« Most people have never learned that one of the main aims in life is to enjoy it »

Le temps était particulièrement doux pour un début de mois de mars. Les températures avoisinaient les 18 degrés et le soleil était au rendez-vous. A cette période de l’année, les habitants étaient plutôt habitués à de la pluie, un temps nuageux et surtout, 13 ou 14 degrés maximum. Regrettant son Australie chérie, Leyna était bien contente que le printemps pointe déjà le bout de son nez, puisque même si elle commençait à se faire aux températures parfois glaciales de San Francisco, elle avait une nette préférence pour les journées ensoleillées passées au bord de la mer. En ce dimanche après-midi, elle était ravie de pouvoir sortir et profiter de la journée, au lieu d’être enfermée à la bibliothèque de Berkeley, devant terminer d’innombrables projets d’art photographique. D’ailleurs, cela lui fit penser qu’aujourd’hui était le jour parfait pour prendre quelques clichés, qu’elle n’aurait aucun mal à intégrer dans son projet. Actuellement débordée avec les cours, étant donné que la fin de l’année scolaire arrive à grand pas, Leyna n’a que très peu de temps pour elle. Après tout, elle terminait ses trois premières années en juin, ce qui lui vaudrait un diplôme lui permettant d’ouvrir sa propre galerie, ce qu’elle avait bel et bien prévu de faire. Pour en rajouter à son emploi du temps chargé, la belle brunette s’étaient vu offrir un poste au sein de la confrérie sigma ; celui de « bras droit du PDC », c’est-à-dire qu’elle assistait et aidait le président des sigma – en l’occurrence la présidente, Konomi – à prendre des décisions. Lorsqu’elle accepta le poste, elle pensait que tous les membres de la trinité avaient été changés, mais en réalité, cela n’avait pas été le cas. Konomi, qui n’était autre que l’ancienne bras droit du PDC avait été promue PDC. Etant donné leurs antécédents, leurs prises de bec et leur amitié ruinée, Leyna avait été dépitée de découvrir qu’elle allait devoir travailler avec elle, et pire encore, être sous ses ordres. Prenant son nouveau rôle très au sérieux, elle décida de mettre en place un système de mentor, et la voilà qui prend les petits nouveaux sous son aile. Le dernier en liste est un jeune homme qui étudie l’info-graphisme, pianiste également, ce qui n’est pas pour déplaire à la jeune femme qui sait également jouer quelques morceaux, sans pour autant pouvoir se vanter d’être une virtuose. Son truc à elle, c’est la photo, et rien d’autre. Bref, le jeune homme en question était venue la voir pour qu’ils fassent plus ample connaissance, et surtout, lui avait demandé qu’ils se voient pour qu’elle lui montre un peu les environs, histoire qu’il ne soit pas trop perdu. Il s’appelait Jovani et sa personnalité à la fois rêveuse et loufoque plaisait déjà à la jeune sigma. Ils avaient décidé de se retrouver dans un endroit plutôt original : la fête foraine. Leyna adorait les manèges et les attractions, mais elle était tellement maladroite qu’elle étant en proie à un certain danger dans ce genre de lieu. Elle se devait de paraître sérieuse avec son filleul, et non pas de passer pour une folle. De nature franchement rigolote, Leyna avait le don de se faire apprécier de tous. Ou presque. Elle appréciait les gens qui ne se prenaient pas la tête. Lorsqu’elle s’était habillée ce matin, elle enfiler son pantalon en jean qui lui arrivait en dessus des chevilles et elle opta pour une petit haut blanc légèrement transparent mais loin d’être vulgaire. Elle savait que porter des chaussures à talons dans un parc d’attractions était loin d’être pratique, mais c’était plus fort qu’elle. Leyna avait pris l’habitude de ne jamais sortir – ou presque – sans ses chaussures à talons. Elle opta donc pour des chassures blanches et roses à semelles compensés, jolies, simples, mais trop hautes. Lorsqu’elle monta dans le bus, il ne lui fallu qu’une petite dizaine de minutes pour arriver sur le lieu de rendez-vous. N’ayant pas l’habitude d’arriver en retard, elle se pointa même 5 minutes en avances. Perdue dans ses pensées, elle ne vit même pas le jeune homme arrivé. Il s’approcha de plus en plus d’elle, la cherchant des yeux. « Hey, par là ! » lui cria-t-elle en lui faisant signe. Ils se firent la bise. « Comment vas-tu ? J’espère que tu es prêt pour une journée de folie, parce que moi, je n’attends que ça ! » continua-t-elle. « J’en profiterai pour te donner des conseils et surtout, te parler des endroits branchés à fréquenter. Par contre, je te préviens, j’suis super maladroite et surtout, j’ai la poisse, donc j’espère qu’on sera encore vivants à la fin de la journée… Tu veux commencer par quoi ? ». La journée s'annonçait intéressante et le courant passait bien entre eux, que demander de plus ?

