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« Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. »

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MessageSujet: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyDim 22 Juil - 15:14

« Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » Tumblr_m6ikpyHfWx1ryfhmpo1_500

"Youhoooou, Marc !! J'ai fais la fête toute la nuit hier au Lexington, et devine qui a mis ses seins à l'air devant toute la… qu'est-ce que tu fabriques, chou ?" L'une des pigistes de la maison Shark, une petite blonde un peu allumée et toujours à la fine fleur de la mode venait de faire son entrée dans ce que les employés avaient coutume d'appeler le No Man's Land, à savoir le bureau du grand patron en personne. Le boudoir de Lucifer en personne. A l'intérieur, il y avait déjà l'assistant fétiche rendu à quatre pattes sous le bureau… sans le patron, ne vous faites pas d'idée. Il se releva en présentant triomphalement trois grains de poussière dans le creux de sa main. "On est en code 'fushia'.T'as mis une fille enceinte ?!Non, ça c'est le code 'jamais', chérie ! Le vénéré boss revient d'un week-end à Rome pour rencontrer un partenaire italien et pour se détendre… Tu sais aussi bien que moi que les week-ends détentes ont tendance à le crisper encore davantage ! En plus, toute sa journée est bookée avec des rendez-vous en pagaille de gens que je ne connais même pas : j'ai eu beau faire le tri, je n'ai pas pu tous les refuser ou les reporter." L'assistant sortit sa ventoline et en prit une bonne bouffée : depuis qu'il travaillait pour Joe, Marc avait développé une étrange forme d'asthme nerveux, allez savoir pourquoi. "Du coup, je fais tout pour rendre ce bureau plus clean que clean afin qu'il n'ait qu'à mettre les pieds sous la table et… et… et j'ai peur… - T'en fais pas, chou. Je suis là. Si t'as une amie, c'est moi. Je vais te… - QUELQU'UN VA SE FAIRE VIRER AUJOURD'HUI !" rugit une voix virile et forte juste après le 'ding' de l'ascenseur indiquant qu'une personne venait de faire son entrée à l'étage de la maison Shark. Un sursaut général s'empara des employés qui se jetèrent sur leurs bureaux pour prendre une mine plus affairée et soumise que jamais. Couarde comme personne, la soi-disant amie de Marc lui faussa compagnie au pas de course en prétextant qu'on l'avait appelée ailleurs, au moment où Joe fit son entrée d'un pas rapide et énervé dans son bureau. "Mesdames et messieurs, Joe Shark !" lança-t-il théâtralement en attrapant au vol le manteau et la serviette de cuir que le patron lui lança machinalement pour se débarrasser. L'Anglais marcha jusqu'à son minibar près du bureau et poussa un grand soupir. "J'ai voyagé pendant tout le trajet du retour à côté d'un Ukrainien qui essayait de faire comprendre à une hôtesse de l'air qu'il avait envie de la culbuter… Tu as déjà vu un Ukrainien essayer de se faire comprendre oralement et par le langage des signes ? Euh, je… - Crois-moi, ça vaut le détour. Figures-toi qu'à Rome, ils ont eu le culot de…" Tandis qu'il se servait une tasse de thé, Joe s'interrompit et fronça les sourcils en regardant autour de lui avec un air suspicieux. "Attends… je sens comme une odeur de peur. Marc, qu'est-ce que tu as fait de mal ?" L'assistant écarquilla les yeux, paniqué par le flair infaillible de son patron. Lentement mais sûrement, le timide Marc observa quelques pas de recul afin de tenter d'échapper à la portée du Britannique. "Oh, Joe, tu sais… le Bien et le Mal, c'est une question de perception qui… AÏE !! Tu-as-une-journée-blindée-de-meetings-et-je-n'ai-pas-pu-tous-les-faire-reporter-ou-annuler !!" avoua-t-il à toute vitesse en se faisant tirer l'oreille par l'éditeur. Celui-ci consentit à le lâcher en prenant un air exaspéré devant son assistant qui se protégeait de ses mains comme s'il allait le rouer de coups. "Arrêtes de te cacher derrière tes mains, Marc. Je n'ai pas besoin de te frapper pour t'atteindre : en deux mots bien placés, je te fais pisser dans ton pantalon. Alors laisses-moi vingt minutes et fais entrer mon premier rendez-vous quand il se présentera. Et tu diras à Kathy de passer me voir ensuite : son dernier papier était catastrophique et je la virerai. Quand je lui parlerai, je veux que tu restes près de moi en hochant gravement la tête pour lui donner l'impression que ce n'est pas un licenciement abusif."

Ravi d'avoir été épargné mais pas moins stressé pour autant, Marc tourna les talons et s'enfuit à grandes enjambées du bureau qu'il referma soigneusement derrière lui. Joe se laissa tomber dans son confortable fauteuil de cuir noir puis tourna pour se retrouver face à l'immense baie vitrée offrant une vue spectaculaire sur le centre-ville de San Francisco, dominée depuis le bureau de Shark. Celui-ci fit tourner le thé au citron dans sa tasse avec une petite cuillère et en but quelques gorgées d'une manière lente pour en profiter. Il n'avait que vingt minutes pour essayer de se détendre, autant les mettre à profit d'une façon so british.
Il lui parut que ces minutes s'écoulèrent à une vitesse bien de trop hallucinante. Marc se fit reconnaitre par le haut-parleur du bureau de Joe. "Fais-la entrer, Marc." L'éditeur se tourna enfin et se leva de son fauteuil pour accueillir son rendez-vous… Et la surprise fut de taille. "Iris ! Ca alors !" Enfin, pour la première fois depuis vendredi passé, un sourire orna les lèvres du grand requin blanc. Celui-ci contourna son bureau pour venir saluer chaleureusement une amie d'enfance qu'il avait perdu de vue depuis des lustres. "Comment vas-tu ? Ca fait une éternité qu'on ne s'est pas revus… quel bon vent t'amènes ? Je ne te cache pas que cette journée avait très mal commencé, je pense qu'elle va aller en s'améliorant." ajouta-t-il en déposant galamment ses lèvres sur le plat de sa main, avant d'inviter son amie à s'asseoir face à son bureau. Pauvre Joe… si seulement il savait…
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyDim 22 Juil - 20:54


