Je déposais ma brosse à dents à côté de celle de Maria et tournais la tête. A présent, cette salle de bain allait abriter mes quelques affaires, mais ça ne sera qu'une histoire de quelques jours. Elle m'avait déjà fait un peu de place dans une de ses armoires pour y mettre mes vêtements. J'affichais un sourire. Prenons ça comme de belles vacances. Au niveau de la santé, je m'étais assez bien rétabli durant mon petit séjour à l'hôpital. Certes je n'étais pas guéri, mais je me portais comme un charme. Le silence avant la tempête ? Prions pour que non. Mais en attendant, il fallait que je mange. Mine de rien, j'avais perdu un peu de poids en deux jours seulement. Bon, je n'étais pas gros, loin de là, néanmoins, ce n'était pas avec les petites rations de nourriture qu'ils donnaient à l'hôpital que j'aurais pu me goinfrer. Moi qui mange habituellement pour quatre... Soit. Maria avait été attendrissante dans la mesure où elle avait déjà fait les courses, achetant ainsi quelques repas spécialement à mon goût. Bon, elle comptait m'initier un peu plus aux légumes, mais tant que je pouvais jouer le carnivore en puissance, ça m'allait. Les deux premiers jours chez elle se passèrent terriblement bien. Entre les cours qui se terminaient, on était plus dans une période d'après-examens très libératrices. Certains étudiants étaient déjà partis en vacances, d'autres revenaient à l'université jusqu'à la fin, uniquement pour passer du bon temps entre eux et avec les professeurs. Puis lorsque l'on rentrait, Maria et moi, on s'amusait, on sortait dans différents endroits, histoire de profiter de l'été. Le soir je l'énervais pour regarder la coupe du monde 2010 à la télévision, mais maintenant que le Portugal avait perdu, comme au grand soulagement de la jeune femme, et comme l'Irlande n'avait pas pu y participer à cause d'une faute monumentale d'un français, je ne voyais plus l'intérêt de regarder le football. C'est pourquoi ce soir là, j'ai apporté la bouteille de Whisky et quelques unes de Coca Cola. « Hey regarde ce que j'ai trouvé abandonné devant ton entrée ? » Je lui adressais un sourire ironique avant de l'embrasser sur la joue. Il manquait quelque chose ici. Je lâchais un soupir inaudible. Mon Golden Retriever. A chaque fois que je rentrais chez moi, mon chien, Tiago, venait m'accueillir à coups de tête affectueux. Je l'avais laissé chez Sarah durant ces quelques jours. De cette façon, les enfants ne s'ennuieront pas de lui.

« Heróis do mar, nobre Povo, nação Valente, imortal... Levantai hoje de novo, o explendor de Portugal ! » Oui, vous ne rêvez. Je suis bien debout, pieds nus sur le canapé, devant la télévision parlant de la défaite du Portugal contre l'Espagne durant le coupe du monde. Complètement ivre, un verre de Whisky dans la main, je chantais haut et fort dans un accent ma foi impeccable l'hymne nationale portugaise, une main fièrement posée au niveau du cœur. « Às armas, às armas ! Sobre a terra, sobre o mar. ! Às armas, às armas ! Pela Pátria lutar ! Contra os canhões marchar, marchar ! » Puis j'enfilais avec désespoir ce verre de Whisky. Sarah était née au Portugal, bien qu'elle ait été dés sa naissance aux États-Unis pour finalement venir faire ses études en Irlande. J'avais été à plusieurs reprises dans son pays natal pour y voir sa famille et... j'étais tombé amoureux de cette terre. A tel point que j'avais appris la langue, afin de pouvoir communiquer avec toute la famille de Sarah, il n'y avait qu'à voir mon accent. Bon d'accord, j'avais complètement surpris Maria la vieille dans la mesure où elle ne savait pas que je parlais couramment cette langue, même si elle était au courant des origines de mon ex-femme et que j'avais chanté l'hymne au début du match, en même temps que l'équipe. Finalement je tournais la tête vers elle. Elle semblait aussi faite que moi. Je sautais du canapé et lui tendais mon verre comme un enfant triste. « Mon verre est vide... » Le timbre de ma voix laissait sérieusement un doute sur mon état d'ébriété.

