« J'espère que tu en as bien profité, car tu ne me verras plus me trémousser comme cela avant plusieurs mois maintenant. C'est dingue ce que le bébé peut m'épuiser. Dire qu'avant j'étais capable de rester toute une nuit sur la piste de danse, les choses ont bien changé en quelques années. » Et oui, mais ça, elle allait devoir s'y faire. À partir de trente ans, on fait déjà plus difficilement les nuits blanches, ça, on n'y peut rien. Imaginez à quarante ans passés. Oh, je ne dis pas que Maria est vieille, mais elle n'a clairement plus l'âge de faire la fête toute la nuit, et moi non plus d'ailleurs. Juste cette idée me démoralise un peu en fait. Mais je lutte contre ! Même si je tombe de fatigue, je reste, na ! Et puis, le fait qu'elle soit enceinte n'arrange véritablement pas les choses. Elle porte un enfant dans son ventre, il ne fallait pas qu'elle l'oublie. Ce n'est pas pour rien que certaines femmes disent avoir l'impression d'être victimes d'une gueule de bois monstrueuse et ce, pendant au minimum trois mois. Pour ma part, j'avais donné la nausée à ma mère durant toute la grossesse, jusqu'à sept mois et demi étant donné que c'est à ce moment là que j'ai décidé de pointer le bout de mon nez. À croire que je n'ai jamais été ponctuel de ma vie. Je suis arrivé bien trop tôt, désormais, ce sont les autres qui m'attendent.

Quoi qu'il en soit, Maria ne devait pas se faire d'illusions. Elle pourrait dormir des heures et des heures, elle restera fatiguée et ce, tous les jours. J'avais hâte quelque part qu'elle soit en congé maternité. Ainsi, elle pourra se reposer autant de temps qu'elle le souhaitera. Mais, la connaissant, je sais que ça ne va pas lui plaire. Elle aime beaucoup trop son travail, y attache tellement d'importance que, même si ça lui fera du bien de se reposer, elle n'acceptera pas de ne rien faire de ses journées. À elle de se trouver une activité en attendant la venue du bébé et qu'elle puisse ensuite reprendre son boulot de directrice adjointe. Mais quand elle se rendra compte qu'il faudra reprendre le travail alors que le petit ne fera certainement pas encore ses nuits, elle se rendra compte qu'elle était bien en congés. Et bien sûr, il est hors de questions à ses yeux de laisser aux mains d'un directeur de la trentaine, gamin et parfois irresponsable, une des plus grandes universités qui soit aux États-Unis.

J'étais parti dans mon massage pour Maria. J'avais envie qu'elle se sente bien, qu'elle profite de ce moment, qu'elle se sente un minimum soulagée par les tracas que lui procurait la grossesse, en somme, les douleurs, la sensation d'être malade, les courbatures, etc... Ainsi, je continuais d'émettre une certaine pression agréable sur les muscles de ses épaules, sur sa nuque également. « Ça te plaît ? », lui demandais-je dans un chuchotement avec un sourire alors que je passais devant elle et lui faisais signe de s'allonger sur le dos. Et à la seconde même où ce fut fait, je caressais son cou et descendais mes mains entre ses seins, avant de les passer avec douceur sur son ventre. Mes yeux se promenaient sur son corps nu et un beau sourire se dessina sur mes lèvres. Je la regardais avec un amour si intense que cela devait se voir, même pour un aveugle. En attendant, mes mains massaient désormais ses cuisses, allant parfois à l'intérieur d'elle. Je ne pouvais clairement pas m'empêcher d'avoir les mains et les lèvres baladeuses. C'était comme demander à un drogué de ne plus toucher à la cocaïne et ce, du jour au lendemain. Puis je « m'attaquais » à ses pieds. Un massage plantaire, rien de tel pour faire fuir tous les soucis et tous le mal être. Je gardais ce minuscule sourire sur mes lèvres alors qu'au final, j'étais très concentré sur ce que je faisais, ce qui, dans le fond, restait assez rare. En fait, j'avais ce réel besoin de lui faire plaisir. Le soucis de la rendre heureuse, que voulez-vous y faire ? Je posais mes yeux vers son visage et remontais mes mains contre ses cuisses, avant de déposer un baiser sur l'une d'elle. Je me mordillais la lèvre inférieure. Il fallait que j'arrête ça maintenant. Mon Dieu ce que ça pouvait être difficile.

