Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à ça!

« Faut que je dorme. » Annonça simplement la blonde à la question d’Aro.

Des heures qu’elle se forçait à rester éveiller. Impossible de tenir plus longtemps. Ses yeux se fermaient seuls. Son corps bougeait par pure habitude, sans même qu’elle ne l’eut réalisée. Pire encore, la sensation de faire du surplace la tenaillait. Le moindre effort devenait un supplice. Le froid la transperçait de part et d’autre. La fatigue ne connaissait pas la pitié. Enfin, la jeune femme pu se poser ses affaires dans la grotte ou qu’importe le nom pour dénommer l’endroit. Aro parlait mais le son passait par une oreille pour ressortir par l’autre.

La blondinette retira son haut trempé autant que son bas pour en prendre des secs dans son sac à dos. Ceux mouillés trouvèrent un coin où sécher. Comme un animal blessé, Aengus avait choisi l’isolement, se couchant dans un recoin de la grotte. Presque invisible, la gamma se confondait parmi les rochers. A peine la couverture d’enrouler autour d’elle qu’elle s’endormit aussitôt, grelottante. Après tout, dans seulement quelques jours, noël serait au rendez vous. Cette période de l’année possédait la solide réputation d’être glaciale, même pour une Irlandaise.

Trop lourdes, les paupières refusèrent de s’ouvrir pour regarder Aro revenir. Aengus ne comprenait pas trop pourquoi il était parti chercher du bois dehors alors qu’il pleuvait. Allumer un feu avec du bois mouillé demeurait aussi probable que de voir voler un éléphant. Peut être qu’il ne pleuvait pas là où il vivait. Peut être qu’il avait une méthode. Peut être qu’il était sorti faire d’autres choses. Le sommeil gagnait haut la main la bataille des réflexions. Décuver ne fut pas un luxe. L’alcool s’évapora au fil de la nuit. Aucun rêve étrange ne perturba sa nuit. Seule une crainte inexpliquée persista jusqu’au réveil.

La sociabilité manqua à l’appel pour ce soir. Aengus ressemblait plus à un ermite qu’à une fêtarde invétérée. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, quelques heures plus tard, le soleil n’avait pas encore poussé le premier de ses rayons. Aro s’était couché plus loin, la laissant tranquillement dans son coin. Une idée particulièrement intelligente. Aengus aurait probablement réagit comme le serpent un peu plus tôt. Pour l’heure, elle avait soif et faim. La gueule de bois la tiraillait. Après une gorgée d’eau et un ou deux abricots secs qu’elle avait dans son sac, elle s’avança vers Aro pour se coucher face à lui. A nouveau, tout se bousculait dans sa tête. Il ne l’avait pas tué. Alors pourquoi l’avoir conduit avec lui, ici ? Cherchait-il de la chaleur féminine ?

« Aro ? » Chuchota Aengus en tendant une main délicate vers son visage pour effleurer sa joue. Et voilà qu’elle se lovait contre lui pour passer un bout de sa couverture sur son corps. Doucement, ses lèvres trouvèrent son menton, puis sa bouche. Probablement qu’il s’était couché bien après elle. De toute façon tant que le soleil ne serait pas levé, il était impossible de sortir dehors pour avancer. D’une part, elle avait froid. D’autre part, elle se sentait terriblement fragile et pour se rassurer la blonde réalisait ce qu’elle pensait être un désir d’Aro, la véritable raison pour laquelle il l’avait conduit ici, avec lui. Aengus n’imaginait pas les choses autrement. Aro restait un homme et tous les hommes ne désiraient qu’une seule chose en lui offrant un peu de temps. Elle préférait aller au devant plutôt que se retrouver coincée à un moment où les choses seraient plus délicates. L’acte se déroulait bien mieux lorsqu’elle faisait mine d’aimer plutôt que lorsqu’ils prenaient sans réfléchir. Il lui avait sauvé la vie non ? Alors elle devait lui donner quelque chose. A moins qu’elle ne désire chasser cette étrange sensation de mal être par le sexe, comme à chaque fois.

Bla Bla Bla mais qu’est-ce qu’il racontait encore celui là ? Ce qu’il pouvait l’agacer ! Tout le monde l’agaçait à vrai dire !

