Les petites insultes commençaient à fuser, comme « crétin ». On en arrive rarement à ce point là mais bon, que voulez-vous ? Il arrive des moments où on a besoin de crier face à des histoires qui nous dépassent. Et visiblement, Maria et moi n'étions pas prêts à être d'accord sur celle-ci, d'où le haussement de voix et les mots un peu trop familiers. Heureusement qu'il n'y avait que nous deux à la maison, sinon, nous aurions effrayé bien des personnes. Et là, pour nous calmer, il en fallait beaucoup. Je fronçais les sourcils. « Si tu tiens tant à savoir ce que l'on s'est dit ; je m'en suis prise plein la gueule pendant plus d'une heure. » Je l'observais un instant et répliquais non sans méchanceté. « Si tu t'en ai pris plein la gueule, t'aurais dû partir comme tu sais d'habitude si bien le faire ! »

« Tu vois, c'est exactement pour ça que je ne voulais rien te dire ! Pour éviter une engueulade supplémentaire entre nous ! » Je me relevais de la chaise, ne pouvant véritablement pas tenir en place. J'étais trop énervé pour cela. Les nerfs... « Non, on ne se serait pas engueulé car ça m'aurait prouvé que cela n'avait aucune signification ! » Mais bon, à quoi bon tenter de lui faire comprendre ? Comme d'habitude, nous étions trop butés pour nous calmer. Nous avions chacun notre point de vue et il semblait impossible de changer celui d'un.

Et là, elle eut la question qui m'énerva davantage. Le fameux « Qu'est-ce que tu fais avec moi ? ». Comme si elle ne le savait pas. C'était bien le genre d'interrogation que je détestais, surtout venant de sa part. Ça semblait assez logique que c'était parce que j'étais amoureux d'elle. Si je ne ressentais rien pour elle, je ne lui accordais aucune importance et donc, je ne prendrais même pas la peine de m'engueuler avec elle. Mais ça, elle ne le comprenait visiblement pas. « Oh arrête un peu avec ça ! Tu sais bien que si je suis avec toi, c'est parce que je t'aime ! Si ce n'était pas le cas, je ne me prendrais pas autant la tête avec toi, je ne serais pas là à m'énerver en t'imaginant avec lui, je ne fermerais pas ma gueule en laissant une gamine qui est désormais ma fille m'en foutre plein la gueule, je ne prendrais pas la peine de me confronter à ta jalousie, à ta paranoïa, à ton soucis de tout vouloir bien faire et j'en passe ! »

J'observais Maria dans les yeux, avant de reprendre. « Je ferme assez ma gueule en ce moment pour le petit bonheur de tout le monde. Mais là non, je ne peux pas me taire également sur ça. Je passe mon temps à encaisser et ça, c'est la chose en trop, tu peux comprendre ?! » J'estimais donner assez de ma patience et ça, la brunette ne pouvait pas dire le contraire. Oui, à mes yeux, je me comportais assez bien d'habitude pour là, avoir le droit de gueuler un bon coup face à cette nouvelle. Mais le pire, c'est que pour Maria, ce qu'il s'était passé, son silence, tout ça, c'était normal. Où va le monde ?

C'était la première fois qu'Edward lui reprochait le fait de fuir d'habitude lorsqu'ils se disputaient. Peut-être comprenait-il maintenant un petit peu mieux les raisons pour lesquelles elle préférait s'en aller plutôt que d'entendre ce genre de choses. Ah il devait être sacrément surprit de ne pas l'avoir encore vu prendre la porte, mais alors là il pouvait clairement se taper le cul par terre comme on dit, elle ne partirait pas, pas cette fois alors qu'au fond elle n'était fautive de rien, ah non, il ne fallait pas non plus pousser le bouchon trop long !

Les mots partaient à une vitesse incroyable entre les deux futurs mariés, d'où la question qui se voulait rhétorique de la brunette à savoir pourquoi est-ce qu'il était avec elle en ce moment. Qu'il pouvait être con parfois aussi. Comme si elle ne savait pas pourquoi il était avec elle, est-ce qu'il le faisait exprès d'être idiot ou quoi ? Rah, rien de tel pour énerver la brunette encore un petit peu plus, tant qu'à faire.