La soirée qu'elle avait passé avec son compagnon avait été très agréable pour Maria, seulement la fatigue due à sa grossesse ne faisait plus aucun doute maintenant. La preuve était le simple fait qu'elle n'ait même pas tenue deux heures entières sur la piste de danse, une honte pour une ancienne fêtarde comme Maria O'Berkeley. Il était clair et net que dorénavant, ces soirées de folies pures et dures appartenaient bel et bien au passé maintenant. Cette pensée l'a fit grimacer. Elle avait « grandi » trop vite, pour ne pas dire qu'elle avait vieilli trop vite. Profitant alors du massage que son compagnon lui procurait présentement et qui lui faisait vraiment beaucoup de bien, la brunette sourit en entendant Edward lui demander si elle appréciait ce qu'il lui faisait « subir » présentement.

« Tu n'imagines même pas... »

Se mordillant la lèvre inférieure, Maria écouta alors son compagnon lui demander de se mettre sur le dos, elle ne se fit alors pas prier pour s'exécuter. Elle s'allongea avec délicatesse sur le lit et ferma simplement les yeux pensant qu'elle en profiterait encore plus si elle avait les yeux clos. Et cela se vérifia bien vite. Sentir les caresses – car c'en était bien dorénavant – de son homme tout contre sa peau de ses deux mains expertes, Maria ne tarda pas à se laisser aller à une détente totale qui l'empêcha clairement de profiter encore un peu des gestes tellement doux de son compagnon envers elle...elle s'endormit apparemment épuisée par la soirée. Oh le lendemain matin, lorsqu'elle se réveillerait, Maria s'en voudrait sans aucun doute de s'être endormie de la sorte et d'avoir alors lâcher son homme qui semblait espérer pouvoir passer un moment on ne peut plus intime avec sa future femme. Seulement, la fatigue avait eu véritablement raison de la brunette. Pauvre Edward. Enfin la scène en valait tout de même la peine car Maria semblait vraiment apaisée maintenant, comme si toute la tension de ces derniers temps venaient de s'envoler en quelques secondes. Un léger sourire figé au coin de ses lèvres, elle avait une mèche de cheveux qui était venue se poser au bon milieu de son visage, mais cela ne la dérangea évidemment pas du tout puisqu'elle était dorénavant plongée dans un profond sommeil qui semblait être un sommeil réparateur. Après la dispute dont ils avaient été les acteurs principaux au cours de la matinée, la balade improvisée chacun de leur côté pour se calmer, la journée en famille puis la « soirée folle adolescence », il n'était que peu étonnant qu'elle se soit endormie.

« Tu n'imagines même pas... » L'idée que cela lui plaise me rassura. Après tout, c'était le but recherché. J'avais envie de lui donner l'impression d'être sur un petit nuage. Apparemment, ça semblait marcher aussi bien que je l'espérais. Bien évidemment, le fait de la voir là, nue, juste sous mes yeux, à la lueur de la lumière tamisée, ça éveillait mes sens, tout autant que les caresses que je lui procurait en plus des baisers. L'envie d'aller plus loin ? Bien sûr ! En y repensant, ça faisait un petit moment que nous n'avions pas... enfin, vous voyez, je ne vais pas vous faire un quelconque dessin. Apparemment les femmes enceintes voient leur libido atteindre leur sommet. Soit Maria n'est pas comme les autres et je me suis fait sérieusement couillonné, soit... soit je ne suis pas un assez bon partenaire pour éveiller davantage ses sens et ses désirs. Mais je préfère penser à la première possibilité, sinon, je vais ressentir plus qu'un blocage la prochaine fois que nous nous retrouverons intimement.

Quoi qu'il en soit, qu'elle ne fut pas ma surprise quand je remarquais que Maria s'était endormie sous mes caresses, visiblement très (trop ?) apaisée par ce massage. Mon visage se décomposa. Elle blague là ? Je laissais ma tête tomber contre le matelas, dans un geste désespéré. Pourquoiiii.... ? Large soupire. Bon, ça ne sera pas encore pour ce soir. Je me redressais et restais un instant immobile, tentant de relativiser. Elle était trop fatiguée, n'a peut-être vue aucun de mes signaux, euh... au final, elle dort et ça lui fera du bien. J'avalais difficilement ma salive. Qu'on s'explique un moment. Couper un homme dans son élan, c'est comme lui arracher une jambe à une mains nues, c'est horrible...

