« Parce que tu penses que je pourrais un jour faire un trait sur toi ? Mais je t'aime beaucoup trop pour ça Edward, je t'aime... mais tu n'imagines même pas à quel point. Cet enfant, j'en ai toujours rêvé, alors me dire que c'est notre enfant... mais je ne pouvais pas espérer mieux Edward. Je sais que tu as peur, et moi aussi, seulement ce n'est pas comme si j'étais sûre de ne pas m'en sortir. Il y a des risques, certes, mais comme tout. Seulement, il y a beaucoup plus de chances pour que je m'en sorte, que je vois mes enfants grandir, que... » Je l'écoutais attentivement. J'étais heureux de pouvoir de nouveau entendre sa voix, et ce, même si elle n'avait pas quitté San Francisco depuis longtemps. Mais j'avais besoin de sa présence, de la voir, de pouvoir discuter avec elle, bien que je lui en voulais énormément pour ce qu'elle avait fait. Pourtant, que voulez-vous ? Mon égo n'est pas assez démesuré pour que je refuse de la revoir uniquement à cause de ça. J'aurais peut-être agit de la sorte, adolescent, mais j'étais un homme désormais. Un homme amoureux qui préfère se soumettre aux faits, plutôt que de laisser la femme qu'il aime plus que tout lui filer entre les doigts, impuissant.

« De toute façon, quoi que je dise, ça ne changera pas ta décision... Ne crois surtout pas que je ne veux pas de cet enfant. En soit, comme tu as pu le constater, j'étais très heureux quand tu m'as annoncé que tu étais enceinte. Je veux toujours de ce gamin, mais... même si ça peut paraître cruel à tes yeux, je préférerais m'en passer et te savoir en vie. Après effectivement, si je pouvais avoir les deux, je serais l'homme le plus heureux sur Terre. Mais on fera avec... on aura qu'à espérer qu'il n'y ai pas de complications... » J'allais être, pendant sept mois et demi, dans un stress et une angoisse constante en plus de ma dépression post-greffe. Que du bonheur... ça n'allait pas être facile à gérer. Mais je suis un O'Malley... ça devrait passer. Je préférais éviter de penser à l'idée qu'elle pouvait mourir en couche. Quel horreur. Seul le fait que ça traverse mon esprit me donnait la nausée. Si elle n'était plus, c'était moi qui perdrait le goût pour la vie. C'est pathétique, mais je pense pouvoir mourir par amour. « Je suis désolée d'être partie comme ça seulement j'avais besoin de partir. J'avais besoin de voir mes parents. D'ailleurs, je suis désolée que mon père t'ait frappé, je suppose que ce coquard tu le lui dois... ce n'est pas ma mère qui t'aurais frappé. Il n'aurait pas dû, excuse-le. » Mh ? J'en avais presque oublié ce coup de poing. À vrai dire, tout ça n'avait plus aucune importance. J'avais également zappé le fait que j'étais trempé de la tête aux pieds et que j'avais certainement mouillé le sol de cette maison. Ma fatigue, je la luttais tant bien que mal. Non, la seule chose qui importait, là, maintenant, c'était Maria.

« C'est pas grave... », murmurais-je. Soudain, quelqu'un frappa à la porte. De là, ce fut la mère de la brunette qui entra. Je continuais de regarder le sol, comme si ce dernier avait pris une grande importance. « Je tenais à m'excuser... Nathan était à bout de nerfs. Excuse-le Edward. Je suis terriblement gênée. » Je relevais ainsi mes yeux bleus vers la femme afin de l'observer. Derechef, je répondais. « Ce n'est pas grave... je comprends sa réaction. Excusez-moi d'avoir débarqué ici en soirée, sans avoir pris la peine de prévenir... » Elle m'adressa un sourire qui signifiait clairement que je n'avais pas besoin de demander pardon pour cela, que ça ne la gênait pas. On ne pouvait pas en dire autant du le père de la brunette. Il devait maintenant me prendre pour un pauvre type qui faisait tout pour obliger sa fille à rentrer avec moi. Génial...

