« Maria ?!!»

La surprise avait été générale lorsque les O'Berkeley avaient vu arriver chez eux leur fille, Maria, en larmes, qui semblait surtout à bout de nerfs. Que s'était-il passé, Lisa et Nathan n'en avaient pas la moindre idée mais au vu de l'état dans lequel était leur fille adorée, ils en avaient de suite conclu qu'il y avait un rapport direct ou indirect avec Edward. Préférant monter dans sa chambre directement pour aller dormir, les parents de la brunette ne lui posèrent aucune question et la laissèrent simplement aller dormir, c'était encore ce qu'il y avait de mieux à faire. Nathan avait violemment fulminé contre son beau-fils après que sa fille soit monté pensant qu'il était la cause de l'état de sa fille chérie. Des mots un peu durs étaient sortis de sa bouche, mais sans réellement s'en rendre compte comme « quel petit con ! » ou encore « je te jure, qu'il ose mettre un pied chez moi et je le réduis en cendres ! ». Évidemment, sa femme avait fait tout son possible pour calmer son époux, bien qu'elle-même ne sachant pas le pourquoi du comment avait tendance à penser qu'Edward n'étant pas là, il avait forcément avoir avec l'état de sa fille. Le tout serait de savoir ce qui se passait, mais le lendemain. Là, Maria avait besoin de repos.

(...)

« S'il te demande où je suis, s'il te plait, dis-lui simplement que j'ai besoin de temps. »

Maria avait appelé Elena le lendemain de son arrivée, question de lui demander de voir pour la gérance de l'établissement, et aussi pour qu'elle ne s'inquiète pas trop de son absence non expliquée. Elena ne savait pas exactement ce qui était arrivé entre les deux tourtereaux, Maria s'était contentée de lui dire deux ou trois trucs à la volée, mais rien de plus. Elena avait évidemment souhaité en savoir plus et pour seule et unique réponse, Maria lui avait dit de demander à Edward davantage d'explications parce qu'elle n'en avait même plus la force.

(...)

« Chérie, mais que se passe t-il ? »

Lisa avait besoin de savoir ce qui se passait entre sa fille et son beau-fils pour pouvoir réconforter par la suite au mieux Maria. Et comme cette dernière comprenait la position de sa mère, elle se décida à lui expliquer la raison de sa venue aussi précipitée. Lorsque Maria eut expliqué à sa mère le conflit l'opposant avec l'homme qu'elle aimait, Lisa fut tiraillée entre l'envie de soutenir Edward par le fait qu'elle veuille aussi garder sa fille en évitant de prendre des risques, et soutenir sa fille et l'encourager de poursuivre tout en faisant bien attention à elle et ne pas franchir certaines limites.

Quand je suis rentré chez moi, après notre dispute et surtout, après avoir été cherché Jade, celle-ci étant malade, je fus l'homme le plus surpris, le plus choqué et le plus désemparé à la fois de tout San Francisco. Maria était partie. Elle m'avait laissé, préférant la fuite plutôt que l'affrontement. Je lisais à plusieurs reprises la lettre, alors que ma fille avait pris place sur le canapé. Je ne lui avais jamais demandé de choisir entre l'enfant et moi. À cette vision, je sentis ma colère refaire surface. Elle pouvait bien choisir de garder le bébé, je n'allais pas la quitter pour autant. Jamais je ne lui poserais un tel ultimatum. Il est vrai que je lui ai demandé d'avorter. Demander signifie justement lui laisser le droit de refuser. Pfff... ça m'exaspérait. Tout m'exaspérait. J'avais envie de crier de toutes mes forces. Elle avait osé prendre la fuite comme une voleuse. Je n'arrivais pas à le croire. Je lui en voulais encore plus qu'en début de journée. Glissant ma main dans mes cheveux, je tentais de garder mon calme. Jade arriva vers moi et m'observa de ses grands yeux marrons-verts. « Qu'est-ce que t'as mon papa ? » Je lui adressais un petit sourire attendri effaçant de mon visage la rancœur que je possédais, ainsi que la tristesse. « Rien ma puce, rien du tout. » Je la prenais dans mes bras et elle m'offrit un câlin, comme si elle savait que j'en avais terriblement besoin.

