Le springbreak commençait enfin, 10 jours de détente au ski, au sein de l’une des meilleures stations des States. Eileen était ravie de quitter San Francisco l’espace de quelques jours, de profiter du grand air en pleine montagne. Le ski elle adorait ça depuis son plus jeune âge, avec ses parents elle allait tous les ans dans les Alpes en France. Aujourd’hui elle possédait un chalet dans l’une des plus belle station du monde, et elle ne ratait jamais une occasion d’y aller. Elle avait tout préparée depuis plusieurs jours déjà, ses affaires, ses skis sigles Chanel, sa combinaison de couturier, son jet privé. Elle avait décidé de ne plus laisser de place au destin ou au hasard dans sa vie, elle avait été trop déçu. Elle ne souhaitait qu’une seule chose, parvenir durant ce séjour à oublier Jayan, ou du moins à faire en sorte qu’il n’occupe plus constamment le fil de ses pensées. Déposant ses valises dans le coffre de sa Porsche, elle soupirait, elle avait peur d’en vouloir trop encore une fois, elle avait peur de passer 10 jours en enfer. D’ailleurs suite à une erreur d’organisation elle se retrouvait coincée avec cette fichue Gamma, Ebony. La gamma en plus d’appartenir à cette confrérie de cafards avait aussi le don pour fréquenter les mêmes hommes qu’elle, une excellente amie de Jayan, la prétendue petit-ami de son Andrew, son meilleur ami. Sa relation avec Andrew était basée sur la confiance et sur le sexe, ensemble ils avaient fait des voyages fabuleux aux quatre coins du monde, Paris, Londres, Rio ... A l’étranger elle devenait madame Walton, le savait elle seulement ? Grace au jet privé, elle allait arriver à la station avant tout le monde, c’était sans doute la seule bonne nouvelle de la journée, elle pourrait ainsi s’accaparer la meilleure chambre. Assise sur les sièges en cuir de l’avion elle s’enivrait de champagne hors de prix, le regard perdu vers le hublot. Nathanael l’avait contacté en début de matinée, il comptait rejoindre la station par ses propres moyens, lui non plus n’avait pas l’intention de se mêler à la foule des étudiants, ils étaient au dessus de ça, supérieur. Elle arriva sur les coups de midi à l’aéroport de Whistler Blackcomb, le paysage était à couper le souffle, des montagnes à perte de vue, du blanc partout, on se serait cru dans un film fantastique. Descendant de l’appareil bouteille de champagne à la main, elle s’engouffra dans le taxi qui devait la conduire à son chalet. L’homme s’occupa des valises de la Rosenbach avec le sourire, tandis qu’à l’arrière du véhicule elle s’allumait une cigarette. Ils ne mirent pas plus de quinze minutes à arriver devant le chalet, elle ne perdit pas une seconde et alla découvrir les lieux. Pendant ce temps son chauffeur se chargea de ses valises et des trois caisses de Moet & Chandon qu’elle avait prit soin d’embarquer. Le chalet était vraiment mignon, plutôt chic, clairement il était tombé sur l’un des chalets les plus luxueux de la station. La salon était immense et possédait une immense cheminée, la cuisine était très contemporaine, les grandes baies vitrées offraient quant à elles une vue panoramique sur tout le domaine. Personne n’était encore arrivée et elle fut ravie, attrapant sa valise elle remercia le chauffeur et grimpa les marches qui menaient au deuxième étage. Il y avait quatre chambres, mais l’une d’entre elle était bien plus spacieuse que les autres, elle avait un lit deux places et une petite terrasse. Ce fut sans perdre une seconde qu’elle s’imposa sur les lieux, rangeant soigneusement ses affaires. Le chalet possédait même un petit jardin avec une terrasse et un jacuzzi, rien de tel après une journée de ski. Un sourire apparu sur son visage et elle regagna le rez de chaussez. Mettant les bouteilles de champagne au frigo, elle ne s’aperçut immédiatement que Bonny et Drew venaient d’entrer dans le chalet, une bonne demie-heure après elle. Elle s’approcha d’eux pour les saluer mais déjà elle entendait la voix insupportable de la Gamma lui parvenir. « Bonny-Bitch soit mignonne garde tes réflexions pour toi, partager ce chalet avec toi m’est déjà suffisamment insupportable. » Sifflais t’elle du ton le plus odieux qui soit. Faisant quelques pas vers Andrew, elle déposa un tendre baiser sur sa joue, pure provocation. « Tu as fais bon voyage ? Tu sais il restait de la place dans mon jet, tu aurais du me prévenir. » dit elle tout en attrapant une bouteille de champagne, et trois coupes. Tournant le regard vers Ebony, elle ne se gênait pas pour la prendre de haut, hautaine Rosenbitch ? oui, en doutait elle. « Tu vas voir ça n’a rien à voir avec les trucs que vous avez l’habitude de boire entre Gammas ». Le précieux liquide se déversa dans les coupes, les petites bulles s’agitèrent, dehors il neigeait faiblement. C’était officiellement le début de ce springbreak, et dieu seul savait ce qui allait s’y passer. Ebony, Andrew, Nath et Eileen dans la même maison, il allait y avoir de l’animation, des conflits, des rires peut être aussi, ne manquait que Jayan au tableau.

