C’était exactement la même chose du côté de Nelligan. Il avait toujours aimé Ambrae, au plus profond de lui-même. Cependant, le fait de se l’avouer aujourd’hui après avoir pris du recul durant des mois, avait tout simplement ravivé la flamme qui sommeillait en chacun d’eux. Résultat ? Ils avaient envie l’un de l’autre, ils avaient d’autant plus envie de retourner aux sources de leur relation : le voyage. Toutefois, la peur qui résidait en l’Alpha venait justement de ce fait : retourner en voyage avec Ambrae confirmerait que quelque chose était encore possible entre eux. Le voulait-il, maintenant ? Il n’en savait rien. Il avait grandit de son côté, et elle du sien. Il avait d’autres histoires en cours, bien que rien du tout ne soit concret. Il y avait une autre femme dans son cœur, et donc partir avec la Zêta n’était pas vraiment la bonne façon de mettre toutes les chances de son côté avec cette autre fille. D’un autre côté, peut-être que la personne qui était faite pour lui était Ambrae, justement parce qu’elle lui apprenait à être quelqu’un de plus aventureux. En même temps, si elle n’était pas capable de l’accepter comme il était –coincé et ringard-, ce n’était pas mieux. Tandis que Chuck, elle, l’aimait comme il était et ne cherchait pas à le sortir de sa torpeur constamment. Elle le laissait aller à son rythme, qui en plus était à peu près comme le sien de toute façon. Toutefois, malgré ces pours et ces contres, il était faux de prétendre que la brunette n’était pas assez bien pour lui. Au contraire, c’était Ambrae qui méritait mieux que Nelligan. Elle méritait un homme qui serait prêt à tout accomplir pour elle, pour son sourire et son amour. Parce que Nelligan ne serait jamais capable de lui offrir tout ce qu’elle désirait. Alors pour le bien de tous les deux, Broinowski aurait été mieux de mettre fin à cette histoire dès maintenant. Malheureusement, il fut incapable de lui résister à elle et à sa déception, et il craqua. La laissant l’emmener loin de sa vie, la laissant l’emmener sur un autre continent. Seuls. Et quelques dizaines de minutes plus tard, elle réussit encore à le faire flancher, et il la laissa passer la nuit avec lui. Ce qui était une très, très mauvaise idée.
Nell ▬ « Bien sûr qu’on sera bien, c’est justement ça le problème … »
Peut-être comprendrait-elle enfin que ce n’était pas contre elle, mais contre lui qu’il se protégeait ? Parce que comme il ne tarderait pas à le dire, il ne se faisait pas confiance. Si jamais Ambrae tentait quoi que ce soit cette nuit, il serait incapable de lui résister. Parce qu’il était encore vierge malgré son âge tardif, qu’il était en manque d’amour et d’affection, et que l’envie de faire l’amour était de plus en plus présent en lui. Alors d’avoir cette femme dans son lit, dans ses bras, le rendrait vulnérable. Juste le fait d’être allongé près d’elle en ce moment, même s’il n’y avait rien de sexuel dans leur position, lui procurait un sentiment étrange, limite inconfortable. Ambrae ne regardait même plus ses yeux, mais ses lèvres, comme si elle ne s’adressait qu’à elles. Le jeune homme s’en sentait intimidé.
Nell ▬ « Penses-tu vraiment que je vais te laisser dormir par terre, Ambrae ? Franchement … non. Je dors par terre, et toi dans mon lit. »
Il pensa alors que son parfum serait partout sur ses couvertures et sur son oreiller, et qu’il la sentirait à chaque fois qu’il s’endormirait pendant tout le mois qui suivrait. Ce qui ne l’aiderait pas à la sortir de ses pensées et de son cœur. Il soupira, silencieusement presque inaudible. Ambrae lui demanda finalement si elle pouvait aller se doucher, et s’il pouvait lui prêter quelque chose pour la nuit. Il hocha tout simplement la tête, tout en se levant et en se dirigeant vers ses tiroirs, d’où il en sortit un boxer noir serré et un chandail large blanc bien simple.