Premier message vocal : « Allo Maria... c'est Edward... réponds moi s'il te plaît. ». Second message vocal. « Tu pourrais au moins me répondre Maria ! Tu abuses tu te casses comme ça sans qu'on en discute un peu plus ! C'est tellement plus facile de prendre la fuite !... Bref réponds moi s'il te plaît... ». Troisième message vocal : « Donne moi un signe de vie s'il te plaît... je commence vraiment à m'inquiéter... ». Toujours aucune réponse. Quatrième message vocal, la respiration plus rapide, le stress dans la voix : « Bordel Maria arrête de faire ta tête de mule ! Réponds moi s'il te plaît... ». Cinquième message vocal : « Merci pour tout... tu me dégoûtes sur ce coup là... ». Sixième message vocal, le soir. « Bonne nuit... je t'aime. »

Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai passé le plus clair de mon temps à regarder le plafond. Finalement j'ai migré jusqu'au salon. Je me suis installé sur le canapé, j'ai allumé la télévision. Je commençais à m'imaginer le pire. Peut-être qu'elle me répondait pas parce qu'il lui était arrivé quelque chose sur la route. Et si elle avait eu un accident. Dix minutes plus tard, j'étais assis, coudes sur les cuisses, mains sur le visage, me balançant légèrement en avant, les yeux fermés, le cœur battant la chamade, en pleine crise d'angoisse. J'ai appelé plusieurs fois, à 02h00, à 02h30... 03h00... 04h00... 04h30... 05h00... 06h00... signe que je n'avais vraiment pas dormi de la nuit. Jamais elle n'a répondu. Je n'ai pas laissé davantage de messages vocaux.

J'ai pris la route en direction du Nevada vers onze heure du matin. Je n'en pouvais plus. Il fallait que j'aille chez ses parents, en espérant qu'elle y serait. J'aurais bien pu téléphoner, mais dans l'état où j'étais, il fallait que je la vois en face. Contrairement à elle, je n'avais pas peur de l'affrontement. Je me suis arrêté à une station service après deux heures de route. Je ne ressentais qu'une légère fatigue, tellement mon stress et mon énervement était grand. Je vis une jeune femme. Je mettais toute les chances de mon côté en lui adressant un beau sourire charmeur. « Bonjour mademoiselle. Vous auriez une cigarette pour moi s'il vous plaît ? » Je la vis rougir ce qui eu tendance à me surprendre. Enfin quelque chose qui me fit un minimum plaisir. Elle me donna donc une clope, je la remerciais. J'allais m'acheter un grand café. Un long moment j'ai observé la cigarette. J'en avais vraiment besoin. Une seule n'allait pas me ruiner la santé... Je sortais mon zippo que je gardais toujours sur moi et l'allumais. Bon sang... j'avais l'impression que ça faisait un bail que je n'avais pas ressenti ça.

Je suis arrivé à Las Vegas vers 20h. Je me suis arrêté dans un petit restaurant italien, ou plutôt, un stand de pâtes, afin de prendre quelque chose à manger. Très bien, ça fera mon dîner. J'ai avalé le tout en dix minutes, et je reprenais la route jusque chez les parents de la brunette. J'avais un bon sens de l'orientation et de l'observation. Ainsi, j'ai trouvé du premier coup. Il était en train de pleuvoir des cordes. Le temps de faire le trajet de ma voiture jusqu'au pas de la porte, j'étais trempé de la tête aux pieds. Inspirant et expirant trois coups, je pressais mon doigt contre la sonnette. Le père de Maria m'a ouvert en quelques dixièmes de seconde, certainement suite à la vue des feux de ma voiture. « Qu'est-ce que tu fais là ? », me lança-t-il sur un ton plus que mauvais. Mh... garder la tête haute. Cela paraissait un peu arrogant. « Maria est là ? » Son unique réponse fut de m'agripper par le col de ma chemise et de me plaquer avec une certaine violence contre le mur extérieur. C'était compréhensible comme réaction, surtout pour un père de famille. En tant normal, j'aurais répondu. Mais c'était mon beau-père et je lui vouais un grand respect malgré tout. Je me contentais donc de lever les mains, comme pour lui faire comprendre qu'il pouvait se calmer, je ne voulais de mal à personne. Il ne lâcha pas prise pour autant mais bon... « Elle n'a pas envie de te parler! »

« Nathan !! Lâche-le ! »

« Papa !! »

Maria et sa mère étaient dans le salon lorsqu'elles avaient entendu un certain vacarme provenir de l'extérieur. Évidemment, elles s'étaient ruées à la porte d'entrée question de voir ce qui se passait là-bas. Et ce fut là que Maria eut un mouvement de recul en voyant Edward agrippé par son père. Nathan était dans une colère noir. Il l'avait pourtant répété plusieurs fois depuis la veille où sa fille était arrivée chez eux, si Edward venait, il le massacrerait. Et Maria connaissant son père, elle savait qu'il ne plaisantait pas, seulement il ne devait pas faire de mal à Edward malgré tout. Maria ne le supporterait pas.