    A voir la façon de gesticuler de Marc, l’assistant de Joe, Iris était en droit de redouter le pire quant à l’humeur de cet ancien ami proche avec qui elle avait coupé les ponts du jour au lendemain, sans une explication. Pourtant, elle n’avait aucun regret. D’autres auraient tremblé en mettant un pied dans ce grand bureau en faisant face à ce requin des affaires, mais la blonde affichait un sourire enjoué, angélique même, et du haut de ses quarante ans, elle était manifestement ravie de le revoir. Rien ne sut l’empêcher de serrer Joe contre elle histoire de marquer le coup, d’ailleurs. Vingt-quatre ans qu’ils ne s’étaient pas vus et pourtant, l’éditeur l’avait reconnue au premier regard sans l’ombre d’une hésitation. Comme quoi, certaines personnes marquent plus que d’autres. « Tu n’as pas changé d’un pouce espèce de vieux chnoque ! Sexy, mais vieux chnoque quand même… je suis tellement, tellement contente de revoir Joe ! » Pour l’instant, Iris profitait de ses retrouvailles avant même que de passer par la case aveu. Elle était presque flattée que Joe ne lui avoue voir sa journée d’un bien meilleur œil maintenant qu’elle était présente, mais ne perdait pas de vue qu’hélas, d’ici quelques minutes, son ancien acolyte allait très rapidement déchanter. Tout lui prouvait qu’il soit le même que lorsqu’elle avait seize ans : il faisait peur aux personnes le côtoyant, ne supportait pas la médiocrité et encore moins la trahison. Manque de bol, Iris allait probablement être cataloguée au rang de traîtresse si d’aventure elle s’amusait à dire le moindre mot à propos de son fils, Vitaly, la chair de sa chair, LA personne la plus importante dans son existence tumultueuse. D’ailleurs, Iris ne s’était jamais mariée, n’avait que rarement des conquêtes pour la combler et se satisfaisait parfaitement de son boulot prenant et passionnant, comme de son petit fils, Jonah, dont elle était littéralement folle. En somme, elle n’avait rien perdu de son enthousiasme légendaire, ni même de ce sourire à faire fondre la gent masculine comme un caramel sucré sous un rayon de soleil. La preuve, Joe l’avait reconnue sans hésitation ! « Tu es magnifique, dis-moi ! Quel est ton secret, vil séducteur ? » Sans même avoir d’écho quant à la vie de l’éditeur, elle l’imaginait au bras de multiples femmes, jamais la même d’un soir sur l’autre. Iris n’était pas sans savoir que cela n’aurait jamais collé, entre eux. Leurs tempéraments restaient bien trop opposés pour qu’ils ne s’entendent amoureusement parlant… en revanche, tout portait à croire qu’ils seraient restés très proches, si elle n’avait pas décidé de prendre la poudre d’escampette du jour au lendemain en découvrant sa grossesse. « Merci de me recevoir, en tout cas. Je sais que cela fait très longtemps que tu n’as plus de nouvelles de moi, vingt-quatre ans pour être précise, mais… si je suis ici aujourd’hui, et pardonne par avance mon impudence, mais c’est pour te demander une faveur. » Le ton était donné. Hélas.

    « J’ai un fils. Il a vingt-quatre ans et est ma seule famille. Mais il a perdu la vue dans un accident, à cause d’une lésion cérébrale comprimant ses deux nerfs optiques. Il y aurait une opération possible, mais malgré toutes les ruses du monde, il refuse d’entendre raison. J’ai pensé qu’une présence masculine pourrait peut-être être bénéfique… tu es plutôt persuasif si je me souviens bien, il n’y a aucune raison que cela ait changé étant donné la place qui est la tienne ! Je ne sais plus du tout quoi faire. Sincèrement, même moi qui suis une machine à plans b ambulante, je suis au bout du tunnel. » Iris ne savait pas si Joe allait voir exactement où elle voulait en venir, mais de toute évidence, il faudrait probablement lui mettre les points sur les i. Elle l’imaginait déjà demander un test de paternité avant même que de vouloir engager la moindre conversation avec le jeune homme, mais elle imaginait également Vitaly refuser catégoriquement la chose. Après tout, il ne lui avait rien demandé, et surtout pas de se pointer au bureau de son père biologique pour le supplier de lui donner un coup de main… son propre fils la trouverait folle si seulement il savait ! « Vitaly ne sait pas que je suis ici. J’agis toute seule, tu me connais. Joe, je sais que je te demande beaucoup, mais jusqu’ici je ne t’ai jamais rien demandé et je ne l’aurais pas fais si j’avais eu le choix, crois-moi. » La magnifique blonde n’osa pas poursuivre, se contentant de sourire de manière sincère histoire que la pilule ne passe plus facilement. Si toutefois il avait compris le message, ce qui n’était pas nécessairement gagné…
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyLun 23 Juil - 7:20

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"Comment ça, 'vieux' ? Je suis aussi bien conservé que toi pour mon âge, voyons !" Un brin de machisme derrière une plaisanterie pour rebondir, c'était typiquement Joe. Celui-ci s'assit à nouveau dans son grand fauteuil et caressa la ligne de son torse du bout de l'index, un air plus charmeur que jamais sur le visage. "Le secret, c'est le sport. Toute sorte de sport." A commencer par le sport de chambre, sous-entendu. Et de ce côté-là, malgré sa quarantaine récemment passée, notre homme était toujours aussi frais et énergique qu'à ses quinze ans, l'âge de ses premiers ébats. Le Britannique attendit donc sagement qu'Iris lui expose l'objet de sa visite : on ne sort pas d'un tel silence pour une simple envie de partager un thé entre vieux amis. Et voilà, le mot était lancé : elle voulait lui demander une faveur. Le mot qu'il ne faut surtout pas lancer à un homme qui ne rend service que lorsqu'il y voit un intérêt personnel. Faire plaisir aux autres sans penser à sa petite personne, c'était si rarissime que cela en devenait presque un mythe impossible à vérifier. Toutefois, il ne chercha pas à interrompre Iris d'entrée de jeu, se remémorant qu'elle était l'une des rares personnes avec qui il s'était vraiment entendu dans sa vie, même si ce n'était pas à un niveau comparable avec Noah, par exemple. Tandis qu'il portait sa tasse de thé à ses lèvres, Iris entama son long plaidoyer en faveur d'une éventuelle mansuétude chez un homme dépourvu de générosité... et la sentence tomba comme la lame d'une guillotine sur le cou d'un condamné à mort. Directe, abrupte et rapide.
L'Anglais avala son thé de travers et lâcha sa tasse au sol en se mettant à tousser bruyamment, secoué par une impossibilité totale de respirer. Il tapa du poing sur son bureau et, presque immédiatement, Marc rappliqua au pas de course. L'assistant se plaça dans le dos de son patron qui lui fit signe de lui taper dans le dos pour qu'il évite de s'étrangler définitivement. Seulement voilà... comment Marc pourrait-il oser frapper Joe Shark, même si celui-ci lui en donne l'ordre ? Il lui effleura à peine le dos, de peur que ce soit un test et que Joe le frappe à son tour. L'éditeur lui lança un regard vif et empli de colère, cette fois Marc réagit en lui mettant une tape bien plus forte. La toux du Britannique daigna enfin s'arrêter, l'étranglement était terminé. "Ce sera tout, Marc." L'assistant baissa docilement la tête avec un faux sourire puis s'éclipsa à la vitesse de la lumière du bureau, laissant Iris et Joe faire face au problème monstrueux que la femme mettait en relief.

