Cela faisait environ une semaine maintenant que Kilian essayait de rassembler ses esprits pour oublier l'agression dont il avait été victime. Depuis qu'il sortait avec Vraona, la vie avec un goût de "trop parfait" pour que ce soit réel… Pessimiste ? Fataliste, plutôt. Mais réaliste avant toute chose. Alors qu'il souhaitait fêter la fin des cours, leur réussite scolaire, l'officialisation de leur couple ainsi que faire plus ample connaissance avec sa belle-sœur Remy, la soirée avait viré au cauchemar. Vraona avait juste omis un détail : lui dire que son père était un mafieux italien qui, malgré sa réclusion derrière les barreaux d'une prison, restait un homme suffisamment influent pour lâcher ses hommes sur tout garçon qui approcherait sa fille chérie un peu trop prêt. Bien qu'il se soit défendu autant que possible, l'étudiant s'était fait embarquer dans un entrepôt désaffecté afin de se faire cogner dans les règles de l'art. On s'épargnera la liste de ses blessures, disons qu'on imagine assez bien comment peut ressortir un homme qui se fait passer à tabac dans les mains de quatre ou cinq brutes épaisses à la solde d'un grand mafieux.
Solide et pragmatique par nature, Kilian avait préféré enfouir tout ceci au fond de lui et ne surtout pas aborder le traumatisme que peut provoquer une telle expérience. Il sentait que son père était réticent à ce qu'il continue de fréquenter Vraona tout en sachant ce que son père lui avait fait endurer. Il suffisait de voir la peur qui avait ébranlé ce semblant de famille chez les Salaun lorsque le fils s'était retrouvé à l'hôpital, couverts de contusions et heureux propriétaires de blessures internes plus ou moins graves. Le Breton optait donc pour un silence radio complet sur le sujet amoureux car il ne voulait pas avoir à gueuler sur son paternel jusqu'à ce qu'il se rentre dans le crâne qu'il ne lâcherait jamais Vraona. Ils avaient bien assez de sujets pour faire surgir quelques tensions entre eux, inutile d'en rajouter une sur laquelle Kilian ne laisserait rien passer.

Toutefois, cette situation l'avait amené à reconsidérer certaines choses, comme l'importance qu'on peut accorder à l'amour et à un couple. Alors que les coups pleuvaient sur lui lors de cette terrible soirée, il ne pensait qu'à une chose. Aussi surprenant que cela soit, cette phrase tournait en boucle dans sa tête : elle en valait la peine. Oui, Kilian reconnaissait volontiers qu'une avalanche de coups de pieds ou de poings n'arriverait pas à le faire douter de ses sentiments envers la présidente des Sigmas, quand bien même cela l'effrayait particulièrement. Après tout, l'attachement lui avait coûté sa vie de famille. La confiance sur les sentiments, son père en avait abusé pour l'abandonner. Désormais, Kilian commençait à comprendre que son père avait voulu bien faire, mais cela n'ôtait rien à l'aspect farouche de sa personnalité si explosive. S'attacher revenait à s'exposer à des risques… mais au fond, parfois, cela en valait la peine.
Stephen partait en Bosnie, il lui avait dit qu'il avait besoin de faire ce voyage afin de trouver des réponses concrètes à ses origines si brumeuses. Kilian lui avait naturellement assuré qu'il laisserait une veilleuse allumée pour qu'il puisse retrouver le chemin en rentrant à San Francisco… une façon comme une autre de lui souhaiter bon voyage et espérer qu'il trouverait ce qu'il cherchait. Une fois son "Frère Sigma", comme il aimait l'appeler, envolé vers un autre continent, le fils Salaun avait profité de l'occasion pour aller voir Emy et mettre les points sur les i avec la petite-amie de son pote. Depuis le début, sans pour autant désapprouver leur union – même si c'est parfois l'impression que ça donne – Kilian avait tenté de faire ressurgir ce Stephen limite sur les bords, de peur qu'il soit trop transfiguré s'il s'installait dans un couple pépère. On se souviendra de la mémorable soirée soldée par une bagarre de bar, trois traumatisés gardiens et une garde à vue… Kilian n'était pas spécialement fier de cette soirée, mais elle avait eu le mérite de révéler le côté qui lui plaisait le plus chez le peintre : son impulsivité, son laisser-aller. Aujourd'hui, les choses étaient différentes et il voulait rompre la glace une bonne fois pour toutes entre Emy et lui. Soit ça passe, soit ça casse.

Le Breton stationna devant l'adresse que lui avait laissée son père… ce dernier s'étant bien assez inquiété pour savoir s'il était en état de reprendre le volant. Assis dans sa Mustang, il s'observa dans le rétroviseur intérieur. L'éclatement de son arcade sourcilière, quelques bleus sur le visage… Si avec cette tête de guerrier sortant d'une bataille, Emy ne se disait pas qu'il cherchait délibérément les ennuis, il aurait de la chance. Il sortit du véhicule et marcha d'un pas lent et encore légèrement boiteux jusqu'à la porte de la villa de l'étudiante. Il sonna et attendit sagement qu'elle vienne lui ouvrir, les mains dans les poches. La porte ouverte, il l'accueillit d'un air toujours aussi bougon qu'au naturel. "Bonjour, Emy. Je passais pour venir te voir… je te dérange, peut-être ?" s'enquit-il poliment. S'imposer ? Non, il n'était pas de ce genre-là. Malgré son côté démesurément sarcastique, il n'en restait pas moins quelqu'un de très bien élevé.

• Une journée à trainer par un réveil ou seul le mutisme régnait en maitre dans cette grande villa vide, mes parents repartis, Stephen en Bosnie et moi me remettant de ma greffe. Je voulais y aller mollo afin de ne pas m’épuiser non plus et de prendre sur moi en attendant le retour impatiente de mon cher et tendre même si avant son départ nous nous étions quelques peu éloignés et disputés, mais quel couple n’a pas de soucis, même si j’en fus en partie la cause avec cette vision de l’avenir incertain à avoir un jour une famille. Stephen était une personne vivant au jour le jour, me se projetant pas dans une période de plusieurs années, avec des idées de chemins tout tracé mais ayant été malade j’vais eu cette sensation de tout planifier pour profiter au maximum de mon temps, de mes proches ou encore de ma famille.
  
