Et oui la fin du mois de décembre nous guettait déjà, et comme à notre habitude Reagan et moi avions décidé de passer la journée ensemble à décorer le sapin, tout en essayant d'asperger l'autre de neige artificielle bien sûr. Après cela, l'échange des cadeaux... évidemment il ne s'agissait jamais de cadeaux bien fastueux, nous gardions ceux-là pour le lendemain du réveillon, en attendant nous devions trouver le cadeau le plus stupide possible pour l'autre, ce qui n'était jamais bien difficile. C'est ainsi que j'avais fait faire un t-shirt pour elle floqué : "mon meilleur ami est une bombe sexuelle". Excuse-moi de vouloir révéler la vérité au monde entier.dis-je innocemment sans une once de prétention bien sûr. Ces journées nous faisait toujours autant rire, malgré tous nos soucis nous savions que pour au moins quelques heures, nous avions le moyen de nous évader, d'oublier, et de nous amuser. Ce jour-là avait aussi lieu le fameux bal de noël organisé par les Iotas, une soirée à laquelle je ne voulais absolument pas assisté car je savais qu'une fois de plus elle finirait mal pour moi. Je n'avais jamais vraiment eu de chance avec les évènements du genre, les bal de promo finissaient en rupture, les bal de noël en règlement de compte, bref j'étais un aimant à problème et je ne voulais surtout pas entraîner Reagan dans ma chute. Diiiiiiiiiiiiiis, tu es certaine que tu veux y aller à ce fichu bal ? Ça ne me dérange pas tu sais qu'on reste devant la télé à regarder les programmes de noël en s'empiffrant de chocolat et en buvant du lait de poule à ne plus pouvoir marcher... Je lui fis un grand sourire qui n'allait certainement pas convaincre la jeune princesse têtue que j'avais en face de moi. Reagan était très sympathique, très douce et généreuse, mais lorsqu'elle avait une idée en tête, sa détermination à la mettre en pratique pouvait parfois frôler l'obsession. L'évocation du fait de boire de l'alcool pour finir la soirée me valut un froncement de sourcil Reaganesque, qui m'obligea à enfin me taire et reprendre mon activité de décorateur d'un jour.

Reeagaaan tu veux pas venir me faire mon noeud de cravate, je vais jamais m'en sortir je suis trop en stress pour ce soir... oui elle était au courant que j'avais la pression depuis ma nuit avec Jordane, nuit dont elle ne se rappelait surement pas vu l'état d'ébriété dans lequel elle était. Je soupirais, recommençait, resoupirait, bref j'avais clairement besoin d'aide. On va encore être les plus beaux ce soir, je suis sûr que ton Andréa ne va pas en croire ses yeux, enfin j'ai surtout hâte de te voir avec lui, un mec qui sait te rendre heureuse ne peut qu'avoir toute ma gratitude. J’attrapais mon parfum que je vaporisais aux endroits stratégiques, passait un peu de gel dans mes cheveux histoire de les rendre un peu moins hirsutes et j’étais fin prêt à être le cavalier de notre star internationale. Un chauffeur était passé nous prendre afin que nous arrivions pile à l’heure et surtout au bon endroit, je n’avais pas le courage de marcher jusque là-bas même s’il ne s’agissait pas non plus d’un périple, ma flemmardise chronique ne m’autorisait aucun effort ce soir. J’espère que ce soir tu nous feras l’honneur de nous interpréter une petite chanson de noël quand même, après tout Bieber a bien fait un duo avec beyonce pour l’occasion, alors tout est possible. Je lui fis un petit clin d’œil avant de lui tirer la langue, signe que je la taquinais à nouveau. Cela me faisait vraiment du bien d’être avec elle, je pouvais à nouveau passer de l’adulte à l’enfant en 5 secondes chronos, et c’était loin d’être une mauvaise chose.

