Voilà plusieurs jours maintenant que Maria et Edward accompagnés de leur fille Ambre étaient à Dublin, capitale Irlandais illuminées de mille feux à l'occasion des fêtes de fin d'année 2010. Les parents de la brunette étaient présents pour l'occasion. Tout le monde semblait s'entendre de la meilleure façon que Maria aurait pu l'espérer. L'annonce du mariage prochain entre Edward et Maria avait ravie tout le monde, bien que le père de la directrice se soit également demandé si les deux ne brûlaient pas les étapes un peu vite. Une adoption, un bébé et un mariage en moins d'un an, tout ceci paraissait un peu rapide, et même Maria était la première à le penser, cela ne l'empêchait cependant pas d'être très heureuse à l'idée de dire « oui » à Edward. Bien-sûr, ce n'était pas non plus comme si les deux amoureux allaient se marier d'ici deux jours, non, ils allaient tout de même attendre, mais Edward n'avait pas pu attendre avant de la demander en mariage malgré tout. Aucune date et aucun lieu n'étaient encore fixés, et Maria préférait cela. Ils n'étaient pas non plus à la minute. Comme elle ne cessait de le dire ; ils avaient toute la vie pour s'aimer aussi, même si Edward ne le voyait pas de cet œil à cause de sa greffe cardiaque.

Noël était passé et tout le monde semblait ravi des présents qui avaient été offerts durant le repas du 25 décembre. Maria avait été gâtée pour ce qui était des habits pour le futur bébé, et elle en avait été reconnaissante. Ambre aussi avait été sacrément gâtée, et elle en avait été – apparemment – très heureuse. Que rêver de mieux ? Peut-être que les choses restent telles qu'elles étaient, c'est-à-dire parfaites et conviviales, pour ne pas dire familiales.

La veille au soir, Maria avait avoué à son compagnon que Maxence Delacre, son ex-compagnon et elle s'étaient revus lorsqu'ils étaient en séjour à Paris, complètement par hasard. Sur l'instant, Maria crû qu'Edward le prenait bien. Mais il n'en parla plus de la soirée, un air légèrement...renfrogné. Elle avait donc comprit que rien que le fait de savoir que sa future femme avait revu son ex ne le réjouissait pas, qu'en serait-il s'il apprenait le reste ?

Ce matin, vers neuf heures, Maria dormait encore. A vrai dire, le fait de se retrouver en famille comme cela l'avait énormément fatigué et c'est à ce moment-là qu'elle avait comprit que sa grossesse risquait de devenir plus contraignantes dans les mois à venir jusqu'à l'accouchement. Neuf heures, et elle dormait encore ! C'était presque une révolution pour elle, sincèrement. Vêtue d'un tee-shirt d'Edward, elle ne rentrait plus dans ses nuisettes dorénavant et d'un jogging, elle dormait donc à poings fermés aux côtés de son compagnon. Les cheveux un peu dans tous les sens, la brunette ne fut nullement dérangée par les rayons du soleil qui arrivaient progressivement dans la pièce qu'était la chambre à coucher. Tout ce dont elle semblait avoir besoin présentement était bel et bien de se reposer. Mais évidemment, comme quelque chose doit systématiquement casser le calme du matin, le portable de Maria se mit à vibrer ce qui ne réveilla pas la brunette mais presque, elle remua en se plaignant.

Voilà plusieurs jours que nous étions à Dublin, Maria, Ambre, Lisa, Nathan et moi. Noël était passé. Chacun avait été gâté. La brunette et moi avions avoué à la famille que nous étions fiancés. Ce fut la joie dans la demeure des O'Malley. Mon père trouva également que c'était du rapide, mais ça ne l'empêcha pas d'être heureux pour nous. Nous nous accordions tous encore quelques jours en famille dans ce beau pays qu'est l'Irlande. Je revenais aux sources. Cela me faisait le plus grand bien. J'avais l'impression de revivre.

Une toute autre vie commençait. Nous avions Ambre avec nous à la maison. Ce n'était franchement pas l'apothéose dans la mesure où la petite ne m'adressait que très peu la parole. L'ignorance, j'y avais le droit. Elle préférait de loin aller vers Maria, se blottir dans ses bras. Au final je lâchais l'affaire. Tout était nouveau pour la fillette, donc je ne souhaitais pas la brusquer en ce moment. Je me contentais d'encaisser, de continuer d'étendre ma bonne humeur.

