Seule, elle était complètement seule, même pas un seul mouton dans le coin, comme quoi pour le coup, Maria était vraiment toute seule dans cette vaste plaine irlandaise. Oh elle ne s'en plaignait pas, elle appréciait aussi avoir un moment de calme entier, pour réfléchir, ou pour pleurer, elle ne savait plus trop à vrai dire. Tout ce dont elle était présentement certaine, c'était bien du fait qu'elle avait besoin de repos, mais ça, elle verra ça après. Maria aurait tout le temps de se reposer une fois rentrée, pour le moment, tout ce qu'elle souhaitait c'était se relaxer, et non pas se reposer, nuance. Se passant une main sous les yeux, elle essuya les larmes qui ne cessaient de couler. Bon sang, elle ne supportait pas devoir se disputer de la sorte avec Edward, elle l'aimait tellement. Imaginez que le reste de leur vie se résume à ça...mais ils ne feraient pas long feu, elle en était persuadée. Seulement, la brunette ne voulait en aucun cas perdre l'homme à qui elle avait dit « oui » quelques semaines auparavant.

Maxence avait semé une belle pagaille entre les deux futurs mariés en embrassant la brunette, mais cette dernière ne parvenait toujours pas à lui en vouloir comprenant malgré tout le fait qu'il ait tenté le tout pour le tout, une dernière fois, pour voir. Si elle avait été à la place du français, elle aurait très certainement agit de la même manière, alors pourquoi le blâmer franchement ? Ça n'en valait nullement la peine quand on y repensait à deux fois. Ce baiser n'avait vraiment pas compté pour Maria, mais ça Edward ne semblait pas l'avoir comprit, mais pour ça elle ne lui en voulait pas non plus autant que cela. En fait, elle ne lui en voulait pas du tout. Bien-sûr, elle était clairement déçue qu'il ait réagit d'une façon aussi brutale et menaçante, mais elle ne lui en voulait pas pour autant, ça c'était on ne peut plus clair dans l'esprit de la directrice de Berkeley.

Une brise d'air plus fraîche que les autres se fit ressentir dans la plaine, la brunette frissonna. Ce fut à ce moment précis qu'elle aperçut Edward, se tenant debout, non loin d'elle, avec le chien de ses parents. Leurs regards se croisèrent, pour ne plus se détacher par la suite. Mal à l'aise qu'il la voit dans cet état aussi pitoyable, la brunette baissa brutalement la tête et ramena ses genoux contre sa poitrine, comme pour se protéger d'une éventuelle nouvelle dispute entre eux. Elle ne ressentait même plus la force de crier présentement. Tout ce qu'elle aurait voulu, c'est que tout s'arrange, mais ça, ça semblait clairement impossible, surtout quand on voyait la situation dans laquelle les deux futurs mariés étaient plongés en ce moment. Lorsqu'il s'installa à côté d'elle, Maria apprécia son silence, elle voulu l'en remercier mais ne voulu pas non plus rompre ce si beau silence les entourant, alors elle se contenta de regarder droit devant elle.

Le silence, c'est beau, mais à partir d'un moment, ça devient surtout affreusement pesant, et ce fut au bout de quelques minutes d'un silence de plombs entre eux que Maria craqua et s'adressa à l'homme irlandais, assit à côté d'elle.

« J'aurai voulu que tu ne le saches jamais, que tu vives avec ça en moins sur la conscience. Je suis désolée. »

En effet, si elle avait pu remonter dans le temps, Maria aurait fait en sorte de mettre son portable sur silencieux, ou bien de se réveiller avant Edward. Il ne serait alors jamais tombé sur ce fichu sms et tout irait finalement pour le mieux entre eux deux présentement. Mais comme on ne peut tout simplement pas changer le passé...

« Tu regrettes l'adoption d'Ambre ? Sois franc s'il te plait. »

Sa voix était triste, ce qui pouvait se comprendre, seulement Maria préférait savoir maintenant si ce qu'elle croyait été vrai ou bien si c'était son imagination qui lui jouait simplement et purement des tours comme bien souvent, trop souvent.

