Un dessin, une histoire...Nostalgie. /PV\

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Un dessin, une histoire... Nostalgie !

Il avait fait très chaud ce jour là, un temps de canicule avait-on sans cesse répété à la radio. Sky avat vagabondé dans tout San Francisco, toute la journée. Et avrait-dire, il commençait à fatiguer. Ses jambes s'alourdissaient, et il arrivait à peine à voir le bout de la rue. Il avait marché, inlassablement, espérant ne croiser personne, n'être interrompu par rien. Mais la nuit ne suivait pas vraiment ses règles. Angie avait réfléchi toute la journée à sa situation, financière, physique, morale, à lui quoi. Il en avait conclu beaucoup de chose, surtout qu'il y avait très peu de positif dans sa vie. Financièrement, il était peaumé, son compte n'était plus créditeur, il était à découvers de quelques dizaines de dollars. Certes, ça n'était pas grand chose, mais appart les deux cents dollars que lui versait sa mère pour qu'il puisse se nourir, il n'avait rien. Il n'avait pas d'appart', et était censcé dormir en résidence universitaire, ce qu'il ne faisait jamais. Il n'avait pas non plus de moyen de transport autre que les transports en commun. Non, il n'avait que des fringues. Tout son argent passait à dedans. Dans les fringues, dans l'alcool, dans les clopes, et dans l'héroine. Comme il ne mangeait presque pas, au moins, il n'avait pas de soucis bouff'. Son état d'anorexique ne s'arrangeait pas, en fait.
Physiquement, Sky en avait conclu qu'il fallait à tout pris qu'il prenne du poids. Pour pouvoir recommencer le mannequinat, et ainsi pouvoir subvenir à ses besoins. Parce qu'il ne pourrait pas éternellement compter sur sa mère et ne pouvait pas continuer à dormir dans les bars.
Et moralement, Angie avait reconnu qu'il était dépendant de la nicotine et de l'héroine. Il était dans un état plus que pitoyable, il le savait. Peut être même que ses jours étaient comptés, qui savait ?!
Le jeune homme soupira. Il avait atteint la plage. Il marcha un peu, et alla s'assoir au pied d'une dune pour contempler silencieusement la mer et les étoiles. Quelques vagues s'écrasaient sur le sable humide, mais dans l'ensemble, le remou était calme. L'écume qui se formait disparaissait, et puis se reformait sans cesse. Comme les sentiments. Ils disparaissent, éphémère, et puis reviennent pour faire sourire, mais aussi souffrir. Pour Angie, en ce moment, le sourire n'était pas vraiment au rendez-vous. C'était plus la souffrance qui dominait, l'attente de celui qui ne reviendrait jamais de l'au-delàs. Qu'il aurait aimé le rejoindre ! Malheureusement, Angie n'avait pas le courage de mourir, et puis il ne pouvait abandonner sa mère, sa pauvre mère qui avait tout fait pour lui. Il lui devait au moins ça, non ? Reconaissanec éternelle.
Eclairé par la lune, il se sentit âme inspirée et sortit une feuille de dessin. Il avait toujours une pochette de feuille sur lui, ainsi qu'un ou deux crayons de papier. Il dessina alors les contours vagues d'un arbre, un saule pleureur. Et puis deux personnes qui, à l'horizon, se tenaient la main sous un couché de soleil éblouissant. Tout en noir et blanc. La souffrance, la douleur éternelle ressurgissait à chaque instant. Il s'interrompit un instant et ferma quelques secondes les yeux. Pour supplier les dieux de lui venir en aide, de lui faire oublier tous ces instants passé avec le seul homme qu'il ait jamais aimé et chéri plus que tout autre être humain sur cette planète. L'amour l'avait construit puis démoli. Il reprit son dessin, les contours des deux visages s'affinant, l'arbre devenant plus réel. Il dessinait son passé, ce qu'il avait vécu, les instants de bonheur. Et le crayon de papier, bien qu'il soit gris, semblait redonner toutes les couleurs des moments volés sous les soleils éclatants.