Ce matin, je me suis réveillé avant la brunette. Pourtant, je m'accordais le droit de flâner au lit un moment. Ainsi je me blottissais dans la couette, me calais contre la brunette. Son ventre ne cessait de grandir, et je continuais de la trouver très sexy, même dans mes fringues. Elle dormait avec un jogging et à mon plus grand étonnement, ça ne baissait même pas un petit peu ma libido. Ma tendresse pour elle pointait davantage le bout de son nez. Je me faisais plus protecteur. Je voulais que tout se passe le mieux possible durant sa grossesse. Je ne souhaitais pas la voir faire de grands efforts. Et si ça lui portait préjudice ? Ah non, je ne pouvais pas imaginer une seconde qu'elle ait des problèmes.

Je m'amusais à déposer des baisers dans son cou alors qu'elle dormait bien paisiblement. Tournée vers moi, je pouvais admirer son visage serein. On pouvait même déceler un fin sourire sur ses lèvres. Ma main glissait dans ses cheveux avec tendresse. Elle remuait parfois, mais ne se réveillait pas. Mes doigts retraçaient les traits de son visage, et ces caresses semblaient lui faire du bien. Mon index passait entre ses yeux, faisait le chemin le long de son nez, puis dessinait les courbes de ses délicieuses lèvres. Magnifique. Le visage semblable à celui d'un ange. Comment ne pouvait-on pas craquer sur elle ? J'aurais pu la contempler pendant des heures, et c'était certainement une des raisons pour lesquelles je préférais rester là, dans ce lit, plutôt que de me lever.

La vibration que venait d'émettre son téléphone portable brisa le silence. Maria remua un instant et je crus qu'elle allait se réveiller. C'est pourquoi j'avais porté ma main jusqu'au cellulaire. Mais elle ne quitta pas les bras de Morphée. Je m'apprêtais à redéposer l'objet. J'observais juste le nom du destinataire, machinalement, sans grande curiosité. Elle n'avait rien à me cacher après tout. Je ne comptais pas lire le message. Enfin ça, c'était ce que je pensais avant de voir que le destinataire n'était autre que Maxence. Maxence Delacre. Je savais que Maria l'avait revu à Paris. Elle avait accepté d'aller chez lui un instant pour parler, pour « prendre des nouvelles ». Évidemment, j'ai été jaloux et l'idée qu'elle puisse accepter ce genre de propositions venant de la part de son ex me rendait fou. Néanmoins, je n'avais rien dit, ne préférant pas me reprendre une nouvelle fois la tête avec elle. Puis j'avais un peu culpabilisé le soir même en me disant qu'elle ne me tromperait jamais. Je n'avais pas de doute à avoir sur elle. Oui, je m'en étais voulu d'avoir été jaloux.

Mon cœur fit un bond. Pourquoi lui envoyait-il un message ? Je pensais qu'elle avait supprimé son numéro. Apparemment, ce n'était pas le cas. Je fronçais un instant les sourcils et sans vraiment attendre, la curiosité me gagnant, j'appuyais sur la touche pour le lire. Et oui, j'avais bien envie de voir pourquoi il lui écrivait. "Pardonne-moi pour mes mots ainsi que pour ce baiser, c'était idiot. Je sais que tu es heureuse. Prends soin de toi... de vous. Max" Mon cœur fit un nouveau bond. Je dus relire le message une quinzaine de fois. Pour ce baiser... Mon rythme cardiaque s'accéléra. Elle n'avait pas pu me me faire ça, c'était impossible. Je fronçais les sourcils, et continuais de lire.

Quelques minutes plus tard, j'étais sorti de la chambre, avais laissé le portable ouvert sur le message sur le lit, et étais installé sur le canapé, déjà habillé, l'air pensif, tentant de me calmer, tentant de retirer l'énervement qui venait de prendre possession de mon corps. Comment a-t-elle pu me faire ça ?! Je fulminais dans mon coin, tout seul, alors que la demeure était vide. Mes parents et ceux de Maria étaient sortis afin de visiter Dublin avec Ambre, Seth et Jade.