« Ouais bah désolé, mec. Mais comparé à l’âge du monde, toi , t’es né y a trente secondes. Alors, maintenant, les mecs ont les cheveux courts. Les seuls avec les cheveux longs, c’est les drogués, les pauvres ou le même genre tu vois ?! Alors ce n’est pas parce que tu te prends pour une relique de l’antiquité ou du moyen âge que tu auras l’air plus intelligent que les autres. T’as juste l’air poussiéreux et ennuyeux ! Et si les paysans ou les esclaves coupaient leurs cheveux, c’était pour pas choper de poux alors que les nobles ou autres gens riches de l’époque avaient les moyens de se payer des faux cheveux et ou un barbier ! »

En levant les yeux au ciel, la blondinette prenait clairement Aro pour un demeuré.

« Ouais, parce que t’as vachement pas l’air d’un exilé avec tout ce que tu racontes là. Tu devrais envisager de les couper pour suivre ta tradition ! » Grinça Aengus en s’enfonçant dans les arbres soit disant pour s’isoler.
Elle, elle voulait juste rentrer chez elle ! Et pourquoi ce mec s’était mis en tête de la sortir au milieu de nulle part. Encore un nulle part avec des choses à faire aurait pu être sympathique, mais il s’avérait qu’il n’y avait RIEN ! Et vous savez quel était le problème avec le RIEN ? Et bien, Aengus s’ennuyait ! Voyez-vous, toute l’ambivalence d’Aengus se posait dans un simple constat. Si elle avait elle-même proposé cette petite excursion pour s’exiler loin du monde, Aengus aurait trouvé l’endroit magnifique, son guide charmant et aurait rit tout le long de la promenade. Mais puisqu’Aro était l’instigateur de la sortie, la blonde s’interrogeait sur ses intentions et trouvait tout à redire. Il savait qu’elle n’était pas maîtresse de ses idées hier soir ! Elle lui avait demandé de parler à un arbre ! Il avait profité de la situation pour l’entrainer dans son délire de retraite dans la forêt sans ne rien dire à personne !
Perchée en haut de son arbre, elle plissa les yeux en remarquant le garçon sur ses traces. Il fallait faire quelques choses ! Oui mais quoi ? Elle ne pourrait jamais avancer plus vite que lui. En contemplant les environs, la blonde chercha un refuge, un endroit où se planquer, un moyen de rejoindre la ville. Mais rien. Il n’y avait rien. Dans un soupir, elle décida de l’attendre. S’il essayait de grimper pour la rejoindre, elle avait de bons moyens pour se défendre. Le sac à dos fut accroché à une branche non loin. Attrapant sa ceinture pour la nouer alternativement autour de son perchoir puis de sa taille, elle s’offrit l’occasion de ne pas chuter si elle s’endormait en attendant Aro. Mais lorsque le loup pointa son museau, la blonde n’eut qu’à attraper l’une des pommes de pins de son arbre pour la jeter en direction d’Aro.

« QU’EST-CE QUE TU ME VEUX ? » Hurla-t-elle pour être certaine qu’il l’entende du haut de son arbre.

Quand on essaye de faire des bisous à Aro.
"Oui, bonjour Madame... le soleil se lève! On y va! "

Qu’est-ce qu’il faisait ? Pensait-il un seul instant qu’elle gaspillerait son temps à s’amuser avec lui à ce genre de petites plaisanteries ? Si elle avait voulu jouer au chat et à la souris, elle ne lui aurait pas indiquée où elle se trouvait. Le laisser chercher s’avérait bien plus amusant, même si lui lancer une pomme de pin à la figure s’était révélé jouissif !

« Bien sûr que si tu as demandé !!! Tu as demandé alors que j’étais bourrée, que je n’avais pas toute ma tête et j’étais prête à faire n’importe quoi et à suivre n’importe qui ! T’aurais au moins pu attendre que je décuve. Je me sens manipulée ! Je sais que tu as de mauvaises intentions et si ce n’est pas le sexe, c’est forcement un truc moins cool, comme me manger toute entier ou m’arracher les yeux ou même piiiire aller se baigner ! »

Mais si c’était pire !

«  Je le sais parce que tout les hommes c’est comme ça. Avoue que tu vas me conduire quelque part où y a de l’eau ! » Pesta Aengus en se redressant dans son arbre pour se caller contre le tronc.

La silhouette d’Aro se dessinait entre les branchages. Son activité l’intriguait. Quelques branches lui interdisaient d’assouvir sa curiosité en masquant le jeune homme. Du bout de son pied, la blonde dégagea un peu la vue. Son cœur manqua alors un battement en apercevant l’éclair métallique qu’il faisait danser entre ses doigts. Le couteau l’alarmait bien plus qu’il ne pourrait l’imaginer. Est-ce qu’il s’apprêtait à mettre en place un piège ? Si l’idée de descendre ne la répugnait en rien depuis un moment, le voir ainsi faire mumuse avec sa lame ne la rassurait en rien. Non, elle ne descendrait pas tout de suite. Escaladant un peu plus, elle attrapa une pomme de pin, puis une autre pour jeter l'une d'elles sur Aro.