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"Je reviendrai surement blessé comme un corps cassé"
(Indochine)

20h46,Cabine téléphonique sur Lombard Street

D'un geste lent et triste,on raccroche le téléphone.La porte s'ouvre dans un grincement et June sors de ce qui était de longues minutes de tristesse.Elle avait appelée chez elle,pour prendre et donner des nouvelles.Bien sur,elle avait aussi l'intention de convaincre son frère de venir à Berkeley,mais celui-ci refusa,une nouvelle fois et June se senti de nouveau incapable de quoique ce soit.Savoir qu'elle n'arrivait pas à aider son frère,que si elle n'y arrivait pas,qui y arriverait donc?...La jeune fille marcha d'un pas trainant et se rendit compte au bout d'un moment qu'elle avait atterri sur la côte.Elle regarda de loin la mer et essaya de ne pas afficher un air de tristesse en revoyant tout les moments de sa vie uqi avaient pu se dérouler sur les plages et les pieds dans l'eau.Des rires envahirent sa tête,des voix maintenant éteintes pour toujours...June se retourna soudainement et frappa d'un coup de pied bien placé une poubelle qui visiblement avait déjà subi ce genre de torture.June tourna le dos à cette dernière et se dirigea vers la plage...

21h15, North Beach

Les pas de June l'avait emmenée sur une plage un peu plus calme,plus tranquille,là où ne se trouve pas les joueurs de volley-ball et les filles en bikini qui hurlaient de bonheur de pouvoir bronzer.La jeune fille admira un instant ses vagues qui venaient se jeter sur les galets et qui se retiraient doucement pour revenir en force la seconde suivante.C'était un peu ce que vivait June,le rituel de ces vagues.Elle essayait de convaincre son frère que le calme et le changement de vie lui était vital pour l'instant,mais il refusait et June cessait la discussion,se retirant lentement du sujet de la conversation pour revenir à la charge un peu après,avec des arguments plus forts et l'espérance d'arriver à convaincre son jeune frère.
Plongée dans ses pensées,elle n'avait pas vu le jeune homme assis dans le sable d'une dune.Il avait l'air pensif et jetait plusieurs coups d'oeil au ciel, à la mer et au paysage magnifique étendu devant ses yeux.June remarqua aussi que ses mains semblaient griffonner un truc et sans savoir pourquoi,elle grimpa en silence la dune par le côté.Elle n'avait fait aucun bruit,autant pour respecter le silence de ce moment magique que pour ne pas déranger l'artiste.Elle n'aperçut pas son visage mais sa silhouette lui fit vaguement repenser à Edward.June se sortit immédiatement cette image de la tête et préféra contempler le dessin du jeune homme.

-J'ai de l'aquarelle si tu veux.Les couleurs,ça met toujours une émotion en plus...

Elle s'asseya doucement aux côtés du jeune homme,posant son sac près d'elle et fixa les dernieres lueurs du soleil.

-Ton dessin en dit beaucoup sur ton humeur,il est vraiment splendide...

Elle le fixa encore un instant et démarqua les points forts du jeune homme.Ses traits étaient parfois doux et parfois bruts,le noir et le blanc donnaient une impression vraiment étrange et les silhouettes de la végétation,des vagues et de ce couple rendaient le tableau encore plus émouvant.
Elle voulut ajouter quelque chose mais se rendit compte qu'elle avait été peut être méchante en dérangeant le jeune homme.

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>> Vous aurez de l'encre noire, des tableaux noirs, des tabliers noirs. Le noir est, dans notre beau pays, la couleur de la jeunesse.
Jean Giraudoux.

