Une fois tout les deux à table, la brunette et Edward décidèrent de dîner tranquillement, sans se presser. Ils n'avaient de toute manière nul besoin de se presser ce soir, ils n'avaient rien de prévu, Edward n'avait sans doute pas énormément de travail ce soir ainsi tout allait bien, ils allaient bien. Oh oui, pour aller bien, on pouvait même dire qu'ils allaient au mieux présentement. Ce jour était béni, digne d'un petit miracle aux yeux de la brunette. Peut-être que le terme “miracle” était un brin excessif, mais voyons les choses en face, comment pourraient-ils qualifier la grossesse de Maria autrement ? Elle était stérile à plus de soixante-dix pourcent, cela faisait un petit moment maintenant qu'elle avait oublié – ou tenté d'oublier – l'idée d'attendre un jour un enfant. Et aujourd'hui, la voilà enceinte. Selon elle, ça tenait véritablement du miracle, quoiqu'en pensent les autres personnes. L'avis des autres n'avait absolument aucune importance aux yeux de Maria au vu de la situation, la seule chose qui comptait réellement pour elle en ce moment, c'était cet enfant qu'elle portait en elle, point.

Lorsqu'ils eurent terminés, qu'ils eurent débarrassés la table et fait toutes ces choses, ils décidèrent d'aller sur le canapé. Allongée contre Edward, la tête posée contre le torse de son compagnon, la brunette sentait les doigts d'Edward caresser ses cheveux. C'était une délicieuse sensation qu'elle vivait là. Après une journée comme celle qu'ils avaient vécus, quoi de mieux ?

« Je crois que mes parents vont débarquer. »

Maria se mit à sourire en pensant au fait de voir sa mère débarquer en trompe ici, à San Francisco pour s'occuper de sa fille et de son beau-fils. Maria connaissait sa mère sur le bout des doigts et savait pertinemment qu'elle voudrait à tout prix s'assurer du bien-être de sa fille, et de sa descendance.

« Je peux te promettre que si elle vient, on va vivre un enfer. »

Oh oui, et s'il existait pire que l'enfer, ce serait sans doute cela. Lisa était quelqu'un de très protectrice envers ses enfants alors imaginez lorsqu'il s'agissait de ses futurs petit-enfants ? Une véritable catastrophe, et encore, c'était finalement peu dire.

« Lorsque Ève est tombée enceinte de Noah, ma mère l'a obligé à venir à Las Vegas pour sa grossesse. Résultat, ma sœur a accouché à l'hôpital de LV. J'ai bien cru qu'elle et Dimitri allaient devenir complètement fous à cause de ma mère. »

Nous étions à présent posés dans le canapé. J'adorais avoir la brunette contre moi. C'était une sensation tellement exaltante, agréable. Je caressais ses cheveux, m'amusant à les emmêler autour de mes doigts, sans pour autant lui faire mal. Je ne pouvais m'empêcher de me dire que cette chevelure était magnifique, mais que ça devait être vraiment énervant à coiffer le matin, à entretenir. Le bonheur d'avoir l'avoir bien plus courte. On se passe de ses objets de torture que l'on appelle communément « brosse. » On se les lave, on se les sèche et le tour est joué. Être un homme est tellement plus simple sur le point de vue esthétique. Nul besoin de s'épiler, nul besoin d'entretenir ses ongles. La seule chose obligatoire à faire le matin : se laver, corps et dents. Se raser parfois, pourquoi pas. On s'en fou nous. On se plaît avec nos jambes, notre torse, nos fesses et toutes autres parties velues. Ahah ! Quel bonheur !

