Évidemment, d'un côté, ne pas fêter Hanoukka avec sa famille lui faisait un peu bizarre, mais ce n'était qu'une fête après tout. Bien que ce soit l'une des rares qui leur permettait de se voir, tout comme la famille d'Edward. Elle ne pouvait en aucun cas demander à son compagnon de ne pas aller en Irlande et de se priver ainsi des siens tout cela parce qu'elle désirait passer Hanoukka avec les siens. Non mais et puis quoi encore ? Maria n'était pas ce genre de femmes, il le savait pertinemment, donc il devait bien se douter qu'il était hors de question qu'ils n'aillent pas à Dublin cet hiver, point.

« Hanoukka aussi n'est qu'une tradition comme une autre, mais elle me permet de revoir mes parents et ma sœur comme Noël te permet de voir ta famille. Il est hors de question que tu n'ailles pas à Dublin cet hiver Ed'. Et puis, comme je te l'ai dit, on sera à Paris à cette période, donc pas très loin de chez toi...il serait malvenu de ma part de te dire « ah non chéri, on ne va pas chez tes parents », non mais et puis quoi encore. Je vais leur expliquer, ils comprendrons. »

Lui souriant, elle porta son café à ses lèvres, il avait légèrement refroidi. Tant pis, elle s'en contenterait, ce n'était pas dramatique de toute façon, ce n'était qu'une simple et banale tasse de café noir, sans sucre, chose à prohiber de son quotidien, Maria en avait bien conscience. Seulement, se passer de café n'était pas chose facile pour la brunette qui adorait cela et qui ne se voyait nullement se lever sans boire un café. Heureusement pour elle, les nausées matinales avaient sérieusement réduit alors elle en profitait, bien qu'elle sache que le bonheur ne durerait pas éternellement. Malheureusement.

« Si ma mère te demande, je n'ai pas bu de café. »

Edward allait sans doute finir par être également intransigeant sur le sujet, Maria en avait bien conscience alors elle tenait à en profiter tant qu'il ne lui en faisait pas encore le reproche bien que son regard en ce moment en disait plus long que des mots.

« Ne me prive pas de ça aujourd'hui...je n'ai pas beaucoup dormi. »

La bonne excuse. Maria savait pourtant que ce n'était certainement pas un seul mug de café serré sans sucre qui allait la tenir éveillée durant les neuf heures de route qu'ils allaient avoir à faire. Était-ce si prudent de prendre la route dans ce cas ? Maria avait soudainement un vieux doute au fond de sa conscience.

C'était vraiment compliqué comme situation. Si seulement les humains pouvaient se téléporter, ça serait beaucoup plus simples. Ainsi, nous pourrions réunir nos deux familles pour les fêtes de Noël. Ou bien passer une partie de la soirée en Irlande, et l'autre à Las Vegas, faire des allers et retours en un claquement de doigts. Ça serait génial. Mais un jour, il faudrait réussir à organiser quelque chose pour que nos deux familles passent Noël ensemble, façon catholique ou juive, qu'importe. J'aimerais connaître ce bonheur. « Que penses-tu de... passer Noël à Dublin, et à la seconde même où c'est finit, on rentre à Las Vegas pour fêter Hanouka... sauf que... et mais attends ! » Je la regardais un instant dans les yeux, comme si j'avais eu une révélation. « Hanouka cette année, ça ne commence pas le deux décembre jusqu'au neuf ? J'ai cru voir ça quelque part. Mh... si c'est le cas, on pourrait faire les deux. Ça va juste coûter cher pour faire Paris-Las Vegas, puis Las Vegas-Dublin pour finir par Dublin-Paris. Sans compter le San Francisco-Paris de l'allée et le Paris-San Francisco du retour... » J'esquissais un sourire amusé. Et puis avec ça, on aura pris l'avion assez de fois pour toute une vie, non ? C'était cher et long, mais c'était l'unique solution pour pouvoir être à toutes les fêtes de fin d'année à la fois.