Une fois sur place, je fus agréablement étonné par le travail qui avait été mis en œuvre pour ce fameux bal. Toutes les décorations, le buffet qui donnait l’eau à la bouche et ce bar qui m’ouvrait les bras, donnaient une toute autre perspective à cette soirée que j’aurais préféré passer à la maison. Je vis bien évidemment Jordane arriver, elle me lança un regard sans trop insister, signe qu’elle avait complètement ignoré ou oublié ce que j’avais pu lui dire ce soir-là dans ma chambre. Génial. Hey, si ton mec n’est pas encore là, tu veux bien rester un peu avec moi, j’ai un peu la trouille d’aller lui parler maintenant, je pense qu’on devrait prendre un verre et trinquer à notre première soirée officielle depuis longtemps. Je pris deux coupes de champagne sur le plateau d’un serveur qui passait par là, en tendit une à Reagan qui me faisait déjà rire avec son regard réprobateur. Oh, juste une coupe ça ne va pas me tuer. Je lui fis des yeux de bébé mélangés à ceux du chat potté histoire de la faire céder à mon petit caprice de gosse qui refusait de grandir avant de finalement faire clinquer mon verre contre le sien pour marquer le coup et d’en prendre une petite gorgée. Cette soirée s’annonçait bien longue, et si je voulais à nouveau avoir le courage de dévoiler mes sentiments à la iota, j’allais avoir besoin d’une bonne dose de courage, et surtout de garder l’esprit un minimum clair, ce qui voulait dire que je ne pouvais pas me défiler en me torchant la gueule au champagne, too bad.

I will honor Christmas in my heart, and try to keep it all the year.

« .T'es con. » grommelais-je à l'adresse du maki, détaillant d'un regard perplexe bien qu'amusé le présent qu'il m'offrait pour un noël anticipé. Mon meilleur ami est une bombe sexuelle, floqué en bleu marine sur un tee shirt blanc. Mon meilleur ami est un égocentrique narcissique surtout. Néanmoins, l'humour toujours présent, je laissais échapper un rire amusé avant de revêtir l'habit afin de l'essayer. Je le mettrais en pyjama tout au plus, ou bien pour sortir faire tourner la foule de photographes, omniprésente dans ma vie, à l'hystérie. Ce soir les cadeaux idiots, demain les cadeaux vraiment sérieux. Ainsi mon cher Ethan se retrouvait à tenir dans ses mains un livre intitulé '' Art de faire des déclarations d'amour '', alors que je lui adressais un sourire entendu. Une encyclopédie, un dictionnaire, traitant de la façon la plus subtile à la plus rocambolesque de déclarer sa flamme à l'élu(e) de son cœur. Au moins après cela, il ne pourrait plus se raviser à la dernière minute comme il le faisait à l'instant et essayer de me soudoyer afin que nous restions à la maison. J'étais déjà habillée, d'une longue robe blanche coupée prêt du corps, choisie au hasard dans mes habits. Ma longue chevelure blonde me tombant sur les épaules et un maquillage léger, puisque j'aimais la sobriété. Et c'est dans cette même somptueuse robe que je fis une entrée remarquée au bras du plus célèbre des sosies Bieber. Si j'allais chanter ce soir ? Probablement pas. Après tout j'étais élève et non célébrité en ces lieux, la probabilité pour que je ne pousse la chansonnette se réduisait à rien du tout. Tirant la langue à mon tour, juste réponse de son geste enfantin, je tapotais sa joue d'un geste vif dans la foulée. « .C'est toi le Bieber. » sifflais-je. Et par défaut, je jouais la Beyoncé ce soir. Réflexion faite, je préférais largement me déguiser en mère noël bedonnante plutôt que de passer pour la Beyoncé de la soirée. Néanmoins l'ambiance me conforta dans l'idée première que je me faisais de cette soirée. Grande classe, distingué et chic. Absolument pas mon style, mais définitivement à l'image des organisateurs. Jetant un coup d’œil émerveillé par la décoration et la foule si bien vêtue, j'en oubliais