Deux jours, deux petits jours que Edward avait débarqué chez la directrice adjointe de Berkeley. Lorsqu'on l'eut autorisé à quitter l'hôpital, il avait filé chez lui prendre des affaires pour ensuite venir chez Maria qui avait été bien évidemment on ne peut plus heureuse de voir son meilleur ami venir comme prévu chez elle. Après tout, en deux jours de temps à l'hôpital, il aurait pu changer d'avis et ne plus venir chez Maria, évidemment cette solution aurait inclut le fait que la brunette en aurait voulu à son meilleur ami.
Deux jours incluaient bien des choses. Par exemple, ils sortaient s'amuser comme des gamins en allant se balader, en allant à la plage ou bien tout simplement en allant boire un coup à la terrasse d'un café pas très loin de la maison. Cela faisait beaucoup de bien à la brunette qui n'avait pas profité de vraies soirées “délires” comme cela depuis un très long moment, trop long même. Ainsi, elle se contentait simplement de profiter. Elle avait expliqué à Maxence que Edward allait passer quelques jours chez elle pour qu'elle ait un œil sur lui. Évidemment, le français ne l'avait pas très bien prit ne comprenant pas forcément cet engouement certain à protéger tant le professeur irlandais. Maria quant à elle savait pertinemment pourquoi elle tenait tant à prendre soin d'Edward ; tout simplement parce qu'il était toujours là pour elle et elle pour lui, c'était aussi simple que cela. C'était une bonne raison quand même, non ? Selon Maria ça l'était suffisamment en tout les cas.
Et puis il y avait ce foutu événement sportif rassemblant des milliards de téléspectateurs....en clair la Coupe du Monde de Football 2010. Le truc que Maria ne supportait pas, le football. Bon, bien évidemment ce n'était pas parce qu'elle n'aimait pas le football qu'elle ne supportait pas l'équipe des États-Unis qui avait perdue quelques jours plus tôt. Le fait qu'ils aillent en huitième de final était déjà une très bonne chose, ils feraient sans doute mieux d'ici quatre ans.

« Às armas, às armas ! Sobre a terra, sobre o mar. ! Às armas, às armas ! Pela Pátria lutar ! Contra os canhões marchar, marchar ! »

Elle entendait ça depuis...depuis combien de temps exactement ? Elle n'en savait rien, et l'alcool qu'elle avait ingurgité était certainement la raison la plus probable à ce soudain trou de mémoire. Ne vous y trompez pas, elle n'avait bu que...quatre verres, seulement voilà le whisky était un alcool plutôt fort, résultat Maria et Edward étaient dans un bel état en ce moment, enfin ; la situation relevait plutôt du pitoyable, mais d'un autre côté c'était incroyablement comique et Maria se sentait drôlement bien. Fallait pas se demander pourquoi...
Soudain, le canapé remua beaucoup, Edward venait d'en sauter pour se retrouver devant elle lui tendant son verre lui indiquant que celui-ci était entièrement vide. Affichant une mine boudeuse, Maria lui fit des petits yeux en faisant la moue.

« Pauvre bonhomme, il n'a plus de lait dans son biberon... »

Riant toute seule après ce qu'elle venait de dire, Maria se passa une main on ne peut plus mal assurée dans les cheveux les ramenant ainsi en arrière lui donnant un air encore plus sexy qu'elle ne pouvait l'être présentement. Non pas qu'elle se trouvait être plus belle en étant légèrement bourrée, non...elle l'était naturellement ; sexy.

« ...la bouteille est derrière toi. »

Soupirant, elle se rendit tout de même compte qu'elle n'était pas dans son état normal, et même si ça la faisait sacrément rire, elle avait bien conscience qu'il fallait qu'ils freinent un peu sur l'alcool maintenant, ils avaient suffisamment consommé pour la soirée à son "humble" avis.

« Mais tu vas pas en reprendre...on a trop bu Ed. »

Une fois de plus, elle se mit à rire comme une idiote. Si l'un des élèves ou des professeurs la voyait dans cet état, Maria aurait vite fait d'être virée de son emploi, croyez-le bien.