« Si ma mère te demande, je n'ai pas bu de café. » Je restais blasé un petit instant. J'avais tellement la tête endormie que je n'avais pas vraiment fait attention au fait que Maria était en train de boire du café. Enfin si je le savais, mais j'avais complètement zappé que ce n'était pas bon pour sa santé, tellement j'étais ailleurs à cet instant précis. Je venais enfin d'ouvrir les yeux là-dessus. Et bien bravo... Elle me faisait stresser comme un éléphant devant une souris et elle ne cherchait même pas à me rassurer. Ainsi, je l'observais avec un certain sérieux qui en disait bien long sur mes pensées. « Ne me prive pas de ça aujourd'hui... je n'ai pas beaucoup dormi. » Oh ! Trop facile comme excuse ça ! Elle n'a pas beaucoup dormi ? Et bien elle aurait pu rester dans le lit. Son corps serait resté en repos et même si elle ne retombait pas dans le sommeil, c'était mieux que de se lever. Quoi qu'il en soit, je ne voulais plus qu'elle boive du café. Si pour prendre la route nous devions nous arrêter toutes les heures ou bien prendre une chambre dans un hôtel pour qu'elle se repose, nous le ferons, mais je ne voulais pas qu'elle s'enfile autant de caféine. Ce n'était pas bon pour elle.

Et comme elle ne semblait pas prendre conscience qu'elle ne devait pas s'accorder ce genre de petits plaisirs sans risque de mettre sa santé en danger, une phrase, une simple phrase sortie de mes lèvres, sans que je ne puisse l'arrêter. Mon esprit voulait seulement qu'elle prenne conscience d'une chose : que c'était tout aussi grave ce qu'elle faisait. « Ah ouais ? Et bien écoute, moi je me suis grillé une cigarette hier en venant jusqu'ici. Donc si ma mère te demande, je n'ai pas fumé » Je l'ai dit peut-être avec un peu plus d'arrogance que nécessaire. En fait, je pense que je voulais voir la tête qu'elle ferait, pour qu'elle se mettre à ma place. Ça allait l'effrayer tout autant qu'elle m'effrayait moi. Nous serions donc à ex æquo. N'empêche que j'aurais dû tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de dire une telle chose. Mh... si un café ça ne pouvait pas la tuer, une cigarette n'allait pas me faire crever. Après tout, je réagis de la même façon qu'elle. Outch... silence avant la tempête ?

« Non, non, ce n'est pas possible. On a pas les moyens pour même penser à faire ce genre d'aller-retours. Je ne passerais pas Hanoukka avec mes parents cette année, c'est tout, ce n'est pas un drame non plus. »

Tu parles, ça allait être pire qu'un drame oui ! Son père risquait de très mal le prendre, quant à sa mère comme dit précédemment, elle allait être déçue mais tâcherait de ne pas le montrer à sa fille voulant son bonheur avant toute autre chose. Il faudrait que Maria trouve les bons mots, qu'elle tâche de faire comprendre simplement et gentiment à ses parents la raison pour laquelle ils ne seraient pas présent pour Hanoukka. Outch, ça risquait tout de même de faire très mal et Maria n'était pas certaine d'être capable de leur infliger une chose pareille. Elle venait à chaque Hanoukka, alors en manquer un, mais ça allait être un drame chez les O'Berkeley, l'aînée en était persuadée. Oh, Ève tenterait certainement de calmer les esprits en défendant la cause de sa sœur, mais cette dernière doutait fortement que cela ait le moindre impact sur les consciences. Hanoukka se déroulait bien du deux au neuf cette année, seulement...à cette période ils seraient partis pour la capitale française. Delà, il serait impossible à la brunette de fêter la fête des Lumières avec les siens, point, elle n'avait pas non plus envie de faire tout une histoire pour si peu bien qu'une fois encore, ce ne soit pas “si peu” pour Nathan et Lisa.

Bref, passant sur un tout autre sujet qu'était la caféine, Maria savait bien qu'Edward n'appréciait pas vraiment qu'elle boive du café, mais elle en avait besoin, tout du moins aujourd'hui, après elle ferait l'effort de ne plus en boire – si elle y parvenait cependant. C'est alors qu'elle apprit que son compagnon avait également craqué durant le chemin qui reliait San Francisco à Las Vegas, il avait fumé. Le galopin ! Il savait pourtant qu'il n'y avait pas le droit. Voulant alors le réprimander, la brunette ne le fit pas, à temps. Elle se rendit compte avant qu'un quelconque mot ne sorte de sa bouche qu'elle avait fauté en quelque sorte qu'il avait finalement fait de même. Ils avaient dérapé tout les deux, alors comment lui en faire le reproche alors qu'elle-même elle était coupable ? Cette soudaine bien que nécessaire réflexion fit sourire la brunette bien malgré la situation.