« Je crois que mes parents vont débarquer. » Je posais mon regard sur le sien, alors que je l'avais précédemment sur ses cheveux ondulés. Ses parents ? Oh, ça ne me dérangeait pas plus que ça dans la mesure où je les appréciais beaucoup. Peu de personnes peuvent se vanter d'aimer leur belle-famille et que cela soit réciproque. « Je peux te promettre que si elle vient, on va vivre un enfer. » Elle ? Sa mère probablement. C'était une mère-poule et je sais que Maria, même si elle pouvait parfois être désespérée par le comportement trop protecteur de sa génitrice, elle sera pareille avec l'enfant qu'elle porte actuellement dans son ventre. Cela m'arracha un doux sourire montrant tout mon attendrissement. « Lorsque Ève est tombée enceinte de Noah, ma mère l'a obligée à venir à Las Vegas pour sa grossesse. Résultat, ma sœur a accouché à l'hôpital de LV. J'ai bien cru qu'elle et Dimitri allaient devenir complètement fous à cause de ma mère. » Outch ! Vivre à Las Vegas ? Là, je pense que je m'y opposerais. Ce n'est pas la ville que je préfère, même si j'y ai passé de très bonnes vacances. Et je n'avais pas envie d'être loin de mes enfants, alors que nous allions déjà passer un séjour à Paris tout les deux. « Si on vient à ne pas avoir le choix, je préfèrerais que ta mère s'installe à San Francisco, plutôt qu'on aille la rejoindre à Vegas. » Je lui adressais une petite moue avant de rire. De toute façon, je devais bien travailler quand la brunette sera en arrêt. « C'est une mère Maria. Je crois que tu ne pourras pas lutter contre ça. Et le pire dans cette histoire, c'est que tu seras pareille avec notre enfant, que tu le veuilles ou non. Quand Sarah était enceinte des jumeaux, la mienne appelait bien trois fois par jour, la sienne également. Tu fais le compte... » Nouveau sourire en coin.

Je tournais soudain la tête vers Tiago alors qu'il avait approché son museau de moi, les deux pattes avant posées sur le canapé. Je lui donnais de franches caresses au sommet de son crâne qu'il sembla beaucoup apprécier. Oui, je suis un peu gaga avec mon chien... mon côté enfant qui agit encore, tout simplement. À côté, Faldo, qui déchiquetait un de ses jouets, alors qu'il faisait ses dents dessus. Il poussait de légers grognements graves et bloquait l'objet dans sa gueule avant de le secouer dans tous les sens, ce qui m'amusa. Il avait déjà bien grandi en un peu plus d'un mois. Il faisait encore jeune, mais plus vraiment petit chiot. Il était vif, faisait la misère à pas mal de meubles. Il appréciait personnellement mes chaussettes qui passaient du statut « en couple » à « veuves » par sa faute. Il avait également traumatisé ma petite trousse en cuir qui j'avais laissé stupidement sur la table basse. En deux minutes, il l'avait chopée pour lui faire sa fête. Je pouvais m'estimer heureux d'avoir sauvé le cartable qui me servait pour aller donner mes cours. À côté de lui, le Golden Retriever passait beaucoup plus pour le gros toutou paresseux qui devient plein de vie uniquement quand on le sort dehors.

Mon regard bleu azur se reposa sur la brunette. J'étais bien là, totalement à l'aise, me sentant chez moi. Notre petit nid douillet. Et c'est en pensant à ça que je décidais d'aborder le sujet de notre future maison. « Au fait, ça tient toujours le projet d'aller voir pour acheter ou construire notre propre maison ? Non parce qu'avec deux chiens, deux gosses, un troisième en préparation et un quatrième en attente d'adoption, ça va vraiment faire une famille nombreuse. » Je lui adressais un large sourire amusé. Nous étions en train de nous embarquer dans une belle aventure qui risquait d'être difficile sur certains points en vue de son importance. « Et puis, comme on n'habite pas officiellement ensemble, qu'on a beau vivre l'un chez l'autre tout en payant deux loyers, je me disais que... qu'on pourrait sérieusement envisager de nous lancer dans ce projet. »

Non pas qu'elle n'aimait pas sa mère, bien au contraire Maria l'adorait, cependant lorsqu'il s'agissait de se faire chouchouter, cajoler, réconforter par sa mère, alors là Maria était beaucoup moins réceptive dirons-nous. On ne pouvait pas dire qu'elle n'était pas proche de ses parents, seulement elle l'était beaucoup moins qu'Edward pouvait l'être avec tout les membres de sa famille. Lorsqu'ils étaient partis en Irlande, la brunette avait eu le plaisir de constater l'attachement qu'Edward portait à ceux qu'il aimait. Il suffisait de le voir agir avec sa sœur et tout ce qu'il y avait à savoir sur cet homme était su. Bon, peut-être pas tout, mais beaucoup de choses primordiales en tout les cas. Bref, tout cela pour dire qu'entre les deux tourtereaux, cette différence serait sans doute toujours apparente. Ou peut-être pas...sans doute Maria verrait la famille différemment lorsqu'elle aurait ses enfants, son mari, sa maison.