Pendant quelques instants, le businessman laissa planer un silence pesant. Son regard bleu lagon se fit perçant, froid... et presque meurtrier. Comme s'il était télépathe et qu'il s'insinuait dans les pensées d'Iris à l'insu de cette dernière. Non, elle n'avait pas l'air de mentir. La colère commença à faire bouillir la glace qui circulait dans ses veines, tambourinant dans ses tempes comme un gong infernal. Lui qui pensait en avoir fini avec ces histoires de paternité surprise, voilà qu'on lui collait un nouveau gosse sous le nez ? Et de vingt-quatre piges, celui-là ?! Dieu merci, Joe était loin d'être un homme se laissant dominer par la colère, explosant pour un rien même si l'envie est là. Il se contenta de chasser les plis de son costume pour le remettre en place après l'épisode du thé étrangleur, le visage digne, fermé et parfaitement énigmatique comme à son habitude. Si Iris voulait revoir le Joe chaleureux auquel elle avait eu droit en arrivant, elle se collait le doigt dans l'oeil jusqu'au petit orteil. C'est terminé. "Tout compte fait, il semblerait que cette journée soit définitivement placée sous le signe de... la contrariété." Oh non, le quarantenaire n'était absolument pas ravi de ce qu'il apprenait. Cependant, demanderait-il un test de paternité aux concernés ? Non. Cela peut paraître surprenant, mais il ne le ferait pas. Avec les années, il avait su déceler le mensonge chez autrui mieux que les experts des services secrets ou du FBI et autres CIA. Iris ne lui mentait pas. Il l'aurait su tout de suite, l'expérience dans les affaires offre une palette incroyables de capacités aussi pratiques. Son regard se planta dans celui de celle qui s'était faite passer pour son amie, sévère et contenu à la fois. "Tu rentres dans mon bureau après vingt-quatre ans d'absence pour m'annoncer que je suis le père d'un aveugle dont je ne sais absolument rien, et tu espères de moi que je vienne t'aider à régler son problème de cécité ? Dois-je poursuivre ou bien tu as compris par toi-même que cela ne te mènerait nul part ?" Sa voix était calme, même polie et incroyablement mesurée. Toutefois, cela n'ôtait en rien la froideur et la teneur cassante de ses propos. Le corps humain d'un adulte est composé à 65% d'eau... mais Joe Shark n'a rien d'humain. Il est composé à 95% d'insensibilité.

L'éditeur tentait progressivement de rassembler ses esprits et ne pas se laisser déborder par cette nouvelle plus que déstabilisante. "Encore heureux que tu ne m'aies rien demandé... tu m'as fait un enfant dans le dos, tu ne m'as jamais rien avoué en vingt-quatre ans. Est-ce que tu réalises un peu ? J'ai passé ma vie à bâtir cet empire, à me couper du monde pour n'avoir que ma carrière à gérer. Pendant des années entières, j'ai vu des femmes passer dans mon bureau en réclamant une paternité afin d'avoir une part de mon entreprise... et aujourd'hui, toi, tu débarques ici et tu te relègues au même niveau en brandissant un môme de vingt-quatre ans ? Que va dire la presse lorsqu'ils apprendront que Shark a procréé un peu partout sur la planète ?" Joe se leva de son bureau et enfonça une main dans la poche de son pantalon de costume tandis que l'autre courait sur la ligne de sa mâchoire barbue de trois jours. Debout devant sa grande baie vitrée, il regardait l'horizon en silence... après Connor, un fils encore plus âgé... quand est-ce que ça va s'arrêter, nom de Dieu ?! Il tourna vivement la tête pour regarder son interlocutrice, bien silencieuse. "J'espère qu'il ne sait pas que tu es ici... ou qu'il ne sait pas qui je suis, au moins ? Je n'ai pas envie de me faire appeler 'papa' par un grand échalas que je ne connais même pas, je pense que c'est assez facile à comprendre. Pour résumer, je souligne que je ne suis pas un homme qui fait dans le caritatif ou qui est d'une nature généreuse. Tu vas donc repartir avec ta demande de faveur sous le bras et faire comme si cette conversation n'avait jamais eu lieu. Tu reviendras tenter ta chance dans vingt-quatre ans : c'est à peu près le temps qu'il me faudra pour digérer ça." acheva-t-il en tournant à nouveau son regard vers la baie de San Francisco qu'on apercevait au loin. Se souciait-il de ce semblant de famille qui semblait faire surface ? Absolument pas. Après tout, ce qu'on lit dans les journaux n'a rien d'exagéré : Joe Shark est le seul être humain dépourvu d'humanité, et qui n'a pas besoin d'un coeur pour survivre.
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyLun 23 Juil - 14:53


    « C’est drôle, mais je ne suis pas sûre d’être en position pour te plaindre, pauvre bichon que tu es ! » Cela avait toujours été ainsi entre eux, il faut croire que les habitudes ont la vie dure, puisque Iris adoptait ce petit air plaisantin de leurs grandes discussions passées alors que Joe bouillait littéralement en face d’elle. Après tout, l’éditeur était considéré comme l’un des meilleurs partis de ce pays et la blonde n’était pas surprise outre mesure que les femmes aient défilé dans ce bureau histoire de recevoir ce qu’elles considéraient comme leur part du gâteau. Sauf qu’Iris n’était pas ici pour ça. Ils n’étaient aucunement nécessiteux de leur côté, elle-même se trouvait à la tête d’une boîte montée par ses propres moyens, et qui était désormais connue dans le monde entier. Ne disait-elle pas toujours « je suis hors de prix, mais ce n’est pas pour rien » ? C’était bien la preuve que la valeur se transmettait, puisque son père avait monté sa propre boîte, qui fructifiait toujours après sa mort, et Iris avait finir par tout prendre de son sens inné des affaires. Quant à Vitaly, bien moins intéressé par ce genre de métier, souhaitait se diriger vers la politique. Il ne demandait rien à personne, poursuivait son petit bonhomme de chemin sans demander de l’aide à quiconque, tel un serpent silencieux prêt à bondir sur sa proie. En soi, et cela étonnait toujours autant Iris, mais le jeune homme était le portrait craché de Joe Shark. La même ambition, la même façon de se construire à la force de ses seuls bras, le même cynisme… le même tempérament, à vrai dire. C’était même bluffant. Alors non, cette charmante blonde si bien habillée conservait son sourire et n’était pas effrayée une seconde par les propos et menaces sous entendues de l’éditeur. Il ne l’avait jamais effrayée par le passé, cela n’allait certes pas commencer aujourd’hui. Il faut savoir se battre pour ce que l’on désire, après tout… Iris l’avait appris, et ce on ne peut plus durement. « Si Vitaly savait que je suis ici, je crois que je pourrais craindre pour ma vie… non, je plaisante. Ou à peine. Disons que mon fils a la rancune sévère et qu’il risque de ne pas me parler pendant un très, très long moment, mais je sais également que je ne veux pas qu’il s’enferme dans cette bulle aseptisée qu’il est en train de se construire. Je crains pour son avenir et je suis à court d’arguments. Jusqu’ici, l’absence d’un père n’a jamais été pesante, mais de toute évidence… c’est à toi qu’il ressemble le plus. Il n’y a que tes arguments à toi qui pourraient trouver un véritable écho chez lui. Mais non, pour te répondre, mon fils ne sait pas que je suis ici, et il ne connait pas grand-chose de toi, si ce n’est ton nom et le fait que nous avons été proches par le passé. Le connaissant, il a sûrement fait quelques recherches juste pour la beauté de la chose, mais… il n’a jamais été intéressé par le fait de te connaître. Selon ses termes, il ne fait jamais rien n’ayant pas le moindre sens à ses yeux. » Iris leva les yeux au ciel, n’en revenant pas de d’être en train de défendre un trait de caractère qu’elle avait pourtant un mal fou à comprendre chez son propre fils. C’est dingue ce qu’il pouvait ressembler à Joe la majeure partie du temps, mais en ces conditions encore davantage.