« Tu n'as pas fumé, je n'ai pas bu de café. Tout va bien, l'honneur est sauf dans ce cas-là. »

Lui souriant, elle posa finalement son mug de café près du rocking-chair se rendant compte qu'il était dorénavant tiède et que cette température ne lui convenait vraiment pas pour du café noir, ainsi, elle préférait s'en débarrasser. Enfin, ne pas le boire tout simplement si vous préférez.

« Tu veux qu'on retourne un peu se coucher ? Je ne te promets pas de dormir, mais je peux au moins m'allonger encore un peu. »

Souhaitant faire plaisir à son compagnon, Maria lui proposa tout simplement de retourner dans la chambre et de se détendre. Ça ne leur ferait pas de mal, bien loin de là même, d'ici peu que la brunette se rendorme un peu d'ailleurs, il n'y avait pas des kilomètres.

« Viens. »

Elle se leva, prit son compagnon par la main et l'emmena jusque dans la chambre, il ne fallait pas être sorti d'Harvard pour constater qu'il était crevé, alors autant qu'il se repose encore un petit peu. Question de dire en fait. S'allongeant avec lui dans le lit, la brunette alla se caler bien confortablement dans les bras de son homme mais ne ferma cependant pas les yeux. Son esprit, soudainement, fut bien préoccupé. Comment allait-elle amener le sujet de Hanoukka tout à l'heure avec ses parents ?

« Non, non, ce n'est pas possible. On a pas les moyens pour même penser à faire ce genre d'aller-retours. Je ne passerais pas Hanouka avec mes parents cette année, c'est tout, ce n'est pas un drame non plus. » Le problème était tout simplement le manque d'argent pour faire tous les allers et retours. En somme, c'est vraiment le fait que nous soyons à Paris pendant cette période qui gênait. Bon ba déjà, ça me faisait un peu moins culpabiliser car même si nous ne voulions pas passer Noël à Dublin, il n'était pas vraiment concevable de faire quatre voyages en avions entre Paris et les États-Unis. Parce qu'en somme, faire le voyage de la capitale française à l'Irlande n'était pas ce qu'il y avait de plus gênant. Les billets d'avions n'étaient pas excessivement chers. Notre voyage ne coûterait presque rien étant donné que nous n'aurions ni hôtels, ni restaurants à payer. Nous serions logés et nourris à peine arrivés sur mes terres natales. Effectivement, ça aurait été dommage de ne pas faire une halte là-bas alors que nous en avions une très belle occasion. Bon, en sachant que le problème venait vraiment du fait que nous serions en voyage à Paris en décembre, le père de Maria voudra peut-être moins m'étrangler ou bien me tuer d'une toute autre façon. Si Hanouka et Noël seraient tombés en même temps cette année, je m'en serais pris plein la figure. Mais ce n'était pas le cas. Et, même si ça m'embêtait vraiment que la brunette loupe cette fête de famille importante, je me réjouissais à l'idée de garder la vie sauve... « Si tu le dis... » On verra bien la réaction de ses parents. Je n'avais pas très hâte de la connaître car Nathan devait encore être en pétard avec ce qu'il s'était passé hier. Mais bon, je n'allais pas non plus passer le restant de mes jours à avoir peur de lui. S'il avait un quelconque problème, contrairement à hier, nous en parlerons entre homme, face à face, d'une façon civilisée si possible.