Bredouille, je filais dans la salle de bain afin de prendre une bonne douche. Je restais un instant pensif. Le pire dans cette histoire, c'est que j'avais envie de... heureusement que ma fidèle main droite est là pour les coups durs ! Et sous le jet de la douche, j'avais l'impression d'être de nouveau un adolescent qui ne peut se satisfaire que de cette façon, en solitaire, faute d'être sexuellement actif. Oui, ça faisait assez pitié en soit mais un homme ne peut pas retirer l'idée d'arrêter toute activité sexuelle d'une seconde à l'autre. Alors autant combattre le feu par le feu.

Bref. Une bonne douche plus tard, j'avais baptisé cet endroit encore une fois – oui, je rappelle que j'ai été adolescent dans cette maison et que comme la plupart, j'ai un peu trop abusé de ce « divertissement ». Je retournais dans la chambre, déjà plus satisfait qu'en y ressortant. Maria n'avait pas bougé d'un poil, toujours allongée sur le ventre, apaisée, dans un sommeil profond. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de repenser à tout cela. C'est peut-être moi qui en demandait trop au final, non ? Car si on écoute les hommes, les femmes devraient faire l'amour avec nous tous les jours. Le fait est que nous avons déjà été beaucoup plus actifs de ce côté là. Peut-être que la routine s'était déjà installée à ses yeux. Après tout, c'est bien connu. Au début, un couple passe son temps à faire l'amour et après trop de décennies, c'est à peine s'ils font l'effort de dormir dans le même lit. Et je me demandais si au final, c'était normal que notre assiduité se soit ainsi réduite. Mais là, toujours revenais la même conclusion stressante : « Je ne la satisfais pas. Après tout, c'est largement possible. ». Contrairement aux apparences, j'ai très peu confiance en moi sur certains points notamment pour le sexe. Je prends vite peur à l'idée de m'y prendre comme un pied. Après tout, comment le savoir ? Je ne suis pas dans la tête de mes conquêtes pour qu'on m'avoue si je me débrouille pas ou pas du tout. Peut-être que je me fais des idées. Peut-être pas. Et si elle allait voir ailleurs à cause de ça ? Il fallait que j'arrête ma paranoïa, en admettant seulement que ça en soit une et pas du réalisme à l'état pur. Je m'allongeais sur le côté afin d'observer la brunette en train de dormir. Bon, au final, elle est tombée dans les bras de Morphée avec un beau sourire sur le coin des lèvres. Je m'en contenterais. Je déposais un baiser au coin de sa bouche, et fermais un instant les yeux. On verra tout ça demain car avec logique, j'ai trouvé le sommeil d'une façon bien rapide.

Le lendemain matin ; 8 heures.

Maria avait bien dormi. Vraiment, et elle en avait apparemment eu grandement besoin vu la manière – lamentable – dont elle s'était endormie la veille au soir à leur retour de boite de nuit ainsi que du bar. Elle se réveilla enroulée dans les draps, complètement nue cependant. Oh. Elle se souvint alors du massage de son compagnon, de ses caresses, de...son envie d'elle. Oh non, c'est pas vrai. Elle s'était endormie. Il n'allait jamais lui pardonner une chose pareille. Se passant les deux mains sur le visage en pensant cela, Maria décida de se lever, alors qu'elle était seule dans la chambre, Edward étant apparemment déjà levé.

Descendant en bas, elle retrouva seulement Gwenaëlle, ce qui l'étonna un petit peu au vu de l'heure qu'il était. Embrassant sa belle-sœur – oui, Maria devenait européenne sans même s'en rendre compte – elle lui demanda si elle avait bien dormi, Gwenaëlle lui confirma et lui retourna la question avant de se rendre compte qu'à première vue, elle avait bien dormi, mais que quelque chose n'allait pas. Alors, l'irlandaise se demanda soudainement si leur soirée en amoureux s'était bien déroulée. S'ils n'avaient pas passés une bonne soirée, elle irait croire que c'était de sa faute car c'était elle qui les avait envoyé en boite de nuit. Mais Maria rassura bien vite sa belle-sœur en lui disant que ça n'avait rien à voir avec son idée, et qu'au contraire, ça, ça c'était très bien passé. Oui, ça, mais le reste par contre... L'hésitation de la brunette taquina la curiosité de Gwenaëlle qui lui demanda des explications. Vînt alors le moment où Maria expliqua, gênée, à sa belle-sœur – ou future, c'était pareil – la boulette qu'elle avait commise la veille au soir ce qui fit beaucoup rire la nouvelle maman. La révélation de la brunette fit sourire Gwenaëlle qui se reconnue lors dans le récit de Maria. Elle la rassura mais vit bien que cela n'avait aucun effet.