    « La presse n’en saura rien car cette affaire ne la concerne pas le moins du monde. Je ne suis pas ici pour en avoir après ton argent, je me débrouille très bien toute seule. Ce n’est pas une faveur monétaire que je suis venue demander, mais… juste un entretien d’une heure. Tu pourrais juste venir une heure chez lui, discuter et repartir comme si de rien n’était. Si je me souviens bien, tu es plutôt doué en la matière, n’est-ce pas ? » Qu’il n’aille rien s’imaginer, ce n’était pas une attaque, au contraire, le sourire d’Iris n’ayant pas quitté ses lèvres. Elle se savait simplement dans son bon droit, bien qu’il n’y ait aucune raison de donner la moindre suite à l’entretien qu’elle demandait. Mais il pouvait bien faire cela pour elle, ne serait-ce qu’en souvenir de leur amitié. Il la connaissait mieux que personne, pourtant… jamais elle n’aurait demandé une faveur à moins de n’être réellement au pied du mur. « Avant même que tu ne sautes sur cet argument, mon fils n’est pas plus intéressé par ton entreprise, tes richesses ou quoi que ce soit te concernant. S’il a réuni lui-même l’argent nécessaire à son inscription à Berkeley en Politique sans vouloir de MON aide, ce n’est pas pour réclamer la tienne. Disons que… Vitaly est quelqu’un de débrouillard qui n’accepte l’aide de personne. Et il considère que sa cécité ne le rend pas malheureux. Au contraire, cela le renforce. S’il a pu supporter tout ce qu’il a supporté en solo, je pense que tu peux bien digérer l’information en vingt-quatre minutes plutôt qu’en vingt-quatre ans, non ? » Iris leva un sourcil de défi, persuadée que Joe pouvait très bien la faire disparaître en vingt-quatre secondes sans une once d’humanité, mais que cela valait le coup de tenter le tout pour le tout. « Tu sais que je ne quitterais pas cette pièce avant d’avoir obtenu ton accord… et que je t’ai toujours tenu tête, Joe. » Même si elle était censée avoir peur, cela ne semblait pas être le cas ! Iris n’avait rien perdu de sa folie passée, semble-t-il…
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyLun 23 Juil - 21:06

« Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » Tumblr_m6ikpyHfWx1ryfhmpo1_500

"Parce qu'il est à Berkeley, en plus ?!" Génial, à quand les réunions de famille dans les toilettes pour hommes de l'université, à ce rythme ? Joe soupira à nouveau, levant les yeux au plafond avec un air profondément exaspéré. Iris n'avait pas changé d'un iota : toujours à vouloir le dernier mot sur un homme qui ne lâche jamais rien. A force de compromis, elle avait toujours su obtenir ce qu'elle voulait plus ou moins de lui... un peu comme Noah. Il faut bien quelques rares exceptions au tableau pour confirmer la règle, non ? "Nous avons quelques points communs, et alors ? La belle affaire. Tu vas me dire qu'il chausse du 44 et tu y verras un signe supplémentaire ? C'est ridicule." N'importe qui aurait éprouvé au moins la curiosité de se déplacer ne serait-ce que pour voir un enfant qui est le sien... mais pas Joe. Né sans le gène de la compassion, les relations humaines et sentimentales échappaient très souvent à notre inhumain Britannique. Où se trouvait l'intérêt d'entretenir un lien familial avec un membre qu'on ne connait même pas ? Pourquoi s'engager dans une relation amoureuse si c'est pour laisser une personne avoir une petite part, même infime, de pouvoir sur soi ? Tant de choses de ce style laissaient entendre que la sociabilité n'était décemment pas son point fort. La belle blonde ne laisserait pas cette occasion lui filer entre les doigts, il le savait. Et c'est cette perspective qui le braquait encore davantage : Shark n'est pas un homme à qui on force la main pour obtenir quoique ce soit. Du moins pas avec de la bonne volonté, si tant est qu'il puisse faire preuve de bonne volonté en général. "Je ne sais pas si tu réalises l'inutilité totale de ta démarche. Je ne te parle même pas de mon mécontentement, je parle de ton propre problème. Si ce gosse me ressemble autant que tu le dis et qu'il a décidé de rester aveugle, il le restera. Ce n'est pas un géniteur sorti d'outre-tombe qui va réussir à le faire changer d'avis. A sa place, je prendrais même un malin plaisir à clamer haut et fort que la cécité est une bénédiction, quand bien même j'avoue trouver cette infirmité plus que dégradante." lâcha-t-il avec un air blasé. Oui, son fils - puisqu'il pouvait l'appeler comme ça, maintenant - était aveugle... donc infirme. Donc, il n'avait pas sa place dans la famille Shark. On n'a pas de bras cassés chez les Shark, c'est contre-nature. C'est comme s'il se mettait à organiser lui-même des galas de charité, ça n'a aucun sens.

L'éditeur posa ses mains à plat sur son bureau, fixant ce sempiternel sourire calme et assuré de son amie... pouvait-il encore l'appeler ainsi ? Elle l'avait trahi et plongé dans une rage monstrueuse que son flegme anglais masquait pourtant à la perfection. Il allait lui falloir un moment avant de pouvoir la regarder dans les yeux sans avoir envie d'attaquer. Quant à la confiance qu'il lui accordait, elle était désormais au stade minimal, pour ne pas dire inexistante. Il prit un post-it et le colla avec un stylo devant la mère de Vitaly. "Écris son adresse. Une heure, pas une minute de plus." se contenta-t-il de lui dire tout en récupérant sa veste de costume que son assistant avait accroché soigneusement au porte-manteau. "MARC !" Répondant plus vite que le chien le plus éduqué de la planète, l'assistant parut un quart de seconde après l'appel rugissant de son patron. Dans la boîte - et même dans le milieu des affaires - tout le monde était habitué à ce prénom que Joe criait mieux que personne. Tant et si bien que lorsqu'on voulait avoir affaire, on lui demandait où était son Marc au lieu de dire le mot 'assistant', c'est fort. "Oui, Joe ? - Arranges-toi pour reporter mes rendez-vous d'une heure, j'ai à faire en ville. - Où vas-tu, si on te demande ? - Privacy, Marc." répondit le businessman avec son accent typiquement anglais. Il récupéra le post-it que lui tendit Iris sans lui accorder le moindre regard et marcha d'un pas rapide en direction de la porte de son bureau. "Madame allait partir, je te prierai de bien vouloir la raccompagner hors d'ici." ajouta-t-il à l'attention de son assistant avant de prendre la poudre d'escampette sans se retourner. Oh oui, il espérait vivement qu'Iris avait profité autant que possible de cette audience car Joe ne lui en accordera pas d'autre de sitôt. Il neigera en Afrique avant qu'elle remette les pieds dans ce bâtiment.

L'Anglais sauta dans sa voiture de sport et regarda le post-it avec l'adresse. Maintenant, il arrivait à avoir un fils naturel dans la ville où il vivait et ne pas être au courant... Tu vieillis, Shark. Ton regard et ton esprit commencent à se faire moins acérés qu'ils ne l'étaient auparavant, il va falloir y remédier très vite avant de réaliser que la moitié de ces adolescents attardés d'universitaires sont peut-être tes fils et filles sans le savoir. Il secoua la tête à cette pensée, mit le contact puis fit crisser les pneus en sortant du parking privé du building. Sur la route, il laissa un bras sur le volant, visiblement pensif. Au fond de lui, ce qu'il n'aimait pas dans l'idée d'être père, c'était de se retrouver avec un gosse à gérer ou un héritier qui puisse lui faire honte. Et d'où lui venait cette idée ? Devinez...

