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Elle l’avait suivi. Elle savait qu’elle avait réussi dans sa démarche parce qu’elle n’avait pas perdu sa trace. Or, connaissant Nick, ou croyant le connaître, elle était persuadé que s’il s’apercevait de sa présence, sans même forcément le lui faire remarquer et l’enguirlander, il chercherait à la semer. Ainsi, comme ni l’une ni l’autre de ces situations ne lui était arrivé en pleine figure, elle supposa avoir bien réussi son coup. Elle avait toujours trouvé que le plus grand honneur que l’on pouvait faire à quelqu’un était de s’intéresser à ce qu’il faisait. Les gens s’écoutent beaucoup trop parler. Parfois, lors d’une conversation, vous n’avez qu’une envie, c’est trouver un moyen de caser votre petite histoire, vous écoutez les autres, mais d’une oreille distraite, cherchant l’opportunité de glisser votre témoignage dans la conversation. C’est humain, c’est comme cela. C’est terriblement égoïste, égocentrique et narcissique. Et pourtant ça fait partie de la nature intrinsèque de tous les êtres humains. Elle savait, de source sûre, puisqu’elle avait déjà essayé bien des fois, qu’il ne voulait pas parler de son travail, tout du moins de ses enquêtes. Son travail universitaire c’était encore la chose sur lequel Lucy arrivait le plus à faire s’épancher son cher Nick. Alors imaginez, qu’il la laisse le suivre, c’était tout bonnement impensable. Elle avait peur qu’ils ne partagent pas suffisamment de choses, et elle avait toujours trouvé que leurs discussions tournaient toujours autant d’elle. Elle était considérablement plus bavarde que lui certes. Elle pouvait même se révéler une véritable pipelette, mais elle n’était pas cette pipelette qui emmerde tout le monde avec ses histoires, elle n’aimait pas se répéter, alors ses petites anecdotes elle ne les racontait qu’une fois, et en général c’était toujours la même personne qui pouvait en profiter, pour son plus grand bonheur, ou malheur, Nick Clark. C’était aussi parce qu’il était la seule personne dont le jugement comptait véritablement pour elle, qu’elle lui faisait part d’autant de chose, et de si peu, à toutes les autres personnes qui traversaient sa vie. Mais la différence était là, les autres ne faisaient que traverser sa vie, tandis que Nick, lui, en faisait partie, il était sa vie. En plus d’être plutôt muet comme une carpe, Nick avait beaucoup de tabous, il y avait pas mal de choses dont ils ne pouvaient parler, comme sa famille par exemple, ou ses enquêtes. Quoique, jusqu’à il n’y avait pas si longtemps, les enfants constituaient aussi un sujet tabou, sujet que Lucy avait réussi à botter en touche. Et il faut dire aussi qu’elle apprenait de plus de plus de choses sur sa famille. C’était un sujet épineux, elle y creusait son tunnel à la petite cuillère, mais elle ne baissait pas les bras. Elle gagnait donc de plus en plus de terrain sur l’intimité de l’éminent criminologue. Et voici qu’elle s’en prenait à ce qui devait certainement représenter son dernier jardin secret complètement vierge de toute expérimentation wakefieldienne, ses enquêtes. « C’est ici que tu comptes me tromper Clark ou on doit encore marcher longtemps ? »

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ft. Lucy E. Wakefield

Nick avait été appelé sur une enquête une heure avant. L’inspecteur de police avait besoin de lui concernant un meurtre sur la personne d’un homme d’affaires d’une quarantaine d’années dans une petite rue pavée de la ville. L’affaire semblait assez simple en soi, mais comme le criminologue avait terminé de corriger ses copies d’examens et qu’il n’avait aucun cours de programmé aujourd’hui, il avait décidé de se déplacer. N’ayant trouvé aucun taxi de libre (ce qui ne serait jamais arrivé à Londres, l’amenant alors à regretter sa bonne vieille ville anglaise) et ne souhaitant pas prendre les transports en commun, Clark avait décidé de marcher jusqu’à l’endroit où la personne avait été tuée.

