Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

Ce n'est que du coin de l'œil que j'aperçus Nick s'adosser contre le mur, pour finalement s'asseoir à son tour, pourvu d'une mine des plus dépités. Est-ce que Noah m'avait déjà parlé de ce fameux Nick Clark ? Aucunement, il n'y avait qu'eu des histoires sur les membres de sa famille et je me serais souvenue d'une quelconque anecdote sur l'homme qui se tenait à mes côtés, mais rien. Je fermais les yeux, prise d'un léger vertige qui se devait de passer au plus vite, alors que j'entendis Nick se redresser. Mes paupières s'ouvrirent et je pus l'apercevoir qui prenait la direction du salon, s'emparant d'un cadre présent sur la cheminée. Mais que faisait-il ? Aucune idée, il contemplait une photo, rien de plus. Allez savoir laquelle, en vu des nombreux clichés que le médecin avait affiché. Le cadre finit alors sa course contre un mur, dans un fracas qui me fit sursauter, m'encourageant à me coller un peu plus contre le mur qui se dressait derrière moi, sans nul doute de peur qu'il me jette quelque chose à la figure, sait-on jamais ce qui pouvait lui passer à l'esprit. Il s'effondra au sol, les genoux heurtant violemment le parquet de la demeure tandis que je levais les yeux au ciel face à cette vision plus que déchirante. Je ravale mes larmes, aussi difficilement que cela puisse être et sèche les quelques gouttes qui ont réussi à s'échapper, d'un simple revers de main. Il s'approche et je crains le pire. N'importe qui aurait pu me coller son poing dans la figure pour avoir osé apporter telle nouvelle, alors oui, j'avais peur, d'autant plus que j'avais encaissé de nombreux coups au cours des dernières semaines. Mais finalement, il ne fit que me tendre sa main. Du thé... Non, je ne vais pas pleurer, je n'ai pas le droit, pas juste à cause d'un simple... mais Noah adorait le thé. Pardon, il en raffolait, bien qu'il m'ait réclamé un chocolat chaud il y a deux jours à peine. Ma main glissa alors dans celle de Nick, la saisissant pour me redresser, aussi difficile cela fut-il. Je passe devant l'homme, me dirigeant alors vers la cuisine sans un mot et me stoppe net, au même endroit où je me suis arrêtée lorsque j'ai aperçu le corps de Noah qui gisait sur le sol. Je me vois encore fondre sur lui pour lui administrer les premiers soins, j'aperçois les infirmiers se jeter sur nous jusqu'à me repousser pour pouvoir s'occuper de lui. Je tourne les talons et sans plus attendre, trouve refuge contre le torse de Clark. À bout de nerfs, les larmes sont inévitables et mon cœur se comprimant de plus en plus dans ma poitrine n'arrange en rien les choses. « Il était là. Il était allongé par terre. Il était déjà inconscient. » Aucunement du genre à me blottir dans les bras du premier inconnu, et ne sachant aucunement si l'homme auquel je m'agrippais était du genre à apprécier un tel geste ou non, je ne pouvais me détacher de sa veste que mes doigts serraient avec force. L'image de mon Noah, à même le sol, m'était plus qu'insupportable. Arriverais-je à m'en débarrasser ? Jamais. Trouver son compagnon, pratiquement mort à son domicile, était une épreuve des plus délicates, une épreuve qui vous hante jusqu'à la fin de vos jours. Après un instant, mes doigts relâchent la pression que j'exerce sur le vêtement de Nick, reculant d'un pas, tremblante comme une feuille. Dîtes-moi que tout ceci n'est qu'un cauchemar. Dîtes-moi que je vais me réveiller d'ici quelques secondes et que je serais dans les bras du médecin, bercée par son souffle sur ma peau, par son parfum qui chatouillait mes narines, et enveloppée par la chaleur de son corps.