« Je n'espère vraiment pas devenir comme ma mère de ce point de vue. »

Mon dieu non, Maria ne se voyait définitivement pas comme une mère qui ne lâche pas ses enfants lorsqu'ils vivent un évènement important. Évidemment, elle serait heureuse d'apprendre la grossesse de sa fille...enfin, elle avait le temps de penser à cela. Et c'était peu dire. Non, à vrai dire, Maria se voyait plutôt être une mère cool sans trop l'être non plus, qui serait toujours là, à l'écoute de ses enfants. Oh oui, voilà la mère qu'elle souhaiterait être dans l'avenir. Et elle ferait tout pour être une bonne mère.

C'est alors qu'Edward lui demanda si leur idée de projet d'achat d'une maison tenait toujours. Incidemment que cela tenait toujours, et plus que jamais à vrai dire. Ils allaient avoir besoin de place d'ici quelques mois. Ainsi, il semblait évident qu'ils aient besoin de se pencher sur l'achat rapide d'une demeure qui serait la leur.

« J'ai toujours voulu une famille nombreuse, qu'importe le travail que ça me demandera. »

Depuis adolescente, Maria avait eu cette envie, ce rêve d'avoir l'obligation de s'occuper d'une vraie famille. Alors pensez bien qu'importe les heures de travail que les enfants lui demanderaient, elle les ferait – non pas sans s'en plaindre évidemment – mais tout en sachant qu'une fois qu'ils seraient grands, elle serait on ne peut plus fière d'eux. Que ce soit les enfants d'Edward comme les leurs. Seth et Jade étaient comme ses enfants, et ça, Edward le savait parfaitement.

« Si tu savais combien j'en ai envie... »

Se retournant pour lui faire face, la brunette s'installa sur son compagnon et l'embrassa avec une infinie tendresse. Rien que de penser au fait qu'ils allaient réellement vivre ensemble la rendait extrêmement heureuse. Et encore, le mot « heureuse » n'était pas suffisamment fort pour exprimer ce qu'elle ressentait véritablement. Elle réalisait enfin ses rêves.

« Je n'espère vraiment pas devenir comme ma mère de ce point de vue. » Elle pensait avoir le choix ? Elle se trompait alors fortement. Si on pouvait choisir son caractère, on le choisirait tous bien, c'est évident. Être mère-poule a ses avantages et ses inconvénients. On étouffe les gamins mais ces derniers sont bien contents quand ils peuvent compter sur elle n'importe quand. « J'ai toujours voulu une famille nombreuse, qu'importe le travail que ça me demandera. » Je haussais les sourcils. Elle ne savait pas ce qui l'attendait.

« Ethan ! Tu manges à la maison ce soir ? » Brouhaha. « Ouais ouais ! » Il confia en criant de sa chambre que deux de ses amis venaient dîner également. J'en avais ramené deux aussi, Alan six, plus mes deux sœurs, plus mon ex-frère, plus mes parents... Vous comptez le peuple à table... Et ça, c'était très souvent. Les familles nombreuses, je ne vous cache pas qu'il y a des inconvénients et des points positifs. Le mot silence ne fait pas parti de notre vocabulaire. L'intimité ? On tente d'en avoir mais c'est difficile. Ça se bat tout le temps pour avoir la télécommande. Ça hurle parce que telle personne a finit le paquet de céréales de l'autre. On achète un paquet de cigarettes, il est vide en deux minutes car tout le monde vous taxe. Il faut se lever à des heures horribles pour que tout le monde passe dans les deux salles de bain. Je ne vous explique pas pour les toilettes...

Treize ans. Je regardais la télévision avec Alice. On m'arrache la télécommande des mains sans me demander mon avis. Ethan s'assoit sur le fauteuil, change de chaîne. « Putain on regardait ! » Un bref coup d'œil à droite. « Ferme là le nain. », suivi d'un soupir. Dix secondes après, je me retrouvais par terre avec mon frère, en train de nous battre comme deux ivrognes dans un bar. Mon père qui m'attrape et me soulève. Disons que j'ai une carrure moins importante que l'autre bougre qui me sert de frangin. « Vous allez arrêter vous deux ? » Là, coup de traître : Ethan m'assène un coup de poing dans l'estomac qui me fait gémir de douleur. Je réponds avec un coup de pied violent qui atterri dans sa figure. Nez cassé. Je me suis pris une gifle monumentale par mon père. Une seconde par ma mère alors que mon frère pleurnichait comme un gamin. Voilà un des nombreux épisodes dramatiques d'une famille nombreuse rempli d'adolescents. Maria allait devoir s'accrocher.

