Prise d'un bus. Deux arrêts plus tard, prise du tramway et enfin une petite marche pour conclure le tout. Ses pas la rapprochent immanquablement du l'appartement de Nathaniel. Et chaque seconde qui passe fait battre un peu plus fort son cœur. Depuis qu'elle l'a revu à cette réunion parents/profs, Catahleen ne cesse de penser à son meilleur ami et aux sentiments qu'il lui inspire. Ils ont échangé quelques sms et quelques coups de téléphone mais aucun des deux n'a voulu aborder le sujet tant redouté : la fameux échange de baiser qui n'a pas eu lieu mais qui aurait existé si Julian n'était pas intervenu. A ce souvenir, la jeune femme émet un soupir qui ressemblerait presque à une plainte. Peut-être que Nathy regrette et qu'il n'ose pas le lui dire en face de peur de lui faire de la peine. Peut-être que Catahleen se leurre complètement et qu'il n'a aucune intention amoureuse envers elle. A force de rêvasser comme quoi son ami était en quelque sorte le prince charmant qu'elle attend depuis qu'elle est toute petite, peut-être qu'elle a voulu voir des signes qui n'existent que dans ses chimères. Quoi qu'il en soit, elle doit en avoir le cœur net. C'est pour cette raison qu'elle va tout droit chez Nathaniel en cette fin de matinée. Ils vont discuter comme des adultes, affronter leurs peurs et leurs envies et après, ils pourront construire quelque chose de fiable. Ou pas. Après tout, elle ne peut pas en être certaine à cent pour cent. Plus la jolie brune se rapproche et plus elle se dit qu'elle devrait faire demi tour, rentrer chez elle et attendre bien sagement que ce soit lui qui fasse le premier pas. Parce qu'après tout, c'est à l'homme de faire la plus grosse partie du chemin non ? Quoi que Nathaniel en a effectué les trois quarts en lui avouant ses sentiments par le passé et elle n'avait pas été capable de les lui avouer à son tour. Il est normal que ce soit elle qui aujourd'hui se montre plus mature et qu'elle prenne ses responsabilités. Toutefois, elle ne peut pas s'enlever de la tête qu'il est possible qu'il soit absent ou déjà occupé par une quelconque affaire personnelle ou même par Julian qui demande beaucoup d'attention à son âge. En gros, elle aurait dû éviter l'effet de surprise et se la jouer plus prudente. Tant pis. Maintenant il est trop tard pour faire machine arrière. Surtout qu'elle voit l'immeuble du jeune homme se dessiner au coin de la rue. Elle n'a plus qu'à prendre son courage à deux mains et voir ce que le destin lui réserve. Une fin heureuse avec un peu de chance. Elle décide de gagner un peu de temps en prenant l'escalier au lieu de monter dans l'ascenseur. A chaque marche gravie, la jeune femme sent que la nervosité la gagne. Une fois devant la porte d'entrée, elle hésite même à frapper. Elle est là donc il serait stupide de rester planter là. Pleine de bonnes intentions, l'institutrice toque rapidement trois coups et fait retomber son bras le long de son corps tout aussi rapidement. Quelques secondes défilent et lorsque la porte s'ouvre, Catahleen affiche un sourire enjoué qui se meurt dès qu'elle aperçoit la personne. Une fille. Une blonde qu'elle ne connaît pas le moins du monde mais qu'elle n'apprécie pas. Forcément. « Je … Euh … » Elle regarde une nouvelle fois le chiffre indiqué sur la porte et il n'y a pas de doute possible. Lorsque Nathanie lui a donné son adresse, c'est bien ce numéro ci qu'il lui a indiqué. Toutes ses pensées se mélangent et Catahleen ne comprend vraiment pas ce qui se passe à cet instant présent. La fille qui se trouve face à elle, la regarde avec un air innocent sur le visage. Ce qui donnerait presque envie à la brune de la secouer pour envisager d'obtenir des explications. Crédibles si possible. Le pire arrive quand son meilleur ami apparaît dans la pièce … Avec pour tout vêtement, une serviette nouée au niveau des hanches. C'est la stupeur qui envahit Catah dans tout son être. Ses yeux s'écarquillent devant ce spectacle qu'elle juge grotesque. « Je … J'aurai dû te prévenir … Mais … » Oui ou pas venir tout court, ce qui lui éviterait cette humiliation. Elle aimerait bien se foutre la tête dans le sable pour ne plus jamais la sortir. C'est une catastrophe … Dont elle ne sera pas actrice plus longtemps. Le ridicule ne tue pas mais il vient de lui amocher sévèrement son alter ego et rien que pour cela, il faut qu'elle parte loin d'ici. Loin de Nathaniel et peut-être même l'oublier véritablement cette fois-ci. Parce qu'apparemment, il est accompagné. Plus qu'il ne lui avait certifié lors de leur rencontre. « Je pars. » Déclare-t-elle sans attendre une réaction de la part de son meilleur ami. Elle part. Aujourd'hui … voire même pour toujours. S'il est heureux, qu'il en soit ainsi. Les larmes montent mais elle garde le contrôle et les ravale avec rage en descendant les escaliers comme une furie. L'amour craint. 

