Il devait dormir depuis cinq heures déjà, lorsqu’il ouvrit lentement les paupières, réveillé doucement par le soleil dont les rayons pénétraient dans l’avion par le hublot. Ils volaient au-dessus des nuages, et le soleil venait tout juste de se lever. C’était magnifique. Le jeune homme tourna la tête vers l’écran en face de lui, qui montrait l’évolution du voyage. En ce moment-même, ils survolaient l’océan atlantique. Nelligan sourit de bonheur ; un pur bonheur, indescriptible, une paix intérieure qu’il aurait cru impossible à atteindre un jour. Ambrae et lui avaient décidé, sur un coup de tête, de partir vers Londres. Ils avaient fait leurs valises, rapidement, sans même suivre de liste d’éléments nécessaires – on peut donc en conclure qu’il devait lui manquer bien des éléments de survie -, puis ils s’étaient envolés dans le ciel. Seulement tous les deux. Personne d’autre pour venir leur rappeler que la réalité les attendait, en Californie. Le vrai monde n’existait plus. Évidemment, ayant toujours suivi un chemin tout tracé et adéquat pour son avenir, Nelligan avait eu une légère crise de panique en pénétrant dans l’avion. Il n’avait pas beaucoup parlé à Ambrae durant le décollage, se trouvant franchement idiot de s’être laissé embarqué dans pareille aventure. Toutefois, après avoir dormi quelques heures et rêvé de l’Angleterre, Nelligan s’était fait à l’idée qu’il était parti. C’était fait, alors pourquoi regretter ? Cela n’y changerait rien, alors autant commencer à profiter de ce voyage qui allait très certainement être inoubliable. D’une part parce que Londres était le rêve de l’ALPHA, de l’autre parce qu’il se déroulerait en compagnie d’Ambrae. Justement, le jeune homme tourna la tête vers la chevelure de la brunette, qui cachait entièrement son visage. Elle s’était appuyée contre son épaule pour se reposer un peu. L’australien eut un petit sourire en coin en la voyant dormir, avec sa forte respiration. Cependant, l’étudiant désirait partager le lever du soleil en sa compagnie. De toute façon, les agents de bord étaient en train de distribuer le petit déjeuner, alors aussi bien la réveiller maintenant plutôt que de laisser le plaisir aux employés de le faire. Nelligan repoussa donc les cheveux bouclés de son amie de devant son visage, puis caressa doucement la joue en murmurant son nom. Finalement, elle ouvrit les yeux, et ses yeux baignèrent dans la clarté du jour.
Nell ▬ « Regarde, dehors. »
Ambrae regarda par-dessus l’épaule de Nelligan et sourit à son tour. Ils contemplèrent ensemble, blottis l’un contre l’autre, ce magnifique spectacle qui était franchement à couper le souffle.
Nell ▬ « Je voulais que tu le vois de tes propres yeux … et puis, je voulais aussi vivre ce moment en ta compagnie … »
Il tourna un doux regard vers elle. Nelligan avait vraiment l’impression d’être plus léger, maintenant que le voyage était entreprit. Il se sentait libre de tout faire, sentiment bien inhabituel chez lui. Alors il pouvait se laisser aller et dire ce qu’il voulait à Ambrae, sans avoir peur des conséquences de ses mots ou de ses actes. Il n’était plus dans la réalité, mais il vivait bien dans un rêve. Le jeune homme appuya sa tête contre son banc et se tourna légèrement sur le côté, vers sa compagne.
Nell ▬ « Nous allons atterrir dans environ une heure … je n’en peux plus d’attendre … »
Nelligan se sentait effectivement comme un petit enfant qui voyageait pour la première fois de sa vie. Il avait si hâte de tout découvrir, de tout voir, de tout entendre. Et puis, de se retrouver dans sa bulle, une bulle dans laquelle Ambrae serait omniprésente.