« On rentre à la maison ? Ou bien je dois refaire le chemin du retour seul ? » Après tout, elle avait peut-être envie de rester avec ses parents, ou bien il lui fallait encore un moment pour réfléchir ou je ne sais quoi à mon propos. On pouvait tellement croire que c'était moi l'unique fautif et que je demandais pardon pour avoir tenu ce genre de discours. Ce n'était pas le cas, et pourtant, je préférais ça, plutôt que nous continuions à nous faire la tête...

Lisa n'avait pas du tout apprécié que son époux s'en prenne de la manière comme il l'avait fait à leur beau-fils, c'était absolument inacceptable selon elle, et encore inacceptable était un mot trop faible. Honteux était sans doute plus correct présentement. Voilà pourquoi elle avait tenu à venir s'excuser auprès d'Edward qui s'était reçu un coup de poing qu'il n'avait pas complètement mérité non plus. Non mais depuis quand Nathan frappait-il pour se venger ? D'accord, il voulait venger sa chère petite fille, mais quand même, il avait été beaucoup trop loin pour le coup, selon sa femme en tout les cas.

« Vraiment, navrée. Je vous laisse. »

De nouveau seule avec Edward, Maria se sentit tout à coup mal à l'aise se disant qu'il allait certainement lui envoyer tout un tas de vacheries à la figure. Mais rien. Rien du tout à vrai dire, il se contenta simplement de lui demander s'ils pouvaient rentrer tout les deux ou bien si elle préférait rester chez ses parents. A vrai dire, elle aurait aimé pouvoir passer la nuit ici, loin de tout leurs ennuis, juste une nuit, une seule. Comme cet été. Retrouver cette douce chaleur d'été dans laquelle ils s'étaient aimé comme deux adolescents, comme deux amants avides d'amour.

« Est-ce qu'on peut...dormir ici cette nuit et rentrer demain matin ? »

Tout ce que désirait Maria cette nuit, c'était dormir dans les bras d'Edward, pleurer un bon coup si besoin était, et se reposer, chose qu'elle n'avait pas voulu faire cette nuit, pensant qu'il était bien plus important de trouver une solution quant à tout ce qui s'était passé avec l'homme qu'elle aimait. Bon sang, que ce serait-il passé si Edward lui avait dit qu'il ne voulait pas de cet enfant ? Maria aurait sans doute avorté, car elle l'aimait beaucoup trop pour...pour le décevoir au bout du compte, c'était simplement une question d'amour. Elle aurait été prête à tirer un trait sur son rêve le plus cher. Et pour lui, seulement pour Edward O'Malley parce qu'elle ne voulait surtout pas le perdre.

« J'aimerai juste qu'on se repose. Tu n'es pas en état de reprendre le volant, et moi non plus. Alors, autant rester ici cette nuit, et rentrer demain. Tu veux bien ? »

Peut-être voulait-il impérativement rentrer maintenant, mais Maria ne le souhaitait vraiment pas au vu de l'état de fatigue dans lequel ils étaient, l'un comme l'autre. La brunette n'avait pas plus dormir qu'Edward cette nuit, et avait réellement besoin de dormir donc, tout comme le professeur d'Histoire.

J'observais la mère de Maria quitter la chambre. Non pas qu'elle me dérangeait, bien au contraire, mais j'avais besoin de discuter avec sa fille, nous avions des choses à régler, nous avions besoin de nous retrouver. Ainsi, nous fûmes de nouveau tous les deux. J'en profitais pour lui demander si elle voulait bien rentrer à la maison avec moi, ou bien si je devais me contenter de refaire la route inverse, aussi seul qu'en venant jusqu'ici. C'était difficile. J'avais peur de sa réponse. Et si elle me disait qu'elle avait encore besoin de temps, que finalement, elle n'avait pas encaissé mes paroles, qu'elle préférait me quitter. Je me faisais peut-être un film, mais il ne fallait pas oublier qu'elle avait quitté la maison comme ça pour partir dans le Nevada, sans même en discuter avec moi. Maintenant, plus rien ne me surprenait... J'espérais uniquement qu'elle ne me ferait plus ce genre de coups, car effectivement, elle m'en a fait baver depuis hier.