Le jet d'eau se propulse sur le corps d'un Nathaniel harassé par sa matinée de boulot. Il s'est levé aux aurores pour boucler son dossier à la fin de la matinée. Lola est arrivée il y a quelques jours et il lui avait proposé qu'ils passent l'après-midi ensemble aujourd'hui, profitant que Julian soit à l'école. Lola, c'est la fille avec qui il échange tous les soirs par mail depuis quelques semaines. C'est la fille à qui il confie tout un tas de trucs, notamment par rapport à ses sentiments pour sa meilleure amie Catahleen. Lola, c'est son coup de cœur amical. Celui qu'on ne choisit pas et qu'on ne peut pas renier. Lola aussi elle a le cœur abîmé. Elle aussi elle voudrait bien y croire mais tout concourt à lui prouver que l'amour n'est que souffrance et miséricordes. Alors ils se comprennent, mieux que quiconque. Ces deux cœurs à rafistoler. Nathaniel profite de ce moment de paix sous la douche, laissant couler l'eau un peu trop longtemps. Mais c'est la première fois depuis de longues semaines qu'il prend une après-midi off, rien que pour lui – et pour Lola – et il apprécie cet instant pour lui. Il adore son rôle de père et aime son fils par-dessus tout, mais être père n'est pas de tout repos. C'est un travail de tout instant, sans relâche, avec peu de moments de répit. Cela fait quatre ans qu'il élève ce bonhomme tout seul et bien qu'il en soit des plus fier, quelques fois il voudrait bien qu'une personne avec lui pour l'aider. Une personne qui partagerait sa vie, son lit, son cœur. Une femme comme Catahleen par exemple. Que Julian adore, qui plus est. « Nathaniel bouge ton joli popotin, ou on va rater notre séance au ciné ! » lui hèle la voix de Lola, de l'autre côté de la porte de la salle de bain. Nathaniel rouvre les yeux et lâche un soupir. La vie des adultes n'est réglée que sur des rendez-vous, des impératifs. Plus personne ne prend le temps de se laisser porter, plus personne ne profite de rien. Et Nathaniel trouve cela bien triste. Il sort de la douche, enroule une serviette et met un pied en dehors de la salle de bain. Il est prêt à entrer dans sa chambre pour s'habiller lorsqu'une voix s'élève dans son salon. Une voix qu'il reconnaitrait parmi des milliers. Une voix qu'il a rêvé d'entendre pendant des mois. Une voix qui résonne comme le plus beau de tintamarres. Le Atwoodth ne cherche pas à comprendre plus longtemps et tombe sur une Catahleen, visiblement surprise de voir Lola lui ouvrir la porte. « Catah... ? ». L'incompréhension se lit sur la visage de sa meilleure amie ainsi que sur le sien. Il ne s'attendait pas le moins du monde à la voir débarquer. Pas aujourd'hui. Ni jamais d'ailleurs. Mais il n'a pas le temps de réagir ou de dire quoique ce soit que la jeune femme prend déjà la poudre d'escampette. « Mais... hein ? » parvient-il à balbutier, complètement benêt devant le comportement de Catahleen. « Attends ! » s'écrie-t-il, mais trop tard, elle est déjà entrain de filer. « Hé merde ! ». Dans un sprint des plus mémorables, Nathaniel se rue dans sa chambre pour se vêtir le plus vite possible d'un jean et d'un tee-shirt. Il enfile ses chaussures tout en marchant, voir courant à moitié. Le jeune homme dévale les escaliers et arrivé dans la rue, tourne la tête dans tous les sens pour savoir où est Catahleen. Et il l'aperçoit, quelques mètres plus loin. « CATAHLEEN ! Arrête toi s'il te plait ! » crie-t-il en courant derrière elle. Il finit par la rattraper et d'une main ferme sur son bras, la contraint à le regarder. « Pourquoi tu pars comme ça ? » quémande-t-il, connaissant pertinemment la réponse de sa meilleure amie. Il n'est plus en débutant en matière de femmes et il se doute de la raison de la fuite de Catahleen. Lola ouvrant la porte de son appartement, lui arrivant en serviette de bain. Il n'en faut pas plus pour s'imaginer tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. Mais elle se fourvoie complètement si elle s'imagine que Nathaniel et Lola sont ensemble ou une connerie du genre. Et compte bien le lui faire comprendre. Lui expliquer. « Tu es entrain de te faire un film si tu penses que Lola et moi on ... » couche ensemble. Il n'ose pas terminer sa phrase. Elle a très bien compris ce qu'il tente de lui expliquer. Ils ne se passera jamais rien entre eux parce que Lola est amoureuse de Holden et lui il est amoureux.. d'elle. Sa Catahleen. Il n'y a qu'une relation purement amicale qui les unit et il en sera toujours ainsi. « C'est une amie » confirme-t-il, en lui prenant les mains. Il plante son regard dans le sien pour qu'elle y lise toute la sincérité qu'il peut y mettre. Rien qu'une amie. C'est tout. « Pourquoi voulais-tu me voir ? ». Il ne se rappelait pas avoir programmer un rendez-vous avec elle aujourd'hui. Ni demain d'ailleurs. Et pour que Catahleen se déplace jusque chez lui, en lui faisant la surprise, ce devait être assez important. Et Nathaniel veut savoir. Il en a assez des allers-retours entre elle et lui. Il espère qu'ils vont enfin finir par se trouver. Pour de bon.

Fuir, fuir, fuir. Partir le plus vite possible sans jamais se retourner. S'enfermer à clé dans son appartement et manger tous les pots de glace qu'elle pourra y trouver en espérant que les calories ingurgitées lui feront oublier le spectacle qui s'est offert devant ses yeux. C'est le leitmotiv qu'elle se force à se répéter dans sa tête parce qu'elle vient de se prendre une bonne claque dans la tronche. Une claque qu'elle ne pensait pas voir arriver de si tôt mais il faut croire qu'elle s'est fourvoyé sur les attentions de son meilleur ami envers elle. C'est tout la brune ça. Se faire des films et croire que monts et merveilleux vont lui arriver en claquant des doigts. La chute qui la mène vers le retour à la réalité n'en est que plus rude. Elle croit entendre la voix de Nathaniel mais au lieu de se retourner pour vérifier, elle essaye d'accélérer le pas. Un peu plus encore pour mettre une distance plus grande. Il la somme de l'attendre mais vu le minuscule vêtement qu'il porte ( si l'on peut appeler une serviette un vêtement ), elle est quasi certaine d'être en train d'halluciner. Parce qu'elle imagine mal l'avocat en train de lui courir après en tenant sa serviette d'une main et en agitant la deuxième pour la héler. Cependant, elle ne s'attend parce à ce qu'on la retienne par le bras et lorsqu'elle sent une pression sur celui-ci, sa première réaction est de pousser un petit cri avant de se stopper et se tourner son visage vers son interlocuteur. Nathaniel. Évidemment. Qui d'autre pourrait s'amuser à la retenir ? Personne. Sa question la laisse une seconde bouche bée. Est-il sérieux ? N'a-t-il donc rien compris ? Ou bien, se fiche-t-il complètement d'elle ? Si c'est le cas, il est hors de question que la jeune femme lui avoue quoi que ce soit. Alors elle rentre dans son jeu. « Tu m'avais l'air