Nell ▬ « C’est la porte adjacente … »
Nelligan regarda l’horloge et constata qu’il n’était que très tôt dans l’après-midi. Cependant, s’ils allaient acheter les billets dès maintenant et que le vol était en pleine nuit, ils devaient prendre un peu de repos avant de décoller. Un après-midi de sieste ne serait donc pas de refus. Il n’eut même pas le temps de se connecter sur le site de l’aéroport de San Francisco qu’Ambrae était déjà de retour, ses longs cheveux foncés mouillés et ses habits masculins la rendant deux fois plus sexy. C’était prouvé, une femme est toujours plus belle dans les vêtements de son mec. Bon, Nell n’était pas son mec, mais ça revenait pas mal au même dans ce contexte. Il lui sourit, gêné, incapable de la regarder même dans les yeux. Cette vue le rendait si timide et effrayé, comme un pauvre enfant qui n’a jamais vu les jambes d’une femme. L’australien se trouva donc une distraction et continua donc à faire ses valises, alors qu’Ambrae était assise sur le sol. Il ne tarda pas à venir la rejoindre, dès que ses bagages furent fermés et complets.
Nell ▬ « J’ai regardé les heures de vol et … il y en a un à deux heures du mat’ … si je les prends, on ferait mieux de dormir un peu tout de suite … »
Dit-il en se levant et en allant chercher une couverture dans sa garde-robe, qu’il étendit au sol en déposant un oreiller au bout, tout simplement. Ce serait son lit improvisé.

Oui, la vie était certes le concept le plus difficile à saisir de tous ceux existants dans ce monde. Autant au niveau scientifique que social, et tous les autres domaines d’analyse qui puissent se porter à la vie. L’être humain, surtout, rendait ce « cadeau de Dieu » (comme diraient les religieux) un vrai enfer. Avec ses sentiments complexes et incompréhensibles même de lui-même, il était impossible de s’y retrouver. D’autant plus qu’ici, nous avions à faire à un spécimen assez rare. Effectivement, Nelligan se rangeait dans aucune catégorie d’étiquetage : le seul bon côté était que justement, il n’était jamais mis dans le même panier que les autres. Pourquoi ? Parce que l’Alpha n’était pas du tout un coureur de jupons, même qu’au contraire il était incapable de regarder une femme en ayant en tête de la ramener dans son lit un peu plus tard dans la soirée. Son respect trop prononcé pour les femmes le limitait dans bon nombre de relations. Il détestait l’image stéréotypée et répandue dans le monde de l’homme qui ne pense qu’avec sa queue, qui a le cœur dans le bas-ventre et qui se fout des sentiments des femmes. C’est pourquoi il essayait le plus possible de s’en éloigner : parfois un peu trop, peut-être. Malheureusement, cette vie compliquée et cruelle n’épargnait personne, et même ce pauvre petit agneau avait été forcé d’entrer dans ce tourbillon déstabilisant de l’amour. D’un côté, il ne voulait décevoir Chuck, ni la perdre. De l’autre, Ambrae l’attirait énormément et les souvenirs d’un mois passé à ses côtés refaisaient surface, pour le meilleur comme pour le pire. Alors comme peser le pour et le contre alors que sa balance psychologique était débalancée ? Impossible. Nelligan était dans une impasse, et par ce fait, il blessait la brunette constamment à cause de ses paroles incertaines. Certes, Ambrae n’était pas exactement le genre de femme avec qui il avait prévu passer le reste de ses jours – ou du moins une partie d’entre eux. Il savait que la jeune femme n’était pas aussi coincée que lui, qu’elle avait des antécédents amoureux et sexuels, même. Nelligan savait que ce n’était pas nécessairement fait pour lui, que ça le changerait à force. Cependant, il ne pouvait nier que l’envie d’essayer au moins une fois était présente. Toutefois, essayer au moins une fois n’était pas une expression que Nell devait utiliser. C’est pourquoi il se construisait tant de barrières. Bref, enfin, Ambrae cessa de regarder ses lèvres.