« C'était une question rhétorique ! Et puis, excuse-moi de vouloir que tout soit toujours parfait, j'ai été élevée comme ça, et ce n'est très certainement pas à mon âge qu'on va me changer, sache-le ! »

Ah il la cherchait, il la trouvait. Lorsque Maria était vraiment remontée contre quelqu'un, ses mots pouvaient parfois dépasser sa pensée, bien que cela arrive rarement tout compte fait. Edward et elle ne s'étaient jamais engueulés d'une telle façon, comme quoi toutes les choses commencent toujours un jour ou un autre après tout. Elle ne bougeait pas, contrairement à Edward qui faisait les cent pas. Hors de question pour elle de s'épuiser alors qu'elle commençait à s'essouffler de plus en plus rapidement à cause du rétrécissement de sa cage thoracique due à sa grossesse. Maria préférait garder de l'air pour gueuler un bon coup contre Edward.

« Tu encaisses...oui, mais tu n'es pas le seul ! Et puis cesse un peu de te faire passer pour le malheureux ! Je sais que les choses ne sont pas faciles par rapport à Ambre, mais ça non plus je n'y suis strictement pour rien ! Le fait qu'elle ait du mal avec toi, ça pardonne-moi mais je ne l'avais pas franchement prévu alors arrête ! Tu ne vas pas, en plus, me reprocher ce truc-là non ?! »

A en croire ce que disait présentement Edward, le fait qu'Ambre ne l'accepte pas était facile à vivre pour la brunette, mais que croyait-il franchement ? Qu'elle appréciait de voir sa propre fille renier son père ? Oui, bien-sûr, elle adorait la situation dans laquelle leur famille était plongée ces derniers temps. Il leur fallait arrêter de toujours vouloir donner le change, cette fois-ci, la coupe était pleine, des deux côtés !

Que je cesse de me faire passer pour le malheureux ? Mais elle se foutait complètement de moi. Qui sait qui garde le sourire malgré tout ce qu'il se prend dans la gueule ? C'est bibi ! Il est temps qu'elle ouvre les yeux là-dessus. Je fais beaucoup de concessions pour elle. Alors non, je ne pouvais pas lui mettre sur le dos le fait qu'Ambre me déteste, mais qui c'est qui a voulu l'adopter ? Elle l'a voulue, j'ai accepté sans broncher. Enfin bon, pourquoi s'étaler sur ce sujet ? J'en avais plus qu'assez de cette situation. J'observais Maria dans les yeux, elle semblait tout aussi énervée que moi. « C'est bien, t'as raison, excuse moi d'avoir mal réagit ! Maxence t'as embrassée ? Trop bien ! Je bande juste à vous imaginez tous les deux ! » C'était comme ça qu'elle voulait que je réagisse ? Très bien, mais elle savait que je n'en pensais pas moins. « Excuse moi de me plaindre pour Ambre. Excuse moi d'avoir mal pris ta réaction quand tu as foutu en l'air notre soirée de fiançailles à cause d'un coup de téléphone. Excuse moi d'avoir sympathisé une fois avec une étudiante, je comprends vraiment ta jalousie sur ce point. » Je gardais les sourcils froncés.

Je continuais de regarder Maria dans les yeux. Ah l'amour, l'amour, l'amour... Mais bon, tous les couples on le droit à ce genre de petits moments peu agréables. Les couples qui ne se disputent jamais ne durent que rarement dans la mesure où les deux personnes accumulent sans cesse avec silence. Donc un jour, lorsqu'une goutte fait déborder le vase, tout explose. Avec Maria, nous n'avions pas ce problème étant donné que nous nous prenions la tête mh... très souvent. Oh, ça ne durait jamais très longtemps, mais c'était parfois bien violent. Le fait est que nous avons tous les deux un fort caractère et nous ne nous laissons pas faire. Certains disent que pour qu'un couple marche, il faut qu'il y en ai un qui soit plus soumis que l'autre. Avec la brunette, aucun de nous n'était le soumis. Nous étions deux dominateurs qui se bagarraient parfois comme deux chiens affamés pour un morceau de viande.

« Oh ! That's me bollocks ! » Expression irlandaise qui signifit mh... que je suis énervé, tout simplement. Ainsi, j'avais crié ces quelques mots en guise de fin, tout en me dirigeant dans la cuisine. Maria me faisait clairement chier présentement et c'était réciproque. Et visiblement, nos points de vue n'allaient pas changer. Donc autant nous calmer chacun dans notre coin. Là, ce n'était pas de la fuite, car nous avions « discuté ». La preuve, c'était la première fois que ça allait aussi loin, que le volume était autant haut et que les mots étaient aussi violents. Mais que voulez-vous ? Il faut une première fois à tout. Ce qui est sûr, c'est que nous ne nous ennuyions jamais elle et moi. Pourtant, je devais avouer qu'à la fin, les prises de têtes fréquentes commençaient à peser lourdement sur notre couple, sans pour autant affecter nos sentiments. Enfin si, peut-être que ça les rendaient plus fort.