  Après m’être activée à faire un brin de ménage afin de m’apaiser et de penser à autre chose malgré tout que cette absence pesante de mon beau tatoué même si j’avais des nouvelles de temps à autre et encore sans trop m’en dire d’ailleurs, je filais sous la douche sans toutefois me presser pour ensuite enfiler une robe légère mais classe, une chevelure remontée dégageant la nuque et un léger maquillage, pour sortir en ville peut-être afin de faire quelques achats ou encore trainer au bord de la mer, quand soudain j’entendis qu’on sonna à ma porte, étonnée car je n’attendais aucune visite. Peut-être était-ce mon père en affaire dans les parages…Un instant en pure réflexion je réagissais sous le frottement sur mes jambes de Cyclope, le chat borgne de Stephen, en allant vers le hall afin de voir qui cela pourrait-il bien être.
  
  Ouvrant la porte je fus grandement étonnée de voir que c’était Kilian. Alors sans un mot je le laissais s’exprimais pour lui annoncer que son ami n’était pas là bien que le sachant étant proche cela m’étonnait encore plus. Arquant u sourcil je l’observais de la tête aux pieds voyant qu’il avait dû encore subir les coups d’une bagarre. Quelle fréquentation pour Stephen, cela promettait à l’avenir…
  
  . "Bonjour, Emy. Je passais pour venir te voir… je te dérange, peut-être ?"
  
  -Bonjour…Tu m’en diras tant…tu as fait tout ce chemin pour me voir ???Laisse-moi en douter…
  Puis pensant à la réaction que pourrait avoir mon ténébreux de petit-ami s’il venait à apprendre que j’avais laissé son ami sur le pas de la porte, j’optais donc pour de la courtoisie. M’écartant de la porte afin de le laisser entrer un demi-sourire en coin à voir son état délabré. Prenant Cyclope dans mes bras afin qu’il ne s’échappe pas je lançais une petite remarque anodine ?
  
  -Même Cyclope parait en meilleure forme que toi…encore une fois où tu as su te mettre dans une situation dérangeante ? A croire que c’est une habitude chez toi…Alors que me vaut ta venue ici, sachant que cela a du te couter non ?
  
  Je lui fis signe de prendre place voyant qu’il se déplaçait plutôt difficilement, n’étant pas non plus un cœur de pierre. Le laissant s’installer à sa guise si toutefois il le souhaitait, je restais non loin de sa personne le regardant attendant de savoir pourquoi il avait un tel chemin pour venir me voir moi, ce qui me surprit au plus haut point sachant qu’entre nous ce n ‘était pas le Grand Amour, faisant tout de même un effort devant notre « ami » en commun pour ne pas le froisser.

Sur le perron de la villa, Kilian ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'aurait jamais imaginé que Stephen trouverait une femme avec une classe sociale aussi différente de la sienne. Non pas qu'il voyait son ami comme un tocard, bien loin de là. Il l'avait juste imaginé s'intéresser à une femme qui lui ressemblerait déjà un peu plus au niveau des milieux fréquentés. Emy donnait l'allure d'une femme habituée au beau monde face au bad boy qu'était son ami le tatouté. Enfin, s'il s'aimaient ainsi, malgré leurs tensions actuelles, c'est eux que ça regardait. Les mains dans les poches, il attendit donc jusqu'à ce qu'Emy se présente sur le perron et prenne déjà le temps de le détailler dans son ensemble avec un air surpris et certainement un peu blasé. Sourcil arqué et visage fermé, il lui fit comprendre que si elle voulait le mater à loisir, elle n'avait qu'à prendre une photo, ça lui éviterait d'être regardé comme un objet de curiosité. Si Emy connaissait son père, elle allait s'apercevoir à quel point le fils pouvait lui ressembler... parfois en pire, d'ailleurs. Il demeura pourtant silencieux, n'étant pas tellement du genre bavard et encore moins sur ses problèmes. Curieux quand on sait qu'il se déplaçait jusqu'ici pour discuter. "T'emballes pas pour si peu, beauté. J'ai pas encore fait ma bonne action de la journée et quand je me suis demandé ce qui faisait le plus pitié dans mon entourage, j'ai tout de suite pensé à toi." lâcha-t-il sur un ton profondément sarcastique. Cassant et direct, il savait l'être lorsqu'une situation lui déplaisait autant qu'en ce moment, lorsqu'elle se mettait à le critiquer et à le regarder comme une attraction soudainement intéressante qui se déplacerait à domicile. Toutefois, sachant qu'elle était la maîtresse des lieux, il eut l'amabilité de la remercier d'un hochement de tête pour l'avoir laissé entrer. L'étudiante aurait aussi pu le laisser sur le pas de la porte, mais il se serait empressé d'aller le répéter à son frère Sigma... chose qu'Emy ne voulait certainement pas voir se produire. Le monde des compromis est quelque chose de si passionnant à étudier.

"J'suis pas borgne, au moins. Et merci de te soucier de mon bien-être, ça me va droit au coeur... mais mêles-toi de tes oignons." Aller gémir sur les vilains mafieux qui l'ont pris pour un punching-ball sur ordre du père de sa petite amie ? Jamais. D'une, c'était humiliant. Et de deux, Kilian n'était absolument pas du genre à se plaindre ou à raconter sa vie... même à ses amis, c'est dire. Aussi surprenant que cela puisse paraitre aux yeux d'Emy, par exemple, le comédien préférait largement s'occuper des autres plutôt que de s'épancher sur sa petite vie. Il tâcha de marcher le mieux qu'il put jusqu'au premier divan qu'il vit. Avec une assise souple, il souffrirait moins s'il devait rester assis un moment. Et connaissant le but de sa visite, c'était fort probable. Le Breton se baissa avec précaution et serra les dents, s'empêchant de grimacer malgré certaines douleurs persistantes et des courbatures qu'il se baladait depuis un moment. Une fois installé, il posa ses yeux bleu azur sur le chat qui semblait le snober comme personne dans les bras d'Emy. Du style 't'es l'intrus de cette maison, misérable humain'. Charmantes créatures que les félins. "Je suis venu te voir pour qu'on puisse parler tous les deux. Sans Stephen dans nos pattes, j'espère que ce sera plus productif." A l'entendre parler, on pourrait presque croire qu'il prenait l'un de ses meilleurs potes pour un gamin turbulent... adorable. Il s'adossa enfin au divan puis regarda la jeune femme avec un visage neutre. "Je sais que Stephen et toi êtes dans une passe difficile... j'ai vu ça au bal de promo et Stephen m'en a parlé au téléphone. Du coup, je ne suis pas venu pour essayer d'enfoncer le couteau comme tu aurais pu t'en douter. J'suis là pour qu'on essaye de se parler et de se comprendre mutuellement. J'ai des préjugés sur toi, t'en as sûrement des tonnes sur moi, alors autant mettre ça à plat au lieu de continuer à se la jouer hypocrite pour faire plaisir à ton homme." L'hypocrisie était quelque chose que Kilian haïssait cordialement. Sans doute parce qu'il n'aimait pas qu'on lui mente. Ainsi, il partait du principe qu'il valait mieux pour eux qu'ils arrivent à se dire ce qu'ils avaient sur le coeur afin de partir d'un meilleur pied, ou de se décider à une relation purement négative. Blanc ou noir, seul l'avenir le dira... et si possible blanc, Kilian n'était pas venu ici pour chercher les ennuis ou provoquer l'Alpha, loin de là. "Elle en dit quoi, miss Conway ?"

