« Les garçons, regardez la caméra. » Je tournais la tête vers mon père qui tenait sa caméra dans notre direction. Alan profitait de ma garde baissée pour courir et se jeter sur moi afin de me faire un de ces violents plaquages digne des matchs de rugby. Je rencontrais violemment la neige. « Vous allez vous faire mal ! », lâcha ma mère sur un ton sévère même si elle savait qu'aucun de nous n'allait se stopper dans ses actes. Je tâchais de me débattre, de façon à reprendre l'avantage sur mon frère aîné. Malheureusement, du haut de mes quinze ans, cela semblait très difficile. « Vas y Ed, défend toi ! » Oui, ça, c'est la voix de mon père. Tandis que ma mère est plus du genre à prôner la tendresse et chaque côté pacifique, William O'Malley, lui, trouve un certain amusement à parier sur ses fils quand ils se battent pour plaisanter. « William ! Arrête les ils vont se faire mal. » Pour ma part, j'arrivais enfin à me retourner, à prendre de la neige dans la main et la faire manger à Alan en l'écrasant contre son visage. « C'est bon chérie, c'est Noël, laisse les s'amuser ! »

J'observe la télévision qui diffuse cette vidéo vieille de vingt années. Mes parents m'ont envoyé quelques cassettes ainsi que des photos retraçant des anniversaires, noël et autres fêtes familiales ou amicales. Je ne me suis pas fait prier pour les mettre en route afin de les visionner. Ma côte cassée me fait encore souffrir, mais ne m'empêche pas de bouger. J'évite tout sport, et là, les cassettes sont de bonnes choses pour m'intimer de rester dans le canapé dans le but me reposer. Vendredi. 18H30. Je ne suis pas beaucoup sorti aujourd'hui. Pour cause, j'arbore un vieux jogging confortable noir, et un T-shirt rouge qui doit avoir quelques années également. Maria vient de rentrer du travail alors que j'étais en repos. Elle me rejoint sur le canapé, visiblement curieuse de voir les exploits O'Malley à la télévision. Je lui laisse une place dans le creux de mes bras. « Tu vas bien ? », lui demandais-je, tout aussi concentré par ce qui se déroulait à l'écran. Je dépose un baiser sur les lèvres de la brunette avec amour.

J'arrive enfin à me relever, à bout de souffle après avoir repris l'avantage sur Alan. Enfin ça, c'est avant qu'Ethan vienne me faire gentiment la misère sous prétexte que je suis le dernier garçon de la famille. Nous éclatons de rire. Je suis trempé. Alice s'approche et me saute sur le dos, tout en passant ses bras autour de mon cou. Je m'approche ainsi de mon père. « Oh Patrick ! Approche un peu ! »

Mon cœur loupe un battement. Je reporte la totalité de mon attention sur l'écran. Et là, mon troisième ''frère'', celui qui est parti sans un mot peu de temps après que cette vidéo soit faite, apparaît devant la caméra.

Cigarette entre les lèvres, il fronce les sourcils. « Ed, t'as encore du progrès à faire, t'es aussi doué qu'une fillette de dix ans. » Il esquisse un sourire amusé. Alice descend d'elle même de mon dos, et je me jette sur mon frère – en toute sympathie – pour lui montrer qu'il a tord. Il explose de rire alors que nous nous retrouvons tous les deux dans la neige. « Patrick, si tu brûles ton frère avec ta cigarette, je te la fais manger ! » Bien évidemment, là, c'est la mère poule O'Malley qui parle.

Gros plan sur mon frère. Je me retrouve à fixer la télévision comme un enfant intrigué. Puis brouillage à l'écran. La vidéo d'une cérémonie de mariage d'un cousin commence. Je fronce les sourcils un instant. Puis appuie sur stop.

Maria & Edward ♥

If we could party all night and sleep all day and throw all of my problems away my life will be eaaasy !!!