Maria ne se réveilla que vers dix heures du matin, correctement reposée, elle ouvrit les yeux d'un naturel incroyable. Se passant – par automatisme – la main dans les cheveux, la brunette jeta un coup d'œil vers la vitre, légèrement éblouie malgré tout par l'intensité du soleil aujourd'hui. Il faisait beau, un bon jour s'annonçait. Posant alors ses deux mains sur son ventre, la brunette ouvrit soudainement de grands yeux ronds. Soit elle rêvait, soit elle venait bel et bien de sentir le bébé bouger. Oh mon dieu, c'était...incroyable. Se tournant, Maria se demanda si Edward était dans la maison en ce moment. Souriant, la future maman se leva, en douceur cependant. Une fois debout, elle prit une veste de survêtement de son compagnon, définitivement trop bien dans les vêtements de son homme. Elle n'avait même pas fait attention à son téléphone portable qui était posé à côté d'elle dans le lit, pour dire combien elle était bien réveillée en vérité.

Elle n'avait pas oublié la légère tension de la veille par rapport à sa rencontre avec Maxence lorsqu'ils étaient à Paris. Hier dans la soirée, la brunette avait avoué cela à Edward préférant être franche envers son futur époux, cependant elle avait préféré éviter de lui dire que son ex-compagnon l'avait embrassé, cela aurait fait du mal à Edward et Maria ne voulait pas cela pour l'homme qu'elle aimait.

Descendant au salon pour se rendre vers la cuisine, elle voulu saluer tout le monde , toute heureuse à l'idée d'annoncer au futur papa que leur enfant bougeait, seulement personne ne semblait être à la maison pour le moment, elle ne s'en inquiéta pas. L'air peu réveillé malgré tout, la brunette voulu aussi embrasser tendrement sa fille et lui demander – comme chaque matin – si elle avait passée une agréable nuit, une fois de plus depuis qu'ils étaient arrivés à Dublin, mais Ambre non plus n'était pas là, d'ailleurs, à tout bien réfléchir, personne ne semblait être là. C'est alors que Maria aperçu, finalement, son compagnon installé dans le canapé. Chouette, elle allait pouvoir lui annoncer la bonne nouvelle.

« Bonjour, mon amour. »

Souriant, elle vit soudainement l'air fort contrarié de son compagnon.

« Ça ne va pas ? »

Lui demanda t-elle en toute innocence ne pensant pas un seul instant qu'Edward était tombé sur un sms qu'il n'aurait jamais dû lire.

Je suis resté de nombreuses minutes assis dans le canapé, les jambes légèrement écartées, les coudes sur les cuisses, la tête dans les mains. J'essayais de réfléchir, de me calmer. Mais à chaque fois que je fermais les yeux, je voyais Maria et Maxence échanger un baiser comme je les avais souvent vus faire lorsqu'ils étaient ensembles. Si un autre homme l'avait embrassée, j'aurais peut-être pu passé par-dessus. Qu'elle ai partagé un baiser avec son ex-petit-ami, ça, ça passait beaucoup moins, car ça voulait dire qu'il y avait encore quelque chose entre eux, comme s'il restait encore une petite étincelle qui ne demandait qu'à évoluer en une belle flamme. Pourquoi avait-elle accepté d'aller chez lui ? Pourquoi avait-il fallu qu'ils prolongent leur rencontre hasardeuse ? Non, ce n'était pas possible. Parfois, je me demandais si la brunette cherchait à me rendre fou, si elle tentait une expérience pour voir combien de coups je devais prendre pour péter violemment les plombs. J'en avais marre. Mon égo venait de se briser en deux.

Je ne pouvais pas rester sur place. Ainsi, je me levais et filais dans la salle de bain afin de prendre une bonne douche chaude, dans l'espoir de me calmer, de relativiser. Mais il n'en fit rien. Je ressortais quelques minutes plus tard, aussi contrarié qu'en entrant dans la pièce. Je n'avais même pas faim, c'était pour dire... Et ce n'était pas faute d'essayer, car je me trouvais à présent dans la cuisine, tournant autour de la table, lentement, le regard vide. Enfin quand je repris un peu de contenance, mes yeux bleus se posèrent sur un mot de ma mère. « Nous sommes tous partis en ville pour faire visiter Dublin à Lisa, Nathan et Ambre. On revient dans quelques heures. Je t'aime. » Je tenais le morceau de papier entre mes doigts tremblants, puis refermais ma main sur lui, l'écrasant avec force. Puis je revins dans le salon. Je me laissais tomber sur le canapé et reprenais ma position initiale, sauf que mes doigts commençaient à effriter le morceau de papier, signe que je n'étais pas dans mon assiette, car j'avais ce besoin d'occuper mes mains.