Voyant Edward partir en jurant de manière purement irlandaise, Maria soupira et décida de se rendre dans la chambre pour aller prendre des vêtements et ensuite aller prendre une bonne douche bien chaude. C'était vraiment du grand n'importe quoi toute cette histoire, mais bon, au moins maintenant Edward était au courant, et puis il avait fait quelque chose de tout nouveau ; déballer son sac. Mais alors là, il y avait été même franco ! Maria savait dorénavant que son compagnon en avait gros sur le cœur et qu'il lui en voulait pour plusieurs choses. Se rendant donc dans la chambre, la brunette prit des affaires un peu sans réfléchir et alla s'enfermer dans la salle de bain. Fermant la porte à clefs derrière elle, la brunette s'appuya dos contre cette porte et s'y laissa glisser. Soupirant, elle termina alors assise par terre, ses affaires étalés à côté d'elle. La respiration soudainement plus saccadée, ce qu'elle redoutait ne tarda pas faire son apparition ; les larmes. Les derniers mots d'Edward envers elle avaient été les plus difficiles qu'elle n'ait eu à entendre de la bouche de celui qui l'avait demandé en mariage. Il ne voulait pas comprendre que ce baiser donné par Maxence n'avait vraiment aucune signification pour Maria exceptée, peut-être, celle d'un « au revoir ». Aujourd'hui, c'était Edward qu'elle aimait et non pas Maxence. Mais ça apparemment Edward en doutait dorénavant. Tant qu'à faire.

Au vu de ce qu'avait dit l'irlandais, c'était presque s'il ne semblait pas clairement regretter d'avoir adopté la jeune Ambre. Alors ça, ça serait le plus difficile à avaler pour Maria qui ne pourrait pas accepter d'entendre qu'il avait signé les papiers juste parce qu'elle avait voulu adopter l'enfant. Alors là non, ce serait de trop pour la future maman. Lorsqu'on décide d'adopter un enfant, on le décide car on en est sûr, non pas parce qu'on aime une personne, enfin pas seulement plutôt.

Se relevant au bout de quelques minutes, la brunette déplia convenablement ses vêtements et alla pour prendre sa douche jusqu'à ce qu'elle ressente une légère douleur dans le ventre, le contre-coup de la colère pour le bébé, il faisait – à sa manière – comprendre à sa mère qu'elle devait se calmer, pour leur bien. Ce qu'elle fit, difficilement mais le fait de prendre une douche fit du bien à la brunette qui se détendit finalement. Vêtue d'une tenue spéciale femme enceinte, c'est-à-dire un pull à col roulé large et un jeans, Maria se coiffa simplement d'une queue de cheval et ne prit, pour le coup, même pas la peine de se maquiller, elle n'en avait pas le cœur.

Sortant de la salle de bain avec sa tenue pour dormir, elle alla ranger celle-ci dans la chambre, fit le lit ouvrit un peu la fenêtre pour aérer et hésita à retourner au salon, elle n'était pas très sûr de vouloir voir Edward après ce qu'il s'était passé.

Je n'avais pas adopté Ambre uniquement parce que j'étais amoureux de Maria. Enfin, tout dépendait du point de vue. À la base, c'était elle qui voulait adopter la gamine. Et dés que nous sommes devenus très amis, j'ai accompagné la brunette plusieurs fois à l'orphelinat. Ainsi j'ai rencontré la fillette et j'avoue clairement m'y être attachée. À cette époque, elle m'appréciait bien. Puis je me suis mis en couple avec Maria. Elle sait que j'adore les enfants. De plus, j'appréciais beaucoup Ambre. Donc je n'ai pas refusé qu'elle continue de faire des efforts pour réaliser son rêve. Je ne regrette pas d'avoir adopter la fillette, mais soyons réalistes, Maria a bien plus d'affinités avec elle que moi. De plus, si j'avais été célibataire, je ne l'aurais pas adoptée dans la mesure où j'ai déjà deux enfants. C'était la seule différence. Après, effectivement, je ne savais pas ce qui m'attendait, je ne pensais pas que la gamine m'en ferais voir de toutes les couleurs sous prétexte que je lui prends sa mère. Si je l'avais su, j'aurais réfléchi à deux fois probablement. Ou pas, par amour, on ferait n'importe quoi.