La musique retentissait suffisamment fort dans la voiture de la brunette, une toute nouvelle Mercedes-Benz M Class 4x4 noire dont elle avait fait l'acquisition au meilleur prix. La brunette circulait dans les rues de San Francisco, sensiblement fière de son nouveau petit bijou sur quatre roues. Il fallait dire qu'une telle voiture à $3000, c'était quasiment donné, d'où le fait qu'elle ait sauté sur l'occasion et l'avait donc acheté. Maintenant, avec quatre enfants, les trajets dans sa voiture basse devenait bien plus compliqués, ainsi elle l'avait changé, tout naturellement. Ce n'était pas non plus comme si elle n'en avait jamais eu les moyens, bien au contraire. Les élèves restant de Berkeley avaient été quelque peu surpris de la voir arriver à l'université avec un tel modèle, en effet, on pouvait avoir du mal à imaginer la brunette si élégante et paraissant si raffinée au volant d'un tel bolide haut sur roues, et pourtant, ce 4x4 était bel et bien à elle dorénavant, pour son plus grand plaisir soit dit en passant.

Nous étions vendredi, il était 18h30 et Maria était dorénavant en week-end. Et aussi étonnant que celui puisse paraître, elle n'était absolument pas fatiguée. Ambre elle aussi était en week-end, pour son plus grand plaisir, elle allait enfin pouvoir aller chez Andréa, l'un de ses meilleures amies de l'école qui fêtait son anniversaire et dont les parents avaient organisés une fête qui durera du vendredi soir jusqu'au samedi soir comprit.

« Tu crois que ça va lui plaire ? »

Ambre, assise à l'arrière du véhicule regardait le cadeau emballé qu'elles venaient tout juste d'acheter pour son amie alors qu'elles étaient dorénavant sur le chemin de la demeure des Carlton, les parents de la petite donc.

« J'en suis sûre, et puis, si elle n'aime pas, tu lui diras qu'on ira ensemble chercher un autre cadeau qu'elle choisira. »

Deux rues plus tard, elles étaient arrivées. Maria emmena sa fille jusque dans la maison où elle salua tout le petit monde, où elle discuta quelques minutes avec Samantha, la mère d'Andréa. Puis, elle embrassa sa fille et quitta le quartier pour rentrer et retrouver chez elle son compagnon et leur petite garçon.


×××××

« Je suis rentrée. »

Indiqua la brunette lorsqu'elle eut franchit la porte d'entrée de sa maison. Posant son sac dans l'entrée, elle ôta ses talons hauts appréciant le contact du sol sous ses pieds, on pourra dire ce qu'on voudra, mais avoir ça aux pieds toute la journée, c'est difficile, même pour une femme soit disant habituée à porter des talons hauts.

« Salut toi. »

Dit-elle à son compagnon qu'elle trouva tranquillement installé dans le canapé du salon apparemment absorbé par ce qui se passait à la télévision, elle jeta un bref coup d'œil après avoir embrassé son compagnon, et se rendit alors compte que c'était de vieilles vidéos des O'Malley, ce qui la fit sourire. Jusqu'à voir un homme qu'elle ne connaissait pas, elle qui pourtant croyait connaître tous les O'Malley. Lorsqu'Edward arrêta la vidéo, un peu brusquement d'ailleurs, la brunette osa poser la question à savoir qui était cet homme du nom de Patrick.

« Qui est-ce ? »

Elle n'avait nullement pensé à ce frère qu'elle n'avait pu rencontrer puisqu'il était parti de chez ses parents du jour au lendemain sans jamais donner la moindre nouvelle. Edward semblait soudainement contrarié, ce que Maria n'apprécia rien, voilà pourquoi elle passa ses doigts dans la nuque de son homme pour tenter de le détendre un peu, n'y comprenant cependant rien.