bien occupé. Je ne voulais pas vous déranger. » A une question stupide, une réponse du même style. Volontairement, Catahleen a appuyé sur le vous. Ainsi Nathaniel ne peut pas se tromper : elle est terriblement vexée ( et d'une tristesse infinie ) d'avoir trouvé une autre fille qu'elle chez lui. En soit, il ne lui doit rien du tout. Pas le moindre compte. Il est libre de mener sa vie comme il l'entend. Elle n'a rien à voir ni rien à dire. Toutefois, c'est plus facile à dire qu'à faire. Parce qu'elle ressent des sentiments pour lui. Et trouver une fille avec l'homme que l'on aime et qui plus est se trouve être à moitié nu … Difficile de gérer correctement et de ne pas passer pour la jalouse de service. Néanmoins, elle essaye de se contrôler. Sans brusquerie, elle se dégage de son étreinte et croise les bras contre sa poitrine. Elle n'a pas envie de ressentir la chaleur de la main de son meilleur ami sur elle. La brune a besoin de distance pour se constituer un masque parfait. « Si je pense que Lola et toi vous ..? » il est vrai que c'est mesquin mais elle le pousse dans ses derniers retranchements. Peut-être parce qu'elle a besoin d'entendre les mots qui le feront revenir complètement vers lui ou partir définitivement. Bien sûr qu'elle pense qu'ils couchent ensemble. Elle pourrait presque parier un bout de son salaire dessus. Cependant, un doute subsiste. Nathaniel a toujours été honnête envers elle. S'il avait quelqu'un dans sa vie, il le lui aurait dit non ? Ou alors, son but été de la malmener par rapport à ce qu'elle lui a fait subir par le passé ? Avec un autre que lui, cette hypothèse aurait été la plus logique. Mais lui … Il est la douceur incarné. Il ne la ferait jamais souffrir impunément. C'est ce qu'elle croit. Quand elle lui prend les mains, elle se laisse faire et posent ses prunelles sur le visage du jeune homme qui cherche à la convaincre. « Je … J'étais venue parce que … » Catahleen ne sait pas trop si elle doit se dévoiler ou prétexter une excuse bidon qu'il n'avalera qu'à moitié. Elle n'arrive plus trop à savoir ce qu'elle doit dire ou pas. Tout est si confus et bizarre depuis qu'elle a eu la vision de cette autre fille qui n'est peut-être qu'une amie. La vie est si difficile quand on éprouve des émotions si fortes envers une personne comme Nathy. « Tu me manquais et j'avais envie de te voir aujourd'hui. » Cette phrase est loin d'être un mensonge. La jeune femme a tout le temps cette envie de le voir ou de se fourrer dans ses bras pour poser sa tête dans le creux du cou de son ami. Ce n'est pas juste aujourd'hui mais tous les jours qui défilent depuis qu'elle l'a revu. Néanmoins, sa visite avait un motif plus profond et personnel : celui de lui avouer ses sentiments et voir ce qu'il en résultait de son côté. A présent, elle était plus mitigée à l'idée de se mettre à nu devant Nathaniel. Peut-être a-t-elle besoin d'un peu plus de temps. Ou d'un bon coup de pied dans le derrière pour se jeter à l'eau sans penser aux conséquences. Peu aisé d'agir de la sorte quand on s'appelle Catahleen Hammersmith. « C'est stupide hein ? » Quémande la brune avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres. Stupide d'être venu comme ça sans crier gare ou stupide d'être partie sans lui laisser une chance pour s'expliquer. A lui de pencher vers la solution qu'il préfère. « Je suis désolée. Je dois passer pour une folle furieuse auprès de ton amie. » Elle a encore un peu de mal avec le terme amie parce qu'au final, elle ne sait pas trop d'où sort cette fille mais bon. Elle décide de faire confiance à son meilleur ami en prenant ses dires pour des acquis. « On se voit une autre fois ? Cette fois-ci j'appellerai avant, promis. » La jolie institutrice le dit sur le ton de l'humour et tente de paraître dégagée mais au fond, elle aimerait pouvoir débarquer chez son Nathy à l'improviste. Venir quand elle le veut, le surprendre et passer des heures entières avec lui sans avoir une « mauvaise » surprise comme ce fut le cas aujourd'hui.

Nathaniel n'a sans doute jamais couru aussi vite. Et s'est rarement habillé en deux secondes et demi. Mais il a senti que s'il ne retenait pas Catahleen, s'il la laissait partir, il allait sans doute la perdre. Ou du moins, il aurait brisé quelque chose. Parce que ce n'est pas son genre à Catahleen de venir chez lui et de repartir aussi vite. Et il l'a lu cette expression sur son visage. L'incompréhension mêlée à la tristesse. Et voir cela sur le doux minois de sa meilleure amie, ce n'est pas possible pour lui. Et puis surtout, il a envie de savoir pourquoi est-ce qu'elle est venue jusque chez lui. Qu'avait-elle de si important à lui dire, lui annoncer, qui vaille le déplacement. Le Atwoodth rattrape tant bien que mal Catahleen qui semblait déterminée à le fuir. Ce qui l'inquiète d'autant plus. Il n'a pas la moindre envie que la jeune femme se fasse de quelconque film avec Lola et lui mais il a très bien compris que c'était trop tard. Elle s'était déjà fait tout un monde. Pour rien du tout. « On était occupés à rien du tout Catahleen. Je sortais de la douche, c'est tout » précise-t-il. Et j'étais seul sous la douche, eut-il envie d'ajouter mais il se tut, se contentant de regarder Catahleen. Comment peut-elle imaginer qu'il puisse être avec une autre fille tandis que la dernière fois qu'ils se sont vus, Nathaniel était sur le point de l'embrasser si Julian ne s'était pas interposé entre eux. Elle devrait le connaître suffisamment pour savoir que le québecois est quelqu'un d'honnête et de respectueux. Et qu'il ne se serait pas risqué à l'embrasser s'il n'éprouvait plus rien pour elle. « Si tu penses qu'elle et moi on couche ensemble. Ce n'est pas et ça ne le sera jamais ». Voilà c'est dit. Même s'il n'éprouvait pas l'envie de le confirmer, visiblement Catahleen si. En jouant à l'autruche elle l'obligeait à le dire à voix haute. Ils ne couchent pas ensemble, point. Et Catahleen n'a aucuns soucis à se faire de ce côté là. Il n'y a pas plus amoureux que Nathaniel. Il est fou de cette fille depuis des années. Même si elle n'a pas voulu de lui à cet aéroport, son amour n'en a jamais été altéré. Il l'aime plus que tout. Et il est certain de ne jamais aimé quelqu'un d'autre comme il aime sa meilleure amie. C'est la seule fille pour qui il ressent ces sentiments. Evidemment il a aimé Naomi et Fleur, ses anciennes petites amies. Mais ce n'était pas aussi fort que ce qu'il peut éprouver pour Catahleen. « Ça me fait plaisir que tu sois venue » avoue-t-il ne pouvant réprimer son plus beau sourire. Son coeur s'est mis à tambouriner plus fort dans sa poitrine. Si fort qu'il craint que la jeune femme puisse l'entendre. Il ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle se déplace jusque chez lui et il doit bien avouer que cela le touche bien plus qu'il n'y paraît. Même si il aurait