Je laissais Maria aller dans la salle de bain. Pour ma part, je sortais de la cuisine et allais me poser dans le salon, dans le canapé. Le seul témoin de toute cette dispute fut le chien de mes parents, le border collie. Et alors que j'étais allongé, il monta sur le sofa pour s'installer à côté de moi. Sa tête se posa sur mon torse, alors que je le caressais machinalement. Cela m'apaisa un peu, contrairement à ce que je pouvais croire. L'animal, affectueux, semblait ressentir ce que je vivais, car il ne fut pas joueur, contrairement à son habitude. Il tentait seulement de se montrer tendre et présent. Mon petit Buck.

J'espérais que je n'entendrais plus jamais parler de Maxence, même si je l'avais toujours apprécié. Il fut un ami autrefois, avant que Maria ne le trompe avec moi. Aujourd'hui, je ne souhaitais même pas le voir en peinture. Alors que la brunette, elle, culpabilisait grandement à l'idée de lui avoir brisé le cœur, je comprenais que les hommes n'avaient pas du tout la même façon de penser que les femmes. Nous, on s'en foutait, on défendait notre territoire, comme un animal qui n'hésite pas à se battre avec un autre pour garder sa femelle. Et bien nous étions pareils, même si on se disait plus civiliser. Si Maxence avait pu reconquérir Maria, il l'aurait fait et il s'en serait foutu de me faire souffrir comme lui a pu souffrir. On tente sa chance. C'est tout. On veut garder notre femme.

J'entendais Maria sortir de la salle de bain. Elle s'enferma dans la chambre. Pour ma part, je restais là, allongé dans le canapé avec le chien, la télévision allumée. Je finissais légèrement recroquevillé contre moi-même, avec une boule dans l'estomac suite à ce qu'il s'était passé. Heureusement que tout le monde avait déserté la maison, sinon, ça aurait été particulièrement gênant pour nous tous. Ma tête posée contre l'accoudoir, je reniflais un instant et fermais les yeux. Voilà, notre dispute me travaillait. Et merde. Ça commençait vraiment à me souler.

Seule dans cette grande chambre, la brunette s'allongea sur le lit et ferma les yeux un instant. Non, tout ceci n'était pas un simple cauchemar que l'on combat en ouvrant simplement les yeux. Malheureusement. Rouvrant les yeux, la brunette poussa un léger soupir et se redressa doucement. Il faudrait bien qu'elle descende à un moment ou à un autre de toute façon. Se relevant, Maria quitta la chambre, referma la porte derrière elle et descendit en direction du salon où se trouvait toujours Edward, au grand damne momentané de Maria. Le voyant sur le canapé, la brunette baissa le regard préférant ne plus le voir pour le moment et se dirigea tranquillement vers l'entrée de la maison pour prendre ses chaussures ainsi que son manteau, c'est qu'il faisait froid en Irlande à ce moment-là précis de l'année. S'emmitouflant, la brunette ouvrit ensuite la porte de la maison et sortit sans se retourner.

La porte refermée, Maria décida qu'il lui serait sans doute bon pour elle de se balader, question de réfléchir à tête reposée et de prendre par la même occasion un bon bol d'air frais. Respirant un grand coup, Maria se mit en marche. Elle avait prit son téléphone portable sur elle malgré tout, question de n'inquiéter personne non plus, ce n'était guère le but recherché. Tout ce que voulait Maria présentement c'était retrouver un minimum de paix après la dispute d'avec Edward.

Ce fut au bout d'une demie heure de marche que la directrice de Berkeley se dit qu'il serait peut-être temps d'arrêter de marcher. Alors ce fut ce qu'elle fit. Elle s'arrêta. Elle s'asseya à même le sol et regarda simplement le ciel. Sa colère était passée, pas sa déception. Evidemment, Maria savait bien qu'Edward était aussi très déçu, mais ils ne l'étaient définitivement pas pour les mêmes raison. C'est alors qu'elle entendit son portable sonner.