• Et bien je me sentais seule certes, mais recevoir une pareille compagnie ne me réjouissait pas non plus, surtout lorsque je vis que c’était Kilian, fils de Salaun, mon ami et tel un frère pour mon beau tatoué, mais prenant tout de même sur ma personne, je le fis entrer pour ne pas avoir à subir les foudres de Stephen à son retour s’il venait à apprendre que je l’avais laissé sur le pas de la porte dans un tel état de surcroit !
  
  "T'emballes pas pour si peu, beauté. J'ai pas encore fait ma bonne action de la journée et quand je me suis demandé ce qui faisait le plus pitié dans mon entourage, j'ai tout de suite pensé à toi."
  
  Première phrase de Mister Salaun après avoir franchi un pas dans la villa ou je ne manquais nullement de répondant !
  
  -T’as pensé à moi ? …Probablement après t’être regardé dans le miroir je présume, mais merci du compliment tout de même, venant de ta bouche je suppose que cela a dû t’écorcher et pas qu’un peu !
  
  Installé dans le salon sur l’un des sofas j’attendis ensuite après avoir lancé ma façon de voir les choses, de me demander ce qui l’avait poussé à venir ici, même s’il avait évoqué le fait de faire une bonne action…bref tout cela m’intriguait au plus haut point ! Lançant de nouveau de quoi se défendre, comme contre-attaquant mes dires ; devant m’occuper de mes affaires même s’il était si mal au point ? Qu’à cela ne tienne dans ce cas. Posant le chat à terre après que Kilian lui est lancé une sorte de regard austère, le fils Salaun m’annonça la couleur de sa visite pensant rester de marbre face à ce qu’il voulait me dire…
  
  "Je suis venu te voir pour qu'on puisse parler tous les deux. Sans Stephen dans nos pattes, j'espère que ce sera plus productif. Je sais que Stephen et toi êtes dans une passe difficile... j'ai vu ça au bal de promo et Stephen m'en a parlé au téléphone. Du coup, je ne suis pas venu pour essayer d'enfoncer le couteau comme tu aurais pu t'en douter. J'suis là pour qu'on essaye de se parler et de se comprendre mutuellement. J'ai des préjugés sur toi, t'en as sûrement des tonnes sur moi, alors autant mettre ça à plat au lieu de continuer à se la jouer hypocrite pour faire plaisir à ton homme."
  
  Alors là, il venait de taper dans la fourmilière, s’il comptait que je parle avec lui de mes soucis de couple ou encore d’autre chose il se mettait le doigt dans l’œil et ce jusqu’au coude ! Je serrais la mâchoire, je les savais proches, mon peintre et Kilian mais à ce point ?! S’il était là, je l’étranglerais sur le champ, encore heureux qu’il était à des milliers de kilomètres d’ici ce soir…Bras croisés sur ma poitrine et faisant une moue je fus estomaquée par ses propos, il semblait connaitre bien plus que je ne l’imaginais l’histoire défaillante de notre couple, mais pour qui se prenait il à venir ici, chez moi, en ma demeure pour discuter parce que Monsieur en a décidé ainsi ?! Prenant sur moi et avançant vers lui le regardant de haut, j’eus un rictus ;
  
  "Elle en dit quoi, miss Conway ?"
  
  -Donc Stephen ne sait rien de ta visite, tu penses qu’il est bien mieux qu’il soit absent pour un règlement de compte…car au final c’est bien de cela qu’il s’agir, du style ça passe ou ça casse, mais sache une chose Kilian Salaun, j’ai horreur qu’on me force la main et encore moins après avoir voulu t’aider ce fameux soir de votre arrestation. Alors venir ici en brandissant je ne sais quel propos absurde tout le monde sait le faire. Et quant aux restes, ce qui se passe entre Stephen et moi, ne concerne personne d’autres. Il t’en a parlé, c’est une chose mais t’immiscer dans notre vie en est une autre. Je n’ai jamais été hypocrite donc je n’ai aucuns soucis avec toi à moins que cela ne vienne du fait que ton père et moi soyons « amis » ?!
  
  Sur ce, j’allais au bar prenant un verre afin de me servir une vodka, il y avait tellement longtemps que je n’en avais pas bu …et là Kilian, sa venue, ses propos me m’étaient hors de moi…
  
  -Tu souhaites m’accompagner et prendre un verre d’alcool fort ? Parait-il que cela tue les microbes, fait tout de même attention de ne pas mourir sur mon tapis de Salon, ça ferait désordre et puis je pense que tu as assez pris vu ton visage ...
  
  Et oui toujours ce petit air provocateur, me servant tout en attendant son choix en matière d’alcool ou non, avant de lui apporter son verre, prenant, pour ma part une bonne gorgée de Vodka, sentant que cela me brulait le fond de la gorge et Dieu, que c’était bon ! je n ‘avis plus touché à un alcool depuis plusieurs mois déjà, dès lors que j’avais rencontré Stephen je m’étais stoppée, déjà malade à l’époque, sans le moindre mal d’ailleurs même si cela était ne chose que j’adorais, la Vodka mais là ce fut comme un besoin de m’en abreuver…Face à lui, je pris place dans l’un des fauteuils du salon l’observant toujours, sans toutefois lui faire voir que je mourrais d’envie de savoir ce que Stephen avait bien plus lui raconter à notre sujet . Au bal, c’était une légère dispute, non disons plutôt une contrariété, le peintre ténébreux qui était mon fiancé, disons le désormais, était encore trop protecteur même si à cette époque je venais à peine de sortir de l’hôpital ayant subi ma greffe. Mais avant son départ, c’était le sujet des enfants qui trônait en maître de discorde entre nous…Kilian le savait-il ? J’arquais un sourcil attendant de voir la suite des événements.
  