préféré que la jeune femme ne prenne pas subitement la poudre d'escampette comme elle l'a fait. « Tu m'as beaucoup manqué aussi depuis nos retrouvailles » ajoute-t-il en s'emparant de sa main. Il a très envie de la prendre dans ses bras et de la serrer contre lui mais il n'ose pas franchir le pas. Pas encore. Pourtant ce n'est pas l'envie qui lui manque. Mais il ne souhaite pas brusquer sa meilleure amie. Il a peur que tout ce qu'il ressent ne soit pas réciproque. Elle l'a bien déjà repoussé une fois. Pourquoi ne le repousserait-elle pas une deuxième fois ? « Mais non n'importe quoi. A ta place j'aurais sûrement réagi de la même façon pour être totalement honnête ». Le Atwoodth n'ose même pas imaginer sa réaction si la situation avait été inversée. Si c'était lui qui était tombé sur un homme créchant chez sa meilleure amie. C'est pour ça qu'il tente de tout faire pour la rassurer. « Lola n'est pas du genre à juger les gens. Ne t'inquiète pas pour ça ». D'ailleurs elle doit être entrain de l'attendre mais tant pis. Elle a bien du comprendre que Catahleen était la priorité. Il lui a montré assez de photos d'elle pour qu'elle ait compris qui elle avait en face d'elle. Elle a bien du se trouver une occupation chez Nathaniel ou peut-être est-elle déjà en route pour le cinéma. Toute seule. Quoiqu'il en soit, pour le moment, le québecois n'a de yeux que pour sa Catahleen. « Tu ne veux pas qu'on aille boire un verre ? » quémande-t-il, n'ayant pas l'envie de la voir s'éclipser. Maintenant qu'il est avec elle et qu'il n'y a personne pour les déranger, il ne souhaite pas rentrer chez lui. Il veut simplement passer du temps avec elle. Comme avant. Que tous les deux. « Et tu n'as jamais besoin d'appeler avant pour venir chez moi Catah ». Nathaniel fronce grossièrement les sourcils comme pour la réprimander, avant d'enchainer avec un sourire. Il ne sait pas rester très longtemps sérieux, surtout avec Catahleen. Mais il faut qu'elle l'imprime, jamais elle ne la dérangera et elle peut débarquer quand bon lui chante chez lui, il en sera toujours heureux. Toujours.

Son cerveau refuse d'enlever l'image de Nathaniel et de cette fille ensemble. Le pire est lorsqu'il s'explique avec le coup de la douche. Seigneur, que faisaient-ils ensemble juste avant ? L'imagination débordante de la brune la pousse à penser que les pires ignominies se sont déroulées juste avant qu'elle ne débarque. Toutefois, il faut bien avouer que le jeune homme semble sincère dans ses explications. Peut-être qu'après tout, elle s'est inventée des histoires pour pas grand chose. Avec elle, c'est fort possible. « Je te crois. » Murmure-t-elle doucement. Il n'y a pas de raison pour qu'il lui mente. Nathy est le genre de garçon à toujours être honnête en toutes circonstances. Et cette fille n'est qu'une amie. Fin de l'histoire les concernant. Quand elle plonge ses pupilles dans le regard pénétrant de son ami, Catahleen perd toute notion avec le temps. Surtout quand, de plus, il lui raconte des choses aussi gentilles. Elle fond comme neige au soleil et se surprend à l'aimer un peu plus encore. Il y a de cela dix minutes, elle regrettait d'être venue le retrouver et maintenant, elle se surprend à ne plus vouloir le quitter. A vrai dire, elle ne s'inquiète pas plus que cela de la réaction de cette fameuse Lola. Bien évidemment, la jeune femme est assez gênée de s'être donnée en spectacle et d'être passée pour une espèce de psychopathe. Néanmoins, Catahleen n'est pas du genre à réfléchir correctement quand il s'agit de Nathaniel. Dès qu'il est dans un périmètre assez proche d'elle, la brune n'est plus capable de réagir comme une personne normale. Il est bien loin de se douter de l'effet qu'il lui fait. Ravie qu'il lui propose de passer un peu de temps ensemble, elle compte mentalement jusqu'à trois pour ne pas accepter dans la seconde. Ce qui la ferait passer pour une folle. Toutefois, elle ne peut s'empêcher d'afficher un énorme sourire quant à la proposition de son meilleur ami. « Si tu as un peu de temps, oui avec plaisir. » Et même plutôt deux fois qu'une. Le rire de la jolie maîtresse fend l'air quand le québécois tente de faire les gros yeux comme s'il essayait de réprimander son fils. Elle se moque avec légèreté de lui sans que cela soit excessif. « Compris, allez on y va. » Dit-elle en glissant le plus naturellement du monde son bras sous celui de son Nathy. Ce simple contact éveille en elle toutes sortes de sensations qui ne lui avaient jamais été familières. Elle se sent si bien. Constater qu'il préfère repousser les projets qu'il avaient déjà planifié avec son amie pour profiter d'un moment avec elle, lui donne presque des ailes. Ils bavardent de tout et de rien. C'est si facile et agréable de parler avec Nathaniel que Catahleen a l'impression d'être revenue des années en arrière. Lors de leurs années universités où ils passaient des heures à refaire le monde à leur manière. Leur complicité est toujours intact. Ils arrivent devant le Zuni Cofe. Et c'est à ce moment là que Catahleen se rend compte qu'elle ne souhaite pas rentrer dans ce café avec le jeune homme. « Non pas ici, plutôt ailleurs. » dit-elle sur une voix un peu moins convaincante qu'à l'accoutumée. Elle a bien conscience de paraître louche parce que cet endroit était un peu le lieu de leur ralliement auparavant. Le fait qu'elle ne veuille plus y entrer aujourd'hui est étrange. Cependant depuis qu'elle a croisé Edward ici, le Zuni Cofe n'a plus la même saveur. Bien évidemment Nathaniel n'est pas au courant et malgré le fait qu'elle veuille toujours être honnête avec lui, la brune a bien du mal à savoir si elle osera lui avouer la vérité ou non. Catah sent le regard de son ami sur elle et elle ne peut que baisser la tête vers le sol. Elle relève finalement la tête et lorsque ses prunelles croisent celles de Nathaniel, elle finit par craquer. « Edward est en ville. » Pas besoin de préciser le nom de famille du Edward en question, Nathaniel doit avoir très bien compris de qui elle parlait. Son estomac est noué et elle se sent vraiment mal. Cette promenade qui se voulait au prime abord idyllique, est devenue plus chaotique. Elle retient son souffle avant de poursuivre. « Et je l'ai revu … Ici. Dans ce café. » Finit par admettre Catahleen. Cela fait déjà quelques jours que cette rencontre a eu lieu et elle n'avait pas jugé utile de lui en parler. Peut-être qu'elle a eu tort. Peut-être que la jeune femme aurait dû immédiatement avertir Nathaniel parce qu'à présent, elle se retrouve prise entre deux feux. Elle comprend qu'il est possible que son ami prenne mal la nouvelle. Que la situation devienne trop compliquée à gérer. Que tout s'effondre. En revoyant Edward, Catahleen savait que tout allait être bouleversé. Mais elle est peut-être loin d'imaginer tout ce que ce retour pourrait engendrer.

