Maria O'Berkeley
♣ Edward O'Malley

« Elle va très bien. Tu penses, elle voit ses neveux et nièces quand elle le désire alors elle est ravie. Mais je vois bien que Noah et Dimitri commencent sérieusement à lui manquer. Je pense que je vais lui dire qu'elle peut rentrer à New York maintenant. Je ne veux pas qu'elle devienne malheureuse en restant en Californie, et c'est ce qui d'arriver si je ne fais rien rapidement. Et puis vis-à-vis des enfants, ça va. Tu leur manques. Enfin, surtout à Ambre puisqu'Aaron n'est pas encore tellement enclin à s'exprimer dans une langue que je suis susceptible de comprendre, mais crois-moi, il était content quand tu étais là. »

C'était finalement à croire que la brunette essayait présentement d'enfoncer le couteau dans la plaie, et dieu sait pourtant qu'elle ne souhaitait absolument pas faire cela, bien au contraire même. Seulement, Maria ne se voyait pas non plus dire à Edward : « Non, ils s'en foutent de toi. » alors que c'était tout le contraire. Ambre et Aaron restaient aussi ses enfants, leurs enfants alors évidemment qu'il leur manquait. Quoi de plus naturel dans un sens ? Cherchant le regard de son ex-compagnon, Maria remarqua bien vite qu'il semblait soudainement sérieusement contrarié par quelque chose, ou plus exactement par quelqu'un. Voilà pourquoi Maria se retourna à un moment donné et qu'elle croisa alors le regard d'un homme assit à la terrasse qui la fixait. Elle arqua un sourcil quand elle comprit enfin ce qui se passait. Se retournant de nouveau vers l'Irlandais, la brunette mit ses mains à plat sur la table entre elle et Edward et souriante déclara :

« Il va finir par croire que tu es gay si tu continues à le fixer de la sorte, Edward. »

Bien-sûr, ce n'était pas du tout ce qu'elle avait eu l'intention de dire à la base. En réalité, elle aurait plutôt dit quelque chose comme « Tu es jaloux ? » mais elle s'était finalement abstenue ne voulant pas mettre Edward d'une quelconque manière mal à l'aise. Cela ne serait pas sympathique envers lui, et Maria ne le savait que trop bien. Se reposant bien dans son fauteuil, la brunette prit son verre dans la main et bu un peu en gardant le verre dans sa main ce qui lui éviterait des gestes inutiles. Mais c'est qu'il ne le lâchait vraiment plus du regard en plus. Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire face à la situation se déroulant sous ses yeux présentement. C'était comme irréel, et pourtant, elle ne rêvait pas en ce moment.

« Ed, arrête ça, s'il te plait. Ce n'est pas avec cet homme que je suis en train de boire un verre, mais avec toi. Et puis le thé à une heure de l'après-midi c'est pas mon genre, je suis plutôt branché Guiness moi. »

Ce qui était totalement faux. Maria avait toujours été réputée pour être une femme qui préférait le thé à la bière, mais présentement, pour faire comprendre les choses sans être trop 'cash' à Edward, elle jouait sur les métaphores, ce qui lui ressemblait très bien.

Allez savoir pourquoi, mais à chaque fois que Maria m'expliquait que je manquais aux enfants, ça me donnait la sensation de recevoir un nouveau coup de poignard dans la poitrine. J'avais comme une envie de lui hurler : « Mais qu'est-ce qu'on attend alors ? Les enfants veulent de moi, tu veux de moi. Inutile de se faire souffrir plus longtemps ! ». Pourtant non, ce n'était pas aussi simple. Et d'un côté, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'au final, c'était peut-être mieux ainsi. Comme me l'avait balancer en pleine figure Andrew, Maria est malheureuse avec moi. Pouvais-je jouer l'égoïste en acceptant de retenter quelque chose de sérieux avec elle, juste pour mon propre bonheur ? Certainement pas. Je devais penser à elle, à son avenir, à celui de nos gosses, et ce, avant le mien. C'était d'un compliqué... Si seulement tout pouvait être différent. J'aurais aimé être un autre homme. Un monsieur Tout-le-monde. J'aurais pu lui assurer tellement de choses. Absolument tout en fait.