Je redoutais un peu sa réaction lorsque je lui ai avoué avoir fumé une cigarette sur le chemin pour venir jusqu'à Las Vegas. Mais j'avais une bonne excuse, car en plus d'avoir arrêté depuis un petit moment, ça me manquait beaucoup, même si je restais assez fort pour ne pas céder à la tentation. Néanmoins, un fumeur à besoin de se griller une cigarette lorsqu'il est énervé, stressé ou angoissé. Et je rappelle que Maria est partie sans rien dire, en laissant seulement une lettre. Elle n'a pas daigné répondre à mes appels téléphoniques, ni à mes messages vocaux. Oh... un simple message m'aurait rassuré. Oui, un simple message texte pour me dire qu'elle allait bien, qu'il ne lui était rien arrivé. Mais non, je n'avais rien eu de tout cela. Elle m'avait laissé dans une angoisse tellement grande que j'avais ressenti ce besoin d'aller jusqu'à elle, d'entreprendre une longue route en voiture alors que j'avais cessé depuis un moment de conduire à cause de mes problèmes de santé. Les transports en commun étaient devenus vraiment utiles pour moi. Mais là non, j'avais dû me farcir neuf heures de route sous le stress. Alors oui j'ai craqué à un moment. J'avais besoin de cette cigarette. « Tu n'as pas fumé, je n'ai pas bu de café. Tout va bien, l'honneur est sauf dans ce cas-là. » Je l'observais un court instant dans les yeux. Je savais bien qu'elle voulait m'engueuler, mais elle ne le pouvait pas, car elle avait autant fauté que moi. Et si je la voyais encore boire du café, je me ferais un plaisir de lui dire que pour chaque tasse avalé, je fumerais une cigarette. Peut-être prendra-t-elle conscience de ce qu'elle doit faire, qu'en plus de bousiller sa santé, celle de notre gosse, je ferais de même avec la mienne. « Fais moi plaisir là-dessus. Tu as seulement à te passer de café pendant quelques mois, après tu reprendras à ta guise... » Pour ma part, je n'avais pas cette chance. La cigarette, je devais l'arrêter pour de bon. Elle pouvait donc faire un effort.

Elle me proposa ensuite de retourner nous coucher. J'acquiesçais d'un signe de tête positif. « Viens. » Nous repartîmes dans la chambre, main dans la main comme de jeunes amants. Je retirais de nouveau mon jeans et ma chemise pour me remettre sous la couette avec la brunette. La calant contre mon corps, je déposais mon tête contre la sienne. Que c'était agréable. Vraiment... Mais je la sentais quelque peu tracassée. Ainsi, je relevais doucement la tête de façon à l'observer. Nos regards se croisèrent. Bon Dieu ce que ses yeux peuvent être magnifiques. Même si j'avais une peur bleue des bassins d'eau, même si je ne savais pas nagé, je me serais bien noyé là-dedans avec le sourire. « Ne commence pas à stresser. », lui chuchotais-je. Je caressais sa joue avant que mes doigts ne glissent jusqu'à son menton. « Embrasse moi. » Je lui adressais ce beau sourire à la fois charmant et enfantin dont moi seul ai le secret.

« Ne commence pas à stresser » Qu'il était drôle lui lorsqu'il s'y mettait, ce n'était pas lui qui allait se confronter à Nathan O'Berkeley d'ici quelques heures, qui allait s'en prendre plein la tête pour une histoire de religion. Elle l'entendait déjà ; « mais pourquoi ne lui a t-on pas trouvé un juif ?! » et toutes ces conneries qu'elle se refusait d'écouter depuis pas mal d'années maintenant. Ses parent étaient des gens formidables, elle le savait, elle en avait conscience, cependant les conflits avec son père ne se faisaient pas rares malheureusement d'ailleurs. Sur bien des sujets les deux n'étaient pas d'accord, delà une dispute éclatait, mais une fois encore, cela ne voulait pas dire qu'ils ne s'aimaient pas, bien au contraire même, Maria aimait son père comme ce n'était pas pensable. Bref. A la demande de son compagnon, la brunette l'embrassa avec tout d'abord de la tendresse puis par la suite un peu plus de ferveur, comme si elle avait soudainement besoin de se sentir proche de quelqu'un, et surtout de son compagnon à vrai dire. Elle avait conscience que sa prochaine confrontation avec son père allait faire très mal (trop mal ?) ainsi, elle préférait en profiter maintenant tant que cela était encore possible, parce qu'elle savait pertinemment que ce qui suivrait avec son père allait l'anéantir pendant un moment. A moins qu'un miracle se produise et que Nathan comprenne la situation, ce à quoi Maria ne croyait pas un seul instant cependant.