Angie regardait la feuille d'un air triste. Ce moment, celui où il avait gouté aux lèvres de son amant avait été le plus beau de toute sa vie, le plus beau de dix neufs années d'existences. Ce moment, il resterait gravé à tous jamais dans sa mémoire. Parce qu'il ne pouvait aimer une autre personne que lui, parce que tout l'amour qu'il lui portait ne pouvait disparaitre. Et même si pour l'aimer il lui fallait se priver de tout, il le ferait. Même si pour l'aimer il lui fallait aller dormir sur ses ossements reposant dans un cimetière, il le ferait. Parce que les sentiments que ressentaient Angie et allaient bien au delà de la mort. Rien ne pouvait les séparer, ils étaient liés à l'infini. D'ailleurs, le tatouage qu'il portait sous son poignet droit en témoignait. Il était inscrit en lettre fine : Jun pour l'éternité. Ces simples mots signifiaient tant pour Angie, qu'il l'avait écris sur tous ses cahiers, et même sur son ancienne chambre en Angleterre. Partout où il avait pu graver ces mots il l'avait fait. Jun avait la même chose sous son poignet gauche, sauf qu'il avait remplacé Jun par Angie. Ils avaient fait ce tatouage en même temps, la même journée, pour sceller leur amour éternel.

Angie soupira. Il savait pertinament que ressasser toutes ces pensées, ça ne servait à rien. Jun était mort. Le jeune homme posa alors ses yeux sur le dessin qu'il avait fait, plongé dans la nostalgie. Les deux silhouettes, c'était eux deux nageant dans l'amour. Sous leur saule, en Angleterre. Il fit un petit sourire à cette idée. Ils avaient fait beaucoup de choses sous leur saule, en fait.

-J'ai de l'aquarelle si tu veux.Les couleurs,ça met toujours une émotion en plus...

Le jeune homme sursauta et se retourna plus ou moins brusquement. Elle avait failli lui faire faire une crise cardiaque là. Heureusement, elle n'avait pas sembler s'en rendre compte : Angie ne voulait pas passer pour quelqu'un de trouillard à ce point. Certes il s'avouait méfiant, mais quand même... La jeune femme qui avait parlé s'assit à côté de lui. Il la dévisagea pendant quelques secondes, et il en déduit que si elle trainait sur la plage la plus déserte, elle ne devait pas être en exellente forme elle non plus. Quand à sa remarque, il réfléchit quelques minutes avant de répondre doucement :

-Tu vois beaucoup de couleurs, toi, dans la vie ?

Ca n'était pas une remarque déplaisante, non, il exprimait juste son point de vue, en espérant profondément de pas froisser la jeune demoiselle. En fait, dans un sens, elle n'avait pas tout à fait tort. Le soleil, rien que le fait qu'il continue de se lever, était une source de chaleur. C'était un des merveilleux miracles de la vie ! La demoiselle enchaina :

-Ton dessin en dit beaucoup sur ton humeur,il est vraiment splendide...

Angie fit un petit sourire. Effectivement, sur ce point, il était totalement d'accord avec elle, son dessin reflétait tout à fait ses émotions : l'émerveillement dans un sens, l'amour qui régnait en maître, et puis la nostalgie de revoir ces instants passés. Quoique Picasso disait toujours que l'art n'avait ni passé, et ni futur, qu'il était toujours présent. Dans un sens, Angie voulait faire revivre ce moment. Il remercia alors à la demoiselle, esquissant un petit sourire :

-Merci, c'est gentil...

Aarf, elle avait l'air de s'y connaître en dessin. Et le qualifier de splendide, ça lui avait fait vraiment chaud au coeur. Ca voulait dire que dans un sens, il ne gâchait pas l'image de Jun, de son amour, qu'il ne bafouait pas sa silhouette. C'était stupide comme apréhension mais tel était Angie. Il lui demanda alors, la voix un peu cassée, d'une part à cause de la drogue qui lui bousillait les cordes vocales, et d'autre part la tristesse et les larmes qu'il voilait éternellement :

-Comment tu fais pour rendre toute la vie à un dessin ? Comment tu fais pour mettre des couleurs là où le dessin fait pleurer ? Explique-moi... S'il te plait.

Il avait vraiment besoin de comprendre, autant du point de vue technique que du point de vue moral. La question avait un double sens, mais une seule réponse suffisait. Discution étrange, n'est ce pas ? Tel était, une fois de plus, les relations qu'on pouvait entretenir avec Sky Angel De Northwood. Il était loin d'être un jeune homme banal, et la banalité chez lui était tellement rare qu'on se demandait souvent s'il ne venait pas d'une planète inconnue tant il faisait tout différament des autres. Il laissa échapper un petit soupir en voyant les nuages qui commençaient à masquer le soleil et son magnifique couché. Les derniers rayons disparaissaient, et bientôt la pluie coulerait à flot. Peut être dans une heure, peut être dans une journée... Angie aimait la pluie, ça, c'était la seule certitude.