Il aurait aimé rêver ; ou plutôt de se rappeler de ses rêves. Malheureusement, lorsque Nelligan s’endormait, il dormait très dur et lorsqu’il s’en extirpait, il n’arrivait jamais à se souvenir des images qui avaient bien pu défiler dans son esprit durant des heures. Il trouvait que c’était bien dommage, car les rêves peuvent parfois vous révéler bien des choses sur vous-mêmes, ou tout simplement vous faire rire ou vous troubler. Les seuls songes desquels Nelligan se souvenait étaient ceux qui se passaient juste avant qu’il ne s’éveille, et il s’agissait des songes qu’il pouvait contrôler puisque son esprit n’était pas tout à fait en sommeil. Bref, tout cela pour dire qu’Ambrae était bien chanceuse de pouvoir se souvenir de son rêve, aussi stupide et bonbon la praline ait-il pu être. En tout cas, il avait l’air de l’être, puisque lorsque le jeune homme la regarda avant de la réveiller, elle souriait bêtement, comme une petite fille. C’était attendrissant et très mignon, malheureusement Nelligan se sentit obligé de mettre fin à ce moment pour qu’ils puissent en vivre un nouveau, ensemble : le lever du soleil. C’était tout simplement fabuleux à contempler. Elle soupira de bonheur, et le jeune homme comprit qu’il avait pris la bonne décision. Non seulement Ambrae était enfin satisfaite de l’une de ses décisions, mais lui-même l’était aussi. Ils allaient y aller lentement, mais tout de même profiter un maximum de ce voyage. Voyage dont Nelligan avait rêvé toute sa vie. Et il l’accomplirait avec la femme dont il avait rêvé toute sa vie aussi. Que demander de mieux ? Franchement, il n’en avait aucune idée. Ils tournèrent donc tous les deux la tête vers le hublot – ils regardaient dans la même direction, pour une fois. Elle posa sa tête sur l’épaule de l’Alpha, qui ne la repoussa certainement pas. Le jeune homme se tourna vers elle pour lui souligner son bonheur de partager ce spectacle avec elle.
Nell ▬ « Voyons, ne me remercie pas … c’est tout naturel … »
Ils n’eurent pas le temps de prolonger ce petit débat comme ils en avaient l’habitude d’en faire, car les agents de bord arrivèrent à leur hauteur pour déposer devant eux des petits plateaux de petit-déjeuner. Nelligan était un garçon, alors aucune nourriture ne le repoussait – en autant qu’il savait ce qui se trouvait à l’intérieur. Des œufs et du bacon, comment cela pouvait-il être mauvais ? Toutefois, le jeune homme vit que le repas était fumant, il laissa donc reposer un moment avant de l’entamer. Pour le moment, il ouvrit le petit contenant de jus d’orange et en avala le contenu tout d’un coup. Le jeune homme déclara finalement à son amie qu’il n’en pouvait plus d’attendre l’atterrissage. D’autant plus que ses jambes commençaient à être sérieusement engourdies. Il aurait bien voulu se lever pour se dégourdir, mais il n’avait pas voulu réveiller sa belle aux bois dormants durant le trajet. Le jeune homme sourit à Ambrae lorsqu’elle le complimenta sur sa compagnie. Par la suite, Nelligan ouvrit le plat principal et commença à manger la bouillie. Il ne grimaça pas ; au contraire, il trouvait que contrairement à d’autres repas d’avion, celui-ci n’était pas si mauvais.
Nell ▬ « Oh, madame la princesse qui fait des siennes ! Mange, c’est super bon ! »
Il lui tardait de voir la réaction d’Ambrae lorsqu’il lui dirait que leur hôtel n’était qu’un deux étoiles. Cela risquait de provoquer un orage sur Londres. Nelligan décida toutefois de garder la surprise pour plus tard, lorsqu’il serait temps d’aller porter leurs valises à leur chambre. Pour le moment, ils passèrent le reste du vol à se moquer des autres, à jouer à Qui suis-je ?, Devine à quoi je pense et puis Fais-moi un dessin dans le dos, des jeux stupides comme ça mais qui passent le temps. Après une heure de divertissements divers, l’avion entreprit enfin sa descente. Vingt minutes plus tard, tous les passagers se dirigeaient vers la sortie, nos deux comparses dans les premiers. Ils coururent presque jusqu’au carrousel à bagages, comme deux enfants dans un parc d’attractions, puis ils sortirent de l’aéroport après avoir passé toutes les douanes. Une fois à l’air libre, tous les deux réalisèrent avec un petit pincement au cœur que Londres, c’était Londres. Vous l’aurez bien deviné : il pleuvait. Déjà.