« Est-ce qu'on peut... dormir ici cette nuit et rentrer demain matin ? » Elle voulait rester ? Après tout, ce n'était pas une si mauvaise idée, dans la mesure où, pour ma part, ce serait plus responsable de me reposer. Je n'avais pas dormi de la nuit et je fonctionnais actuellement grâce à la caféine, ce qui, en soit, m'était interdit, même si c'était un peu moins que la cigarette que j'avais fumé sur le chemin. « J'aimerai juste qu'on se repose. Tu n'es pas en état de reprendre le volant, et moi non plus. Alors, autant rester ici cette nuit, et rentrer demain. Tu veux bien ? » La seule chose que je redoutais, c'était la réaction de son père. S'il apprenait que j'avais dormi sous son toit, il allait vouloir me faire la peau. Je n'avais pas envie qu'il croit que j'avais une telle emprise sur Maria, que je faisais ce que je voulais d'elle, que je n'étais pas assez bien, que je ne la méritais pas. En soit, ces deux dernières choses n'étaient pas totalement fausses. Mais je connaissais mes défauts autant que mes qualités. Je suis un homme franc, je n'ai fait que lui dire ce que je pensais. D'ailleurs, mon point de vue n'a toujours pas changé et il ne changera probablement pas jusqu'à l'accouchement.

« D'accord... si ça ne dérange pas ton père... je n'ai pas vraiment envie de me faire étrangler dans mon sommeil... » C'est ça Edward, joue la carte du sarcasme, n'empêche que tu es très intimidé par monsieur O'Berkeley et ça, notamment depuis que tu sais qu'il ne frappe pas comme une femme. Un soupir s'échappa finalement de mes lèvres. Puis je me mis à me mordiller la lèvre inférieure. Même si j'en voulais quelque part à Maria, j'avais ce besoin de la prendre dans mes bras, de m'endormir contre elle, de l'embrasser, de lui parler, d'entendre sa voix, de la savoir près de moi, de me réveiller à ses côtés, de lui dire combien je l'aime. J'avais besoin d'elle et de notre relation. Après tout, nous étions amants et meilleurs amis. « J'ai... j'ai le droit à un câlin... ? », lui demandais-je, complètement timide, de peur de me faire rejeter ou bien de ressentir qu'elle me prend dans ses bras, mais à contre-cœur. J'ai besoin d'être rassuré. De voir que notre dispute est passée, même si en soit, notre problème n'a pas avancé d'un millimètre. Nous sommes toujours au même point et il restera ainsi bien longtemps j'ai l'impression... Elle comptait bien mener à bout sa grossesse. De mon côté, j'allais angoisser jusqu'à la fin. Aucune autre issue possible. Ainsi, je n'avais même pas remarqué que j'affichais une petite moue enfantine.

Vraiment, pour Maria il était tout simplement hors de question qu'ils reprennent la route au vu de l'heure qu'il était et surtout au vu de la fatigue dans laquelle les deux étaient présentement plongés. De toute façon, même si Maria avait été pour l'idée de reprendre la route maintenant, ce serait ses deux parents qui les auraient interdis de reprendre le volant. Ainsi, ils pouvaient clairement tirer un trait sur l'idée de rejoindre la Californie ce soir, cela attendrait finalement le lendemain. Ils n'étaient pas non plus à quelques heures près de toute façon, si ? Bon, peut-être qu'Edward l'était dans le sens où sa fille, malade était là-bas en ce moment qu'il se trouvait à neuf heures de route de l'enfant qui était le sien, mais pour ce qui était de Maria, rien de bien important si ce n'était l'université – et encore – ne l'angoissait au point de rentrer tout de suite. Elle savait que les enfants de son compagnon étaient entre de bonnes mains, qu'il en était de même pour les deux chiens, et qu'enfin, Berkeley n'allait pas s'effondrer en l'espace d'un ou deux jours, il fallait qu'elle reste un minimum réaliste après tout. Ce n'était pas non plus comme si une bombe risquait d'exploser dans l'enceinte de l'établissement qu'elle dirigeait. Bref, aucune raison de se faire du souci. Écoutant Edward lui dire qu'il acceptait de rester uniquement si cela ne dérangeait pas le chef de famille, Maria se mit à sourire se doutant bien que son père était en train de ronchonner dans son coin mais que d'ici quelques heures, ça irait bien mieux et qu'il viendrait sans doute – et il avait intérêt – s'excuser auprès de son beau-fils. Non mais vraiment, venir le frapper de la sorte...c'était pathétique, bien qu'adorable à première vue. Il protégeait ses filles de la manière qu'il pouvait et elles ne le remercieraient certainement jamais suffisamment pour cela.