« Pauvre bonhomme, il n'a plus de lait dans son biberon... » Sa remarque me fit rire. Faisais-je si alcoolique ? Bon, il faut avouer que là, j'étais dans un état second. Oh bien sûr, je restais le même Edward, en un peu plus déluré et... avouons le, un peu plus excité. Le problème, c'est que l'alcool a tendance à faire monter ma libido. Je ne peux m'empêcher de trouver les gestes de Maria sexys, alors que je n'aurais jamais osé avoir de telles pensées en étant sobre. Mais bon sang, j'ouvrais les yeux et comprenais aisément pourquoi les étudiants fantasmaient sur la directrice adjointe de l'université de Berkeley. Elle avait la beauté et surtout, le charme qui allait avec. « ...la bouteille est derrière toi. » Je tournais la tête vers cette dernière. La bouteille en question avait sérieusement été entamée... disons même qu'il n'en restait pas grand chose. Le Whisky se buvait à une vitesse folle. Contrairement à Maria, si les étudiants me voyaient dans cet état, ils ne seraient qu'à moitié surpris. Surpris car je suis leur professeur et que je reste quelqu'un d'un minimum sérieux, mais ils savaient aussi que j'aimais vivre, que j'en profitais, que je passais le plus clair de mon temps à m'amuser. Donc, si un de leurs professeurs devaient se prendre une belle cuite, ils opteraient sans aucun doute pour Edward O'Malley. C'était navrant d'ailleurs d'avoir une telle réputation. Mais que voulez-vous y faire ? J'attrape la bouteille dans ma main. D'accord, j'ai eu une flemme immense pour me lever et aller la prendre. J'ai préféré me pencher en arrière, encore et encore, jusqu'à m'étaler à même le sol. J'éclatais de rire, tout en me redressant, afin de me remettre en position assise. Oui, mon centre de gravité était bien bas, plus j'étais proche du sol, plus j'avais l'impression de me rapprocher de ma connerie. Je me servais un nouveau verre, jusqu'à ce que la voix de Maria revienne jusqu'à mes oreilles. « Mais tu vas pas en reprendre...on a trop bu Ed. » Je levais les yeux au plafond. « Il ne te sera pas donné tout les jours de pouvoir boire de la sorte... Laisse toi aller. Ce soir,... tu n'es plus directrice adjointe, et moi je ne suis plus... professeur. Nous sommes... deux misérables ivrognes. Et je t'ai déjà dit que tu étais très sexy ? » Je lui adressais un large sourire béat, mélangeais le Whisky avec du Coca Cola et en prenais un gorgée. C'est moi où j'ai la queue qui me démange ? Bon Dieu Edward surveille tes paroles ! Je gardais ce sourire idiot sur les lèvres. Promis, ce verre, c'est le dernier ! « Oh ! On va jouer à un « Cap ou pas Cap », on se lance des défis, bon... pas trop méchants hein... le premier qui abandonne sera soumis à l'autre pendant disons... deux jours ! » Soumis dans le sens « Apporte moi le petit déj' au lit ! » Oh... tout de suite vous avez pensé à quelque chose de sexuel ! Bon d'accord... moi aussi, mais c'était purement innocent ! « Honneur aux dames, tu peux commencer. »

Elle en avait un sacré coup dans le nez, et même si en temps normal Maria aurait trouvé ce comportement tout à fait inadmissible, ce soir elle en riait plus qu'autre chose car elle se sentait comme sur une autre planète. Vous savez, c'est un peu comme quand un junkie se prend une bonne grosse dose et bien il décolle totalement, il semble complètement ailleurs comme si plus rien autour de lui n'existait. Et bien Maria, en ce moment sous l'emprise de l'alcool, ressentait exactement la même chose, elle avait tout bonnement l'impression d'être loin, très loin de ce monde qui l'avait tellement fait souffrir durant plusieurs années, et même encore aujourd'hui à vrai dire.
Voyant Edward s'étaler de tout son long par terre tout ça pour tenter d'attraper une bouteille d'alcool à moitié vide, Maria explosa de rire. Mon dieu, si quelqu'un était dans son salon en train de la filmer, Maria serait bien choquée de voir le résultat une fois qu'elle serait de nouveau sobre, elle voudrait certainement se cacher au fond d'un trou de souris pour surtout ne plus jamais en ressortir tellement la honte prendrait petit à petit possession d'elle.