Nous restâmes un moment dans le silence, comme si nous en avions tous les deux besoin. L'un à côté de l'autre, je regardais droit devant moi. Ma colère était passée. À présent, le calme régnait en moi. Oh, j'en voulais toujours à Maria de m'avoir caché ce qu'il s'était passé, mais disons que j'étais davantage ouvert à la discussion pour comprendre le pourquoi du comment. Ça ne voulait néanmoins pas dire que j'acceptais cela. J'avais envie d'avoir un geste tendre envers Maria, afin de lui faire comprendre qu'elle était trop importante pour moi pour lui faire la tête encore longtemps. Mais je ne fis rien, probablement de peur qu'elle me repousse. Elle avait pleuré. Cette idée me déchira le cœur en deux. Je détestais être à l'origine des larmes, autant que je détestais la voir pleurer. Une envie de la prendre dans mes bras, de la consoler, de lui chuchoter des mots doux à l'oreille, juste pour voir naître sur son visage d'ange un beau sourire dont elle seule avait le secret. Voir une femme pleurer, c'est beau, c'est triste, c'est touchant. Mais quand c'est Maria, sans que je ne puisse expliquer pourquoi, ça me bouleverse bien plus. Oh, n'importe qui dira que c'est parce que je suis amoureux d'elle. Le fait est que depuis que je l'ai rencontrée, depuis la première fois où je l'ai vue pleurer, j'ai été bouleversé. Peut-être parce qu'elle paraît totalement innocente, parce qu'elle se montre toujours dure, professionnelle et forte. On se rend donc compte que dans le fond, elle est fragile.

« J'aurai voulu que tu ne le saches jamais, que tu vives avec ça en moins sur la conscience. Je suis désolée. » Visiblement, nous ne serons jamais d'accord sur ce sujet. Pour ma part, je préférais être au courant et ce, dés le début si possible. Apprendre bien après quelque chose qu'on a longtemps tenté de cacher, ça blesse, sincèrement. Je ne répondais néanmoins rien à Maria, préférant garder le silence. « Tu regrettes l'adoption d'Ambre ? Sois franc s'il te plait. » Je tournais la tête vers elle, afin de la regarder dans les yeux. C'était une question à laquelle, au final, je m'attendais un peu. Je m'asseyais juste en face de la brunette, de façon à pouvoir l'observer. Elle voulait que je sois franc ? Je le serais le plus possible. Après, je ne pouvais dire si ma réponse lui plairait, ou bien si au contraire, elle m'en voudrait.

« Non, je ne regrettes pas de l'avoir adoptée. Ce que je regrette, c'est la tournure dont prend les choses... » Je parlais d'un ton calme et posé. Loin de moi l'envie d'élever de nouveau la voix contre elle. « Je t'avouerais que ça fait mal quand elle joue avec mes nerfs, quand elle... quand elle dit qu'au final, je ne suis pas très important, qu'elle ne me considère pas comme son père, que je ne suis que celui avec qui elle doit te partager. » Je baissais un instant mes yeux bleus sur l'herbe. « C'est pire quand l'enfant qui te traite comme ça est le tien. » Je relevais la tête en me passant une main lasse sur le visage. Je n'avais pas non plus envie qu'elle s'en rende malade. Ce n'était pas le but rechercher. Je préférais encore souffrir tout seul dans mon coin. « Mais ne t'inquiète pas, ça va s'arranger avec le temps. Et puis, je tiens le coup. »

Entendre Edward se dévoiler quant à ce qu'il se passait avec leur fille fit autant de bien que de mal à Maria, mais en même temps, c'était elle qui avait désirée savoir ce que ressentait véritablement Edward, alors elle ne pouvait que s'en prendre à elle-même si elle en souffrait maintenant. Apparemment, le professeur avait beaucoup de mal à supporter le comportement de l'enfant vis-à-vis de lui. Qui n'en aurait pas en même temps ? Pendant qu'il lui expliquait ce qu'il ressentait, Maria refusa de le quitter des yeux, elle voyait bien qu'il n'allait pas bien et c'était en majeure partie de sa faute. Après tout, si elle n'avait pas fait que penser à elle ainsi qu'à son petit bonheur, ils n'en seraient sans doute pas arrivés-là à l'heure actuelle. Définitivement, si quelqu'un était plus responsable qu'un autre ; c'était bien Maria.

« Je suis désolée, ce n'était pas ce que je voulais. »

Se pinçant les lèvres, la brunette détourna finalement le regard, de nouveau mal à l'aise. Son futur mari n'allait pas bien et elle n'avait même pas été fichue de s'en rendre compte. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez elle franchement ? Il fallait vraiment qu'elle n'ait pas les yeux en face des trous pour ne pas se rendre compte que l'homme qu'elle aimait n'allait pas bien.