Nathaniel a échappé de peu à la catastrophe. Il n'aurait pas supporter que Catahleen s'en aille sans avoir eu aucune explication. Il la connaît, elle se serait fait des films et il aurait ruiné toute chance d'être avec elle un jour. Bien que tout concourt à lui démontrer que cette fille ne sera probablement jamais pour lui, le Atwoodth ne veut pas perdre espoir. La dernière fois qu'ils se sont vus, il l'a senti, elle attendait qu'il l'embrasse. Et si Julian ne les avait pas interrompu, peut-être qu'ils seraient ensemble au jour d'aujourd'hui. Cela fait depuis bien trop longtemps qu'il est amoureux de la jeune femme pour tout abandonner maintenant. Alors qu'elle semble prête à s'ouvrir à lui. A lui confier son coeur. Il ne va pas tout lâcher maintenant. Si près du but. « D'accord, comme tu veux » concède-t-il, quelque peu surpris par le refus de sa meilleure amie. Mais il est trop heureux de l'avoir près de lui pour batailler. Elle ne veut pas venir ici, soit allons ailleurs. Nathaniel profite du chemin vers un autre café pour envoyer un message à Lola, intimant qu'il ne sera pas de retour avant… un bout de temps. Qu'elle aille au ciné sans lui, lui il ne veut pas laisser filer Cathaleen. Lola ne lui en tiendra pas rigueur, il en est certain. Une fois arrivés dans un autre café, le Atwoodth revient sur le sujet Zuni Cofe parce que quand même, ça le turlupine un peu. Ils ne se sont jamais donné rendez-vous ailleurs que dans ce café là. « Je pensais que ça te ferait plaisir, vu que c'était notre lieu de rendez-vous ». Celui dans lequel ils se retrouvaient à chaque fois qu'ils étaient ensemble dans cette ville. Ce café dans lequel ils passaient leurs après-midi, à se raconter leurs vies dans les moindres détails, à refaire le monde. Celui dans lequel ils venaient déjà tous à l'époque de Berkeley. Leur groupe d'amis. Lorsque Fleur faisait encore partie de ce monde. Ce café qui a entendu tant de confidences, d'éclats de rire, de remontrances aussi. C'était leur lieu de refuge, leur sanctuaire en cas de crise. Ils en ont vécu des choses ici et Nathaniel a le coeur qui se serre en y repensant. « Avant » ajoute-t-il. Avant qu'il ne tombe amoureux d'elle. Avant, lorsque tout était plus simple. Lorsqu'ils n'étaient que de simples amis, ni plus ni moins. Avant qu'elle ne le repousse. Et qu'elle ne veuille plus y venir. Nathaniel et Catahleen sont sur le point d'entrer dans un nouvel endroit. Mais une bombe est lâchée et le québecois détourne son regard de celui de sa meilleure amie. Il comprend mieux. Tout ça. Tout ce mystère autour du Zuni et compagnie. Et une colère s'empare de lui. Il a l'impression d'être encore pris pour un idiot. Tous ses espoirs d'être un jour avec la jeune femme s'envolent. Partent en fumée. Une fois encore. « Ah ok » répond-il un peu trop froidement peut-être. Mais c'est la seule réaction qu'il peut lui offrir pour le moment. Il décide d'entrer et de s'installer à une table, avec Catahleen. Un serveur s'approche d'eux et chacun prend sa commande. Un silence de plomb s'installe quelques secondes. Nathaniel feint d'être absorbée par ce prospectus, traînant sur la table. Et puis… il explose. « Et alors ? Il est toujours aussi .. lui ? Hypocrite, irrespectueux, condescendant ? ». Nathaniel lâche son venin parce qu'il en a sa claque que ce mec, complètement con et se croyant toujours au-dessus de tout le monde foute toujours en l'air ses espoirs. Il faut toujours que ce mec se mettent entre Catahleen et lui, et il en a marre.Il a l'impression que ce mec lui gâchera toujours la vie. Ou du moins sa relation avec sa meilleure amie. « Tu vas retomber dans ses bras c'est ça ? Ah moins que ça ne soit déjà fait. C'est pour ça que tu es venue chez moi ? Pour m'annoncer ta réconciliation avec monsieur Hildebrand ? ». Nathaniel hausse le ton, s'agace et ne le cache pas. Il en est incapable. Pour une fois, son calme olympien l'abandonne. Il faut toujours qu'il y ait quelque chose qui gâche son moment avec elle. Mais elle ne peut pas lui en vouloir. Des années que Nathaniel est patient, qu'il l'aime dans l'ombre. Il a été là pour la ramasser à la petite cuillère, après sa rupture avec le Hildebrand. Il a pansé chacune de ses plaies, de ses maux. Il l'a écoute des nuits durant et l'a consolée tant qu'il le pouvait. Il a refoulé ses sentiments parce qu'elle en aimait un autre. Et lui qui naïvement croyait qu'il allait enfin avoir sa chance…. Elle n'avait pas le droit de lui en vouloir d'être si amer. « Excuse-moi. Je suis un idiot » finit-il par lâcher, une fois leur commande apportée. Nathaniel n'a pas envie de se disputer ni de se fâcher avec Catahleen. Loin de là. « Mais … je … » commence-t-il, avant de changer d'avis. « Non rien, laisse tomber ». Nathaniel soupire. Il laisse échapper le peu de courage qu'il détenait. Bien sûr qu'il crève d'envie de lui dire qu'il l'aime, qu'il est fou d'elle, qu'il rêve de finir sa vie à ses côtés. Depuis toujours et sûrement pour toujours. Mais il n'est pas certain que ce soit le bon moment. Comme à chaque fois.