Nell ▬ « Bien, je suis content qu’on en soit enfin arrivés à un compromis … »
Ce compromis, il l’avait quelque peu forcé et obligé étant donné qu’il ne cessait de rembarrer son amie sur ses propositions. Il était conscient qu’elle pouvait le prendre mal, qu’elle pouvait le trouver dur, mais si c’était ce que ça prenait pour qu’elle comprenne qu’il avait besoin de temps, alors il le ferait. Toutefois, il ne voulait pas se montrer de glace non plus, car il ne voulait pas qu’elle pense qu’il ne l’aimait pas, ou qu’il se fichait d’elle. Ce n’était pas le cas, non croyez-moi ce ne l’était pas. Suffisait de regarder comment il la contemplait de ses yeux bruns lumineux, lorsqu’elle sortit de la douche, ses cheveux mouillant son chandail blanc. Qui dit chandail blanc dit : on voit au travers. Nelligan essayait de ne pas regarder, mais même en la regardant dans les yeux, sa vue périphérique lui permettait d’entrevoir la couleur de ses sous-vêtements. Ce qui ne le laissait évidemment pas de marbre. Pour se calmer, il termina de faire ses valises puis vint s’asseoir à ses côtés, avant de se lever de nouveau pour encore une fois éviter de perdre le contrôle. Il étendit des couvertures sur le sol, puis un oreiller, et parla à Ambrae de leurs heures de vol. Il commanda les billets en ligne dès qu’elle lui en donna son accord. Une fois cela fait, les deux se rendirent à leurs lits improvisés respectifs, et s’allongèrent bien emmitouflés dans les couvertures.
Nell ▬ « Toi aussi, Ambra.. »
Nelligan sourit, même s’il savait qu’elle ne pouvait le voir. Avant de venir s’étendre, le jeune homme avait tiré le rideau de sa fenêtre et donc la pièce était plongée dans une noirceur assez inhabituelle vue l’heure de la journée. Après seulement quelques minutes, l’Alpha entendit la Zêta renifler, et il sentit alors tout le chagrin qu’elle ressentait, même s’il ne pouvait voir ses larmes puisqu’ils se faisaient dos. Incapable de ne rien faire alors qu’elle souffrait à ses côtés, Nelligan se releva et passa sa main dans le dos de son amie. Il n’avait jamais été capable de laisser quelqu’un pleurer sans rien y faire. Il avait trop de sympathie pour agir en parfait bloc de glace. Ambrae se retourna, et par la même occasion, la main de Nelligan glissa jusque sur le ventre de la demoiselle, sous sa poitrine. Il regarda cette position pendant un moment, sentant ses joues s’empourprer, mais il ne bougea pas. Il devait accepter ce genre de contact, qui n’était vraiment pas si horrible. S’il ne surmontait pas sa peur du corps féminin, il n’avancerait jamais dans sa vie amoureuse.
Nell ▬ « Non, je ne dormirai pas si tu ne dors pas … »
Nelligan repoussa ses couvertures, se releva, découvrant alors son pyjama improvisé, qui n’était qu’une paire de boxer noir et un chandail gris foncé, et se glissa lentement sous les couvertures de son lit, tout près – trop près ? - d’Ambrae. De par son mouvement, il l’obligea à se retourner de dos à lui, puis il passa son bras autour de la taille de la demoiselle, couché en cuillère avec elle. Il fourra son visage dans le cou parfumé de la brunette et ferma les yeux, caressant du bout de ses doigts le ventre de la Zêta, bien que le chandail le sépare de sa peau. Nelligan respirait difficilement, puisqu'il était énormément nerveux.