« Nathan O'Berkeley lâche cet homme immédiatement, je ne te répèterais pas une nouvelle fois je te préviens ! »

Ce qui était pratique dans cette famille, c'est que les femmes étant en nombre supérieur, elles avaient un certain pouvoir que le chef de famille ne pouvait contrer. C'est pour cela que Nathan lâcha Edward sans trop de ménagement non plus et qu'il croisa les bras en restant face au professeur qui semblait finalement heureux de l'arrivée des femmes face à la situation dans laquelle il était. Ce ne fut pas le cas pour Maria, le fait de voir Edward ne lui fit vraiment pas de bien dans le sens où après avoir écouté tout ses messages vocaux, elle savait pertinemment qu'il lui en voulait à mort d'être partie comme elle l'avait fait. Il pouvait très bien lui en vouloir, cela ne changerait rien au fait que ce qu'il avait dit quelques jours avant avaient énormément blessé Maria d'où son départ précipité. Les bras croisés contre sa poitrine, la brunette monta dans sa chambre sans un mot de plus ce qui dû faire un choc à Edward. Elle ne savait pas quoi lui dire, alors elle fuyait, ce n'était pas plus sorcier que cela en somme. Idiot, mais vrai.

« Je t'interdis de l'approcher tu m'entends ?! Sinon je te... »

« Nathan ! Fiche-lui la paix, tout de suite. Edward, vient avec moi veux-tu. »

Lisa emmena son beau-fils dans le salon de la maison sous le regard presque médusé de l'homme de famille qui n'en revenait pas de voir Edward mettre les pieds chez lui indemne. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il serait déjà à l'hôpital à l'heure qu'il était. Enfin, c'était Lisa qui commandait pour le coup, il laissa donc faire en allant dans son bureau question de fulminer en paix se doutant bien qu'aller voir sa fille maintenant n'était pas la meilleure idée qu'il pourrait avoir au vu du caractère de sa fille.

Maria justement avait filé en quatrième vitesse dans sa chambre, les larmes lui montant déjà aux yeux. Un état qu'elle détestait mais dans lequel elle était plongé depuis son départ de San Francisco. Ce qui s'était passé avec Edward était difficile à accepter, et elle avait simplement ressenti le besoin de partir, d'oublier un peu. Allongée sur son lit, elle pleurait, comme une adolescente à qui on aurait refusé l'autorisation de sortir pour le week-end...pathétique, je vous dis.

L'homme et moi nous observions dans les yeux dans un silence pesant, rempli de pression, de tension. J'avais vraiment cette impression qu'il allait me donner un coup de poing en plein visage. Il en crevait d'envie, c'était visible. Mais jamais je ne me permettrais de répondre par la violence avec lui, et ce, pour deux raisons. La première, je me mettais à sa place. Lorsque Jade sera en âge de connaître des garçons, le premier qui osera lui briser le cœur, ne s'en sortira pas indemne. Je lui tomberais dessus et lui ferais regretter sa naissance. Nous avions un point commun tout les deux. Nous pouvions être incroyablement sociable, adorable, et devenir d'une agressivité frappante si on venait à s'attaquer à notre famille. Nous étions deux fauves, deux tigres, imprévisibles, loyaux, protecteurs envers ceux qu'on aime. La seconde raison, je me doutais, du moins j'osais espérer, que cette histoire aller se calmer, que Maria et moi allions nous réconcilier. Si monsieur O'Berkeley venait à me frapper, et si je lui répondais avec un geste semblable, il est clair que les tensions resteront très longtemps entre nous. Je n'avais pas envie de cela. Je n'avais pas envie de revoir l'homme dans le futur, en repensant à tout ça. J'avais beaucoup de respect pour lui, car c'est une personne plus âgée que moi, charismatique, que j'apprécie grandement. Si sa réaction n'était pas logique, je lui en aurais fait part, mais ce n'était pas le cas.