Bien décidée à profiter de l'instant, la brunette passa tranquillement au dessus de son compagnon tout en continuant ceci dit à l'embrasser. Comme on dit ; on peut bien se faire plaisir avant un drame, non ? C'est exactement ce qu'elle était décidée à faire en ce moment, profiter, dans les bras de son compagnon, avec l'homme qu'elle aimait et avec qui elle allait avoir un enfant d'ailleurs. Bien qu'Edward semble encore un peu inquiet par rapport à cette grossesse, Maria ne souhaitait plus penser aux effets négatifs de tout cela, elle voulait voir les choses du bon côté pour une fois, trop longtemps elle avait vécu avec ce besoin de tout noircir ! Voilà pourquoi Maria souhaitait simplement profiter du moment présent avec Edward, et quoi de mieux pour cela que de partager un moment intime...

6 heures 35

« Mes parents doivent être levés...je vais aller leur dire bonjour. Tu veux que je te ramène quelque chose ? Un café ? Un chocolat ? »

La raison pour laquelle Maria préférait amener quelque chose à Edward et non qu'il vienne avec elle dans la cuisine, c'était qu'elle préférait tâter le terrain toute seule, surtout en ce qui concernait son père. Elle savait que depuis la veille, il s'était calmé – elle connaissait son père – cependant elle n'était pas certaine de sa réaction s'il voyait Edward dès le réveil comme ça...hmm, pas sûr qu'il soit encore de bonne humeur après cela, bref.

Ce qui était sûr, c'est que si Nathan O'Berkeley décidait de s'en prendre à moi, de me tenir pour unique responsable du fait que Maria ne puisse pas passer Hanouka avec eux, je ne me laisserais pas faire. Bien sûr, je préférerais que chacun garde son calme, ce qui semblait assez logique en soit. Vivement que tout ceci soit passé et que nous repartions ensemble chez nous... Avoir l'impression de marcher sur des œufs n'était pas le plus agréable, croyez moi...

La brunette vint enfin m'embrasser et je profitais de ce tendre baiser pour me calmer et pour l'avoir contre moi. Et, sans que je ne m'y attende, elle prit place par-dessus moi, dans le but que nous partagions un moment intime. Ah ? Un sourire se dessina sur mes lèvres, alors que je glissais mes mains sur les cuisses nues de Maria, m'amusant à relever doucement le T-shirt qu'elle portait, de façon à pouvoir caresser ses hanches, le bas de son dos. Nos lèvres continuèrent de s'unir dans un baiser plus profond, plus brûlant, plus désirable, plus passionné. Mes doigts firent irruption dans le sous-vêtement de la brunette, de façon à caresser ses fesses. Nos regards se croisèrent. Le mien était théâtralement innocent, ce qui la fit doucement rire. Elle avait un sourire magnifique, tellement pétillant et sincère, ce large sourire angélique, d'une beauté suprême. Ce même sourire qui fait légèrement plisser ses yeux. Les minuscules cernes qu'elle possèdent en dessous témoignent de sa fatigue et pourtant, elle n'agit pas en conséquence. Elle souhaitait se reposer ? C'était mal parti. Mes mains remontèrent ce T-shirt qui était mien, et le retirais du corps de Maria, afin de le jeter au pied du lit. Pourquoi Diable la désirais-je autant ? Elle était la tentation en personne. Je n'arrive pas à me dire comment j'ai pu résister pendant si longtemps, lorsqu'on m'interdisait relation sexuelle lors de ma convalescence. Heureusement, maintenant, je pouvais en profiter pleinement.