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On ne peut pas dire que Jovani fait partie de ces gens qui connaissent par cœur leur pays natal. Mais c’est bien compréhensible. Le jeune brun – à demi-blond certes – n’a fait que quatre année de sa vie en Amérique et puis ensuite il est partie vers l’Angleterre rejoindre son père qui projetait d’y construire des usines. Jovani n’a donc pas pu connaître grand-chose à part les parcs, les crèches et les écoles maternelles. Il ne s’en plaignait guerre, l’Amérique ne l’avait jamais réellement intéressé, d’ailleurs, très peu de choses l’intéressait dans le monde. Mais il était bien condamné à la connaître cette ville. Le producteur de la série dans lequel le jeune métisse jouait avait brusquement décidé que la série se déplacerait étant donné que tous les membres avaient grandis et que l’heure de l’université sonnait. Berkeley a été choisit à l’unanimité. Enfin, en quelques sortes… Jovani s’en foutait bien de l’université où il allait entrer, tant qu’il pouvait y étudier ce qu’il aimait dans un minimum de confort, et puis ses amis/collègues ne tarissaient pas les éloges sur cette université. Il avait assez maladroitement dit au revoir à ses parents, snobant presque sa grande sœur mais finissant par lui promettre de lui ramener un koala… ça, c’était bien sûr s’il revenait, ce qui était peu probable. Son sens inouï de l’imprudence est capable d’avoir raison de lui ici, à Berkeley. Il mourra donc sur sa terre natale. Il était chez lui et depuis trois heures du matin, il essayait de dessiner une photographie qu’il avait prise dans la rue. La qualité n’était pas des meilleures, il avait beau prendre des photos, il n’était pas doué pour ça. Il se tuait donc à essayer de reproduire l’homme qui fumait discrètement, couché sur un banc et les yeux fermés. Près de péter un câble, il se retrouvait à parler seul, à se crier sur lui-même, à grogner mais il finit tout de même par y arriver. Se fût la danse de la gloire. Une main sur la tête, l’autre sur la cheville et un, et deux, puis plus rien. Il se bloqua brusquement devant son horloge, certain qu’il devait faire quelque chose aujourd’hui avec une personne plus au moins importante. Réflexion. Réflexion. Réflexion. Encore. Réfléchir. C’est fatiguant. Il soupire et s’en va se jeter sur son lit, plutôt fière de l’exploit qu’il vient de faire. L’exploit ? Quel exploit ? Non pas son dessin hein… Non, non. D’avoir réfléchit un peu de s’être souvenue qu’il devait aller inspecter sa propre ville natale pour finir par connaître ses moindres fissures – ou pas – avec l’aide de la magnifique Leyna. Ils se sont connus au sain de la confrérie Sigma, Jovani ayant appris lors d’une réunion de confrérie que cette dernière était le bras droit du président de confrérie. Elle paraissait drôle et ouverte et puis pour être à cette place, elle devait en connaître un bon bout sur cette confrérie, cette ville, cette université. Bref. Il devait aller la rejoindre à la fête foraine de Nob-Hill. Un peu en avance, il prit le temps pour s’étirer, se changer, mettre un simple haut blanc, un pantalon rouge et des chaussures bleues bien sûr muni de tout son arsenal de bracelets aux poignets. La fête foraine, où ça pouvait bien être ? Nob-Hill, ok. Il n’avait qu’à demander son chemin aux piétons. Ça allait être plutôt drôle de voir les gens sursauter, inquiété par la grosse voiture rouge qui essayait de se garer près d’eux. Malgré toute l’improbabilité qui puisse être, il y est quand même arrivé. Le parking était carrément presque pleins et de là, on pouvait voir les grands manèges colorés. Autrement dit, c’était un super endroit pour ne pas faire sérieux, sa marraine avait donc des bons goûts pour lui plaire. Un paquet de tit tac multicolores et difformes ou, la foule. « Hey par là ! » Deux tours sur lui-même ont largement suffit pour qu’il remarque la jeune sigma ou milieu