« Nathan O'Berkeley lâche cet homme immédiatement, je ne te le répéterais pas une nouvelle fois je te préviens ! » La voix de la mère de Maria me rassura énormément, mais d'une force... Elle obligea l'homme à me lâcher, il le fit non sans me bousculer une nouvelle fois contre le mur, comme pour me faire comprendre qu'il restait pacifique mais à contre-cœur. La blague... Je tournais donc la tête sans un mot et croisais le regard de la brunette. Je tombais de haut, mon rythme cardiaque s'accéléra. Ma présence ne lui faisait pas de bien, cela se voyait. Je culpabilisais un peu de la dégoûter autant, et pourtant, elle était à l'origine de ma colère, de ma tristesse, de mon angoisse, mais par-dessus tout, de mon amour. Je ne pouvais pas la laisser partir sans rien tenter. Ainsi, elle rentra de nouveau dans la maison, sans un mot. J'avais besoin d'entendre sa voix. Je restais un instant choqué par son attitude et je ressentis une forte déception en la voyant agir de la sorte. Je m'élançais sur le côté. « Maria attends... ! », tentais-je en voulant qu'elle revienne. Son père me stoppa net par une menace. « Je t'interdis de l'approcher tu m'entends ?! Sinon je te... » Auquel la mère répondis sèchement : « Nathan ! Fiche-lui la paix, tout de suite. Edward, viens avec moi veux-tu. » J'affichais la mine d'un gamin que l'on est sur le point d'engueuler suite à une grosse bêtise et pourtant, je savais que si quelqu'un dans cette maison pouvait comprendre ma réaction face à la déclaration de Maria, c'était bien elle.

Je déposais de nouveau mes yeux sur le mâle qui ne rêvait que de me rouer de coups pour avoir oser faire pleurer sa fille. Certainement je voulais savoir s'il comptait me sauter dessus pour me tuer, ou bien si je pouvais entrer dans la maison en toute sérénité. Mon sac à dos à la main, je pénétrais donc dans la demeure des O'Berkeley. Je suivis la femme jusque dans le salon, sous le regard énervé de mon beau-père. Je n'avais pas envie de leur parler. Ce que je souhaitais, c'était voir la femme que j'aime. Ainsi, je pris place sur le canapé, quelque peu nerveux. « Écoutez... sans vouloir vous manquer de respect... j'aimerais parler à Maria avant tout. Je ne suis pas là pour que vous essayez de prendre mon parti... désolé. » Sur ce, sans plus d'explication, je me levais et sortais du salon, direction, la chambre de la brunette. Son père, qui avait entendu mes paroles malgré qu'il fut dans une autre pièce, m'intercepta au pied de la porte et ce dont il rêvait arriva. Je me pris son poing en pleine figure, ce qui eu pour effet de me faire basculer en arrière, sans pour autant tomber. « Nathan ! » Je restais là, la main pressée sous mon œil gauche. Bon sang ! Il n'y a pas été de main morte. Je lâche uniquement un gémissement de douleur et de tarde pas à me redresser, la tête haute. Bordel ! Ça fait un mal de chien...

Et, alors que la femme engueulait royalement son mari, lui, semblait soulagé d'un poids en m'ayant frappé. Ainsi, il pouvait clairement dire que je n'étais pas rentré ici totalement indemne. Je profitais de leur petit règlement de compte pour entrer dans la chambre de Maria. Mon rythme cardiaque battait à une allure folle, mon visage, lui, arborait une belle rougeur sous mon œil gauche, au niveau de l'os. Mes yeux se posèrent sur la brunette qui pleurait. À cette vue, mon cœur se déchira. Mon seul réflexe fut d'ouvrir mon sac et d'en sortir une boîte de ses chocolats préférés. Son petit pêché mignon, qu'elle disait prendre pendant les coups de blues, ce même chocolat qu'elle m'avait donné un matin, quand je lui confiais avoir eu peur, gamin, d'un personnage du dessin animé Tom Sawyer. J'affichais un fin sourire en repensant à cela, presque invisible. Je fis un pas en avant et m'asseyais sur le lit, discrètement. Enfin, je lui tendis la boîte, tout en lui disant, sur un ton calme et désolé. « Tiens, tes chocolats préférés... ça va te remonter le moral. Et puis... tu dois manger pour deux maintenant... »

Je ne vous cache pas que je redoutais un peu sa réaction. Je ne vous cache pas non plus que ma rancoeur n'était pas partie. Mais je l'aimais, d'un amour inconditionnel, et ça, ça n'a pas de prix.

