« Mayaaaaaa !!! »

Bon sang que c'était bon d'entendre cette petite voix l'appeler tout en déformant son prénom. Ça lui donnait presque les larmes aux yeux à vrai dire, et pour cause, Ambre Harrisson était une petite fille qui avait prit le cœur de la directrice adjointe de Berkeley le jour de leur rencontre. Prenant la jeune Ambre dans ses bras, Maria sentit une larme se mettre à couler le long de sa joue au moment même où elle l'embrassa. Elle lui avait affreusement manqué. Mais vraiment...pour dire à quel point Maria pouvait vraiment tenir à elle depuis tout ce temps. Le fait de ne pas avoir pu l'adopter la rendait complètement folle, qui plus est le fait de ne pas pouvoir la voir quand elle le désirait la rendait complètement folle !

« Maria ? »

Alors qu'elle avait Ambre dans les bras, Maria se retourna vers la jeune femme qui travaillait ici et qui l'aidait à chaque fois pour voir la petite fille. Son visage ne semblait pas serein. Elle avait une mauvais nouvelle, il n'y avait pas besoin d'avoir fait de grandes écoles pour comprendre cela. Cela mit la brunette mal de suite. Le pire était à venir, elle le sentait.

« Une famille...se propose. »

Maria ferma les yeux sous le poids des mots qu'elle venait d'entendre. Pourtant, elle savait qu'un jour cette chose-là se produirait, qu'un jour la jeune Ambre aurait la chance d'être accueilli dans un foyer qui serait le sien. Mais ce qu'elle aurait vraiment aimé, c'est que cette famille, ce soit la sienne ! Et non une autre. Malheureusement, on ne choisi pas tout dans la vie.




Refermant avec douceur la porte derrière elle, Maria se rendit directement au salon. Nul besoin de lunettes pour constater qu'elle avait pleurer. Et pour cause ; apprendre la probable adoption de celle que l'on considère comme sa fille, il y a mieux quand même. Non elle n'était pas bien du tout, et finalement personne ne pourrait le lui reprocher tout en sachant ce qui se passait présentement pour elle. Il y avait clairement de quoi déprimer, mais sévèrement même.

Edward était là, installé sur le canapé lisant un magazine, qu'importe le nom, elle n'y fit même pas attention. Tout ce qu'elle désirait présentement, c'était de pouvoir se retrouver dans ses bras et de pleurer toutes les larmes de son corps. Voilà ce dont elle avait réellement besoin pour le moment. Ensuite, elle aviserait, voire même ils aviseraient. Edward se sentait-il concerné lorsqu'il s'agissait d'Ambre ? Maria n'en savait absolument rien pour la simple et bonne raison que depuis qu'ils étaient ensemble, jamais elle n'avait osé lui en parler dans le but possible d'une future adoption. Et maintenant, c'était trop tard, ou tout du moins ça le semblait sérieusement.

Je me retrouvais désormais dans le salon, l'ordinateur portable fièrement posé sur la table basse, plusieurs feuilles éparpillées à côté dans un désordre monstre, ce qui voulait dire tout simplement que j'étais très concentré et dans mon travail à cent pour cent. Un cerveau en ébullition. Je m'y retrouve très bien dans mon bordel. Oh, il est tout de même assez logique. Maria le savait, tout autant qu'une bonne partie de mon entourage, il n'y a que dans cet état que je suis capable de rester assis sans avoir besoin de bouger, à défaut de rester en place. Néanmoins, ma jambe droite, elle, bouge frénétiquement comme celle de tant d'autres personnes. Il faut que mon corps soit un minimum actif. Je n'arrive pas à lutter pour. Ça doit être également psychologique, car lorsque je m'oblige à rester immobile sur une chaise pour combattre mon hyperactivité, j'ai l'impression d'être enfermé entre quatre murs dans un petit espace, et j'ai l'impression de ne pas réussir à respirer convenablement. J'ai toujours détesté ça. Je me souviens encore quand j'étais petit, lorsqu'Alan s'amusait à s'asseoir de tout son poids sur moi, m'empêchant ainsi de remuer ne serait-ce qu'un pouce, je hurlais en me débattant de toutes mes forces. Lui ça le faisait rire. Moi, ça me rendait fou. C'est comme enfermer un oiseau dans une cage minuscule où il ne pas même pas étendre ses ailes. La nuit, avec Maria, c'est un peu différent. Inconsciemment, je bouge tout le temps, donnant parfois l'impression que je n'arrive pas à dormir. C'est totalement faux. Mais même dans un profond sommeil, mon corps a besoin de se remuer, comme pour dire à mon cerveau que je suis toujours vivant.