Ces dix jours de springbreak à la montagne, coupé du monde, devaient être un excellent moyen de décompresser avant les examens, prendre une bouffé d’air frais et ne plus penser à rien. Les étudiants allaient se retrouver, être entre amis, en profiter à fond, pour Eileen en revanche les choses ne se passaient pas exactement comme prévues. Pour commencer il y avait ce chalet qu’elle allait devoir partager avec Ebony et Andrew. Elle adorait son meilleur ami, mais uniquement quand il ne trainait pas avec la Gamma, qu’il ne l’embrassait pas devant elle. Ce n’était pas de la jalousie, non, elle avait suffisamment de soucis actuellement avec ses propres sentiments, c’était juste qu’elle estimait qu’Andrew méritait quelqu’un de mieux. La Gamma représentait tout ce qu’elle n’aimait pas, un manque cruel de classe, un franc parler très peu appréciable, et puis ce don qu’elles avaient pour avoir les mêmes amis en commun. S’il y avait bien une personne avec qui Eileen ne parviendrait jamais à s’entendre c’était bien la Asher-Grey, elle jouait sur le même terrain miné. Elle lui avait prit son Andrew ou du moins son coeur, tandis que la blonde s’était laissée tomber dans les bras de Jayan son ami d’enfance. Dans une autre vie, aucun doute qu’elles auraient pu être les meilleures amies du monde, mais à l’heure actuelle s’était impossible, elles étaient trop protectrices envers les deux hommes qui comptaient le plus à leurs yeux, dommage c’était les mêmes. Andrew égal à lui même tenta l’humour en ultime recours pour tenter de détendre l’atmosphère, mais sa tentative se solda rapidement par un échec. Portant sa coupe de champagne à ses lèvres, Eileen observait Bonny du coin de l’oeil, elle la surveillait, alors que son téléphone se mit à vibrer. Se saisissant de l’appareil elle se rendit compte qu’il s’agissait d’un sms de son correspondant anglais Nathanael Sommerset. Il l’informait qu’il avait eu quelques complications à San Francisco, un accident de voiture, rien de très grave en soit mais il se retrouvait à l’hôpital avec la jambe dans le plâtre pour les dix prochains jours. Adieu Springbreak donc, elle soupira, à vrai dire elle se fichait qu’il soit la ou non, mais l’idée de devoir tenir la chandelle à ce petit couple pendant dix jours lui donnait la nausée. Terminant sa coupe d’une traite elle ajouta d’une voix anormalement calme, qui masquait son agacement. « Nathanael à eu quelques problèmes en route, il semble qu’il ne viendra pas ». Posant son téléphone, elle reporta son attention sur Ebony et Andrew, la brune n’allait sans doute pas en rester là, elle excellait dans l’art de cracher son venin, ce n’était plus qu’une question de temps. Eileen fit quelques pas en sa direction, bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Les épreuves qu’elle avait subit dernièrement l’avaient obligées à s’armer, à se protéger davantage pour ne plus jamais ressentir cette douleur qui l’avait conduite au bord du gouffre. « J’apprécie vraiment ton humour Ebony, donc je vais t’ignorer ne serait ce que par respect pour Andrew, la solution du match de boxe dans la neige n’étant absolument pas envisageable ». En effet, l’Epsilon se contrôlait pour ne pas littéralement faire une scène, car même si elle ne pouvait pas voir Ebony en peinture, elle savait que Andrew avait de véritables sentiments pour elle, et jamais elle ne se pardonnerait de faire du mal à son Walton préféré. Elle espérait qu’Ebony agisse de la même façon pour le bien de tous, c’est à dire intelligemment et avec maturité, il n’y avait pas d’autres solutions pour que ce séjour se passe au mieux. Elle regardait son Andrew un sourire accroché aux lèvres