Je sentis mes jambes quitter le sol. Joe m’avait pris dans ses bras sans effort, me retenant par les fesses. Jamais je n’avais ressenti d’émotions aussi passionnées. Le désir que je ressentais à ce moment précis devait être assouvi au plus vite, au risque de devenir folle. La personne toute entière qu’était le professeur m’excitait, toujours plus. J’avais envie de laisser mes mains caresser son corps nu, dessiner les courbes de ses fesses, tracer les contours de ses muscles. Je voulais que mes lèvres gouttent à chaque parcelle de sa peau. J’avais envie qu’il comble tout le vide que je pouvais ressentir. J’avais besoin de lui, ici, maintenant. La semaine avait été haute en nouvelles émotions et celles-ci m’étaient étrangères plus que jamais. Bien sûr, j’avais déjà couché avec d’autres hommes, mais jamais une telle ardeur ne s’était emparée de moi. J’avais chaud, mon cœur et mon sexe criaient à l’unisson leur envie de tout casser tant que je n’aurais pas ce que je désirais. Joe commença à marcher vers ce que je devinai être sa chambre. Il me posa alors sur son lit, nos lèvres se séparant pour la première fois depuis le début de cette étreinte. Je le regardai enlever sa chemise alors que j’étais étendue sur le dos. Mon cœur se débattait dans ma poitrine. Je baissai les yeux vers sa cicatrice et un frisson traversa mon corps. C’était inquiétant mais à la fois excitant. De toute façon, Joe m’avait tout révélé sur sa personne alors je me doutais bien d’où pouvait provenir cette cicatrice. Je ne voulais pas vraiment en savoir plus, pour dire vrai. Je me relevai légèrement pour aller le rejoindre au bout du lit, à genoux. Il était toujours debout devant moi, torse nu. Le bout de mes doigts se posèrent sur la cicatrice, et glissèrent tout le long de celle-ci. Mes lèvres ne tardèrent pas à suivre la même trajectoire. Je remontai finalement jusqu’à ses lèvres et mes mains s’attardèrent à déboucler sa ceinture. Joe ne comprenait visiblement pas l’effet qu’il avait sur moi. L’emprise qu’il avait sur moi, oserais-je même dire.

 HRP : Oui, je suis tout à fait d’accord ! ^^

Après une heure à se caresser, à s’embrasser chaque parcelle de nos corps, à se faire l’amour dans des positions différentes, à se regarder dans les yeux puis à s’enfouir le visage dans le cou de l’autre, Joe et moi cessâmes finalement nos ébats et nos embrassades. Ma tête était posée sur son torse depuis une quinzaine de minutes. Mon sourire ne s’effaçait pas de mon visage. J’étais si bien, si comblée. Joe avait répondu à toutes les attentes de mon corps. J’étais rassasiée de lui ; pour l’instant. Je savais que le désir ne tarderait pas à refaire surface. Je sentais la fatigue s’emparer de moi, mais en même temps il fallait que je passe à la toilette avant de m’endormir. J’avais envie d’une douche chaude. C’était cliché, mais j’adorais être sous l’eau avec l’être aimé. C’était doux, calme, propice à des discussions sans importance et à des échanges furtifs de baisers. Je levai alors mon visage vers le professeur et me collai encore un peu plus à lui, passant une jambe par-dessus les siennes. « Ta douche est-elle grande ? J’aurais envie de me laver, mais avec toi ce serait encore mieux … » Je me relevai légèrement, m’appuyant sur mon coude, et embrassai tendrement les lèvres du jeune homme. Je sentais des ailes me pousser dans le dos. Jamais je n’avais ressenti des émotions aussi passionnées envers un homme. J’avais envie qu’il ne cesse jamais d’être en moi, de m’aimer et de me combler. J’espérais qu’il accepte d’aller dans l’eau avec moi malgré l’heure tardive. De cette façon, nous pourrions encore nous enlacer un peu avant d’aller dormir. J’attendis sa réponse en laissant ma main flatter son torse. Une partie de moi redoutait qu’il ne me demande de partir de son appartement, maintenant qu’il avait eu ce qu’il voulait. J’espérais réellement que je ne me trompais pas sur Joe, et j’espérais qu’il ne soit pas capable d’une telle cruauté.
 

