Et bien heureusement que Benedikt s’était retenu de prendre Aengus dans ses bras ! Il avait frisé la castration! Finir le séjour à marcher de travers ou à l’hôpital… Au choix ne devait pas faire partie de ses plans. Elle ne prêta pas plus d’attention au garçon, plus occupé par l’air pincé d’Emy. Bizarre, elle n’avait pas l’air content d’être ici.

Kirby et Benedikt voulaient être dans la même chambre ? Aengus haussa les épaules. Ca ne la dérangeait pas outre mesure. Pourtant en grimpant les escaliers tandis que Benedikt la doublait, Aengus lui lança un regard noir. Pas toucher ! Pourquoi parlait-il de glace en plus ? Il délirait complètement celui là ! Pourtant, les personnes qu’elle connaissait éveillaient un sentiment chez elle. Lui n’apportait que méfiance et dégoût. Probablement parce que c’était un homme. Elle préférait l’ignorer et jouer les hypocrites dans le but de passer un bon week end. Tant qu'il n'approcherait pas trop, tout irait bien.

Mais Kirby lui prenait la main et aussitôt le sourire revenait. Pourtant, Aengus avait beau crier à tout va, elle n’en restait pas moins attentionnée, particulièrement avec les êtres qui étaient chers. C’était le cas de Kirby.

« Tu veux être dans la même chambre que Benedikt ? » Demanda la blondinette à sa consœur blondinette. Elle s’était bien gardée de le faire devant tout le monde. Il ne manquerait plus qu’on la prenne pour une sentimentale en plus ! « Il est toujours temps de changer. »

La Iota la connaissait suffisamment pour savoir qu’Aengus avait tendance à favoriser la franchise à un faux sourire ou une réponse de convenance. Elle demeurait une fervente partisane de la méthode du pansement. On tire d’un coup sec et on fait un bisou ensuite. Ce n’était pas parce qu’elle ne partageait pas la même piaule qu’elles ne pourraient s’amuser ensemble durant ces dix jours de vacances non ? Sans attendre la réponse, Aengus se laissa tomber sur le lit dans un craquement sinistre. Décidemment le sommier ne semblait pas solide. A moins que se soit son dos…ou son sac. Rien à faire, elle ne bougeait plus pour les dix prochaines minutes. Qu’importe qu’elle soit à moitié couchée sur son sac à dos ou qu’elle n’ait pas retiré ses chaussures, elle avait un souffle à reprendre. Il était vrai qu’habituellement elle ne supportait pas les chaussures sur son lit mais aujourd’hui, elle s’en moquait. De plus, les deux chambres étaient à coté de la salle de bain…L’arnaque. Aengus ne pouvait même pas se vanter d’avoir la meilleure chambre !

A la question plus ou moins rhétorique de Kirby, Aengus roula des yeux dans ses orbites. Elle savait très bien qu’elle ne se détestait pas Benedikt, que ce n’était que des chamailleries. Mais si ca les amusait, elle se contenterait de croire qu’ils ne s’aimaient pas. Ce n’était pas son rôle à elle d’interférer dans une relation amicale de sa blonde favorite.

« T’as raison il est vraiment insupportable ce garçon ! T’as vu ces cheveux? Ca veut tout dire. » Déclara t elle pour entrer dans son jeu.

Bien sûr que c’était pas réellement pensé. Elle se fichait royalement de Benedikt. Pour elle, il n’était qu’un intrus dans le chalet qui aurait dû se composer uniquement de filles. La partie serait plus amusante entre demoiselles. Mais la vie était ainsi faite !

Lorsque Kirby s’installa à coté d’elle, Aengus tourna la tête dans sa direction pour commencer lentement à se défaire de son sac. Le mouvement s’effectua en restant le plus possible couché mais surtout pour moins utiliser ses muscles abdominaux.

« C’est vrai que le trajet a été long ! » S’exclama Aengus qui n’avait rien comprit du propos sincère de son amie. « Mais c’était marrant de regarder le paysage par la fenêtre, j’ai rencontré pleins de gens sympa et tout… » Elle pouffa de rire en arrivant difficilement à garder son sérieux plus longtemps. « En faite j’ai ronflé tellement fort que j’ai fait fuir une partie des voyageurs ! Et ouais ! C’est comme ca qu’on se libère un compartiment pour soi toute seule. Même si tu ne ronfles pas, tu fais semblant ! »

Kirby était plutôt bien placé pour savoir qu’Aengus n’émettait pas les nuisances sonores d’un bucheron au travail lorsqu'elle dormait. Pour la suite, Aengus devînt plus sérieuse. Il y avait des douleurs qu’elle avait causées par le passé. Nul besoin de se voiler la face. Même si elle ne se rappelait pas de Kirby et de leurs histoires, Aengus ne désirait pas la voir souffrir plus encore. La rassurer s’imposa donc comme une évidence. Doucement, elle glissa sa main jusqu’à la sienne pour la serrer doucement, un air rassurant. Puis, elle se suréleva pour se pencher vers Kirby. Le visage s’approcha de son amie pour délicatement frôler le bout de son nez avec le sien. L’une comme l’autre savait pertinemment qu’Aengus n’outrepasserait pas son statut d’ami. Pourtant, elle se montrait débordante d’affection, parfois très intime avec ses amis et plus encore avec le sexe féminin. Ce n’était qu’un bisou esquimau comme elle aimait tant le dire lorsqu’elle était petite. Elle les offrait rarement ou à des occasions spéciales, celles ou son partenaire avait le plus besoin de proximité.

Il était vrai qu’Aengus avait espéré par ce geste réveiller sa mémoire. L’odeur, le contact… tout se rassemblait pour éveiller un souvenir. Rien. Sans en avoir l’air déçue, elle sourit à Kirby avant de sortir du lit et d’attraper un oreiller.

« Bon, moi j’ai envie de maltraiter quelqu’un ! » Murmura t elle le regard pétillant de malice.

Voilà qu’elle se ruait dans la chambre voisine pour flaquer son oreiller sur les fesses de la première personne passant dans le coin. Homme ou femme ?