« Maria, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe vraiment, je veux dire ? Tout va bien entre Ed et toi niveau...enfin tu sais. »
« Pas exactement, non. »
« Oh... »
« C'est de ma faute. »

Maria expliqua alors à sa belle-sœur la raison du manque de relations privées entre elle et son compagnon. Elle avait l'impression qu'elle ne plaisait plus à son compagnon, même s'il ne cessait de dire le contraire. Maria acceptait difficilement les changements de son corps et pensait alors qu'Edward ne la désirait plus autant qu'avant. Ce qui était absurde, certes, mais Gwenaëlle expliqua à Maria qu'elle s'était posée ces mêmes questions et qu'il n'y avait rien de plus normal pour une femme enceinte.

Je me suis endormi assez rapidement au final et j'ai dû me coller à Maria car lorsque je me suis réveillé à 7h du matin, j'avais mon bras droit qui enroulait le corps de la brunette. J'avais largement fait ma nuit malgré le peu d'heures de sommeil. Les rayons du soleil venait de m'éblouir et j'eus pour réflexe d'enfouir mon visage dans l'oreiller en lâchant un léger grognement. Je restais dans cette position un instant, quelques minutes en fait. Enfin, je me trouvais debout, frais, en pleine forme. Je m'étirais en bâillant, enfilais un pantalon de jogging, un T-shirt ainsi qu'un sweat à capuche Nirvana. Vous savez, le noir, avec écrit dessus en jaune le nom du groupe de musique, accompagné d'un smiley qui sourit et qui tire la langue. Mon but ? Aller courir. Rien de tel qu'un bon footing pour commencer la journée et être d'attaque.

Gwenaëlle était déjà levée. Cette dernière était en train de déjeuner dans une grande tranquillité. « Déjà debout ? », lui demandais-je. Elle me répondit que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Je lui adressais un sourire, venait l'embrasser sur la joue, puis lui ébouriffais les cheveux en bon petit frère énervant. « Bon, je vais courir un peu moi. » Elle levait les yeux au ciel, comme désespérée de voir que je ne changeais pas. Ainsi je lui tirais la langue et disparaissais. Dehors, il faisait beaucoup plus doux. Des températures positives. Une bouteille à la main, les écouteurs sur les oreilles, je me motivais avec quelques musiques qui bougeaient. J'ai couru avec Buck un tout petit peu moins d'une heure et pour cause, j'étais en sueur, épuisé. J'avais chaud, si bien que j'avais dû retirer mon sweat à capuche pour faire le reste de la route en T-shirt.

Je repensais à ce qu'il s'était passé hier soir. Je n'en voulais absolument pas à Maria dans la mesure où elle avait été fatiguée et je prônais avant tout son repos et son bien être. C'était un peu contre moi que j'en avais, ayant l'impression de ne pas être à la hauteur, d'en demander trop et tout le temps aussi... Je ne voulais pas qu'elle pense que je ne suis qu'un obsédé intéressé par ses fesses et sa poitrine, car ce n'était pas le cas. Le fait est que lorsque j'en ai envie, je le montre, certainement trop. Et puis, si je n'arrivais pas à la satisfaire, au moins, je saurais que je ne lui ferais plus vraiment d'avance car je n'en aurais pas le courage. Quoi qu'il en soit, je pense que je lui en parlerais si elle se montre de nouveau réticente d'une quelconque façon.

