« Je vais bien, d'accord ? On se détend, ça ne doit pas être très important, sinon elle m'aurait demandé de venir tout de suite à l'hôpital. » Plus facile à dire qu'à faire ! Et puis, elle, elle semblait amusée par mon comportement, comme si c'était drôle de me voir aussi peureux vis à vis de son état de santé. Pouvait-elle comprendre que s'il lui arrivait quelque chose, je ne pourrais plus vivre sans elle ? Elle est presque tout pour moi, mon oxygène, mes organes vitaux et j'en passe. Je sais qu'elle trouvait ça attendrissant et parfois même agaçant lorsque je lui faisais clairement comprendre ma crainte lorsqu'elle sortait toute seule le soir pour rejoindre une amie dans un bar. Comme si tous les détraqués de San Francisco se passaient le mot suivant : « Attention ! Maria O'Berkeley est devenue une proie facile, nous allons pouvoir l'agresser, la violer, lui ôter tous ces biens et l'étrangler avec une ceinture ! » Oui... il faut que j'arrête de regarder les séries policières, mais tout de même ! Personne n'est à l'abri d'un fou... elle est bien amoureuse d'un homme encore très enfantin sur certains points et un peu étrange sur d'autres, donc bon...

Elle caressa ma joue dans le but de me rassurer un peu. Mais ça ne marchait pas car elle même ne savait pas pourquoi cette Lucy lui avait demandé de venir. Pourquoi elle doit jouer dans l'implicite celle là aussi ?! Mais si je l'aime bien, mais là-dessus, ça m'agace, je déteste être dans un état de doute, c'est frustrant à souhait ! « Chéri, calme-toi, ça va. Ça a sans doute un rapport avec ma fatigue du moment, rien de bien inquiétant. J'ai sans doute besoin de vitamines. Ne t'en fais pas. » Je me retrouve sur le canapé sans même m'en rendre compte, et observe Maria avec mes sourcils froncés, laissant ainsi mon visage arborer cette magnifique ride du lion. J'entre-ouvre les lèvres pour répondre, mais elle me coupe en un baiser. « Bonjour, je m'appelle Maria. Mon compagnon est séduisant, intelligent, romantique, soucieux de me satisfaire et très inquiet de ma personne... » Désespérant ? Les femmes qui l'entendraient seraient capable de soupirer d'agacement, car elles n'ont pas d'homme aussi attentionné et... étouffant !

« Je dois la voir lundi matin, alors j'irai lundi. Arrête de paniquer. » Je l'observe dans les yeux, sceptique, avant de répondre, enfin : « Si elle t'as dit de venir lundi, ça veut dire que ce n'est pas grave ? Justement, si c'était quelque chose de pas grave du tout, elle l'aurait dit par téléphone ! » Ok, ça marche dans les deux sens. Au final, il était impossible de savoir si c'était grave ou non. Ah ! Je ne tiendrais jamais jusqu'à lundi. Je continue de la regarder dans le plus profond de ses yeux et y pioche un peu de réconfort. Mon océan d'amour ces deux perles. Je soupire. « Bon d'accord, je me calme... » Je passe mes bras autours d'elle et cale ma tête contre la sienne. « Tu sais que je t'aime ? »

Il n'avait pas tort. Le fait que Lucy souhaite la voir lundi matin plutôt que de lui annoncer les résultats de ses tests par téléphone était étrange. Cependant, comme elle lui avait également dit de ne pas s'inquiéter, Maria se rassurait en pensant que ce qu'elle avait à lui dire n'était pas si dramatique qu'ils auraient pu le penser en réalité.

« Moi aussi je t'aime. »

Que pouvait-il bien se passer ? Pourquoi Lucy ne lui avait-elle rien dit de plus au téléphone si ce n'était ce rendez-vous qui semblait presser malgré tout ? Était-elle malade ? Paranoïaque comme elle l'était, Maria ne tarda pas à se retourner le cerveau dans tout les sens dans le but certain de trouver des réponses à toutes ses questions. Et si elle avait quelque chose concernant la rupture d'anévrisme qu'elle avait subie quelques mois auparavant ? Non ! Il fallait qu'elle se calme maintenant, tout allait bien, elle allait bien. Ça ne devait pas être grave. Sentant soudainement les lèvres de son compagnon dans son cou, elle reprit ses esprits. Il ne fallait pas qu'elle se mette à s'inquiéter alors qu'elle venait de demander à Edward de ne pas le faire, ce serait vraiment se fiche de lui sinon. Il devait ressentir sa crainte présentement et rien que pour ce fait, Maria culpabilisait un petit peu, c'est vrai. Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient être compliqués depuis qu'ils étaient ensemble ces deux-là. Autant ils pouvaient vivre de très belles choses, autant ils avaient toujours des tourments.