Ambre n'était pas présente ce soir. La raison ? Elle se trouvait à l'anniversaire d'une de ses petites camarades. Elle dormirait sur place cette nuit. Je devais avouer avoir été étonné de laisser faire cela à cet âge, mais dans la mesure où les enfants seront surveillés, je ne voyais pas l'intérêt de refuser qu'elle aille à cette petite fête. Ainsi, je me retrouvais donc à la maison avec Maria et Aaron. Le bébé dormait tranquillement. Quand la brunette arriva, nous pûmes ainsi nous retrouver en amoureux pour une petite soirée tranquille juste tous les deux. Il faut avouer qu'avec une cote cassée, je me fais sévèrement chier. Cela fait quelques jours que je tourne en rond ici, alors que je suis en arrêt pour un petit moment, le temps que la douleur s'estompe un peu. Heureusement, je pouvais me permettre désormais d'aller me promener. De plus, j'avais désormais une bonne excuse pour passer du temps avec mon fils toute la journée. Père au foyer, l'espace de quelques semaines. C'est sympa, même si je ne pourrais définitivement pas l'être tout le reste de ma vie. Mais, pour le moment, j'appréciais les journées passées avec mon petit garçon de trois mois.

« Qui est-ce ? », me demanda Maria lorsque j'appuyais sur le bouton stop de la télécommande, afin d'arrêter la cassette. Je restais un instant silencieux, les sourcils froncés, même si je pris quelques instants à comprendre que j'affichais cette tête là. Les doigts de la brunette glissèrent dans ma nuque, alors que je tournais la tête vers elle. « Ce n'est personne. », murmurais-je, alors que je me relevais. Avec cette simple parole, je ne doutais pas qu'elle comprendrait bien vite l'identité de ce fameux Patrick, âgé sur la vidéo, de 18 ans. Maria était consciente que je ne vouais une haine sans limite qu'à une seule personne dans ma famille : un de mes frères, celui qui, du jour au lendemain, à décidé de quitter la maison pour aller je ne sais où, laissant tous les O'Malley dans la plus grande des incompréhensions et des tristesses. De plus, je reconnaissais sur la vidéo – avec rancœur – des traits communs sur le visage, même si nous ne nous ressemblions pas énormément, contrairement à mon père et moi qui sommes pareils physiquement, tout comme peut l'être Seth avec son grand-père et donc avec moi.

« Comme je suis condamné à rester ici à cause de ma cote, mes parents m'ont envoyé quelques vieilles cassettes et des photos. » J'esquissais un sourire alors que je m'étais levé pour me diriger vers la table de la cuisine où j'avais déposé quelques heures plus tôt, une boite dans laquelle j'avais mis tout ce que j'avais reçu. Je l'apportais jusqu'au salon pour la placer sur la table basse juste devant le canapé. Je reprenais place à côté de Maria. « Regarde moi ça. » Je me penchais pour chercher une photo dans la boite. Tournant la tête vers la brunette, je l'observais avec malice. Puis je lui présentais une photo de moi lorsque j'étais tout petit. « Mignon, n'est-ce pas ? » Sourire amusé.

Spoiler:

Maria & Edward ♥

L'entendre répondre si calmement mais avec pourtant un élan de voix qu'elle interpréta comme une vague de colère monter en lui, fit comprendre à Maria bien des choses. D'abord, il était certain qu'Edward n'aimait pas cette personne, ensuite il le connaissait forcément, voilà pourquoi le déclic ne tarda pas à se faire dans l'esprit de la brunette. Pour le peu de secondes où elle avait pu apercevoir ce jeune homme, Maria en gardait un image dorénavant suffisamment nette pour faire le rapprochement d'avec Edward. Les deux hommes se ressemblaient drôlement. Il devait donc s'agir de ce frère dont il lui avait à peine parlé, Maria ne sachant qu'une chose, qu'il était parti du jour au lendemain laissant frères, sœurs et parents dans le désarroi le plus complet. Si Edward lui avait déjà dit son prénom, la brunette ne s'en souvenait guère, et elle savait que son compagnon ne lui en voudrait guère de cet oubli.

L'écoutant par la suite lui dire que ses parents lui avaient gentiment fait parvenir des documents sur son enfance, la brunette ne put retenir un sourire trouvant l'attention absolument adorable et d'ailleurs très touchante pour Edward qui devait alors prendre plaisir à retrouver des parties de son enfance qu'il avait pu oublier ou dont le simple souvenir était tout bonnement trop vague pour une reconstitution orale pleine et entière.