Avec mes lunettes de vue que je n'arbore que pour travailler de la sorte, je feuillète un magazine d'Histoire, le numéro d'une longue série, sur l'Empire Romain. En effet, je prépare un nouveau chapitre pour mes étudiants de première année. Enfin je m'attaquerais à la correction de devoirs écrits des dernière année. Mon remplaçant manque de temps. Pour ma part, j'en ai trop à tuer. Ça m'occupera. Quoi qu'il en soit, je ne fais qu'à peine attention à la porte que s'ouvre dans l'entrée. Je sais que c'est Maria. Néanmoins, je ne lève pas les yeux du magazine afin de m'en assurer. Je connais sa démarche par cœur, le bruit exacte que font ses talons lorsqu'ils claquent avec grâce sur le sol. « Ave la plus belle femme que Dieu ai créé ! » Voilà, j'étais tellement barré dans l'univers de la Rome Antique que je lui disais « Bonjour » en latin. Finalement, comme je n'avais pas de réponse, je levais mes yeux bleus de la brochure que j'étais en train de lire, pour les poser sur la brunette. Son regard était rougi par les larmes ce qui m'alerta en un dixième de seconde. Retirant mes lunettes que je posais vivement sur la table basse, je me levais d'un bond et m'approchais d'elle, le visage inquiet. « Chérie ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Et là, on pense à plein de choses. Soit quelqu'un l'a emmerdée sur la route et lui a fichu la peur de sa vie, soit elle craque simplement vis à vis de tout ce qu'on a vécu ces derniers temps ou alors... c'est en rapport avec Ambre. En effet, c'est elle qu'elle a été voir cet après midi. De là, mon cerveau rassemble tous les morceaux du puzzle avec une rapidité étrange. Si elle pleure alors qu'elle a été voir la petite, c'est certainement parce que quelqu'un d'autre veut l'adopter. Mon visage se fige d'un coup alors que je venais de froncer légèrement les sourcils. « Dis moi que ce n'est pas ce à quoi je pense... » Je posais mes yeux dans les siens, alors que je caressais ses joues avec mes pouces.

Elle se sentait comme complètement vide présentement. Comme si plus rien n'avait d'importance, comme si toute sa vie n'était plus qu'un énorme amas d'idioties inutiles. Elle avait tellement lutté pour obtenir l'adoption de la jeune Ambre Harrisson, et aujourd'hui, tout ses efforts étaient tout bonnement réduits à néant puisqu'une famille se proposait enfin à l'adoption. La catastrophe pour Maria, mais une belle chance pour la petite d'avoir enfin la vie qu'elle méritait. Comme on dit souvent “le malheur des uns, fait le bonheur des autres”, pour Maria cette citation prenait enfin tout son sens, malheureusement d'ailleurs. « Ça serait arrivé un jour. » avait-elle dit à la jeune femme qui travaillait à la DASS, Maria ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.

Face à Edward, les choses n'étaient finalement pas plus simples à vivre contrairement à ce qu'elle avait pu penser en passant le pas de la porte d'entrée. Maria avait naïvement pensé qu'elle serait moins mal lorsqu'elle se retrouverait aux côtés de son compagnon, mais finalement, c'était encore pire. Elle venait de tout perdre, tout ce dont elle espérait venait de filer entre les doigts. Et c'était de sa faute puisqu'elle n'avait rien fait pour relancer au plus vite une procédure avec son compagnon. Maria n'avait pas souhaité lui en parler parce qu'elle ne voulait surtout pas qu'il pense qu'elle cherchait à lui mettre un quelconque pression quant à l'adoption qu'elle souhaitait faire. Et aujourd'hui, c'était trop tard.

« Elle va être adoptée. »

C'est tout ce avait réussi à dire, et c'était sans aucun doute suffisant pour Edward en ce moment. Elle n'avait même plus la force de parler. Pourquoi tout devait être aussi difficile ? Ils venaient à peine de retrouver un rythme de vie correct qu'il fallait qu'une nouvelle tuile leur tombe sur la tête, quoique là, c'était la maison tout entièrement qui venait de s'effondrer.