Flashback, une trentaine d'années plus tôt...


"Qu'est-ce que tu fais, fils ? - Je lis un roman policier, dans ma chambre." Le père Shark ouvrit la porte pour voir son fils allongé sur son lit, éclairé à la lumière d'une petite lampe de chevet rafistolée à la va-vite. Les traits du paternel étaient fermés dans une attitude pour le moins colérique. "Combien de fois t'ai-je dit que je ne voulais pas que tu lises ces stupides bouquins ?! Je veux que tu fasses quelque chose d'utile ! - On peut faire plein de choses, avec les livres. Je pourrais en vendre, ou même en écrire, peut-être ! Je ne veux pas devenir épicier, j'aime pas la boutique que t..." Un bruit sonore résonna dans la chambre, celui d'une claque puissante en plein visage. Joe en lâcha son livre que son père récupéra sans se soucier un seul instant de la marque rouge très appuyée sur la joue de son enfant. Il s'écarta un peu puis sortit son briquet de la poche de son pantalon usé. "Tu vas m'obéir, Joey. Que tu le veuilles ou non, tu seras épicier. Il n'y a que les minables qui perdent leur temps dans des babioles en papier comme ça." Sous les yeux écarquillés du petit brun, il enflamma le livre avant de le laisser tomber au sol, un air sévère sur le visage. "Tu ne feras pas honte à cette famille. - Un jour, j'aurais assez d'argent pour racheter la maison que Maman et toi louez... - C'est déjà un projet plus profitable pour la famille. - ... et quand je l'aurais rachetée, je te mettrais à la porte." répondit l'enfant avec défiance et un ton particulièrement mauvais. Le père fronça les sourcils et tapa contre le livre en flammes dont les cendres fumantes se répandirent dans la chambre. Il quitta la pièce en flanquant la porte derrière lui. Joe se leva et toucha les cendres du bout des doigts, le visage flegmatique comme sa mère le lui avait enseigné. Oh oui, il se promettait un jour de racheter cette vieille baraque mal isolée rien que pour avoir le plaisir de faire de ce père violent un SDF sans la moindre ressource.

Fin de flashback


Et trente ans après, Joe avait réalisé son voeu. Il avait fait fortune dans l'édition, les médias et la littérature. Son père tentait de survivre où la vie le menait, après s'être fait virer de chez lui par son propre fils qui en avait profité pour faire démolir cette bâtisse et faire construire une somptueuse demeure afin d'y loger sa mère, débarrassée de son mari. Inhumain, mais en partie seulement. Résultat des courses ? Plus que jamais, Joe avait la désagréable impression de ressembler à son paternel... à ceci près qu'il ne serait sans doute jamais aussi violent envers sa propre famille. Par ailleurs, Connor n'étant absolument pas intéressé par l'école, il le laissait pratiquer autant de sports qu'il le souhaitait dans la mesure où c'était bien le seul domaine dans lequel il excellait. Au moins, il ne cherchait pas à le forcer plus que de raison : si le petit voulait devenir sportif, il deviendrait sportif, même si Joe aurait préféré le voir devenir le digne héritier de sa maison d'édition.
Comme le lui avait dit Iris, Vitaly semblait vouloir s'orienter dans la politique... d'une façon étrange, une certaine forme de curiosité commençait à le gagner au fur et à mesure qu'il approchait de l'adresse. Une fois arrivé, il déposa sa tête contre le siège en soupirant. "Une heure." se murmura-t-il avant de sortir du bolide et marcher jusqu'à la porte. Joe retint une première fois son geste. Qu'est-ce qu'il allait dire ? « Coucou, c'est Papa. Faut qu'on discute, Maman est inquiète. » Un sourire ironique se dessina brièvement sur ses lèvres avant qu'il ne retrouve son attitude totalement fermée et énigmatique. Il frappa à la porte et attendit sagement qu'on lui ouvre. Vas-y au talent, Shark... t'en as bien assez pour que ça passe comme une lettre à la poste.
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyLun 23 Juil - 22:18


    « Monsieur Shark !! Monsieur Shark !! Il y a un autre Monsieur Shark qui veut vous parler !! » L’homme à tout faire de son immense loft avait déboulé dans la salle de sport de Vitaly en beuglant, tant et si bien que le homme avait bien manqué de lâcher la barre transversale sur laquelle il faisait des tractions depuis une trentaine de minutes. Depuis quatre ans, son ouïe s’était malheureusement développée dans le bon comme dans le mauvais sens : il pouvait entendre nettement plus de choses qu’un être humain n’ayant aucun manque au niveau de ses cinq sens, mais cela impliquait de sursauter les trois quart du temps, lorsqu’il se trouvait confortablement dans cette petite bulle si confortable qui le protégeait de la médiocrité de ce monde. En bref, Vitaly était d’autant plus surpris qu’il ne s’attendait pas à la visite d’un homme portant le même nom que lui ; il espérait cependant qu’il ne s’agisse pas de ce père biologique dont sa mère lui avait parlé à de nombreuses reprises et qu’il n’avait jamais cru bon de connaître. Après tout, si Iris avait fuit l’Angleterre pour vivre pleinement son rôle de mère en Nouvelle-Zélande, ce n’était pas pour rien. Vitaly n’avait jamais creusé la question, autant intéressé par ses propres origines que par ce que pouvait bien lui vouloir cet homme qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Cependant, politesse oblige, il lâcha définitivement sa barre pour retrouver cette maudite terre ferme et attraper aussi bien sa grande canne blanche qu’une serviette de la même couleur. Inutile d’essayer de mettre ses lunettes alors que de la sueur s’écoulait encore sur son visage : il ne voulait pas faire attendre son hôte, bien que sa venue soit somme toute impromptue. Vitaly sortit de la pièce sans un mot, John le suivant comme son ombre avec la même manière insistante que d’habitude, malgré le nombre incalculable de fausses beuglantes dont il avait été victime. En vérité, c’était presque une chance que la nounou soit sortie avec Jonah, le jeune homme n’aurait pas à faire immédiatement les présentations avec celui qu’il imaginait être son père. Il s’agissait également d’une chance de cocu que Vitaly ne puisse « qu’imaginer » le grand Joe Shark en personne. Aucune déception à l’horizon, puisqu’il n’attendait strictement rien de lui, et surtout pas un discours moralisateur sur sa cécité, dont sa mère était la première investigatrice. Ah, s’il savait ! « John, la prochaine fois que tu me déranges pour ça en plein sport, je te crève les yeux pour faire bonne mesure… et tu sais que je tiens toujours mes promesses, n’est-ce pas ? » L’homme était quelqu’un de formidable, remplaçant le beurre et la margarine, mais Vitaly était dans l’un de ses mauvais jours. Bien que redoutablement calme, sa voix était aussi tranchante que la lame d’un sabre et l’expression de son visage aussi agréable que la sensation marquée de sa peau contre du papier de verre. Il salua néanmoins son visiteur d’un premier hochement de tête respectueux, fixant son regard vers ce qu’il supposait être la position stratégique de son corps, n’ayant cure d’être torse nu pour recevoir un « invité de marque ». Après tout, ce n’est pas comme s’il s’y attendait et n’avait pas été en pleine séance sportive précédemment… Joe avait tout le loisir de pouvoir constater que son fils lui ressemblait énormément, de la couleur des cheveux au manque cruel d’expression. Ce qu’il tenait de sa mère ? Le vert émeraude de ses yeux, bien que celui-ci soit vide de toute émotion à cause de sa cécité.