Intimité ? Vous plaisantez ?! Dix ans. J'entre dans ma chambre, que je partage avec Alan. J'ouvre donc la porte et tombe nez à nez avec mon frère et son petit ami, nus, dans une position ma foi forte lubrique. « Ahhhhhh !!! » Je fermais mes yeux et passais mes petites mains dessus en restant immobile, complètement choqué, j'étais trop jeune pour voir ça et à la base, bon Dieu il était censé avoir une copine ! Vingt-quatre heure plus tard : « Tu diras rien aux parents hein ? » Je haussais les sourcils. « Je sais pas, je gagne quoi à faire ça ? » Il affiche un regard énervé. « Mon amour ? » Je riais fièrement. Je le tenais ! C'était tellement bon d'avoir le pouvoir pour une fois et de ne pas être le larbin de service parce qu'on est le plus jeune. « Tu peux crever alors. Maman ?! » Il m'attrapa et plaqua sa main contre ma bouche en m'immobilisant fermement. « Tu te souviens quand je t'ai fait mangé un truc périmé et que tu es tombé malade pendant des semaines ? Ouvre là et j'recommence en dix fois pire. » Grrr ! J'aurais dû me douter que ce repas avait un goût bizarre... « Je m'en fou ! », lui lançais en me débattant. Finalement, j'ai gagné 20 livres irlandaises, un paquet de cigarettes, et il m'a emmené à une fête avec tous ses amis. Ahah ! Parfait ! Edward O'Malley était passé du statut « dernier enfant martyrisé » à « tyran ». Et ça, ça n'a pas de prix !

J'observais Maria avec un certain amusement inscrit sur le visage en repensant à tout cela. « Si tu savais combien j'en ai envie... » Elle venait de s'asseoir à califourchon sur moi et je me replaçais légèrement pour être dans une position confortable. Oula... ses lèvres se déposèrent sur les miennes et, ne pouvant lutter contre cela, je répondais à ce baiser. « Tu sais, une famille nombreuse, c'est très épuisant, autant mentalement que physiquement. Et là, tu ne pourras pas faire grève. » Je lui adressais un petit sourire espiègle avant de glisser mes mains dans le bas de son dos, ces dernières venant se balader sur ses fesses parfaites. « En plus pas de chance, mon gêne de conneries est héréditaire... » Pas conneries dans le sens où mes gosses ne sont pas intelligents, bien au contraire, plutôt dans celui où, comme moi, ils font les quatre cents coups et multiplient les bêtises. Notre futur enfant risquait d'être pareil. Je me mis à rire. Maria n'allait pas avoir à faire à quatre enfants, mais à cinq. Il ne fallait pas m'oublier ! « Mais je t'aiderais, c'est promis. » Je déposais mes lèvres sont les siennes avec un sourire.

Essayait-il de la déstabiliser voie même de la décourager d'avance quant à son futur rôle de mère de famille ? Il fallait le croire en effet au vu de ses paroles. Qu'il arrête cela tout de suite car en vérité, ça n'aurait aucun impact sur la joie que ressentait Maria quant au fait de devenir mère d'un petit bébé d'ici quelques mois ainsi que d'une petit fille de quatre ans absolument adorable qui ne demandait qu'à être accueillie dans une famille et aimée comme il se devait.

« Ça ne fonctionnera pas. »

Déclara la brunette, sûre d'elle et de ses convictions. Il n'était pas question qu'il parvienne à la décourager d'avance, elle était bien plus forte que cela et Edward le savait parfaitement. Le jour où Maria se laisserait décourager à la moindre petite difficulté alors elle serait sans aucun doute bonne pour la maison de retraite pour ne pas dire la tombe. Avoir des enfants était l'un des plus grands rêves de la directrice adjointe, alors Edward pensait-il réellement être capable de lui faire penser qu'avoir des enfants n'était pas si bien que cela ? Jamais.