Se retrouvant finalement dans les bras de son homme, la brunette ferma les yeux et inspira profondément, elle ne devait plus pleurer, elle l'avait suffisamment fait tout à l'heure dans son véhicule, qui plus est ce n'étaient pas les pleurs qui allait la sortir de ce véritable enfer. L'instant était difficile mais Maria ne devait plus se laisser aller, elle l'avait trop fait ces dernières semaines selon elle.

Je détestais clairement voir la brunette dans cet état. Et si il s'avérait que je me trompais et qu'on lui avait fait du mal, j'irais casser la figure à cette personne sans plus attendre. J'ai beaucoup de sœurs, donc, j'ai toujours été habitué à me battre pour elles, pour qu'on les respecte, qu'on les traite comme des princesses. C'était pareil pour Maria. Je refusais d'admettre que des crétins comme Carl Hambrush puisse lui mener une vie difficile. De toute façon, lui, il allait avoir assez prochainement de mes nouvelles. J'attendais seulement d'être un peu plus en état, et quand ceci sera fait, il entendra parler de moi.

« Elle va être adoptée. » C'était donc bien ce que je pensais. Je me sentis rapidement très stupide dans la mesure où je n'avais pas cherché à en reparler avec Maria. Nous avions été d'accord pour attendre que ma greffe cardiaque se soit bien passée et que je sois hors de danger pour faire tel ou tel projet d'avenir. Finalement, nous avions perdu bien trop de temps. Je savais que la brunette souhaitait adopter la petite depuis un long moment déjà. Et même si j'avais déjà deux enfants de bas âge, je ne pouvais nier le fait que j'avais également eu un petit coup de foudre pour la gamine, même si je la voyais bien moins souvent que Maria. Je mettais fait à l'idée qu'un jour ou l'autre, nous serions amenés à l'adopter. Mais dans toute cette attente, nous avions laissé la possibilité à une autre famille de demander à l'avoir. Je me sentais coupable quelque part et je ferais tout pour rattraper le coup, du moins j'essayerais.

« Viens par ici. » Je la serrais doucement dans mes bras afin de la réconforter, de lui faire comprendre que j'étais là pour elle et que jamais je ne la laisserais tomber. Je m'accordais un petit moment câlin avec elle pour la rassurer, puis mes lèvres se plaquèrent sur les siennes un instant, pour un bref mais tendre baiser. « Il n'est peut-être pas tard pour faire une nouvelle procédure. Ça... ça ne coûte rien n'est-ce pas ? On n'a plus rien à perdre, donc autant tenter le coup. » Je la gardais contre moi et finalement reculais la tête afin de pouvoir croiser son regard. De là, un petit sourire se dessina sur mes lèvres. « Explique moi comment ça marche ce genre de procédure et on la fait, d'accord ? » Il ne fallait pas être devin pour comprendre que Maria était très attachée à Ambre. En effet, malgré qu'on ai refusé le fait qu'elle l'adopte d'une parce qu'elle était seule, et de deux, parce que son travail était dit comme trop encombrant, la brunette continuait de voir la petite régulièrement. On pourrait clairement dire que de l'amour est né entre ces deux personnes et que miss O'Berkeley fera toujours tout pour elle. Ils recherchaient des parents ? Elle ferait une mère parfaite. Quant à moi, j'ai déjà de l'expérience dans le domaine.

Était-il réellement trop tard pour encore tenter quelque chose ? Maria ne le savait pas très bien, tout ce dont elle se souvenait vraiment de sa discussion avec la jeune femme était le fait qu'elle n'avait plus beaucoup de temps et que la famille se proposant semblait très bien, très sérieuse, tout ce que recherche les gens de la DASS en somme pour les enfants qu'ils accueillent. Maria était mal barrée, elle en avait d'ailleurs bien conscience et cela l'effrayait parce qu'elle ne voulait surtout pas prendre le moindre risque et perdre définitivement la petite Ambre qu'elle considérait déjà comme sa fille. Alors évidemment, lorsqu'elle entendit son compagnon lui demander s'ils avaient encore une petite chance de pouvoir adopter Ambre, Maria se mit à espérer, de nouveau quitte à souffrir un énième et dernière fois.

« Il faut qu'on...qu'on remplisse des formulaires d'admissibilité à adopter pour qu'ils puissent juger si nous sommes en mesure ou non d'être de futurs parents, ensuite il faut qu'on se propose en tant que famille d'accueil pour qu'elle reste avec nous le temps que l'adoption soit acceptée. Ça peut aller très vite mais ça peut aussi être affreusement long Ed'. »

A première vue, une demande d'adoption n'était pas si compliquée, et pourtant. Le fait d'adopter aux États-Unis était sans doute la chose la plus difficile contrairement aux autres pays bien plus relâché sur ce sujet, excepté pour les adoptions internationales qui demandent une très (trop ?!) longue attente pour les futurs parents. Enfin bref, tout cela pour dire que s'ils décidaient réellement de se lancer dans la demande d'adoption d'Ambre, les choses n'allaient pas être faciles du tout.