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Étant plus que navrée de m'être jetée de la sorte sur l'homme qui se trouvait actuellement dans la demeure en ma compagnie, ce ne fut rien de plus qu'un réflexe afin de préserver mon esprit de toute vision, mais se fut un peu trop tard pour ne pas y penser. Le mal était déjà fait. À bout de forces, je le laissais m'accompagner jusqu'au divan, sur lequel je m'affalais presque, repliant les jambes contre ma poitrine, comme si ce mouvement allait m'aider à trouver une once de réconfort. Rester assise ici, seule, bien que Nick se trouvait un peu plus loin, dans la cuisine, ne m'aidait en rien, bien au contraire, parce que deux jours plus tôt, j'étais installée à cette même place, Noah se trouvant encore à mes côtés. Je pousse un soupir, battant le moins que possible des cils, afin d'éviter de verser encore plus de larmes. Si je continuais à ce rythme, c'est tout San Francisco qui finira inondé. Mon front se pose sur mes genoux et mes yeux se ferment durant quelques instants, jusqu'à ce que Clark ne revienne en ma direction avec tout le nécessaire pour préparer le thé. Je l'observe donc dans ses mouvements, analysant le moindre de ses faits et gestes à l'aide d'un regard des plus vides. « Merci. », soufflais-je d'une faible voix, attrapant au passage la tasse pleine qu'il venait à me tendre. Au moins, il avait le loisir d'être franc. N'importe qui d'autre aurait clamé que cela m'aurait fait un bien fou, alors que non, hormis si l'on avait glissé une quelconque substance illicite dans ma tasse, ce qui ne semblait pas du tout être du genre de Nick. Je bois. Parce que je n'ai rien d'autre à faire, parce que je refuse de parler pour le moment. J'ai besoin de reprendre mes esprits, de retrouver mon calme, au risque d'exploser pour du bon. Toutes ses larmes n'étaient rien comparé à tout ce que je pouvais ressentir à l'intérieur. J'étais une bombe, prête à éclater d'une seconde à l'autre. Le regard porté sur un point quelconque depuis plusieurs minutes, la voix de Nick, installé à mes côtés, vint alors à me faire sortir de mes songes. C'est surtout l'énonciation de mon prénom qui avait joué quant à attirer mon attention, sans quoi, je serais, sans nul doute, restée planter pendant encore quelques minutes, à fixer le sol comme une retardée mentale. « Co... comment vous savez ? » Je faisais référence à mon prénom, bien évidemment, mais cela devait être Noah qui lui avait déjà parlé de moi, aucune autre explication ne me venait à l'esprit pour le moment. Mais là n'était pas la question, de toute manière. Puis répondre à une question par une autre question n'était en rien poli. Désolée, Clark, de me montrer aussi désagréable, mais je ne peux faire autrement. Je pourrais, mais je n'y arrive pas. Le cœur n'y est pas. « Je... je ne sais pas. Il n'était déjà pas bien depuis quelque temps, depuis qu'il est rentré d'un voyage en Écosse il y a plusieurs jours. Et les choses n'ont fait qu'empirer. », répondis-je finalement en posant mon regard sur l'homme installé un peu plus loin sur le canapé. « Je suis juste passée le voir ce matin et... » La suite, je te l'ai confié plusieurs minutes auparavant. Je me pince la lèvre inférieure, sans pour autant le lâcher ne serrait-ce qu'un instant des yeux. « Il ne vous a jamais rien dit sur... ce qu'il avait ? Ou sur le temps qu'il a passé en Écosse ? » S'il ne m'en avait pas parlé, il en avait peut-être tenu Nick informé, non pas que Joe et William. Une grippe, bordel, j'aurais mieux fait de suivre mon instinct et de le forcer à faire des examens à l'hôpital.

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Baissant le regard tout en écoutant attentivement les propos de Nick, je finis par pousser un faible soupir, lequel démontrait toute ma déception quant à avoir des informations sur ce qui s'était passé en Ecosse, plusieurs jours auparavant. Quelque chose s'y était déroulé, quelque chose qui avait changé toutes les personnes s'y trouvant. Benedikt était fort silencieux depuis son retour et Noah était des plus mystérieux, refusant de répondre aux centaines de questions que je lui avais posé jusqu'à ce jour. Quant à William et Joe, hors de question ne serrait-ce que de leur adresser la parole. Que veux-tu Nick, je suis, ou tout du moins j'étais, sa petite-amie et monsieur n'a daigné à me dire le moindre mot quant à son sujet. Je culpabilise de ne pas avoir su agir contre le gré du médecin. Ce que je peux me détester par moment. Après une gorgée de thé, je fronce quelque peu les sourcils, intriguée par un terme bien précis. « Attendez, vous avez dit... criminologue ? » C'est un peu comme à la télévision, non ? Les séries policières et compagnie, chose que j'admire, alors si c'est bien ce à quoi je pense, peut-être que Clark peut m'être d'une grande utilité. « Alors, vous menez des enquêtes ? Enfin, ce genre de choses. », demandais-je après avoir reposé mon regard sur ce dernier, un sourcil s'étant dressé au passage, le cœur battant à tout rompre au point d'éclater tant j'attendais sa réponse. Noah m'avait confié quelques informations qui pouvaient être des plus utiles quant à savoir ce qui s'est passé sur l'île, mais je n'en ai actuellement rien fait, parce qu'il faudrait que je m'adresse à deux personnes que je méprise profondément depuis quelque temps maintenant. « Noah était en présence de son frère, William... » Grimace de dégoût en parlant de cet abruti de service. « Et de Joe Shark, lorsqu'il se trouvait en Écosse. Et il m'a dit que si je tenais à avoir des réponses, c'est à eux que je devais m'adresser... » J'aurais pu les voir, j'aurais même dû, mais j'étais presque effrayé des deux hommes. William et moi n'arrivons aucunement à nous entendre, bien qu'il avait su me défendre face à sa mère qui avait des plus ingrate envers moi au cours du repas familial que Noah avait organisé plusieurs semaines avant son départ pour l'Ecosse. Quant à Joe, il n'avait cessé de me lancer des pics tout au long de cette même journée, de quoi me donner cette envie de lui coller mon poing en pleine figure. Je ne lui pardonnerais jamais toutes ses réflexions aussi déplacées les unes que les autres. « Vous pensez que c'est possible de... enfin d'enquêter, ou je ne sais comment vous appelez ça, sur eux ? » Kirby, ou comment se croire en plein épisode des Experts. Cela ne me ramènera pas Noah, j'en ai plus que conscience, mais j'ai soif de vengeance et je veux connaître la vérité qu'il s'est tant daigné à me cacher. À nous cacher, pour être plus exacte, car Clark se trouvait dans le même épais brouillard que moi à l'heure actuelle.

