« Oh, même sans une de tes robes sur leur dos, va pas croire que tu peux mettre ma mère et ma fille dans le panier des moches. » Attention à ce que tu dis, mon p'tit, t'as beau être mon jumeau, rien ne m'empêchera de t'en coller une entre les deux oreilles si une allusion dans le genre sort encore d'entre tes lèvres. Une part de moi attend avec grande impatience cette fameuse soirée d'enterrement de vie de garçon, étant convaincu que je pourrais enfin me vider l'esprit le temps d'une journée hors de cette ville. Je n'ai pas clairement réfléchi à la destination de rêve, mais je tiens à mettre un maximum de kilomètres possible entre ici et notre lieu de fête. Pas de fiancée, pas de gamins, pas de famille dans les parages, une journée de liberté dont je compte tout autant profiter. Allez savoir quel jumeau sera le plus à ramasser à la pelle après cela. Une grimace se dessine sur mon visage en un rien de temps. Ne m'emmerdez pas avec les discours, je suis aussi doué à ces conneries que je suis doué pour parler le chinois.
« Je dirais à quel point je t'aime d'amour, rassure-toi. » Le problème, c'est qu'on n'est pas dans la merde. Je vais devoir exposer mes sentiments dans un discours devant une assemblée. Trois mots que je n'aurais jamais pensé pouvoir mettre dans une seule et unique phrase. Si je veux dire quelque chose de correct à l'occasion du mariage de mon frère, j'ai intérêt à m'y mettre dés maintenant et de descendre deux, voir trois, bouteilles de champagne le jour-J. C'est avec amusement que j'observe le twin bro' dévorer sa part de gâteau comme s'il n'avait rien avalé depuis des jours et je claque des doigts sous les yeux de ma fille pour que cette dernière ne se mette pas à faire pareil. Je l'ai vu, tenter d'imiter son oncle, et c'est pour cette raison que je me retiens de ne pas gober en une seule et unique fois l'énorme part qui me supplie d'épargner sa triste et misérable vie. Montrer l'exemple, Rayan, si c'est pas agréable de se comporter en bon samaritain. Fronçant les sourcils, je m'aperçois que Kenzo a également touché l'esprit de ma mère. Lui filer la recette pour qu'il tente la préparation et face exploser la villa ? Et je ne délivre pas si facilement les recettes que je réussis. Généralement, cela signifie qu'il n'a rien de compliquer à leur préparation.
« Si tu crois que je vais te filer mes recettes, tu te mets le doigt dans le... l'œil. » Restons poli, y'a des enfants. Ça y est, le Rayan va bientôt se mettre à parler cuisine, achevez-le, quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête. Croisant le regard avide de mon jumeau qui coule sur les restes du gâteau, je me dis que je pourrais faire un effort et lui proposer une autre part, mais je ne vais rien en faire. Retiens ton appétit, frangin, je tuerais ce délicieux met devant un match de basket au cours de la nuit. Je lève un pouce en l'air, comprenant très bien où le Delta voulait en venir. J'en ai assez entendu lors de ma semaine de convalescence, autant dire que l'isolation acoustique de leurs murs sont à revoir. Ou qu'ils doivent sérieusement baisser d'un cran la tonalité sonore de leurs bruits d'animaux enragés. Autant dire que je garde une très mauvaise expérience de ces nuits passées à me planquer la tête sous l'oreiller.
« C'est bientôt l'heure pour une autre d'aller vraiment dormir, ça tombe bien. » Détourner la conversation, fait. Il faut que j'arrête de penser à mes mésaventures au plus vite. Une moue boudeuse s'étire sur les traits de Sara juste avant qu'elle ne vienne à bailler. À la question du twin bro', ma mère délivre l'un de ses légendaires sourires à vous faire fondre. Ou alors, je suis bien le seul qui craque à chaque fois.
« Quand vous aurez le temps de nous recevoir, Kenzo. » Fronçant les sourcils, je fixe pendant un instant mon frère. Lui, il a quelque chose en tête, une certaine envie de m'épargner une nouvelle réunion familiale. Cependant, je suis assez tiraillé ces derniers temps. Ma relation avec ma fille n'est peut-être pas au beau fixe, bien qu'il semble que nous aillons avancer d'un pas suite à ce dîner, je n'en reste pas moins protecteur à son encontre et je ne veux pas précipiter les choses avec cette dernière. « Vous aurez tout le temps d'en rediscuter, on ne va pas te retenir plus longtemps. »[/color][/b], lançais-je au twin bro'.
« Sara, tu dis au revoir à tonton Kenzo. » « Oh non. » Se levant en quatrième vitesse, c'est à peine si elle se jette sur le Delta pour une étreinte, tout ce qu'il y a de plus adorable.
« Rentrez bien, et vous pouvez passer quand bon vous semble. » Évidemment, la porte sera toujours ouverte pour ce dernier et je dois avouer être rassuré de savoir que ma mère s'entend bien avec lui. La bise échangée, je raccompagne mon frère jusqu'à la porte d'entrée pour une dernière accolade entre jumeaux. Oui, carrément, une accolade, le p'tit Rayan a besoin d'un câlin.
« Merci d'avoir été là, ça comptait vraiment pour moi. Mais s'il te plaît, évite d'en parler. Tout du moins, de Sara. J'apprécierais. » De toute manière, sans preuves, personne ne te croira.[/color][/b]