« Il ne te touchera plus. »

Lui assura t-elle simplement se doutant que cela suffirait sans doute aux yeux d'Edward, tout du moins, elle osait l'espérer. Certes Nathan avait très légèrement dépassé les limites de l'acceptable, mais rien de dramatique non plus quand même. Bon, Edward était salement amoché malgré tout, ça devait d'ailleurs faire mal bon sang....outch. C'est alors que le professeur lui demanda d'une voix à demie enfantine s'il pouvait lui faire un câlin. Oh...c'était adorable, et bien évidemment, comme toujours elle craqua littéralement en le voyant comme cela. Cela la fit immédiatement sourire. Il ne lui en voulait plus tant que cela alors ? Tant mieux, elle n'avait espéré que cela depuis son départ bien que ce soit elle qui ait commit toutes les erreurs sur ce coup-là, excepté la grossesse dont ils étaient tout les deux « fautifs ». Un bébé, ça ne se fait que très rarement toute seule en même temps, il fallait bien dire ce qui était, non ?

« Tu as de ces questions parfois... »

« Il ne te touchera plus. », m'assura-t-elle, ce qui eu pour effet de m'amuser légèrement. D'ailleurs, il serait temps que je demande à Maria de la glace, afin de soulager mon œil. J'étais tellement préoccupé par la tension entre nous que je me fichais totalement de la douleur que me procurait la blessure. À présent, elle se faisait un peu plus ressentir. Je n'oserais même pas voir ma tête demain matin, après une nuit de sommeil. Pour le moment, j'arborais une rougeur. Demain, ça deviendrait bleu. Ensuite noir, violet, jaune. Le bonheur de se lever chaque matin en se demandant : « Tiens, quelle couleur aujourd'hui ? ». Ce n'était pas comme si je n'étais pas habitué à cela... n'empêche que ça faisait toujours aussi mal. Néanmoins, je ne peux nier le fait que Nathan O'Berkeley à un sacré crochet du droit. Quelque part, ça me rassure dans la mesure où je ne suis pas le seul homme qui souhaite autant protéger Maria. Je savais que, malgré son âge, le père de famille était capable de défendre sa fille s'il se trouvait dans les parages. Et ça, ça n'a pas de prix.

Mais, avant que je ne lui demande de jouer les infirmières pour moi, je lui réclamais un câlin. La prendre dans mes bras, la serrer contre mon corps, pouvoir respirer son odeur que j'aime tant, c'était tout ce dont jamais besoin en ce moment pour décompresser un moment. « Tu as de ces questions parfois... » Elle était attendrie par l'expression enfantine que j'avais involontairement arboré. Mh.. il fallait vraiment que je fasse quelque chose contre ça. Je devais vraiment donner l'impression parfois d'avoir douze ans. Bon aller, peut-être treize... Mes yeux bleus l'observaient, moi, toujours aussi timide. Finalement je m'approchais d'elle et enroulais mes bras autour de son corps encore frêle, mince, pour l'étreindre. Et, alors que je calais ma tête contre la sienne, je fermais les yeux, comme pour profiter davantage de cet instant. On ferme les yeux pour nous donner l'impression de décupler tous nos autres sens. Lorsqu'on ne voit rien, on prête plus attention au touché, à l'odorat, à l'ouïe aussi. C'est agréable. De cette façon, j'aime tout autant faire l'amour à la brunette quand l'endroit est un minimum éclairé, pour admirer son corps, la voir gémir sous mes assauts. Mais dans le noir, c'est tout aussi excitant. On cherche, on touche, on caresse. Le touché est plus présent. C'est tout aussi parfait.