Nell ▬ « Welcome to London, my dear ! »
Commenta-t-il avec un accent anglais pas très réussi. Le jeune homme enleva sa veste et la leva en haut de la tête de son amie, pour protéger ses cheveux si soyeux – pfff.
Nell ▬ « Reste là, je vais nous chercher un taxi. »
Nelligan se dirigea vers le débarcadère et héla un taxi londonien, comme il les aimait. Il en voyait enfin un ! Son rêve de petit garçon qui se réalisait, quelle joie ! Le taxi s’arrêta devant lui, et il fit signe à Ambrae de le rejoindre. Il lui ouvrit la porte, en parfait gentleman.
Nell ▬ « Madame, votre carrosse. »
Elle monta à bord pendant que Nelligan déposait les valises dans le coffre arrière de la voiture. Il monta aux côtés de son amie quelques instants plus tard, donnant l’adresse de leur hôtel miteux au chauffeur.
Nell ▬ « J’ai hâte que tu découvres notre suite royale ! »

Il avait beau être doté d’une intelligence assez incroyable qui se présentait sous plusieurs formes, Nelligan n’avait tout de même pas le pouvoir psychique de lire dans les pensées et voir dans les rêves des gens. D’ailleurs, il préférait que chacun garde son petit jardin secret. De savoir qu’Ambrae avait ainsi rêvé à une relation amoureuse médiévale entre eux deux lui aurait sans doute donné la frousse. Parce que vous le savez bien, le jeune homme avait une phobie de s’engager trop rapidement dans une histoire pareille. Il désirait prendre son temps et être certain de sa décision plutôt que de regretter et d’ensuite faire du mal aux autres. C’est pourquoi le rêve d’Ambrae devait demeurer dans sa tête, et non dans celle de Nelligan. Car il y avait peut-être bien une chance qu’à la fin de ce voyage, l’australien ait décidé de se tourner vers la Zêta plutôt qu’une autre. Et il ne voulait pas que quelques détails maladroits viennent brouiller ses réflexions. Bref, puisqu’aucun deux ne lisait dans les pensées de l’autre, ils se contentèrent de se sourire lorsqu’elle fut enfin toute réveillée. Il adorait lorsqu’elle se faisait un chignon négligé sur le dessus de sa tête. Elle avait l’air dépeignée mais ça lui allait affreusement bien. Nelligan avait toujours eu un faible pour les cheveux attachés, en vérité. Le reste de trajet se fit assez rapidement, alors qu’ils mangeaient – ou plutôt il mangeait – tout en parlant de tout et de rien avec son amie. Les douanes se passèrent assez facilement, puisqu’ils n’avaient tout deux absolument rien à se reprocher. Lorsqu’ils franchirent enfin les limites de l’aéroport international et qu’ils mirent le premier pied dans Londres, ils furent aspergés par la pluie. Évidemment. Alors qu’Ambrae portait sa veste pour ne pas être trop mouillée, Nelligan, lui, fut complètement douché alors qu’il déposait avec l’aide du chauffeur les quelques valises qu’ils avaient dans le coffre arrière du taxi londonien. Après cela, il alla ouvrir la porte à sa compagne, qui n’avait pas voulu entrer avant lui alors qu’il était occupé à l’arrière. Ils entrèrent donc en même temps et le jeune homme pu contempler les premiers paysages de Londres de par sa fenêtre. Évidemment, un aéroport et ses pistes ne sont jamais bien impressionnants, mais on pouvait voir la ville un peu plus loin, et c’était splendide déjà. Le trajet dura une trentaine de minutes, puisque leur hôtel n’était pas directement dans Londres lui-même, mais légèrement à l’extérieur, de l’autre côté. Lorsqu’ils furent sur place, Nelligan paya le taxi et puis banda les yeux d’Ambrae pour lui faire cette mauvaise surprise. Elle n’apprécierait sûrement pas la blague, mais Nelligan manquait trop de tact pour le réaliser.