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"Moi je n'aime pas la Saint-Valentin
Je hais le monde entier
Je détesterais tout tes amis
La vie de famille aussi"
(Indochine)

June était restée pendant quelques minutes sous l'émerveillement du visage du jeune homme.Point pour point il lui rappelait deux personnes.Bien entendu,il s'agissait de deux personnes que jamais plus elles ne reverraient, leurs visages juste plongés dans ses souvenirs,photos,vidéos,...mais jamais plus ils n'apparaitrons devant elle.
Les questions,plutôt les remarques du jeune homme lui arrachèrent un sourire,parce qu'elle se souvenait de cela pour avoir vécue exactement pareil.L'amour...La mort...La destruction et l'anéantissement de toute une personne.June plongea dans elle-même sortir quelques instants cette déprime et cette tristesse et l'enferma dans un tiroir plus profond,le temps de réconforter le garçon à ses côtés qui semblait être dans le même cas qu'elle.Elle allait ajouter un "désolé",parce qu'elle sentait qu'elle s'était imposée comme ça,et que elle-même n'appréciait pas trop qu'on vienne bouleverser ses moments de solitude destinés à l'art,quand le jeune homme lui demanda de lui expliquer comment on pouvait rendre un dessin plein de vies,de couleurs et de bonheur...Quelque peu perplexe,June tenta de mettre les mots sur les émotions qu'elle avaient ressentie deux ans plus tôt...

-Les couleurs ne viennent jamais directement de ce qui existe devant nous,tu les traduis comme tu les ressens.Pour ce qui est des couleurs,moi non plus je n'en voie pas des masses qui pourraient me donner le sourire.Pourtant,j'aime la couleurs des grenouilles,j'aime les couleurs sur les pochettes des disques de mon groupe préférés,j'aime le sale sur mes converses trouées,j'aime regarder,comme ce soir,les étoiles...

Elle sortit de son sac un petit cahier de croquis et quelques crayons de couleurs ainsi que deux crayons gris,sec et gras...

-Dessiner c'est en premier lieu exprimer qui tu es.Jamais nous dessinerons tous pareil,où alors il y aura ceux qui n'ont aucun sentiments,aucune personnalité,autrement dit des idiots ou des robots...

Elle esquissa rapidement avec ses deux crayons gris le paysage qu'elle voyait devant elle,laissant des endroits plus foncés et d'autres plus clairs,voir même difficile à voir les traits.

-Ca c'est le paysage comme je le vois maintenant...C'est pas le top pour moi...comme pour toi j'ai l'impression...Mais ça reste qui je suis et ce que je veut...

Elle gomma quelques traits,en rajouta un ou deux,puis saisisa ses crayons de couleurs...

-Et maintenant,j'ajoute juste,ce que j'aimerai voir,ce que je verrais si tout cela n'était pas arrivé,que mon frère n'avait pas défendu sa meilleure amie de stupides moquerie,que mon amoureux n'avait pas pris ce maudit bateau....

Son dessin fut alors rempli de quelques touches de couleurs par ci par là,laissant des endroits gris mais rehaussé d'un bleu pâle ou foncé,un soleil pas trop vif mais les nuages rouges qui le surplombait...

-Et voilà,comment,j'essaye de guérir,à travers le dessin...

Elle passa ses crayons de couleurs au jeune homme après avoir délicatement rangé ceux ci dans la précieuse boite que la jeune fille gardait toujours sur elle,un pinceau dedans.Elle fixa le dessin du garçon et eu de nouveau un petit coup dans le cœur.Fouillant dans son sac,elle lui offrit une nouvelle feuille

-Garde ton premier,c'est toujours intéressant et puis je le trouve très réussi.

Elle pris un feutre fin de couleur noir et exécuta d'un rapide mouvement en bas à droite sur son dessin qu'elle venait de finir,son prénom:June.

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