Enfin Maria décida de se lever. Elle me rejoignit dans le salon, toute rayonnante. Sincèrement, ça m'insupportai. Je ne lisais même pas un poil de culpabilité dans son regard. Comment pouvait-elle agir de la sorte ? Comme s'il ne s'était jamais rien passé. Ça me fit mal, vraiment. Je ne répondais même pas à ses salutations. J'en étais incapable. J'avais cette impression d'avoir perdu ma voix, comme si une boule géante était coincée en travers de ma gorge. « Ça ne va pas ? » Je tournais lentement la tête vers la brunette. Si la couleur des yeux était capable de changer, les miens seraient certainement devenus rouges. Je la fusillais du regard, y mêlant énervement, déception et tristesse. Elle voulu s'asseoir sur le canapé, certainement pour discuter de ma contrariété. Par réflexe, je me levais pour m'éloigner d'elle.

Sans explication, je retournais dans notre chambre. Je n'avais pas envie de lui expliquer de vive voix le problème. C'est la raison pour laquelle je recherchais son téléphone portable qui se trouvait dans le lit. Je soulevais la couette et finissais par le trouver. Ma main tremblante le tenait, ce dernier toujours ouvert sur la page du fameux message. À cet instant précis, j'avais une envie, celle de balancer le cellulaire par la fenêtre, ou bien prendre un marteau pour l'éclater en mille morceaux. Je me contentais cependant de revenir dans le salon. Ma main tendit le téléphone à Maria. Je serrais les dents. « Tu as reçu un message de Maxence. » Cette simple parole ne prévoyait rien de bon pour la brunette. Elle allait comprendre assez rapidement et dans le fond, j'avais hâte de voir la tête qu'elle ferait après avoir lu le sms.

Pas besoin d'être sortie d'Harvard pour comprendre au regard de son compagnon que celui-ci était apparemment sacrément contrarié. Cependant, il semblait davantage utile d'être doté(e) du cerveau d'Einstein pour comprendre ce qui pouvait bien mettre Edward dans cet état. S'asseyant dans le canapé pour être plus proche de son compagnon, la brunette fut réellement surprise lorsqu'il esquiva sa main sur lui et qu'il se leva brutalement, comme s'il...l'évitait. Mais que se passait-il bon sang ? Était-il affreusement en colère par rapport à ce dont ils avaient discuté la veille au soir ? Peut-être était-ce bien cela, mais alors pourquoi ne disait-il rien ? Ah, c'était insupportable ce silence. Le voyant alors s'en aller vers la chambre, Maria ne bougea pas d'un poil en attendant qu'il revienne, ce qu'il ne tarda pas à faire d'ailleurs. Le voyant avec son cellulaire, la brunette prit celui-ci lorsqu'Edward le lui tendit. Il lui expliqua qu'elle avait reçu un message de Maxence qu'il avait, apparemment, lu. Intriguée, elle lu alors à son tour le message qu'elle avait reçu.


"Pardonne-moi pour mes mots ainsi que pour ce baiser, c'était idiot. Je sais que tu es heureuse. Prends soin de toi... de vous. Max"

Évidemment, elle comprit de suite beaucoup mieux pourquoi son compagnon semblait être dans une colère noire. Mais qu'est-ce que Maxence avait eu besoin de lui envoyer un message comme cela aussi ? Pourquoi ne l'avait-il tout simplement pas appelé ? Soupirant, la brunette se rendit alors compte qu'Edward était blessé par ce qu'il s'était passé entre Maxence et Maria sans que cette dernière ne puisse y changer quoique ce soit.