« Et en plus t’es armé ! » Reprit-elle en jetant l’autre avec force.

La malheureuse volait un instant avant de venir s’écraser  sur l’épaule du garçon. Peut être que si elle y mettait le feu, Aro serait obligé de battre en retraite. Qui sait ? L’espoir fait vivre. A moins qu’un incendie en forêt ne se déclare par sa faute ! Quant à l’affaire de l’aigle royal, Blondie ne se laissait pas démonter. Oui, peut être que ces bêtes s’attaquaient de temps à autre des oursons dans le pire des cas ou extrême urgence. Mais à un humain hystérique accroché à un arbre, elle doutait. Sincèrement, la chose ne l’effrayait pas autant qu’un serpent qui mord.

« Super, j’ai le temps d’apprendre à voler avant que ca n’arrive. » Rétorqua la jeune femme en soupirant.

C'est michant une tortue!!

Bien sûr que si, il l’avait senti. L’évidence tomba nette dans l’esprit de la blondinette. Même avec le nez bouché on pouvait le sentir à trois kilomètres ! Avec la quantité d’alcool qu’elle avait ingurgité, elle aurait pu parfumer tout le parc ! Baratineur ! Dans un pincement de lèvres, la jeune femme détourna le regard du jeune homme. Sans intérêt.

Aengus ? Chiante ? Euphémisme ! Le niveau de son caractère de cochon atteignait les sommets. Toujours persuadée qu’Aro restait et demeurait une menace, elle refusait de descendre. Aengus avait choisi de l’ignorer. Seule une oreille attentive prenait soin de noter le moindre son suspect de la part du garçon. Dans un soupir, elle baissa le nez sur ses genoux. Si elle s’endormait ici, elle risquait de tomber. Dans un nouveau soupir, elle commença à glisser lentement de sa branche pour en attraper une autre. Aengus avait essayé de changer mais elle n’était plus la fille joyeuse et un peu délurée qu’elle était par le passé. Quoiqu’il advienne, Aengus ne trouvait plus rien d’amusant, d’intéressant ou de reposant. Non. Elle était violente, colérique et égoïste. Rien ne comptait hormis sa sécurité.  Que voulez-vous faire ? La situation était bouchée. Elle ne le suivrait pas. C’était sûr et certain. Non, la blonde rentrerait chez elle et peu importe ce que pouvait en penser ou dire Aro. Arrivée au milieu de l’arbre, la blonde posa à nouveau son regard sur Aro.

« Va-t-en ! » Pesta la jeune femme. « J’ai pas besoin de toi ! Fiches moi la paix ! »
Elle avait besoin de personne ! Se débrouiller seule faisait partie de ses habitudes. Hors de question de dépendre d’un parfait inconnu. Jetant un nouveau regard sur les environs, blondinette se repérait. Chacun son truc après tout ! Mais ce qui l’attira fut deux points mouvants. D’autres randonneurs ? Ils marchaient vraiment vite pour des randonneurs. Pour une fois que sa paranoïa allait être utile…

« ARO ! MONTE TOUT DE SUITE ! VITE ! » Ordonna t elle sans le moindre détour et dans une parfaite contradiction avec ses précédents propos.

Il avait demandé ce qu’il pouvait faire pour montrer patte blanche non ? Et bien, elle avait trouvé. Ceux qu’elle redoutait le plus dans cette nature n’avaient rien en commun avec les serpents, les bêtes sauvages ou les insectes. Non, elle craignait les hommes. Cinq minutes plus tard, une grosse bête à quatre pattes pointa le bout de son museau. Grognant, pleurant et blessé, l’animal tentait de courir un peu plus encore. Pour lui, c’était une question de survie, pour les deux hommes qui suivaient, ce n'était qu’un jeu. Ils auraient pu l’abattre depuis bien longtemps. Ils ne faisaient qu’apprécier la traque. L’ours de Californie était particulièrement prisé sur le marché noir. Il valait plus de 100 000 dollars sans compter les 50 000 dollars qui pouvaient être fait à partir des organes. Aengus comprenait bien vite que si on les remarquait, elle et Aro, ils se feraient descendre sans la moindre hésitation. Les braconniers ne s’assiéraient pas sur une telle somme.

Aengus se rapprocha de son tronc d'arbre, espérant se fondre dans la masse. Le silence est d'or, le temps que la bête passe.