Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

Impossible de réfléchir plus longtemps, je n'y arrive pas, je ne veux même pas. Aucun effort depuis que cette nouvelle année a démarré, aucune envie d'en faire depuis que Noah est rentré d'Écosse. J'ai un flair imprenable pour savoir lorsque quelque chose se trame ou non, et je sais que dans le cas présent, il y a problème. Une grippe. Mon œil oui, même s'il en a bien tous les symptômes, je reste stoïque face à la situation. Je vois de jour en jour que les choses vont de plus en plus mal. Quatrième année de médecine, incapable de faire un diagnostic quant à la santé de mon petit-ami. Sans doute parce qu'il n'est pas un patient comme les autres, qu'il est l'homme que j'aime et qu'il m'est impossible de chercher la vérité, sans nul doute de peur de découvrir quelque chose dont je ne pourrais me remettre. Ah la sonnerie, elle se faisait tarder, cette heure avait semblé durer une éternité. « C'est par ici Kirby. » Comment ça, j'essaie d'esquiver mon prochain cours ? « J'ai quelque chose à faire, je vous retrouve d'ici deux minutes. » La bonne excuse qu'il est impossible d'avaler, et pourtant, mes deux camarades y croient dur comme fer. Je prends donc la direction opposée à ces dernières, m'assurant à chaque coin que mon demi-frère ne se trouve pas dans mes pattes. Je l'emmerde, lui et sa surveillance qui dure sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et me voilà à l'extérieur de l'université en un rien de temps, et je longe les murs telle une ombre, direction la sortie, direction la maison de Noah au bord du lac. A pied, bien évidemment, hors de question d'appeler un taxi, je refuse de monter dans une voiture, toujours et encore, problème que j'arrive en rien à résoudre. J'ai cette impression de marcher pendant des heures et des heures, jusqu'à ce que je n'arrive à destination, m'arrêtant net devant la porte d'entrée, venant à y sonner. Je sais qu'il est là. Je sais qu'il a pris congé et s'il ne m'ouvre pas, je casserai un carreau pour rentrer, non sans scrupule. Lorsque la porte vient à s'ouvrir sur Noah, pas même l'ombre d'un sourire ne vient à se poser sur mon visage neutre de toute expression. « Salut... Je ne te dérange pas, j'espère ? Je suis désolée, j'aurais dû te prévenir avant... » Une lueur de tristesse fait finalement son apparition dans mes yeux, une étincelle à peine, de quoi me faire baisser le regard sur le torse de mon petit ami pour l'empêcher de lire dans mes prunelles. Cette mine maussade, accablée, c'est à peine si je le reconnais ces derniers temps. Où est mon Noah ? Je déteste de le savoir dans un pareil état. Je me faufile finalement à l'intérieur, me débarrassant rapidement de mon blouson avant de reporter toute mon attention sur le médecin. « Tu vas bien ? Enfin, je veux dire... mieux ? Tu prends bien tes médicaments, j'espère ? » Oui, le cadet des Clives a quelque peu déteint sur moi... Ou pas. Je prends juste soin de mon compagnon comme toute femme aimante devrait le faire, rien de plus, rien de moins.

Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

Je manque terriblement de sommeil en vu de mon inquiétude grandissante jour après jour. Je me réveille la nuit, hurlant presque à en faire éclater mes poumons, ne cessant de m'imaginer le pire une fois la nuit tombée, lorsque je me retrouve sous les draps de mon lit dans ma chambre de confrérie. Je n'ai rien dit à Abigail, ma colocataire, sur la raison de mes insomnies, je lui ai juste révélé que j'étais quelque peu stressée quant au commencement de cette nouvelle année en médecine. Un comble pour la brillante étudiante que j'étais, qui ouvrait à peine ses bouquins et qui s'en sortait les doigts dans le nez. Travailler à l'hôpital m'a donné un second souffle. Avoir Noah à mes côtés était un plus dans mes études, mais ce n'est en rien pour cette raison si je suis en couple avec ce dernier. Il est la cause de mes nombreuses nuits blanches, lui et son état fort inquiétant, parce que je n'avais jamais vu une grippe aussi... dévastatrice. Perdue dans mes pensées, j'ai même failli me perdre sur la route que je devais emprunter pour me rendre jusqu'à chez lui. Y aurait-il une quelconque amélioration depuis la veille ? C'est bien ce que j'espérais, mais lorsqu'il ouvrit la porte, c'est toujours cet homme au teint blafard et à la même dépressive qui se tenait devant moi. L'Écosse. C'est ce voyage secret qui l'a changé, ce voyage qui m'a inquiété des jours durant. Plus de Noah, pas l'ombre de William, Joe, ni même Benedikt. Seulement cette grosse vache de Tacha qui me courait dans les pattes. J'ai réussi à accepter le fait qu'elle et mon meilleur ami soient en couple, ainsi que le fait que dans quelques mois, elle mettrait au monde leur enfant, mais ce n'est pas pour autant que je l'appréciais. Mais notre relation a pris un léger tournant. Oui, ça va. Et ma main dans ta figure pour ce mensonge, tu la veux ?! Je serre les poings. Pas de violence envers ton petit ami, il veut seulement te rassurer. Enfin, je crois. Je hausse les épaules à sa question. Non, je ne vais pas bien parce que tu ne vas pas bien. Quand tu souris, je souris. Quand tu es heureux, je suis heureuse. Quand tu es malheureux, je suis malheureuse. Point final. Ah, voilà un sourire qui fait son apparition, et immédiatement, j'en esquisse un à la suite, aussi faible soit-il. Je sais ce que tu penses, et que tu le veuilles ou non, c'est à moi de prendre soin de toi maintenant. « Tu es sûr de prendre les bons ? Ça fait quand même un petit moment que tu la traînes, et ça n'a pas l'air d'aller mieux... » Une petite grimace défigure légèrement mon visage suite à sa remarque. Une semaine, quand même, et aucune amélioration. « Au contraire. », murmurais-je pour moi-même. Un pincement au cœur vint à me surprendre. Je veux mon Noah. Celui d'avant l'Écosse, celui avec cette mine radieuse, pas l'homme épuisé et secret qui se dressait face à moi. Haussement de sourcil. N'ai-je donc plus le droit de venir voir l'homme que j'aime ? Même malade, je continue à t'aimer. Un peu plus chaque jour. « Oh non, pas du tout, tout se passe bien, ne t'inquiètes pas. Je... je voulais juste te voir, rien de plus. » Et te tirer les vers du nez par la même occasion. En passant par de nombreux chemins, contrairement à mes habitudes qui consistaient à aller droit au but. « Je vais aller me chercher quelque chose. » À boire, cela va de soit, puisqu'il me l'a proposé. Hors de question qu'il s'éloigne pour me préparer quelque chose. Certes, je ne suis pas chez moi et je déteste prendre possession des lieux de la sorte, mais je me dois de prendre soin de mon compagnon et de le ménager autant que possible. Puis je suis assez grande pour me servir un verre de jus d'orange. « Profites-en pour t'allonger un peu, tu veux du thé ? Ou autre chose ? Quelque chose à manger ? » Et vous disiez que Noah est étouffant, je peux l'être encore plus que lui, cela dit.

Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

Que je ne m'inquiète pas ? Elle est bien bonne celle-là. Je n'ai peut-être pas son expérience dans ce domaine, mais quand même, je ne suis pas blonde à ce point pour voir que quelque chose ne va vraiment pas. Je n'avais rien dit au départ, mais au fil des jours, sont état n'avait fait qu'empirer, c'est bien qu'il y avait un problème quelque part, et qu'il ne vienne pas à me dire le contraire. Malgré tout, je tins ma langue, par respect pour lui, sans aucun doute, mais je détestais ces silences depuis son retour, sa manière d'esquiver le problème dés que je le mettais sur le tapis. Arrête de me mentir Noah, je ne suis pas née de la dernière pluie contrairement à certaines. Pas de thé ?! Je hausse brièvement un sourcil. Un Anglais qui ne refuse un thé... que penser ? « Oh non merci, j'ai grignoté quelque chose il n'y a pas si longtemps. » Tu rigoles ou quoi ? La boule au fin fond de ton estomac présente depuis le retour de Noah dans le pays, t'empêche de manger à ta faim et tu n'as rien avalé depuis la veille au soir. Ton estomac va commencer à crier famine d'ici quelques instants si tu entends encore parler de nourriture dans les cinq minutes qui suivent. « Ça va... enfin je crois. Ça fait quelques jours que je ne l'ai pas vu pour tout te dire. », lui répondis-je tout en me mettant aux fourneaux. La dernière fois, fut lorsque mon père avait débarqué sur le parking de l'université et m'avait collé sa droite en pleine mâchoire. Noah n'était, bien évidemment, pas au courant de cette agression et vu son état actuel, il était hors de question que je tienne une telle discussion avec ce dernier pour le moment. J'évitais un tant soi peu James, juste parce que je ne voulais pas trop qu'il s'initie dans ma vie comme il voudrait tant le faire. Mais à chaque nouvelle journée qui venait à passer, je me disais qu'il était au courant de la moindre de mes activités. De mes visites chez Noah, jusqu'au moindre cours que j'avais et jusqu'au nom de chaque patient dont je m'occupais à l'hôpital. J'ai même aperçu Macmachinchose, comme j'aime l'appeler, en train de faire la cour à un ou deux infirmiers. Je l'ai déjà défendu de s'approcher de Noah, sans quoi je lui casserais les dents. Il m'avait rie au nez, bien évidemment. « Et tes parents, comment vont-ils ? » J'ai gardé un mauvais souvenir du repas familial d'il y a plusieurs semaines et j'ai passé de nombreuses nuits, allongée dans mon lit sans pouvoir trouver le sommeil, de peur de voir la mère de Noah débarquer dans ma chambre de confrérie pour me faire la peau. Malgré tout, parler de ses parents ne me gardait pas trop éloigné de son séjour en Écosse. « C'est maman Clives qui doit s'inquiéter pour son fiston. » Ironie, quand tu nous tiens. Un faible rire nerveux s'échappa d'entre mes lèvres alors que je venais à déposer la tasse de chocolat devant le médecin, quelques instants plus tard. Il pouvait s'estimer heureux que rien n'ait explosé dans la cuisine, j'étais loin d'être habile dans ce domaine, bien au contraire, c'est à peine si je savais utiliser correctement un micro-onde sans dégâts. Ça doit être la couleur de cheveux.

Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

Mon cœur vient d'arrêter de battre pendant au moins cinq secondes, me provoquant alors une forte douleur à la poitrine qui me cloua sur place pendant un moment. Kirby, attention au chocolat sinon il va te sauter à la figure ! « Tous les trois, c'est... très bien... Enfin, nous verrons cela lorsque tu iras mieux. » Il était hors de question que je mêle mon père à cette histoire, lui qui n'était d'ailleurs aucunement au courant que sa fille fréquentait quelqu'un, et c'était mieux ainsi. Alcoolique, violent et sans-cœur, j'en avais plus que honte, notamment en sachant à quel point les Clives étaient attentionnés envers Noah, tout le contraire de mon paternel qui avait osé me mettre son poing en pleine figure. S'il avait réussi à porter un tel geste à mon égard, imaginez un peu ce qu'il pouvait faire à mon petit ami. Puis il était inenvisageable de le mettre dans la même pièce que James, sans quoi, nous assisterons au début de la troisième guerre mondiale. À choisir, je préférais bien mieux organiser un dîner avec mon frère, aussi insupportable pouvait-il être, mais au moins lui ne chercherait pas les embrouilles à tout bout de champ. Tout du moins, c'est ce que j'espérais. Puis de toute manière, l'avis de l'un ou de l'autre ne m'importe que très peu, mais passons, organiser une telle rencontre n'est pas dans mes projets pour le moment. J'ai assez à m'inquiéter avec la santé du médecin. Un mince sourire s'étire sur mes lèvres. Le père de Noah, seul membre de la famille Clives à pouvoir me supporter. Dommage que sa mère aille bien. Oui, c'est méchant, et j'assume, et j'espère qu'elle se transformera en glaçon au cours de son séjour au ski et que les secours ne pourront plus rien faire pour elle. Quoi ? C'est elle qui a lancé les hostilités, et étant donné que rien ne l'a fera changer d'avis à mon sujet, j'ai décidé d'arrêter de faire des efforts pour lui plaire. « Entre ça et l'Écosse, ils en ont de la chance. » Non, je ne savais absolument rien de ce qu'ils avaient fait là-bas, et j'espérais en savoir un peu plus, en utilisant une manière quelque peu subtile, certes. Je prends finalement place aux côtés de Noah, un verre de jus d'orange, que je me suis préalablement servi, à la main, déposant ma tête sur l'épaule du médecin. « En fait, j'ai quelque chose à te dire... à propos de ma... 'famille'. » Je vais finir par m'étouffer avec ce mot. Un soupir s'échappe de mes lèvres. C'est le meilleur moment pour lui dire à quel point nous sommes tous à l'opposer les uns des autres, sans quoi, je risque encore d'entendre parler d'un futur dîner pendant des jours et des jours. « Mon père et moi ne sommes plus vraiment en bons termes depuis que j'ai fait la connaissance de James. Nous essayons de nous éviter autant que possible. Et je ne lui ai jamais parlé de toi, ou de nous, plus exactement. » Non pas que j'ai honte, bien au contraire, mais je n'allais pas revenir vers lui juste pour lui annoncer que ça y est, sa fille est passée à autre chose depuis les évènements de Miami. Puis, il aurait sans doute peur que je provoque un nouveau scandale qui me forcerait à quitter la ville comme cela s'était produit. Je lève mes yeux vers les siens, une mine quelque peu abattue prenant place sur mon visage. « Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé plus tôt. J'espérais que les choses allaient s'améliorer lorsqu'il aura accepté la présence de mon frère, mais je ne crois pas qu'il y aura une quelconque amélioration, sauf s'il venait à perdre la mémoire. Si ta mère apprend cette histoire, ça lui donnera un nouveau sujet à mon égard sur lequel débattre pendant des heures. » En d'autres termes, tu comprends maintenant pourquoi je ne veux pas que tes parents rencontrent les membres de ma famille ? Quoi qu'avec un peu de chance, Louna ouvrira sa bouche déjà trop grande pour son âge, afin de me défendre de cette harpie. C'est beau de rêver, Kirby.

