Etant arrivée à Berkeley quatre auparavant, alors qu’elle n’était âgée que de 17 ans, Leyna Jackson-Stones avait connu le premier échange qui avait eu lieu avec la célèbre université californienne. L’échange en question s’était fait avec la Sorbonne, une prestigieuse école française. Ainsi, une cinquantaine de frenchies avaient débarqués sur le campus. A l’époque, Ryan était encore en vie et Leyna était heureuse, ou du moins, c’est ce qu’elle croyait, puisqu’après tout elle n’était jamais tombée aussi bas. Il avait beau être ce qu’elle croyait être l’amour de sa vie, c’était lui qui l’avait fait raté ses études, c’était lui qui l’avait initié à l’alcool et pire encore, à la drogue. Avant lui, elle n’avait jamais touché à ces choses là, bien trop consciencieuse et désireuse de réussir sa vie. Après l’overdose de Ryan, elle s’était ainsi sentie très triste, complètement désoeuvrée et désemparée. Elle n’aurait pas pensé pouvoir s’en remettre un jour et l’idée de mettre fin à ses jours lui avait traversé l’esprit. Heureusement qu’elle avait pu compter sur le soutien de ses amis les plus proches pour l’aider à traverser cette période difficile. A cette époque, elle était une fille qui avait tout perdu, raison pour laquelle participer à l’échange lui paraissait totalement dépourvu d’intérêt. Ayant repris du poil de la bête depuis et surtout, ayant repris goût à la vie et ayant plein de projets en tête pour le futur, Leyna ne pouvait laisser passer la chance de participer à ce nouvel échange qui se présentait à elle. Non seulement elle allait pouvoir rencontrer de nouvelles têtes mais elle pourrait aussi s’enrichir de nouvelles cultures. L’Europe, elle n’y avait encore jamais mis les pieds. Passionnée par le voyage et née en Australie, soit en Océanie, mais en dehors de cela elle n’avait jusque là été que sur le continent américain. Lorsqu’elle postula pour avoir un ou une correspondant, elle ignorait encore tout du voyage au ski au Canada, et elle pensait vraiment que si elle était acceptée, on lui attribuerait une demoiselle en guise de correspondante. Mais bien sûr, avec sa poisse légendaire, les choses ne pouvaient pas être simple. Elle s’était retrouvée avec un jeune homme prénommé William qui lui causait du fil à retordre. Il était vraiment à son goût mais avait un véritable caractère de cochon. L’une des règles du voyage spring break au ski était que les correspondants devaient partager le même chalet. Contre toute attente, le jeune homme s’était débrouillé et avait trouver dieu sait quelle excuse pour ne pas se retrouver avec Leyna. Il se plaisait visiblement à l’éviter et surtout, à la rendre dingue. Il avait beau avoir un physique avantageux, Leyna n’avait pas envie de jouer à la potiche qui lui court après. Cependant, voyant que le petit jeu de William commençait à durer, elle était bien décidée à aller le trouver durant le voyage pour lui faire comprendre qu’en participant à l’échange, il avait accepté de se retrouver avec une correspondante. Elle n’était peut-être pas celle qu’il avait voulu avoir, mais ce qui était certain, c’est que quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête. Que se passait-il actuellement dans sa vie pour qu’il se montre aussi exécrable et désagréable avec les gens ? D’après des échos de son entourage, elle avait cru comprendre qu’il ne se comportait pas comme cela qu’avec elle, mais avec tout le monde. Elle ne savait pas encore si cela était une bonne chose, mais elle savait qu’il lui devait des explications et qu’il allait devoir s’expliquer. Leyna avait beau être gentille, elle n’aimait pas qu’on la prenne pour une conne et encore moins qu’on lui manque de respect. Ainsi, lors du premier jour à Whistler Blackcomb, les étudiants avaient pour mission de s’installer dans leur chalet tranquillement puis de rejoindre l’un des bars de la ville pour tous se retrouver et commencer à faire connaissance. La plupart d’entre eux voyaient surtout cela comme une opportunité de faire la fête. Soit. Lorsqu’elle entra dans le bar en question accompagnée de ses trois colocataires, Lux, Venia et Faith, Leyna fit un tour du propriétaire du regard afin de voir si elle reconnaissait quelques têtes. Elle avait fait le voyage avec June, sa meilleure amie, et bien qu’elles ne partagaient pas le même chalet, elle avait bien l’intention de passer du temps avec elle durant ces dix jours. Tandis que les quatres colocataires se dirigèrent vers une table, Leyna s’excusa auprès d’elle. « Dites les filles, je reviens dans un moment, faut que j’aille lui dire deux mots à celui là ! » lança-t-elle sur un ton plus que déterminé. Elle avait aperçu William, seul à une table. Tandis qu’elle le regardait et s’approchait, elle aurait pu jurer qu’il venait tout juste de la remarquer et qu’il avait intentionnellement tourné la tête pour ne pas avoir à l’affronter. Malheureusement pour lui, elle était plus que décidée à le confronter. Elle arriva à sa haute et s’assit en face de lui sur le tabouret qui était libre, sans lui demander sa permission. « Salut », lui dit-elle. « Faut qu’on parle, tu crois pas ? ». A vrai dire, elle ne lui laissait pas vraiment le choix.