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La vengeance est un plat qui se mange froid, n'est-il pas ? Alors j'allais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour parvenir à trouver le responsable de la mort de mon compagnon et le venger. Parce que pour moi, il n'y avait pas de grippe qui tenait, il devait y avoir eu une sale histoire derrière ce voyage en Écosse, où quelque chose d'extrêmement grave est arrivé à l'homme que j'aimais. Je savais, et j'avais toujours su, que je ne pouvais faire confiance à Wiliam Clives, et preuve en était à l'heure actuelle. Parce qu'il avait lui-même fait partie du voyage. Certes, je ne regardais peut-être pas plus loin que le bout de mon nez, mais lui et Shark étaient, en quelques sortes, les suspects numéros un dans cette affaire. J'observe Clark qui s'est quelque peu redressé sur le canapé suite à mes révélations, je ne peux ainsi donc m'empêcher de froncer les sourcils, notamment lorsqu'il se redresse d'un bon pour venir faire les cent pas un peu plus loin dans la pièce. Pourquoi ce soudain coup de chaud ? Je ne vois alors qu'une explication plausible à ma question, mais je n'ai pas le temps d'en dire un mot à Nick, car ce dernier vient à me poser une question... à laquelle je n'ai aucune réponse. Mon regard se baisse tandis que ma mémoire travaille d'arrache pied pour se remémorer les paroles de l'infirmier qui était venu m'annoncer le décès de Noah. Il n'y a que la douleur qui s'empare une fois encore de moi, c'est un déchirement que de revivre pareille situation dans mon esprit. Après avoir promené mon regard de gauche à droite sur le sol, je reporte toute mon attention sur Nick, la bouche quelque peu entrouverte, une lueur d'incompréhension traversant mon regard. « Je... je n'en ai aucune idée. Ils m'ont juste dit qu'il était mort. » Et j'étais sincère. Ou alors, certaines paroles de ce médecin m'avaient échappé tant j'avais été en proie à la rage et à la tristesse. Est-ce mon esprit qui refuse que je vive à nouveau cette scène ? Je n'en ai aucune idée, je ne suis plus sûre de rien, peut-être suis-je en train de perdre la tête, ce qui ne m'étonnerait aucunement. Cette question... elle m'avait laissé à penser qu'il cherchait des indices. Oui, j'allais arrêter de regarder les séries télés policières, sinon elles allaient me rendre dingues. « Vous savez quelque chose ! Vous savez quelque chose sur Clives ou même sur Shark, ou pire encore, sur ce voyage. », lui lançais-je en m'étant quelque peu redressé sur le divan, posant ma tasse sur la table basse. Et dans ce cas, le criminologue m'aurait menti. Peut-être que Noah l'aurait tenu informé de certains détails qu'il ne voulait aucunement me communiquer. Nick était, après tout, criminologue et bien plus âgé que je ne l'étais, lui pouvait mieux comprendre certaines choses, contrairement à une simple étudiante en médecine d'à peine vingt-trois ans. « Dîtes-moi de quoi il s'agit, Clark ! » C'est évident, ça crève les yeux, il est inquiet, il doit être au courant d'un détail qui pourrait le mener à découvrir la vérité et j'ai besoin de savoir. De toute manière, je ne le laisserais pas quitter cet endroit sans qu'il m'ait parlé de ce qui le travaillait depuis que je lui avais annoncé que Noah était parti en compagnie de William et Joe.