« Je suis sûre que c'est une idée de ta mère ça... »

Le laissant par la suite reprendre place sur le canapé, Maria ne put s'empêcher de sourire cette fois-ci de manière totalement franche, en voyant la bouille de son compagnon lorsqu'il n'était encore qu'un tout petit garçon. Il était absolument adorable, tout autant que pouvait l'être Seth qui ressemblait d'ailleurs énormément à son père et qui finirait sans doute par lui ressembler comme deux gouttes d'eau une fois passé à l'âge adulte.

« Tu étais trop mignon. Enfin, tu l'es toujours, bien-sûr. Attends-moi ici. »

La brunette se leva du canapé et quitta le salon très rapidement en allant dans leur chambre où elle savait ranger une boîte lui appartenant comportant quelques photos d'elle enfant, mais surtout de son passé « plus récent ». Redescendant avec, elle retrouva son homme qui n'avait pas bougé d'un pouce, l'attendant comme elle le lui avait gentiment demandé. Elle ouvrit la boîte une fois de nouveau installée et se mit à chercher une photo d'elle étant môme.

« Je t'interdis toute moquerie. »

Elle lui montra soudainement la photo d'elle alors qu'elle ne devait pas avoir plus de quatre ans, et encore.



Spoiler:

Je n'ai jamais vraiment parlé de Patrick à Maria. En fait, je ne lui ai jamais donné son prénom pour tout avouer. Le fait est que pour moi, il n'existe plus, il n'est qu'un étranger, un frère mort, un rival, un ennemi même. Je n'ai jamais vraiment trouvé l'intérêt d'en parler souvent avec la brunette. Je me suis uniquement contenté de lui expliquer que nous avions été six enfants, et non pas cinq comme elle avait pu le voir lorsqu'elle est venue pour la toute première fois chez ma famille en Irlande. J'avais trouvé important de lui faire part de ce détail, pour ne pas qu'elle l'apprenne un jour dans le plus grand des hasards. Après, je ne ressens pas le besoin de parler de lui. Je garde ma haine en moi et je la laisserais exploser le jour où je le reverrais – en admettant uniquement qu'il refasse surface à un moment ou à un autre, bien entendu –.

Je voulais laisser place à un petit moment nostalgique, et comme Maria et moi ne nous sommes jamais accordé une soirée à regarder des photos de l'autre pour savoir comment il était dans le passé je décidais que aujourd'hui, cela arriverait. Ainsi, je lui montrais une photo de moi, petit. Je n'aurais su dire quel âge je pouvais avoir à ce moment là. Quatre ans peut-être ? Cinq ? Aucune idée. Mais ce qui restait sûr, c'est que j'avais toujours la même bouille, le même regard espiègle et tendre, comme le dit si bien ma mère. En fait, quand je vois le gros sourire que j'arbore, je ne peux m'empêcher de penser que je devais être en train de préparer encore une bonne grosse connerie. « Je suis sûr que je mijotais quelque chose là. », avouais-je à Maria avec amusement.

Puis elle s'éclipsa pour revenir avec une boite également. « Je t'interdis toute moquerie. », m'intima-t-elle alors qu'elle me présentait une photo d'elle lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fillette. Mes yeux s'écarquillèrent alors que je prenais l'image entre mes doigts pour la regarder de plus près. À partir de là, un sourire se dessina sur mes lèvres. « Putain, quelle bouille tu avais ! Mais déjà tu avais la classe dans cette petite robe. » Je relevais la tête pour la regarder dans les yeux, avant de me pencher pour lui voler un baiser. Puis je plaçais la photo à côté du visage de Maria afin de comparer. Effectivement, il y avait beaucoup de ressemblances. « Une vraie princesse. »