« Je sais que tu seras là, et heureusement, mais ne vas surtout pas penser que je craquerais. J'ai bien trop rêvé de ce jour où l'on m'annoncerait une grossesse totalement inattendue ou bien le droit d'adoption sur Ambre. Aujourd'hui, je suis parvenue à avoir l'une de ces deux choses, cependant tu dois comprendre que je veux les deux, et que quoiqu'il advienne, j'obtiendrais ces deux choses. »

C'était définitif. Maria O'Berkeley avait toujours été une femme de poigne, une femme forte, l'une de celles qui porte à leur main de fer un gant de velours. Jamais Maria ne se laisserait faire, ne se laisserait influencer, elle avait bien trop d'amour propre pour cela, et elle ne voulait surtout pas devenir l'une de ces femmes qui ne sont bonnes qu'à suivre leur mari partout en faisant le ménage tout au long des jours. Elle valait bien mieux que ça ! C'était certain.

« Je sais que tout ne sera pas toujours tout beau et tout rose, mais qu'importe ? Je sais que je vais devenir mère alors que cela m'était quasiment devenu impossible pour ne pas dire interdit...je souhaite profiter au maximum de la chance que l'on me donne présentement. J'ai bien conscience que tu as déjà cette expérience des enfants que je n'ai pas, mais est-ce réellement important ? »

Évidemment qu'Edward avait de l'expérience contrairement à sa compagne, il avait déjà deux enfants avec son ex-femme, cela donnait-il cependant le « mauvais rôle » à la brunette ? Absolument pas. Le fait que son compagnon ait déjà des enfants ne faisait en aucun cas de Maria une femme incapable d'élever convenablement ses futurs enfants en leur enseignant des valeurs qu'elle trouvait juste. Bien loin l'idée de forcer ses enfants à adopter les même idéaux qu'elle, loin de là, elle savait simplement que certaines valeurs basiques mais élémentaires étaient à apprendre aux enfants.

« Ça ne fonctionnera pas. » Je ne voulais en aucun cas faire douter la brunette sur le fait qu'une famille nombreuse est difficile à gérer. Jamais je n'oserais lui donner l'impression qu'avoir des gosses, c'est plus énervant qu'autre chose. Non, jamais je ne me le permettrais. Néanmoins, je me devais de la prévenir que ça a des inconvénients. J'ai grandi dans une famille nombreuse et je sais les impacts qu'elle a. Et, connaissant Maria, je savais qu'elle péterait son câble assez souvent. Bien sûr, je ne fais pas parti de ces pères qui laissent la femme tout régler, en pensant que de toute façon, c'est son rôle, qu'elle n'est bonne qu'à ça, et encore... Ah non. Je suis très impliqué et je comptais bien mettre la main à la pâte pour qu'elle puisse continuer à aller travailler en toute sérénité, réduire considérablement son boulot en rentrant à la maison. Ça n'allait pas être facile. Quatre enfants à charge, ce n'est pas rien et je voulais qu'elle en prenne conscience. Là, on voit que tout est beau, on est heureux, elle vient de tomber enceinte, on pleure de joie. Mais il ne fallait pas oublier qu'elle allait changer sa vie du tout au tout et là, elle ne pourra pas revenir en arrière.

Je ne cacherais par ailleurs pas le fait qu'être parent, c'est quelque chose de fantastique, qu'il faut pouvoir vivre au moins une fois dans sa vie. Je n'ai, auparavant, jamais tenu ce genre de discours en présence de Maria pour la bonne et unique raison qu'elle avait très peu de chances de voir grandir un enfant dans son ventre. Lui rappeler qu'être parent est le plus beau cadeau de la vie, c'était l'enfoncer un peu plus dans son malheur. C'est comme décrire un plat délicieux digne des restaurants luxueux à un sans abri qui n'a pas eu de vrais repas depuis près de cinq ans. Mais, même si je ne le disais pas, elle le comprenait aisément en observant mon visage s'illuminer en présence de mes deux rejetons. J'ai beau expliquer que parfois, ils me gavent avec ce comportement semblable au mien quand j'avais leur âge, je suis complètement fou d'eux, ils sont à la fois mon oxygène, mon eau, mon soleil.