Si elle respectait ses choix, alors pourquoi semblait-elle toujours le pousser à dépasser ses limites, depuis le début de la journée ? En seulement quelques heures, Ambrae avait réussi à faire culpabiliser Nelligan plus de dix fois, et donc de le faire changer d’avis contre son gré. Évidemment, elle ne savait pas que c’était complètement contre son gré, mais elle devait bien se douter qu’il n’était pas réellement de tout cœur avec ses idées. Mais bon, ce qui était fait était fait, et il était bien rare que Nelligan revienne sur ses décisions. Pour lui, accepter de faire le voyage avait été comme une promesse, même si elle n’avait pas été dite mot pour mot. Le jeune homme respectait toujours ses paroles, ce qui expliquait qu’il venait tout juste d’acheter les billets pour leur voyage soudain et secret. La jeune femme était assise sur le sol pendant qu’il terminait la transaction, et l’Alpha ne tarda pas à aller la rejoindre, se glissant dans son lit temporaire. Ils n’allaient peut-être pas dormir énormément, mais ce sera sans doute assez pour tenir le coup pendant l’attente à l’aéroport. Vous savez, ces trucs d’arriver trois heures à l’avance pour bien passer tous les douanes et toute la sécurité. Ces trois heures pendant lesquelles toutes les femmes du monde vont dans les boutiques hors taxe et achètent pleins de trucs inutiles. Nelligan détestait cette étape, qui était beaucoup trop longue. Lui s’asseyait sur un banc dans sa section d’embarquement, et il lisait le journal. Évidemment, il lisait assez vite et donc il lui restait toujours une bonne heure à rien foutre, durant laquelle il allait se promener un peu partout pour dégourdir ses jambes, mais surtout son moment préféré : marcher sur les tapis roulants qui avançaient à une vitesse hallucinante. Il ne le faisait quand même pas pendant une heure, mais un bon dix minutes d’enfantillage là-dessus lui procurait un grand plaisir. Nelligan sourit en pensant à cela, alors qu’il se rappela de faire imprimer le reçu du site internet, pour prouver qu’il avait bien commandé son billet en ligne. Ambrae, pendant ce temps, était allée se glisser dans les couvertures du lit du jeune homme, et lui souhaita bonne nuit, le sortant de ses pensées. Après les formules de politesse, tous les deux se tournèrent de dos à l’autre, et restèrent en silence. Un silence qui n’en fut pas un longtemps, puisque les sourds sanglots d’Ambrae vinrent briser ce manque total de bruit. Le jeune homme, ne pouvant feindre l’indifférence, vint frotter doucement le dos de son amie, qui se tourna vers lui. L’Alpha, incapable de la voir ainsi, se leva et vint la rejoindre dans son propre lit. Ils étaient maintenant les deux collés l’un contre l’autre, son entre-jambe légèrement pressée contre les fesses d’Ambrae. Il essayait de ne pas penser à cet endroit, car il avait peur qu’elle puisse commencer à sentir une bosse. Parce que oui, Nelligan était un homme et ce genre de sentiment et de réaction lui arrivait parfois. Il calma donc son esprit et se concentra sur l’odeur du parfum qui était dans le cou de la demoiselle. C’était sucré, fruité. Ensuite, il concentra son énergie sur les caresses sur le ventre de la brésilienne. C’était à un endroit assez inconnu du jeune homme, mais c’était moi pire que la position dans laquelle ils étaient. Il ne risquait donc pas d’entrer en érection en y pensant. Oui, Nelligan venait de franchir un très grand pas, cependant les idées se bousculaient dans sa tête et il avait peur. Il était moyennement à l’aise, bien qu’il savait qu’il aurait pu être très bien dans ses bras, s’il cessait de penser aux conséquences. Nelli essaya de calmer sa respiration, qui était très suspecte pour Ambrae, mais ce n’était pas aussi facile à penser qu’à faire. Heureusement, son amie brisa enfin le silence en lui demandant à quoi il pensait.
Nell ▬ « J’essaie de … de ne pas penser à toi … »
Dit-il avec un petit sourire alors qu’il le disait. Ce n’était pas méchant, et Ambrae comprendrait probablement que c’était tout simplement parce qu’elle lui faisait de l’effet. Il ne pouvait pas le lui dire mot pour mot, ce serait beaucoup trop demandant pour un homme aussi coincé que lui. Cependant, ce sous-entendu voulait tout dire, et il avait été assez facile à glisser comme réponse.
Nell ▬ « Et toi ? »
Il ne bougea pas, si ce n’est que de sa main qui vint enlacer celle de la jeune femme.