« T'es complètement....bourré Ed ! »

Et elle se mit de nouveau à rire, à croire qu'elle ne savait plus faire que se foutre de la gueule de son meilleur ami soudainement. Puis, soudain, Edward lui fit un commentaire à la fois adorable mais avec un certain aspect pervers qu'elle ne nota cependant pas à cause de l'alcool...peut-être aurait-elle dû. Mais c'était bien trop tard pour ça.

« Tu me dragues...mais t'es pas mal non plus mister Irish. »

Lui souriant, amusée, Maria l'observa consciencieusement – ou tout du moins autant qu'elle pouvait le faire présentement – en train de faire le mélange Coca-Cola et Whisky. Ah la la, ce cher et tendre Whisky-Coca qu'elle avait tellement eu l'habitude de boire lorsqu'elle étudiait la médecine...ça remontait à un sacré bout de temps n'empêche. C'est alors que le jeune professeur d'Histoire proposa un jeu complètement stupide auquel, malgré tout, Maria avait bien envie de s'essayer...le fameux « Cap ou pas Cap » si dangereux pour la notoriété de n'importe quel individu de cette fichue planète. Se mordillant la lèvre inférieure en se demandant si elle devait dire oui à sa proposition, Maria n'eut pas à réfléchir bien longtemps car Edward lui demanda de commencer. Génial, en plus c'était à elle de démarrer un jeu dangereux, quel crapule ce type parfois.

« Hmm...Lèves-toi et.... »

Elle se mit à rire toute seule, une énième fois. Décidément, l'alcool et elle ne faisaient plus du tout bon ménage. Se reprenant finalement, elle se lança pour terminer sa phrase et donc son premier « Cap ou pas Cap » de la soirée. Une longue soirée à première vue pour ces deux-là.

« ...tourne trois fois sur toi même en fermant les yeux. »

Il fallait vraiment en avoir un sacré coup dans le nez pour proposer une action aussi stupide. Non mais franchement, vous voyez vous, une directrice adjointe d'université réputée dans un état d'évriété aussi déplorable ? Évidemment que non ! Personne ne pourrait – à l'heure actuelle – penser que Maria pouvait être aussi déchirée après quatre verres de Whisky. C'était du grand n'importe quoi, mais au risque de le répéter ; Maria adorait ça. C'était un petit peu comme si elle avait le droit à une seconde jeunesse ce soir en fait.

« T'es complètement... bourré Ed ! » Bourré, moi ? Absolument pas ! Oui, réponse typique de l'homme ivre, il l'est tellement qu'il n'arrive même pas à le remarquer. En attendant, ça la faisait bien rire, donc autant continuer sur cette lancée. J'adorais voir Maria de bonne humeur, c'était un de mes objectifs principaux étant donné qu'elle restait ma meilleure amie et que je souhaitais qu'elle soit heureuse. « N'importe quoi ! Je suis totalement sobre ! C'est qui toi est bourrée ! » C'est bien Edward, inverse l'ordre des mots, après tout ça témoigne de ta grande sobriété... Nouveau sourire béat, avec des yeux plissés. « Tu me dragues... mais t'es pas mal non plus mister Irish. » Oh... j'arborais exagérément et volontairement une expression digne d'une adolescente un peu trop superficielle, que l'on félicite. Puis je me mis à rire. Je me retenais de lui dire que tout Irlandais digne de ce nom était parfait, mais mieux vaut éviter, on est en Californie après tout, l'État des gens superficiels. Il était désormais temps de jouer à ce fameux « Cap ou pas cap ». Je souhaitais qu'elle commence, tout simplement car même ivre, j'arrivais encore à jouer le parfait gentleman. « Hmm... Lèves-toi et... » Et, alors qu'elle riait, je me levais d'un bond en attendant avec impatience la suite. « ...tourne trois fois sur toi même en fermant les yeux. » Oh, c'était à la fois d'une simplicité déconcertante et très difficile. Je hochais la tête, fermais les yeux, et entreprenais de tourner trois fois sur moi-même, d'une façon on ne peut plus maladroite. J'étais incapable de tenir absolument bien sur mes deux jambes. Voilà pourquoi, une fois stoppé, je ré-ouvris les yeux et vis tout tourner autour de moi. Bon, l'alcool y était pour quelque chose. Le tournis aussi... De cette façon, je ne voyais pas d'autre choix que de poser mes fesses sur la table basse quelques instants, tout en riant. « C'est dur... ! » Enfin je venais m'asseoir à nouveau en face de Maria, à même le sol. A moi de lui lancer un défi. Je levais les yeux en plafond, pensif, comme si j'allais trouver ma réponse en haut. Finalement, heureux de cette soirée, et serein par conséquence, mon esprit câlin reprit le dessus. En effet, j'avais envie de me faire chouchouter. Voilà pourquoi son défi fut : « Fais moi un bisou là, là, là, là et là ! » Au fur et à mesure des « là », je pointais du doigt mon front, ma joue, mon cou, mon nez et ma tempe. Oh les défis étaient très gentils pour le moment, mais ça ne risquait pas de continuer. Le but est de lancer un premier « cap ou pas cap » très innocent, et monter en grade de difficulté, de façon à ce que l'adversaire ne veuille pas le faire. Ainsi, il perdrait, à la grande joie du gagnant. J'avais ce genre de jeu avec une de mes étudiantes. Finalement, on finissait dans un bar à chanter et à danser devant tout le monde des chansons pathétiques comme « Wannabe » des Spice Girls, ou bien « La Macarena ». Oui, débilité profonde quand tu nous tiens...