« Je suis sûre que ce n'est rien... »

Là, s'il ne comprenait pas sa crainte, il était vraiment idiot. Mais comme Maria était déjà sûre et certaine qu'il avait comprit sa peur du moment, elle en concluait que son compagnon était tout sauf idiot. Loin de là même. Plaçant ses jambes sur le canapé, la brunette vînt placer sa tête sur le jambes d'Edward tout en fermant les yeux. Relativiser, positiver, tout irait pour le mieux. C'est drôle de voir à quel point ce genre d'appels peuvent mettre les gens dans un tel état de paranoïa et de peur. Et pourtant...c'était bien réel. Ils en avaient tellement vu tout les deux depuis qu'ils étaient ensemble qu'ils avaient – ou tout du moins elle avait – peur qu'une nouvelle tuile leur tombe sur la tête. Ce n'était pas non plus comme s'ils étaient encore à une près aussi.

« Je suis sûre que ce n'est rien... » Elle même stressait, c'était visible et ce, en quelques dixièmes de seconde seulement. Elle se posait tout autant de questions que moi. Ce n'était pas très agréable d'attendre jusqu'à lundi pour avoir des résultats de médecins. J'étais bien placé pour savoir que ce genre de choses est long et stressant. Ah ! Tout ça me rappelait que j'allais également devoir repasser des examens à l'hôpital pour savoir comment se porte mon nouveau cœur. On n'avait pas pu me dire qui avait été le donneur, étant donné que l'identité doit restée anonyme. Néanmoins, on m'avait confié que c'était un américain d'une trentaine d'années engagé dans l'armée de Terre qui avait été rapatrié aux États-Unis suite à une grave blessure par balle. Finalement il y avait laissé sa peau à peine arrivé sur le territoire du Nouveau Monde. Je n'avais pas pu m'empêcher de demander s'il avait des enfants. Oui, une fillette de l'âge de Jade. C'était étrange comme sensation. Quelque part on s'en veut d'avoir le cœur d'une personne qui devrait être en vie pour s'occuper de sa famille. D'un autre, ce n'est pas comme si on sacrifiait les gens pour avoir le droit à un organe. Il est décédé, je ne pouvais rien faire pour lui. Accepter ce muscle vital ou non ne lui aurait pas redonné la vie malheureusement.

Je sortais de mes pensées en sentant Maria s'installer confortablement sur moi, soit en plaçant sa tête sur mes cuisses. Hey ! D'habitude c'est moi qui adopte cette position ! Néanmoins j'esquisse un tendre sourire. Mes doigts caressent ses longs cheveux bruns et bouclés. Ils sont parfaits. Une vraie crinière ébène digne des plus belles algériennes au monde. « C'est peut-être juste quelque chose d'assez important pour ne pas être annoncé au téléphone, mais que n'est pas grave au point de te faire venir de suite à l'hôpital. » Ahah bonne blague ! Je ne pouvais absolument pas donner un exemple pour ce que je venais de dire, mais j'imagine que ce genre de choses pouvait bien arriver. En fait, je préférais penser à cela, plutôt que de me faire peur, ou bien de continuer à stresser. Le médecin a été clair, éviter tout stress ou contrariété. Sous entendu ? Qu'on me traite comme un prince, qu'on obéisse à mes ordres ! Ah ! Enfin, ça, c'était ma variante. Maria ne l'entendait pas de cette oreille malheureusement. Dommage, j'aurais essayé.

Je me penche pour déposer un doux baiser sur ses lèvres délicieuses. Je ne m'en passerais décidément jamais. Mon regard se pose sur mon désordre personnalisé sur la table basse et un soupir s'échappe de ma bouche. Ben voilà, je ne suis plus du tout concentré donc je ne me souviens plus où j'en suis ni ne comprends la logique de mon bazar. J'essaie de m'y retrouver, tout en faisant attention de ne pas trop bouger pour que Maria puisse rester confortablement allongée. « Oh j'suis perdu maintenant dans mon travail. » Je fais une petite moue avant d'afficher un sourire amusé. Je remets mes lunettes sur mon nez et l'observe. « Il est beau ton homme comme ça, non ? Ça fait trop intello ! » Sourire fier et gentiment arrogant même. Disons que ça me donnait effectivement un côté intellectuel, charmeur et adorable, incapable de faire du mal à une mouche, soigné, propre de tous vices. Le gendre idéal en somme, n'est-ce pas ?