« Je sais que tu seras là, et heureusement, mais ne vas surtout pas penser que je craquerais. J'ai bien trop rêvé de ce jour où l'on m'annoncerait une grossesse totalement inattendue ou bien le droit d'adoption sur Ambre. Aujourd'hui, je suis parvenue à avoir l'une de ces deux choses, cependant tu dois comprendre que je veux les deux, et que quoiqu'il advienne, j'obtiendrais ces deux choses. » A l'entendre, c'était comme si je m'opposais à tout cela. Bien sûr que non. J'étais conscient que c'est ce qu'elle désirait le plus au monde, je ne suis pas idiot malgré que je sois un petit blondinet. Maria est forte, très forte et je suis bien placé pour le savoir. Mais elle n'est pas une Wonder Woman. Elle a ses faiblesses, bien plus qu'elle ne peut l'imaginer. Regardez, depuis mon opération, elle a du mal à retrouver de l'appétit, elle dort mal, est constamment stressée. Elle a beau garder la tête haute, froncer ses sourcils et laisser apparaître sa ride du lion qui la rend tant sérieuse et intouchable, je sais qu'intérieurement, elle bouillit de rage et de mal être. Après, effectivement, j'étais là pour l'épauler du mieux que je le pouvais.

« Je sais que tout ne sera pas toujours tout beau et tout rose, mais qu'importe ? Je sais que je vais devenir mère alors que cela m'était quasiment devenu impossible pour ne pas dire interdit...je souhaite profiter au maximum de la chance que l'on me donne présentement. J'ai bien conscience que tu as déjà cette expérience des enfants que je n'ai pas, mais est-ce réellement important ? » Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Oui, ça avait son importance. Maria allait pouvoir se reposer sur moi. Être parent est stressant, surtout quand c'est la première fois. On se demande comment on doit faire. La brunette allait pouvoir suivre certains de mes conseils. Elle prendrait conscience qu'elle ne sera jamais toute seule dans cette histoire. J'étais présent, je le serais toujours, quoi qu'il arrive. « Je n'insinue pas que, parce que j'ai déjà deux enfants, que je serais meilleur parent que toi. Mais je vais pouvoir t'épauler, te soutenir pour ce qui t'est inconnu. Je sais que tu vas faire une mère fantastique. Surtout si tu es aussi douée que pour être la femme et la petite amie exemplaire, il n'y aura jamais aucun problème. »

Mon regard se déposa dans le sien, alors que je me redressais légèrement, de façon à m'asseoir. Ainsi, je l'entraînais avec moi, en vue du fait qu'elle était installée sur mon corps. Étant donc plus haute que moi, je levais la tête pour l'observer avec ce tendre sourire amoureux. Mes mains chaudes se faufilaient machinalement sous ce débardeur, caressant ainsi sa peau brûlante. « J'ai juste envie de te faire comprendre que certes, être parent c'est magnifique, mais que ce n'est pas de toute repos. Je sais que tu t'en sens capable, mais tu vas en avoir pour, au grand minimum, vingt-et-un ans. Et en vingt-et-un ans, il y a bien un moment où ça va t'énerver. C'est comme pour un couple, il y a des hauts et des bas. Je suis d'accord pour qu'on adopte Ambre en plus, tu as mon soutient total. Mais réfléchis à tout, essaie de visualiser pour être sûre de toi à cent pour cent. Tu ne pourras plus jamais faire marche arrière. »

« Parce que tu penses que je compte faire marche arrière ? »

La question lui était venue tout naturellement, comme si cela était normal qu'elle lui demande cela. A entendre Edward en ce moment, Maria ne prenait en aucun cas en compte les responsabilités qu'impliquait le fait d'avoir des enfants. Elle le savait pourtant suffisamment bien, qu'il ne se détrompe pas sur elle. Maria savait ce qu'elle faisait, comme elle l'avait toujours su d'ailleurs excepté lorsqu'elle avait perdu Matthew ou bien lorsqu'elle avait cru perdre Edward quelques temps plus tôt.

