Nick & Lucy
We will be safe and sound
La veille au soir de son départ pour Londres en compagnie de Lucy, Nick ne s’était pas du tout attendu à voir la dite jeune femme à sa porte. Prétextant simplement vouloir savoir comment il allait compte tenu de la journée qui les attendait le lendemain, le criminologue ne mit pas bien longtemps avant de lire sur le visage de la Londonienne la crainte et l’appréhension. « Mieux que toi on dirait. » Il n’avait pas pris la peine de poser de questions, jugeant la jeune femme suffisamment douée d’intelligence pour lui parler franchement si cela était nécessaire. Et comme il l’avait tout d’abord pensé, Lucy ne tarda pas à lui demander s’il lui était possible de passer la nuit chez lui. Nick n’avait évidemment pu retenir un petit sourire en coin avant de la laisser entrer chez lui sans mot dit. La gestuelle parlait suffisamment pour l’homme à cet instant. Nick lui avait offert son lit pour la nuit, lui-même ayant décidé par pure galanterie masculine de rejoindre le canapé. Autant dire qu’il n’avait pas forcément passé la meilleure nuit de son existence, mais il n’en dit rien, préférant laisser à la brunette la pensée d’une nuit agréable dans un respect immuable envers elle. Il avait bien évidemment été tenté à de multiples reprises de la rejoindre dans la nuit, mais ses bonnes manières avaient eu raison de lui, l’en empêchant donc. Et puis, au petit matin, Clark avait fait du café et avait même été chercher de quoi déjeuner correctement – chose qu’il ne faisait pourtant plus depuis des années déjà. Il n’avait jamais été un grand fan des petits-déjeuners copieux. Déjà petit, il avait eu du mal.

Finalement été venue l’heure de se rendre à l’aéroport pour prendre l’avion qui les conduirait directement à Londres, sans même une escale. Autant dire que le vol avait coûté un bras au criminologue qui n’en avait bien-sûr rien dit à la jeune trentenaire. Il se contenterait de donner un séminaire sous peu pour renflouer ce léger trou budgétaire qui, attention, ne le mettait cependant pas dans une situation financièrement difficile, il n’en était pas là. La British Airways ne se gênait pas pour aborder des prix à plus de $800. Nick s’était légèrement consolé en se disant que cela ne faisait que £620. Malheureusement, cela ne lui faisait en rien gagner de l’argent…si seulement.

Onze heures de vol, c’était ce que l’on pouvait appeler d’un peu long. Mais étrangement, Nick ne trouva pas tellement le temps de s’ennuyer entre les films proposés, son Ipod et la présence de Lucy qui avait tout de même beaucoup aidé quant à apprécier le vol. Et ce même si très peu de mots avaient été échangés entre les deux adultes au cours du voyage. Seuls leurs doigts avaient joué les intermédiaires, ceux de Nick entourant de façon rassurante ceux de la brunette.

L’atterrissage se fit sur les coups de 13h30 heure locale à Londres. Autant dire que le décalage horaire se fit ressentir à peine la première demi-heure passée sur le continent européen. Alors dans la salle débarquement, un grand sac à dos sur le dos et le sac de voyage de Lucy dans la main, Nick observait cette dernière intensivement. « Où va-t-on maintenant ? » Il savait qu’elle avait rendez-vous chez le médecin, mais il avait tout de même besoin d’en savoir un peu plus sur le déroulement de cette journée aussi éreintante s’annonçait-elle.  