« Ed', ce n'est vraiment pas ce que tu penses, enfin si, mais non. »


Se levant en laissant son téléphone portable sur le canapé, la brunette approcha de son compagnon mais celui-ci se recula, apparemment fou de rage. Oh, ça ne sentait pas bon du tout, mais alors pas du tout. Baissant le regard en direction du sol, la brunette réfléchit sur ce qu'elle pourrait dire à son compagnon pour s'expliquer, bien qu'elle ne soit en rien fautive puisque c'était Maxence qui l'avait embrassé et qu'elle n'avait nullement répondu au baiser. Elle était une femme fidèle, et malgré ce qu'il s'était passé lorsqu'elle était encore en couple avec le français et qu'elle avait fait l'amour avec Edward qui n'était que son meilleur ami à l'époque, Maria n'avait jamais eu dans l'idée de changer de comportement en tant que femme. Elle ne supportait pas l'infidélité, alors comment pourrait-elle faire ce qu'elle ne voulait surtout pas qu'on lui fasse franchement ? Elle n'était pas complètement idiote non plus.

Quand je repensais au fait que Maria m'avait fait un scandale juste sous prétexte que je m'étais lié d'amitié avec une de mes étudiantes, là, je la trouvais drôlement culottée, car jamais je n'ai embrassé une autre personne à part elle. Mais si elle me l'avait dit plus tôt, ça serait sans doute mieux passé. Qu'espérait-elle ? Que tout ça soit sous silence ? On finit toujours par tout apprendre, d'une manière ou d'une autre. Et le fait que la brunette n'ait pas décidé de m'en parler, me faisait me demander si ce baiser avait eu beaucoup de valeur. Si seulement elle avait pu me dire dés le début : « Écoute, j'ai vu Maxence aujourd'hui et il m'a embrassée. ». Oui, j'aurais fait la gueule un moment, mais sa franchise m'aurait rassuré. Que là, elle avait clairement garder le silence. C'est qu'il y avait de la signification, non ? Ou bien c'était moi que devenait fou...

Je la laissais lire le message. Pour ma part je gardais le silence le plus oppressant qu'il puisse exister à ma connaissance. « Ed', ce n'est vraiment pas ce que tu penses, enfin si, mais non. » Je serrais les dents. Maria se leva pour s'approcher de moi, je me reculais vivement pour deux raisons. La première, je n'avais pas envie d'un geste affectif venant de sa part. La seconde, j'étais dans une colère noire, donc pour un soucis de sécurité, mieux valait pour elle comme pour moi, qu'elle garde une certaine distance. Je passais mes mains tremblantes dans mes cheveux, dans un geste nerveux. Puis j'affichais un sourire avec tout autant de nervosité. Sa remarque était stupide. Elle me prenait pour le roi des cons en plus. « Ah oui ? Qu'est-ce que je suis con ! J'aurais dû me dire dés le début que sa langue est tombée dans ta bouche dans un pur hasard et que toi, tu as perdu la mémoire juste après car tu as fermé ta gueule. » Oui, énervé, mon langage devient très familier.

Je me retournais un instant, puis faisais les cent pas, dans l'espoir de me calmer. « Tu espérais quoi ? Que je ne serais jamais au courant ? Merde Maria ! Hier soir, j'ai culpabilisé à l'idée de t'en avoir autant voulu quand tu m'as dit que tu étais allez chez Maxence après l'avoir vu. Je me suis dit « Quel salop je fais, je la connais, elle n'a rien fait. ». » Je me mordillais la lèvre inférieure. Le pire, c'est que je ne pouvais m'empêcher de les imaginer tout les deux. Lui posant les mains sur elle. Leurs visages s'approchant l'un de l'autre. Leurs lèvres se rencontrant pour une nouvelle fois. Ah ! Ça me rendait fou.