« Chéri écoute, je sais ce que je fais bien que cela te semble improbable. J'ai bien conscience que je vais avoir beaucoup d'obstacles à franchir, mais le résultat n'en vaut-il pas le coup franchement ? Lorsque je te vois toi, ou même Sarah, heureux comme ce n'est pas permis avec tes enfants, j'ai envie de connaître cela à mon tour. Tu comprends ce que je veux dire ? »

Tenir un enfant dans ses bras en sachant que c'est le sien, en étant prêt à donner sa vie pour sauver la sienne, aller le chercher à l'école tout les soirs en étant complètement stressée à cause du travail mais en se sentant soulagée et heureuse en le voyant sortir de l'école content que ce soit terminé, le border le soir dans son lit et lui raconter une histoire à laquelle il rêvera une fois que Morphée serait venu le chercher, préparer ses fêtes d'anniversaire en pensant au nombre d'enfants qui saccageraient volontiers le jardin tout entier qui viendrait pourtant d'être refait c'est-à-dire tondu, se prendre la tête avec son compagnon au sujet du cadeau d'anniversaire idéal pour leur enfant en fonction de son âge, s'inquiéter comme ce n'est pas croyable lorsqu'il aurait un tout petit peu de fièvre, avoir les grandes discussions sur la vie comme sur les manières de se protéger... Bref toutes ces choses, Maria voulait les vivre à son tour. Quelqu'un pouvait-il le lui reprocher ? Non. Et elle savait pertinemment que ce ne serait certainement pas Edward qui le ferait.

Se mordillant la lèvre inférieure, elle se pencha ensuite très légèrement pour pouvoir embrasser son compagnon. Ils pouvaient tout aussi bien discuter de tout cela demain...ou dans six mois. Bref, ils avaient le temps en clair. Le bébé ne serait pas là avant sept mois, Maria étant enceinte d'un mois et demi. Oui, cette nouvelle l'avait vraiment étonné car elle ne s'était finalement rendue compte de rien, même pas de la très légère prise de poids dont elle avait été victime bien qu'elle n'ait cessé de penser avoir maigri au vu des derniers évènements.

Prenant alors l'une des mains d'Edward dans la sienne, elle se leva et fit faire de même à son compagnon. Direction, la chambre à coucher.

« Viens... »

Murmura t-elle tout doucement.

« Chéri écoute, je sais ce que je fais, bien que cela te semble improbable. J'ai bien conscience que je vais avoir beaucoup d'obstacles à franchir, mais le résultat n'en vaut-il pas le coup franchement ? Lorsque je te vois toi, ou même Sarah, heureux comme ce n'est pas permis avec tes enfants, j'ai envie de connaître cela à mon tour. Tu comprends ce que je veux dire ? » Bien sûr que je comprenais. Et je commençais à me rendre compte que le fait que je tente de lui faire prendre conscience des petits inconvénients de la vie de parent, devant vraiment lui faire croire que je n'avais pas envie qu'elle adopte Ambre ou bien qu'elle garde ce bébé qui est le notre. Mais non, ce n'était pas du tout le cas. J'avais envie de cette famille nombreuse. J'avais envie de pouvoir porter cet enfant dans mes bras le jour de sa naissance, qu'il serre mon doigt dans sa main minuscule, que je lui apprenne à marcher, à parler. Oui, j'en rêvais et ce, parce que je suis tout simplement fou des gamins. D'ailleurs, si je n'avais pas eu cette passion pour l'Histoire, j'aurais probablement fais des études pour travailler au milieu des enfants. Ce dont j'avais peur cependant, c'est que Maria, dans un élan de joie, décide de faire de grands projets pour finalement se rendre compte que ce n'était pas aussi facile que ça en a l'air. Mais, à l'entendre, elle en avait conscience. Dans ce cas là, je ne pouvais rien dire de plus.

Je la regardais dans les yeux et lui adressais un petit sourire à la fois timide et gêné. « Excuse moi, je n'ai pas envie de te faire peur ou bien que tu crois que je n'ai pas envie de cette vie. Tout ceci me fait rêver et je t'avoue que j'ai encore du mal à y croire. » Je glissais mes doigts jusqu'aux siens, avec une infinie douceur. « On... on en a tellement chier ces derniers temps que le fait que tu sois enceinte relève du miracle. Tu vas vivre la plus grande et la plus belle aventure. Et je suis heureux d'être l'homme avec qui tu vas la mener. » Elle se mordille la lèvre ce qui me décroche un sourire plus franc. Mes fossettes se creusent avec charme dans mes joues dont la repousse de poils aime piquer quiconque s'y approche. C'est le cas de Maria qui pose à proximité son visage du mien pour partager avec moi un agréable baiser. Ce genre de baisers délicieux, qui nous font oublier tous les soucis, qui mériteraient qu'on leur accorde encore un long moment, qui nous montrent à quel point l'amour que l'on ressent l'un pour l'autre relève du surnaturel.