« Je t'aime... », finis-je par lui murmurer à l'oreille, alors que je continuais de la garder contre moi. Je n'avais plus envie de la lâcher et je serais bien rester dans cette position durant des heures entières. J'ai déjà hâte de me mettre au lit. De pouvoir me blottir sous la couette avec elle, passer toute la nuit contre son corps. J'avais tout autant hâte de retirer mes vêtements encore trempés par l'averse dehors. D'ailleurs, il pleuvait toujours autant. On pouvait entendre les cordes s'abattre contre la fenêtre. C'est agréable d'entendre la pluie tomber quand on est au chaud, non ? Pour ma part, j'adore ça. Ça me berce, m'apaise. Et surtout, je nargue intérieurement ceux qui se sont pris l'averse sur le nez alors qu'ils se rendaient quelque part. Pour toutes les fois où ça nous arrive à nous...

Je tournais légèrement la tête vers elle. Nos lèvres étaient à une certaine proximité. J'avançais timidement les miennes vers les siennes et, après quelques secondes d'hésitation, je lui donnais un petit baiser romantique, tout aussi timide, comme ces premiers baisers entre un homme et une femme au cinéma. Un baiser de pardon, un baiser d'amour, un baiser de réconciliation. Parfait. Ça fait rêver. J'enchaînais finalement en l'embrassant de façon plus appuyée, sans manquer de tendresse. Ma main glissa contre son cou, afin que mes doigts se collent à sa nuque. Lorsque nos lèvres se séparèrent, je reculais doucement la tête pour l'observer dans les yeux. « Chérie... tu n'aurais pas de la glace ou je ne sais quoi ? Je commence à vraiment avoir mal à l'œil... » Oui, l'homme, lorsqu'il est malade ou blessé, se plaint sans cesse et se transforme en bambin de quatre ans.

Qu'il était agréable et rassurant de se retrouver dans les bras de la personne que l'on aime décidément. Maria en faisant de nouveau l'expérience et à vrai dire, cela lui faisait le plus grand des biens, même si on pouvait trouver cela un peu idiot. En quittant soudainement San Francisco la veille, Maria s'était sur l'instant dit qu'elle et Edward c'était terminé, chose qu'elle n'acceptait bien évidemment pas, mais dont elle devait se faire. Et heureusement pour elle, ce n'était finalement pas le cas. Que serait-elle s'ils venaient à se quitter ? Mais Maria ne serait absolument plus rien sans Edward, ça semblait tellement évident pour la brunette en ce moment, bref. L'entendant lui dire qu'il l'aimait lui fit encore plus de bien que de se retrouver dans les bras d'Edward car bien que les mots ne soient pas toujours d'un importance capitale dans certain moment, et bien là, Maria se sentait beaucoup, mais alors beaucoup mieux. S'embrassant finalement, les deux amoureux purent finalement se retrouver, comme il se devait, un pur instant de délice dans l'esprit de la brunette. C'est après ce baiser de retrouvailles qu'Edward demanda à Maria si elle n'avait pas quelque chose pour son œil. Oh oui, c'est vrai ! Son œil !

« Oh, oui, évidemment, je vais te chercher cela tout de suite. »

Se levant du lit, Maria sortit de sa chambre et fila telle une fusée dans la salle de bain où elle trouva des compresses, de l'eau oxygénée ainsi que de la crème anti-inflammatoire, enfin bref de quoi tenter de calmer la douleur de son compagnon en somme. Le tout en mains, Maria quitta la salle de main mais croisa son père dans le couloir.