Finalement je m'arrêtais de marcher. Je n'avais pas laissé Maria en placer une pour le moment. Et mieux valait pour elle qu'elle ne me coupe pas la parole, car j'avais horreur de ça, elle le savait très bien. Je me retournais vers elle. Nos regards se croisèrent. « Ne vas surtout pas me dire que c'est pas grave parce que c'est lui qui t'a embrassé, etc... ce qui m'énerve, c'est que tu ne me l'as pas dit, comme si c'était un truc qu'il fallait à tout prix cacher ! C'est aussi le fait que tu ai accepté de venir chez lui. Tsss... quand je pense que tu m'as fait un scandale quand je me suis juste lié d'amitié avec une étudiante. »

Il avait besoin de cracher son venin, pouvait-elle réellement lui en vouloir ? Non, seulement il aurait pu se montrer un brin moins agressif, Maria aurait tout autant préféré tout compte fait. Maria n'avait à proprement dit rien fait de mal puisque ce n'était pas elle qui avait embrassé Maxence mais l'inverse, ensuite elle n'avait pas donné suite à ce fichu baiser car elle avait expliqué au professeur français qu'elle était heureuse dorénavant et qu'elle ne voulait pas mettre en péril tout ce qu'elle avait présentement. Elle lui avait également expliqué qu'elle se doutait bien qu'Edward serait dingue s'il apprenait ce qu'il avait fait, mais qu'elle ne lui dirait pas. Et c'est ce qu'elle avait fait, pour le bien de tout le monde. Mais finalement, elle avait apparemment mal fait et en payait durement les conséquences. Oh il se disait sans doute qu'elle allait fuir encore, comme elle en avait l'habitude mais pour une fois non, non elle ne fuirait pas ! Bien-sûr cela ne ferait qu'aggraver les choses entre eux deux et elle le savait, mais comme il lui reprochait systématiquement de fuir face aux problèmes de couple qu'ils rencontraient, et bien cette fois, elle allait lui prouver qu'il aurait largement préféré qu'elle fuit, comme toujours.

« Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, alors n'en rajoute pas non plus Edward ! Maxence était mal, comment voulais-tu qu'il soit en me voyant ?! Il a eu un moment de faiblesse, c'est tout ! Tu veux reprocher à un homme amoureux d'essayer une dernière fois de récupérer la femme qu'il aime ? Tu aurais fait exactement la même chose alors arrêtes deux secondes tu veux !! C'est vrai, il m'a embrassé, mais ce que tu ne sais pas c'est que ça n'a duré que quelques dixième de secondes avant que je le repousse parce que j'ai pensé à toi à ce moment-là, à Ambre, au bébé, à nous ! Mais ça évidemment, ça t'échappe complètement ! J'ai été extrêmement surprise qu'il tente cela, maintenant ce qui est fait est fait Edward, on ne peut pas changer le passé tu le sais très bien il me semble ! Arrête de te faire des films, et déjà je ne suis pas allé chez lui ! Je me suis contentée de le raccompagner devant son immeuble et c'est tout ! Si tu ne voulais pas que j'aille dans certaines parties de la ville, il fallait me donner un plan ! »

Maria ne voulait pas qu'Edward s'en prenne à elle, mais encore moins à Maxence car il était impossible de lui en vouloir. Après tout, aujourd'hui il était malheureux mais c'était en grande partie de la faute d'Edward, et ensuite celle de Maria, il serait aussi bon que cette tête de mule d'Edward O'Malley n'oublie pas cela.

Pour une fois, Maria ne prenait pas la fuite. J'avais besoin qu'elle reste là, qu'elle m'explique ce qu'il s'était réellement passé, et pas qu'elle quitte la maison pour aller je ne sais où. À vrai dire, il est rare que j'entende la brunette hausser la voix contre moi, car d'habitude, elle reste silencieuse et s'en va, me faisant grandement culpabiliser. Mais là, ça ne serait pas le cas. C'est ainsi que je fus un brin surpris de la voir rester là, à élever le ton en me parlant. Ah ba tout de même ! Il était temps !

« Si tu ne voulais pas que j'aille dans certaines parties de la ville, il fallait me donner un plan ! » Mes yeux s'écarquillèrent en l'entendant. Et comme je reste un O'Malley, un pur, un dur, ma voix s'éleva encore un peu plus. « Pardon ?! C'est de ma faute maintenant ? Si je savais qu'il allait t'embrasser, je t'en aurais donné des centaines de ces putains de plans ! Après, je ne pouvais pas deviner qu'il serait là où tu te rendrais ! Et puis t'aurais pu tout simplement lui dire bonjour, prendre rapidement de ses nouvelles, mais non, il a fallu que tu ailles le raccompagner. Tu dis qu'il est malheureux ? Et bien tu pouvais justement éviter de lui étale tout ton bonheur ! Tu sais ce que ça veut dire ménager les gens ?! »