Nell ▬ « N’essaie pas de voir au travers, surtout … je serais déçu … »
Il sourit et elle rigola – parce qu’elle ne savait pas ce qui l’attendait derrière ce bandeau noir. Le jeune homme s’enregistra rapidement, prit les clés et monta les valises dans l’ascenseur tout en surveillant son amie. Une fois au bon niveau, ils marchèrent jusqu’au bout du couloir et le jeune homme déverrouilla leur « luxueuse suite ». Nelligan rigola en découvrant le pittoresque endroit.
Nell ▬ « Prépare-toi … »
Et il enleva le bandeau des yeux de la brésilienne. Sa réaction fut légèrement décevante pour Nelligan. Il n’avait pas assez d’argent pour lui payer sa suite de rêves, et c’était tout ce qu’il avait trouvé qui correspondait à son budget. Heureusement, Ambrae sembla se forcer pour ne pas trop sembler désagréable, et en sautant sur le lit, elle arriva même à lui trouver un point positif.
Nell ▬ « Tu vas voir, en ma compagnie, ce taudis deviendra le plus bel endroit que t’auras jamais connu … »
Dit-il dans l’espoir de se rattraper un peu. Il était vrai qu’il ne la ménageait pas toujours, sa Ambrae. Mais le contraire était tout aussi vrai. Nelligan alla donc s’allonger aux côtés de sa voyageuse chérie et il rigola lorsqu’elle demanda au capitaine le planning de la journée.
Nell ▬ « J’ai toujours rêvé d’aller voir Big Ben, ça t’irait ? »
Vous savez, cette grosse horloge. Nelligan l’avait souvent vue en photo, et son architecture le fascinait.
Nell ▬ « Après, on fait ce que tu veux. »

Certaines personnes, bon nombre d’ailleurs, auraient adoré vouloir connaître ce que c’était que la vie de riche. Les grands suites royales, et donc énormément luxueuses, comportant plus de petites gâteries que ce que vous pouvez vous imaginer. Évidemment, se prélasser sur un lit dont les bordures sont en or, avec un plateau de fruits et de confiseries haut comme la tour Eiffel et des services à volonté, c’était bien et tout le monde pouvait en rêver. Cependant, Nelligan n’avait jamais vraiment eu envie de ce genre de voyage. Parce que lorsque tu visites un nouvel endroit, et bien logiquement c’est pour le visiter, justement. Il ne voyait donc pas l’intérêt d’avoir tous ces bonus s’il n’allait pas prendre le temps de s’en servir. Il n’était pas là pour passer ses journées dans le bain tourbillon à manger et dormir et se faire dorloter. Le jeune homme voulait tout connaître de Londres, et pour ça, il fallait sortir des quatre murs. Et passer le moins de temps possible dans la chambre d’hôtel. Ainsi, s’il y avait un lit, des toilettes et rien d’autre, c’était amplement suffisant pour lui. Malheureusement, il n’avait pas tout de suite pensé aux habitudes princesses d’Ambrae. Il ne pouvait lui en vouloir, elle avait été élevée dans ce monde du luxe, et après tout chaque personne possède sa propre personnalité. Entre eux deux, il faudrait beaucoup de compromis. Et puisqu’ils ne s’étaient pas mis d’accord sur la chambre d’hôtel, il la laisserait assez libre pour le planning du voyage ; tant qu’ils ne passaient pas trop de temps dans les magasins. Pour le moment au moins, la brunette sembla accepter le fait qu’ils n’auraient pas droit à des tonnes d’avantages durant leur séjour à l’hôtel. Ils allaient être ensemble, et cela leur suffisait.
« Tant mieux. »
Ils se sourirent, et Ambrae amena son doigt jusqu’au nez du jeune homme pour le caresser doucement. Il rigola.