L'alcool peut faire bien des dégâts, Maria le savait très bien pourtant après avoir fini dans de sales états les lendemains de ses soirées bien arrosées en boîte avec ses amis lorsqu'elle était toute jeune. Mais, présentement, cela ne semblait pas l'arrêter. Après tout, il ne pourrait rien lui arriver de grave parce qu'elle était avec Edward et qu'il la protègerait même tout en étant bourré. Par exemple, ils ne quitteraient pas la maison et donc éviteraient les accidents tel qu'une voiture qui pourrait les renverser. Enfin bref, tout cela pour dire que Maria ne risquait pas grand chose en restant tranquillement chez elle en se prenant une bonne grosse cuite comme cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Oh et puis, franchement, elle pouvait bien se lâcher pour une fois, ça n'allait pas la tuer !

Voyant Edward exécuter tant bien que mal son gage, Maria ria à pleins poumons en constatant qu'il galérait comme pas possible pour faire trois simples tours sur lui-même. C'était un gage aussi stupide que révélateur ; le jeune professeur était tellement bourré qu'il ne tenait plus sur ses jambes. Il fallait qu'ils arrêtent sérieusement de boire car ils étaient déjà dans un sale état elle et lui.

Puis, ce fut finalement à son tour de faire quelque chose qu'Edward lui ordonnait. L'embrasser, ce n'était franchement pas méchant et elle n'aurait même pas besoin de se lever pour le faire ; les doigts dans le nez ! Se rapprochant alors de son meilleur ami, elle déposa d'abord ses lèvres sur le front de l'homme, sur sa joue, son cou, son nez puis pour terminer sa tempe droite. Se reculant alors un peu pour avoir la possibilité de le regarder dans les yeux, Maria affichait un sourire fier, elle n'avait absolument eu aucun mal à faire ce qu'il lui avait demandé, maintenant c'était à elle de trouver quelque chose de plus difficile mais surtout qui allait dans le sens de ce qu'il venait de lui faire faire, cependant sans que ça n'aille...trop loin ?! Oui, il avait dit des gages gentils après tout.

« D'accord, à toi maintenant tu dois....euh....en fait j'ai pas d'idées ! »

Et elle se mit à rire, toujours et encore, son comportement était tout à fait stupide mais elle ne s'en rendait pas compte à cause de l'alcool, et au bout du compte, ce n'était peut-être pas plus mal ainsi à bien y réfléchir. Maria ne savait pas du tout ce qu'elle pouvait bien demander à Edward présentement...elle avait le cerveau complètement brouillé avec tout ce qu'elle avait bu.

« T'as pas une idée toi hein ? »

Elle était tellement faite qu'elle ne pouvait même plus réfléchir correctement, si ce n'est qu'elle pensait à la tête que ferait Maxence en la voyant dans cet état, elle ne pensait pas vraiment avec justesse pour le coup.