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Nick & Lucy
We will be safe and sound
En gentleman qu’il était, Nick avait évidemment décidé de s’occuper du bagage de Lucy pour que cette dernière n’ait pas à le faire. Après tout, c’était lui l’homme ici. Mais ce fut sans compter sur Lucy qui, indépendante comme elle était, décida de prendre un taxi pour se rendre à Londres, leur évitant ainsi la population de masse des transports en commun de la capitale. Le cœur de la ville se situait à vingt-six kilomètres de l’aéroport d’Heathrow. Ils ne seraient donc pas en ville avant une bonne demi-heure, en particulier si le trafic ne se montrait pas tendre envers eux. « Je croyais avoir été clair à ce sujet. Je viens avec toi excepté si tu ne veux pas de ma présence là-bas. » Nick ne voulait pas s’imposer à Lucy lors de ce rendez-vous médical qui était le sien, mais d’un autre côté, le criminologue souhaitait réellement être informé en temps réel des choses – quitte à ce que les nouvelles ne soient pas forcément aussi bonnes que prévues, mais là, il y avait tout de même très peu de chance pour qu’on leur annonce encore quelque chose de mauvais. Autant Nick ne croyait pas à toutes ces histoires de karma, autant il pensait tout de même qu’une trêve concernant les ennuis ne serait pas de trop. Ils échangèrent un sourire, puis Lucy lui expliqua qu’ils mangeraient chez ses parents le soir même. On lui aurait dit que des preuves de l’existence des extraterrestres auraient été trouvées qu’il aurait fait la même tête. Se confronter à la famille Wakefield pour la première fois après tant d’années… Ça allait être quelque chose ! « Je vais peut-être prendre rendez-vous avec un médecin moi aussi. Tu sais, juste au cas où ton père déciderait de me casser la gueule. » Bien qu’il finisse par être habitué ces derniers temps, le goût du sang dans la bouche n’était pas forcément la chose qui lui manquait le plus au monde. En vérité, Nick n’avait pas peur à proprement parlé des parents de la jeune femme mais plutôt de la réaction qu’ils auraient lorsqu’ils comprendraient le fin mot de toute cette histoire. C’est alors qu’elle lui demanda ce qu’il voulait manger. En effet, ils n’avaient fait que grignoter dans l’avion, le plateau repas proposé n’étant pas des plus fameux comme à l’accoutumé dans les avions – en particulier ceux de la British Airways. « Tu sais ce qui me manque vraiment depuis que je vis en Californie ? Un vrai fish-and-chips ! » Avoua-t-il, amusant au passage la brunette. « Ne rigole pas, je te jure ! » Elle, elle n’avait quitté le pays que l’espace de quelques semaines alors que lui, son départ se comptait en mois maintenant et autant dire que les Américains avaient réellement un problème lorsqu’il s’agissait de recopier une nourriture qui n’est pas la leur à la base !    

Ils commencèrent ensuite à se déplacer tranquillement vers les stations de taxis, situées dans un coin relativement calme de l’aéroport. Bien évidemment, une queue monstre les attendit. Nick grogna un peu, et décida que faire jouer de son nom ne manquerait pas aujourd’hui, tant pis pour les autres, ils avaient un rendez-vous médical auquel se rendre aujourd’hui. « Attends-moi ici. » Chuchota-t-il à Lucy avant de lui laisser les deux sacs de voyage aux pieds. Il repositionna correctement son manteau sur son dos – chose à laquelle il n’était plus vraiment habitué d’ailleurs – et se dirigea directement vers le lieu de rendez-vous des chauffeurs de taxi qui prenaient une pause. « No kidding! Clark! » Il avait reconnu un des chauffeurs qu’il avait aidé lorsque sa fille avait été attaquée un soir alors qu’elle rentrait de son travail au Tesco. « The hell are you doin’ here ?! » Ah la beauté et la poésie de la langue anglaise du XXIe siècle… Nick le salua et commença à lui expliquer de façon brève la situation. Il n’en fallut guère plus au chauffeur pour lui dire de prendre ses affaires et de monter dans son véhicule. Voilà qui était une affaire réglée. Nick retourna auprès de Lucy qui le regarda, interloquée. « Je nous ai trouvé un taxi. » Annonça-t-il, victorieux de ne pas avoir à attendre une heure et demie comme la plupart des gens – surtout des touristes – à côté d’eux. « Tu viens ? » Lui demanda-t-il alors qu’il attrapait les deux bagages. Nick Clark et ses méthodes de rapidité, toujours aussi infaillible !

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Nick & Lucy
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« Tu es devenu une célébrité nationale pendant que je n’étais pas là ? » La question fit sourire Nick qui ouvrait en même temps la porte arrière droite du taxi à la jeune Londonienne pour qu’elle s’installe. Lui, une célébrité nationale ? Et puis quoi encore, le défilé de Mister Univers ? N’importe quoi. Il faisait simplement son travail qui lui rapportait d’être connu de certaines personnes dont il pourrait éventuellement avoir besoin comme par exemple maintenant en ce qui concernait une course en taxi. Mais trouvant amusante la question de Lucy, Nick décida d’en jouer un tout petit peu. C’est pourquoi une fois à l’intérieur de l’habitacle à ses côtés, il la regarda, l’air victorieux et lui dit : « Je suis une star voyons ! » tel un acteur de cinéma américain. « Un héros, tu veux dire ! Cet homme a sauvé ma fille ! » Nick leva les yeux au ciel et dirigea subitement son regard vers l’extérieur de la voiture qui avait soudainement un intérêt primordial pour le criminologue qui cherchait par tous les moyens à éviter l’éloge sur sa personne. Il n’était certainement pas un héros et ne le serait jamais. De toute façon, ça n’existait pas les héros. « Emmène-nous plutôt au Wellington Hospital, d’accord ? » Ce que le chauffeur de taxi fit sans un mot de plus. Mais ce fut sans compter sur l’éternelle langue bien pendue de cet homme… « Tu ne me retireras pas l’idée que sans toi, elle serait morte. » Ce à quoi Nick ne répondit rien, car il n’y avait tout simplement rien à répondre.