  -Miss Conway pense que tu devrais déverser ton venin et voir ensuite la réaction que cela aura sur ma personne fils Salaun…
  
  Je levais de nouveau mon verre à mes lèvres, il n'avait rien à voir avec son cher père...à priori...

Aussi surprenant que cela puisse paraître en voyant son air bourru, renfermé et presque farouche, Kilian avait des amis. Peu. Mais des vrais. Stephen en faisait partie, il était son "frère Sigma". L'un des rares hommes en qui il avait vraiment confiance, une personne qui avait énormément de points communs avec lui : la passion pour la peinture, le caractère, quelques mimiques du visage... Entre amis, on se confie presque tout. Kilian confiait presque tout à Stephen, et vice versa. De toute évidence, cela n'avait pas l'air de plaire à la propriétaire des lieux qui le fixait avec un air agressif qui laissait présager de la colère qui l'envahissait. Ou de sa vexation, au choix. Toujours est-il qu'il la regarda sans l'ombre d'une trace de peur quelconque. Ne lui en déplaise, il avait tenu tête à bien pire qu'une brunette mal lunée armée d'un chat borgne. Il était là pour parler franchement, pas pour dégouliner de gentillesse hypocrite. "J'suis pas là pour parler de Logan Salaun. C'est un grand garçon, il fait ce qu'il veut de son semblant de vie sociale." Serait-ce surprenant de dire que la relation entre le père et le fils Salaun s'améliore progressivement ? Cela n'avait pas l'air d'être le grand amour à entendre parler Kilian, mais c'était uniquement pour mettre les choses au clair. Il n'était pas ici pour papoter de Salaun senior... il le voyait suffisamment dans la journée pour arriver à se passer de le caser dans ses conversations. Tout ce qu'il retenait, c'est qu'Emy se calait directement sur la défensive. Elle l'envoyait paitre, ou du moins essayait, en espérant sûrement qu'il serait impressionné ou découragé de vouloir lui parler... Raté. Non content d'être obstiné, le Breton était un véritable chieur en puissance. Quand il avait décidé de quelque chose, il s'y tenait, n'en déplaise à celles et ceux qui en font les frais.

"Si faut qu'on arrive à se parler sans se taper dessus, de l'alcool ne serait pas de trop. Malheureusement, je vais refuser. Je suis venu en voiture, je reprends le volant après." ajouta-t-il en levant une main pour faire signe qu'il ne boirait pas d'alcool. Comme quoi, malgré la tête de déterré qu'il se trimballait, cela ne l'empêchait pas de faire preuve de prudence. Il n'avait pas envie qu'on lui retire son permis à cause d'un pauvre verre qui, sans l'avoir rendu ivre, le rendrait sujet à faire du premier alcootest son pire ennemi. Le Sigma se contenta d'hocher la tête sans répondre à l'invitation que lui fit Emy à "déverser son venin". Un bien grand mot. Quand à voir sa réaction, ce n'était pas spécialement ce qu'il attendait le plus. Il avait un truc à dire, il le dirait, point barre. Qu'elle le prenne bien ou mal n'était pas de son ressort : à partir du moment où ils n'avaient plus à jouer les hypocrites en présence de Stephen, c'est tout ce qui comptait. Il avait l'impression de trahir son ami à chaque fois qu'il faisait le moindre à sourire à sa petite-amie lorsqu'il se trouvait dans le secteur. "Je suis venu pour te dire que j'me suis sans doute planté sur pas mal de choses. A commencer par l'impact que votre relation peut avoir sur Stephen." Si ça, ce n'est pas un aveu qui allait la surprendre, il se demandait bien ce qui allait arriver, quand bien même il ne cherchait pas à bien se faire voir à tout prix. "A Berkeley, Stephen est devenu l'un de mes premiers amis très tôt. Aujourd'hui, c'est l'un des meilleurs. Lorsque je suis parti pendant presque un an en France, j'ai dû laisser l'un de mes meilleurs amis derrière moi... et quand je suis revenu, je l'ai trouvé changé. Du coup, je me suis entêté à vouloir faire ressortir le Stephen que j'avais connu avant de partir. Avec le recul, je me rends compte que j'ai été égoïste et injuste autant envers lui qu'envers toi. J'suis peut-être pas un mec très abordable ou très... gentil, mais je ne suis pas un égoïste. Et je sais reconnaitre mes torts."
Il posa son regard bleu azur sur Emy en marquant un court instant de silence. Son visage restait fermé, neutre. On pourrait presque penser qu'il n'assumait pas ce qu'il était en train de dire, mais c'était faux. Il était extrêmement sérieux, l'artiste ne parlait jamais pour ne rien dire. "Stephen et moi, on a une sacrée histoire tous les deux. Et c'était idiot de vouloir faire comme si tu n'existais pas ou que tu n'avais pas d'impact dans sa vie. Pendant que j'étais en France, il t'a trouvée et j'ai mis du temps à l'accepter. Faut me comprendre, j'suis pas du genre à me balader avec toute une foule de gens hypocrites qui se prétendent être tes amis en t'ajoutant à une liste Facebook. J'en ai peu, mais j'y suis attaché. Peut-être un peu trop, parfois. J'ai fait une bêtise en voulant me méfier un peu trop de toi vis-à-vis de Stephen, et je tenais à m'en excuser, c'est tout." Au moins, c'était dit. Sachant qu'il était un excellent acteur, son discours pouvait paraître étrange, voire caduc de bout en bout. Et pourtant, Kilian pensait tout ce qu'il venait de dire. Il déposa ses mains sur ses cuisses et attendit de voir ce qu'Emy en penserait. Comme quoi, le fils Salaun n'était pas aussi idiot qu'on pouvait le penser.

• Kilian semblait rester de marbre face à mes propos tentant de le mettre hors de lui ou le poussant simplement vers la porte d’entrée qu’il venait à peine de franchir mais en jeune femme bien éduquée il m’était impossible de le laisser sur le pas de la porte surtout si cela devait revenir aux oreilles de Stephen. Il fallait avouer qu’il avait bien choisi son moment pour me rendre visite. Aujourd’hui était un jour maussade pour moi, pas de motivation, pas de joie de vivre, une lassitude certaine à trainer des pieds même si je m’étais décidé à enfin passer sous la douche pour sortir en ville ensuite revêtue d’une tenue plutôt classe mais décontractée. A croire que ce n’était pas encore aujourd’hui que je pourrais profiter calmement du reste de ce jour.
  