Confortable ? Oui, très certainement. Son corps se fusionnait parfaitement à celui d’Ambrae. L’image donnée est peut-être un peu étrange, cependant : leurs courbes s’emboîtaient à la perfection. Un peu comme avant la dérive des continents, dont on peut en voir les preuves lorsque nous observons bien une carte du monde : les continents semblent se rejoindre et s’assembler. Et ce, sans l’ombre d’un doute. Ce qui porte à croire qu’ils n’ont un jour fait qu’un seul continent. Toute cette métaphore pour simplement dire à quel point Nelligan ne pouvait pas être inconfortable, physiquement. De plus, la chaleur corporelle de la brésilienne – elle semblait avoir gardé en elle toute la chaleur de son pays natal -, le réconfortait et l’apaisait énormément. L’Alpha avait toujours été un fanatique du soleil, ce qui pouvait donc porter à confusion lorsqu’il demandait à se rendre à Londres, la capitale de la pluie. Toutefois, nous n’en énumérerons pas les raisons de nouveau. Cependant, malgré ces points positifs du rapprochement, Nelligan ne pouvait se résoudre à se laisser aller complètement. Son cerveau semblait lui rappeler sans cesse que ce n’était pas bien, qu’il n’était pas raisonnable ; et ce, contre son gré. Parce que non, Nelligan ne contrôlait ni son esprit, ni son cœur. Seulement son corps, et c’était l’esprit qui influençait ses décisions. Pendant un court moment d’absence de sa conscience, il avait pu se glisser jusque dans le lit où Ambrae « dormait », cependant, il doutait pouvoir aller plus loin sans que son subconscient le fasse sentir coupable et le ramène à l’ordre. Nelligan était comme ça. Point final. Sa vie était dictée par sa bonne conscience, par son côté rationnel et prudent. Ça ne pouvait pas être si nocif pour lui. Il devait y avoir plus d’avantages que d’inconvénients à ce phénomène qui ne se déroulait que dans sa tête, constamment. Bref, le silence fut enfin brisé par la question de la brunette, qu’il s’empressa de démystifier. Puis, curieux de son côté aussi, il relança la question à son amie. La réponse le déboussola quelque peu.
Nell ▬ « Heum … Je … j’imagine que je dois dire heu … merci … »
Bégaya-t-il d’un débit rapidement mais incertain. Cependant, Ambrae ne sembla pas s’attarder sur cette réponse plus que stupide, que Nelligan se maudissait d’avoir sortie. Non, elle continua plutôt sur sa lancée, comme si jamais le jeune homme ne l’avait interrompue. Elle se confondit en excuses, sans arrêt, expliquant tout ce qu’elle ressentait, dévoilant chaque parcelle de son cœur. Il en fut autant touché que troublé.
Nell ▬ « Non, non Ambrae … ne dis pas toutes ces choses … Tu n’es peut-être pas parfaite, non, mais après tout qui l’est ? Par contre, j’peux pas te laisser dire que t’es pas gentille … t’es la femme la plus enjouée, dynamique et agréable que j’ai rencontré dans ma vie … Je suis loin d’être quelqu’un de super moi-même. Surtout avec toi … mais Ambra, je n’y peux rien, c’est mon tempérament … nos tempéraments … qui ne semblent pas faire si bon ménage ensemble … enfin, pas sur le point de vue qu’on essaie de leur donner en ce moment du moins … mais … je veux essayer, mener ça plus loin, pour voir … alors oui, ce voyage sera un magnifique voyage. »
Affirma-t-il avec une certitude qui ne lui était pas habituelle. Certes, il avait marqué certaines hésitations à quelques moments clés, mais en somme, ce discours avait été plutôt dit d’un ton confiant. Ils serrèrent finalement leurs deux mains ensemble, leurs doigts s’entrelaçant. Nelligan sourit à ses propos.
Nell ▬ « Non, au contraire, c’est très poétique … très … séduisant. »
Souffla-t-il.

Contrairement à Ambrae, Nelligan perdait constamment son sang-froid. Durant les périodes d’examens, lors d’un complexe conflit, ou en compagnie d’une femme, comme en ce moment. Il était incapable d’empêcher son corps d’angoisser, de stresser, de se contracter. Comme s’il était débutant dans tout, vierge de tout. Qu’il rencontrait chaque chose pour la première fois, avec une peur de l’inconnu. Son organisme fonctionnait ainsi, même si c’était des plus déplaisants ! C’est pourquoi la brunette n’avait pas du tout à se sentir idiote dans ce qu’elle disait, parce que l’Alpha devait certainement se sentir mille fois plus stupide qu’elle. Parce que tout ce qu’il sortait était incohérent, d’autant plus qu’il bégayait – problème qui le menait par le bout du nez depuis sa tendre enfance. Au moins, pour le moment, la conversation était des plus normales. Ce qui l’aidait à ne pas commencer à suer, hyper ventiler, ou autres réactions de stress mal géré.