« Tu vas lui pardonner ? »

« Papa...s'il te plait... »

« Chérie, cet homme a souhaité que tu tires un trait sur ce que tu as toujours voulu ! »

« Il ne veut que mon bien papa ! »

« Un homme qui tient réellement à une femme ne fait pas ça Maria ! »

« Papa ! Arrête ! »

Soupirant, Maria passa à côté de son père, le snobant finalement et se rendit dans sa chambre de laquelle Edward venait certainement d'entendre toute la pseudo conversation que la directrice venait d'avoir avec son père. Ce n'était vraiment pas malin de la part de Nathan de se prendre la tête avec sa fille maintenant mais bon, elle ne lui en voulait pas non plus réellement.

« Je suppose que tu as tout entendu...je me trompe ? »

« Oh, oui, évidemment, je vais te chercher cela tout de suite. » Je ne pus m'empêcher d'esquisser un petit sourire attendri en voyant la façon dont Maria quitta la chambre pour partir comme une fusée jusqu'à la salle de bain, comme si j'étais au bord de l'agonie. Elle pouvait prendre son temps, je n'allais pas mourir. Mais c'était amusant de voir l'entrain qu'elle y mettait. Et, alors que je me retrouvais seul dans la pièce, je balayais l'endroit de mes yeux d'un bleu azur. Je me remémorais nos vacances ici, à Las Vegas. Ça ne remontait pas à si loin, quelques mois à peine. Le temps passait vite en compagnie de la brunette. Et ce, probablement parce que je ne pouvais pas m'ennuyer avec elle. Glissant mes mains dans mes cheveux légèrement humides, mais presque secs, je surpris, malgré moi, une discussion entre Maria et son père. Oh, non pas que je voulais les écouter, mais à moins de me boucher les oreilles, leur petit règlement de comptes ne pouvait pas passer inaperçu. Après tout, Nathan l'avait interceptée pour lui parler dans le couloir, juste à côté de la chambre dans laquelle je me trouvais. Peut-être qu'au final, il avait envie que j'entende tout ça, pour me mettre mal à l'aise, me faire culpabiliser et certainement pour me faire quitter la maison maintenant. Agréable...

Je me sentais complètement incompris. Étais-je le seul à comprendre les risques qu'encouraient Maria en poursuivant cette grossesse ? J'aurais pourtant crû que Nathan aurait partagé mon point de vue dans la mesure où il veut avant tout la sécurité de ses propres enfants. J'avais l'impression d'être un monstre en agissant comme ça, alors qu'au fond de moi, je savais que c'était justifié. J'avais de bons arguments, je n'agissaient pas uniquement dans mon propre intérêt, mais dans celui de beaucoup de monde. Je... j'étais presque scandalisé d'être le seul à voir le mauvais côté de cette grossesse. Oh non, tout le monde pouvait penser le contraire, je ne douterai pas et resterai dans ma position. Comme le dit Gandhi, "L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.". En somme, tout le monde peut avoir le même point de vue, ça ne veut en aucun cas dire que c'était moi qui me trompe parce que je pense différemment. On se sent uniquement horrible.

À côté de cela, je pouvais clairement dire que Nathan O'Berkeley, soit mon beau-père officieusement, ne me portait plus du tout dans son cœur. C'était à prévoir et pourtant, ça me faisait mal. J'avais l'impression que cette nouvelle et seconde famille était en train de me tourner le dos seulement parce que j'ai peur que leur fille meurt. Incompréhensible. Incroyable. Et, alors que Maria fait de nouveau son apparition dans la chambre, je suis debout, dos à elle et observe le sol et me mordillant la lèvre inférieure. « Je suppose que tu as tout entendu... je me trompe ? » Je me tourne finalement vers elle, le regard gêné, timide, culpabilisé. « Difficile de ne pas entendre... la porte n'était pas complètement fermée et... ton père est trop en pétard pour parler à voix basse... » Léger soupir à peine audible. Finalement je prends mon sac dans ma main, hésitant. Je n'avais pas envie que Maria m'en veuille, mais c'était mieux pour tout le monde si je quittais dés à présent cette maison. « Je... je pense que la meilleure solution serait que j'aille dormir à l'hôtel ou bien dans ma voiture. Enfin... autre part qu'ici. Et... tu n'auras qu'à être prête demain matin, et on partira ensemble, d'accord... ? » Et oui, il ne fallait pas oublier qu'elle avait pris sa voiture pour venir jusqu'ici. Donc il fallait qu'elle-même conduise.