  . "J'suis pas là pour parler de Logan Salaun. C'est un grand garçon, il fait ce qu'il veut de son semblant de vie sociale."
  
  Ah sujet sensible peut-être, ou ne voulant pas que celui-ci soit évoqué, même si je savais que leur relation père-fils commençaient à aller dans la bonne direction, ayant vu Logan à l’hôpital et où nous avions discuté…personnellement je n’aimais pas non plus qu’évoque le sujet de la famille, au moins sur ce point nous étions quitte !
  
  Bien que j‘étais sur la défensive, ne sachant pas réellement les dires que Stephen ait pu raconter à son frère Sigma, avait-il évoqué notre souci majeur, celui de notre avenir ou je me refusais en quelque sorte de poursuivre dans notre histoire d’amour ne pouvant pas un jour lui donner d’enfant , de manière naturelle tout du moins même si Stephen m’avait demandé de ne pas « fermer toutes les portes » qu’il y avait également l’adoption, et encore bien d’autres techniques avancées pour devenir mère un jour…
  
  J’avais cette sensation que plus je voulais pousser Kilian dans les extrêmes et plus il prenait plaisir à rester bien caler dans le sofa sans bouger le moindre de ses petits doigts, nullement effleuré par ma réaction ou mes propos. Il devait avoir une force de caractère bien élevée, une caractéristique comme pouvait l’avoir parfois son père. Il me tapait sur les nerfs, mais si je prenais un peu plus de recul, et me calmant sans me sentir offenser sous mon propre toit, alors peut-être que je retirais ses œillères sur le personne de Kilian.
  
  "Si faut qu'on arrive à se parler sans se taper dessus, de l'alcool ne serait pas de trop. Malheureusement, je vais refuser. Je suis venu en voiture, je reprends le volant après."
  
  -Comme tu préfères Salaun. Dis-je tout en rejoignant le fauteuil du salon afin de m’y installer confortablement face à ce jeune homme sans le lâcher u regard ? Quand il reprit ou je l’écoutais attentivement malgré tout, c’était le moins que je puisse faire non ?
  
  "Je suis venu pour te dire que j'me suis sans doute planté sur pas mal de choses. A commencer par l'impact que votre relation peut avoir sur Stephen. A Berkeley, Stephen est devenu l'un de mes premiers amis très tôt. Aujourd'hui, c'est l'un des meilleurs. Lorsque je suis parti pendant presque un an en France, j'ai dû laisser l'un de mes meilleurs amis derrière moi... et quand je suis revenu, je l'ai trouvé changé. Du coup, je me suis entêté à vouloir faire ressortir le Stephen que j'avais connu avant de partir. Avec le recul, je me rends compte que j'ai été égoïste et injuste autant envers lui qu'envers toi. J'suis peut-être pas un mec très abordable ou très... gentil, mais je ne suis pas un égoïste. Et je sais reconnaitre mes torts. Stephen et moi, on a une sacrée histoire tous les deux. Et c'était idiot de vouloir faire comme si tu n'existais pas ou que tu n'avais pas d'impact dans sa vie. Pendant que j'étais en France, il t'a trouvée et j'ai mis du temps à l'accepter. Faut me comprendre, j'suis pas du genre à me balader avec toute une foule de gens hypocrites qui se prétendent être tes amis en t'ajoutant à une liste Facebook. J'en ai peu, mais j'y suis attaché. Peut-être un peu trop, parfois. J'ai fait une bêtise en voulant me méfier un peu trop de toi vis-à-vis de Stephen, et je tenais à m'en excuser, c'est tout."
  
  -Souhaites-tu une médaille pour cette franchise ou cette hypocrisie dont tu viens de faire preuve ?
  
  Puis me levant sans un mot laissant planer un silence je me devais d’être moi aussi honnête vis-à-vis de Kilian.
  
  -Je n’ai jamais rien eu contre toi, et pour dire vrai tu m’as fait une bonne impression lors de notre première rencontre même si vous étiez avec Stephen derrière les barreaux, bande d’idiots…Dis-je avec un sourire tant cet instant m’avait fait sourire à savoir qui avait remporté cette bagarre dans ce bar l’ayant même demandé s’il voulait passer la nuit chez nous, en cette villa sachant les rapports conflictuels entre lui et son père Logan, mais il avait daigné refuser notre proposition, même si cela n’avait été que pour une seule nuit.-Ton histoire avec Stephen je la connais, et jamais je n’ai voulu qu’il rompt ce lien avec toi d’une façon ou d’une autre, je ne suis pas là pour le freiner, que ce soit au niveau relationnel ou professionnel, chacun est libre de faire ce que bon lui semble sans toutefois franchir certaines limites, tu dois comprendre cela pour enfin avoir trouvé chaussure à ton pied…-L’ayant vu lors du Bal de fin d’année en compagnie d’une charmante jeune femme et où il semblait être épanoui, comme quoi.
  
  -Peu importe nos rapport Salaun, cela ne changera en rien que tu es l’ami de Stephen certes, c’est lui qui se retrouve au milieu de nous deux, mais c’est toi seul qui a souhaité cette situation, tu m’as jugé sans même me connaitre, chose que je n’ai pas faite avec toi, après j’ai bien tenté de savoir ce que j’avais pu te faire, mais j’ai vite compris que tu t’étais senti comme « abandonné », sensation forte désagréable, j’en conviens mais je ne suis pas ce monstre que tu sembles croire. On m’attaque je rétorque, on me regarde de haut, j’en fais autant, tu fais preuve de franchise alors je le fais également. Et je t’en remercie, mais une chose m’intrigue, puisque nous parlons d’honnêteté, que sais-tu exactement de ma relation d’avec Stephen ? Tu dis-nous savoir en désaccord, mais je serais curieuse de connaitre le contenu de ses propos ?
  
  Je savais qu’à son retour si je lui parlais de la venue de son ami, de notre sujet de conversation il se livrerait à moi, mais prendrait peut-être mal le fait que Kilian est agi derrière son dos, peut-être et connaissant mon beau peintre tatoué il pouvait réagir de diverses manières surtout après son voyage à la quête de réponses sur son enfance, sa vie…Et ce désaccord dont mon fiancé lui avait parlé quel était-il ? Peut-être qu’en discutant nous arriverions à mieux nous comprendre Kilian et moi ?
  
  -Souhaites-tu quelque chose d'autre à boire ? Je sais tout de même restée éduquée...