Bon, William ne semblait décidemment pas ouvert à une quelconque discussion. Leyna n’avait pas en tête de le poursuivre, de le harceler ou de lui prendre la tête. Au fond, tout ce qu’elle désirait, c’était d’apprendre à connaître son correspondant après tout. Et c’était son droit. S’il n’était pas intéressé par l’échange, pourquoi diable aurait-il voulu s’y inscrire ? La belle australienne devait, encore une fois, faire face à sa poisse, à sa malchance légendaire. Pourquoi ne pouvait-elle pas, pour une fois, faire les choses simplement, comme tout le monde ? Cette fois, elle ne comptait pas abandonner sans une bataille. Elle allait insister, jusqu’à ce que William cède. Et puis, plutôt douée en amitié et surtout pour écouter les autres, Leyna avait également une sorte de 6e sens ; elle parvenait facilement à cerner les gens. Un coup d’œil lui suffit le plus souvent à comprendre une personne, à savoir si elles ont quelque chose en commun et autres. Avec le jeune homme, c’est différent ; très renfermé sur lui même et particulièrement amer envers elle, force est de constater que la tâche allait s’avérer plus difficile. Beaucoup plus difficile, mais s’il pensait qu’elle allait le laisser tranquille, il pouvait toujours rêver. Elle allait bel et bien finir par l’amener à discuter, puis dans un futur plus ou moins proche, à se confier. Leyna le ressentait et le savait au fond d’elle, ce mystérieux blond à l’accent british cachait un lourd secret, un lourd passé. Peut importe de quoi il s’agissait, il laissait transparaître un mal être évident. Et les gens en détresse, Leyna ne peut s’empêcher de venir à leur rescousse. Leyna s’adressa à son correspondant avec un ton involontairement autoritaire qu’elle ne se connaissait pas. Mais, rien à faire, il ne semblait pas le moins du monde intimité par elle. En même temps, qui serait intimidé en face d’une petite brunette toute frêle d’environ 1 mètre 55 ? Personne, sans doute. Elle décida cependant de ne pas se dégonfler, bien qu’elle n’apprécia pas du tout le temps employé par William lorsqu’il lui répondit clairement qu’elle l’emmerdait. « Ecoute, jm’en fiche que tu aimes les conversations longues ou pas, ou que t’aies envies de me parler ou pas, c’est pas mon problème. Tout ce que j’sais, c’est que tu t’es inscrit pour participer à l’échange. Manque de bol, tu t’es retrouvé avec moi, maintenant, t’as pas le choix, faut faire avec. Alors autant faire au mieux pour que les choses se passent bien ! » lança-t-elle d’une traite sur le même ton autoritaire, cash et direct que tout à l’heure. William semblait tellement blasé, il avait sincèrement l’air de n’en avoir rien à faire. Mais alors, vraiment rien. Leyna remarqua d’ailleurs qu’il faisait exprès de prendre toute la place afin qu’elle parte et le laisse tranquille. Rien que pour lui renvoyer la monnaie de sa place, elle le poussa et s’assit à côté de lui sans lui demander son avis. « Non mais franchement, j’ai fait quoi pour mériter d’être traitée de la sorte ? Tu dois être sacrément frustré ou malheureux dans ta vie pour te permettre d’agir ainsi avec ton entourage ». A peine eu-t-elle terminé sa phrase qu’elle vit quelque chose se passer dans les yeux de William ; on aurait dit qu’elle venait de toucher un point sensible. Il n’était pas le moment de laisser tomber, mais elle ne voulait pas non plus le brusquer ou l’agresser, d’autant plus qu’elle ne savait toujours ce qui le rendait ainsi. « Tout ce que je veux, c’est qu’on discute. Et contrairement à c’que tu crois, je pense qu’on aurait plein de choses à se raconter. Mais d’abord, il faut que tu te réveilles un peu et que tu lâches ce que tu as sur le cœur car tu as visiblement un problème. Après, t’es pas obligé de te confier à moi, mais je pense que tu devrais sincèrement faire quelque chose car je me trompe rarement sur les gens » ajouta la brunette. Elle venait de s’exprimer avec un franc parler incroyable. Toute ce qu’elle avait sur le cœur venait enfin de sortir, après tout, c’était peut-être elle qui avait besoin de vider son sac. Leyna s’attendait à ce que William la contredise, et si tel était le cas, elle ne le croirait pas. Elle espérait donc qu’il allait lui parler, non pas de sa vie et de ses problèmes – puisqu’après tout, ils ne se connaissent pas – mais simplement de tout et de rien. Faire connaissance. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » lui demanda-t-elle en remarquant son verre presque vide à présent. « C’est pour moi ». Elle avait tellement envie que le courant passe entre eux qu’elle était prête à tout, enfin, presque. S’il y a une chose qu’elle n’accepterait pas, c’est que William lui manque de respect.