Je prenais un paquet de photos dans la main et m'installais confortablement avec Maria, afin de les regarder. « Là, c'est mon père, Gwen et moi. » J'esquissais un large sourire amusé. « Ah, là, mes parents. C'est maintenant que je me rends compte que mon père et moi nous ressemblons... vraiment beaucoup. » Je continuais de tourner en les passant à Maria. Jusqu'à arriver à une photo où je porte le chapeau de cowboy. Je ne pus retenir un rire. « Ah... celle là, je sais que tu l'aimes déjà. » Maria a toujours aimé ce genre de photos. La prochaine ? Une photo où l'on pouvait me voir portant Seth, bébé, avec Sarah de dos. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Un sourire qui se transforma bien vite en petite mine gênée en voyant l'a photo qui suivait où je suis à l'hôpital, en sang, un bandage autour de la tête, mais explosé de rire, une bouteille à la main. Je me mordillais la lèvre inférieure. « On se passera de commentaires. Ah celle ci est mieux. » Celle ci me représentait avec Tiago alors que j'avais fait une partie de Basket avec Alan un beau matin. Et enfin, la dernière photo que j'avais dans la main me montrait avec Alice. Le frère et la sœur, proches, complices.

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Maria & Edward ♥

Maria se souvenait encore – comme si cela était hier – du jour où elle avait rencontré la famille d'Edward. Et effectivement, elle avait aussitôt était frappée par la ressemblance entre Edward et son père. Les deux hommes se ressemblaient comme cela ne semblait pas permis, et cela avait fortement intriguée la brunette qui n'avait trouvé qu'une raison scientifique – car il n'y avait que celle-là – à cela. D'ailleurs, ayant une pensée pour l'homme qu'était le père de son compagnon, Maria ne put réprimer un sourire en se remémorant de ce qu'il avait dit à Edward lorsque ce dernier l'avait présenté à tous en Juillet dernier. « Une femme comme celle-ci on n'en devient pas son meilleur ami, on l'épouse. » Et il n'avait pas eu totalement tort puisqu'à l'heure actuelle, Edward et Maria ne semblaient plus très loin de franchir le cap qui avait – certes – était franchi une fois, mais qui fut une erreur de vitesse, mais si les choses fonctionnaient mieux qu'avant, alors ils se diraient sans doute « oui » d'une manière plus officielle cette fois-ci, si évidemment Edward acceptait de ne pas fléchir à la moindre crainte du temps qui passe. Peut-être alors qu'à ce moment-là, William verrait ses prédictions se révéler comme étant vraies, nul doute selon Maria que l'homme en serait fort fier, et sans doute honorer de l'évènement qui comblerait ce que la brunette aimait surnommer “la tribu” des O'Malley après tant de drames survenus au cours de l'année 2010-2011.

Puis défila un certain nombre de photos d'Edward lorsqu'il était encore un tout jeune garçon jusqu'à une photo de l'année précédente que Maria possédait dans son cellulaire, sans que son compagnon ne le sache. Il était aux côtés de sa sœur avec qu'il s'entendait depuis toujours à merveille ; Alice. Sa jumelle pouvait-on dire. Leur complicité avait toujours fait chaud au cœur à Maria qui s'était alors rendue compte qu'elle aurait aimé être aussi proche de sa petite sœur, ce qui ne fut malheureusement pas le cas. Ève et Maria avec leurs années de différence n'avaient jamais trouvé de réel rapport, de goût réciproque. Les chevaux, Maria les adorait, Ève elle en avait à moitié peur. Ève avait toujours adoré les grandes villes bondées, Maria y suffoquait. Mais tous ces détails ne les empêchaient nullement de s'aimer d'un amour inconditionnel, comme deux sœurs doivent s'aimer à vrai dire.

« J'adore cette photo de vous deux. Elle reflète si bien votre relation. »

Souriant tout en s'exprimant, la brunette hésita quant à montrer les photos qui se trouvaient dans la boîte qui était la sienne, en effet, plusieurs des clichés concernaient un passé dorénavant révolu, dont celui aux côtés de Matthew. Et bien qu'elle en ait déjà parlé plusieurs fois avec son compagnon, Maria ne savait pas vraiment si Edward vivrait bien la découverte de ces photos-là. Surtout après tout ce qu'avait pu lui balancer en pleine figure Andrew quelques jours plus tôt lorsqu'ils s'étaient battus comme deux chiffonniers. Finalement, elle en saisit une et la montra, amusée, à Edward.