tandis que la Gamma en rajoutait une couche, apparemment le traité de paix ne serait pas signé aujourd’hui. Sortant de ses gonds, perdant son calme, elle l’attaqua sur le seul terrain qui pourrait l’atteindre dans son égo. « Pour ta gouverne, sache que le sac d’os comme tu dis, ton Andrew l’a beaucoup apprécié. Et de nombreuses fois. », elle ne quittait pas Andrew du regard, et continua sur sa lancée. « Tu te souviens de cette suite à Paris  ? » elle ponctua sa phrase d’un clin d’oeil et exactement au même moment la porte s’ouvrit de nouveau. Qui étais-ce ? Nathanael ne viendrait pas, ils n’attendaient plus personne, en théorie du moins, le destin en avait décidé autrement. Elle n’eut même pas besoin de tourner la tête pour reconnaitre sa voix, cette voix qui l’avait amené dans les étoiles puis qui l’avait trainé dix pieds sous terre, cette voix qui avait essuyé ses craintes puis qui lui avait dite les pires choses. Celle de Jayan, le seul, l’unique, celui qui sortait du lot. Son coeur cessa de battre une demie seconde, que faisait il ici ? Des valises pleins les mains, il affirmait être le remplaçant de ce cher British. Elle avait l’impression de rêver encore une fois. Il était la dernière personne qu’elle avait envie de voir, si elle avait fait ce voyage c’était justement pour l’oublier, mais il revenait la hanter encore. Leur discussion dans le couloir de la maison Epsilon n’avait pas suffit, alors en plus de lui en vouloir, aujourd’hui elle ne parvenait plus à lui faire face. Elle s’était mise complètement à nue devant lui, elle lui avait tout dit, de la noirceur de son âme, à ses rêves les plus fous, et puis elle lui avait dit qu’elle aurait voulu l’aimer, qu’ils se laissent une chance, revenir à ce que nous sommes vraiment, reprendre à zéro. Foutue chanson qui lui revenait en tête une fois de plus; pourquoi lui avait elle dit toute la vérité. Evidemment qu’elle avait envie de retrouver son Jayan, celui du début, mais pas dans ces conditions, pas avec Ebony qui lui sautait au cou. Elle avait juste la sensation de ne pas être à sa place, d’être la personne en trop dans ce chalet, celle qui n’avait rien à faire ici. Andrew avait sa petite amie, elle avait son ami d’enfance. Eileen que lui restait il ? Un meilleur ami qui l’avait délaissé, un homme en qui elle avait placé tout ses espoirs et qui l’avait jeté à terre, et cette garce d’Ebony qui à la fin recevait tous les honneurs. Elle ne quittait pas Jayan des yeux, se forçait à faire comme si Ebony n’était pas dans ses bras à se remémorer de vieux souvenirs. Sans se faire prier, il entra sous le regard désapprobateur d’Andrew qui ne semblait pas l’apprécier. Ces dix jours allaient être joyeux, passant une main dans ses cheveux elle s’avança d’un pas incertain vers Jayan après que la brune ait finie de lui faire sa fête. Ebony retourna auprès d’Andrew, et Eileen se retrouva face à Jayan, il y avait un blanc, un malaise entre eux et tout le monde ici l’avait bien compris. Elle se força à lui adresser la parole, mettant toute sa bonne volonté pour être la plus sympathique possible, mais ça sonnait faux. Tout se bousculait dans sa tête, d’un coté elle lui en voulait terriblement, de l’autre il était celui qui comptait le plus pour elle. Depuis qu’elle lui avait tout dit, elle devait le reconnaître, elle ressentait quelque chose de semblable à la peur, et ça l’a paralysait entièrement. « Tu veux une coupe ? » articula t’elle tout en se dirigeant vers la bouteille sans attendre de réponse, lorsqu’elle ne voyait plus ses yeux azurs se plonger dans les siens, elle se sentait beaucoup mieux, elle pouvait reprendre son souffle, une dernière fois.