de la foule en talon. En talon ? Elle n’assumait peut-être pas sa taille, mais elle n’avait rien à n’envier à personne. Non mais quand même, des talons à une fête foraine ? Ses chaussures lui rappelait vaguement le premier grand huit qu’il avait fait avec sa meilleure amie, et une fois devant la jeune fille, il ne pu s’empêcher de grimacer en lâchant un, après avoir soigneusement marqué ses deux joues. « Eurk. » Il sursaute. « Pas eurk toi hein… Moi non plus d'ailleurs, enfin, moi un peu si… Seulement le grand huit ça me rappelle que… Eurk. Bon, je t’épargnerais ça. » Le fait est que pendant son dernier grand huit, il avait gerbé sur les talons de sa meilleure amie et qu’il espérait que ça ne se reproduise pas. La meilleure solution était de ne faire que le manège des tasses… Il se tait espérant qu’il ne l’a pas complètement bloqué dans son élan mais juste un peu. « Comment vas-tu ? J’espère que tu es prêt pour une journée de folie, parce que moi, je n’attends que ça ! [...]» Il sourit à la jeune fille avec son air charmant de triple idiot mais il la laisse continuer sa phrase et pour une fois jusqu’à la fin. « Les tasses ! Pas le grand huit… Les tasses. AH OUI ! Les barbes-à-papa, j’en veux BEAUCOUP. On peut éviter les grands huit ? » Et puis ensuite, il calme sa surexcitation. « Pardon… Je vais bien, très bien ! C'était chaud pour arriver jusqu'ici... Et puis j’ai réussi à faire ce dessin, la photo était tellement floue, faudrait que je trouve quelqu’un qui veut bien prendre des photos à ma place… Bon. Ok. On s’en fou. Comment tu vas toi ? »

Avant d’entrer à l’université, Jovani avait promis à l’homme vaniteux qui lui sert de père qu’il intégrerait la confrérie des Epsilons, soit, les plus riches. A vrai dire, il attendit juste d’être assez loin de son géniteur pour lui annoncer qu’il était absolument hors de question qu’il se joue aux infatués devant une bande « d’ignorants ». A peine deux semaines après son entrée, il ne supportait déjà pas les membres de cette confrérie, imbus de leur personne se considérant comme indispensable pour la terre tourne sur elle-même autour du soleil. Même s’ils n’étaient pas tous ainsi, peut-être que certains avaient choisis cette confrérie parce qu’aucune autre ne leur convenait et que leur statut financier étant plus… élevé. S’il se donnait la peine de regarder souvent leur maison de confrérie, il lancerait un regard complètement revêche avant de leur tourner le dos. Et bien heureusement, il y a eu les Sigma, la première fois qu’il a visité la maison de confrérie, il était émerveillé comme un petit garçon à Disney Land, ou un orang-outan devant une banane. Chez les Sigmas, l’intégration est plutôt facile, parce qu’il y a de ces gens aussi à la con que Jovani et d’autres plus sérieux, certaine fois, on croisait même un mix des deux, comme Leyna avec qui il est en ce moment. Il serra les dents quand la brune s’étonna de le voir s’enthousiasmer pour les tasses, ou plutôt, essayé de marquer qu’il ne voulait pas faire de grand huit. « Bah ouais, les tasses c’est cool… ça tourne, et puis encore, encore… C’est cool. » Il marque une pause. « Les grands huit, j’aimais bien ça, mais… plus maintenant. » De toute façon, si elle tenait à l’obliger, c’était elle qui allait finir par le regretter. « C’est surtout pas pratique avec les kilos de barbes-à-papas, tu as raison… Donc on ne fera pas de grand huit. » Il ouvrit encore la bouche pour un dire un truc beaucoup plus con mais la referma aussitôt de peur d’effrayer sa marraine. Il venait d’arriver et il essayait déjà de se contrôler pour dire des trucs assez intelligents, beaucoup trop habitués à amuser la galerie il voulait faire un effort pour paraître sérieux même si Leyna avait plus l’air d’avoir envie de s’amuser aujourd’hui mais il ne pu s’empêcher de sourire comme un enfant surexcité quand elle le tira pour aller tout de suite prendre les