Spoiler:


« C'était en 2004, c'est un ancien collègue de Caroline du Sud. Fred. Un type incroyable avec qui on se laissait de drôle de paris, comme ce soir-là où invités au restaurant par un riche collaborateur de l'établissement où je travaillais nous avait tout bonnement invité à dîner avec lui. Fred s'est fait plaisir ce soir-là en faisant le pitre. Ça n'a pas plu à l'homme qui nous a bien vite quitté, s'excusant d'une fausse réunion d'urgence qu'il avait dû mettre en scène dans sa tête durant l'entrée. Tiens, regardes celle-là. »



Spoiler:


Quelques photos plus tard de ses anciens collègues de travail avec qui elle avait passé d'agréables soirées aux côtés de Matthew bien souvent, la brunette n'avait jusqu'alors sorti absolument aucune photo de l'homme et elle. Mais jusque quand, elle ne le savait elle-même pas encore. Elle montra une photo de Lya et elle.



Spoiler:


Une amie de Charleston avec qui elle s'était vraiment bien entendu qui aujourd'hui vivait au Cambodge, s'étant soudainement trouvé une âme de sauveuse de l'humanité. Maria n'avait jamais eu l'occasion de la revoir. Puis, une photo sortit du lot.



Spoiler:


Une photo que Matthew avait pris lorsqu'ils étaient à un gala de charité pour des enfants atteints de maladie incurables, Matthew était un homme très investi dans ce genre d'évènement, et Maria l'y suivait, simplement. C'est alors que...



Spoiler:



Une des photos tant redoutées dans l'esprit de la brunette fit son apparition dans ses mains.

Me marier avec cette femme. Voir Maria devenir officiellement une O'Malley. Oh oui, je le souhaitais plus que tout. Faire parti de la famille des O'Berkeley. En somme, on pouvait dire que tout ceci était déjà le cas. Pour ma part, j'étais toujours très bien accueilli par les parents et la sœur de la brunette, tout comme elle, elle faisait déjà partie des miens, aux yeux de ma famille. Mais rien n'était officiel, aucun papier n'a été signé. Était-ce vraiment nécessaire ? Je n'ai jamais trouvé utile de signer sur une feuille pour prouver l'amour que l'on ressent pour une personne. Le tout n'est que symbolique, et même si j'estime pouvoir me passer du mariage, je souhaitais que Maria devienne officiellement ma femme, que l'on organise une grande fête avec sa famille, la mienne, nos amis respectifs et en commun. D'un autre côté, je n'osais pas remettre le sujet sur le tapis pour deux raisons. La première fois, nous avions été trop rapides, nous avons été d'accord là-dessus. Et, dans la mesure où ça fait à peine un an que nous sommes ensemble – sans compter la rupture –, j'avais peur de la relancer sur le sujet et qu'elle m'explique que c'était toujours aussi tôt, que nous devions attendre. La seconde raison, toujours la même, ma culpabilité. Mais je ne vais pas m'étendre là-dessus une nouvelle fois, je l'ai assez fait auparavant. Donc oui, je pense toujours à me marier avec Maria, mais disons que pour le moment, l'idée reste en suspens, jusqu'à ce que notre relation soit plus... ancienne.