Elle se sent terriblement mal à l'aise. Vraiment. Elle a envie de se cacher dans un trou de souris et ne plus jamais en ressortir pour ne pas à avoir à affronter le regard de Nathy. Elle s'en veut tellement de lui refuser l'entrée au Zuni Cofe qu'elle a une énorme boule coincée dans la gorge. Elle n'arrive plus à déglutir correctement. Le pire est que comme d'habitude, le jeune homme est d'une gentillesse incomparable. Il ne lui pose pas de question, il ne rechigne pas. Non, Nathy toujours égal à lui-même. Il lui indique le nom d'un autre café et durant le chemin, Catahleen reste dans ses pensées. C'est à peine si elle remarque qu'il envoie un message à quelqu'un. Non, dans sa tête, une bataille fait rage. Lui dire pour Edward ou pas. Par respect pour lui, elle devrait lui dire. Toutefois, elle a peur d'envenimer les choses et de le perdre. Ce qu'elle ne supporterait probablement pas. Ils se sont déjà presque dit adieu durant trop longtemps. Forcément, la petite interrogation subtile arrive et la jeune femme ne peut que baisser le nez vers le sol. « Je sais que c'était notre lieu de rendez-vous. » Comme si elle avait pu oublier. Ils avaient des heures dans ce café. La jeune femme en a encore des souvenirs plein la tête. Le fait d'avoir refusé si promptement d'y pénétrer lui donne envie de s'excuser platement. A la place, elle lui avoue avoir revue Edward. Dans ce fameux café. Et il ne lui faut qu'un regard pour comprendre qu'elle vient de le blesser. Ce qui accroît un peu plus encore son malaise. Nathaniel entre dans le café et c'est en poussant un soupir que la brune le suit. Ils s'installent en silence et elle n'ose pas le briser, de peur de sortir une nouvelle boulette qui mettrait le feu aux poudres. Elle sursaute quand il reprend la parole. Parce qu'il le fait de manière plus forte que précédemment. Elle sent bien toute la haine que Nathy a envers Edward et elle ne peut pas le lui reprocher. « Tu veux vraiment parler de lui ? » Pitié non. Elle ne se croit pas capable d'entamer toute une conversation sur Edward Hildebrand et la non relation qu'ils entretiennent. « Il a changé. On a tous changé. » La chose à ne pas dire. Sans le vouloir et sans faire attention, elle vient de prendre sa défense devant son meilleur ami et elle se rend rapidement compte de son erreur. Elle n'aurait pas dû. Clairement pas. Surprise des conclusions auxquelles il arrive si rapidement, Catahleen ouvre la bouche et les yeux en grand. Se remettre en couple avec Edward ? Quelle idée saugrenue ! Inconcevable quand on sait à quel point elle a souffert à cause de lui. « Je pensais que tu me connaissais un peu mieux tout de même. » Son ton est plus sec qu'elle ne l'aurait voulu au prime abord. Catah' le regrette immédiatement. Alors elle tente de mettre un peu d'eau dans son vin. « Je ne vais pas retomber dans ses bras. Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain. » Ajoute la brune avec un peu plus de douceur dans la voix. Sans chichis, elle lui annonce la pure et entière vérité. La page est tournée entre eux et fermée à double tours. Le seul avec lequel elle veut terminer se trouve à ses côtés en ce moment même. Mais il est trop borné pour le voir. Catahleen ne sait plus quoi faire. Elle se trouve dans une impasse. Ce qui pourrait débloquer la situation ? L'aveu de ses sentiments. Mais elle doute que ce soit le moment idéal. « Si tel était le cas, je ne me serai jamais permise de débarquer chez toi et de te faire une mini crise de jalousie. » A défaut de lui dire les trois mots fatidiques, Catahleen est capable de s'exposer un peu en parlant de sa jalousie envers Lola dès qu'elle l'a aperçu. Si avec cette preuve, Nathaniel ne comprend qu'il est cent fois plus important qu'Edward, elle ne sait plus quoi faire. Démunie, elle finit par se taire. Cependant, avant de rester définitivement silencieuse, elle ajoute un dernier mot. « Tout est fini. Entre Edward et moi. Tout. Depuis des années. Ne te fais pas des fausses idées sur des pseudos sentiments qui n'existent plus. » Tout est dit. Malgré l'irritation qu'elle perçoit chez Nathy, elle espère que sa tirade l'aura quelque peu calmé. Qu'il osera lui faire confiance et qu'il laissera de côté l'ombre d'Edward qui plane sur eux depuis un bon moment. La jeune femme secoue la tête négativement. Comme si Nathy devait se sentir idiot … C'est elle qui avait amené la mauvaise ambiance. La fautive de toute cette histoire, c'est elle et personne d'autre. « Non, c'est de ma faute. Je n'aurai jamais dû te parler de … lui. Je suis sincèrement désolée. » Finit-elle par dire en se mordillant la lèvre. Elle s'en veut comme jamais parce qu'elle ne souhaite pas se mettre en mauvais termes avec son meilleur ami à cause d'Edward. Surtout que celui-ci ne veut plus rien dire pour elle. Le seul qui compte réellement est Nathaniel. Il n'est pas au courant certes, mais elle le sait. La brune lève les yeux vers lorsqu'il commence à parler. Durant une fraction de seconde, elle le fol espoir qu'il va lui avouer qu'il est toujours amoureux d'elle. Sa déception est assez cruelle car Nathy préfère se taire et faire machine arrière par rapport à ce qu'il a sur le cœur. « Tu ? » Peut-être qu'en l'encourageant et en le poussant un peu plus, il finira par terminer sa tirade. Catahleen est focalisée sur lui. « Nathy ? » Demande-t-elle tout en douceur. Un hésite un instant avant d'avancer sa main avec précaution et d'attraper celle du jeune homme en retour. « J'ai pas envie de laisser tomber. » Affirme la maîtresse d'école en toute honnêteté. Surtout pas de le laisser tomber lui. Et ne pas laisser cette histoire qui semble de plus ou plus proche. Peut-être que si l'un d'eux se jettent à l'eau, ils finiront pas être heureux.