Alors que je venais de demander à Joe s'il avait une douche assez grande pour deux, son sourire s'agrandit et il me serra encore plus contre son corps. Je ne pouvais imaginer que cela ne voulait rien dire. Dans le langage non-verbal, dans son comportement, on pouvait clairement voir qu'il y avait bien plus qu'une simple attirance sexuelle, non ? Certes, celle-ci était présente. Très présente même. Le désir que nous ressentions l'un pour l'autre était omniprésent. Mais il y avait plus. J'en étais persuadée. Je voulais m'en persuader. Alors toutes les mimiques de Joe était passées à la loupe afin de me convaincre que je fonçais pas dans un mur à cent miles à l'heure. Il embrassa mon front doucement, et je fermai les yeux suite à ce contact si affectueux et délicat. Il se releva alors et, à mon plus grand bonheur, il me confirma que sa douche serait probablement assez grande pour nous deux, même si nous n'aurions pas beaucoup d'espace. Je n'allais quand même pas me plaindre d'être obligée à me coller un peu plus à lui sous l'eau. Au contraire, je m'en réjouissais d'avance. Je souris à sa remarque. « Tant que mon odeur ne te repousse pas pour le reste de la nuit, ça me va ! » Je rigolai, mais cette phrase était une façon de savoir si Joe comptait me garder pour la nuit, ou s'il me redonnerait mes vêtements après la douche en me disant que c'était bien plaisant tout ça, mais qu'il allait dormir et que je ferais mieux de rentrer. J'espérais fortement qu'il penchait pour la première option. L'alternative ne me convenait guère. Le professeur m'aida finalement à me relever et je le suivis jusqu'à la salle de bain, toujours nue et vulnérable. Il fit couler l'eau et je rentrai dans la petite douche après lui. L'eau coulait dans mon dos et un petit sourire s'afficha de nouveau sur mon visage. C'était chaud et réconfortant - même si j'étais loin d'avoir besoin de réconfort en ce moment. « Sous l'eau, tes yeux sont encore plus bleus. » Dis-je tout simplement en le regardant.
 

J’étais effectivement bien plus petite depuis la première fois depuis le début de ma relation avec Joe. Comme nous nous étions toujours fréquentés lors de sorties en public, j’avais toujours porté des talons afin d’être jolie et à mon meilleur. Maintenant que j’étais vulnérable devant lui, sous la douche, je me dévoilais sous mon vrai jour. Mon maquillage s’en allait peu à peu avec l’eau, laissant Joe découvrir la Astor naturelle. Je me sentais gênée, mais en même temps je ne m’étais jamais réellement soucié de mon apparence. Certes, c’était plus stressant en compagnie d’un homme qu’on apprécie et qu’on ne veut pas décevoir, mais j’avais confiance en mon physique. Afin de détourner l’attention de sur ce moment où je me sentais si « à découvert », je complimentai les yeux de Joe, afin de mettre les projecteurs sur lui. Je souris à sa remarque. « Alors c’est vrai qu’il pleut toujours en Irlande ? » Je n’étais jamais sortie des États-Unis du Sud, je vous rappelle. Pour moi, le fait qu’il pleuve toujours au Royaume-Uni et au sud de l’Irlande pouvait être un mythe tout comme cela pouvait être une réalité. Après m’avoir répondu, Joe prit la bouteille de shampooing entre ses mains et en versa un certain contenu sur ma tête. Il commença à faire mousser. J’avais un grand sourire au visage et les yeux fermés pour ne pas que le savon y pénètre. Il me lavait les cheveux, certes, mais cela ressemblait davantage à une bataille de mousse puisque j’en avais maintenant sur les épaules, partout dans le visage, et sur la poitrine. J’essuyai mon visage et avec la mousse que je recueillis dans mes mains, je peinturai le visage de Joe de bulles. J’éclatai de rire en ouvrant les yeux et en découvrant le professeur tout blanc. « Une barbe blanche, ça te rend franchement plus séduisant ! » Nous continuâmes un moment à nous arroser d’eau, de bulles, puis je lavai son dos et il lava le mien. Nous ne faisions que rire dans nos jeux enfantins. Jusqu’à ce que l’eau chaude redevienne froide. « J’crois qu’on a vidé le réservoir … » Ce qui sonnait la cloche de la récréation, à mon plus grand regret. Je serais restée sous l’eau avec Joe toute la nuit. Mais je frissonnais sous l’eau froide alors je me rinçai rapidement et sortit, attrapant une serviette et l’enroulant autour de mon corps.
 