Quelques minutes après avoir quitté son appartement en prévenant Lucy qui se trouvait être chez lui aujourd’hui, le criminologue commença à se sentir suivi. Mais étrangement, après s’être retourné une ou deux fois dans l’espoir de comprendre ce sentiment qui le prenait depuis son départ, Nick avait finalement décidé que seul son esprit lui jouait des tours. Peut-être était-ce depuis qu’il s’était fait tabassé dans une ruelle de San Francisco. Peut-être craignait-il intérieurement que cela se reproduise, même s’il savait au fond que ça ne risquait pas d’arriver. Il avait réglé ses comptes avec ses agresseurs en donnant leurs portraits aux inspecteurs de police qui les avaient arrêtés quelques jours après son agression. Son enquête s’était, certes, mal terminée mais Nick était malgré tout parvenu à régler ses comptes, ce qui restait très important aux yeux du criminologue dont la fierté était connue de tous maintenant. Tournant dans une rue où aucun passant n’était à déclarer, Nick entendit des bruits de pas derrière lui. Cette fois-ci, ce n’était pas son esprit qui lui jouait des tours, c’était impossible. On le suivait réellement. « C’est ici que tu comptes me tromper Clark ou on doit encore marcher longtemps ? » L’homme s’arrêta brusquement, ne bougeant plus d’un millimètre. Il connaissait cette voix absolument par cœur. Mais ça ne pouvait pas être vrai. Que faisait-elle derrière lui ? Nick prit quelques instants de plus avant de finalement oser se retourner. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! » Lui demanda-t-il, n’y comprenant rien. Sa voix était inquiète et ce sentiment le trahissait présentement. Il détestait pourtant se montre en proie aux émotions mais lorsqu’il s’agissait de Lucy, Nick perdait quasiment tous ses moyens. Il avait ce besoin constant de la savoir en sécurité. Et le suivre comme elle le faisait en ce moment n’avait absolument rien de sûr, bien au contraire même. « J’attends, Wakefield. Pourquoi étais-tu en train de me suivre ? » Il jouait les faux autoritaires sachant parfaitement que Lucy le connaissait assez pour savoir qu’il n’était pas sérieux dans son ton.

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Elle l'avait véritablement surpris, tant et si bien qu'il resta plusieurs secondes immobiles. Sa silhouette était toujours aussi grande et classieuse dans l'environnement asiatique de ce quartier. Il se retourna, un air déconcerté avait repeint son visage. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ?! » Il n'avait pas ce ton neutre qu'il arborait d'habitude. Il y avait un pincement d'inquiétude dans sa voix, quelque-chose de plus aigu, de plus expressif, d'un peu moins rationnel. Ses pupilles s'étaient peu à peu écarquillé depuis qu'il avait fait volte-face, comme s'il n'en croyait pas ses yeux, comme s'il s'était attendu à trouver quelqu'un qu'il ne connaissait pas, qui n'était pas Lucy mais qui avait juste à peu près la même voix. Il n'aurait jamais pu croire qu'elle le suive jusqu'ici. Qu'elle ose faire cela. « J’attends, Wakefield. Pourquoi étais-tu en train de me suivre ? » A chaque fois qu'il l'appelait par son nom de famille, comme à chaque fois qu'elle l'appelait pas son patronyme, c'était pour mieux teinter le discours en question d'un autoritarisme. Un autoritarisme exagéré, surjoué, qui leur valait bien. Pourquoi était-elle en train de le suivre ? Ne l'avait-elle pas entendu ? Probablement que si, mais il l'avait entendu sans l'écouter, trop choqué d'apprendre que Lucy était sur ses pas. « Je vérifie que tu ne trompes pas. » Annonça-t-elle insidieusement, croisant ses mains contre sa poitrine, toujours postée à quelques mètres de lui. Elle avait arqué les sourcils. Elle se plaisait à lui faire croire qu'elle le soupçonnait réellement de la tromper. Enfin non, plutôt qu'elle jouait à la femme jalouse, beaucoup beaucoup trop suspicieuse. Ils avaient changé d'appartement, enfin Lucy avait déménagé de chez Nick, elle s'était trouvé un petit studio elle aussi, pas plus grand que le sien, pas moins cher non plus. Quoiqu'ils continuaient à passer du temps, ensemble, pratiquement autant qu'avant. Ils avaient réussi à rendre les choses moins tendues entre eux. Elle tenait à lui laisser sa liberté, son intimité. Pendant trois ans il avait vécu seul, il avait du réapprendre à vivre tout seul. Elle ne pouvait pas revenir dans sa vie comme ça. Elle débarquait déjà avec un gros bagage, elle n'était pas morte, contrairement à ce qu'il avait pu penser. Alors elle ne pouvait pas en plus s'imposer chez lui, comme si de rien n'était, et lui imposer d'un coup une nouvelle vie à deux. C'était même d'autant plus important, qu'ils n'avaient jamais véritablement vécu ensemble. Ils avaient toujours chacun leur appartement à Londres. Il faut plus d'un an et demi avant de s'installer tout de même. Alors ils avaient décidé de repartir là où ils s'étaient arrêté, de ne pas chercher tout de suite à aller plus loin, à s'imposer une étape supérieure. Bien qu'elle passait encore souvent la plupart de son temps chez Nick, purement et simplement parce qu'ils avaient avaient pris l'habitude de manger ensemble, et ensuite ils restaient un peu l'un chez l'autre à chaque fois. Il leur manquait peut-être une chose, de faire des choses ensemble. Outre leurs repas, leurs soirées télé et leurs nuits ensemble, ils avaient besoin de faire des choses en commun, faire des choses avec la personne qu'on aime, s'intéresser à lui ou à elle, à ce qu'il ou elle aime faire.