Bon, c’était loin d’être gagné. Leyna avait beau avoir entendu tout un tas de préjugés sur les anglais, elle était loin d’imaginer qu’ils pouvaient être aussi pénibles. Clairement, ce William avait un problème. Soit c’est un vrai emmerdeur, soit il est complètement taré. L’australienne donnait tout son possible pour essayer d’engager la conversation mais son blondinet de correspondant semblait en avoir décidé autrement. Peut-être avait-il été influencé par un autre élève ou alors peut-être avait-il fait un pari avec quelqu’un ? Quoi qu’il en soit, son comportement devait bien avoir une explication, et elle allait le découvrir tôt au tard. Malgré ses nombreuses qualités, Leyna est loin d’être une femme parfaite. Impulsive comme jamais – défaut qu’elle a clairement hérité de sa mère - autant dire que les répliques de William commençaient sérieusement à lui taper sur le système. Autant le dire, l’anglais lui faisait gentiment perdre patience. « Ecoute si tu as envie de faire de l'humanitaire, tu devrais aller en Afrique j' ai pas besoin de toi, et pourquoi tu veux qu'on discute? Je m'appelle William Rhodes , j'ai 23 ans je viens de Liverpool j'étudie la psychologie, tu veux un dessin ou c'est assez clair? », lui répondit finalement le jeune homme. Avait-elle bien entendu ? S’était-il vraiment adressé à elle de la sorte ? Complètement abasourdie, elle ferma les yeux un instant, soupira et se répétait dans sa tête qu’elle se devait de ne pas péter un câble, d’être patiente, et surtout, de ne pas rentrer dans son jeu. En effet, si elle commençait à faire comme lui, ils n’étaient pas sortis de l’auberge. Malgré le ton employé par William, Leyna avait pris sur elle en lui proposant à boire, ce à quoi il lui répondit la chose suivante. « Une boisson qui me permettrait de disparaître , tu devrais en boire une également et en premier ça me serais utile , a moins que tu veuilles rester encore un peu, je sais que je suis plutôt pas désagréable à regarder, mais tu peux aussi partir je t'enverrai une photo pour que tu puisses m'admirer sans que je sois obligé d'être présent ». Bon, cette fois, c’en était trop pour Leyna. Pour qui se prenait-il, sérieusement ? Après son comportement, il aurait pu s’excuser ou du moins faire profil bas, mais non, en rajouter une couche à chaque fois semblait être plus amusant à ses yeux. Se payait-il sa tête ? Elle se le demandait. Jamais elle n’avait encore rencontré un être aussi odieux. Il avait beau avoir raison sur le fait qu'il était plutôt pas mal physiquement, son attitude le rendait totalement immonde et imbuvable. « Non mais t’as été élevé par des ours ou quoi ? On t’a jamais appris les bonnes manières ? Incroyable, j’ai jamais vu ça de ma vie ! » s’exclama-t-elle, furieuse. « Quel crétin » marmonna-t-elle, ignorant s’il avait entendu cette remarque un peu puérile. Il était désormais évident que William voulait énerver Leyna, et en y réfléchissant un instant, perdre son calme était la dernière chose à faire, car cela signifierait qu’elle serait rentrée dans son jeu et qu’il en serait le vainqueur. « Ecoute, je veux bien faire des efforts et prendre sur moi, mais tu m’as l’air tellement inintéressant que je vais te laisser tout seul à ta table et aller rejoindre des gens qui eux en valent la peine » balbutia Leyna, qui se retourna ensuite pour aller rejoindre Venia, Lux et Faith, entre autres. A quoi bon, après tout. « Je prends un verre de vin rouge » entendit-elle soudain dans son dos. William, sans aucun doute. Elle s’arrêta et pensa à ce qu’était la meilleure chose à faire. L’ignorer ou s’en aller, ou bien prendre cela comme une invitation à pouvoir enfin discuter plus sérieusement. Elle se retourna donc en lui jetant un regard entendu. « Je reviens », dit-elle en se dirigeant vers le bar. Peu habituée à sortir, Leyna avait clairement plus l’habitude d’être derrière le bar puisque c’est en