« Au fond, tout ce que je voulais, c'était qu'on soit heureux, qu'elle s'intègre bien, qu'on forme une belle et grande famille. » On sentait une pointe de sarcasme dans sa voix. « Mais au lieu de cela, voilà ce à quoi on a finalement le droit...des disputes, des disputes et encore et toujours des disputes. »

Regardant de nouveau son conjoint dans les yeux, la brunette se fit violence pour ne pas craquer encore une fois, elle l'avait suffisamment fait pour aujourd'hui selon elle. Prenant une profonde inspiration, Maria se leva finalement, croisa les bras contre sa poitrine et se détourna d'Edward. La situation dans laquelle leur couple était plongée en ce moment semblait tel un cercle vicieux duquel il leur était tout bonnement impossible de s'échapper. Seulement, ils ne pouvaient plus rester comme cela, ce n'était pas possible, sinon elle allait finir par devenir complètement dingue et elle ne doutait pas du fait qu'Edward ne tiendrait plus très longtemps non plus.

« Ta mère m'a téléphoné, elle te cherchait, tu ferais mieux de rentrer si tu ne veux pas qu'elle s'inquiète davantage. »

Non pas qu'elle ait envie qu'il s'en aille – bien au contraire – mais elle ne voulait pas non plus que sa belle-mère s'inquiète de la pseudo disparition de son fils. Isabelle était une femme formidable qui ne méritait certainement pas qu'on l'inquiète inutilement.

Je ne souhaitais pas blesser Maria en lui avouant ce genre de choses. Mais elle voulait que je sois sincère, donc j'ai déballé tout ce que j'avais sur le cœur, tentant d'avoir un minimum de tact, afin de ne pas la rendre malade à ce sujet. Apparemment, c'était mal parti pour qu'elle réagisse bien. Oh, elle ne me disputa pas. Ça aurait été stupide de sa part en fait. Mais elle semblait énervée contre elle-même. Peut-être se rendait-elle compte qu'au final, ce n'était pas ce qu'elle avait espéré pour nous, pour elle. « Je suis désolée, ce n'était pas ce que je voulais. » Je me mordillais également la lèvre inférieure. C'est là que je prenais conscience qu'à force d'être ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, nous commencions à avoir certaines mimiques en commun. J'aurais aimé la prendre dans mes bras, afin de la consoler. Je refusais clairement qu'elle soit mal à cause de moi. C'est la raison pour laquelle la plupart du temps, lorsque ça n'allait pas, je tentais d'être le plus discret et le plus silencieux possible. J'aurais préféré qu'elle croit que tout se passe bien, et qu'elle garde donc ce magnifique sourire qu'elle arborait bien souvent.

« Au fond, tout ce que je voulais, c'était qu'on soit heureux, qu'elle s'intègre bien, qu'on forme une belle et grande famille. Mais au lieu de cela, voilà ce à quoi on a finalement le droit... des disputes, des disputes et encore et toujours des disputes. » Je me levais à mon tour et m'approchais doucement d'elle. Aucun geste brusque. Je glissais ma main sur son épaule et la laissa tomber dans son dos. Un soupir s'échappa de mes lèvres bien qu'il fut si discret qu'elle ne put pas l'entendre. Je ne savais pas trop quoi répondre à ça. Disons que je ne savais pas quels mots employer pour la consoler, pour la réconforter. C'était une situation difficile. Soit les couples étaient incapables de vivre seulement d'amour et d'eau fraîche. Soit il devraient nous donner le mode d'emploi. « Ta mère m'a téléphonée, elle te cherchait, tu ferais mieux de rentrer si tu ne veux pas qu'elle s'inquiète davantage. »