Emy n'insista pas sur le sujet du paternel. Ce que ce dernier faisait ou disait avec Emy ne regardait qu'eux, Kilian ne cherchait ni à s'en mêler ou à savoir ce dont il en retournait. Peut-être parlaient-ils de lui, qu'importe. La curiosité était une qualité, chez lui, pas un défaut qui pourrait le rendre trop fouineur. Il mettait un point d'honneur à ne jamais se montrer indiscret dans la seule optique qu'il ne souhaitait pas non plus qu'on vienne farfouiller dans sa vie privée. Le jeune homme apprécia qu'elle ne s'aventure pas sur ce sujet, bien qu'il ne le montre pas. A son tour, il fit preuve d'une grande écoute envers la jeune femme en réponse à ce qu'il venait de lui dire. Le Breton était venu ici en partie pour présenter des excuses. Emy avait raison, elle n'avait jamais cherché à se montrer mauvaise dès le départ avec lui. C'est le Sigma qui avait considéré la présence de la jeune femme comme néfaste au Stephen tel qu'il le connaissait : c'est là qu'il s'était trompé. Le Stephen qu'il avait laissé derrière lui en partant pour sa France natale avait changé durant son séjour... son égoïsme avait consisté à ne pas prendre en compte cette évolution et, par conséquent, à dénigrer la personne en grande partie responsable de l'homme que le tatoué était devenu. "Les bidules clinquants, c'est pas mon genre." répondit-il simplement avec un léger sourire sarcastique vis-à-vis de la proposition d'une médaille offerte. A son tour, Kilian émit un léger rire gêné en se grattant l'arrière de la tête en repassant cette scène de présentations dans sa tête. Au commissariat, et en garde à vue pour des motifs peu glorieux, il y a mieux pour faire connaissance avec la petite amie de l'un de ses meilleurs potes. Seulement, ce soir-là, une ombre était venue s'ajouter au tableau : Salaun père venu chercher son délinquant temporaire de fils en lui faisant la morale... Ils s'étaient donnés en spectacle dans une scène de dispute pourtant courante entre eux. Kilian avait d'ailleurs décliné poliment l'invitation à dormir à la villa d'Emy ce soir-là : il jugeait qu'il en avait assez fait, pas besoin qu'on lui fasse la charité parce qu'il ne pouvait pas blairer son père au point de ne pas dormir chez lui. Mine de rien, notre artiste n'était pas Breton pour rien : il avait sa fierté et il y tenait.

Le jeune homme préféra rester silencieux vis-à-vis de son lien avec Vraona. Oui, elle comptait pour lui... mais l'agression dont il avait été victime il y a quelques jours remettait tout en cause. Il n'avait pas encore pu s'expliquer avec sa petite-amie car celle-ci l'évitait. Et il sentait venir le coup fourré à plein nez. Effectivement, ses sentiments l'avaient aidé à comprendre la situation qui était celle d'Emy et Stephen. En partie, du moins. Mais il n'avait aucune envie de parler de ses propres déboires pour le moment. "Je veux bien un café, si tu en as." Alors qu'Emy partait lui chercher une tasse de café, le fils Salaun regarda Cyclope qui était en train de sentir son jean. Eh oui, ça ne sent pas le félin, ça sentirait plutôt le chien... une odeur imperceptible pour les humains mais particulièrement prenante pour les animaux. Mahikan s'étant à nouveau frotté contre lui avant qu'il parte de l'appartement, logique que cela attise l'attention du chat borgne de son frère Sigma. "Merci." dit-il en prenant la tasse que lui tendait Emy pour en boire une petite gorgée. "En tout cas, moi qui pensais avoir fait plutôt mauvaise impression la nuit où on a fait connaissance... Bref, je suis d'accord avec toi, c'est moi qui suis responsable de la relation un peu foireuse qu'on a eu jusqu'ici. J'ai eu peur de perdre l'une des seules personnes qui ne m'a jamais lâché. Je manquais de repère à une époque où j'en avais cruellement besoin. Mais maintenant, c'est du passé." Sur le plan de l'intégration, Kilian se sentait de nouveau chez lui à San Francisco. Il avait même retrouvé la chaleur d'un vrai voyer familial, quand bien même ce qu'il y avait entre Logan et lui ne s'approchait pas totalement de ce qu'on pourrait appeler une famille.

La question qu'elle lui posa le gêna pourtant ostensiblement. Les lèvres pincées, il attendit un petit moment avant de se lancer. "Ce que Stephen m'a dit reste entre lui et moi. Je ne cherche pas à t'exclure, d'ailleurs j'imagine qu'il ne m'a rien dit de plus qu'à toi. Stephen est assez honnête pour parler à sa copine sans lui cacher quoique ce soit. Si je suis là, c'est pour qu'on puisse tirer un trait sur ce qui s'est passé jusqu'ici. Je n'ai pas envie d'être une sorte de médiateur de couple. Je connais peut-être Stephen, mais je ne te connais pas encore suffisamment pour me permettre de te donner tel ou tel conseil. J'ai écouté Stephen, mais je ne lui ai pas dit d'agir d'une certaine manière car il avait besoin de prendre du recul." Dire à son ami de faire ceci ou faire cela, même s'ils se connaissaient presque par cœur, cela revenait à de la manipulation déloyale envers Emy, du moins c'est ainsi que Kilian le concevait. Il jugeait qu'il avait d'ailleurs trop peu d'expérience en matière de relation amoureuse pour se permettre de conseiller qui que ce soit. Ce n'était pas de la couardise, c'était seulement de l'humilité. Prétendre qu'on peut avoir un avis sur tout, c'est se vanter. Et ça, c'est loin de ressembler au fils Salaun. "Par contre, je sais que tu comptes énormément pour Stephen. Vous avez peut-être une mauvaise période en ce moment... mais quel couple n'en a pas ? Peu importe le sujet, ça fait partie du lot de n'importe quelle relation. La seule chose que je pourrais éventuellement te demander, c'est de ne pas le laisser trop dans l'ignorance. Je ne vais pas t'obliger à parler de votre couple si tu n'y tiens pas, évidemment. Mais tu es la première fille à laquelle Stephen s'intéresse vraiment... et en tant qu'ami, j'ai pas envie de le voir galérer alors qu'il est fou amoureux. A ma place, je pense que tu réagirais à peu près de la même manière, pas vrai ?"