« Non mais t'imagine si il me voyait comme ça, il me tuerait j'crois... »

Pas besoin de dire Maxence car Edward avait très bien comprit de qui Maria était en train de parler en ce moment. Soupirant, la brunette se passa une main mal assurée dans les cheveux et regarda vers la bouteille de Whisky. Mais ils avaient vraiment déraillé eux deux en buvant comme des trous ce soir. Elle ne savait même pas quelle heure il était, enfin il ne devait plus être très tôt vu qu'il faisait nuit dehors.

« Oh ! J'ai trouvé ! »

Elle avait eu telle une révélation sur ce qu'elle pourrait bien lui faire faire pour leur jeu. Affichant soudainement un regard ainsi qu'un sourire on ne peut plus malicieux, Maria attrapa Edward par le col de sa chemise se retrouvant ainsi nez à nez avec lui.

« Embrasse-moi. T'as dit que j'étais ta sœur, alors est-ce que tu seras cap de faire ça hein? »

Elle partait du principe qu'il renoncerait, elle se trompait complètement.

Elle n'eut aucun mal à faire ce que je venais de lui demander. Disons que c'était comme une sorte d'échauffement, afin de se préparer psychologiquement aux défis qui allaient venir, bien plus sadiques au fur et à mesure de la soirée, et probablement plus malsains. J'arborais un beau sourire en coin, dévoilant mes fossettes, alors que Maria couvrait mon visage de baisers. Ça avait le don d'être très agréable. Décidément, je ne m'en passerais jamais. C'était à la fois attendrissant de ma part d'être aussi câlin, mais aussi pathétique. Bonjour le côté macho inexistant... Ce fut finalement au tour de la jeune femme de me lancer un défi. J'espérais qu'elle en trouverait un plus difficile, enfin, un que je pourrais hésiter à relever. « D'accord, à toi maintenant tu dois... euh... en fait j'ai pas d'idées ! T'as pas une idée toi hein ? » Mes yeux roulèrent avec sarcasme et une mine gentiment moqueuse. Maria n'avait pas mon imagination ? Ou bien l'alcool l'empêchait tout simplement de réfléchir ? Trouver des défis, j'en avais à la pelle, mais ça ne serait pas amusant que je me les lance à moi-même vous ne trouvez pas ? Je lui adressais un sourire, lui faisant comprendre qu'elle n'aurait pas mon aide, que c'était à elle de trouver et à personne d'autre. En attendant, je prenais une nouvelle gorgée de mon verre. L'alcool me donne grandement envie de fumer. Mais allez noter que je restais assez conscient pour ne pas filer dehors toutes les cinq minutes pour griller mes clopes une par une. Soudain, la voix de Maria revint à mes oreilles, je pris plusieurs secondes à comprendre de quoi, ou plutôt de qui elle parlait. « Non mais t'imagine si il me voyait comme ça, il me tuerait j'crois... » Pendant un instant, j'ai cru avoir loupé une de ses paroles où elle parlait déjà de la personne en question. Je me mis à réfléchir – Dieu sait que c'est difficile dans cet état –, puis je vins à en conclure que le « Il » en question n'était autre que Maxence, son petit ami et professeur de philosophie... pour ma part, un bon pote un tantinet rival également. Je lui adressais un nouveau sourire en coin. « Te tuer ? Non... il te torturerait pour te punir. » Le pauvre, il doit avoir les oreilles qui sifflent en ce moment. J'attendais de nouveau que Maria trouve un défi. Elle me lança qu'elle venait de trouver et je n'eus pas le temps de lui demander ce que c'était qu'elle m'attrapa brusquement par le col de ma chemise pour rapprocher nos visages l'un de l'autre. J'écarquillais les yeux en l'entendant. « Embrasse-moi. T'as dit que j'étais ta sœur, alors est-ce que tu seras cap de faire ça hein? » L'embrasser ? Pensait-elle vraiment que c'est ce qui pourrait me stopper pour un tel jeu ? Surtout dans cet état. Je pouvais faire bien « pire ». Elle lâcha quelques instants le col de ma chemise, je lui adressais un sourire. Il faut savoir que nous revenions d'une journée de travail – heureusement, demain, c'était le week-end –, c'est ce qui expliquait les tenues plaisantes que nous arborions. Pour ma part, j'étais vêtu d'une chemise blanche, d'un pantalon de costume noire, ainsi que d'une cravate de la même couleur. Pour ce qui est de Maria... elle était particulièrement désirable dans cette tenue à la fois sexy et sévère. Oui, elle était directrice adjointe, elle ne pouvait décidément pas arriver en petite minette innocente. « Tu me demandes un geste incestueux ? D'accord ! » Je devais la surprendre à accepter. Je n'étais pas vraiment en état de refuser et de comprendre que ce serait un geste étrange pour nous, étant sobres. Finalement je l'observais dans les yeux et venais effleurer ses lèvres avec les miennes afin d'y déposer un baiser. Un baiser doux et tendre, digne du cinéma américain, qui dérapa – à mon plus grand bonheur – en un baiser plus approfondi. Je mordillais avec sensualité et malice sa lèvre inférieure, puis le bout de nos langues venaient jouer ensemble. Moment fort agréable que je ne trouvais absolument pas bizarre dans de telles circonstances. Bien évidemment, ce genre de baiser – ou plutôt French Kiss – était bien connu pour faire monter le désir en flèche. Je plaçais mes doigts contre sa nuque. Elle est douée et je viens à penser que Maxence a énormément de chance. Finalement je mets fin à cette embrassade... parce que je suis et je resterais un homme avec des pulsions. Je me passe de tout commentaire, me contentant de l'observer avec amusement. C'est à moi de trouver un défi. Et sans trop réfléchir, je lui lance : « Même pas cap de retirer ton haut. » Si elle accepte, j'étais gagnant de la voir en soutien-gorge. Si elle refusait, j'étais gagnant tout court. Edward, voilà un très bon défi !