    « Je peux vous aider ? » commença-t-il, sans aucune marque spéciale en premier lieu. Que Joe ne s’inquiète de rien, Vitaly n’était pas plus ravi que lui d’avoir la moindre conversation en sa compagnie, quelque soit le sujet d’ailleurs. Il savait d’ors et déjà que sa mère était derrière tout ceci et cette simple donnée lui hérissait tous les poils du corps de manière proprement détestable. Comme si elle n’avait que la vie de son fils à s’occuper à longueur de journée… « Je devine à votre parfum que vous êtes de ceux qui mettent des costumes hors de prix allant de paire avec leur position. J’imagine donc sans peine que vous n’êtes pas ici sans dessein, alors allons droit au but et ne perdons pas de précieuses minutes, vous comme moi : il me semble qu’un saint a dit un jour que le temps, c’est de l’argent. » Vitaly arbora un léger sourire n’ayant ni sympathie ni moquerie particulière, mais ne laissant pas forcément présager son agacement profond. Dire qu’il se maîtrisait n’était rien d’autre qu’une évidence parfaite… « John, vous nous serviriez l’un de vos fameux thés rares Earl Grey ? » « Avec du lait, Monsieur ? » « Avec un Earl Grey, la seule bonne réponse, c’est le citron John, pour la cent douzième fois. » Vitaly n’avait que des origines anglaises… mais elles s’exprimaient parfois, en de très rares occasions comme sur le sujet d’un thé particulier. « Vous avez à votre disposition deux canapés et trois fauteuils si je ne m’abuse. N’hésitez pas à prendre place, vous ne payerez pas plus cher. » Le jeune homme détestait par-dessus tout s’asseoir lorsqu’il n’était pas tout seul. Cela impliquait de baisser sa garde et ça, il n’en n’était pas question, surtout en présence de celui qu’il pouvait considérer comme un parfait inconnu. Cela dit, Joe pouvait aisément remarquer qu’il n’avait pas prononcé le mot « père » ou le surnom ridicule de « papa » en sa présence, et ce bien qu’il sache parfaitement à qui il avait affaire d’entrée de jeu. Il n’avait pas pour habitude d’être expansif en présence d’un non proche, à vrai dire.
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyMar 24 Juil - 7:51

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Après s'être fait accueillir par un homme surexcité qui s'avérait être une tornade en puissance, Joe attendit sur le pas de la porte en déposant ses mains dans les poches de son pantalon de costume, observant l'intérieur du loft d'un oeil plus ou moins distrait. Il faut bien tuer le temps en patientant pour que l'héritier surprise pointe le bout de son nez, n'est-ce pas ? Soudain, le propriétaire des lieux fit enfin son apparition. Etrangement, une boule serra la gorge de Joe. La pression ? La surprise ? L'émotion, peut-être ? Non, n'abusons pas : pour qu'il éprouve de l'émotion, il faudrait qu'il ait un potentiel émotionnel suffisant. Appelons ça de la curiosité. Qu'il s'y intéresse ou pas, le jeune homme qui se trouvait en face de lui était la chair de sa chair, il était de son sang... et maintenant qu'il se tenait devant lui, l'éditeur confirma qu'il n'avait absolument pas besoin de faire un test de paternité pour concevoir que ce type puisse être son fils. Ses traits, ce corps tout en muscles qu'il aurait reconnu entre mille à force de se regarder lui-même dans le miroir, le contour de son visage, son allure altière et son attitude. Surtout son attitude : mesurée, polie, froide, distante. Il savait reconnaitre un Shark pur jus quand il en voyait un, et cet homme était loin d'être une pâle imitation. Ce sourire si subtil était le sien, celui qu'il plaquait sur son visage pour que nul ne puisse deviner ses pensées... et le sourire de Vitaly trouva un écho dans celui qui étira légèrement les lèvres de Joe, ayant pourtant le visage figé dans le marbre. "Benjamin Franklin." répondit-il sobrement, quant à l'identité du saint en question étant à l'origine de la citation employée par son fils. Une citation qu'il avait toujours appliqué à sa propre conduite. Au moins, si ce jeune homme lui était si comparable en de nombreux points, ils ne perdraient pas de temps en discussions stériles.

Une fois dans le salon, il arqua un sourcil. Du thé ? Décidément... et au citron, de surcroit, son préféré. Pourtant, le businessman s'abstint de la moindre remarque. Il n'était pas ici pour nouer un lien père/fils après vingt-quatre ans d'ignorance, il était là pour passer une heure en compagnie d'un homme qui s'avérait être son descendant biologique, tenter de le convaincre de quitter la vue de Daredevil et repartir enfin à ses occupations à sa maison d'édition. Et surtout, ne pas prévenir Noah, autrement il allait se jeter sur l'occasion pour essayer de jouer au tonton surprotecteur, comme il le faisait déjà avec Connor. Tiens, devait-il annoncer à Vitaly qu'il avait un frère de huit ans ? Non. A quoi bon ? S'il était le digne fils de son père, cela voulait dire qu'il s'en tamponnait comme de sa première chemise. "Je vous remercie." dit-il poliment au majordome qui lui tendit une tasse de thé avec une petite cuillère pour remuer. "Je préfère également rester debout." Pourquoi s'asseoir alors que dans une heure, il serait reparti ? Et puis s'asseoir face à quelqu'un qui reste debout, il avait horreur de ça, sauf lorsqu'il était en territoire connu... donc son bureau et sa maison. Il but une gorgée de thé, peu loquace pour le moment, puis consentit enfin à prendre la parole sur un ton parfaitement calme et complètement insensible. "Votre mère est passée me voir pour m'annoncer que j'étais votre père biologique. J'imagine que le faire-part de naissance a dû s'égarer pendant ces vingt-quatre dernières années... c'est fâcheux de voir que les services postiers sont encore si peu au point après tout ce temps." De l'humour cynique purement britannique, il en avait à revendre. C'était un moyen ô combien subtil et adroit de faire comprendre aux autres la portée de sa colère ou de sa moquerie, si tant est qu'on y prête suffisamment d'attention. "Cela dit, je pense que vous l'avez deviné seul. Rassurez-vous, l'objet de ma visite ne porte pas sur un éventuel rattrapage du temps perdu, chose qui nous coûterait certainement bien plus qu'elle pourrait nous rapporter, comme vous l'avez si bien dit tout à l'heure. Je souhaitais vous rencontrer sur demande de votre chère et tendre matriarche qui s'inquiète des retombées de votre cécité."