Pourquoi Lucy l'avait-elle appelé si ça pouvait attendre Lundi ? Et pourquoi avait-elle tant tenue à lui parler en face plutôt que de lui donner les résultats de ses tests sanguins par téléphone ? Il y avait vraiment quelque chose qui ne collait pas, et Maria sentait même que quelque chose clochait véritablement dans toute cette fâcheuse histoire. Delà à savoir quoi, elle n'était pas non plus voyante et donc n'était pas en mesure de dire la raison pour laquelle elle devait impérativement aller voir son amie à son bureau à l'hôpital.

Écoutant alors son compagnon lui expliquer son point de vue se voulant rassurant, la brunette chercha à croire Edward même si une partie d'elle-même lui disait de se méfier du moment présent et qu'autre chose allait – encore – leur tomber sur le coin du nez. A croire qu'un seul instant de répit ne leur serait tout bonnement jamais accordé. Allez savoir pourquoi. Peut-être une histoire de karma tout ça encore.

« Tu as sans doute raison. »

Se laissant embrasser, la brunette amplifia brièvement bien que sensuellement cet échange. Puis, Edward décida qu'il était grand temps pour lui qu'il se remette sérieusement à la tâche. Zut, elle l'avait coupé dans son élan, ce n'était pas très malin de sa part, mais elle ne l'avait guère fait exprès, et encore heureux dans un sens. Lorsqu'elle aussi corrigeait encore des copies, il ne fallait surtout pas venir l'ennuyer d'une quelconque manière que ce soit. Elle se remémora une fois où Matthew était venu à l'improviste dans son minuscule appartement et qu'il avait décidé de faire en sorte qu'elle se détende car elle bossait beaucoup faisant passer la réussite de ses classes avant tout le reste. Lorsqu'il était arrivé derrière elle et qu'il l'avait embrassé, Maria avait piqué une crise prétextant qu'elle n'avait définitivement pas le temps de se laisser attendrir par les gentillesses du professeur. Finalement...elle avait craqué au bout de deux copies supplémentaires et la soirée s'était tranquillement et amoureusement terminée dans la chambre de Maria.

Souriant en se remémorant cet agréable moment passé, la brunette écouta son compagnon actuel lui expliquer qu'il était très classe avec ses lunettes et qu'elles lui donnaient un air assez strict voir intello. N'importe quoi. C'est vrai que ça le changeait, mais il n'en était pas pour le moins craquant.

« Je vais te laisser travailler. Je vais me changer. »

Être en tenue de travail n'était pas toujours ce qu'il y avait de plus agréable, cependant lorsqu'elle allait voir la petite Ambre Maria tenait à être correctement habillée, comme si cela l'aidait à faire bonne impression à la DASS. Complètement stupide, c'est vrai.

Je me suis souvent dit que Maria avait toujours des sentiments pour son ancien compagnon et je pense qu'elle en aura toute sa vie. Pouvais-je lui en vouloir ? Ce dernier l'avait brusquement quittée, d'une façon bien tragique. Il avait été son premier amour, sa première histoire sérieuse. On ne peut pas rivaliser avec une personne décédée. Je me demande fréquemment si je suis ne serait-ce qu'égal à lui ? S'il n'était pas mieux que moi et qu'elle aurait préféré être avec lui à l'heure qu'il est si le destin n'en avait pas voulu autrement ? Je suppose que c'est normal quelque part. Si j'avais vécu ça avec Sarah, j'aurais probablement toujours eu des sentiments pour elle au plus profond de moi. Matthew aura toujours une place dans le cœur de la brunette, même si j'avais également la mienne. Bref. Il fallait que j'arrête de me prendre la tête ainsi avec toutes mes questions. Son ancien compagnon n'était malheureusement plus présent pour elle contrairement à moi.

« Je vais te laisser travailler. Je vais me changer. » Mh ? Je n'étais plus vraiment concentrer pour faire quoi que ce soit en fait. Il est rare de me voir travailler. Néanmoins, lorsque c'est le cas, c'est que je suis très concentré dans ce que je fais. Pourtant, mon attention part très vite, comme maintenant en somme. J'observais la brunette se lever et j'esquissais un tendre sourire. Elle était complètement HS la pauvre, et j'étais en train de me demander ce qui pourrait la détendre un minimum. Soudain, ce fut comme si une ampoule venait d'apparaître à côté de ma tête. Un bain ! Un bain en amoureux pour se relaxer, qui a-t-il de plus déstressant ? Avec un massage en prime ? Elle allait adoré.