« Est-ce que tu veux qu'on...qu'on le fasse ? Je veux dire...je ne veux pas que tu te lances dans cette adoption si tu n'en as pas réellement envie. »

Maria rêvait d'adopter Ambre depuis un petit moment maintenant, mais elle ne savait pas très bien si Edward ressentait vraiment cette envie là ou bien si c'était juste pour lui faire plaisir en fait, et cela la tracassait un peu il fallait bien l'avouer. Ce n'était pas nécessaire qu'ils adoptent Ambre si Edward ne voulait la voir comme sa propre fille d'ici quelques temps. Bien entendu, s'il lui avouait qu'il ne le faisait que pour elle, Maria ne se sentirait pas très bien, cependant elle ne renoncerait pas pour autant à cette histoire d'adoption. Elle aimait vraiment Ambre et même pour Edward, elle refuserait un jour de tirer un trait sur la petite fille âgée d'un peu plus de trois ans maintenant.

« Il faut qu'on... qu'on remplisse des formulaires d'admissibilité à adopter pour qu'ils puissent juger si nous sommes en mesure ou non d'être de futurs parents, ensuite il faut qu'on se propose en tant que famille d'accueil pour qu'elle reste avec nous le temps que l'adoption soit acceptée. Ça peut aller très vite mais ça peut aussi être affreusement long Ed'. » Je sentais une once d'espoir dans les yeux de Maria ce qui m'arracha un sourire. Néanmoins, j'avais peur qu'elle souffre encore une fois s'il était réellement trop tard pour adopter la petite fille. Mais il n'y avait plus que ça à faire n'est-ce pas ? Je voulais que la brunette réalise son rêve, car ça l'était bien. Je l'écoutais donc attentivement, alors que j'avais doucement desserré mon étreinte afin de pouvoir la regarder dans les yeux. Elle poursuivit sur un ton tellement sérieux qui montrait sa motivation que je ne pus penser une seule seconde que ce n'était qu'un caprice. « Est-ce que tu veux qu'on... qu'on le fasse ? Je veux dire... je ne veux pas que tu te lances dans cette adoption si tu n'en as pas réellement envie. » Mon visage esquissais un nouveau sourire en l'entendant se soucier de moi. Je devais être réaliste avec elle. Si j'avais été tout seul, en bon célibataire, avec deux enfants à charge, je n'aurais pas pensé à adopter la petite Ambre. Mais tout était bien différent avec Maria. C'était tellement important pour elle que ça ne pouvait qu'influencer mon jugement.

Prenant sa main, je m'asseyais avec elle sur le canapé. Je continuais de la regarder dans les yeux. Ce n'était pas une discussion anodine, mais belle et bien très sérieuse. Elle voulait savoir ce que j'en pensais ? Très bien, j'allais le lui dire. « C'est clair qu'entre nous deux, c'est toi qui a le plus envie d'adopter la petite. Tu sais... je te soutiens plus que tout et je suis prêt à ce qu'on l'adopte. » Je gardais sa main dans la mienne, entrelaçant mes doigts avec les siens. J'y portais mon regard un instant, avant de continuer. « Si on avait pas refusé que tu l'adoptes quelque temps plus tôt, tu aurais été sa mère. J'aurais dû faire avec, non ? Comme tu dois faire avec en ce qui concerne mes deux enfants. Tu m'as assez prouvé que c'était ton rêve de la compter parmi les membres de ta famille. Donc oui, j'ai envie qu'on le fasse. » Je lui adressais un fin sourire en coin. Mes lèvres se déposèrent un instant sur la joue de la brunette que j'embrassais avec délicatesse. « Même si je n'étais pas d'accord, tu ne devrais même pas en tenir compte. Tu en rêves depuis tellement longtemps. Et puis, pour tout t'avouer, même si je ne l'aurais pas adopté en étant célibataire, tu sais plus que personne que j'adore les enfants et qu'elle, elle est un petit ange. » Oh oui, si j'avais eu l'occasion d'en avoir dix, pourquoi pas ? C'est un poids financièrement, moralement et physiquement aussi, mais qu'importe ? « Je ne t'empêcherais jamais de réaliser tes rêves. Je veux mettre toutes les chances de notre côté pour que tu puisses savoir ce que c'est d'être mère. »