C'est dans ce genre de moments, où l'on est tranquillement posé l'un contre l'autre, où l'on discute d'un sujet sérieux où chacun donne son point de vue, sans avoir peur de froisser son interlocuteur, car on estime que les deux points de vue méritent qu'on s'y attarde, que l'on comprend qu'on est fait l'un pour l'autre. Vous savez, ces instants quotidiens, d'une banalité à toute épreuve, et qui pourtant, nous explique avec clarté « Cette femme, c'est celle qu'il te faut. Elle t'a choisi, tu es un sacré veinard. » Elle prend soudain ma main, me sortant ainsi de mes songes, se lève et m'entraîne avec elle. « Viens... » Je l'observe un instant dans les yeux, surpris, puis la suis jusqu'à la chambre à coucher.

L'entrainant avec elle dans leur chambre, la brunette se retourna pour se retrouver face à Edward lorsqu'ils furent dans la pièce. Lui souriant légèrement, elle se rapprocha simplement de lui, glissa avec douceur ses mains dans son cou rapprochant en même temps ses lèvres de celle de l'homme qui étant un peu plus grand qu'elle l'obligea de cette manière à se grandir, mais juste un petit peu. L'embrassant avec une infinie délicatesse qui pouvait si bien la caractériser elle, la femme de poigne qu'elle était pourtant en général, Maria ferma les yeux bien décidée à simplement profiter de l'instant sans se poser de questions. Ce qui leur arrivait présentement était tout simplement incroyable et ils se devaient d'en prendre conscience, bien que cela soit apparemment déjà fait, ou bien en majeure partie en tout les cas. Jusqu'ici sur la pointe des pieds, la brunette se remit normalement en rouvrant les yeux, ces fameux yeux qui pétillaient présentement comme des étoiles dans un ciel se confondant entre le noir et le bleu foncé.

« Je t'aime. »

Chuchota t-elle pour ensuite se reculer tranquillement avec Edward jusqu'au lit. Se retrouvant finalement allongée sur celui-ci, elle laissa son compagnon prendre place au dessus d'elle puis partagea de nouveau avec lui un baiser. Il semblait difficilement croyable de se dire que ces deux-là, quelques mois plus tôt n'étaient que des amis. Comment n'avaient-ils pas pu se rendre compte avant de ce qui semblait être dorénavant une évidence pour tout le monde, même – et surtout – pour eux ? Cela semblait tellement irréel, et pourtant tellement vrai en même temps. Glissant par la suite ses mains en dessous de la chemise de son homme, elle se mit finalement à déboutonner un par un les boutons jusqu'à ce qu'Edward se retrouve torse nu, toujours au dessus d'elle. Il était séduisant, non, en fait il était beaucoup plus que cela. Il était tout ce que Maria avait toujours désiré en type d'homme. Sa carrure virile lui donnait ce côté homme fort qui était rassurant, et puis il y avait ces “failles dans le système” comme on dit qui le rendait quelque peu vulnérable, ce qu'elle appréciait d'autant plus que Maria pouvait ainsi, à sa manière, le rassurer, se montrer forte pour deux dans certaines épreuves.

Ce fut par la suite au tour de son chemisier à elle d'y passer, puis au reste, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent tout les deux dans leur plus simple appareil mais dans celui qui leur permettait surtout de se retrouver dans un merveilleux moment qu'ils ne changeraient sans aucun doute pour rien au monde. Voilà ce qui faisait certainement toute la différence d'avec les autres couples ; qu'importe le reste, le fait même qu'ils soient ensemble était la plus belle qu'il pouvait leur arriver, à n'importe quel moment de la journée.


Allongée sur le dos, la brunette ouvrit doucement les yeux. Quelle heure était-il ? Elle n'était nullement en mesure de le dire, et en toute franchise cela n'avait absolument aucun intérêt à ses yeux présentement. Elle se sentait apaisée. Sans aucun doute était-ce l'annonce de sa grossesse qui lui donnait cette impression-là. C'est alors que, se réveillant progressivement, la jeune femme sentit une main posée sur son ventre et entendit une voix douce murmurer des choses. Un souffle chaud se faisait légèrement ressentir contre sa peau. Cela la fit sourire.