Déposant de nouveau mes lunettes sur la table basse, je me levais et retroussais les manches de ma chemise, et donc par la même occasion celles de mon pull se trouvant par-dessus. « Tu veux que je nous fasse couler un bain ? », lui demandais-je alors que je déposais mes mains sur ses épaules. J'émettais une légère pression dessus, effectuant un petit geste de massage, comme pour l'inciter à répondre de façon positive. « Je paris que je réussis à te relaxer pour la soirée. » Nouveau sourire. Je dépose un baiser sur sa nuque. Et sans même attendre sa réponse, je file dans la salle de bain afin de remplir la baignoire d'eau chaude. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas accordé un bain en amoureux. La nouvelle année scolaire a reprit et ça se sent. On ne peut plus prendre notre temps le matin, surtout Maria en fait. Quelques minutes plus tard, la baignoire était remplie d'eau et de mousse, avec une agréable odeur. Mh, ça me relaxait juste en regardant la scène.

Non, Maria ne pourrait tout bonnement jamais oublier son ancien compagnon décédé plusieurs années plus tôt, mais en même temps, cela semblait on ne peut plus normal. Ils avaient été tellement amoureux tout les deux, il semblait évidemment que la brunette ne pourrait jamais véritablement tirer un trait sur Matthew, même si cela gênait Edward – ce dont Maria ne croyait en rien. Pourquoi serait-il dérangé par cela ? Ce n'était pas non plus comme si Matthew risquait, un jour, de refaire son apparition. La médecine a évoluée, certes, mais pas à ce point-là non plus, tout le monde le savait bien.

Alors que Maria allait aller dans la chambre pour pouvoir changer de tenue vestimentaire, Edward commença gentiment à la masser. Oh mon dieu...c'était exactement ce dont elle avait besoin présentement au vu de toute la pression encore endurée aujourd'hui. Elle ne faisait l'objet que de pression de toutes sortes de toute manière en ce moment, il fallait dire ce qui était. Entre le boulot qui la tiraillait à cause du départ d'une majeure partie des élèves à Paris à la fin du mois, l'adoption d'Ambre qui semblait urgente, et maintenant ses résultats médicaux qui étaient préoccupants, Maria ne savait vraiment plus sur quel pied danser. C'est alors qu'Edward lui proposa bien gentiment de leur faire couler un bon bain chaud. Oh oui, ce serait vraiment un pur bonheur ça, un bon bain, tout les deux, se relaxant. Le paradis sur terre, ou plutôt dans l'eau vu sous cet angle-là.

« Avec plaisir. »

A peine avait-elle eut prononcé ces paroles qu'Edward filait déjà à toute allure vers la salle de bain. Un ange, cet homme était vraiment un ange. Se laissant finalement retomber sur le canapé, elle poussa un long et profond soupir témoignant une fois encore de sa fatigue du moment. Il était vraiment temps que Maria retrouve un rythme de vie un tantinet normal, les vacances les avaient tellement chamboulés que maintenant ils perdaient complètement les « bonnes » habitudes à avoir pour travailler sans être forcément crevés. Oh, avec le temps ça allait revenir, comme on dit souvent ; il faut laisser faire le temps. Et c'est bien ce qu'elle comptait faire en ce moment en profitant d'abord d'un moment détente avec son homme.

Une petite dizaine de minutes plus tard, Edward et Maria se retrouvaient tout les deux tranquillement allongés dans la baignoire heureusement assez grande pour eux. Edward était adossé à la paroi alors que Maria elle, était adossée contre le torse de son compagnon. La position rêvée pour pouvoir profiter et se détendre. Leurs mains droites entremêlées, Maria souriait, les yeux fermés, elle se sentait bien pour la première fois de la journée, et dieu sait qu'elle savait dorénavant profiter de ces rares moments de bien-être et de relaxation auprès de son homme. Ils se faisaient tellement rarissimes ces derniers temps à cause de leur boulot.