Sans même qu'elle ne le sache, les choses avaient largement eu le temps de dégénérer dans le salon pour Edward. Nathan n'avait finalement pas réussi à se retenir, ce qui, au bout du compte, n'était pas si extraordinaire que cela. Il aimait ses enfants plus que tout au monde, alors évidemment lorsqu'il voyait l'une de ses filles venir chez lui, sous son toit demander du réconfort, Nathan ne pouvait que fulminer et s'énerver contre les personnes susceptibles d'avoir fait du mal à Maria ou à Ève. Bref, le fait est que Nathan O'Berkeley n'avait pu résister à la tentation quant à venger à sa manière sa petite fille. Chose que cette dernière ne sut que lorsqu'Edward arriva dans sa chambre, avec une discrétion telle, que Maria ne l'entendit pas arriver jusqu'à ce qu'il s'assit sur le bord du lit. Reniflant comme une enfant, la brunette se redressa un petit peu et se mit face à Edward question de ne pas non plus lui tourner le dos, Maria n'était pas non plus arrivée à ce point de non retour bien que le terme soit peut-être un peu fort pour décrire la situation actuelle. Ce fut lorsqu'elle se tourna vers lui qu'elle constata non sans un petit sourire que son père avait fait des siennes. Il protégerait ses filles jusqu'à la mort, il l'avait suffisamment répété. Qu'importe, le fait de le voir avec des chocolats, et pas n'importe lesquels, puisque c'était ceux que la brunette préférait, fit sourire cette dernière malgré tout. Il lui avait rapporté des chocolats, en s'appuyant sur le fait qu'elle devait se nourrir pour deux dorénavant et que c'était important. Malgré tout, Maria restait un tantinet méfiante se doutant bien qu'il lui en voulait sérieusement et qu'il avait toujours en tête de la faire avorter pour sa santé. Cela lui donna de nouveau l'envie de pleurer, mais elle fit tout son possible pour ne pas craquer une nouvelle fois, elle devait se montrer un peu plus forte que ce qu'elle avait laissé paraître jusqu'à présent tout de même, son état était déjà assez pitoyable ainsi.

« Merci. »

Se contenta t-elle alors de répondre en observant, un à un, les différents chocolats de la boite. Ils étaient tous pareils, et malgré tout la brunette hésitait quant à celui qu'elle comptait prendre maintenant. C'était un petit peu idiot de sa part, mais que voulez-vous, elle était dans un tel état émotionnel avancé présentement que tout lui semblait important, même le choix du chocolat qu'elle s'apprêtait à prendre, on ne pouvait pas non plus lui reprocher cela, si ? Se décidant finalement, Maria en prit un qu'elle trouva appétissant et le croqua. Des petits chocolats au lait avec fourrage aux noisettes...bon sang, elle adorait cela. Mais vraiment. Elle n'avait jamais tellement aimé le chocolat noir, le trouvant bien trop amer pour elle, mais pour ce qui était du chocolat au lait...bon sang, elle tuerait presque pour ça. Tout n'était que métaphore, évidemment.

« Est-ce que ta fille va mieux ? »

Lorsqu'elle était partie, c'est-à-dire la veille au matin, Edward lui avait dit que Jade était malade, d'où le fait qu'il doive impérativement aller la chercher pour s'occuper d'elle. Edward avait toujours été très proche de ses deux enfants et la brunette trouvait ce comportement tout simplement magnifique. C'est ce qui le rendait unique à ses yeux d'ailleurs, cet amour inconditionnel qu'il portait à ses deux enfants. S'adossant contre la tête de lit, Maria s'assit en tailleur et amena son second oreiller contre elle, gardant le premier dans son dos, comme si celui-ci pouvait la protéger des attaques que risquait de lui envoyer très rapidement Edward. Il devait beaucoup lui en vouloir, elle aussi elle lui en voulait, comme cela ils étaient très avancés, il fallait dire ce qui était.

Un homme sait comment se faire entre guillemets « pardonner » par une femme et vice versa. L'homme lui offrira ses fleurs préférées, une boîte de chocolats, un dîner au restaurant ou toute autre chose qui aura une grande valeur sentimentale. La femme, elle, enfilera une tenue sexy et décidera de lui faire l'amour. La meilleure façon d'enterrer la hache de guerre. Nous pouvons être énervés, nous ne sommes cependant pas assez fous pour refuser des avances de la sorte. Ainsi va la vie. Ainsi agissent les gens depuis des siècles. Et ça continuera encore bien longtemps, jusqu'à la fin de notre air. De cette façon, je ne pus m'empêcher de décrocher un fin sourire à peine perceptible en voyant Maria tout de même heureuse de la boîte de chocolats. « Merci. » Puis elle l'ouvrit. Elle fronçait légèrement les sourcils, se demandant lequel elle allait bien pouvoir manger tout de suite. C'était amusant, attendrissant. Elle agissait comme une enfant devant un paquet de sucettes, se demandant quel est le meilleur parfum. J'aurais pu l'observer faire ça pendant des heures.