Tout les deux installés sur le canapé du salon, Maria et Edward étaient présentement en train de mettre les points sur les « i » tout en finesse quant au sujet de l'adoption de la petite Ambre. Il semblait certain – et normal – que Maria se sente beaucoup plus investie dans cette histoire que ne pouvait l'être Edward puisque c'était son rêve à elle et non pas celui du professeur d'Histoire. Cependant, le fait qu'il se sente concerné malgré tout faisait beaucoup de bien à la brunette qui avait justement grandement besoin de l'appui de son compagnon à ses côtés, surtout par rapport à cela. Maria tenait énormément à Ambre et ne voulait pas perdre sa seule et unique chance de l'accueillir enfin sous son toit et de devenir officiellement sa mère. Edward souhaitait réellement qu'elle ne perde pas espoir, et surtout qu'elle ne renonce pas à son rêve. Une belle preuve d'amour, voilà ce que c'était de sa part en ce moment selon la brunette qui avait conscience de la chance qu'elle avait de l'avoir chaque jour à ses côtés comme maintenant.

« Je t'aime. »

Trois petits mots qui malgré leur petitesse avaient un impact considérable sur les gens en général. Ces deux-là n'échappaient pas à la règle qui n'avait donc toujours pas trouvé son exception. Embrassant tendrement son compagnon, Maria entendit soudainement son téléphone portable sonner. Elle se leva donc et alla chercher son cellulaire et répondre.

« Allô ? »

« Maria, c'est Lucy. Il faudrait que tu viennes me voir à l'hôpital lundi matin. »

« D'accord, mais que se passe t-il ? »

« Je préfèrerai t'en parler en face à face si tu veux bien. »

« Lucy, tu me fais peur là. »

« Ne t'inquiète pas, il faut juste qu'on voit un truc toi et moi. On se voit lundi à 9h dans mon cabinet ? »

« D'ac...d'accord. A lundi. »

Raccrochant, Maria se mit à trop penser, ce qui ne tarderait sans doute pas à lui donner un bon mal de tête comme elle les aime tant, ironie quand tu nous tiens. Retournant ensuite sur le canapé auprès de son compagnon, elle en avait complètement zappé Ambre qu'elle se demandait vivement ce qui pouvait tracasser Lucy son amie travaillant à l'hôpital. Il y avait forcément quelque chose qui clochait dans ses résultats sanguins qu'elle avait été faire quelques jours auparavant, maintenant le tout était de savoir de quoi il s'agissait. Et si elle était malade ? Non, Lucy n'était pas comme ça, elle lui aurait dit de venir tout de suite à l'hôpital pour en discuter. Alors quoi ? Maria ne voyait pas.

« Je t'aime. » J'esquissais un tendre sourire. Bien sûr, Maria pourra toujours compter sur moi, sur mon appui. Tant qu'elle me prouvait à quel point elle pouvait vouloir telle ou telle chose, pourquoi la laisser se débrouiller toute seule alors que je peux lui être d'une certaine aide ? Ce serait monstrueux d'agir de la sorte. En fait, je m'imaginais déjà la brunette en compagnie de la petite Ambre. Cette même gamine qui serait la mienne, ma deuxième fille en somme. Étrange. Probablement que je ne pouvais pas encore réaliser ce genre de choses dans la mesure où ce n'était pas encore sûr et que pour le moment, rien n'était concret. Néanmoins, nous nous lancions dans une toute nouvelle aventure qui risquait d'être semée d'embûches mais peut-être qu'à la fin, nous gagnerons. Je gardais bon espoir. Pourquoi pas nous ? La seule chose qui pourrait nous porter préjudice dans cette procédure d'adoption, c'est que nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps. Sinon, j'ai de l'expérience avec les enfants, nous avons tout deux un travail très bon qui rapporte un revenu très agréable, nous ne sommes pas mentalement dérangés... du moins pas beaucoup !