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ft. Lucy E. Wakefield

« Quoi?! » Lui demanda-t-il, choqué de ce qu’il venait d’entendre. Il devait rêver, il ne pouvait en être autrement. Il se passa les deux mains dans les cheveux, commençant à faire les cent pas. « Tu sais pertinemment que je ne te trompe pas, Lucy. » Dit-il, finalement très calme. Nick n’avait d’autre choix que celui de rester très calme devant les révélations de la brunette dont il venait à douter chaque seconde passant. Tant qu’il en vînt à froncer les sourcils en la regardant fixement. « Tu n’es pas une femme jalouse, je te connais mieux que ça. » Dit-il, tout en se rapprochant petit à petit d’elle, cette femme au corps tellement frêle que seule l’envie de la protéger viendrait à l’idée de n’importe qui, même du plus sot de tous les hommes. Une fois leurs deux corps suffisamment proches l’un de l’autre, Nick n’eut besoin que de murmurer ses prochains mots. « Pourquoi me suivais-tu ? » Son regard ancré dans celui de Lucy, Nick savait parfaitement qu’elle allait finir par craquer et lui dire la vérité.

Qu’est-ce qui aurait pu amener Lucy Wakefield à le suivre plutôt que de vaquer à ses occupations diverses et variées de professeur des écoles ? Maintenant qu’elle avait retrouvé un emploi, la brunette adorait s’y consacrer corps et âme – exactement de la même manière qu’elle avait toujours eu l’habitude de le faire lorsqu’ils s’étaient rencontrés, des années auparavant. Lucy était de ces femmes (ou hommes d’ailleurs) amoureux de leur métier devenu une passion avant tout. Elle ne faisait pas cela pour l’argent. Non, c’était quelque chose de beaucoup plus important, certainement plus concret également. C’était cet amour des enfants et la protection qu’elle souhaitait leur offrir au-travers de l’apprentissage de la langue et du calcul. N’oublions pas que sans ces hommes et ces femmes enseignant aux tout-petits, le Monde ne serait certainement pas ce qu’il est aujourd’hui.