« Est-ce que ta fille va mieux ? » Je sortis de mes pensées et posais mes yeux dans les siens. Glissant ma main dans mes cheveux, pour finalement me gratter la nuque du bout des doigts, je lui répondais, tout en restant le plus calme possible. « Elle a un rhume et une angine. Ce n'est pas grand chose mais ça l'a bien assommée. Bref elle en a pour quelques jours. » Je haussais brièvement les épaules. J'aurais aimé être auprès de ma fille, pouvoir la cajoler, lui redonner le sourire, la laisser s'endormir dans mes bras, mais je ne pouvais pas laisser Maria fuir comme ça dans un autre État sans même en discuter avec moi. Il fallait que je la retrouve, que je discute avec elle, je connaissais mes priorités.

Je posais un instant mes doigts contre contre ma blessure dûe au coup de poing du père de la brunette. J'allais avoir un œil au bord noir. Mes étudiants allaient encore me demander ce qu'il m'était arrivé. Ce n'est pas la première qu'ils me verraient dans un tel état. Et ce, parce que je suis d'un naturel bagarreur. Mais je me suis bien calmé ces derniers temps, notamment depuis que je suis avec Maria. Bref. Je laissais un soupir s'échapper de mes lèvres. Un silence pesant venait de s'installer. Aucun de nous deux n'osait engager la conversation sur ce qu'il s'était produit la veille. Je décidais donc de me lancer... « Tu sais... je ne t'ai pas demandé de choisir entre le bébé et moi... jamais je n'oserais te demander une telle chose. Tu peux décider de garder cet enfant, jamais je n'irais te quitter pour ça. Si... si je t'ai demandé d'avorter, c'est parce que j'ai une peur bleue de te perdre. Ça n'aurait plus aucun sens si je rompais avec toi à cause de ça... » J'arrivais plutôt bien à garder mon calme. Je lui en voulais énormément pour plusieurs choses. La première, le fait qu'elle ne cherche pas non plus à comprendre mon point de vue. La seconde ? Qu'elle est mise les voiles en me laissant une simple lettre pour explication. Enfin, la troisième, parce qu'elle n'avait répondu à aucun de mes coups de fil, me laissant ainsi dans la plus grosse des angoisses toute la nuit. Oui, cette nuit m'a paru être la plus longue de toute ma vie... merci Maria. Mais ça, on le voyait aisément avec les cernes apparentes sous mes yeux.

« Si tu veux le garder, très bien garde le... Je ne pourrais pas te forcer à faire quelque chose que tu ne souhaites pas. Après tout..., ce n'est pas moi qui porte cet enfant... Seulement, je ne te demande pas de choisir entre le bébé et moi. Donc s'il te plaît, ne me demande pas de ne pas angoissé, c'est impossible... » Je ne la quittais pas un seul instant des yeux. J'avais envie de la prendre dans mes bras, au même titre que je voulais l'engueuler de toutes mes forces. Mais à partir d'aujourd'hui, je garderais mon point de vue et mes rancœurs pour moi.