Je secouais négativement la tête, mais si Maria ne pouvait pas me voir comme elle se trouvait dos à moi. « Ne t'inquiète pas, j'ai réussi à l'avoir au téléphone et... elle m'a ordonné de te ramener à la maison. » Je laissais un fin sourire se dessiner sur mes lèvres. Puis je me plaçais face à la brunette pour pouvoir la regarder dans les yeux. Nous ne pouvions pas fuir cette discussion, je pense qu'elle était assez importante pour l'avenir de notre couple. « De toute façon, qu'est-ce que tu veux y faire ? Comme tu le dis, le passé est le passé. On a été deux à l'adopter, j'ai aussi ma part de responsabilités. Elle pourra me traiter aussi mal qu'elle le voudra, je resterais en grande partie responsable de ça. Et puis... des disputes tous les couples en connaissent, non ? » Je baissais un instant les yeux sur le sol, comme si ce dernier avait pris une grande importance. Puis je relevais le regard vers Maria. « Tu sais, notre couple, c'est comme une pizza, une très bonne pizza. Il a beau y avoir plusieurs olives dégueulasses dessus, cette pizza reste délicieuse. Là c'est pareil. Tous les petits problèmes qui peuvent arriver ne sont pas assez importants pour que l'on renonce à notre couple. » Ah, moi et mes métaphores... « Désolé pour la métaphore pourrie, mais j'ai toujours pas mangé de la journée. » Petit sourire enfantin qui, je sais, la faisait toujours craquer. Je laissais ma main glisser sur sa joue. « Et puis, il ne faut pas perdre espoir, on finira bien par devenir la meilleure famille du monde. » Je lui adressais un clin d'œil confiant et ouvrais mes bras, lui faisant ainsi signe de venir contre moi pour un câlin.

Lorsqu'Edward évoqua une pizza pour parler de leur couple, la brunette ne put s'empêcher d'esquisser un petit sourire. Qui ne dura cependant pas. Cela aurait été bien trop facile, et le mode facilité n'avait pas été enclenché à la naissance de Maria. Elle se sentait toujours aussi fautive dans cette histoire, et ce sentiment était une partie intégrante de la femme qu'elle était devenue au fil des années, au fil des drames vécus également. Oh, il ne fallait pas croire non plus qu'elle culpabilisait pour tout et n'importe quoi, mais disons seulement que le mot culpabilité devait être inscrit sur son front. Qui sait, c'était peut-être son nom de code.

Le voyant ensuite ouvrir ses bras pour qu'elle puisse venir tout contre lui, la brunette hésita un instant. Il lui en voulait très certainement encore, et ça elle n'arrivait pas à tirer un trait dessus, mais malgré cela, elle savait également qu'il l'aimait et que toutes leurs disputes ne vaincraient certainement jamais ce sentiment-là. Finalement, Maria ne tint pas longtemps avant de finir dans les bras de son compagnon, le visage enfoui dans son cou. C'était bien là où elle se sentait le mieux décidément.

Ne sachant pas quoi dire à son compagnon en guise d'excuses, Maria se contenta de rester blottie dans les bras de son compagnon un moment, profitant de son odeur, de sa simple présence aussi. Que pouvait-elle dire ? Qu'elle était persuadée qu'ils allaient former une belle famille à un moment donné ? Elle n'y croyait pas. Qu'elle avait peur ? Il ne le savait que trop bien. Qu'elle ne savait plus comment faire ? Ah ça...il n'avait pas besoin d'entendre ça. En clair, la directrice faisait encore mieux de se taire et de laisser faire le temps, aussi idiot cela puisse t-il paraître.

« Tu sais ce qui ce serait bien ? C'est qu'on revienne en arrière...que tu y réfléchisses un peu plus. J'ai l'impression de t'avoir mit le couteau sous la gorge avec cette histoire de demande d'adoption. On a tellement voulu accélérer les choses après sa greffe qu'on en a oublié l'essentiel ; au départ, tout ce que l'on souhaitait, c'était être ensemble, comme deux amants se cachant du reste du monde. Mais regarde-nous aujourd'hui, on a l'air d'un vieux couple tout ce qu'il y a de plus banal avec ses problèmes avec les enfants, les chiens et le travail. Est-ce que c'est vraiment ce que l'on voulait Ed ? »

La voilà la véritable question. Est-ce que la vie qu'ils avaient maintenant était celle qu'ils avaient voulus à la base lorsque, cet été, ils s'étaient révélés la véritable nature de leurs sentiments. Après tout, encore pour Maria ce train-train quotidien pouvait passer, mais pour Edward qui était encore jeune, il devait commencer à trouver le temps long, non ?

« Ne vas pas croire que je ne suis pas heureuse comme ça, seulement...je me dis que tu ne rêvais peut-être pas de ce genre de vie avec moi. Depuis que nous sommes ensemble, tu fais tout pour me rendre heureuse, mais est-ce que c'est vraiment toujours ce que tu désires ? »

Il était grand temps pour les deux futurs mariés de se poser les bonnes questions, même si elles étaient plus ou moins difficiles à entendre, c'est vrai. Il fallait qu'ils voient, tous les deux, la vérité en face. Et si la vie qu'ils avaient en ce moment n'était pas celle dont ils rêvaient ?