Le tout étant que Lucy n’avait donc eu qu’une excellente raison de le suivre jusqu’ici puisqu’elle avait des choses à faire. Or il ne pouvait s’agir d’une soudaine jalousie l’ayant prise ce matin en se levant. Elle n’était pas de ce genre-là. « Allez… Dis-moi la vérité. » Murmura Nick, ses lèvres presque au niveau de celles de Lucy maintenant. Bon sang, il avait besoin de comprendre ce qu’elle faisait ici, dans cette petite ruelle vide de monde, avec lui. Après tout, ce n’était pas comme si elle était du genre à… S’intéresser à ses enquêtes. « Oh. » Il venait de comprendre et se recula presque brutalement. « Oh ! » Continua-t-il, sous le coup de la surprise.

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« Quoi ?! » Il avait prononcé ce pronom avait une grande vivacité dans la voix, agrémentant son visage d’une maigre grimace. De son côté, Lucy n’arrivait se déterminer entre décrypter ce message comme une interrogation, ou une exclamation. Lorsqu’elle le vit commencer à enchaîner les pas, elle se demanda si cette filature avait été une bonne idée, pour qu’il se mette dans un pareil état. En général, il ne pratiquait les cent pas, que lorsqu’une question lui turlupinait vraiment l’esprit, ce n’était pas à tout va. « Tu sais pertinemment que je ne te trompe pas, Lucy. » La jeune femme ne pu s’empêcher d’afficher un sourire narquois. Son orgueil lui disait qu’elle savait pertinemment une telle chose impossible. « Tu n’es pas une femme jalouse, je te connais mieux que ça. » Ses sourcils étaient tout froncés maintenant, elle l’avait véritablement mis dans tous ses états. Lucy avait l’impression que son cher Nick se liquéfiait sur place, il n’arrêtait pas de gesticuler, de détourner le visage pour sembler réfléchir et de recroiser son regard avec une expression différente à chaque fois. La professeure des écoles fut tellement amusée par la situation qu’elle eu bien du mal à réprimer le rire qui lui chatouiller la gorge. Toutefois elle y parvient, et c’est ainsi que l’illusion entre Nick et elle-même perdura encore. Il s’avança doucement vers elle, comme on s’approcherait d’un animal sauvage, pour ne pas l’effrayer. Mais lui c’était différent, il n’avait pas peur qu’elle se sauve, il lui fallait l’apprivoiser pour qu’elle réponde sincèrement à sa question. Nick la connaissait décidément terriblement bien. Pour sûr que s’il lui avait volé dans les plumes en l’assénant d’un véritable interrogatoire elle aurait pris la mouche. Mais Nick savait y faire. Rien que dans sa démarche interminable, Lucy était conquise. C’était un peu comme de regarder une séquence sportive au ralenti, afin d’en apprécier toute la décomposition et la grâce du mouvement, et Nick ne manquait pas de grâce. Au cas où Lucy aurait oublié une des composantes qui l’avaient rendu amoureuse de cet homme, cette lacune s’en serait retrouvée complétée. « Pourquoi me suivais-tu ? » Nick avait toujours généré une certaine fascination chez Lucy, et à l'ouïe du ton qu'il venait d'employer pour peser ces derniers mots, il devait en avoir conscience, puisqu'il semblait en jouer. Aujourd'hui, Nick n'était plus l'homme qu'elle côtoyait nuit et jour, elle avait un peu l'impression de revivre leur première rencontre, avec cette facette professionnalisante qu'elle n'avait que trop peu de fois l'occasion de retrouver de nos jours. Son aspect criminologue. Se sachant complètement captivée, Lucy préféra ne rien répondre, sachant pertinemment que dès l'instant où elle parlerait, alors elle ne pourrait s'empêcher de lui révéler la vérité. Sa seule manière de lui résister, son dernier recours, n'était alors plus que de garder le silence le plus longtemps possible, se délectant de chaque seconde. « Allez… Dis-moi la vérité. » Murmura-t-il. Décidément, il savait de quel filon il lui fallait jouer pour parvenir à ses fins. Pour son plus grand bonheur, qu'elle réalisé après coup bien sûr, Lucy tient encor e un nombre, certes faible, mais suffisant de secondes pour assister au spectacle du Nick pris au piège. Il se rendit compte lui même de la supercherie, ou plutôt de la double supercherie. Non seulement elle avait réussi à le suivre sans trop qu'il ne s'en aperçoive, tout du moins pas suffisamment pour lui fausser compagnie, mais elle avait également réussi à le faire mijoter pour découvrir la véritable raison de sa présence ici. Elle pouvait être fière d'elle à présent, elle avait tenu bon, elle n'avait pas craqué, ce n'était pas elle qui le lui avait révélé. « Allez ne fais pas ta mijaurée va, nous avons une affaire à résoudre. » Et sans plus attendre, elle le planta là, reprenant sa marche dans l'allée silencieuse, comme si elle venait soudainement de prendre les rênes de l'opération, un sourire triomphant s'affichant évidemment sur son visage.