barbes-à-papas. « Au fruit de la passion ! » puis il baissa les yeux en se mordant la lèvre inférieure. « Ou à la framboise… Ou encore à la pomme… à la vanille ou à la cerise… » Continua t-il donc, en pleine réflexion avant de secouer vivement la tête. « NON. A la framboise, de toute façon, le réglisse ce n’est pas bon. Et puis on pourra venir en reprendre si jamais. » Termina t-il enfin. Cela avait plus l’air d’une demande qu’une information. Déjà que Jovani avait tout le temps l’air d’un mignon petit garçon tout ce qui était friandises allumaient comme des bougies dans yeux. Soit Leyna allait le trouver complètement débile, soit elle allait le trouver mignon, au choix et il faut l’avouer, le nouveau Sigma espérait vraiment qu’elle ne parte pas en courant pour qu’il ait encore une chance de s’intégrer dans la confrérie. « Oh ! J’veux des marshmallow aussi ! » Lança Jovani, les yeux encore plus brillants que tout à l’heure. « Mettez-en s’il vous plaît. » lança t-il à l’intention du vendeur, qui regardait un peu partout à la fois. Il remercia brièvement avant de suivre sa marraine jusqu’aux tasses. « Ce que je veux savoir à propos de quoi ? » En haussant un sourcil, un peu déconcentré, parce qu’il se concentrait vraiment pour paraître un peu censé. « Ah ! La confrérie… ? Dis-moi tout ce que tu sais…. » La queue n’était pas vraiment longue à son plus grand plaisir, pour une fois, la chance avait décidé de venir un peu vers lui. Il se répétait machinalement dans sa tête : « intelligent, intelligent, intelligent. » Comme pour ne pas oublier alors qu’il tournait sa tête vers Leyna, en affichant un grand sourire. « Je crois que je suis déjà allé dans une bibliothèque une fois dans ma vie… Quand j’étais petit. Mais non, c’est pas mon genre les bibliothèques, y’a trop de livres, trop de têtes à quatre yeux, et puis les écritures, ça donne des problèmes ophtalmologiques. » Il haussa légèrement les épaules pour arriver à mettre ses mains dans les poches de son pantalon rouge qui étaient étrangement douces puis laissa son visage afficher un léger sourire au coin quand elle lui annonça que dans le cas où il aimait bien les fêtes, il était bien tombé. Il commençait à être légèrement rassuré parce qu’elle n’était pas la première à lui avoir dit ça. Légèrement… Pour lui, jamais cette ville n’égalera Las Vegas. « Le Lexington Club… Je crois que ma sœur m’en a déjà parlé, elle a déjà été ici, je dirais même qu’elle connait ville comme sa poche. » Déclara t-il avec un léger air de fierté fraternel. « Mais je n’y suis jamais allé... Pas parce que je n’ai pas le temps, mais bon… » Si c’était aussi incontournable qu’elle le disait, il finirait tôt ou tard par y aller… Avec quelqu’un probablement. A peine qu’il lui avait répondu, elle enchainait déjà avec une autre question et il n’arrivait pas à suivre, perturbé par les noms des villes déjà prononcés plus d’une fois par ses parents il se contentait donc d’hocher la tête, essayant de caler chaque information qu’elle lui donnait dans la partie libre de son cerveau. « Il faudra que tu me fasses visiter tout ça ! En plus, tu as vraiment l’air de savoir de quoi tu parles. » Il sourit encore mais cette fois avec cet irrésistible air d’imbécile qui lui échappe souvent, le pire, c’est qu’il s’en rend bien compte. « Ah tu fais de la photographie ? C’est PAR-FAIT. Tu as le temps quand ? Parce que je ne voudrais pas t’emmerder pendant tes cours… » Il s’enthousiasmait naturellement même s’il commençait à avoir l’habitude de dessiner ses photos merdiques. Sa marraine et lui s’installèrent confortablement dans la première tasse venue et d’un coup, l’esprit de Jovani fut transpercé par une idée qui lui paraissait génialissime alors que les tasses commençait à avancer et à tourner. « Tu as une photo de toi ? Je vais te faire un portrait ! » Lança t-il les yeux grands ouverts et brillants comme s’il y avait des perles.