cela que consistait son job d’étudiante à San Francisco. « Deux verres de vins rouges s’il vous plaît. Vous avez du Marquès, ce fameux vin espagnol ? » demanda-t-elle au barman. Par chance, ce dernier lui répondit que oui et lui tendit les deux verres. Leyna était amusée par le fait que son correspondant ait choisi un verre de vin rouge. Il aurait pu choisir une bière ou n’importe quoi d’autre, mais du vin, elle ne s’y attendait pas. D’autant plus qu’elle en était elle même folle, peut-être avaient-ils donc quelque chose en commun ? En même temps, bien qu’elle ne connaissait pas encore son correspondant, elle était persuadée qu’il était plein aux as et que son choix était donc justifié. « Tiens ». Elle lui tendit son verre et s’assit en face du jeune homme. Elle hésita à lui proposer de repartir à zéro, mais elle ne voulait pas qu’il pense que son attitude pouvait être excusée aussi facilement. « Alors, que penses-tu de Whistler Blackcomb ? Et qu’en est-il de tes colocataires ? J’imagine que tu ne pouvais pas rêver mieux, puisque tu as réussis à m’échapper » lança-t-elle sur un ton qui se voulait un peu sarcastique, histoire de tester un peu William. « En ce qui me concerne, je te remercie, j’ai fait des rencontres super grâce à toi et je passe une semaine de folie ». C’était vrai, elle connaissait déjà Venia et Lux, mais sa quatrième colocataire lui était étrangère avant ce spring break. Et puis, au moins, quand elle était avec ses amies, Leyna pouvait penser à autre chose à qu’à son malotru de correspondant.

La situation entre les deux élèves de Berkeley n’était pas prête de s’arranger. Pour ce faire, il aurait fallu que William se détende un peu fasse un effort pour ne pas rembarrer Leyna à chaque phrase émise. Elle avait beau avoir toujours été réputée pour son fort caractère et sa répartie, elle essayait pourtant de ne pas répondre à toutes les remarques du blondinet aux allures de surfeur. Non, elle n’aimait pas se faire rembarrer, et pourtant, elle était prête à ravaler sa fierté juste pour apaiser l’ambiance, améliorer la situation. William est un homme doté d’un certain charme, et il le savait, d’autant plus qu’il avait peut-être remarqué que l’australienne n’y était pas totalement insensible. S’il avait été plus agréable dès le départ, peut-être qu’ils en seraient déjà à un autre stade. Mais non, ce gamin d’anglais avait décidé de lui donner du fil à retordre. A bout, elle venait de lui parler sur un ton peu convenable ; elle venait tout simplement de péter un câble. La réponse du jeune homme ne se fit pas attendre longtemps. « Au saut du lit, mon père peut avoir l'air d'un ours mais ma mère non donc honnêtement je ne pense pas à avoir été élevé par des ours à moins que je ne sois pas au courant d'une partie de mon enfance. En ce qui concerne les bonnes manières, j'en ai oui, quelques fois, pas tout le temps c'est trop fatiguant » répondit William d’un ton on ne peut plus sérieux. Non mais sérieusement, venait-il de lui répondre tout un baratin sur les ours ? Peut-être que les anglais ont de la difficulté à saisir le second degré. Après mince réflexion, Leyna se dit tout simplement que cette réponse était une nouvelle tentative de la faire sortir de ses gonds. Et puis, involontairement, il venait tout de même de lui parler de sa famille ; elle venait donc d’en apprendre un peu plus sur lui. « Ouais, j’avais saisi que t’étais un gros fainéant, vu que le simple fait d’être aimable te fatigue » lâcha-t-elle sur un ton à la fois blasé et épuisé. Elle avait eu une journée bien remplie, et le fait de devoir se battre avec cet imbécile pour avoir ne serait-ce qu’un semblant de conversation la rendait d’autant plus fatiguée. Elle décida cependant de ne pas relever plus de la chose, histoire de ne pas lui donner de la matière pour la rembarrer davantage. « Ah ben tu vois, j’aurai au moins appris un semblant d’information