Je savais que même si Maria pouvait encore m'en vouloir d'avoir autant haussé la voix lorsque nous nous sommes disputés, elle accepterait de venir dans mes bras pour que nous partagions un câlin ensemble, car au final, c'était un des seuls comportements à adopter pour qu'elle se sente un peu mieux. Et je ne me trompais pas. En effet, elle n'hésita pas longtemps à faire un pas vers moi pour se caler contre mon corps. Ainsi, je refermais mes bras puissants autour de sa taille, et la laissais blottir son visage contre mon cou. Je déposais un baiser sur sa tête, au niveau de ses longs cheveux bruns, seul endroit que je pouvais atteindre convenablement. J'eus un fin sourire car je trouvais cette scène particulièrement attendrissante. Même lorsque nous nous engueulions, on ne pouvait résister à l'envie de venir l'un dans les bras de l'autre. Au final, c'était normal, non ? On dit souvent que c'est lorsque l'on se sent bien et en sécurité dans les bras de la personne avec qui l'on est, que l'on sait avec certitude que c'est de l'amour qui nous unit. Mes mains caressèrent avec tendresse son dos, dans de gestes tendres et francs à la fois. Nous restâmes quelques instants dans cette position. Si j'en avais eu le pouvoir, j'aurais probablement arrêté le temps afin de profiter pleinement de ce bonheur. Ça relevait d'un pur délice.

Puis elle reprit la parole en me posant des questions qui me prouvait clairement que là, nous avions une discussion plus que sérieuse, qui relevait d'une importance frappante pour notre avenir, pour le futur de « nous ». Je fronçais un instant les sourcils. C'était difficile d'expliquer si c'est vraiment ce que je désirais. Si cet été, on m'avait dit tous ce qui m'attendait, non, ce n'est pas ce que j'aurais désiré, mais c'était avant. J'avais beaucoup changé en quelques mois, de façon positive j'espérais bien. J'étais quelque part devenu plus mâture, plus ouvert à une vie de couple, j'avais pris conscience que je devais profiter de chaque instant avec elle. Et par moment, c'est moi qui a eu l'impression de vouloir aller trop vite contrairement à elle. Oui, plusieurs fois, je me suis demandé si je ne la forçais pas, sans m'en rendre compte, à accélérer les choses entre nous, uniquement parce que j'en ressentais le besoin.

« Ne vas pas croire que je ne suis pas heureuse comme ça, seulement... je me dis que tu ne rêvais peut-être pas de ce genre de vie avec moi. Depuis que nous sommes ensemble, tu fais tout pour me rendre heureuse, mais est-ce que c'est vraiment toujours ce que tu désires ? » Je me détachais un instant d'elle, de façon à pouvoir la regarder dans les yeux. Je fus un instant silencieux, et je devais la faire stresser sans même le vouloir. Mes doigts caressèrent sa joue un instant, puis se faufilèrent sous son menton, l'obligeant ainsi à lever légèrement la tête. C'est là que je décidais de déposer mes lèvres avec douceur sur les siennes. Suite à ce baiser, je reculais mon visage du sien et lui adressais un fin sourire. « Si je voulais vraiment faire uniquement ce que je désire, je resterais vivre en Irlande, je m'accordais des années pour faire le tour du monde et rencontrer tous les peuples de la Terre, connaître les cultures de chacun. Mais on ne fait pas tout ce qu'on désire parce que c'est parfois impossible. J'habite très loin de chez moi, loin des miens et je n'ai pas le choix, car tu es à San Francisco, mes enfants sont à San Francisco, mon travail est à San Francisco. Il y a des choses que l'on ne peut pas contrôler tu comprends ? »