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ft. Lucy E. Wakefield

Nick ne bougeait plus, presque sous le choc. Que venait-il d’entendre exactement ? Elle l’avait suivi jusqu’ici pour participer à l’une de ses enquêtes ? Cette fois, c’était sûr, Lucy Wakefield était littéralement tombée sur la tête. Alors qu’elle commençait à s’éloigner, Nick lui saisit le poignet tout en essayant de ne pas être brutal dans sa démarche. Il se rapprocha par la suite de la brunette et la regarda droit dans les yeux. « Nous avons une affaire à résoudre ? » Demanda-t-il ; pas vraiment certain de comment tourner ses prochaines phrases pour éviter de froisser les attentes de sa compagne. « Depuis quand est-ce que mon compère de travail est une femme ? Qui plus est la mienne ? » Depuis qu’ils avaient sérieusement discuté de leurs couple et de ce qu’ils attendaient réellement de cette relation, Nick osait plus laisser aller ses sentiments (mais seulement en la présence de Lucy et parfois de Noah, mais cela restait plus rare). La preuve en était à présent qu’il venait de la dire comme étant sa femme. Il en fallait normalement beaucoup pour le criminologue dise autre chose que « ma compagne » et le voilà qui apprenait à e faire à la vie en couple, petit à petit. « En temps normal, c’est Noah qui vient avec moi. Mais Monsieur a des ‘choses’ à faire aujourd’hui. » Et c’était mot pour mot ce que le médecin avait dit à son meilleur ami quelques minutes plus tôt lorsque Nick lui avait téléphoné pour le mettre au courant de sa nouvelle enquête. La vérité était que depuis que l’homme s’était fait passé pour mort, il prenait ses distances avec les activités de Nick qui se révélaient être beaucoup moins dangereuses qu’avant puisqu’il avait cessé d’essayer d’attraper les coupables seul. Voilà qui était tout de même preuve de la bonne foi du criminologue quant à sa promesse de ne plus chercher les ennuis à tous les coins de rue.