• Evitant un premier sujet, la tension semblait s’apaiser offrant même de quoi boire, je n’étais pas non plus un monstre d’égoïsme mais le fait que Kilian m’avait jugé sans même me connaitre m’avait mise hors de moi. Comment avoir des préjugés sans même échanger véritablement avec une personne ? Mais il avait agi avec un certain égoïsme, celui de perdre son ami ce qui était compréhensible au final surtout connaissait son enfance m’étant narré par son propre père, sans toutefois savoir ce que Kilian avait ressenti toutes ses années réellement, juste des dires, des paroles rapportées par Logan lors de leurs disputes, mais semblait-il que tout cela s’était apaisé que c’était en bonne voix !
  
  Après être passé aux excuses du jeune homme dans un premier temps, lui valant une médaille avais-je dis sur un ton plutôt froid et indifférent il rétorqua de manière plus légère ma foi... "Les bidules clinquants, c'est pas mon genre." Accompagné d’un léger sourire, rêvais-je ou était-il gêné ? Il semblait un temps silencieux, je ne sais trop pourquoi d’ailleurs, tandis que je relevais un mon verre jusqu’à mes lèvres alors qu’il demanda poliment un café lui ayant proposé plus tôt de quoi boire. Une fois servit, Kilian se laissa aller sur son ressenti de notre première rencontre.
  
  "En tout cas, moi qui pensais avoir fait plutôt mauvaise impression la nuit où on a fait connaissance... Bref, je suis d'accord avec toi, c'est moi qui suis responsable de la relation un peu foireuse qu'on a eu jusqu'ici. J'ai eu peur de perdre l'une des seules personnes qui ne m'a jamais lâché. Je manquais de repère à une époque où j'en avais cruellement besoin. Mais maintenant, c'est du passé."
  
  Je ne dis pas un mot l’écoutant attentivement au fond il n’avait été que paumé et avait agi en conséquence, soupirant légèrement posant mon verre sur la tablette près du fauteuil ou j’étais installé, je m’étais interrogée à savoir ce que les deux homes et grands amis avaient pu évoquer sur nos soucis de couple.je ne m’attendais pas à tous les détails, mais simplement au sujet principal. Le fait de ne pas avoir porté sa bague de fiançailles ou encore le fait de ne pas être sure de continuer avec lui pour qu’il est un jour la chance d’être père ? Levant les yeux sur lui après m’être levée, bras croisés sur ma poitrine, je pris ensuite Cyclope dans mes bras afin qu’il laisse tranquille Kilian le déposant dans son panier ou il se mit en boule ronronnant ; je me réinstallais à ma place alors que le son de la voix du jeune Sigma retenti de nouveau.
  
  "Ce que Stephen m'a dit reste entre lui et moi. Je ne cherche pas à t'exclure, d'ailleurs j'imagine qu'il ne m'a rien dit de plus qu'à toi. Stephen est assez honnête pour parler à sa copine sans lui cacher quoique ce soit. Si je suis là, c'est pour qu'on puisse tirer un trait sur ce qui s'est passé jusqu'ici. Je n'ai pas envie d'être une sorte de médiateur de couple. Je connais peut-être Stephen, mais je ne te connais pas encore suffisamment pour me permettre de te donner tel ou tel conseil. J'ai écouté Stephen, mais je ne lui ai pas dit d'agir d'une certaine manière car il avait besoin de prendre du recul."
  
  Je n’en étais pas si sûre, Stephen avait dû lui parler de son ressenti face à la crise que nous traversions et peut-être au final que je ne devais pas savoir davantage ses propos confiés à son pote.
  
  -Du recul ?
  
  Puis repensant à toute cette histoire passée entre Stephen et moi depuis mon retour d’hôpital, je pus comprendre qu’il ait eu envie de se retirer un peu, surtout ayant été injuste avec lui, le poussant à cesser de me couver chose qu’il avait fait pendant des mois durant avant ma greffe, toujours aux petits soins pour ma personne. M’apprêtant à me relever comme ne pouvant tenir en place face à cette situation et sentant mon cœur battre plus intensément, Kilian poursuivit me coupant dans l’élan de mon geste restant sur mes appuis.
  
  . "Par contre, je sais que tu comptes énormément pour Stephen. Vous avez peut-être une mauvaise période en ce moment... mais quel couple n'en a pas ? Peu importe le sujet, ça fait partie du lot de n'importe quelle relation. La seule chose que je pourrais éventuellement te demander, c'est de ne pas le laisser trop dans l'ignorance. Je ne vais pas t'obliger à parler de votre couple si tu n'y tiens pas, évidemment. Mais tu es la première fille à laquelle Stephen s'intéresse vraiment... et en tant qu'ami, j'ai pas envie de le voir galérer alors qu'il est fou amoureux. A ma place, je pense que tu réagirais à peu près de la même manière, pas vrai ?"
  
  Relâchant ma gestuelle, restant donc assise sur le bord du fauteuil, j’vais cette sensation d’être la méchante dans l’histoire au final, comme abusant de Stephen ou de sa crédulité, mais il n’en était rien, Kilian me parla à cœur ouvert et franchement alors j’en ferais tout autant !
  
  -Il compte énormément pour moi aussi, à un point que tu n’imagines même pas, mais je ne suis pas non plus aveuglée par mes sentiments, et des mauvaises passes certes, tous les couples en ont mais à des degrés bien différents, qu’au final je ne suis même pas sûr que tu saches réellement de quoi tu parles ? je ne le laisse nullement dans l’ignorance, il connait mon point de vue sur ce sujet qui me …qui me touche particulièrement , on n’a pas la même vision des choses, alors on s’est retrouvé dans une impasse ou je suis seule à pouvoir la débloquée, mais sincèrement e ne suis pas sure d’en avoir la force…L’amour ne fait pas tout dans une relation, parfois ce n’est pas assez mais je ne lâche pour autant, j’ai déjà eu une revanche sur la vie peut-être en aurais-je une autre qui sait ? Je sais que tu ne lui veux que du bien, c’est indéniable et tu penses vraiment que je vais te parler de mon couple, à quoi bon ? Tu à l’air d’en connaitre les grandes lignes, mais entre nous, je ne sais ce qu’il adviendra entre Stephen t moi, je n’en ai aucune idée et je ne veux plus tirer de plans sur la comète. Mais étant donné qu’on joue la carte de la franchise et de l’honnêteté, ne te gêne donc pas, dissipe des doutes à mon égard au moins on pourra peut-être repartir sur de bonnes bases.
  Me levant de façon plus souple et moins tendue je me dirigeais vers la cuisine ouverte donnant sur le salon ayant face à moi Kilian, ou je pris quelques ustensiles et cuisine et préparant de quoi déguster un bon plat.
  
