J'oubliais tout, ne pensant plus à rien, ni à Amoun qui dormait à seulement quelques pas de là et qui risquait fort de nous entendre, ni même au bébé que je portais, seul comptait à présent les mouvements de bassin de Noah qui venait d'envahir son intérieur quelques instants plus tôt et son excitation qui grimpait en flèche. Cependant, je ne pus retenir mon premier cri, mais tentai tant bien que mal d'étouffer les suivants entre mes lèvres, les transformant en de simples gémissements plus ou moins puissants. La vitesse et l'impulsion de chaque coup de reins qu'il me portait, me plongeaient dans une extase délicieuse, me gardant collée contre la fraicheur du plan de travail, faisant un savoureux contraste avec la chaleur de ma peau. Mes doigts glissaient dans son dos alors qu'il se penchait sur moi, courant dans sur cette partie de son corps pour tracer des sillons du bout de mes ongles avant de remonter dans ses boucles blondes plus qu'indisciplinées dont je me ferais grand plaisir d'y semer la pagaille. Jusqu'à présent, nos ébats avaient toujours été empreints d'une douceur sans fin, mais n'avaient jamais été aussi vis et sans retenu. Violent était peut-être le meilleur mot pour les décrire, alors que je venais à la rencontre des mouvements de ses hanches avec presque autant de force et de vigueur que lui. Et si l'expérience pouvait un tantinet me manquer, et ce n'est pas faute d'avoir eu une multitude de partenaires avant d'entamer cette relation avec Noah, je tâchais de m'en remettre aux savoirs du médecin qui m'avait tout juste avoué avoir eu un vécu plutôt... mouvementé, auprès de son ancienne épouse. Bon d'accord, ça m'avait un peu blessé de l'apprendre de la sorte alors que mon compagnon semblait jusqu'à présent un peu trop coincé quant à mettre pareil sujet sur le tapis, mais je saurais m'en remettre et à dire vrai, penser à ce détail à l'heure présente m'était plus qu'impossible. Je préférais bien mieux me concentrer sur ma respiration saccadée, sur le souffle chaud de Noah contre ma peau et sur mes gémissements que je ne pouvais plus contrôler depuis que la cadence venait d'augmenter. Je venais à peine de clore mes yeux, cinq secondes plus tôt, que les voilà à nouveau ouverts alors qu'un doigt s'était déposé sur mes lèvres. Le rouge me monta rapidement aux joues, presque gênée d'avoir été prise en flagrant délit d'extase, mais que voulez-vous, j'avais attendu depuis plusieurs semaines avant de pouvoir passer à un niveau supérieur en ce qui concerne notre vie sexuelle. Alors, après lui avoir volé un bref baiser, je me contentais de me pincer la lèvre inférieure avec force pour empêcher tout débordement de cris. Tâche plus ou moins douloureuse alors que ma seule envie était d'exprimer haut et fort ô combien les mouvements de Noah, devenus erratiques, me procuraient du plaisir, alors que chaque seconde qui venait à s'écouler me rapprocher un peu plus du point de non-retour.

Tous ces gémissements, je tentais de les ravaler en me mordant la lèvre inférieure, mais rien ne semblait vouloir y faire, j'étais contrainte de clamer haut et fort, tout le plaisir que me procurait mon amant qui, d'ailleurs, fut bien plus résonné que je ne l'étais. Si son doigt ne s'était pas posé sur mes lèvres, aucune barrière ne serait venue s'interposer pour me faire taire et le petit garçon qui dormait derrière une porte, à quelques pas ici, aurait déjà essayé de sortir de sa tanière. Alors oui, je fus gênée d'être prise en flagrant délit d'extase, mais le sourire de Noah fut des plus réconfortant. Pardon, chéri, je vais essayer de me contrôler dans les prochaines minutes. Une réussite, dés lors que mes lèvres se scellaient avec celles de mon compagnon le temps de courtes secondes, mais une fois éloignées les unes des autres, le défi était de taille. Il le fut d'autant plus lorsqu'il finit par me redresser contre lui, nos corps soudés l'un contre l'autre. D'une main, je prenais appuie contre le plan de travail sous moi et de l'autre, j'agrippais la nuque de mon compagnon pour le garder au plus près de moi. Mes doigts glissent dans sa nuque, descendant dans son dos pour mieux y planter mes ongles, remontant jusqu'à ses boucles blondes dés lors qu'il enfouissait sa tête contre ma poitrine. Une douce sensation se faisait sentir dans le bas de mon ventre, signe imminent que je n'allais pas tarder à lâcher prise. Les yeux clos, me concentrant sur mes gémissements étouffés, je pouvais sentir cette explosion de chaleur entre mes cuisses, envahir mon corps tout entier. « Noah... » Un dernier murmure, un dernier soupire, un dernier gémissement, un tantinet trop puissant, qui ne fut en rien retenu entre mes lèvres et qui se perdit dans la pièce. Non, ce dernier cri de plaisir, traduction d'un orgasme puissant et dévastateur, n'aura aucun impact quant au sommeil du petit Amoun. Le corps tremblant et perlant de sueur, sur le point de s'effondrer sur le plan de travail, mes deux bras s'agrippent au cou de Noah pour une dernière accolade dés lors que son intimité quitte la mienne. Je le garde ainsi contre moi, la tête enfuie dans le creux de son cou afin de reprendre une respiration des plus normales, chose qui parait presque impossible à l'heure actuelle, la patience n'étant en loin mon fort, cette impression d'étouffer se fait imposante. « Merci, mon amour. » lui soufflais-je. Merci. Pas seulement pour ce que nous venions de faire, pas seulement pour nos paroles échangées précédemment, merci d'être présent dans ma vie, de m'aimer tel que tu le fais et de me rendre heureuse au quotidien malgré les épreuves traversées. Je ne l'ai jamais révélé à Noah, mais il m'arrive de souvent penser à cette première soirée passée ensemble. Si ce soir-là, la pluie n'était pas tombée et l'orage n'avait pas éclaté, peut-être que je ne serais jamais resté dormir chez lui. Je me serais contenté de voir si tout allait bien pour lui avant de partir. Je n'aurais pas bataillé pour dormir sur le divan en compagnie du chat, je ne serai encore moins monté le rejoindre dans sa chambre et nos lèvres ne se seraient encore jamais rencontrées. Peut-être n'aurions-nous été que de simples collègues, à ce jour, aux yeux de l'un et de l'autre, mais en aucun cas, je n'aurais été celle que je suis actuellement. Sa compagne, la mère de ses enfants, celle que j'avais dit ne jamais pouvoir être à une certaine époque.