nous ne sommes plus que les restes de nous-mêmes. ◆ alaska
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Sujet: nous ne sommes plus que les restes de nous-mêmes. ◆ alaska Mar 20 Déc - 16:33
Alors c'est ça. T'es partie, comme ça. Tu m'as abandonné, comme ça. J'aurais pu être là pour toi, j'aurais pu t'aider à traverser cette épreuve. Mais t'as préféré fuir, comme une lâche. Et maintenant on en est là. On s'engueule, on se déchire. Pourtant c'est plus que ça toi et moi. ★ALASKA & NIKOLAÏ
Je me lève ce matin là, et je me demande ce qui m'attend. Je me demande ce qui va m'arriver, ce qui va me tomber dessus. Je sors de mon lit, le regard vide, l'esprit embrumé. Mes jambes me mènent lourdement jusqu'à mon lavabo. Je me rince le visage, et quand je lève les yeux vers mon miroir, je vois le visage d'un mec complètement paumé. Un mec perdu, qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Il a une légère barbe de quelques jours, et des cernes sous les yeux. Je suis bien faible. Comment ai-je fait pour en arriver là, pour tomber si bas ? J'ai perdu mon meilleur ami, certes, mais beaucoup traversent cette épreuve avec plus de force et de dignité que moi. Moi, je suis honteux. Mais en même temps, je n'arrive pas à réagir, je n'arrive pas à me secouer. Je reste là, immobile, passif, je subis ce qui m'arrive. Mais pour Vassili, pour lui, j'espère avoir la force de m'en remettre. Même si cela impliquera un nouveau changement de ma personnalité. Car de toutes évidences, le playboy que j'étais s'éteint à petit feu. Je ne sais même plus qui je suis à vrai dire. Et ma psychologue ne m'aide pas beaucoup à y voir plus clair. Elle m'a conseillé d'écrire un journal, ce que je fais quand j'y pense, mais ça n'arrange rien. Rien du tout. Je ressasse des moments passés, je brasse la douleur des moments perdus, c'est tout. Et quand je vais la voir, elle ne dit pas grand chose. Elle attend que je parle. Mais souvent, je ne sais pas quoi dire. Alors il n'est pas rare que le silence règne pendant les séances. Toutefois, aller la voir me fait sortir, et me change un peu les idées. Son bureau est rempli de tellement de conneries que mon esprit a largement de quoi vagabonder. Bref, je finis pitoyablement ma toilette, décidant de ne pas me raser, et de ne pas me coiffer. J'ai dormi toute la journée. La veille, j'ai bu je ne sais combien de litres de vodka à moi tout seul, d'où mon mal de crâne aujourd'hui. Mais dans quelques heures, je dois être à ce fichu gala. Un truc de fin d'année, organisé par une association caritative dans le but de récolter des fonds. Je sais qu'il risque d'y avoir des journalistes de magazines russes, et donc il faut que j'y sois. Car le lendemain matin, si mon père voit ma tronche dans la presse, il comprendra que je compte bel et bien rester ici. Lui qui veut absolument que je rentre à Moscou. Sauf que je ne peux pas, je ne peux vraiment pas. Moscou, c'est trop de souvenirs.
C'est non sans mal que j'enfile mon costume. Un costume tout simple. Je me mets un peu d'eau de toilette, et basta, ça ira bien. Je vais pas passer cent ans dans ma salle de bain juste pour aller déposer un chèque dans une urne. Je sors de ma chambre, et quitte finalement la maison de confrérie. C'est le bordel ici depuis que les gammas se sont installés. Ils n'ont aucun savoir vivre. Ça m'est égal, ils peuvent bien foutre le bordel, je m'en fous. J'ai pas le force de me battre contre cette bande de fauves mal lunés. Le campus est décoré pour les fêtes de fin d'année. Y'a des guirlandes qui scintillent de partout, ça me pique les yeux. Et à l'intérieur de mon crâne, il y a toujours cet espèce de marteau qui tambourine de partout, et qui me donne envie de me taper la tête contre les murs. Je me sens tout ramolli, tout planplan. Je sais pas comment je vais faire pour tenir le coup à cette soirée. D'ailleurs, je regarde ma montre, et je crois que si je continue à trainer comme ça, je vais finir par être en retard. Alors j'accélère ma marche, et j'arrive enfin au parking du campus. Je grimpe dans ma voiture, et je prends la route. Je conduis vite, je m'en fiche, je suis pressé. Les autres n'ont qu'à se pousser de mon chemin, voilà tout. J'arrive enfin au Palace Hotel. C'est là qu'a lieu le gala. Dans cet hôtel luxueux, gentiment prêté pour cette occasion. Le personnel sera au petit soin des invités, le buffet et les boissons seront à volonté. Je ne devrais pas regretter d'y être venu. Je laisse ma voiture à l'un des voituriers, et alors que je foule le tapis rouge, je sens déjà un flash m'éclairer le visage. Mes yeux me brûlent, mon crâne me torture, mais je tente de ne rien laisser paraître, et de garder le sourire. Ça serait con que mon père me voit faire la tronche.
À l'intérieur, ce sont des musiques niaises de Noël qui défilent. Il y a du monde, tous sont des riches et populaires habitants de la ville. Je croise une connaissance de mon père, que je salue, mais dont je m'écarte rapidement. Je n'ai pas envie de parler ce soir. Je veux juste remettre mon chèque, boire et bouffer, c'est tout. Je vois enfin l'urne, gardée par deux balèzes en costard. Je sors mon chéquier, j'y écris un nombre avec pas mal de zéro, et je glisse le tout dans l'urne. Une bonne chose de faite. Je sais même plus quelle est l'association qui récoltera les fonds, mais ça m'est égal. De toutes façons, l'argent n'a plus vraiment de valeur pour moi. Je me dirige maintenant vers le buffet à volonté, et j'attrape à la volée une coupe de champagne posée sur le plateau d'un serveur qui se balade dans le hall. J'en bois une gorgée, et une fois devant le buffet, j'attrape un toast de foie gras que je m'apprête à engloutir. Mais on me bouscule plutôt violemment, et j'entends des voix qui commencent à paniquer. Un vieux fait un malaise. Il pouvait pas faire ça ailleurs ? Je me retourne vers la personne qui se trouvait à côté de moi, et sur qui j'ai renversé la moitié de ma coupe de champagne, ainsi que mon toast, qui glisse gracieusement sur sa robe. "Quel gâchis, autant pour votre robe que pour mon toast et mon champagne." Je lève mes yeux, pour voir le visage de la personne à qui je m'adresse. Et là, je crois rêver. En d'autres circonstances, cela aurait pu être un cauchemar, mais comme je viens de saccager sa robe, je dirais que c'est plutôt agréable. "Je rectifie, quel gâchis pour mon foie gras et mon champagne seulement." C'est Alaska qui me fait face. Celle qui se volatilise plus vite que son ombre. Celle qui disparait quand les choses se compliquent…
Constance La Tour Dubois
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Sujet: Re: nous ne sommes plus que les restes de nous-mêmes. ◆ alaska Dim 8 Jan - 17:24
nous ne sommes plus que les restes de nous-mêmes. ◆ alaska