« Arrête, mon nez c’est mon complexe ! »
Depuis qu’il était tout petit, Nelligan détestait qu’on touche son nom, et bien qu’il le dise en se moquant, c’était plus que vrai. Déjà qu’un nez et son utilité n’étaient pas des plus extra, le sien était tout retroussé et on voyait trop ses narines. Bref, ne nous étendons pas sur le sujet. Le jeune homme regarda pendant un moment son amie, dans ses yeux noisette qui lui renvoyaient son propre reflet tellement ils brillaient. Il sourit et annonça le planning de la journée après qu’elle le lui ait demandé. À part Big Ben, il n’avait pas vraiment de demande spéciale alors ils pouvaient prendre le reste relax. Nelligan éclata de rire en se roulant sur le dos suite à la remarque d’Ambrae.
« Tu ne ressembles en rien à King-Kong mais oui, pourquoi pas ! »
L’australien tourna la tête vers elle et remarqua qu’elle souriait, la tête dans les nuages et les yeux fermés. Ils étaient bien, comme ça, aucun doute là-dessus. Tous les deux souriaient dans le vide et étaient heureux, tout simplement. La nervosité d’être parti du pays sur un coup de tête ne dérangeait plus Nelligan, qui avait accepté que ce n’était pas si grave, au fond. Qu’il avait le droit, lui aussi, de s’égarer du droit chemin. La demoiselle ne tarda pas à rouvrir les yeux pour lui lancer qu’ils ne devaient pas attendre pour visiter la ville.
« Magasiner ? Déjà ? Oh mon dieu, vous les femmes … »
Ambrae rigola et attrapa sa main et le tira pour qu’il se lève. Il était plus lourd qu’elle, alors il s’aida pour que ce ne soit pas elle qui lui tombe dessus. Ils dévalèrent les escaliers à la course, voulant toujours dépasser les autres, éclatant de rire à chaque faux pas de l’autre. Puis ils poussèrent la porte de l’hôtel et se retrouvèrent sous une fine pluie plutôt rafraîchissante. Tous les deux se blottirent sous un parapluie et commencèrent à marcher en direction de Big Ben, que l’on pouvait déjà apercevoir d’ici. Nelligan ne savait pas quelle rue était la plus rapide pour s’y rendre, mais à vrai dire il s’en fichait. C’était beau et agréable, de tout simplement se promener dans Londres, sans nécessairement suivre un tracé déjà défini.

Personne ne pouvait être parfait, d’ailleurs personne ne devait l’être. Parce qu’être parfait, c’était synonyme de lassitude, de platitude. Nelligan voulait qu’Ambrae soit tout sauf parfaite, car si elle n’avait pas eu tous ces petits défauts, il se serait sentit franchement mal d’en avoir. Et puis, une relation qui se déroule sans problème devenait franchement ennuyant. Il fallait qu’il y ait un peu d’action, un peu de mouvement dans la monotonie. Sinon, on tombait rapidement dans la routine qui vous transformait ensuite en un vieux couple. Enfin, pas que Nelligan et Ambrae soient un couple, du moins pour le moment, mais vous comprenez. Ici, à Londres, ils passaient très bien pour des amoureux et agissaient même de la sorte, sauf qu’il n’y avait pas les baisers et les je t’aime. En tout cas, pour le moment, il n’y aurait probablement pas trop de disputes du côté des activités de leurs journées puisqu’ils semblaient être sur la même longueur d’ondes quant à leurs choix de visites. Nelligan raffolait des parcs, alors bien évidemment qu’il voudrait tous les visiter, tous ceux auxquels Ambrae pensait aussi. De plus, il désirait voir Thames River et la photographier sous tous ses angles, aller en petite croisière dessus, même, il voulait rouler sur le London Eye, visiter le Buckingham Palace, aller sur des lieux de tournage de films qu’il adorait puis sur Abbey Road. Bref, tout plein de projets qu’il avait en tête et à faire en si peu de temps, tout en les conciliant avec les envies d’Ambrae. Une semaine, c’était court, mais ils trouveraient le moyen de tout faire. Même si pour ça, ils devaient réduire leurs heures de sommeil de beaucoup. Au moins, lorsqu’ils reviendraient le soir, Nelligan n’aurait pas à être nerveux quant au déroulement de la nuit : ils s’endormiraient comme des bûches, sans même avoir à se sentir mal à l’aise de se trouver dans le même lit que l’autre. Enfin, Ambrae aurait probablement moins de difficulté à s’y faire, mais Nelligan n’était pas du tout habitué à dormir avec des femmes. C’était arrivé avec Catahleen, mais elle était comme sa sœur, alors ce n’était pas du tout la même situation. Pour le moment par contre, le contexte ne rendait pas du tout leur proximité désagréable. Ils rigolaient, en parlant de leurs nez et d’autres sujets assez loufoques. La demoiselle retoucha son nez, et il ferma les yeux avec un mince sourire. Il les rouvrit lorsque la brunette le complimenta sur son nez, alors que lui le détestait tant.