Etudier en infographisme était une grande évidence pour Jovani. Son penchant pour le dessin a commencé à se déceler pendant son enfance, à l’époque, il s’éclatait en dessinant toutes les pages de ses bandes dessinées et il en avait une bien grosse collection mais le dessin n’était qu’un passe-temps pour lui, du moins, c’est ce qu’il a compris quand sa mère lui a dit que c’était un magnifique passe-temps. Un passe-temps, rien de plus, même pas une passion juste un truc qui fait passer le temps plus facilement. Conformé dans cette idée, il a commencé à s’intéresser à d’autre domaines artistiques, tels que la musique ce qui a finalement été un atout pour qu’il intègre la confrérie des Sigmas, même si le dessin était largement suffisant. Mais à vouloir dessiner tout ce qui bouge ou ne bouge pas, tout ce qui vit ou ne vit pas, tout ce qui est humain ou ne l’est pas, il a vite comprit que le dessin était plus qu’une passion et a littéralement obligé ses parents à lui payer des cours. En gros, cette confrérie était quasiment faite pour lui. « C’est bien les trains fantômes ! Mais bon… Chacun ses craintes hein. » Lança le jeune homme en passant sa main dans ses cheveux, après avoir soupiré un léger « ouf » en ayant la confirmation qu’ils ne feront pas de grands huit. Le train fantôme fait partie des attractions favorites de Jovani, petit, il profitait de sa quiétude pour effrayer ses potes dans le train, et ça marchait toujours mais pour une fois, faire ou ne pas faire de trains fantômes lui importait peu. « Toute une journée… ? C’est pas mal comme idée ! Comme ça on pourra tester toutes les barbes-à-papa. » S’excita-t-il, les yeux inondés de lumières. Soit elle rigolait en disant ça, et elle allait le trouver vraiment très immature, soit elle était « sérieuse » et c’était bon. Il commençait à se foutre un peu du fait qu’elle le trouve totalement puéril, parce que c’est bien son lui, il est comme ça et chassez le naturel, il revient au galop. « Oh ! Je sais, le Golden Gate parc, il y’a des lampadaires ? Si non, on pourrait y aller la nuit, c’est toujours bien dans le noir avec le vent des arbres ! Ou dans un cimetière pendant la journée, pour lire les noms des gens ! Pendant la journée hein, quand il y’a encore la lumière du soleil… T’as déjà essayé ? C’est top. » Let’s go crazy, crazy, crazy... Il racontait fier comme un coq les choses qu’il avait faites en groupe avec ses potes en Angleterre alors que les yeux de la jeune fille s’illuminaient à sa prononciation du mot « photographie ». A vrai dire, les mots sortaient seuls de sa bouche et en refermant cette dernière une bonne fois pour toute, il était certain que sa marraine avait déjà pris la fuite à pas de loups. « Tu as une galerie ? » Elle avait l’air si passionnée que pour le jeune brun, cela paraissait évident – ou pas, étant donné que lui-même n’a pas de galerie pour exposer ses dessins. S’il lui posait cette question, c’était parce qu’il aurait dix milles fois appréciez de rendre l’appareil à sa marraine qui lui faisait visiter San Francisco avec bon cœur. « Au moins toi tu as du temps libre pour te promener et prendre des photos, ça devient du grand luxe pour moi de me poser et dessiner quelque chose. » C’était donc une grande faveur de sa part qu’il allait lui proposer là. Faire un portrait ou autrement dit pour Jovani, passer un agréable moment dans le calme. Son emploi du temps était de plus en plus chargé, il n’avait pas cours que les mercredis après-midis, mais