Maria avait malheureusement bien conscience qu'Edward aurait clairement préféré être auprès de sa petite fille malade en ce moment plutôt que de se trouver ici, dans le Nevada, avec elle. Maria comprenait très bien cela et elle osait d'ailleurs se demander pourquoi il n'était pas à San Francisco en ce moment, bien qu'elle sache évidemment qu'il l'aimait et qu'il souhaitait sans doute qu'elle rentre avec lui. Plus facile à dire qu'à faire. Un silence de plomb s'installa entre les deux adultes jusqu'à ce qu'Edward ait le courage de démarrer sur le sujet douloureux qu'était celui de la grossesse de Maria. L'écoutant simplement lui dire ce qu'il lui avait finalement déjà dit, Maria prit sur elle, une nouvelle fois, pour ne pas craquer. Ne pensait-il pas qu'elle n'avait pas peur aussi de ce qui pourrait se produire ? Mais évidemment qu'elle avait peur, à vrai dire Maria était même morte de trouille de se dire qu'il y avait une possibilité pour qu'elle meurt. Pouvait-il arrêter d'être aussi égoïste une minute et se mettre à sa place à elle ?! Maria l'avait bien fait, toute la nuit, car elle non plus, elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Elle n'avait cessé d'écouter les messages vocaux de son compagnon, elle avait pleuré, elle avait comprit la position dans laquelle elle mettait l'homme qu'elle aimait, mais elle n'avait pas encore entièrement changé d'avis quant à l'avenir de ce bébé qu'elle portait en elle. L'écoutant par la suite lui dire qu'il ne pouvait pas la forcer à faire ce qu'elle ne voulait pas, Maria baissa les yeux comprenant par le discours de l'homme qu'elle aimait pourtant plus qu'elle n'aimait quiconque, qu'il ne voulait pas de cet enfant. Alors quoi ? Il restait avec elle malgré tout et surtout malgré le fait qu'il ne veuille pas de l'enfant qu'elle attendait ? Mais était-il conscient des propos qu'il tenait en ce moment ou bien était-il sous l'emprise de stupéfiants ?!

« Je ne te poserais qu'une seule question...et ma décision reposera sur ta réponse Edward. »

Déglutissant, la brunette fixa un point invisible devant elle, préférant cela plutôt qu'à regarder son compagnon dans les yeux, la question était déjà assez difficile à poser. Il ne fallait pas non plus trop lui en demander.

« Si les choses se passent mal pendant l'accouchement, est-ce que tu t'occuperas du bébé ? Est-ce que tu l'aimeras comme tu aimes Seth et Jade ou bien est-ce que tu lui reprocheras finalement ma mort ? »

Maria voulait en avoir le cœur net. Si Edward venait à lui répondre qu'il lui en voudrait, même sans tellement le vouloir, Maria devrait prendre une décision qui ne lui plairait pas ; choisir entre Edward et ce bébé, et bien qu'elle ait déjà l'idée sur la question, Maria espérait qu'il lui répondrait non, qu'il aimerait cet enfant d'un amour inconditionnel, seulement, malheureusement, elle en doutait sévèrement.

Égoïste ? Oui, j'étais en partie égoïste. La raison ? Si elle venait à mourir en couche, elle allait ruiner ma vie pour tout jamais. Je me suis toujours battu contre la mort, j'ai tout fait pour avoir un minimum de bonheur que j'ai finalement réussi à acquérir. Si Maria mourait, elle m'entrainerait dans sa chute, elle m'achèverait après des centaines de coups donnés. Je n'avais pas envie de connaître la torture. Me réveiller chaque matin avec la boule au ventre. Tomber dans une dépression dans laquelle je serais finalement incapable de me relever. Mais je ne pensais pas seulement à moi. Et Ambre dans tout ça ? Nous allions l'adopter et elle la quitterait en cours de route ? Au final, la gamine, qui n'a jamais eu de chances dans sa vie allait connaître un nouveau malheur. Pour ma part, je me retrouverais avec quatre enfants en bas âge sur les bras, en pleine dépression. Quel avenir pour les gosses, sincèrement... Maria ne pensait pas à tout ça. Elle ne comprenait pas à quel point elle était importante pour beaucoup de personnes. Elle s'en fichait. Ce qui comptait uniquement, c'était notre bébé. C'est beau, certes, mais horrible à la fois.

« Je ne te poserais qu'une seule question... et ma décision reposera sur ta réponse Edward. » J'observais la brunette qui elle, préférait regarder ailleurs, certainement que sa question était trop difficile à prononcer les yeux dans les yeux. Je fronçais légèrement les sourcils, dans un élan de concentration. « Si les choses se passent mal pendant l'accouchement, est-ce que tu t'occuperas du bébé ? Est-ce que tu l'aimeras comme tu aimes Seth et Jade ou bien est-ce que tu lui reprocheras finalement ma mort ? » Je sentis un frisson parcourir ma colonne vertébrale lorsqu'elle envisagea le fait qu'elle ne survivrait pas à l'accouchement. Ça me déchirait le cœur. J'aurais été capable de la faire taire de force, tellement ça me faisait mal. Calme toi Edward... Elle voulait une réponse ? Une réponse sincère ? Très bien, j'allais la lui donner. Je pris un petit moment à répondre, comme pour choisir les meilleurs mots afin de bien me faire comprendre. « Bien sûr que je m'occuperai de lui. Tu crois quoi ? Que je vais l'abandonner ? Ensuite oui, je vais l'aimer parce qu'il sera mon enfant, ainsi que le tien. On ne peut pas ne pas aimer ses gosses. Et enfin... non, je ne lui en voudrais pas à lui, mais à toi. Je t'en voudrais chaque jour que Dieu fait autant que je te regretterais, et autant que je continuerais à t'aimer. »