Une fois arrivés au Wellington Hospital, le meilleur hôpital du pays, privé évidemment, Nick voulut payer le chauffeur qui refusa quoique ce soit d’un signe de main. « C’est pour moi. » Croyait-il vraiment que c’était en jouer la charité comme il le faisait actuellement qu’il allait pouvoir payer à bouffer à ses gosses le soir en rentrant. Nick mit un billet dans la poche de la chemise du conducteur et quitta brutalement le véhicule s’assurant ainsi qu’il ne pourrait pas lui rendre le fameux billet. Personne ne devrait travailler gratuitement et ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer avec Nick qui prit les bagages dans le coffre avant de taper sur la carrosserie de la main indiquant au conducteur qu’il était libre de repartir. Puis, Nick regarda Lucy qui semblait soudainement appréhender ce grand bâtiment face à elle. « Est-ce que tout va bien ? » Sans doute craignait-elle qu’on lui annonce de mauvaises nouvelles. Nick devrait jouer les optimistes pour deux.

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Nick & Lucy
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Le manque de réponse claire de la part de Lucy ne fit que confirmer ce que Nick savait en vérité déjà. Elle paniquait intérieurement vis-à-vis de ce qui pourrait être dit dans l’un des bureaux médicaux de l’hôpital. Et étrangement, le criminologue n’était pas plus inquiet que cela, estimant sans réellement savoir pourquoi qu’il n’y avait aucune raison qui justifiait d’avoir des craintes quant au rendez-vous qu’avait la brunette. Pour lui, il était absolument impossible qu’on leur annonce une mauvaise nouvelle. Ils en avaient suffisamment eu comme ça. Maintenant, ils allaient avoir le droit à un peu de bonheur, ce qui les changerait, personne ne pourrait dire le contraire.

Nick suivit donc Lucy dans le bâtiment principal où elle s’annonça comme étant une patiente du docteur Richardson avec qui elle avait rendez-vous aujourd’hui même. La détermination dont elle était capable sans même s’en rendre compte était magnifique. Et puis vînt l’attente. La fameuse, la terrible, la perturbante. Mais fort heureusement pour les ongles de Wakefield, cela ne dura pas puisqu’un comme d’une cinquantaine d’années ne tarda pas à s’avancer vers eux. « Melle Wakefield. Je suis content de vous voir ! » Depuis quand un médecin était content de voir un patient au juste ? Nick arqua un sourcil alors que l’autre le scrutait déjà avec une certaine dureté dans le regard. Oh mais il va se calmer lui ! Que s’imaginait-il exactement à son sujet ? N’avaient-ils pas des cours de sympathie en médecine ? « Ce monsieur m’accompagne. Dr Richardson, Nick Clark. » Une poignée de main rapide entre les deux hommes fut échangée avant que le regard du médecin ne se reporte intégralement sur Lucy. C’est alors qu’il aperçut leurs bagages, demandant ensuite à sa secrétaire de s’occuper de cela. Lucy lui demanda en retour si Nick pouvait entrer avec eux. Autant qu’il dise oui de suite puisqu’il était absolument hors de question que le criminologue laisse la femme qu’il aimait entrer seule dans le bureau de ce redoutable échangeur de cœur !

Une fois dans le dit bureau, Nick se contenta de prendre place dans l’un des deux fauteuils mis face au bureau du médecin. Estimant qu’il n’avait présentement pas son mot à dire, il se contenta d’observer le cardiologue puis Lucy qui ne semblait toujours pas calmée. Il posa soudainement une main forte sur les deux mains alors jointes de la brunette. Il fallait impérativement qu’elle se détende. Il lui lança un regard se voulant rassurant. Tout irait parfaitement bien. Il ne pouvait en être autrement de toute façon.

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