Caresses, gémissements, coups de reins, baisers et montée au septième ciel plus tard, et bien... j'étais plus crevé qu'en me recouchant quelques temps plus tôt. J'observais Maria dans les yeux avec ce sourire satisfait. Enfin, mon attention se porta sur un petit bruit provenant de la cuisine. Mh... « Mes parents doivent être levés... je vais aller leur dire bonjour. Tu veux que je te ramène quelque chose ? Un café ? Un chocolat ? » Sous entendu ? « Ne te montre pas... » Comment avoir l'impression d'être un clandestin. Soit. Je me redressais et m'approchais de Maria pour déposer un baiser sur ses lèvres. « Non merci, je vais attendre là, je mangerais plus tard. » Ici ou en ville, que sais-je. Je la regardais se lever. Ma main glissa contre la sienne, jusqu'à ce qu'elle soit hors de portée. Puis elle quitta la chambre. J'en profitais pour récupérer mon boxer qui avait sauvagement été projeté sur le sol par les soins de Madame. Restant assis sur le lit, j'attendais silencieusement qu'elle est finit de leur apprendre la nouvelle. Je redoutais le pire. J'espérais que tout se passerait bien.

Spoiler:

« Tiens, bonjour ma puce, bien dormi ? »

Lisa O'Berkeley, la mère qu'on reste tous et toutes d'avoir. Une mère à l'écoute, qui se veut proche de ses enfants, qui souhaite les protéger de vents et marées au gré de sa propre vie. Maria savait qu'elle avait une chance inestimable de l'avoir comme mère, et elle ne s'en cachait pas. Bien-sûr, elle avait coupé le cordon avec ses parents il y avait un moment, certes elle n'était plus tellement ce que l'on peut appeler être « famille » mais malgré tout, cela ne l'empêchait d'aimer ses parents comme personne.

« Bonjour maman, oui j'ai bien dormi, et vous ? »

Le « vous » employé n'était pas pour rien, elle souhaitait clairement inclure son père dans la discussion alors que monsieur était à table, déjà les lunettes sur le net et le journal en main. Heureusement que le jeune homme qui distribuait le courrier le matin le faisait très tôt. Il avait cet air sérieux qui faisait presque froid dans le dos à la brunette, comme s'il savait déjà ce qu'elle allait leur dire. L'horreur !

« Ta mère a désespérément voulu me détendre hier soir. »
« Et elle...y est arrivée ? »
« On va dire ça, oui. »

Oh la...ça sentait mauvais tout ça. Soupirant, la brunette se passa une main maladroite dans les cheveux, cheveux qui étaient d'ailleurs complètement décoiffés, mais on ne dira pas pourquoi non plus. Allant embrasser sa mère, Maria hésita quant à aller voir son père...la situation avait quelque chose de glauque, c'était affreusement gênant pour la brunette.

« Depuis quand tu ne m'embrasses plus le matin ? »

En entendant la voix de son père, Maria n'osa rien répondre, elle croisa simplement le regard de sa mère qui lui disait « vas le voir, tu sais comment il est. ». Mais qu'est-ce qui se passait dans cette famille pour que tout aille de travers comme maintenant ?! On avait l'impression que quelque chose venait de claquer dans l'air après les paroles du chef de famille...

« Bonjour papa. »

Elle embrassa son père qui l'embrassa en retour sur le front comme il avait l'habitude de le faire avec ses enfants. Puis, il raccrocha son regard sur son journal, génial. La catastrophe. S'il n'était pas ouvert à la discussion, comment allait-elle bien pouvoir amener le sujet de Hanoukka franchement ?

« Qu'est-ce que vous diriez de passer Hanoukka en France, à Paris ? »

La question était partie toute seule, comme si elle n'avait pu s'empêcher de poser la question. A vrai dire, ce n'était pas du tout ce dont elle avait eu l'idée jusqu'à maintenant, mais après tout, pourquoi pas ? Ils pouvaient très bien venir avec Edward et Maria, et puis Ève et Dimitri aussi, non ? Bon d'accord, ça faisait un peu cher l'aller-retour, cependant, ce n'était pas comme si la famille n'en avait pas les moyens, non ?

« Pardon ? Tu plaisantes là, j'espère ? »

C'était foutu. Maintenant, elle le savait.