Je détestais me prendre ainsi la tête avec Maria. Néanmoins, je n'avais pas non plus envie de capituler encore une fois, de fermer les yeux et faire comme s'il ne s'était rien passé. Hors de question que je lui demande pardon, car au final, ce n'était pas moi le fautif. Ah si Maxence n'avait pas été dans un autre pays, je serais certainement aller à sa rencontre pour lui casser la figure. Soit. Comme disait Maria, le passé est le passé, et ce n'est pas en fulminant ainsi que le baiser serait effacé. Enfin, c'est plus simple à dire qu'à faire, avouons le. J'avais seulement besoin de me retrouver seul. Maria aussi apparemment. En effet, cette dernière quitta la maison, certainement pour se balader. Quelques minutes plus tard, je fis de même. J'enfilais mes chaussures, enfilais ma veste et je quittais la demeure, accompagnée de Buck qui n'était apparemment pas décidé à me quitter d'une semelle. Tant pis, ce n'est pas comme si il me gênait.

La neige avait fondu. En effet, lorsque nous étions arrivés en Irlande, le 23 décembre, mes enfants jouaient dehors à faire des bonshommes de neige avec leurs oncles. Là, le soleil avait pointé d'avantage le bout de son nez. Nous avions eu une journée avec des températures au-dessus de zéro, ne laissant aucun répit au manteau blanc. Aujourd'hui, tout avait fondu. Il ne pleuvait pas. Le soleil était présent. Mais sincèrement, les températures n'étaient pas des plus agréables. Quoi qu'il en soit, ça ne m'empêcha pas de sortir. Je suis habitué à ce vent froid.

Je retraçais un peu le chemin que je faisais, étant enfant. Comme les paysages sont très diversifiés dans ce pays, ça donnait envie de tout voir. Je me dirigeais vers un vieux château qui m'avait toujours fasciné étant gamin. Un château qui ne comportait plus d'habitants, qui appartenait au village, tout simplement. Avec mes amis, nous nous amusions à nous faire peur en racontant diverses histoires sur les habitants de cette demeure. La revoir me fit sourire. Elle paraissait moins effrayante que lorsque j'étais petit. À côté, une mare. C'est là que nous capturions des grenouilles pour faire ensuite des courses. Non, il ne faut pas grand chose pour amuser un gosse. Puis je reprenais la route. Je me dirigeais cette fois-ci au niveau des falaises. La maison de mes parents n'étant pas loin de l'une d'elles, petits, il était aisé d'y aller. Une bonne petite marche, et on avait le droit à un paysage fabuleux. Tout en haut de la falaise, je m'asseyais sur l'herbe, au niveau du bord. Buck me rejoignit. Et j'observais le paysage. Rien de tel qu'un bon bol d'air frais, non ? Je ne me lasserais jamais de cette île. Si seulement j'avais pu y faire ma vie.

Pendant ce temps

Isabelle O'Malley était rentrée chez elle avec toute la famille. La maison fut vide. Elle tenta quelques appels sur le portable de son dernier fils. Aucune réponse. Étrange. Elle décida donc d'appeler Maria. Cette dernière décrocha, à son plus grand soulagement. « Maria ? C'est Isabelle. Où êtes-vous ? On est rentré et Edward ne répond pas à son téléphone. »

L'appel venait de sa belle-mère, peut-être se passait-il quelque chose de grave avec Ambre. Décrochant donc, Maria fut rassurée de savoir qu'Isabelle ne tentait pas de la joindre pour lui dire que sa fille avait eu un accident, cependant elle fut étonnée d'apprendre qu'Edward n'était pas dans la maison et qu'il ne répondait pas à son téléphone portable. Espèce d'idiot, comme si c'était le moment de faire des frayeurs à sa propre mère. Soupirant en entendant cela, Maria chercha un instant comment expliquer les choses à sa belle-mère. Se montrer franche envers Isabelle ne serait peut-être pas une très bonne idée, car cela ne ferait que l'inquiéter encore un peu plus. Ainsi, la brunette préféra adoucir la réalité des choses à sa sauce.

« Ne vous en faîtes pas, tout va bien, nous sommes juste sortis pour prendre un bon bol d'air. »

« Oh, très bien, j'ai juste eu un peu peur sur le moment. Tu peux me le passer s'il te plait ? »

« Je...euh, à vrai dire, non. Je ne peux pas non. »

« Pourquoi cela ? Je voudrais juste lui dire quelques mots. »

« Parce qu'il n'est pas avec moi en ce moment, Isabelle. »

Ce furent les mots de trop, elle se remit à pleurer, idiotement. A croire qu'elle n'avait que cela à faire de sa journée, quelle imbécile elle faisait présentement ! Il fallait impérativement qu'elle se reprenne, elle n'avait pas le droit de se laisser aller de la sorte, ce n'était véritablement pas le moment.