Le fait que son père veuille prendre soin d'elle la touchait vraiment, cependant le fait qu'il reproche tout à Edward, ça, ça lui plaisait beaucoup moins et elle avait tenté à sa manière de lui faire comprendre cela. Donc, Maria avait, gentiment malgré tout, envoyé paitre son père pour rejoindre l'homme qu'elle aimait qui l'attendait dans sa chambre pour qu'elle puisse l'aider à le soigner quelque peu. Mais alors qu'elle entrait dans la chambre, Maria se rendit tout de suite compte que son compagnon venait d'assister de manière auditive à l'altercation bien que très légère qu'elle et son père venaient d'avoir. Il semblait d'ailleurs affreusement gêné par ce qu'il venait d'entendre. C'était la catastrophe ça, ou tout du moins Maria le ressentait vraiment de la sorte. Le voyant soudainement prendre son sac en main, la brunette comprit de suite ce qui était en train de se passer ; il s'effaçait préférant ne pas générer de conflit dans la famille. Et ses propos confirmèrent l'idée de Maria. Il voulait aller à l'hôtel ou même dormir dans sa voiture, loin d'elle alors qu'ils pouvaient dormir ensemble, dans cette chambre cette nuit ? Et tout cela parce qu'il ne voulait pas déranger le chef de famille ? Alors là non, Maria ne pouvait tout simplement pas le laisser faire une chose pareille, elle avait envie, elle avait également besoin qu'il reste là cette nuit et non pas qu'il aille dormir elle ne savait trop où.

« Attends tu...enfin c'est idiot tu ne vas pas aller dormir ailleurs alors que tu peux dormir ici cette nuit. Reste, et ne fais pas attention à mon père, il a besoin de quelques heures pour se calmer, demain tout ira beaucoup mieux, crois-moi. S'il te plait. Tu ne vas pas me faire croire que tu as fait neuf heures de route pour moi et puis finalement aller dormir à l'hôtel. »

Bien que ses questions puissent paraître un tant soit peu idiotes, elle les pensait réellement. Maria n'avait véritablement aucune envie de le voir s'en aller maintenant, tout cela à cause de son père en plus. Nathan avait jusqu'à présent une très bonne image d'Edward, celle d'un homme fort prêt à tout pour les siens. Et le voilà ce soir en train de fulminer ne souhaitant qu'une chose, lui régler violemment son compte. Quel comportement on ne peut plus masculin, on ne peut plus idiot ! Ne pouvaient-ils pas tout simplement en discuter au lieu de se sauter à la gorge comme des malpropres ?

« Reste, s'il te plait, pour moi. »

Oh que c'était moche, oh qu'elle avait honte d'ailleurs d'arborer un tel comportement ! Mais là, Maria ne semblait pas du tout avoir le choix. Edward semblait présentement résolu à quitter cette demeure, ce que Maria refusait. Tous les yeux semblaient donc bons pour faire en sorte qu'il reste. Il était tout simplement hors de question pour la directrice de voir l'homme qu'elle aimait partir maintenant, et de cette manière en plus. Nathan n'aurait pas dû dire tout cela, et Maria savait qu'au fond il regrettait déjà ses propos. Ou, elle l'espérait.

« C'est idiot...tu ne vas pas partir à cause de lui... »

Je ne souhaitais pas être la cause d'une mauvaise entente chez les O'Berkeley. Et, apparemment, une certaine tension commençait à naître entre le chef de famille et sa femme. Maria, elle semblait partagée entre sa fascination pour son père, sur qui elle pouvait visiblement compter si quelqu'un osait lui faire mal physiquement ou moralement. Néanmoins, elle n'appréciait pas qu'il s'en prenne à l'homme qu'elle aime, à celui qui serait également prêt à tout pour la protéger. Si les femmes de la maison commençaient à s'allier contre Nathan par ma faute, je n'oserais plus le regarder en face avant un bon moment. Je n'étais pas lâche. Je ne l'ai jamais été. Mais je savais que ma présence ne plaisait pas à un membre de cette famille. Est-ce donc de la lâcheté que de vouloir partir afin de rendre l'atmosphère des O'Berkeley plus vivable ? Je ne fuyais pas, je me contentais uniquement d'apaiser un maximum les tensions. Mais, comme je m'en doutais, la brunette n'était pas d'accord avec ceci.