J'attendais patiemment dans la chambre. Oh bien sûr, ce n'était pas sans stress. Je stressais pour deux raisons. La première, que Maria se fasse engueuler à cause de tout ça. Et, même si son père décidait de hausser la voix en face d'elle, que pouvais-je bien dire ? Prendre sa défense ? Je me ferais clairement remettre à ma place sous prétexte que ce n'est pas mes histoires, que les conflits qui se déroulaient dans la famille O'Berkeley devaient se régler dans son enceinte. Et je n'en faisais pas parti officiellement. Je n'étais que le petit ami de leur fille depuis quelques mois. D'un autre côté, l'entendre se faire engueuler allait vraiment me mettre mal à l'aise et... comme je suis très protecteur envers elle, ça risquait d'être délicat. La seconde raison était que ce qu'il s'était passé la veille était par ma faute, par ma venue, par mes paroles qui avaient clairement conduites Maria à venir se réfugier ici, chez ses parents. De là, la mauvaise humeur de son père me regardait puisque j'étais à l'origine de la tension présente. Et bien... il y a deux jours, je n'aurais pas pensé que tout allait dégénérer de la sorte. J'aurais probablement dû exprimer mon point de vue un peu plus calmement, que sais-je ?

Quoi qu'il en soit, l'attente était pesante. Et, malgré l'endroit où je me trouvais présentement, dans un silence des plus totales, j'entendais à la perfection la discussion qu'entretenait la brunette avec ses géniteurs. Soudain, cette dernière proposa quelque chose qui me fit écarquiller les yeux. Qu'ils viennent passer Hanouka à Paris ? Avec sa sœur et son beau-frère ? J'avalais difficilement ma salive. Outch. En soit c'était une bonne idée. Pourquoi pas ? Ça leur ferait un aller-retour et ils en avaient les moyens. Mais est-ce que ses parents allaient accepter ? Et si son père le prenait très mal ? Edward ? Il est temps d'agir, même si Maria aurait préféré que je me comporte comme une petite souris.

Ainsi, je me levais du lit, enfilais mon jeans et ma chemise – encore une fois. Et, sans attendre davantage, je prenais mon courage à deux mains et sortais de la chambre pour me diriger vers la cuisine, où je trouvais la brunette et ses parents. Tous les regards se tournèrent vers moi. J'observais un instant son père – qui était la plus grande menace à mes yeux – et quelque chose me fit sourire intérieurement. Il avait ses lunettes sur le nez, le journal dans la main. C'était tout moi le matin. J'aimais une bonne tasse de café et lire le journal, mes lunettes de vue en place. Ça donnait un air sérieux et je devais vraiment faire lui faire penser à son père. Quoi qu'il en soit, je repris bien vite contenance. Des regards bien différents. Madame O'Berkeley m'observait avec peu d'aisance mais afficha un faible sourire qui semblait montrer sa joie de me voir ici. Elle m'appréciait beaucoup et c'était réciproque. Maria, elle, arborait une expression un peu étrange, comme si elle avait peur qu'une nouvelle dispute éclate. Nathan, lui, esquissa un léger sourire presque invisible – mais que je décelais – en voyant mon œil au beurre noir bien présent. Néanmoins, il restait dur et fulminais encore.

Bon, je ne pouvais plus faire marche arrière. M'enfuir en courant ? Certainement pas, bien que je n'aurais peut-être pas été contre finalement. Je m'avançais vers ma belle-mère et l'embrassais sur la joue en guise de bonjour. J'hésitais quant à m'approcher de l'homme. Mais, si je ne le saluais pas, ça pourrait porter à confusion. Je lui tendais donc la main pour la lui serrer. Il hésita et me la serra presque à contre-cœur après avoir observé sa femme qui lui disait d'un simple regard d'agir de façon civilisée. J'évitais de venir embrasser Maria sur les lèvres comme j'avais l'habitude de le faire le matin. Glissant ma main dans mes cheveux, je finissais par ma gratter la nuque avec une nervosité qui fit certainement apparaître quelques marques rouges sous l'appui de mes ongles pourtant courts. « Je... j'ai entendu votre discussion un peu malgré moi et... euh... » Je cherchais les mots, les bons mots. Son père retira ses lunettes et les posa sur la table avec un dureté qui lui était chère, attendant patiemment que je m'exprime. Je n'avais pas le droit à l'erreur. « Euh... ça pourrait être une bonne idée que vous veniez tous à Paris... et si vous acceptez, je me disais que... » Maria tourna la tête vers moi. Je croisais son regard. Elle ne savait probablement pas ce que j'envisageais et une certaine crainte sembla se lire sur son visage. « Vous pourriez en profité pour... venir avec nous à Dublin pour fêter Noël avec ma famille. Je sais que vous êtes juifs mais... ça serait l'occasion que nos familles se rencontrent. On ne sera pas très loin de l'Irlande. Et il n'y aura pas énormément d'occasion pour tous nous réunir... » J'affichais un petit sourire totalement nerveux. Lorsque j'étais dans cet état, j'avais une fichue habitude, celles de tortiller mes doigts comme un gamin, ou bien de me gratter avec force la nuque et le bras. « Oh bien sûr... je peux payer les billets d'avion Paris-Dublin étant donné que c'est moi qui vous fait cette proposition. »