Maria n'aurait jamais pensé qu'il allait le faire...comment avait-il pu le faire d'ailleurs ? Question stupide ; la réponse était l'alcool, évidemment. Mais tout de même, lui qui disait encore et encore qu'il la voyait comme sa sœur, comme sa meilleure amie voilà que maintenant il l'embrassait. Quoiqu'elle n'avait pas grand-chose à dire à vrai dire puisqu'elle-même avait été celle qui lui avait demandé de l'embrasser. Pourtant, elle aussi le disait comme son frère, son meilleur ami. En clair, ils étaient tout deux de beaux idiots. Mais vu qu'ils étaient bourrés, ils ne se souviendraient certainement pas de ce soir et donc tout irait très bien entre eux dès le lendemain matin si ce n'est qu'ils se taperaient le mal de crâne du siècle, tout simplement. Tant pis pour eux d'un côté, ils ne l'avaient pas volé.

Savourant qui plus est ce baiser échangé avec Edward, la brunette fut presque déçue de devoir y mettre un terme. Seulement, cela était sans doute mieux dans le sens où – même si elle n'y pensait pas – elle était en couple depuis peu et qu'il était vraiment malsain d'agir de la sorte avec son meilleur ami, en prime.

C'est alors que le jeune homme lui lança un nouveau défi ; ôter son chemisier. Là, il y allait quand même très très fort, et même peut-être bien un petit peu trop fort. Mais bon, elle se fichait bien de ce qui en résultait, car en ce moment, Maria ne pensait qu'à s'amuser et qu'à profiter.

« Edward O'Malley, tu veux te rincer l'œil ?! »

Elle le vit arborant soudainement un sourire à demi pervers, mais c'est qu'il pouvait vraiment être grave celui-là lorsqu'il le voulait. Soupirant, elle fit la grimace puis commença à déboutonner son chemisier, heureusement qu'elle portait un soutien-gorge sinon elle serait sacrément mal barrée. Arrivée au dernier bouton, elle regarda son meilleur ami qui semblait tout content tel un gosse de voir ce qu'il s'apprêtait à voir, non mais il était vraiment grave ! Le chemisier totalement ouvert, elle le retira ne souhaitant en aucun cas perdre leur fichu jeu car il était tout à fait hors de question qu'elle perde et qu'elle devienne le larbin de monsieur pour les deux jours à suivre, ça jamais ! Elle était trop fière, c'était clair et net.