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Son cœur battit plus fort dans sa poitrine lorsqu’il saisit le poignet. Dans le même temps, un large sourire s’étira sur ses lèvres. Elle stoppa sa marche et laissa Nick se rapprocher d’elle. Probablement qu’elle jouissait de ce moment où elle semblait un peu dominer la situation. Mais semblait seulement. Elle ne pouvait pas concrètement prendre les rênes des opérations, elle n’avait aucune idée de quoi relevait l’enquête. « Nous avons une affaire à résoudre ? » Il accentua son "nous" comme si c'était la dernière des bêtises, ce qui eu le don de rebrousser le poil de l'institutrice. « Depuis quand est-ce que mon compère de travail est une femme ? Qui plus est la mienne ? » Elle plongea des yeux plus qu'inquisiteurs dans les siens. « Je te demande pardon ? » Elle espérait avoir mal entendu. Elle aurait préféré avoir mal entendu. Mais elle était lucide et irrationnelle, et suffisamment humble pour accepter d'être blessée, sans fermer les écoutilles à toutes les critiques. « Depuis quand mon compère de travail est une femme ? Non mais c’est quoi ce vieux machisme à la noix Clark. » Ca ne lui ressemblait pas. Tout du moins c’était bien la première fois qu’elle voyait transparaitre une telle facette de sa personnalité. Bien qu'il ai enrobé doucement sa main autour de son poignet, Lucy le rejeta en arrière avec vélocité. Son orgueil féministe s'en était retrouvé déchiré, froissé. « Depuis que ta femme, comme tu le dis si bien, a décidé de s’intéresser à ce que tu fais. » « Ca ne te fais pas plaisir ? » Si Noah n’était pas disposé, c’était plutôt bien, elle le remplacerait. Il n'avait rien à dire non ? Il devrait même se retrouver heureux d'avoir un secours. Il devrait de toute manière se retrouver heureux de voir qu'elle cherchait à passer plus de temps avec lui, à s'intéresser à son travail, à l'aider dans son travail. Dans un couple, un reproche qui revient souvent est de ne pas s'investir suffisamment dans la vie et les préoccupations de l'autre. Elle le toisa du regard, une lueur de défiance dans les yeux. Qu'allait-il encore oser lui répondre ? Après tout elle n'était peut-être pas au bout de ses surprises. S'il venait à lui dire qu'il avait peur pour sa sécurité pour sûr que Lucy s'en retrouverait blessée dans son orgueil, cela lui laisserait entendre qu'il n'avait pas confiance en elle, or elle était bel et bien déterminée à lui montrer de quoi elle était capable. Elle avait toujours voulu être une femme forte, quitte à s'en donner des airs plus que la réalité s'y prêtait, mais il est fort probable qu'après trois ans d'alitement, elle ressentait encore plus ce besoin. Comme si elle devait prouver à la terre entière qu'elle était guérie, qu'elle n'allait pas être cette femme inactive. Elle travaillait, heureusement elle ne serait jamais femme au foyer. Mais indépendamment de cela, il y a bien des femmes qui ne font rien en dehors de leur travail et de l'entretien du logement. Elle ne voulait pas être de cette trempe.

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ft. Lucy E. Wakefield

« Depuis quand mon compère de travail est une femme ? Non mais c’est quoi ce vieux machisme à la noix Clark. » Le principal concerné fronça les sourcils. Mais que racontait-elle exactement ? ll n’avait absolument rien dit que l’on puisse considérer comme étant des propos de machistes. Nick cherchait simplement à lui expliquer que seul un homme, du nom de Noah Clives, l’avait jusqu’à présent épauler lors de ses différentes investigations. Il n’y avait à priori rien de machiste là-dedans. « Depuis que ta femme, comme tu le dis si bien, a décidé de s’intéresser à ce que tu fais. Ça ne te fait pas plaisir ? » Nick tiqua lorsque la brunette se mit également à employer le terme de ‘femme’ en se désignant ainsi elle-même. Alors était-ce finalement ainsi qu’elle se voyait en étant la compagne de Nick ? Ne nous fourvoyons pas, Nick serait très certainement le plus heureux des hommes si Lucy parvenait à se considérer comme étant sa ‘femme’ sans même qu’ils ne soient véritablement mariés. Comme elle le lui avait déjà fait remarquer, ils n’avaient pas besoin de signer deux morceaux de papiers pour se dire qu’ils s’aimaient. Il fronça les sourcils un court instant avant de se reconcentrer sur les yeux de la brunette. « Si, bien-sûr que si c’est juste… » Il hésita sur les mots. Comment lui faire comprendre qu’il s’inquiétait de sa réaction face à un corps dépourvu de toute vie ? « Tu es sûre que c’est ce que tu veux, Lucy ? » Il se passa une main dans les cheveux. « Ce n’est pas comme dans les films, tu sais. Ça va te faire un choc. » Certes, elle avait passé des années dans un centre hospitalier où, malheureusement, plusieurs vies avaient été perdues – mais cela, sans qu’elle n’ait à le voir. Ici, la situation était totalement différente dans le sens où elle allait constater le décès de quelqu’un et un décès tout sauf naturel qui plus est. « Ça risque d’être violent pour toi. » Tout ce que Nick cherchait à faire était de la protéger. Rien de plus, rien de moins. Après, si elle désirait vraiment le suivre, alors advienne que pourra.