Maria semblait être amusée par la situation présente. La scène, dont nous étions les acteurs, ne me plaisaient guère. Je suis jaloux. Amoureux, et jaloux. Je me rends compte qu'en fait, les hommes ont à présent le champs libre pour conquérir le cœur de la brunette. Il suffirait qu'un homme de ce genre lui tourne autour, use de quelques belles paroles, qu'il la traite comme une princesse, pour qu'elle m'oublie totalement. Je n'étais pas prêt à voir un autre homme débarquer dans sa vie, partager avec elle des moments intimes, entretenir des discussions sur son passé comme j'y avais eu le droit, l'embrasser le matin et le soir pour la saluer. Cette idée me rendait fou et pourtant, ça risquait d'arriver. Je le pressentais. Bien que dans mon esprit, quand les images s'assemblent, moi, je suis tout seul, comme un crétin, en train de pleurer son amour perdu.

J'écoutais néanmoins la jeune femme tenter de me rassurer en me faisant comprendre, par une métaphore bien trouvée et amusante, qu'elle n'était pas intéressée par l'homme qui était en train de lui faire les yeux doux. J'esquissais un vague sourire sur le coup, avant de le perdre. « Et puis le thé à une heure de l'après-midi c'est pas mon genre, je suis plutôt branché Guiness moi. » La blague. C'est ce que Maria essaie de se faire croire. La Guiness, c'est la bière, la fête, le semblant d'immaturité, la boisson qui est mauvaise pour la santé. La Guiness, c'est moi. Le thé, ça calme, c'est bon, c'est pour les gens posés qui se soucient de leur bien être. Le thé, c'est l'homme qui mérite Maria, ce qu'elle aurait toujours dû avoir. « Tu aimerais te persuader que tu es plus à boire une bonne Guiness. Mais on sait l'un comme l'autre que tu as toujours préféré le thé. » Une façon de lui dire, à travers la même métaphore, qu'elle avait beau le vouloir de toutes ses forces, nous sommes très différents l'un et l'autre. Et c'est peut-être une des raisons pour lesquelles ça n'a pas marché. Maria a besoin d'un homme posé, sérieux, pas d'un gamin hyperactif qui enchaîne les conneries.

Maria O'Berkeley
♣ Edward O'Malley

Alors celle-là, Maria ne l'avait vraiment pas vu venir. Mais alors pas le moins du monde même. Comment aurait-elle pu imaginer qu'Edward tenterait de la pousser – ou presque – dans les bras d'un autre homme ? Waouh, vous parlez d'un changement. Comme bloquée, la brunette resta là, son verre à la main, fixant l'Irlandais ne sachant même pas quoi répondre à une chose pareille. Ça lui fit mal, mais elle essaya de le montrer le moins possible ne voulant pas qu'Edward commence à culpabiliser. Choquée. Perturbée même. Se forçant à boire une gorgée de jus de fruits, la brunette chercher quoi répondre, et elle ne tarda pas à trouver.

« Ça, tu n'en sais rien. »

Ce n'était pas très...recherché, certes, mais au moins elle avait prit la peine de répondre quelque chose. Chose qu'elle n'aurait jamais fait avant. Avant, elle aurait tout simplement fuit, telle une habitude. Reposant son verre sur la table, Maria croisa les mains et fixa fortement l'Irlandais face à elle. Il n'allait pas s'en sortir comme cela, et au fond, Edward devait s'en douter.

« Edward, si j'ai accepté de boire ce verre avec toi, c'est pourquoi à ton avis ? Pour le plaisir ou parce que je me sentais forcée de te dire oui pour que tu ne te sentes pas trop mal ? Sérieusement, arrête ça, s'il te plait. Les choses sont compliquées, certes...mais je pensais que toi aussi tu voulais qu'on essaie une façon différente d'y arriver. »

Oui, aujourd'hui Maria avait décidé de jouer cartes sur tables. Elle était fatiguée de voir qu'Edward ne croyait pas un seul instant à tout cela. La directrice de Berkeley elle, essayait réellement de faire en sorte que tout se passe bien. La preuve : elle l'avait laissé dormir avec elle ! Merd,e si ça ce n'était pas suffisamment clair ! La croyait-il du genre à prendre un homme puis le larguer au premier virage ? Par pitié, Maria n'était vraiment pas ce genre de femmes, il devait le savoir depuis tout ce temps !

« Je ne suis pas ici pour jouer Edward O'Malley, je pensais que tu l'avais comprit ça. »

Elle ne voulait tout simplement pas aller trop vite car tout allait encore planté comme la première fois.