Nell ▬ « Embrasser un nez ? Quel romantisme. »
Nelligan se moquait d’elle, évidemment, et l’avait dit d’un ton ironique et sarcastique. Finalement, le fait qu’ils étaient différents allait apporter un avantage à ce voyage, même si elle pensait le contraire. Certes, Ambrae n’était aucunement le genre de fille avec qui il traînait habituellement mais, justement, ce changement lui apportait un vent de fraîcheur et lui faisait réaliser qu’il existait d’autres types de personnes en dehors des universitaires comme lui. Et qu’ils ne mordaient pas, au contraire, ils étaient gentils et adorables. D’ailleurs, déjà ils s’entendaient bien pour ce qui était de se remuer aujourd’hui et d’aller voir Big Ben. La brésilienne sembla enchantée par l’idée et lança même quelques blagues sur King Kong.
Nell ▬ « Hum … j’aime mieux éviter de découvrir des poils alors … disons que c’est la meilleure façon de refroidir un homme. »
Inconsciemment, il venait de lui dire non seulement qu’elle lui faisait de l’effet, mais en plus qu’il ne désirait pas que cela s’arrête. Nelligan ne le réalisa que par la suite, et il détourna rapidement le regard. Bref, maintenant, c’était déjà le temps de penser au shopping. Évidemment, à quoi s’attendait-il, en s’embarquant dans un voyage avec une fille ?
Nell ▬ « Y’a pas de magasins de bikinis, à San Francisco ? »
Franchement, Nelligan n’avait jamais compris les femmes qui allaient magasiner dans un autre pays des produits qui s’achetaient partout dans le monde, dont chez eux. Valait mieux se rapporter quelques souvenirs typiques de la place, tant qu’à dépenser de l’argent. Mais ça, c’était son avis à lui et peu de gens étaient d’accord avec sa vision de la vie. Une vingtaine de minutes plus tard toutefois, ils avaient parcouru une bonne partie du quartier et se trouvaient plutôt loin de l’hôtel, et pourtant pas plus proche de l’horloge. C’est Ambrae qui le lui fit réaliser, alors que lui marchait sans vraiment se soucier d’où il allait. À la remarque de son ami, le jeune homme leva les yeux vers Big Ben et constata que, en effet, ils ne s’en approchaient pas et que la rue était fantôme.
Nell ▬ « Hum, t’as raison, j’ai aucune idée d’où je nous ai emmenés … on s’est éloigné des rues touristiques. »
Ambrae voulut aller je-ne-sais-où, mais elle se prit le pied dans le sol et tomba sur le torse de Nelligan, qui la rattrapa de justesse dans ses bras, en échappant par la même occasion son parapluie.
Nell ▬ « Oh-oh … ça va ? »
Elle acquiesça et elle se releva sans lâcher son regard. Ils se contemplèrent. Nelligan se perdit dans son regard noisette. Il devint rouge car ses yeux venaient de glisser vers ses lèvres pulpeuses, et elle le remarqua. Leurs têtes se penchèrent dans les directions opposées, et le jeune homme osa même approcher légèrement son visage du sien. Puis il perdit toute assurance et se recula un peu.
Nell ▬ « Je … je vais aller … de-demander no-notre chemin … »
L’Alpha tourna les talons et rentra dans un petit café qui ne comportait pas beaucoup de personnes.