Je tournais la tête vers son père un court instant. « Écoutez Nathan... quoi que vous puissiez penser de moi, j'aime votre fille et... j'ai bien peur que nos chemins se rencontrent assez souvent. Je suis le père de son enfant donc... » Sous entendu « Vous devrez faire avec malheureusement. » Je me tournais vers toute la petite famille. « Alors... ? Qu'en dites vous ? »

Alors qu'elle cherchait – désespérément – une façon d'expliquer à son père – en priorité – pourquoi il leur serait favorable qu'ils aillent tous en France pour Hanoukka, Maria vit arriver en trombe dans le salon Edward, qui semblait prit d'un élan de courage face au chef de famille. Il se lança directement sans attendre après des salutations rapides mais tout à fait convenables cependant. Cela fit d'ailleurs sourire Maria qui se rendit finalement compte que l'homme dont elle partageait la vie ne semblait vraiment pas être celui qui comptait la lâcher du jour au lendemain pour une connerie. Maintenant, elle le savait – bien qu'elle le sache depuis un moment – Edward était le bon. Même Matthew n'avait jamais osé s'opposer aussi directement à son beau-père. Bref, bien décidée à laisser son compagnon faire à sa guise, maria fut extrêmement étonnée de l'entendre proposer à ses parents de venir avec eux pour Noël en Irlande. Waouh, alors celle-là, elle ne l'avait véritablement pas vu arriver, et pourtant, elle aurait pu s'en douter un peu. Non ? Tout cela pour dire qu'au delà d'être surprise, Maria était agréablement surprise car ne s'attendant pas à une proposition pareille de la part de son compagnon, elle s'en voyait finalement très heureuse. Restait maintenant à voir la réaction du chef de famille O'Berkeley.

« Oh Edward, ce serait fantastique. Je suis persuadée que tes parents sont des gens formidables, il suffit de voir leur fils. »

Les propos de sa mère firent tout simplement sourire Maria, elle était tout bonnement géniale, il n'y avait pas à dire. Tournant alors son regard vers son père, celui-ci semblait beaucoup moins...comment dire...ouvert à la discussion à savoir de quitter le pays quelques temps. Comme si ça allait le tuer, n'importe quoi.

« Papa, s'il te plait. »
« Maria écoute... » Il soupira, contraint. « ...Edward je ne veux en aucun cas déranger tes parents, cependant si cela est possible, j'aimerai effectivement faire la connaissance de tes parents. »

Dans un élan de bonheur, Maria sourit de toutes ses dents et alla prendre son père dans ses bras, comme lorsqu'elle était petite et qu'il acceptait gentiment qu'elle se rende chez une copine pour passer la nuit là-bas. Sauf que là, elle n'avait plus huit mais bien quarante-trois ans. Qu'importe l'âge, elle resterait à jamais la fille de son père, et pour cause.

« Tu verras, ce sera parfait. »

Lui murmura t-elle au creux de l'oreille, toujours souriante.

« Je l'espère pour toi jeune fille. Viens-là. »

S'asseyant sur les jambes de son père, Maria regarda son compagnon qui semblait rassuré, et heureux de la tournure des évènements. Il fallait dire aussi que ce qui venait de passer paraissait irréalisable quelques minutes plus tôt. Comme quoi, les meilleures surprises sont bien celles auxquelles on ne s'attend pas.