Je fronçais un court instant les sourcils, pensif, laissant une ride du lion se creuser au-dessus de l'arête de mon nez. « Ma vie avec toi me plaît beaucoup, bien plus que tu ne peux l'imaginer. C'est vrai, on a été rapide, mais qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? Tu es tombée enceinte, ça aurait été stupide de penser uniquement à ce que tu avortes dans l'espoir que tu retombes enceinte plus tard, n'est-ce pas ? Et bien c'est pareil avec Ambre. Un autre couple allait l'adopter. On ne pouvait pas laisser filer cette chance. On a pas eu beaucoup de temps pour réfléchir à tout ça, je te l'accorde, mais ce n'est pas comme si on avait eu le choix. » Je la gratifiais d'un fin sourire. « Je t'aime Maria. Je suis heureux avec toi, et je ne veux pas que ça soit autrement. Il y a des prises de tête, mais qu'importe le style de vie, il y a toujours des hauts et des bas. Je veux que ça continue comme c'est parti. Mais je te retourne la question, est-ce que toi, c'est ce que tu désires ? Dis le moi sincèrement... »

Apparemment, la vie qu'ils avaient en ce moment plaisait à Edward, tout du moins c'est ce que Maria comprit en écoutant son compagnon parler. Alors malgré tous les problèmes qu'ils pouvaient rencontrer perpétuellement, il était heureux quand même à ses côtés ? Voilà une réponse à laquelle Maria ne s'était finalement pas attendue, mais alors pas du tout. Elle pensait jusqu'alors qu'il se contentait de vouloir lui faire plaisir, alors il se taisait et faisait comme si tout allait bien. Mais en réalité, c'était vrai, il se sentait réellement bien avec elle. Bien que ce soit difficile à croire, Maria pensait qu'il se sentait perdu dans leur relation, et pourtant il semblait finalement être celui qui – entre eux deux – était le moins perdu, définitivement. Vînt alors la question à laquelle la brunette n'aurait pas pu échapper.

« Je...j'ai toujours rêvé de ce genre de vie. Je crois juste que...à moins que je ne me trompe, ce qui est possible bien-sûr, je crois que je n'étais pas prête pour ça parce que depuis la mort de Matthew, bien que je souhaitais me construire une vie de famille, je me fourvoyais. Mais depuis que tu m'as demandé en mariage, je sais que c'est avec toi que je veux vivre cette fameuse vie toujours rêvée. J'ai simplement peur que tu finisses par t'ennuyer avec moi. »

Maria ne voulait surtout pas que son compagnon pense qu'elle n'aimait pas la vie qu'ils avaient, ce n'était pas le problème, bien-sûr qu'elle était heureuse avec lui, mon dieu qu'elle femme serait assez dingue pour ne pas être heureuse aux côtés d'un homme comme Edward franchement ? Non, évidemment, Maria était extrêmement heureuse avec lui, mais les choses allaient peut-être un peu vite pour elle, tout comme elles semblaient aller vite aussi pour Edward comme il lui avait expliqué. Il leur fallait certainement du temps pour se faire à tout cela, tout simplement. Après tout, imaginons que Maria ne soit pas tombée enceinte, ils n'auraient alors que l'arrivée d'Ambre à gérer, seulement comme la brunette était dans l'attente d'un enfant, il leur fallait en plus s'occuper de sa venue c'est-à-dire trouver une nouvelle maison car même celle de Maria semblait trop petite, rajoutez à cela la demande en mariage d'Edward il fallait qu'ils gèrent aussi toute cette histoire de bague au doigt. Alors oui, ça faisait beaucoup, même pour une femme aussi bien organisée comme Maria O'Berkeley. D'ailleurs c'était elle qui était le plus paumée en ce moment.

« Tu me connais, je suis une flippé de nature, ça va me passer. »

Lui souriant finalement, la brunette caressa du bout des doigts la joue de son compagnon avant de venir déposer ses lèvres contre les siennes. Il fallait qu'elle se détende, même si ce terme était encore celui qu'elle arrivait le moins à s'accorder. Oh peut-être qu'un jour elle soufflerait un bon coup, mais ça ne semblait pas être aujourd'hui en tous les cas.

J'écoutais la brunette avec sérieux. Son avis m'importait énormément. C'est pourquoi je restais silencieux et à son écoute. Elle avait peur que je finisse par m'ennuyer avec elle ? Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Ça, c'était impossible car justement, on ne s'ennuie pas. Il y a de l'action, beaucoup d'action. « Oh, parfois, j'aimerais bien m'ennuyer un peu avec toi, pour pouvoir me reposer. » Bien sûr, j'avais dit cela sur un ton ironique et j'avais accompagné cette parole par une nouveau sourire. C'était ma façon de lui faire comprendre que je ne m'ennuyais jamais à ces côtés alors que parfois, on le devrait. Maria est fatigante, mais ça je l'ai toujours dit. J'aime beaucoup le groupe de musique français Louise Attaque. Ils ont fait une chanson nommée « Fatigante ». Et, à chaque fois que je l'écoute, je pense à la brunette. Elle est énervante, épuisante, et pourtant, c'est comme ça que je l'aime, elle est pour moi et pour personne d'autre.