La douce escapade se transforme soudainement en règlement de compte. Mais dès que le nom Edward s'est échappé des lèvres de Catahleen, Nathaniel n'a pas pu se résoudre à faire profil bas. Il fallait qu'il laisse sa colère et son agacement sortir. Tant pis pour les conséquences. Pour une fois, il ne se taisait pas. « Non tu as raison, j'en ai pas envie. Mais si  il pouvait arrêter de se mettre toujours entre nous, ça m'arrangerait » marmonne-t-il, légèrement mauvais. A chaque fois qu'il semblait avoir sa chance avec Catahleen, le prénom d'Edward refaisait surface. Et tous les espoirs de Nathaniel se voyaient réduit à néant. A chaque fois que Nathaniel se laissait rêver à une vie avec sa meilleure amie – l'amour de sa vie – cet homme du passé lui brisait son optimisme parfois peut-être trop débordant. Mais c'est Nathy. Il a la fâcheuse tendance à espérer que Catahleen l'aime un jour comme lui peut le faire. Qu'elle éprouve les mêmes sentiments que les siens. Mais aujourd'hui, il commence à se rendre à l'évidence. Ce jour n'arrivera jamais. Et il devrait arrêter d'espérer. Complètement. « Ça c'est la meilleure. Tu le défends maintenant ? Dois-je te rappeler à quel point tu étais mal quand vous vous êtes séparés ? Il était où lui quand tu pleurais dans mes bras toutes les nuits ? Il était où quand tu faisais tous ses cauchemars, par sa faute ? Moi je sais où il était, loin de toi, avec des dizaines d'autres filles à qui il faisait vivre exactement la même chose. ». Nathaniel est conscient qu'en disant tout cela, il fait ressurgir de mauvais moments pour Catahleen. Mais c'est à ça que servent les meilleurs amis. Aux piqûres de rappel, lorsque c'est nécessaire. Et visiblement, elle en avait besoin. De se rappeler ces moments noirs où sa seule lumière résidait en Nathaniel. Où il avait toujours été là pour elle, de jour comme de nuit. « Je te connais. C'est pour ça que je te mets en garde. ». Contre lui. Contre ces sentiments qui pourrait ressurgir, comme par enchantement. Il est dit qu'une femme n'oublie jamais son premier amour. Et si c'était vrai ? Et si Catahleen se voilait la face ? Et si au fond d'elle, elle l'aimait toujours. Nathaniel ne peut se résoudre à telle pensée. Et préfère se concentrer sur son café, présent devant lui. « Très bien » déclare-t-il sobrement. Parce qu'il n'a rien d'autre à ajouter. Et du mal à la croire aussi mais soit, si elle lui déclare qu'elle ne va pas retomber dans ses bras c'est que ça doit être vrai. La jeune femme n'a pas pour adage de mentir. Mais lorsqu'il s'agit des sentiments, on ne peut jamais être vraiment sur. « Personnellement, j'ai beaucoup aimé ta mini crise de jalousie » confie-t-il, presque d'une petite voix. Un sourire se dessine doucement sur son visage. La colère se dissipe, comme à chaque fois qu'il est avec elle. Il ne peut pas être en colère très longtemps, surtout envers Catahleen. Nathaniel est un éternel gentil, et on ne le changera pas. Pas à vingt-sept ans. « J'ai compris Catah, et tu m'en vois ravi ». Que tu n'es plus aucuns sentiments pour ce mec s'entend. Il ne cesse de lui lancer des petites perches depuis tout à l'heure. Pour qu'elle comprenne. Que lui en a des sentiments pour elle. Qu'ils n'ont pas changé. Ou plutôt qu'ils ont évolué. En plus fort. Beaucoup plus fort. Et qu'il faudrait peut-être songer à les entendre, les écouter ces sentiments. « C'est pas grave je t'assure ». Nathaniel la regarde, avec tout l'amour qu'il éprouve pour elle. Il est prêt à se lancer et puis … il se dégonfle. Il n'ose pas. Et contre toute attente, c'est Catahleen qui l'incite. Qui lui prend la main et lui demande de continuer. De tout déballer. Nathaniel lui serre la main, puis baisse le regard. Il prend une légère inspiration. « Je … Oh et puis merde, quitte à me faire rembarrer une nouvelle fois ! » commence-t-il, en relevant le regard vers sa meilleure amie. Qu'il plante dans le sien. « Je t'aime Catah, je .. je suis amoureux de toi, même après que tu n'aies pas voulu de moi je t'ai toujours aimé, je n'ai pas cessé une seule seconde. Et … et l'autre jour, à la réunion pour Julian, j'ai eu l'impression que si je t'avais embrassé, peut-être que ça aurait changé les choses. Mais je suis toujours en pleins doutes lorsque ça te concerne. Sauf que là je ne peux plus. Je ne peux plus attendre et attendre, encore et encore. J'ai besoin de réponses, j'ai besoin de savoir si tu éprouves la même chose que moi. J'ai besoin de savoir si il faut que je tourne enfin cette foutue page. La notre. Parce que Catah, je t'aime et je t'aimerai toute ma vie mais …. je ne peux pas t'attendre indéfiniment.. ». C'est toi qui détient les cartes Catahleen. Une nouvelle fois.