il se servait de ce temps pour faire ses devoirs, trop occupé à essayer de dessiner pendant ses soirées. Il attrapa doucement la photo, alors que les tasses tournaient à leur rythme. « Mais ça va être un plaisir pour moi de dessiner cette magnifique fille ! June… Je crois bien… Elle est brune non ? Oh… Elle a une fille, je ne savais pas. La petite a quel âge ? » Il ne pouvait pas savoir, cette June, il devait l’avoir croisée deux ou trois fois dans les couloirs, rien de plus et la vie de cette dernière ne l’intéressait à peine, pour le moment… Leyna semblait beaucoup l’apprécier, ça pouvait facilement se voir. Jovani leva les yeux de la photo en haussant les sourcils devant le spectacle de Leyna qui essayait de se tortiller légèrement. « Tu fais quoi là ? » Lança-t-il sur un petit air de rigolade, en souriant façon Colgate. « AH… Non, je vais pas dessiner dans une tasse quand… HEY NOOON. » Trop de distraction, sa magnifique barbe-à-papa tomba sur le manège, il se retourna donc vers Leyna, avec des beaux yeux de chats potées en balbutiant comme un bébé. « Ma barbe-à-papa… »

Pokémon… Le jeune Jovani souri systématiquement. Ce dessin animé avait bercé son enfance, son adolescence, mais encore… Il connaissait même certains épisodes par cœur et aucun Pokémon n’avait de secret pour « Non mais si tu manges autant que tu dis et que t’es toujours aussi mignonne qu’un Rondoudou, c’est que tout va bien. » Elle n’avait pas à s’inquiéter d’être grosse, sérieusement, elle était parfaite comme ça. Apparemment, elle avait le même âge mental que Jovani, sinon plus même. Jovani était quelque peu inquiété à l’idée de paraître trop puéril face à sa marraine, raison pour laquelle il réfléchissait à deux fois avant de parler, cette révélation venait donc de le soulager. « Nan mais les Pokémon c’est la base ! » finit-il par dire alors qu’elle comparait les Pokémons à des âneries. Il n’avait pas besoin de lui dire qu’il était aussi mentalement petit qu’elle, ça, elle le constaterait elle-même, si ce n’était pas déjà fait bien évidemment. « Alors déjà tu ne me soule pas parce que les Pokémons quoi… Et je suis désolé mais Pikachu ne peut pas être ton préféré : c’est le mien. » Comment ça la raison n’était pas valable ? Oui même sur ces terrains là, Jovani s’avérait être possessif. Mais c’était quand même sa marraine donc il allait tolérer. Oui, c’est déplacé, mais il s’en fiche. « Oui, oui. J’y vais souvent. Pour dessiner… » L’esprit de Jovani commençait à se calmer. Peut-être parce qu’il parlait de dessin ? C’est vraiment une grande passion pour lui en plus venir étudier ça à Berkeley, c’était presque son rêve qui se réalisait et c’était assez dur pour lui de s’en rendre compte. « Et c’est moi qui devrait t’y emmener ! » En effet, c’était sa marraine qui avait soigneusement (ou peut-être pas) préparé ce rendez-vous à la fête foraine et normalement, c’était son tour. « Oui, un cimetière. » La réaction de Leyna face à cette révélation n’était pas si différente de celle des autres, ce qui amusait beaucoup Jovani. Généralement, il y’avait très peu de personnes là-bas, on pouvait y trouver des personnes vachement tristes, à pleurer devant une pierre tombale, mais rarement des fois des connards qui riaient aux éclats, parlant de tout et n’importe quoi en oubliant dans quel lieu ils se trouvaient. Et puis il y’avait les gens comme Jovani, qui était là pour admirer le spectacle pour reproduire le tableau. Le jeune indien ne put s’empêcher d’étouffer