Happiness is so hard to find, once you find it, you've gotta hang on tight, or you will lose it

C'est ce que tu crois, pensais-je alors suite à la remarque qu'il venait de prononcer. Quoi que oui, tout devrait bien se passer, si l'on venait à comparer ce futur entretien avec le dernier en date. Je ne crois pas que James puisse être pire que la mère de Noah, à moins d'un soudain revirement de situation, mais il se prendra mon poing en pleine figure dés la première remarque mal placée qu'il osera émettre, c'est une promesse que je me fais intérieurement, bien que l'heure ne soit pas encore à l'organisation d'une telle rencontre. Si seulement nous pouvions attendre des années avant ça, cela ne m'arrangerait que trop peu. Non, pas possible ? Dommage. « Qu'est-ce que c'était, alors ? » Ma curiosité va finir par me perdre et j'en ai conscience, mais c'est un détail que je ne peux en rien contrôler. J'ai ce besoin de toujours tout savoir, notamment sur ce sujet dont on ne m'a touché le moindre mot. Pourquoi me caches-tu la vérité, Noah ? Pourquoi refuses-tu de me parler de cette histoire ? Cache-t-il donc un si terrible secret, lui, sa famille ainsi que les Shark ? Bien que je ne lui en touche le moindre mot, je suis profondément déçue, une sensation que je garde enfuie bien que mes yeux ne me manquent pas de me trahir. Des prunelles emplies d'une déception sans fin. Je déteste parler de ma famille, tout du moins, de ce qu'il en reste. Cela serait méchant que d'avouer que j'aurais préféré savoir ma mère en vie et ne jamais avoir affaire à James, peut-être que les choses auraient été différentes d'à ce jour, peut-être que nous serions toujours la famille soudée que nous avions su être pendant quelques années. Au lieu de ça, tout le monde se tirait dans les pattes. Je fuyais mon père qui menaçait de s'en prendre à nouveau à moi. Lui, tentait sans nul doute de m'éviter à son tour au risque de m'envoyer une bonne fois pour toutes à l'hôpital. J'esquivais James, essayant tant bien que mal de passer entre les mailles de son filet. Lui, me courait après, de sa propre personne ou non, afin de m'espionner et de savoir jusqu'à combien de fois je me rendais aux toilettes dans la journée. Cercle vicieux, en quelque sorte. Malgré le sourire de Noah, je n'arrive pas à l'imiter. Placer sa mère, mon père et mon frère dans la même conversation... dur pour mon moral, qui n'est pas au plus fort ces derniers temps, il faut bien l'avouer. « J'espère bien. Sinon j'en entendrais parler nuits et jours jusqu'à ma mort. J'ai déjà assez de mal à dormir depuis le dernier repas, pas la peine d'en rajouter une couche. » Dois-je aussi préciser que mes parents ne se sont jamais mariés ? Nouveau détail qui, s'il venait aux oreilles de la matriarche Clives, lui provoquerait une crise cardiaque. À noter qu'il me fallait lui compter ce détail lorsque je la reverrais. Je dois vraiment, mais alors vraiment, apprendre à arrêter d'être méchante. « Moi non plus je n'y comprends rien. Ça a sans doute quelque chose à voir avec sa fierté légendaire. Mes parents étaient supposés être un couple lorsque ma mère est tombée enceinte du père de James, et l'avoir vu pour la première fois depuis toutes ces années, doit avoir réveillée une ancienne douleur. Et je crois que le fait de l'avoir cogné il y a peu, n'arrangera rien à leur histoire... » Naïveté quand tu nous tiens, si tu savais quel autre secret ton père s'est tâché de te cacher au cours de toutes ces années. Je cherche à me blottir un peu plus contre le médecin, poussant un mince soupir. « Mais, tu sais quoi ? Pour le moment, je veux juste ne pas y penser, ni même en parler, et profiter d'être à tes côtés. »