Le bébé ne serait pas la raison de sa mort. Il n'y pouvait rien. On ne lui laissait pas le choix. Néanmoins, Maria avait toutes les cartes en main et elle serait l'unique responsable s'il lui arrivait quelque chose. « S'il t'arrivait quelque chose, je t'en voudrais de faire du restant de ma vie un enfer. Je t'en voudrais d'ajouter un malheur à Ambre. Je t'en voudrais de laisser tes parents enterrer leur propre fille. Je t'en voudrais de la tristesse infliger à mes enfants. Et ça, malheureusement, tu ne pourras rien y faire. Mon amour pour toi est bien trop grand. Si je te dis toutes ces choses, c'est uniquement pour ça. Ce qui te blesse autant, c'est ces putains de sentiments que j'éprouve à ton égard. Je ne pourrais pas faire une croix dessus. Donc je ne pourrais jamais faire une croix sur toi, tu comprends ? » Je me mordillais la lèvre inférieure.

Sans tellement savoir pourquoi, Maria s'était attendue à ce qu'il lui réponde que oui, il en voudrait énormément à cet enfant...alors que pas du tout. Il n'en voudrait qu'à elle. Elle parce qu'elle aurait décidé de se sacrifier. Oui, se sacrifier en effet pour son rêve, bien qu'elle ne le vivrait peut-être. Elle ne ferait que lui donner naissance, ce qui serait déjà quelque chose de magnifique en soi, bien que, comme le lui avait dit Edward à l'instant, elle ferait énormément de mal autour d'elle si elle venait à mourir pour cet enfant. Une mère ne doit-elle pas tout donner pour ses enfants ? Même sa propre vie ? Bon d'accord, peut-être pas dans cette situation-là. Bref, comme si elle, elle pourrait un jour envisager le fait de tirer un trait sur lui...bon sang, mais Maria l'aimait beaucoup trop pour ne serait-ce qu'envisager cette possibilité. C'était tout à fait grotesque. Il était tout pour elle.

« Parce que tu penses que je pourrais un jour faire un trait sur toi ? Mais je t'aime beaucoup trop pour ça Edward, je t'aime...mais tu n'imagines même pas à quel point. Cet enfant, j'en ai toujours rêvé, alors me dire que c'est notre enfant...mais je ne pouvais pas espérer mieux Edward. Je sais que tu as peur, et moi aussi, seulement ce n'est pas comme si j'étais sûre de ne pas m'en sortir. Il y a des risques, certes, mais comme tout. Seulement, il y a beaucoup plus de chances pour que je m'en sorte, que je vois mes enfants grandir, que... »

Elle se pinça les lèvres et regarda enfin Edward dans les yeux. Elle espérait tellement d'un futur sûr avec lui, elle ne pensait pas aux risques qu'elle encourait. Tout ce que souhaitait Maria, c'était vivre sa vie à deux cent pour cent. Aux côtés d'Edward évidemment, ainsi qu'aux côtés d'Ambre, de ses parents, de Seth et Jade, bref de tout ceux qu'elle aimait, à qui elle tenait plus qu'à sa propre vie au risque de le répéter. Se passant une main dans les cheveux, la brunette se leva du lit, en fit le tour, et bien s'asseoir auprès de son compagnon.

« Je suis désolée d'être partie comme ça seulement j'avais besoin de partir. J'avais besoin de voir mes parents. D'ailleurs, je suis désolée que mon père t'ait frappé, je suppose que ce coquard tu le lui dois...ce n'est pas ma mère qui t'aurais frappé. Il n'aurait pas dû, excuse-le. »

Soupirant, la brunette regarda par la suite droit devant elle et c'est à cet instant qu'elle entendit que l'on frappait à la porte de la chambre.

« Oui ? »

Lisa fit son apparition, elle semblait un peu mal à l'aise de venir comme ça, les déranger un peu.

« Je tenais à m'excuser...Nathan était à bout de nerfs. Excuse-le Edward. Je suis terriblement gênée. »