un léger rire. « Tu ne peux pas avoir peur avec moi, je suis un genre de Superman rassurant, tu vois ? » Avoir peur des forêts… Bon, quand même, les ombres des feuillages, le bruit du vent dans les arbres, la nuit. Elle avait de quoi, mais en même temps, pas vraiment. Elle ne va pas tomber sur un psychopathe qui l’enlèvera pour la séquestrer ou encore l’obliger de lui procurer certains plaisirs charnels, on n’est quand même pas dans « Esprit Criminel. » « Il t’en faut absolument une ! J’ai visité un endroit à acheter, avec un ami, je pense qu’il serait parfait pour toi. Par contre… Je ne me souviens plus du nom du coin, mais je vais demander à Shawn… C’est plutôt grand, en plus il y’a un studio à l’étage du dessus qui va avec. » En fait, il avait justement visité ce coin pour le studio, avant de se décider à intégrer la confrérie des Sigma. « Je t'aiderais avec plaisir ! » Et les yeux du jeune homme s’illuminait à nouveau, il adorait – oui, cela est étrange – aider les gens de son entourage. « Ecoute, je t’achète cet endroit – que tu le veuilles ou non – parce que c’est vraiment dommage de rater ça. Je ne te dirais pas le prix parce que tu vas sûrement trouver ça cher, mais cet endroit en MA-GNI-FI-SSI-ME. Et puis, ça me ferait vraiment plaisir de faire ça pour toi. » Il la gratifia encore une fois d’un énorme sourire Colgate. Si elle lui disait non, il serait fortement déçu. Elle ne pouvait lui dire non, parce que même si elle le faisait, il irait tout de même lui acheter cet endroit. C’est vrai qu’il aurait tout de même préféré que l’endroit soit à louer, mais c’était quand même une occasion que sa marraine ne devait absolument pas rater. Le prix, il s’en foutait, il l’avait sûrement oublié mais il allait sans dire qu’il avait assez d’argent pour le prendre, il pouvait même en prendre vingt comme ça, mais ce n’était pas son genre. « Mais tu es d’accord avec moi qu’une chance comme ça, il ne faut pas la laisser s’envoler ? » Oui, cela ressemblait plus à une affirmation qu’à une question. Il leva légèrement son joli petit popotin pour mettre la photo de June dans sa poche arrière, soit le seul endroit où elle ne risquait pas de se perdre après avoir dit à l’attention de sa marraine : « J’ai le droit d’aller chez moi avec ? » avec la petite tête de chat potté qu’il avait souvent et la plupart du temps, sans vraiment faire exprès. « Nan mais l’autre idiot il ne peut pas prévenir avant d’arrêter ces putains de tasses. » chuchota t-il en français avant de jeter un triste coup d’œil sur ce qui restait de sa barbe-à-papa. « Naoon, ça n’a rien à voir avec toi… C’est le genre de truc qui m’arrive souvent… » Dur de passer entre deux langues, en effet, il commença le début de sa phrase en français, avant de se rattraper maladroitement. Cela n'avait riien à voir non plus avec la poisse, du tout, mais plutôt avec le sens inouïe de l’imprudence et de la maladresse du jeune garçon. Si sa barbe-à-papa était tombée, c’était sûrement qu’il l’avait mal prise. C’était sûrement une intervention divine pour que les deux jeunes gens aillent se prendre une nouvelle saveur de barbes-à-papa… Le marchand de bonbon les accueilli avec un grand sourire aux lèvres. « Alors quoi cette fois ci ? La noix de coco ? » Il les avait reconnu… En même temps il avait de quoi… « Très peu pour moi, j’en suis allergique. » S’il ne voulait pas éternuer dans tous les sens pendant toute l’après-midi, il allait s’en priver. « Vous nous proposez quoi d’autre ? »