Je suis revenu vers huit heure passé à la maison, en sueur, épuisé, mon T-shirt en témoignant. Une bouteille d'eau vide. Je retirais les écouteurs de mes oreilles tout en ouvrant la porte. Là, Maria et Gwenaëlle entrèrent dans mon champs de vision. Je les gratifiais d'un tendre sourire. Déposant le MP3 sur la table, je me dirigeais vers la brunette et lui donnais un tendre baiser sur les lèvres. « Salut mon cœur. » Mes mains se retrouvèrent machinalement sur son ventre, le caressant avec douceur. « Salut bébé ! » Ma sœur sembla amusé par mon attitude. Et bien quoi ? Oui, je suis déjà gaga mais je n'y peux rien. Relevant la tête vers Maria, j'y décelais un regard grave qui m'interpella violemment. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Il était sans doute idiot de la part de la brunette de douter d'elle alors qu'Edward ne cessait de lui faire des avances, mais aux dires Gwenaëlle, il n'y avait rien de plus normal, ce qui était finalement une bonne nouvelle pour tout le monde, enfin surtout pour Maria tout compte fait. La discussion entre Maria et sa belle-sœur qui ne l'était pas encore vraiment mais qui le serait de toute façon d'ici quelques mois dura une bonne quinzaine de minutes durant lesquelles Gwenaëlle tenta par tous les moyens de rassurer Maria qui n'en démordait malheureusement pas ; elle avait peur de la réaction de son compagnon face à son nouveau corps bien que temporaire. Soudain, alors qu'elles en étaient finalement toujours au même point, la porte de l'entrée se fit entendre suivit de pas prononcés. Oh non, il rentrait, Maria aurait pu reconnaître la démarche d'Edward parmi des milliers d'autres à vrai dire. C'en était terminé pour elle. Et en effet, ses connaissances par rapport à l'homme dont elle partageait la vie ne lui firent pas défaut puisqu'aussitôt Edward pointa le bout de son nez, vînt embrasser très rapidement sa compagne pour finalement saluer tout naturellement le bébé...ah Edward, décidément. Cela fit sourie Gwenaëlle. Comment aurait-il pu en être autrement d'un autre côté ? C'est alors que le jeune professeur irlandais comprit que quelque chose ne tournait pas rond, et d'un air presque effrayé il demanda à Maria ce qui se passait, comme si elle avait une mauvaise nouvelle à lui annoncer alors qu'au fond...elle aurait encore préféré ne rien avoir à dire en ce moment.

« Rien, tout va bien, ne t'en fais pas. »

Mentir n'était pas l'un des points forts de la brunette, et c'était d'ailleurs bien pour cela qu'elle avait un tic lorsqu'elle le faisait. Personne n'avait jamais voulu lui dire ce qu'était ce tic pour être sûr qu'elle ne chercherait pas à le contrôler et pouvoir mentir à sa guise. Imaginez lorsqu'elle avait quinze ans...dur. Passant une main sur le bras de son compagnon, elle lui fit un petit sourire et décida d'en rajouter une couche.

« Je t'assure, ça va. Tu devrais aller prendre une douche. Je vais déjeuner. »

Et oui, avec tout cela, Maria n'avait même pas encore trouvé le temps de grignoter ne serait-ce qu'une petite tranche de pain grillée avec du beurre dessus le tout accompagné d'un thé et d'un jus de fruits. En effet, la brunette avait retrouvé l'appétit ces derniers temps.

J'observais les deux jeunes femmes avec un regard qui en disait long sur mon incompréhension. S'était-il passé quelque chose de grave ? Et s'en même m'en rendre compte, je devais afficher la moue enfantine d'un gamin attendant qu'on lui explique quelque chose qui hante ses pensées, à laquelle on répond inévitablement « Tu es trop jeune pour comprendre ». De cette façon, j'attendais avec une patience, qui m'étais quasiment inconnue, qu'on se décide enfin à tout me raconter. Gwenaëlle garda le silence sans aucune hésitation, me prouvant ainsi que le soucis ne l'incluait pas dans l'histoire. C'était donc probablement quelque chose juste entre Maria et moi. Elle s'était confiée à ma sœur. Mais sur quoi ? Je fronçais un cours instant les sourcils. Qu'attendait-on pour tout m'expliquer ?

« Rien, tout va bien, ne t'en fais pas. » Si elle pensait que j'allais la croire. J'arrive assez facilement à savoir lorsqu'elle me ment. En effet, comme beaucoup de personnes, Maria est incapable de regarder quelqu'un dans les yeux lorsqu'elle lui dit un mensonge. Néanmoins ça, elle ne semble pas s'en rendre compte. Elle le fait machinalement, sans même y réfléchir. Elle pose son regard toujours à ma gauche, comme si elle tentait de visualiser une scène différente de la réalité, mais assez réussie pour pouvoir la rendre crédible. De plus, dans ce genre de moments, tellement victime de la nervosité qu'elle joue avec ses doigts avec une certaine maladresse et agressivité, comme lorsque je me gratte la nuque avec force lorsque je suis nerveux. Mais le coup des mains, elle le fait beaucoup moins souvent, ce qui me rend dans l'incapacité de détecter la totalité de ses mensonges. Cependant, aujourd'hui, je le voyais bien, et ce, même si elle reprit la parole. « Je t'assure, ça va. Tu devrais aller prendre une douche. Je vais déjeuner. »