« Tu me connais, je suis une flippé de nature, ça va me passer. » Oh oui, ça, c'était le cas de le dire. Le soucis avec Maria, c'est qu'elle ne sait pas faire dans le simple. C'est une américaine en somme. Elle recherche le compliqué partout, même là où il n'y en a pas. Nos lèvres se rencontrèrent une seconde fois. C'était d'un délice à toute épreuve. À la fois agréable, réconfortant et de bon goût. Je déposais un baiser sur sa lèvre inférieure, puis un sur son menton. « Il faut juste que tu apprennes à faire simple. Quand je te dis que les américains ont une personnalité différente, c'est vrai. Vous êtes incapable de faire autrement que compliqué, autant que vous êtes incapables de ne rien faire. Ça te paraît impossible de téléphoner un jour à l'université pour expliquer que tu es malade, et ça, uniquement pour pouvoir te prélasser dans le lit toute la journée. Vous êtes comme ça, vous, les américains. » Nouveau sourire. Et c'était pourtant bien vrai. Ils sont tellement barrés dans le travail qu'ils donnent l'impression de vivre pour travailler et non pas l'inverse. Ils en oublient les choses futiles de la vie, le côté simpliste et parfait.

Mes mains rejoignirent les siennes. « Mais je t'aime comme ça aussi. » Mon regard était aussi sincère que mes paroles. Puis je venais replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille car elle venait sans cesse sur son doux visage à cause du vent. « Tu sais, le fait que je t'ai demandée en mariage ne veut pas dire que l'on doit se marier rapidement. On préparera tout ça quand on aura le temps, quand le bébé sera né, quand on ne sera pas submerger. On décidera ensemble de la date. On fera ça au bon moment, il n'y a aucune obligation de ce côté là, d'accord ? » Et c'était bien vrai. Nous n'étions pas pressés pour nous mariés. Maria est ma fiancée, ce n'est pas pour autant que nous devons déjà prévoir la façon dont se déroulera la cérémonie.

« Allez viens, on rentre, la famille doit s'inquiéter. » Je gardais sa main dans la mienne et nous reprîmes la route jusqu'à la maison de mes parents. J'ai bien crû que ma mère allait m'assassiner à la seconde même où j'ai mis un pas dans la maison. « T'es un sale gosse ! », lança-t-elle alors qu'elle s'approchait de Maria, toute douce. Elle lui prit les mains, et je levais les yeux au plafond, exaspéré. « Il est sans gêne parfois, mais il tient ça de son père. Tu vas mieux ? » Alice se mit à rire en voyant la scène. Je fronçais les sourcils un instant. Mais j'y crois pas quoi !

Au final, les tensions s'effacèrent doucement durant la journée. Je mangeais enfin et étonnamment, je fus de meilleure humeur. Vint la soirée. Ma mère, et Lisa, nous poussèrent, Maria et moi, à quitter la maison, afin que nous soyons juste tous les deux, en amoureux, à profiter l'un de l'autre sans les enfants, sans les membres de la famille autour de nous. Et Gwenaëlle eut la « brillante » idée, ou pas, de proposer l'idée d'aller en boite de nuit. Elle savait pourtant que ce n'était vraiment pas ma tasse de thé. Je préférais de loin les bras. Mais ça, c'est une autre histoire. Néanmoins, quand je vis Maria qui n'était pas totalement contre cette idée, je capitulais. Aller. J'avais bien envie de lui faire plaisir ce soir. Et je n'y mettais pas de la mauvaise volonté. On allait sûrement s'amuser, du moins, je l'espérais.