Contrairement à Joe, je retombais souvent en enfance. C’était la période de ma vie où même si j’avais des responsabilités plus exigeantes que celles de mes autres camarades à cause de ma maladie, je ne réalisais tout de même pas la gravité de mon état de santé. J’étais donc naïve et innocente à courir par-ci, par-là, sans me soucier de si j’allais vivre demain ou non. Aujourd’hui ce n’était plus du tout le cas, alors chaque moment durant lequel je pouvais oublier mon triste sort, je m’y accrochais du plus fort que je le pouvais. J’espérais que Joe se laisserait aller plus souvent avec moi. Peut-être nous ferions nous du bien mutuellement, dans le cas échéant. Bref, pour le moment l’heure de la rigolade s’était terminée en même temps que le réservoir d’eau chaude, et je m’empressai de sortir de la douche. Le jeune homme ne tarda pas à me rejoindre et il me prit dans ses bras, affirmant que je ne devais pas prendre froid. « Merci de t’en préoccuper. » Dis-je tout simplement en souriant. C’était con, mais le simple fait que Joe s’inquiétait de si j’étais bien au chaud me laissait croire qu’il prendrait toujours soin de moi et qu’il se soucierait de mon état. Je l’avais peut-être jugé trop vite plus tôt dans la soirée. Puis le professeur changea d’expression, probablement sans même s’en rendre compte, avant de me proposer de retourner me coucher. Et sa phrase sous-entendait qu’il ne viendrait pas tout de suite me rejoindre. Ne voulant pas non plus trop m’immiscer dans sa vie privée, je me contentai de froncer légèrement les sourcils puis d’acquiescer. S’il avait d’autres choses à faire avant d’aller dormir, je n’allais pas l’en empêcher. « D’accord. J’avoue que je suis très fatiguée. » Cette petite douche m’avait relaxée et j’allais bien dormir. Je regardai Joe partir vers la cuisine torse nu, avec un sourire satisfait aux lèvres. Pour ma part, je retournai dans sa chambre et je me glissai sous ses couvertures, du côté droit de son lit. Je me tournai sur le côté et fermai les yeux. Tout allait bien jusqu’à ce que je respire l’odeur de la cigarette. Tant habituée à l’éviter à cause de ma maladie, je pouvais la sentir de n’importe où dans une maison. Je soupirai. Joe était un fumeur. Et s’il ne pouvait même pas se retenir pour une soirée en compagnie d’une fille souffrant de la fibrose kystique, je n’osais même pas imaginer ce que ce serait de vivre au quotidien avec lui dans ma situation. C’est comme si je venais de tomber d’un nuage. Toutefois j’avais eu mon lot de dispute pour ce soir et ne voulant pas revivre la scène du restaurant à cette heure de la nuit, je cachai mon nez sous la couverture et fit semblant de dormir quand Joe revint dans la chambre à coucher. La nuit porterait conseil et, si elle me conseillait de fuir pendant qu’il en était encore temps, je partirais demain matin sans dire un mot.