Je ne comptais pas bouger d'un poil le temps qu'elle ne m'expliquera pas ce qu'il se passe. Et si c'était quelque chose de grave ? Bon, j'avoue que j'angoisse rapidement dans ces moments là. Qu'elle m'aide donc ! Et comme elle ne semblait pas décidé à m'en parler, je tournais la tête vers ma sœur pour la regarder dans les yeux. « Gwen, tu peux nous laisser cinq minutes s'il te plaît ? » Je lui avais posée la question avec une grande gentillesse. Elle accepta bien évidemment, et de toute façon, je pense qu'elle aurait quitté bien rapidement la pièce si je ne le lui avais pas demandée. Ainsi, ma grande sœur m'adressa un faible sourire et observa Maria comme pour lui dire « Allez, dis-le lui, il ne va pas te manger. », ce qui m'interpella encore plus.

Quand nous fûmes tous les deux dans la cuisine, je reposais mes yeux bleus azurs sur la brunette. Je croisais les bras sur mon torse, dans une position très virile, sans même m'en rendre compte. « Tu me mens. » Et oui, je la connaissais bien trop pour ne pas m'en rendre compte là. Ça allait certainement l'exaspérer mais bon. « Explique moi mon cœur, tu sais que tu peux tout me dire. » Je me trouvais particulièrement calme.

Évidemment, Maria était bel et bien en train de cacher la vérité à son compagnon, mais cela n'était pas fait méchamment, bien au contraire même. Maria ne se voyait pas franchement dire à son compagnon des choses comme « J'ai peur de ne plus te satisfaire sexuellement parce que je suis enceinte. » non franchement, ça ne le faisait pas du tout. Oh, bien-sûr, au vu de sa technique de parole, elle aurait été tout à fait en mesure de tourner cela d'un manière qu'Edward n'aurait pas très bien saisi, mais où aurait alors été l'intérêt ? Maria n'en voyait à vrai dire aucun et c'était bien pour cela que lorsque son compagnon lui demander de lui expliquer ce qu'il se passait, Maria eut comme une sorte de blocage qu'elle ne put contrôler.

Mais malgré tout, la brunette savait aussi qu'il lui faudrait avouer les choses à son futur mari un jour ou l'autre. Alors tant qu'à le faire, autant qu'elle le fasse de suite, non ? Mais pour ce faire, il fallait que la brunette prenne grandement sur elle et bon sang, que cela pouvait s'avérer être difficile dans certains moments, comme celui de maintenant. Seulement, elle savait très bien aussi qu'elle ne pouvait pas se permettre de cacher ses peurs plus longtemps à Edward. Elle aimait cet homme, comptait l'épouser, alors si elle n'était même pas fichue de lui dire ce genre de choses, comment pourrait-elle promettre tout ce qu'elle devait promettre le jour de leur union ? Franchement...autant qu'elle parle maintenant, elle y gagnerait aux changes en plus.

« Je... » D'accord, c'était bien plus difficile qu'elle ne l'aurait imaginé encore. « Je ne veux pas en parler ici, en plein milieu de la cuisine, viens. » Elle le prit par la main et l'emmena dans leur chambre, question d'être sûre et certaine qu'ils auraient un minimum d'intimité.

Une fois dans la chambre, Maria referma la porte derrière elle et plaqua délicatement son dos contre celle-ci tout en regardant sérieusement – un peu trop – son compagnon qui ne semblait vraiment pas comprendre le pourquoi du malaise soudain de la brunette. Comment aurait-il pu savoir en même temps ?

« Tu sais que...que j'ai du mal à m'accepter depuis que ma grossesse se voit. Et je...écoute, à propos d'hier soir, je suis désolée, j'étais épuisée et puis...j'ai eu peur. »

Là, c'était clair, il n'allait rien y comprendre.