« Ton idée était tout bonnement brillante mon amour. »

Même si Maria et moi, nous nous voyons un peu moins souvent en vue de la nouvelle année scolaire qui a débuté depuis un mois environs, nous nous accordons toujours un petit moment en amoureux, où l'un peut se reposer dans les bras de l'autre. Cet instant se situe notamment le soir, dans le lit. On se retrouve, on se raconte nos journées respectives, on prévoit notre voyage en France car finalement, la brunette n'a pas voulu partir en même temps que les autres. Ainsi, nous irons ensemble, au même moment. C'est plus simple. Ça la rassure, ça évite que l'on souffre chacun de notre côté de la distance qui nous sépare, et de toute façon, le directeur de Berkeley a soudain tenu à y aller au début de l'échange. J'ai hâte d'y être, pour changer d'air, pour visiter Paris, Montmartre et je compte bien m'accorder une journée ou deux, le temps d'un Week End en somme, pour aller en Haute Normandie. En train, ça doit être seulement à une heure ou une heure trente jusqu'à Rouen. Ah ! Juste le fait d'y penser, ça me fait sourire. Bref. Le matin, si je pars avec Maria, j'ai pour habitude de lui laisser un post-it avec un petit mot que je colle sur le miroir. Si je suis d'humeur à gentiment l'énerver, elle a le droit au « Je t'aime » écrit avec son rouge à lèvres.

Le bain est prêt. Je prévenais Maria alors que, sans plus attendre, je me déshabillais pour m'installer dans la baignoire. Ah ! Parfait ! Relaxant ! Je lâche un soupir de bien être en fermant les yeux. Finalement je les ouvre à nouveau et les pose sur la brunette que se déshabille également. Je l'observe. Habitude. Elle sait que j'adore son corps et que la voir nue relève d'un pur délice. Mon petit plaisir personnel en somme. Je me mordille la lèvre inférieure. Me rendra-t-elle toujours aussi fou durant les vingt prochaines années ? Probablement. Du moins, c'est bien parti pour. Je l'ai vu nue tant de fois et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser « Bon Dieu mais quel corps ! ». Sexy à l'état pur la demoiselle. Quoi qu'il en soit, je la laisse me rejoindre dans l'eau. Enfin on va pouvoir profiter l'un de l'autre, sans limite de temps.

Le bonheur des bains en amoureux. J'étais tranquillement calé contre la paroi de la baignoire, alors que Maria, elle, s'était installée contre mon torse. De cette façon, mes jambes se retrouvaient de part et d'autre du corps de la brunette. Je déposais quelques baisers sur sa nuque alors qu'elle avait attaché ses cheveux. Un bain moussant. J'adore. Le plaisir de pouvoir se prélasser dedans, ne plus penser à tous les petits ou gros tracas de la vie quotidienne. Non, seulement profiter de cet instant magique avec la personne que l'on aime. Ma main libre a pris place sur le corps de Maria, plus précisément autour de sa taille, comme si je voulais l'empêcher de partir. J'aime sentir son corps nu contre le mien.

« Ton idée était tout bonnement brillante mon amour. » J'esquisse un large sourire. En effet, je sens que ça la détend et mine de rien, c'était le but recherché. J'ai envie qu'elle passe une bonne soirée, oublier tous ses problèmes pour se consacrer à nous deux. En effet, nous manquons pas mal de temps libre en ce moment, enfin, surtout la brunette dans la mesure où elle est la seule de nous deux à avoir repris entièrement son travail. Mais je ne peux pas lui en vouloir, c'est dans l'ordre des choses. Néanmoins, j'ai également besoin de la retrouver pour ce genre de petits moments intimes, où nous nous enfermons dans notre petite bulle pour se dire à quel point on s'aime, pour s'amuser comme des enfants, pour discuter calmement, pour faire l'amour, etc... « C'est normal parce que je suis brillant ! » Un rire s'échappa de ma gorge, gentiment vantard, alors que je passais mon index à la surface de l'eau pour récolter de la mousse que j'étalais avec amusement sur le nez de Maria. Oui, Edward dans un bain moussant, ça ne fait pas forcément bon ménage. C'est comme demander à un gamin d'être sérieux alors qu'il est en présence d'une tonne de jouets aussi géniaux les uns que les autres.

Pouvoir passer un petit moment en amoureux avec l'homme que l'on aime, voilà quelque chose de bien agréable surtout après une journée comme celle qu'avait eu Maria. Adieu les soucis, et bonjour à la relaxation. Bon, peut-être que le terme relaxation n'était sans doute pas le plus approprié lorsqu'elle se trouvait en compagnie d'Edward puisque celui-ci étant d'un naturel enfantin, elle ne pouvait pas passer un moment sans qu'il ne cherche à la divertir d'une manière ou d'une autre. Incroyable et surtout, infatigable cet homme ce qui a – c'est vrai – ses inconvénients comme ses avantages, certes.