A la façon qu'il avait de parler, on aurait pu croire que Joe s'adressait au fils d'une amie, pas à son propre enfant... et on n'aurait pas tort. Il plaçait volontairement de la distance entre eux afin de garder chaque chose à sa place : il avait déjà récupéré un fils qu'on lui avait caché, inutile de dire qu'il ne chercherait pas à retenter l'expérience de sitôt. D'autant plus que celui-ci était déjà adulte, il n'aurait donc pas besoin de son paternel. "J'ai accordé un délai d'une heure à Iris, il nous reste environ 57 minutes à passer ensemble, si vous le voulez bien." Car après tout, si Vitaly souhaitait mettre un terme à cette conversation, ce n'est certainement pas l'Anglais qui allait l'en empêcher : cela ferait une merveilleuse excuse à sortir à Iris avant qu'elle retourne jouer avec ses bande-annonces loin de lui. "Selon elle, vous souhaiteriez rester aveugle. C'est votre choix. Par curiosité, qu'est-ce que le fait de ne pas voir vous apporte par rapport à une vue normale ?" Joe s'était légèrement déplacé, fronçant les sourcils en bougeant la tête pour voir s'il y aurait une réaction chez son fils. Apparemment, il ne le voyait vraiment pas. L'éditeur n'irait pas jusqu'à s'amuser à faire coucou de la main devant ses yeux, mais qui n'a pas au moins une fois testé à sa manière la cécité d'un interlocuteur ? "Je vous pose la question car, personnellement, je trouverai déplaisant d'être dépendant d'une poignée de personnes et d'une canne pour pouvoir vivre comme bon me semble." En d'autres termes, s'il avait eu le choix, il aurait fait cette fameuse opération dont Iris lui avait parlé depuis longtemps, très longtemps. Les infirmités n'ont pas leur place chez les Shark : la seule déficience qu'il tolérait, c'était le manque d'humanité.
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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyMar 24 Juil - 10:54


    Il est aisé de deviner la réaction exacte de Vitaly face à « l’aveu » de son père : absolument aucune. Sa mère était venue le trouver accompagnée de son habituel culot monstrueux, fort bien, ce n’était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière, sans aucun doute. A ceci près que le jeune homme refusait de s’opposer violemment à sa mère non pas par peur de la blesser, mais parce qu’il savait ses arguments irréfutables. Sa cécité restait aussi utile qu’emmerdante. Le fait que Joe lui-même ne le comprenne pas ne sembla pas le surprendre davantage, du reste : qui mieux qu’un voyant pour être ignorant de la vie d’un aveugle ? Aussi, un nouveau sourire énigmatique et totalement dépourvu d’émotion fit bientôt son apparition contre les lèvres froides de Vitaly, celui-ci refusant de l’interrompre avant que son discours ne prenne finalement fin. Vraiment, il ne s’étonnait plus de sa haute position dans le monde de l’édition : ses expressions étaient toutes choisies avec un soin extrême, et du fait de ce petit délai accordé, perdre du temps reviendrait à le traiter d’homme stupide… insulte suprême pour un Shark, vous en conviendrez. Vitaly n’émit aucun hochement de tête négatif quand il lui demanda de manière détournée s’il acceptait sa présence pendant les cinquante-sept minutes restantes… il espérait simplement que cette discussion, dont il connaissait d’ors et déjà l’issue, se solderait par l’arrêt pur et simple des petites manœuvres de sa mère bien aimée en vue d’une opération dont il ne voudrait jamais. Bien qu’il soit suffisamment poli et bien élevé pour écouter les dires d’un père dont il ne connaissait pas grand-chose au bout du compte, sa politesse n’irait pas jusqu’à lui donner raison : après tout, Shark patriarche ne connaissait strictement rien de sa vie, de ses habitudes, ni même de ses ambitions personnelles, auxquelles il accordait bien plus de crédit qu’au bénéfice d’une hypothétique opération. En somme, pour ébranler ne serait-ce qu’une seconde Vitaly, il fallait y aller fort, souvent et longtemps… chose impossible pour Joe à la vue de son précédent discours. Pas même ses deux dernières questions n’obtinrent une autre réaction que ce fameux petit sourire s’étirant contre ses lèvres, et n’apprenant strictement rien quant à sa façon de penser du moment. A vrai dire, il ne s’attendait pas à être compris, par Joe en personne, par sa mère ou même par ses amis les plus proches. Il était ce qu’il était, point barre final à la ligne. Pourquoi vouloir toujours obtenir des informations sur tout ? Comme si un être humain pouvait être sondé à grands coups de phrases bien pensantes ! Règle numéro un : toujours se souvenir à quel point les gens savent mentir. Et ce bien que Vitaly n’ait aucune raison d’inventer des bobards gros comme lui dans le cas présent. « Ma charmante mère a sûrement dû oublier de vous préciser que cette opération est si délicate que j’ai soixante dix pour cent de rester sur la table ? Je suis simplement pragmatique : je ne suis pas opéré, je vis, je le suis, je risque de passer l’arme à gauche. » Équation parfaite, assénée un nombre impressionnant de fois à Iris, qui évidemment avait fait la sourde oreille. Pour elle, avoir un fils aveugle était peut-être la honte du siècle, au final…

    « Les services postiers sont destinés à la faillite avec l’arrivée en flèche des réseaux sociaux et autres services apportés par internet, vous savez. » Traduction : tu n’étais pas au courant, je ne t’ai jamais rencontré, évitons de passer par la case sentimentale qui suppose un grand câlin dégoulinant de guimauve et de mièvrerie. Même il y a quatre ans, alors que Vitaly était encore bien voyant et complètement fou amoureux d’Anna, il ne possédait pas ce côté expansif. Elle le lui avait suffisamment fait remarqué et n’avait eu de cesse de le lui reprocher, d’ailleurs… mais on n’entraîne pas un futur lion à se pâmer sans rugir. Vitaly était un battant, pire, quelqu’un capable du meilleur comme du pire dans toutes les situations. Face à Anna, il était déjà plus doux et conciliant, que demander de plus ? « Il y a quelques minutes, vous avez posé la main sur votre cravate et l’avez légèrement frottée, le bruit du tissu étant sensiblement différent de celui que produirait une simple chemise en coton. Vous tournez votre thé deux fois avant d’humer son parfum et d’en boire une première gorgée, je suppose en vue de tester la chaleur de celui-ci… il y a une minute environ, si j’en crois le tic-tac de l’horloge de cette pièce, vous avez fait trois pas très exactement, vers ma droite, sans doute pour vous assurez que je ne jouais pas un rôle. Mais je vous rassure tout de suite : vous êtes le seul voyant de cette pièce. J’ai également su que vos paroles sur notre lien de parenté véridiques, tout comme la raison de votre venue, car votre cœur n’a pas réellement subit d’augmentation significative. J’en juge aussi par votre respiration relativement calme et posée, qu’un simple œil ne pourrait pas détecter. En d’autres termes, je ne peux pas voir, mais j’entends plus de détails que vous ne sauriez l’imaginer. » Très léger haussement de sourcil presque innocent, alors que durant tout le monologue de son père, Vitaly n’avait fait qu’analyser ses faits et gestes à l’aide d’une précision presque troublante. Voilà pourquoi il avait cru bon de s’isoler pendant quatre longues années : il ne pouvait plus se servir de ses yeux, désormais totalement vides et sans vie, mais son ouïe était nettement plus aiguisée. Quant à son toucher, à sa façon dans certaines circonstances, il ne déméritait pas.