« Si tu veux jouer à ça...retire ta chemise. »

Et elle se montrait encore très gentille car sous sa chemise, il n'avait que son corps d'athlète, ce qui en soi n'était déjà pas si mal du tout en fait. Mais tout de même, il était moins difficile pour un homme de se mettre torse-nu qu'une femme en soutien-gorge, c'était comme ça !

« Tout de suite mister Irish. »

C'était devenu son surnom pour la soirée. Maria jeta un œil averti vers la bouteille d'alcool...non ils n'y toucheraient plus, plus du tout même ! Hors de question !

« Edward O'Malley, tu veux te rincer l'œil ?! » Tout de suite les grands mots ! J'étais seulement un homme sur le point de voir une femme à demi-nue. Bon d'accord, je voulais me rincer l'œil même si quelque part, je souhaitais aussi qu'elle abandonne ce défi afin d'être soumise à moi pendant deux jours. Mais ce n'était pas ça qui allait l'arrêter. Pourquoi fallait-il qu'elle ouvre de cette façon son chemisier. Mes yeux bleus observaient un par un les boutons se défaire et ce vêtement s'ouvrir de plus en plus. La naissance de sa poitrine, son ventre. Finalement elle fut seulement en soutien-gorge. J'avalais difficilement ma salive. Elle était... « très bien foutue » comme disent les jeunes aujourd'hui. Une poitrine ni trop imposante, ni trop petite. Tout simplement... parfaite. Son ventre était plat, comme celui d'une jeune femme de vingt ans. C'était le point positif de ne pas avoir eu d'enfants apparemment. Je piquais un fard pendant quelques secondes. Quel merveilleux spectacle. Un sourire s'afficha sur mes lèvres, alors que j'avais clairement le regard posé sur ses seins encore couverts de ce bout de tissu qu'on appelle « sous-vêtement ». Boobies... ! Ce n'est que lorsqu'elle reprit la parole que je daignais relever la tête pour me perdre dans ses yeux. Mais sincèrement... elle était très sexy, voir peut-être un peu trop même. Dans mon état, c'était une mauvaise idée d'être face à une femme aussi désirable. « Si tu veux jouer à ça... retire ta chemise. » Mh ? Si elle pensait que c'était ça qui allait me faire perdre, elle se trompait grandement. Elle m'avait déjà vu à plusieurs reprises torse-nu, également seulement vêtu d'un boxer lorsque je dormais chez elle. Encore, elle ne pouvait pas se plaindre, j'avais abandonné l'idée de me balader totalement nu dans sa maison. « Tout de suite mister Irish. » C'était bel et bien mon tout nouveau surnom de la soirée. J'affichais un nouveau sourire, puis sans même prendre la même de me lever, je dénouais ma cravate noire, pour finalement la faire tomber sur le sol, à côté de moi. Puis, je m'attaquais aux boutons de ma chemise blanche. Elle ne tarda pas à rejoindre mon accessoire, alors que je me retrouvais torse-nu devant Maria. Je n'avais pas le corps digne d'un catcheur, mais disons que l'on comprenait vite que j'avais le goût du sport. On passera outre mon torse « velu » mais pour le moment, les femmes ont l'air d'apprécier. « C'est plutôt toi qui veut te rincer l'œil. Mais je ne peux pas vraiment t'en vouloir. Et puis, tu parles d'un défi, tu me vois souvent comme ça. » Lui lançais-je sur un ton faussement vantard, avant de me mettre à rire. « A mon tour... mh... » Je cherchais un nouveau défi qui la mettrait dans une position délicate. Oh j'aurais pu clairement gagner ce jeu en lui lançant des défis totalement sadiques, comme lui demander de me toucher, de me laisser lui faire l'amour, ou bien de la soumettre à divers pratiques sexuelles. Mais voyons, ça ne serait pas trop sains... Je levais les yeux au plafond. C'est tellement plus sain ce que nous sommes en train de faire en ce moment... « Danse. » Tout simplement. Je restais assis sur le sol, légèrement penché en arrière, mes mains posées me soutenant. Je lui adressais un fin sourire en coin. « Et pas une danse pathétique comme la danse des canards hein... »