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Monsieur avait beau froncer les sourcils, Lucy restait fermement campée sur ses positions.
Le fait qu'elle lui demande si ça ne lui faisait pas plaisir était une véritable mise à l'épreuve. D'ailleurs elle ne lui avait demandé si "ça lui faisait plaisir", mais si "ça ne lui faisait pas plaisir". Et la tonalité dans sa voix n'aurait trompé personne. C'était une accusation, plutôt qu'une demande. Il avait plutôt intérêt à être agréablement touché de son attention. C'était extrêmement important pour Lucy. Pas important dans un sens purement égoïste, mais important pour eux-deux. Elle pensait vraiment que c'était cela qui faisait le ciment d'un couple, elle pensait bien faire. Elle ne voulait pas se retrouver blesser en se rendant compte que finalement, ce n'était pas ce que Nick attendait d'elle, que ce n'était pas la vision de ce qui fonde un couple qu'avait Nick, et que finalement ils n'étaient pas autant qu'ils l'auraient pensé, autant qu'ils l'auraient cru, autant qu'ils l'auraient espéré et voulu, désiré, sur la même longueur d'onde. « Si, bien-sûr que si c’est juste… » Il y avait un mais... Lucy, encore dans toute son assurance, haussa les sourcils, défiante. Elle était bien curieuse d'entendre ce qu'il allait lui donner comme réponse, et on pouvait dire qu'elle l'attendait au tournant. « Tu es sûre que c’est ce que tu veux, Lucy ? » Cette fois-ci, ce fut au tour de Wakefield de froncer les sourcils, elle ne comprenait pas bien où son compagnon voulait en venir. « Ce n’est pas comme dans les films, tu sais. Ça va te faire un choc. » Ses pupilles s'élargirent. Elle comprenait maintenant. « Ça risque d’être violent pour toi. » Oh oui, elle comprenait très bien même... L'institutrice resta pantoise quelques instant, le regard perdu, comme si elle regardait dans le vide. Elle savait pertinemment l'attention de Nick rivée sur elle et ce n'était pas pour la mettre plus à son aise. « Je... oui c'est vrai, tu as raison... » Quel euphémisme faisait-elle ici, elle était complètement décontenancée, Elle passa une main dans ses cheveux. Elle qui était arrivé sur les lieux victorieuse, sûre d'elle. Elle se sentait comme tombée de son piédestal. Elle n'avait pas pensé à cela. Elle se dégoûtait même un peu. Il ne s'agissait pas là de partager une activité du conjoint comme un hobby, un loisir. La vie d'individus étaient en jeu dans cette histoire. Enfin en jeu... ils étaient décédés, mais justement c'était l'enjeu. Il fallait en retrouver l'assassin, et cela n'avait rien d'un jeu. Il y a le respect du corps, et le respect de l'âme. La recherche de la vérité et l'intégrité de la mémoire de cet être qui avait vécu, qui avait aimé, qui avait été aimé... De ses cheveux, sa main se rapporta jusqu'à sa bouche. Alors quoi ? Alors elle allait partir d'ici, s'en aller, tourner les talons ? Non, maintenant qu'elle y était elle y était. Premièrement, elle devait assumer ses choix, les tenir jusqu'au bout, ne jamais abandonner. Et son histoire personnelle montrait que c'était là quelque-chose qu'elle avait toujours très bien su faire, malheureusement pour Nick. Et deuxièmement, elle ne pouvait pas faire ça à Nick maintenant. C'était comme s'il elle avait généré un espoir en lui et l'aurait retiré aussitôt. Même s'il n'était pas très rassuré de la voir ici, et même s'il serait en un sens rassurer de la voir partir, il y aurait une autre part de lui qui se sentirait blessée, beaucoup plus que si elle n'avait jamais cherché à mettre les pieds sur son terrain. Alors elle pris sa main, et résolument décidée, lui annonça. « Ca ira. »

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