« Maria, que se passe t-il ? Et ne me réponds pas « rien » sinon je vais me fâcher. »

Mon dieu, elle avait l'impression d'entendre sa propre mère.

« Nous nous sommes disputés, mais ça va, ne vous en faites pas. »

« Je préfèrerai que nous en parlions, tu me sembles bouleversée Maria. »

« Non, je te promets que ça va Isabelle, j'ai juste besoin de rester un moment toute seule. »

En effet, elle avait besoin de rester seule pour réfléchir.

Mon portable étant en silencieux, il semblait incapable d'attirer mon attention si quelqu'un désirait m'appeler. De toute façon, j'avais besoin de me retrouver avec moi-même, faire le point sur ma vie, sur cette dernière année. J'avais besoin de souffler, d'être seul. Quand est-ce que je m'étais accordé un moment comme celui-ci la dernière fois ? C'était il y a bien longtemps car je m'en souvenais difficilement. Finalement je m'allongeais sur le dos, dans l'herbe. Buck m'observait et cala son museau contre mon torse. Une main sous ma tête, j'observais le ciel clair. L'autre... elle me servait à porter une cigarette à mes lèvres. Une cigarette à chaque fois que je suis contrarié. C'est à dire qu'avec Maria, je fumais assez fréquemment comparé à ce que j'avais prévu. Oh, une cigarette par semaine. Ou bien une tout les quinze jours. Ce n'était pas ça qui allait me tuer. Et puis, c'était mon petit luxe, mon petit plaisir. Lorsque l'on fume beaucoup tous les jours, on a tendance à oublier de savourer le tabac. Là, j'en prenais conscience. Ça me faisait le plus grand bien. Un pur bonheur.

Je soufflais la fumée. Cette dernière formait un petit tourbillon en s'envolant dans les airs. Je fermais un instant les yeux et profita de ce silence. Ou plutôt, je profitais du silence humain, et des bruits de la nature. De là où j'étais, je pouvais entendre les vagues s'écraser avec légère violence sur les rochers, les mouette. Je respirais le parfum pur du large. C'était agréable. Jamais San Francisco n'arrivera à la cheville de cet endroit. Du moins, pas à mes yeux. Rien n'était plus parfait que l'Irlande. Oui, je suis un chauvin et je l'assume totalement. J'aime mon pays.

Soudain, alors que je me retrouvais avoir moi-même, j'entendis une vibration. Mon portable. Un soupir s'échappa de mes lèvres. On ne peut pas passer une heure sans être déranger. J'attrapais le cellulaire entre mes doigts. C'était ma mère. Cinq appels en absence. Oups. J'hésitais un instant, puis décidais de répondre. Affoler ma mère n'était pas ce que je souhaitais. « Edward ? Où tu es là ? » Nouveau soupir. « Pourquoi ? », répondis-je en enfant arrogant. « Qu'est ce que tu as fait à Maria ?! » Je reculais un instant le cellulaire de mon oreille en grimaçant. Ma mère à la voix qui porte quand elle s'énerve. À croire que je tiens d'elle. « On s'est disputé, rien de grave. » Elle fulminait. « Edward William O'Malley, je t'ordonne de retrouver bien rapidement ta fiancée, de t'excuser quoi que tu ais fait, et de la ramener à la maison sur le champs sinon, je te jure que tu vas m'entendre ! » Scène ironique pour beaucoup. Mh... pour ma part, je sais que je ne devais pas traîner.

Pourquoi tout de suite c'était censé être de ma faute ? Pourquoi c'était à moi de m'excuser ? Je n'étais pas vraiment d'accord avec ça. Mais bon, mieux valait que j'évite de mettre ma mère encore plus en colère, car elle pouvait devenir une vraie furie. Encore un soupir. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette et me revoilà parti, Buck marchant à côté de moi. Je ne sais pas si c'est le hasard qui fait bien les choses, mais Maria se trouvait sur mon chemin. Elle était là, assise, le yeux trempés par les larmes. Je m'approchais. Elle tourna la tête vers moi. Nos regards se croisèrent. Je me stoppais un instant, hésitant. Puis je venais m'asseoir à côté d'elle, silencieusement.