    « Et pour vous répondre, je ne suis pas réellement dépendant. Je me concentre sur mes ambitions personnelles, là est toute la nuance. » Ce fut au tour de Vitaly de s’occuper de son propre thé, qu’il pensait désormais à bonne température, et pour lequel il eut pratiquement le même jeu que son père. A vrai dire, les voir réunis dans la même pièce était presque… comme un jeu de miroir. Ils semblaient répéter une parade sans même s’être concertés et si Iris pouvait observer cela, elle serait désolée de constater à quel point son fils pouvait bien ressembler à son père… « Sachez qu’en politique il est plus évident de démêler le vrai du faux en analysant les faits et gestes de ses ennemis. Les gestes sont le miroir de la pensée et de l’âme, ils nous trahissent. Et en oubliant le fait que j’ai été voyant un jour, j’évite justement d’être aveuglé par les évidences. Paradoxal, n’est-ce pas ? » Vitaly avait pleinement raison. En tant que futur diplomate, savoir analyser ses ennemis était la meilleure qualité qu’il pouvait se garantir… d’autant qu’il le faisait avec un brio parfaitement indiscutable. « Une autre question ? »


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MessageSujet: Re: « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » « Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » EmptyMar 24 Juil - 20:55

« Si j'avais quelque chose dans l'estomac, ce serait l'occasion de le rendre. » Tumblr_m6ikpyHfWx1ryfhmpo1_500

Tandis que Vitaly lui répondait d'une manière à la fois concise et mesurée, le regard de Joe parut se mettre à pétiller bien étrangement. Il avait un éclat presque similaire à celui que ses employés pouvaient observer lorsqu'il tombait sur le manuscrit d'un jeune auteur inconnu en qui il sentait un potentiel de vente et de succès absolument formidable. Il demeurait toujours aussi méfiant et réticent à l'idée de se retrouver père à nouveau, surtout dans des circonstances similaires à celles qui avaient entouré l'apparition de Connor : une femme qui part du jour au lendemain sans la moindre explication pour mettre son enfant au monde et l'élever loin de son père... était-il donc si diabolique et insensible au point qu'on ne veuille pas voir un enfant grandir auprès de lui ? Son influence était-elle aussi néfaste ? C'était aussi flatteur que frustrant au regard d'un homme qui en avait plus qu'assez que la gent féminine se plaise à récolter sa semence pour ensuite en faire ce que bon lui semblerait. C'est crû, mais c'est ainsi qu'il se voyait depuis ce matin : un mâle reproducteur, un vulgaire étalon. Il avait la pratique de son côté, certes, mais également la fertilité, malheureusement... Il avait même échappé de peu à un autre gosse surprise dans le ventre d'une blonde caractérielle et violente sur les bords. Dire qu'il y a des hommes qui se plaignent d'être stériles... grotesque.
Néanmoins, au fur et à mesure de la conversation, Joe commença à repérer certains signes qui ne trompent pas chez Vitaly. Du sous-entendu à outrance, une incroyable politesse dissimulant ses pensées les plus secrètes, un sourire de façade dont Joe était lui-même le concepteur, une attitude hautement mesuré et une expression parfaitement maîtrisée... plus qu'un simple Shark, l'éditeur avait l'impression d'avoir sa réplique parfaite en face de lui, avec quelques années en moins, évidemment. C'est pourquoi le sourire qui hantait son visage fermé restait figé, son regard bleu lagon ne quittait plus son interlocuteur qui, sans le vouloir, suscitait de plus en plus sa curiosité. Et autant dire que pour un égomaniaque tel que Joe Shark, c'est un véritable exploit en soi.

Il le laissa poursuivre à sa guise, ne l'interrompant pas une seule seconde. Il éprouvait quelque chose qu'il n'avait pas ressenti en faisant la connaissance de son plus jeune fils, Connor. De la fierté ? Pas exactement, mais cela pourrait éventuellement s'en approcher. "Intéressant." releva-t-il en toute simplicité, suite à la longue liste de ce que Vitaly avait dressée sur ses gestes, mouvements et respirations. A quoi bon voir quand on peut palper le réel ? Effectivement, il comprenait mieux l'intérêt que pouvait trouver son fils dans la cécité, bien qu'il ne soit pas certain d'être lui-même capable de vivre avec ce qu'il considérait comme un vrai handicap. Il continua à faire tourner sa cuillère en s'approchant lentement de son interlocuteur avant de l'observer de bas en haut, comme s'il le détaillait enfin avec un peu plus de précision. "Il est toutefois un point sur lequel votre mère ne s'est pas trompée : hormis pour les yeux, vous lui ressemblez très peu." Son ton était presque plus léger, comme amusé par la situation. Oui, malgré tout ce qu'on peut dire, Shark sait se gausser de certaines situations... et dans le cas présent, cela n'avait rien à voir avec de la moquerie. Cependant, il demeurait toujours indirect dans sa manière de relever certaines choses, comme maintenant où il sous-entendait que Vitaly lui ressemblait bien plus qu'il ne s'en serait douté. C'était très impressionnant, à plus forte raison qu'il n'a jamais eu de près ou de loin la moindre influence venant de Shark senior. Il s'était développé seul, à croire que ce tempérament et ce physique étaient gravés dans son patrimoine génétique. "Toujours est-il que vous semblez suffisamment au fait des retombées de cette opération chirurgicale. Votre mère comprendra qu'on n'oblige pas un jeune homme comme vous à accéder à certaines requêtes, qu'importe le moyen utilisé." dit-il en regardant enfin les murs avec un semblant de distraction. En d'autres termes, il n'insisterait pas sur le sujet. A quoi bon ? Vitaly avait fait son choix et ce n'est pas un père sorti de nulle part qui va miraculeusement le faire changer d'avis. Et au fond, son fils devait avoir compris que Joe se souciait trop peu pour l'instant de sa vie pour venir y mettre son grain de sel. Si Iris lui avait parlé bien avant de l'existence de l'étudiant, il aurait peut-être insisté... mais d'une certaine manière, Joe se vengeait d'elle en laissant le jeune homme maître de ce choix. Et qu'elle ne vienne pas lui reprocher de ne pas avoir essayé.

Puisqu'il leur restait encore quarante-huit minutes à tenir et que la curiosité commençait timidement à faire son chemin dans un esprit pourtant insensible, l'éditeur se tourna à nouveau vers son fils. Celui-ci avait souligné le détachement dont il faisait preuve même au niveau physiologique, cela ne changea pas d'un iota. "Vous voulez percer dans la politique, alors ? Votre mère m'a brièvement appris que vous étiez étudiant à Berkeley. L'ambition semble être un mot dont vous maîtrisez la définition." Entendons par là que c'était un trait de famille, aussi bien d'un côté comme de l'autre. Sa carrière était d'ailleurs la seule chose que Joe ait su mener de bout en bout sans la moindre anicroche. Sa vie privée, en revanche, était un brin plus chaotique, encore davantage depuis ce matin. N'importe quel homme à sa place aurait paniqué, aurait bégayé devant ce grand garçon, aurait commis mille maladresses... mais pas Joe. Malgré ce bouleversement supplémentaire, il savait se contrôler en public. "Vous visez une carrière précise ou vous concentrez vos efforts dans des études plus générales ?" Autant se renseigner un peu, au cas où Iris l'aurait suivi à tout hasard pour vérifier qu'il resterait bien une heure entre ces murs.

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