Nell ▬ « Tu sais à quel point je te trouve formidable, j’préfère ne pas abuser de ces compliments, sinon à la fin ils ne voudront plus rien dire … »
C’était un cliché, mais c’était également ce que Nelligan ressentait. Si l’on disait trop souvent quelque chose à quelqu’un, alors ça devenait une parole banale. Il ne voulait pas que ça devienne une routine ou une habitude entre eux. Il préférait que ces moments soient spéciaux et valorisés. Finalement, la discussion redevint embarrassante pour le jeune homme. Finie la paix intérieure. Son esprit recommençait à s’affoler, tout comme son cœur et son estomac qui se nouèrent. Les paroles que prononça Ambrae n’aidèrent pas à calmer son métabolisme de base. Elle le noya de compliments, qui le touchèrent réellement, qui prouvaient que la demoiselle était sincère depuis le début. Il sourit. Heureusement qu’elle ne le regardait pas, car il aurait certainement craqué. Le contrôle qu’il pouvait avoir sur lui-même avait ses limites, bien qu’elles fussent loin.
Nell ▬ « Romantique ? Mouais je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’expérimenter ça mais bon … merci. Ça fait plaisir et c’est touchant. Vraiment. »
Alors qu’ils étaient confortables et que Nelligan s’était habitué à leur position et à leurs mains entrelacées, Ambrae pivota sur elle-même et se retrouva donc en un face à face très direct avec Nelligan. Il avala difficilement devant cette proximité inattendue. Inconsciemment, sa tête se recula légèrement vers l’arrière lorsqu’elle tourna, leur donnant donc quand même un léger espace moins gênant. La jeune femme comprit rapidement que ce n’était pas facile pour l’Alpha, et elle se dégagea donc elle aussi légèrement. C’était beaucoup mieux ainsi ; un pas à la fois. Même si sa vitesse de marche était digne d’une tortue. Ambrae ferma doucement les yeux, ce qui donna le temps à Nelligan de souffler, enfin. Elle l’avait probablement fait exprès, car il avait évidemment remarqué qu’elle avait ralentit la cadence de ses avances. Il était content. La jeune femme reprit la parole, sans toutefois ouvrir les paupières. Nelligan profita de ce moment pour contempler ses lèvres qui bougeaient doucement et lentement.
Nell ▬ « Ce n’était rien. »
Il sourit et rapprocha son corps de celui de la jeune femme. Le simple fait de savoir qu’elle ne représentait plus une menace pour ses limites lui suffit pour le rassurer. C’est pourquoi il n’avait plus à être autant sur sa défensive. Maintenant, la balle était dans son camp. C’était à lui de choisir ; et il déciderait à son propre rythme, si Ambrae voulait bien lui en laisser le temps. Alors que leurs visages étaient de nouveau très près, la brunette ouvrit les yeux. Il souriait encore, et elle l’imita, serrant plus fortement sa main. La jeune femme apporta la main de Nelligan jusqu’à sa bouche, et elle déposa un doux baiser sur celle-ci. Le jeune homme laissa échapper un petit rire, vraiment léger, à peine audible, puis il approcha un peu plus son visage. Leurs fronts se collèrent, tout simplement. Nelligan la regardait dans le blanc des yeux, acte qu’il n’arrivait jamais à faire avec les femmes en général. C’est en réalisant à quel point il pouvait être à l’aise avec Ambrae, lorsqu’i les laissait aller, que son maudit esprit protecteur l’obligea à se ramener à l’ordre, au moment même où elle lui demanda qu’elle était son plus grand souhait. Immédiatement, il se décolla d’elle et soupira.
Nell ▬ « Mon plus grand souhait serait que nous passions par ta chambre, bientôt, pour ne pas être en retard à l’aéroport. »
Le jeune homme quitta donc le lit, lâchant la main d’Ambrae. Une fois debout, il tourna un regard brillant de tristesse vers elle.
Nell ▬ « Je suis désolé. »
Il ne pouvait pas.