« J'adore cette photo de vous deux. Elle reflète si bien votre relation. » Je me disais exactement la même chose en observant la photo. Mes bras autour d'elle semblait symboliser mon côté protecteur, alors qu'on lisait beaucoup d'amour dans nos yeux. Alice n'est pas ma jumelle, et pourtant, c'est tout comme. On dit souvent qu'il y a des faux jumeaux, quand deux enfants sont nés en même temps mais qu'ils ne se ressemblent pas. Mes parents ont toujours affirmé que nous en étions aussi des faux, à part que nous n'étions pas nés en même temps. De plus, elle, tenait beaucoup plus de maman. Et pourtant, cela n'empêchait pas une grande complicité digne de deux jumeaux, liés par quelque chose de fort, d'indestructible. Elle me manque. Il ne se passe jamais plusieurs jours sans que nous nous téléphonions pour prendre de nos nouvelles. Elle sait tout sur moi. Je sais tout sur elle. La distance entre nous est pesante, et même si jamais je n'arriverais à la remplacer, Cheyenne est la personne qui se rapproche le plus de la relation que j'ai avec ma petite sœur. Maria semble l'avoir compris. Car lorsque nous sommes tous les deux, un simple regard nous suffit à nous comprendre.

Ce fut au tour de Maria de me montrer quelques photos d'elle, de son passé. J'y portais toute mon attention, avec un sourire ancré sur les lèvres. Mes bras glissèrent autour du corps de la jeune femme alors que je la calais dos à moi, entre mes jambes. Mes yeux bleus retrouvèrent en leur coin, quelques petites rides à la vue de la femme que j'aime en train de rire aux éclats sur quelques photos, accompagnées d'anecdotes. Celle où elle s'apprêtait à manger je ne sais trop quoi, me laissa me mordiller la lèvre inférieure. Au delà du sexy. Et puis, alors qu'au fond de moi je m'y attendais, nous tombions sur une photo de Maria et Matthew. Mon cœur loupa un battement, alors que mes yeux n'arrivaient pas à se décrocher de l'image. La brunette ne dit rien, et si elle avait trouvé quelques mots à prononcer, je ne suis pas certain que je l'aurais écoutée. En effet, je venais de porter toute mon attention sur ce qu'elle tenait entre les mains. J'y retrouvais une Maria aux allures grandes, pétillante, plus heureuse que jamais. Cela me déchira le cœur. D'une part, je ressentais une légère jalousie en me disant qu'elle avait trouvé l'homme parfait et que s'il n'était pas décédé, certainement jamais notre relation aurait vu le jour. D'autre part, j'avais mal pour elle, car elle avait vécu une des pires tragédies possibles, la perte d'une personne chère, de l'amour de sa vie. « Tu es magnifique là dessus, très pétillante. », avouais-je malgré moi, car c'était tout de même la vérité.

Maria & Edward ♥

Cette photo. On pouvait déjà distinguer les quelques rides au coin des yeux de la brunette, et pour cause, elle allait sur ses trente-six ans. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Décembre 2004, quelques mois avant la mort de Matthew dans un accident de la route tout ce qu'il y a de plus idiot, certains auraient peut-être – sans doute – dit “basique” ce qui n'était d'ailleurs pas totalement faux, d'un certain point de vue bien-sûr. Maria s'en souvenait comme si c'était hier.

Flash-back.

« Allez, viens. »
« Mais tu sais pertinemment que je te déteste être prise en photo, Matt ! »
« Allez pour moi, disons que c'est mon cadeau de Noël... »
« Parce que tu te contenterais de ça ? »

Matthew lança un regard qui en dit plus long à la belle professeur d'Histoire-Géographie qu'elle n'aurait su en dire avec des mots. Comme quoi, parfois les mots n'étaient vraiment plus nécessaire entre Matt et elle.

« Tu sais bien que mon seul cadeau, c'est toi... »

Lui avoua t-il en la prenant tendrement dans ses bras avant de l'embrasser amoureusement comme il avait toujours eu l'habitude de le faire depuis deux ans maintenant qu'ils étaient ensemble.

Fin du flash-back.

Au cours de ce Noël 2004, Maria avait offert une montre de la marque Dolce&Gabbana sur laquelle Matthew avait apparemment flashé quelques semaines auparavant alors qu'ils étaient tous les deux au centre-ville de Charleston dans le but de faire les achats de Noël justement pour tous leurs proches, ce qui finalement faisait un bon petit paquet de monde. Et n'ayant pas assez d'argent pour faire de "gros" cadeau, ils avaient dû ruser et trouver de beaux cadeaux qui feraient plaisir à tous sans pour autant qu'ils n'en viennent à totalement se ruiner.