« Je t'aime aussi chérie. On s'occupera de tout ça dans les jours à venir, pour remplir toute la paperasse. » Nos lèvres se rencontrèrent pas la suite pour un baiser délicieux, tendre, romantique. Ce même baiser qui fut trop vite coupé en vue d'un téléphone portable qui sonna. Celui de Maria. Ah ! Je hais ces petits objets électroniques qui cassent tous les moments intimes et/ou importants. Néanmoins je laissais Maria répondre, alors que je restais assis dans le canapé. Ce n'est pas que j'écoutais la discussion attentivement, mais il était difficile de se boucher psychologiquement les oreilles. Ainsi, une nouvelle expression inquiète pris place sur mon visage. Qu'est-ce qu'il se passe encore ? Lucy ? Son amie de l'hôpital ? Qu'est-ce qu'elle lui voulait pour lui demander de passer à son cabinet en début de semaine ? À peine la brunette eut-elle raccroché que je fronçais les sourcils face à mon incompréhension. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Visiblement, la brunette n'en savait pas plus que moi. J'étais uniquement au courant qu'elle avait fait quelques examens il n'y a pas si longtemps. Et voilà que je stressais. Ainsi, je me levais et posais mes yeux sur elle, comme si je pouvais l'examiner d'un simple regard. « Qu'est-ce que t'as ? T'es malade ? Tu ne te sens pas bien ? Maux de ventre ? Fièvre ? Qu'est-ce que t'as pour qu'elle te demande de venir ? » Comment ça alarmé ? Mais pas du tout... d'accord, oui, je l'étais beaucoup trop. Mais Maria est mon trésor. Sans elle, je ne vaux plus rien.

Je sais également qu'elle n'a pas eu ses règles depuis un petit moment déjà mais dans la mesure où elle est constamment stressée avec tout ce qui arrive, je ne me suis pas trop alarmé dessus. Et si c'était quelque chose de bien plus grave que de l'angoisse ? Oh mon Dieu ! Que ça se soigne !

Il est clair que l'appel qu'elle venait de recevoir de la part de son amie Lucy n'était guère très rassurant, cependant comme Lucy lui avait dit de ne pas se faire trop de souci, la brunette relativisait et se disait que ça ne devait donc pas être si grave. Rien ne servait de se mettre dans un état de panique maintenant, surtout après ce qui s'était passé par rapport à Ambre. Alors en entendant son compagnon lui demander pleins de choses à savoir si elle allait bien ou non, la brunette se mit à sourire, attendrie par le comportement de son homme.

« Je vais bien, d'accord ? On se détend, ça ne doit pas être très important, sinon elle m'aurait demandé de venir tout de suite à l'hôpital. »

Bien qu'elle tente de le rassurer, Maria voyait bien au regard d'Edward qu'il n'était en rien soulagé. Le pauvre. Lui caressant la joue droite avec beaucoup de délicatesse, Maria lui prit la main et le ramena jusqu'au canapé. Une fois tout deux de nouveau installés sur le canapé, la brunette vînt se mettre bien contre son compagnon comme si cela allait l'aider à se relaxer un tantinet.

« Chéri, calme-toi, ça va. Ça a sans doute un rapport avec ma fatigue du moment, rien de bien inquiétant. J'ai sans doute besoin de vitamines. Ne t'en fais pas. »

Souriant à Edward, Maria l'embrassa tendrement. Même si elle adorait le fait qu'il se préoccupe d'elle et de son petit confort, cependant elle n'était pas sadique au point de laisser son homme se tourmenter durant un trop long moment. Edward était quelqu'un qui pouvait se mettre à paniquer très rapidement lorsqu'ils s'agissait des enfants, de Sarah ou bien d'elle. Ce qui dans le sens contraire fonctionnait tout aussi bien, soyez-en sûrs. Lorsqu'Edward avait été opéré, Maria n'avait pas dormi et les enfants ainsi que leur mère avaient passé de longues, très longues heures à l'hôpital pour veiller sur le convalescent.

« Je dois la voir lundi matin, alors j'irai lundi. Arrête de paniquer. »

Ils en avaient complètement oublié Ambre, ce qui n'était pas très malin dans le sens où, au départ, ils avaient réellement besoin d'en parler, même s'ils semblaient dorénavant d'accord sur la future demande d'adoption de la petite Ambre Harrisson. Cette étape de leur vie ne serait pas encore quelque chose de facile, cependant si les choses se terminaient bien, tout irait pour le mieux et ils seraient très heureux. Par contre, comment Seth et Jade allaient prendre la nouvelle ? En voilà une bonne question à laquelle ils se devaient de réfléchir aussi. Il n'était pas certain que les deux enfants soient ravis d'entendre qu'un autre enfant pouvait prendre une place dans le cœur de leur père...et même dans celui de Maria. Bon sang, mais pourquoi rien n'est jamais simple dans la vie ?!