Un soupir s'échappa de mes lèvres. C'est vrai après tout. Il a bien dû remarquer qu'elle était enceinte, qu'elle arborait à son doigt une bague de fiançailles. Oui, il a dû se sentir mal à l'aise. La meilleure des choses auraient été qu'ils s'évitent un minimum. Mais ça non. Maria l'avait accompagné comme pour planter davantage le couteau dans la plaie. Nouveau soupir. Je me grattais la nuque du bout des doigts. « Et tu me demandes de ne pas me faire de films ? C'est ton ex Maria. Il est encore amoureux de toi. Vous avez été ensemble. Si je laissais Sarah m'embrasser, comment tu le prendrais ? Oh non, toi, tu ne te ferais pas de films voyons ! Mets-toi à ma place un peu ! Et comme je te l'ai dis, j'aurais aimé que tu m'informes de cet incident rapidement. Là je ne me serais pas fait de film. Mais non, il a fallu que tu me le caches. »

Comment voulait-elle que je ne me fasse pas de film ? Elle est drôle tiens... tsss toute cette histoire commençait à me miner le moral. Je m'asseyais sur une des chaises de la table du salon et prenais ma tête entre mes mains. Pourquoi Bon Dieu avait-il fallu qu'elle me cache toute cette histoire ? Et ce qui m'énervait davantage, c'est qu'elle trouvait ça tout à fait normal. Oh, il l'a juste embrassée. Le passé c'est le passé. Elle n'a qu'à coucher avec lui pendant qu'elle y est. Son discours marcherait aussi pour ça après tout ! Oui, je voyais rouge à cet instant précis, mais qu'on se mette aussi à ma place. Il ne fallait pas qu'elle espère que je saute de joie face à cette nouvelle.

« Je n'ai jamais dit que c'était de ta faute ! Mais ne me reproche pas quelque chose dont je ne suis pas responsable non plus ! Et ne me rappelle pas que c'est de ma faute si aujourd'hui il est malheureux, d'accord ?! Je n'en suis déjà que trop consciente !! Et puis je ne lui ai pas étalé mon bonheur comme tu dis si bien ! Si tu tiens tant à savoir ce que l'on s'est dit ; je m'en suis prise plein la gueule pendant plus d'une heure en me rendant toujours un petit peu plus compte que j'avais détruit un homme en en choisissant un autre ; toi espèce de crétin ! »

Énervée, oh oui elle l'était véritablement, comme quoi, à peine réveillée Maria était tout de même capable elle aussi de crier comme une perdue ! A en croire les dires d'Edward, tout était d'une facilité navrante pour la brunette. Bien-sûr, et il neige au mois de Juin en Californie aussi, tant qu'à faire, autant pousser les choses jusqu'à leurs extrêmes après tout, au point où on en était.

« Ah parce que tu crois que c'était évident pour moi peut-être ?! Évidemment, je me voyais tellement bien arriver vers toi et te dire que Maxence m'avait embrassé ! Non mais est-ce que tu t'écoutes parfois ?! »

Le voyant s'asseoir sur une des chaises, la brunette soupira, posa une main sur son ventre comme si elle souhaitait avant tout protéger le bébé de toute cette histoire. Bientôt, on allait entendre Edward remettre aussi en doute la fidélité de sa compagne, et puis quoi encore ? Effectivement, Maxence avait fauté, et c'était exactement pour cela que Maria n'avait rien voulu dire à Edward, pour qu'il ne lui fasse pas tout ce cinéma idiot !

« Tu vois, c'est exactement pour ça que je ne voulais rien te dire ! Pour éviter une engueulade supplémentaire entre nous ! C'était une erreur, est-ce que tu es en mesure de te rentrer cela dans la cervelle ?! C'était très certainement la dernière fois que je voyais Maxence, la dernière fois que j'avais la possibilité de m'expliquer face à l'homme qui m'aimait et que j'ai détruit, alors écoute-moi bien Edward O'Malley, si tu n'es pas prêt à accepter ça, si tu n'es même pas fichu d'avoir confiance en moi alors que j'ai accepté ta demande en mariage, que je suis enceinte de ton fils, mais qu'est-ce que tu fais avec moi dans ce cas ? »