face de la brunette. « Première leçon, se vider l'esprit. » D'une façon théâtrale, je posais mes poignets sur mes genoux en ouvrant les mains, penchais la tête légèrement en arrière et inspirais profondément. Mes yeux s'étaient clos. « Fais le vide... » Mon visage apparaissait comme très sérieux. Enfin, jusqu'à ce que je me penche légèrement vers la gauche pour soulever ma fesse droite et laisser un gaz bruyant sortir. Typiquement masculin, je vous l'accorde. Je rouvrais les yeux avant de rire. « Oups... j'ai trop fait le vide pour le coup là... » Oui, il arrive un stade où on est tellement à l'aise avec une personne que roter, péter et autres obscénités très naturelles, ne nous gêne plus. Je faisais battre ma main devant mon nez en grimaçant, tout en affichant une expression très amusée. « Oh... il est violent celui là... »

« Can I move on ? »

« Oooh tu es répugnant, Edward ! »

Se levant, dégoutée par ce que je venais de faire Edward, la brunette se tourna vers la rive d'eau, croisa les bras et observa droit devant elle. Pourquoi avait-il fallu qu'il gâche tout ? Elle se sentait bien, et bien-sûr monsieur avait dû tout fiche par terre. Qu'il pouvait être agaçant. Fallait-il vraiment qu'elle l'aime ! Levant les yeux au ciel, la brunette soupira. Il avait éteint son téléphone. Et si la baby-sitter tentait de les joindre parce qu'il se passait quelque chose avec le bébé ? Maria ne se le pardonnerait jamais s'il venait à arriver quelque chose à Aaron alors que son cellulaire serait éteint. Fort heureusement, Edward avait son téléphone portable sur lui, et celui-ci n'était pas éteint, pas qu'elle sache tout du moins. Ronchonnant dans son coin, la brunette ne quittait plus des yeux un point fixe devant elle. Maria ne se sentait pas bien, mais elle n'était pas capable de dire ce qui n'allait pas, tout ce dont elle avait conscience, c'est qu'elle avait besoin de changer d'air. Elle avait besoin d'aller voir ailleurs, de changer d'atmosphère, de prendre du temps pour elle, de souffler un bon coup. Mais comment faire tout cela lorsqu'on a deux enfants en bas âge ? Et bien on ne le fait pas, voilà tout. Elle soupira, se passant une main dans les cheveux se décoiffant. Puis, elle ôta sa queue de cheval, libérant de la sorte ses cheveux.

« On pourrait se promener ? »

Elle avait besoin de marcher, de bouger, de se changer les idées. Et même si Edward avait essayé, et qu'il avait fait l'idiot, comme d'habitude et bien elle avait envie d'autre chose sans savoir quoi cependant.

« S'il te plait... »

Sa mauvaise humeur ne l'empêchait pas d'être polie, et Maria le savait bien. On l'avait élevé mieux que cela tout de même, alors ce n'était pas franchement le moment de se montrer désagréable. Elle était fatiguée, pas d'humeur très bonne, mais cela n'était pas une raison (pour ne dire plusieurs) pour se montrer désagréable vis-à-vis de son compagnon qui tentait de la remettre gentiment sur pieds.

« Oooh tu es répugnant, Edward ! » En temps normal, si Maria avait été de bonne humeur, elle aurait prononcé cette même parole, mais sur un ton plus amusé, tout en riant. Mais là, non. Elle se contenta de prendre mal ma petite blague, et de se lever. Elle regardait au loin, fulminant toute seule. Je laissais un soupir s'échapper de mes lèvres, quelque peu agacé par son comportement. Je tâchais de lui changer les idées, depuis hier soir, je faisais tout pour qu'elle se sente bien. Aujourd'hui encore, je cherchais n'importe quoi pour la voir sourire, pour lui faire plaisir. Et, en contrepartie, j'avais le droit à quelques grognements par ci, par là. Il était donc logique que je prenne assez mal sa réaction. Et pour ce, je lui lançais, sans aucune gêne car je ne suis pas le genre de personne à me laisser marcher sur les pieds et elle le sait mieux que quiconque : « La prochaine fois, n'oublie pas ton second degré à la maison. » Oui, être en couple avec une femme comme Maria O'Berkeley, signifie pas mal de sérieux. Et, quand on est encore un gamin comme moi, il arrive qu'il y ai quelques tensions. Entre elle qui a du mal à se lâcher, et moi qui suis incapable de rester sérieux trop longtemps, on fait bien la paire. On se complète toujours, certes, mais ça ne veut pas dire non plus que tout est rose.

Je m'allongeais donc dans l'herbe, sur le dos et passais mes bras sous ma tête. Je restais silencieux, volontairement, en attendant avec patience que Maria se calme et qu'elle décide de se montrer un peu plus agréable vis à vis de moi. Je veux bien être gentil, je veux bien la soutenir, je veux bien faire ce qu'elle veut, mais en contrepartie, si elle pouvait éviter de jouer la femme bon chic, bon genre, ça pourrait être assez bien oui. Je fermais un instant les yeux, pour profiter de la légère brise sur mon visage et sur mon torse. La température était parfaite. « On pourrait se promener ? » J'ouvrais de nouveau les yeux. Il me fallut une seconde pour revoir correctement, avec les rayons du soleil qui agressaient mes pupilles. Mes yeux bleus observèrent la brunette un instant. « Comme tu veux. », me contentais-je de lui répondre. Non, je ne suis pas rancunier, mais il me faut tout de même quelques minutes pour oublier et passer à autre chose.

Néanmoins je me levais tout de même et croisais son regard. J'attrapais nos vestes en cuir et les gardais dans ma main. En effet, je ne pouvais pas vraiment me permettre de laisser nos affaires ici, sans surveillance, surtout au prix des équipements de moto. Je n'oubliais donc pas non plus ma chemise blanche. « Fais moi un sourire où je te jure que je te jette à la flotte. », lui lançais-je sur un ton légèrement sévère. Et elle me connaissait assez pour savoir que je ne suis pas du genre à plaisanter là dessus. En fait, ça me ressemble assez ce genre de coups foireux. « J'essaie de te changer les idées, mais essaie d'y mettre du tien aussi. » Moi énervé ? Non... quelle idée !