Je connaissais trop bien Maria. Ainsi, c'était sans aucun doute que j'allais réussir à ce qu'elle se confit à moi, qu'elle m'avoue ce qui pouvait la tracasser. Et bien évidemment, ça m'intéresse, dans la mesure où l'humeur de la brunette détint très souvent sur la mienne. Non pas que je suis quelqu'un d'influençable, bien au contraire, mais voir la femme que j'aime sourire de façon sincère, ça me rend heureux. De même que si je la vois pleurer de tristesse, ça me mine le moral. C'est aussi simple que ça. J'attendais donc patiemment qu'elle lâche le morceau. Nous nous regardâmes une instant dans les yeux et elle sembla comprendre que tant qu'elle ne me dira rien, je l'énerverais pour tout savoir. Elle avait donc un grand intérêt à m'expliquer et ce, rapidement.

Il lui a fallu quelques secondes d'hésitation, au final, pour accepter de tout me raconter. « Je... Je ne veux pas en parler ici, en plein milieu de la cuisine, viens. » Sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrivait, je me retrouvais dans la chambre que nous occupions dans cette maison, durant les vacances. Je la laissais refermer la porte derrière elle et l'observais avec une expression sur le visage qui témoignait de mon incompréhension. De cette façon, mes sourcils s'étaient légèrement froncés. Je ne la quittais pas des yeux. Qu'elle accouche, sans jeu de mots... « Tu sais que... que j'ai du mal à m'accepter depuis que ma grossesse se voit. Et je... écoute, à propos d'hier soir, je suis désolée, j'étais épuisée et puis... j'ai eu peur. »

Nouveau froncement de sourcils, cette fois-ci un peu plus appuyé. Je ne comprenais pas où elle voulait en venir. Comment ne pouvait-elle pas s'accepter depuis que sa grossesse se voit ? Si elle avait mes yeux, elle comprendrait bien vite qu'elle était plus que magnifique, plus que désirable aussi. Mais ce qui eut le don de me donner une drôle de sensation, fut le « J'ai eu peur. ». Oui, elle m'avouait avoir eu peur de faire l'amour avec moi hier soir. Dans le genre, oui, c'était incompréhensible. Pourquoi aurait-elle peur ? À ma connaissance, ce n'est pas notre première fois, je les vu très souvent nue, j'ai partagé très souvent des moments fortement intimes avec elle. Donc où est le problème ?

« Qu'est-ce que tu me racontes ? », lui demandais-je, quelque peu surpris. Et comme je suis un petit Sherlock Holmes en herbe, je ne pus m'empêcher de tenter de comprendre le pourquoi du comment, avant même qu'elle m'explique davantage la situation. Ainsi, je reliais ses deux phrases comme deux pièces d'un même puzzle, faites pour s'emboiter. Elle a eu peur, et elle ne supporte pas les changements de son corps. Je restais là, pensif comme un petit garçon à qui l'on vient de donner un problème difficile en mathématiques. J'observais le sol, sourcils toujours froncés, me grattant doucement l'arrière de la tête. Mon Dieu, si je me serais vu, je me serais donné dix ans, pas plus. Soudain, ça un fait un TILT. Oh...

Si je comprends bien, si je ne me trompe pas, j'en déduis qu'à cause des changements de son corps, elle a eu peur que je ne la désire plus, ou bien que je ne prenne plus mon pied avec elle, sous les draps. J'avais néanmoins un petit doute sur cette hypothèse. J'y crois difficilement dans la mesure où je passe le plus clair de mon temps à lui faire des avances. J'ai sans cesse envie de lui faire l'amour et ça en devient même énervant. Lorsque je travaille et que je m'évade quelques secondes dans mes pensées, il est assez fréquent que je repense à nos ébats. Et difficile de se remettre au boulot après ça. De plus, je lui répète souvent que je la trouve encore plus charmante, toujours aussi désirable. Je pensais avoir été clair là-dessus. À moins bien sûr, que je me trompe sur toute la ligne. Peut-être que je suis totalement à côté de la plaque.

J'étais là, planté devant elle, les lèvres entre-ouvertes, surpris par mon hypothèse. « Non, tu déconnes là... » Edward, dans toute sa finesse. Je refermais la bouche un instant et posais mes yeux sur son corps, avant de remonter jusqu'à son visage. « Ne me dis pas que tu as peur que... que je ne trouve plus désirable ? » Yeux écarquillés, sourcils haussés, ma surprise s'agrandit en voyant l'expression sur son visage. Apparemment, je suis tombé juste. « Mais c'est n'importe quoi mon cœur... »