  -Il va bientôt être l’heure de passer à table, si ça te dis de m’accompagner et puis vu la lenteur à laquelle tu te déplaces le temps que tu rentres chez toi qu’il fera déjà nuit.
  
  Je m’activais à préparer un bon rôti de bœuf accompagné de pommes de terres et d’une botte de haricots verts, un plat typiquement français, cela me rappelait ma terre natale qui me manquait tant parfois ! Je ne le forçais pas à rester bien que je m’étais déjà mise aux fourneaux malgré tout devant bien se nourrir même étant seule sans la présence de mes parents repartis et de l’absence de mon cher et tendre tatoué.

Effectivement, Kilian ne prétendait pas tout savoir du couple Emy/Stephen et, en tout honnêteté, il n'y tenait pas plus que ça. Tout ce qu'il voulait, c'était de ne pas voir son ami brisé ou triste à cause de quelques problèmes qu'il pourrait rencontrer avec la femme qui occupait son coeur. Attention, cela ne faisait pas du tatoué un saint, et d'Emy une diablesse en puissance. Ce n'est pas parce qu'il avait tendance à protéger Stephen qu'il le mettait pour autant sur un piédestal : d'après ce dont il lui avait parlé, lui aussi avait ses torts. Le soir du vernissage, lorsqu'il lui avait avoué qu'il venait de remettre une bague de fiançailles - ou ce qui y ressemble, en tout cas - à Emy, Kilian n'avait pu s'empêcher de désapprouver. C'était un exemple parmi tant d'autres qui prouvent qu'aux yeux du fils Salaun, Emy n'était pas plus fautive que son compagnon. L'amour, ça se fait à deux... les emmerdes, c'est le même tarif, voilà l'un des grands principes de base en matière de couple qu'il avait établi depuis toujours, quand bien même le sien n'était pas spécialement glorieux non plus depuis quelques jours, malheureusement.
Ses pensées furent distraites lorsqu'il vit la propriétaire des lieux se diriger vers la cuisine... La cuisine. Le lieu favori de Kilian parmi toutes les pièces d'une maison. Eh oui, contrairement à ce que les mauvaises langues ou les préjugés peuvent véhiculer, ce n'était pas la chambre à coucher. Véritable expert culinaire, il s'était payé ses études, son studio et ses extras pendant son année en France grâce à un travail de sous-chef dans l'un des plus grands restaurants étoilés de Paris. Un travail de rêve qui l'avait par moments conduit à se demander s'il ne préférait pas troquer le costume de comédien ainsi que la blouse d'artiste pour le tablier de chef cuisinier... Enfin bref, toujours est-il qu'Emy venait de marquer un immense point. "Disons qu'un si petit bout de femme comme toi ne va certainement pas tout manger toute seule, autant ne pas gâcher. J'suis sûr que t'es encore trop timide pour avouer que ma compagnie te plait." lança-t-il avec sarcasme. En d'autres termes, il acceptait de rester dîner. Il ne s'attarda pas sur ses blessures ou ses problèmes de déplacement : contrairement à beaucoup d'autres hommes, Kilian n'aimait pas qu'on le plaigne ou faire la comédie quand il était blessé ou malade. Jouer les infirmes lui faisait horreur, il préférait toujours agir comme si de rien n'était. Sans doute était-ce lié à la mort de sa mère qu'il avait vu lutter en permanence contre un cancer qui la terrassait. Depuis cette époque, il refusait de rester inactif lorsqu'il souffrait, quand bien même cela pouvait parfois aggraver la situation. Le Sigma se leva puis tourna la tête vers le chat qui leva la tête pour le snober depuis son panier. "Sois pas jaloux, le matou, c'est toi et ton maître qui êtes les préférés."

Kilian approcha lui aussi de la cuisine puis attrapa un épluche-légumes que la jeune femme avait déposé sur le plan de travail. "J'vais te filer un coup de main, j'ai horreur de rester les bras croisés. On m'a appris à être serviable." Un sale caractère bourru et grognon, certes, mais extrêmement bien élevé. C'est assez perturbant par moments, il faut bien le dire. Sans demander son avis à la jeune femme qui semblait bien partie pour s'occuper du rôti, il prit une pomme de terre et l'éplucha rapidement. En prime, Emy était certaine de se faire un début de bonne place au moins pour la soirée : tout comme son père, Kilian était un ventre sur pattes. Gourmand, et même glouton, il ne serait pas idiot de penser que son organe le plus vital était son estomac, non son coeur. Un Salaun bien nourri est un Salaun abordable. "Pour en revenir à notre conversation, je pense que tu fais bien de ne pas faire trop de plans à l'avance. Je ne connais pas ton expérience avec les relations amoureuses avant Stephen, c'est toi que ça regarde, mais je pense que Stephen agit aussi précipitamment parce qu'il est un peu... maladroit. Ouais, j'ai le droit de l'juger, j'suis son pote." ajouta-t-il avec un petit sourire amusé au coin de la bouche. "Il a pas eu énormément d'attache affective dans sa vie, du coup, dès qu'il trouve quelqu'un, il s'y attache au maximum comme une moule à son rocher et il fait tout pour être sur que cette personne va rester. Parler bébé ou offrir une bague plutôt symbolique, par exemple, tu vois ce que je veux dire ?" Oui, il était bien au courant de cet épisode remontant à la soirée du vernissage. Et il l'avait désapprouvé. Non pas qu'il pense qu'Emy n'était pas la femme de sa vie, ce n'est pas là le problème : il allait tout simplement trop vite. "Je ne te connais pas trop, mais je pense que les trucs trop cadrés, trop rapides, ça te met trop de pression, peut-être ? A moins que vous n'ayez toute votre vie planifiée devant vous, c'est sûrement un peu tôt pour causer mouflons et couche-culottes. Si j'avais un conseil à te donner, c'est de le laisser faire preuve de petites attentions. J'en sais rien, moi... un dîner romantique de temps en temps, des sorties en couple, ce genre de choses pour le rassurer. Si tu tiens à lui, il faut lui montrer. Moins il flippera, moins il pensera à l'avenir et moins il te mettra la pression. Enfin, je pense." Alors qu'il en était à sa cinquième pomme de terre épluchée, Kilian secoua la tête avec un soupir. "Moi qui avait dit que je ne me mêlerai pas de vos affaires... enfin bon, on est là pour être honnêtes."