Maria remit directement la photo à sa place, n'ayant même pas prêté attention à ce qu'avait bien pu lui dire Edward à ce moment-là. Tout ce dont elle était sûre étant le fait qu'il lui ait pourtant bel et bien dit quelque chose, mais alors de là à savoir quoi...

« Qu..quoi ? Excuse-moi, j'étais ailleurs. »

Avoua t-elle un peu de façon maladroite. Cette maladresse qui la caractérisait si bien lorsqu'il s'agissait de sentiment, et en particulier de sentiments amoureux.

Maria ne réagissait même pas face à ma prise de paroles. Elle semblait plongée dans ses pensées, comme dans de vieux souvenirs en correspondance directe avec cette photo qu'elle venait néanmoins de replacer dans la boîte. Oui, je la connaissais par cœur désormais. Elle pensait à ce jour où quelqu'un les a pris avec l'appareil. Et inévitablement, elle se remémorait également sa mort. Et la seule chose que j'arrivais à ressentir à côté de cette certaine jalousie et cette tristesse, ce fut un sentiment de rejet. Enfin, si on peut le dire comme ceci. J'avais l'impression de ne pas avoir ma place, où bien d'avoir été mis de côté à la seconde même où Matthew est apparue en photo entre ses mains. D'un côté, je ne peux absolument pas la blâmer. Ils ont été séparés de force et après tant d'années de relation, elle ne peut pas ne pas se remémorer quelques souvenirs. D'un autre côté, mon cœur se déchirait, lentement mais sûrement. Ce manque de confiance en moi même qui grandit à la vue d'une Maria toujours amoureuse de celui qu'elle avait toujours considéré comme l'homme de sa vie. Car oui, elle avait toujours des sentiments pour lui. Cela me rendait triste et pourtant, je ne pouvais pas lui en vouloir. « Qu... quoi ? Excuse-moi, j'étais ailleurs. » Elle ne tourna même pas la tête vers moi. « Non rien... », me contentais-je de lui répondre, me sentant soudainement très gêné. C'est tellement plus facile de passer après quelqu'un de vivant que quelqu'un de mort...

Peut-être avait-elle besoin de se retrouver un peu seule, à regarder quelques photos de son passé. Et sincèrement, je ressentais moi même la nécessité de fuir cette atmosphère gênante. Je me décalais doucement de Maria, déposais un baiser dans ses longs cheveux noirs ébènes, avant de me lever du canapé. « Je vais fumer. » Je ne faisais pas attention à la douleur qui émanait de mon corps suite à quelques mouvements un peu trop brusques. Mon esprit était ailleurs. Je quittais le salon, non sans attraper le paquet de cigarettes qui gisait depuis hier sur la table à manger, avec, juste au dessus de lui, un briquet rouge. J'ouvrais la porte-fenêtre et allais m'asseoir contre le mur, à défaut de pouvoir rester debout trop longtemps à cause de ma côte. Une fois mes fesses sur le sol, je sortais une clope du paquet et l'allumais. Je tirais dessus, gardais un moment la fumée en moi, alors que mon visage dévoilait mon côté pensif. Puis je la soufflais en une longue trainée grisâtre.

Comment devais-je réagir face à tout ceci ? Garder le silence, fermer les yeux sur tout cela, me voiler la face ? Ou bien en parler avec Maria ? Et pourtant, je savais qu'une discussion ne servirait pas à grand chose. Je ne pouvais pas l'interdire d'aimer deux personnes. Car non, je ne doutais pas qu'elle avait également des sentiments pour moi. Néanmoins, je n'étais pas sûr de réussir à accepter qu'elle en aime un autre. Je faisais mon possible pour ne pas me comparer à Matthew, et je n'y arrivais pas toujours. Malheureusement, tout ceci mettait mes efforts à néant. Et pourtant, je devais me résoudre au fait qu'elle n'oubliera jamais cet homme, chose qui restait tout de même compréhensible.