Ils furent vite rentrés, main dans la main, comme un couple heureux, tout simplement. Cependant lorsqu'ils rentrèrent Edward ne fut pas manqué par sa propre mère qui le disputa presque comme un enfant de huit ans qui aurait fait une grosse bêtise. Cette situation fit beaucoup rire Maria qui fut désolée que son compagnon se fasse disputer comme ça par sa mère, par sa faute. Puis Isabelle s'occupa de sa belle-fille comme d'une princesse ce qui toucha énormément Maria. Cependant, elle préféra largement être honnête avec sa belle-mère en lui expliquant que si ils s'étaient disputés aujourd'hui c'était en grande partie de sa faute à elle, et non pas celle d'Edward. Mais malgré les aveux de la brunette, Isabelle n'en fit rien, pour elle Edward était fautif, ce qui mit légèrement mal à l'aise la brunette qui se rendit compte que lorsqu'il fut enfant, le professeur d'Histoire avait dû se faire engueuler à de maintes reprises lorsqu'il effectuait les quatre cent coups. Car ça, Edward le lui avait déjà dit plusieurs fois, lorsqu'il était enfant, il en avait fait voir des vertes et des pas mures à sa pauvre maman.

La journée passa plus vite que Maria ne l'aurait finalement cru. Gwenaëlle l'embarqua faire les magasins au cœur de Dublin. D'abord, elle ne comprit pas tout à fait si l'idée était de se faire une après-midi entre filles et donc shopping à volonté ou bien si c'était plutôt pour faire des courses pour toute la famille. Ce ne fut que lors de leur arrivée dans le centre-commercial que la brunette comprit. Aujourd'hui, c'était shopping entre filles. Le bonheur ! Gwenaëlle ne se priva nullement et Maria décida alors de se faire quelque peu plaisir aussi. Après tout, elle en avait les moyens, alors pour une fois, elle pouvait bien se faire plaisir.

« Rouge ou bleu ? »

Le choix qu'elle devait faire semblait cornélien pour Maria. Quelle couleur allait-elle prendre pour la robe qui lui plaisait ? Le rouge lui donnait un côté femme fatale alors que le bleu lui donnait définitivement un air plus classe. Elle hésita, mais sa belle-sœur lui dit de prendre la bleue car elle lui correspondait bien plus. Elle avait entièrement raison, vous avez déjà vu une femme fatale enceinte vous ? Pas Maria en tous les cas. Achetant donc une robe, deux jeans noirs, cinq tee-shirts et le tout en taille spéciale femme enceinte, la brunette se rendit véritablement compte qu'elle attendait un enfant ! Mon dieu, lorsqu'elle avait vu la largeur des vêtements qu'elle achetait, elle en aurait hurlé, mais sa belle-sœur eut vite fait de la rassurer en lui disant qu'elle perdrait tous ses kilos si elle se remettait au sport directement après la venue du bébé. Pour une femme, pas question de se laisser aller, alors Maria se remettrait au sport de suite après son accouchement. Pas le lendemain, mais ce serait tout comme ! Pour elle, d'ici quelques mois ce serait adieux formes rondes et bonjour corps svelte comme elle l'avait toujours eu.

Une fois rentrées, les deux femmes allèrent respectivement montrer à leurs compagnons ce qu'elles avaient achetés, fièrement. Maria s'amusa à montrer les tailles des vêtements à Edward qui n'en fut pas choqué contrairement à elle. Facile pour lui, il avait déjà eu une femme qui avait attendue des jumeaux alors bon, il n'avait finalement aucun mérité à proprement dit. Les commentaires de la brunette tels que « je vais devenir une baleine » firent beaucoup rire son compagnon, pas elle. On voyait bien que ce n'était pas son corps qui était en train de changer mais bel et bien celui de Maria. Oh il pouvait rire...

Le soir arriva très vite finalement, mais pas exactement comme la brunette l'avait pensé. A vrai dire, au moment où elle proposa d'aider en cuisine, Isabelle et Lisa lui expliquèrent que ce soir, avec Edward, elle sortait. Sur l'instant, la brunette ne comprit pas bien où les deux mères voulaient en venir, mais ce flou ne dura évidemment pas. Ce soir, c'était leur soirée romantique apparemment aux dires des deux femmes, au grand étonnement de la brunette qui ne tarda pas à se retrouver en robe, dans celle qu'elle avait acheté. Mis dehors avec Edward, ils étaient apparemment envoyés dans une boite de nuit. Cela fit sourire Maria qui ne fut pas contre l'idée, après tout, pourquoi pas. Au point où ils en étaient.

« Ta sœur m'étonnera toujours. »

A peine furent-ils arrivés devant la boite de nuit que Maria se dit qu'ils étaient complètement fous de se trouver là en ce moment. Ils en avaient pourtant passés l'âge, non ? Selon Gwenaëlle, non.