Bien évidemment je préférais cent fois – que dis-je ? Mille fois ! – dormir dans le même lit que Maria, pouvoir la garder blottie dans mes bras pendant des heures, retrouver un semblant de sommeil en la sachant près de moi. Respirer son odeur qui me fascinait tout autant qu'elle m'apaisait. Caresser sa peau chaude et douce. Sentir son souffle contre la mienne. Trouver le confort contre son corps. Emmêler mes jambes avec les siennes. Tout. Je voulais tout ça pour cette nuit. Mais Nathan O'Berkeley en voulait autrement et je le savais. Tant pis. Je profiterais d'elle demain, quand nous serons rentrer ensemble à la maison.

« Attends tu... enfin c'est idiot tu ne vas pas aller dormir ailleurs alors que tu peux dormir ici cette nuit. Reste, et ne fais pas attention à mon père, il a besoin de quelques heures pour se calmer, demain tout ira beaucoup mieux, crois-moi. S'il te plait. Tu ne vas pas me faire croire que tu as fait neuf heures de route pour moi et puis finalement aller dormir à l'hôtel. » J'hésitais. Elle me mettait dans une position inconfortable. Elle était en train de me faire pencher vers ce dont j'avais le plus envie. Je ressentais presque le besoin d'envoyer le chef de famille aller se faire foutre s'il crachait une nouvelle fois sur moi. Et pourtant, je m'y résignais, parce que je comprenais son état d'esprit, parce que je lui vouais un grand respect également. Face à mon hésitation, Maria, elle, cherchait les mots pour me faire rester. Elle en avait besoin également et ça, parce qu'elle me pardonnait mes dires. « Reste, s'il te plait, pour moi. C'est idiot... tu ne vas pas partir à cause de lui... » Un nouveau soupir s'échappa de mes lèvres. Pas un soupir d'énervement ou d'exaspération, non, là, c'était plutôt un soupir d'hésitation.

Bon d'accord, je prenais le risque de me faire tuer le lendemain matin par son père, quand il saura que je suis resté dormir ici, qui plus est dans le même lit que sa fille dont j'avais, à ses yeux, brisé le cœur, celle que j'avais blessé. Mon Dieu. À sa place, j'éclaterais la figure à l'homme qui oserait faire ça à ma gosse. Mais nous savions tout deux ce que cette histoire donnait au final. Nous nous étions réconciliés. Devions-nous faire attention à ce que pensait les gens autour ? J'aurais bien pu dire que cela ne regardait nullement Nathan et pourtant... en tant que père, il avait son mot à dire. « Non, j'ai fait neuf heures et demie de route pour toi... il y avait un bouchon sur l'autoroute pour aller à Vegas... », lui avouais-je sur un petit ton amusé, le regard taquin. Je discernais un sourire sur ses lèvres qui me réchauffa le cœur. Je venais de lui dire implicitement que j'acceptais de dormir ici. « Mais attention, je ne veux pas qu'il me donne un autre coup de poing. Sinon, je ne vais plus ressembler à rien. Peut-être seulement à un boxeur qui a une taille de mouche. » Oui, j'étais musclé, mais je n'avais tout de même pas la carrure d'un professionnel de sport.

Je lui adressais un fin sourire en coin qui dévoilait mes fossettes que beaucoup qualifiaient de charmantes. Je m'asseyais de nouveau sur le lit, après avoir laissé mon sac tomber sur le sol de la chambre. « Mon cœur, tu as carte blanche pour jouer les infirmières. », lui lançais-je avec un certain amusement, en posant mes yeux bleus sur tout l'attirail qu'elle avait ramené. Oh... un peu de glace aurait suffi.