sur ta famille, on avance ! » lui dit-elle tout sourire, espérant le faire réagir. « Lentement mais sûrement, comme avec les enfants ! » ajouta la brunette, pensant sincèrement que la comparaison William-bambin était justifiée. Puis, après l’avoir traité de crétin en presque silence, ce dernier l’a ‘malheureusement’ entendue. « Quel crétin ? Qu'est-ce qui t'arrives ? On dirait une enfant dans la cour de récré, hé maîtresse le méchant il m'a volé mon goûter c'est un crétin ! » déblatéra le jeune british avec son accent ‘marrant’ qui fit rigoler Leyna, malgré elle. Cette fois, la situation avait atteint un certain niveau, c’en était certain. Elle le regarda, dépitée. Comment un homme ayant la vingtaine puisse être aussi enfantin et soulant ? « J’suis censée rire ? » dit-elle à l’attention de William. « Parce que franchement, ça relève vraiment de la cour des grands comme ‘blague’ – ça doit être un humour anglais qui ne fait rire que vous. Bref… » soupira la jeune sigma, exaspérée mais rassurée de voir qu’au vu de la tête que faisait son interlocuteur, il n’était lui-même pas fier de sa réplique, qui n’était pas franchement crédible. Il venait de passer pour un idiot, cette fois c’en était sûr. « Tu t’y connais en vin ? » demanda alors William après que Leyna eu terminé de commander à boire. Qui sait, elle venait peut-être de marquer un point. Avec la chance qu’elle avait en général, et surtout avec lui, elle décida de ne pas trop se vanter. « Pas plus que cela, un minimum, disons. Pourquoi, ça t’étonne ? » lui demanda-t-elle sur un ton un peu taquin, bien décidée à détendre l’atmosphère. Elle n’était pas sûr que le jeune blond ait entendu sa réponse, puisqu’il semblait perdu dans ses pensées. « Nostalgique ? » osa-t-elle suggérer. Etant donné qu’il venait de lui demander quelque chose sans lui parler méchamment ou sans la rembarrer, elle se dit que c’était le moment ou jamais de tenter un rapprochement. Non pas dans le sens de la séduction, mais tout simplement pour apprendre à se connaître. Puis, elle décida de lui demander ce qu’il pensait de l’endroit, du spring break, tout en relevant le fait qu’il ait réussi à lui échapper pour les logements. « Je ne sais pas qui a eu l'idée de partir en Spring Break dans une station de ski mais c'était stupide, mes colocataires hum de toute façon ce n'est pas important, non je n'ai pas réussi à t'échapper puisque tu es ici avec moi » lâcha-t-il d’une traite. Quel rabat-joie, du jamais vu ! Leyna ne releva pas ses propos et se contenta de lui faire comprendre qu’elle passait un bon séjour jusqu’à présent et que ce n’était pas la mauvaise humeur d’un fils pourri-gâté qui allait changer cela. « Que tu passes une semaine de folie ou une semaine nullissime pour moi c'est la même chose, je ne suis pas ton journal intime on est d'accord ». Cette fois, c’en était trop ! Elle décida de respirer un bon coup, histoire de ne pas sur-réagir et ainsi perdre en crédibilité. « Bon, j’ai à peu près tout essayé, et si tu ne veux pas discuter ni même être simplement aimable, je laisse tomber – ce n’est pas dans mes habitudes, mais là, tu me fais juste perdre mon temps » lui dit la brunette, déçue. Elle ne voyait pas quoi faire d’autres, il était temps que William réagisse et fasse un effort de son côté s’il voulait que la situation s’améliore. Leyna se leva et dit un dernier mot au jeune homme, avant de se retourner. « Si c’est vraiment ce que tu veux, j’irai dire au doyen lorsqu’on sera rentré que notre correspondance est terminée. Ainsi, tu seras libre d’agir comme tu le veux sans que cela ne retombe sur moi ». Elle espérait qu’il allait la retenir, elle qui avait tellement eu envie d’avoir un correspondant. Elle n’attendait pas de lui des excuses, non, juste qu’il la retienne et qu’il discute, sans la rembarrer non-stop. Et puis, elle aurait bien bu un bon shot de tequila, histoire de se calmer un peu.