presque d'écouter le meilleur ami. Néanmoins, ses mots eurent le don d'attirer mon attention. Un air surpris ornant mes traits, je restais un instant à le détailler avec anxiété, hébété, avant de finalement répondre. « .Sérieux Ethan, tu vas taper la déclaration devant tout le monde ? Faut que t'arrêtes ce coup-là, ça devient ringard, même pour moi qui est une éternelle roma.... oh des petits fours ! . » Je parle, Je parle, je suis attentive et une flopée de douceurs salées passant par-là sur un plateau d'argent arrivent à me couper dans mon discours. Me saisissant d'une gourmandise à l'aspect appétissant, la pauvre petite tartelette n'eut pas le temps de prendre ses marques dans l'étreinte de mes doigts que je n'en faisais déjà qu'une bouchée. « .Qu'est-ce que je racontais déjà... Ah oui. Oui je vais rester avec toi, c'est pour ça que c'est toi que j'accompagne non ?. » repris-je, la bouche encore à moitié pleine. Accueillant avec plaisir la coupe de champagne qu'il me tendait, je déposais ma main libre sur son épaule en guise d'encouragement, bien que mes prunelles optaient pour un air plus inquiet. « .Pour donner du courage, d'accord. Mais avec modération. » soulignais-je, avant de faire tinter le cristal de nos verres d'un geste habile, agrémentant le tout d'un clin d’œil à l'adresse du Daniels. Et je jurais sur l'instant que j'allouerais une attention très particulière aux aller – retour de Peter Pan vers le bar. Peter Pan et ses problèmes d'alcool, dommage que Sir Barrie n'ait pas édité cet ouvrage, pour un public plus adulte peut-être. Il aurait probablement trouvé sa muse en la personne d'Ethan. Constatant d'un rapide coup d'oeil son état, je fronçais un sourcil. La nervosité se lisait sur son visage, presque autant que la candeur sur le mien. J'étais on ne peut plus heureuse de participer à cette soirée de noël si particulière, compte tenu de ce qui m'attendait dans les prochains jour. A savoir travail et solitude. Je profitais de mes derniers instants en compagnie d'Ethan. Toutefois il me tardait déjà que le majestueux Andréa ne fasse une apparition à la soirée et ne m'enlève pour passer notre dernière soirée avant que tous ne m'échappent. Poussant un soupir d'amertume, constatant que le De Beauclaire n'était pas encore là, j'en profitais pour me concentrer exclusivement sur Ethan. « .Tu es beau, ne sois pas inquiet, elle ne peut qu'apprécier. » dis-je, tâchant d'être rassurante au mieux que je le pouvais, laissant une voix sincère lui intimer ces quelques vérités. « .Du moment que tu n'en fais pas trop. » renchérissais-je, d'un sifflement quasi chantant. Je le connaissais sur le bout des doigts, depuis le temps. Et des déclarations enflammées de sa part, ma mémoire pouvait en ressortir à la pelle. Il y va tranquillement, il sort les bons mots et puis d'un coup, c'est trop. Trop loin, trop prononcé, trop tout. Un air ingénu orna mes traits, réalisant qu'en parfaite meilleure amie, je lui avais offert le parfait présent de noël. « .Tu n'as pas pris ton livre avec toi ? . » demandais-je, affublée d'un air narquois trahis par un sourire atrocement amusé. « .Tu devrais le garder sur toi pour toujours, comme une bible. Il y a bien des chrétiens que le font. » et toi tout crétin adorable et sensible que tu es, que j'adore, que dis-je, j'aime par-dessus tout, tu devrais te balader avec ta bible de l'amour jusqu'à la fin des temps. Bref, je passe une bonne soirée. Qui s'améliorerait si mon estimé petit ami daignait se montrer avant que le Ethan ne se jette à corps perdu dans sa déclaration officielle et ne me laisse comme une tarte faire la déco' à côté du bar. Tiens voilà le plus beau d'entre arrivant au loin ... mon frère. Bref sourire à son égard, je l'incitais - l'obligeais- à venir me faire un bisou d'un regard insistant.