Elle avait tout de même de la chance, cette fille, de pouvoir avoir l’air aussi sûr d’elle. Peut-être qu’au fond, beaucoup de gens sur cette planète étaient bien timides, mais qu’ils arrivaient à se contrôler et sembler très ouverts aux autres et sociables. Mais alors, deviennent-ils quelqu’un d’extraverti ou demeurent-ils quand même quelqu’un de réservé ? Comment faire la différence ? Existait-il des timides légers et des timides avancés sur cette planète ? Dans le cas présent, le cas de Nelligan serait très élevé, alors que celui d’Ambrae n’en serait qu’à une phase très faible. Comme si la timidité pouvait se calculer comme une maladie, un cancer ou un handicap mental. En même temps, ça ressemblait pas mal à cela, selon les dires de la brunette. Parce que si elle était timide, alors il n’existait même pas de mot pour décrire l’état d’âme permanent de Nelligan lorsqu’il était confronté aux autres. Même en compagnie d’Ambrae, avec laquelle il s’entendait extrêmement bien et avec qui il n’y avait aucun sujet tabou, l’australien arrivait à rougir et se censurer sur pleins de points. Et à se sentir très oppressé lorsqu’elle accélérait la cadence de leur relation.
Nell ▬ « Mais … tu risques encore moins de me perdre si tu me laisses le temps de t’avoir … »
Une phrase très bien construite, dite d’une façon poétique même, mais qui voulait passer un message très important : si Ambrae continuait de le presser de cette façon et de ne pas respecter son rythme, alors elle ne ferait que l’éloigner d’elle-même. Au contraire, si elle lui laissait le temps de souffler, il viendrait à elle plus rapidement qu’elle ne pouvait le croire. Bref, ils prirent le chemin de la maison de confrérie de la brunette, et n’hésitèrent pas à se coller l’un à l’autre. Comme leur relation pouvait être ambiguë, chaude et froide par moment. Haute et basse. Incompréhensible, surtout. Il n’était pas des plus à l’aise, ce qui expliqua le silence qui régna tout au long de leur promenade. Il ne trouvait rien à dire, son esprit étant trop occupé à tenter de calme ses muscles qui se raidissaient et tremblaient. Heureusement, ils ne tardèrent pas à arriver et Nelligan eut un grand lit pour l’aider à redevenir zen et paisible. Il s’allongea sur le côté et ferma les yeux suite à sa remarque complètement masculine.
Nell ▬ « Pfff … ça donne rien d’essayer de défendre ton sexe … on sait bien que toutes les femmes sont pareilles … »
Puis son esprit vagabonda à travers quelques débuts de rêves desquels il était extirpé de temps en temps lorsqu’Ambrae refermait un tiroir ou ouvrait des fermetures éclairs de sa valise. Après une dizaine de minutes toutefois, plus rien ne pouvait l’éveiller. Morphée en était arrivé à bout et avait gagné le combat. Par chance que Nelligan ne ronflait pas, parce que si ça avait été le cas, il aurait probablement réveillé la ville entière dans ce sommeil si profond. Dans son rêve, il avait senti un visage près de lui, une main caressant la sienne, mais ce n’était pas Ambrae. Ce n’était personne. C’était un visage flou, une image incertaine, de laquelle il n’aurait aucun souvenir lorsqu’il ouvrirait les paupières. Ce songe représentait assez bien l’état du cœur de Nelligan, pour dire vrai. La jeune femme se pencha vers lui et lui murmura à l’oreille. Tout d’un coup, l’australien se réveilla presque en sursaut en reconnaissant la voix d’Ambrae. Sa respiration changea tout d’un coup, son sourire s’effaça pour ensuite devenir une bouche entrouverte et perdue. Il regarda autour de lui pour finalement se rappeler qu’il se trouvait dans la chambre de son amie. Retour brutal à la réalité. Nelligan se frotta les yeux avec ses mains puis se releva dans le lit, s’asseyant en « indien ».
Nell ▬ « Désolé, j’dors très dur … »
Il avait toujours été ainsi. Au moins, lorsqu’il se réveillait le matin, il était plein d’énergie. Il sourit à Ambrae lorsqu’elle lui avoua se sentir mal de l’avoir réveillé.
Nell ▬ « Bah non, j’préfère ça, sinon je n’aurais pas dormi cette nuit … »
Nelligan ne devait pas faire de sieste, car il devenait insomniaque la nuit arrivée. Déjà qu’ils avaient quelques problèmes de sommeil, il essayait de se fatiguer au maximum le jour. Et puis, ayant le mal des transports, l’Alpha préférait être en mesure de dormir tout le long du trajet d’avion. Après une rapide embrassade, ils se levèrent et la demoiselle lui tendit l’argent de son billet.
Nell ▬ « Oh, ça ne pressait pas, mais merci … »
Ils prirent leurs valises en même temps et Nelligan inspira profondément. Ça y était.
Nell ▬ « Prête ? »
Demanda-t-il à Ambrae tout en fixant sa porte de chambre.