« Edward...je t'en prie. »

Non pas que le fait qu'elle se retrouve avec de la mousse sur le nez l'exaspérait...bon si, peut-être un petit peu, mais c'était aussi cela qui faisait leur charme commun, leur différence d'âge qui indiquait clairement une différence – pour ne pas dire grande différence – de comportement. Maria avait passé la quarantaine, c'était une femme rangée comme certains disent, alors qu'Edward lui n'avait que la trentaine et sortait d'une opération à hauts risques qui lui laissait dorénavant la possibilité de vivre une belle et agréable vie aux côtés de ses enfants et de la brunette aussi, alors il profitait et s'amusait, comme il l'avait un peu toujours fait, c'est vrai.

« Je n'ai franchement pas la force de jouer ce soir. »

Elle venait de s'exprimer d'une toute petite voix comme si le fait qu'elle ait encore les yeux fermés lui donne de plus en plus envie de tomber radicalement dans les bras de l'agréable Morphée. Bon d'accord, c'était clairement ça. Maria était – encore – exténuée par sa journée alors qu'elle n'avait pas fait grand chose cependant. Le surplus d'émotions sans doute. Il est toujours plus facile de mettre la fatigue sur le compte d'une nuée abondante de sentiments plutôt que sur tout le reste, que voulez-vous, l'Homme a été conçu de cette façon, on ne le changera plus désormais.

Prenant les deux mains de son compagnon dans les siennes, Maria les plaça machinalement sur son ventre et se cala un petit peu mieux contre Edward. Bon sang, si elle le pouvait, elle passerait bien toute la soirée ici, dans cette baignoire avec lui. Seulement, l'homme refroidirait bien à un moment ou à un autre et cela les forcerait alors à quitter leur petit cocon aquatique. Malheureusement.

« Edward...je t'en prie. Je n'ai franchement pas la force de jouer ce soir. » Ça c'est dit. De quoi être coupé dans son élan. Je restais silencieux. J'aurais bien voulu soupirer, mais à quoi bon ? Je passe mes journées à ne rien faire car je suis trop faible. La seule chose que j'attends, c'est que Maria rentre à la maison. Je me fais littéralement chier et quand la brunette rentre, elle est trop fatiguée et part donc assez rapidement se coucher. C'est frustrant mais qu'est-ce que je peux y faire ? Je ne vais pas lui reprocher de travailler dur. Pour ma part, j'ai beaucoup trop d'énergie à revendre, voilà pourquoi j'essaie de jouer, pour me divertir et arrêter de chialer comme un gosse la journée parce que cette situation me dépasse, parce que je n'arrive pas à suivre le rythme. Courage. D'ici un mois ou deux, je devrais bien être de nouveau sur pieds.

« D'accord... », soufflais-je sur un ton bas, presque inaudible. Je sentais bien qu'elle avait envie de dormir. C'était devenu une habitude le soir, ne serait-ce que les fins d'après midi. J'ai hâte que les vacances arrivent, pour qu'elle soit davantage en forme et que je puisse profiter d'elle un peu plus qu'une ou deux heures. Enfin, un peu comme aujourd'hui en somme. Elle était rentrée depuis une heure et déjà elle tombait dans les bras de Morphée. Et si c'était moi que l'ennuyait ? Non, c'est le boulot, c'est tout ce que nous vivons en ce moment, c'est le surplus d'émotions. Oui, vivement les vacances que je la retrouve rayonnante, dynamique.

Mes bras puissants se resserrent doucement autour d'elle alors qu'elle se cale davantage contre moi. Je pose mon menton contre son épaule après avoir déposé un doux baiser dessus. Je n'ose pas vraiment bouger ni parler, de peur de la garder éveillée alors qu'elle préfèrerait dix fois tomber dans un sommeil profond. Donc, je n'ai pas envie de la déranger. De toute façon, elle ne pourra pas vraiment s'endormir dans la mesure où je ne vais pas non plus rester toute la nuit dans cette baignoire. Il faudra bien qu'elle se réveille pour dîner, en admettant seulement qu'elle décide de bien vouloir manger. C'est un peu la lutte pour ne pas qu'elle loupe de repas. C'est fatiguant j'ai l'impression de me battre avec mes enfants pour qu'ils mangent quelque chose qu'il n'aime pas. La seule différence, c'est que leur refus est différent, simple caprice. Pour la brunette, ce n'est pas le cas.