Tout était mal parti depuis qu'elle avait débarqué chez Nathaniel et tous les malheurs s'enchaînent à présent. Plus les minutes passent et plus l'ambiance se dégrade. Catahleen ne sait plus quoi faire. Ils auraient probablement dû se séparer dès son arrivée chez le jeune homme. Repartir fâchée avec lui aujourd'hui n'est pas du tout son envie. Mais avec sa maladresse habituelle, Catahleen n'a pas pu s'empêcher d'évoquer Edward. Qui n'est plus que le fantôme de son passé mais ça, son meilleur l'ignore ou alors, il fait semblant de ne pas le voir. Contre sa propre volonté, la jeune femme finit par esquisser un sourire. Ce qui est malvenu, elle le sait bien. Cette risette pourrait être mal interprétée et mettre de l'huile sur le feu est bien la dernière chose qu'elle souhaite. « Tu es jaloux. » Murmure-t-elle partagée entre la joie de comprendre qu'il tient vraiment à elle et l'incrédulité qu'il puisse ressentir un tel sentiment. Elle n'en revient pas. Forcément, elle se sent flattée d'être l'objet de toute son attention. Depuis qu'il lui avait avoué ses sentiments, de l'eau a coulé sous les ponts et Catahleen est persuadée qu'il est passé à autre chose. A quelqu'un d'autre qu'elle. Peut-être que non. Peut-être que finalement, elle a une chance de recoller tous les morceaux et d'être avec ce garçon qui fait tant battre son cœur. Une vague d'espoir l'assaille. Cependant, avant que le bonheur arrive, il faut déjà passer au-dessus de la barrière que représente Edward. Et dieu sait qu'il est difficile pour elle de faire passer la pilule à Nathy. Cet affrontement s'annonce corsé et elle n'est même pas certaine d'en ressortir victorieuse. « Mais non, je ne le défends pas. S'il te plaît Nathy … » Certes, elle s'est un peu emmêlée les pinceaux mais de là, à défendre son ex petit ami … non, il ne faut pas abuser non plus. Ce n'est pas son genre. A la remémoration de tous les moments qu'elle a dû passé pour s'en sortir et ne plus pleurer dès que les souvenirs lui revenaient en tête, le visage de Catahleen se ferme. Bien sûr qu'elle n'a pas oublié. Même si le temps a fini par cicatrisé les blessures qu'on lui avait infligé, elle ne restait pas moins fragile de cette époque où son monde si parfait s'était écroulé comme un château de sable. Le fait que son meilleur ami évoque ce passé si douloureux la blesse presque. Elle ne mérite pas de se prendre cette haine en pleine figure. « Oui, je m'en souviens. Pas facile d'oublier la loque que j'étais hein. » Lance-t-elle sur un ton où réside une triste ironie. Nathaniel avait été un ange, comme à l'accoutumée. Il s'était occupé d'elle. Il avait pris soin et pansé ses plaies les plus profondes pour qu'elle redevienne elle-même. Catahleen sait très bien qu'elle lui doit énormément. Pour ne pas dire tout. « Je n'ai pas besoin que tu me mettes en garde parce que je n'ai plus envie de perdre mon temps avec lui. » Non, ce dont elle a envie plus que tout au monde est d'être avec lui. Sauf qu'il a décidé de mettre des œillères et de ne pas remarquer que le seul qu'elle dévore des yeux, c'est bel et bien lui. Leur conversation ressemble à un serpent qui se mord la queue et elle soupire de frustration quand il lui répond juste un « très bien » peu convaincant. L'institutrice ne sait pas ce qu'elle peut faire ou dire de plus pour qu'il la croit. Alors, elle préfère ne pas relever. Une rougeur envahit ses pommettes rebondies quand il lui parle de l'espèce de crise qu'elle a faite à peine une heure auparavant. « Arrête, tu veux juste me mettre mal à l'aise et je ne sais plus où le mettre. » Au fond d'un trou peut-être. Même s'il la met dans une gêne constante, elle ne peut que se féliciter de l'ambiance qui s'est considérablement allégée. Elle se sent mieux et elle retrouve son fameux sourire qui illumine les traits de sa bouille. Toutefois le sérieux refait bien vite surface quand Nathy lui fait une déclaration. Non, pas une déclaration quelconque. LA déclaration qu'elle attend depuis des années. Depuis qu'elle a compris l'erreur commise en le repoussant. Elle est face au tournant le plus important de sa vie et Catahleen est muette comme une carpe. Bouche bée, elle fronce les sourcils, rougit un peu plus encore et prend une grande inspiration. « Je … Euh … » Aucune parole cohérente ne sort de sa bouche parce que son cerveau est en mode off. La brune est rarement à court de mots mais à cet instant précis, elle est pétrifiée. Sauf que ce n'est vraiment pas le moment d'avoir les pensées embrouillées et aucune voix. Elle voit bien que son Nathaniel attend avec patience qu'elle se décide et elle se sent comme une conne à ne rien dire du tout. Pourtant, ce n'est pas faute de ne rien ressentir. Au contraire. Toute tirade étant inutile, elle effectue le seul geste dont elle est capable et qui convient à la situation : elle se penche par dessus la table, attrape le visage de Nathy entre ses doigts et après un dernier sourire amoureux en sa direction, Catahleen l'embrasse. Enfin. Pas un baiser de cinéma qui est parfait mais sans saveur. Non, elle lui donne un vrai baiser. Ceux dont on se souvient des années après. Ceux qui sont un peu hésitants mais qui laisse passer toutes les émotions qui nous habitent. Elle l'embrasse. Pour de vrai. Avant de se détacher lentement de lui, le rose aux joues. « Je me suis emballée. » Comme à son habitude. Mais cette fois-ci, il lui pardonnera. « Ne tourne pas la page. Pas celle-ci. Ou alors tournons-la ensemble pour en écrire une nouvelle. Avec Julian, toi et moi. Je t'ai fait attendre. Longtemps. Beaucoup trop. Je me suis rendue compte de ma bêtise. Je veux qu'on se donne notre chance et que l'on soit heureux. » Catahleen est d'une sincérité désarmante. Ses prunelles sont ancrées dans celle de l'homme qu'elle aime et elle pourrait soulever des montagnes car les paroles de Nathy lui ont donné des ailes. Se rendant compte qu'elle a oublié le principal, elle prend une grande inspiration. « Je t'aime Nathaniel. Depuis des années. » Son vœu premier est de rattraper le temps perdu.