Ce n'était pas contre elle que j'avais prononcé ces quelques mots. Mais il fallait voir la vérité en face. Nous voulions tous les deux y croire mais ça semblait assez véridique, nous étions très différents. Oui, j'avais peur de me reprendre une autre claque dans la gueule, de me donner de faux espoirs et me rendre compte que ça ne marchera jamais. J'avais peur que Maria décide de rompre à nouveau, et qu'on me ramasse encore une fois à la petite cuillère. J'avais peur de la faire souffrir en revenant avec elle. Elle en est consciente. Je ne suis pas l'homme de la situation. Elle m'aime. Je l'aime. Mais je ne peux pas lui assurer son bonheur. J'avais donc également peur qu'elle perde son temps avec moi, alors qu'elle mérite mieux. Tout cela était assez paradoxal. Il y avait plusieurs points d'incompatibilité dans notre relation. Nous pouvions fermés les yeux dessus, c'était la seule solution, mais jamais, non, jamais, les problèmes ne s'envoleront.

« Les choses sont compliquées, certes... mais je pensais que toi aussi tu voulais qu'on essaie une façon différente d'y arriver. » Nous étions en train de soulever le plus gros des problèmes alors que la brunette commençait à perdre patience. Je n'avais pas envie que nous nous prenions la tête. Ce n'était pas mon but. Mais il était temps de jouer cartes sur table et arrêter de n'oser regarder que le côté mignon de cette histoire. Il fallait arrêter d'occulter ce qui n'allait pas. Mes yeux restaient posés sur mon verre de Coca Cola alors que je n'en avais toujours pas bu une nouvelle gorgée. Maria ne devait pas croire que je n'avais pas envie que ça marche. Bien au contraire. J'en rêvais. Mais je n'avais pas confiance en moi à ce niveau là, et j'avais l'impression que plus le temps passe, plus cela prend de l'ampleur. Et malheureusement, ce manque de confiance a toujours été présent, depuis que je suis gamin. Cela peut paraître étonnant dans la mesure où j'aime porter l'attention sur moi, où je suis extraverti.

Je relevais mes yeux bleus et les posais sur le visage de Maria. Son regard perçant arrivait presque à m'intimider lorsqu'elle se montrait aussi sévère. « Je n'ai pas été à la hauteur la première fois, donc tu m'as jeté. Qui te dit que la seconde fois sera la bonne ? Je... et si je ne suis toujours pas à la hauteur, on fait comment ? » Finalement, on ne tournait plus autour du pot. Nous abordions enfin la véritable discussion. « Je t'aime Maria, plus que tout. Je sais que ces sentiments sont réciproques. Mais est-ce qu'ils vont te suffire ? Je te rends malheureuse, tu le sais, je le sais, on me l'a encore dit il n'y a pas longtemps. Et pourtant, je te jure que j'ai envie que ça marche, j'en rêve putain et je t'interdis d'en douter. »

Je passais mes mains dans mes cheveux, alors qu'un soupir s'échappait de mes lèvres. « Je n'ai pas envie que tu me laisses une autre chance juste par amour si je ne sais pas te rendre heureuse. Tout comme je n'ai pas envie de souffrir de cette façon une seconde fois. Mais comment on peut le savoir à l'avance ? »

Maria O'Berkeley
♣ Edward O'Malley

Comment pouvait-elle savoir si les choses allaient fonctionner cette fois-ci alors que la dernière fois ça avait complètement raté ? Elle n'en savait rien. Mais pour une fois, elle se fiait à un fameux dicton qui dit « qui ne tente rien n'a rien ». Maria n'avait aucune envie de faire comme si plus rien n'existait entre Edward et elle, bien au contraire, alors pourquoi tourner autour du pot ? Pourquoi faire comme s'ils ne devaient pas aborder le sujet qui fâche ? Ils devaient le faire, ils devaient se dire les choses une bonne fois pour toute pour voir ce que l'un et l'autre désirait réellement sans avoir à mentir, ou à cacher ses sentiments. Soupirant, la brunette écouta Edward qui lui ouvrait ses sentiments – dont Maria n'avait absolument jamais douté – et qui lui expliqua soudainement le fait qu'il la rendait malheureuse. Andrew ! Elle savait que les deux hommes s'étaient battus, ou plus exactement qu'Andrew avait failli foutre sur la tronche de l'Irlandais. Quelle belle connerie encore cela. Maria avait également envie que ça fonctionne du mieux possible, mais d'un côté s'ils n'essayaient pas de nouveau, comment pourraient-ils savoir si ça fonctionnerait ou pas ? La question était finalement l'inverse de celle d'Edward. La seule différence : elle voyait de manière plus positive que lui aujourd'hui. Pourtant, Maria savait qu'elle était la responsable de leur séparation, mais en même temps, elle n'avait pas vu d'autre possibilité.

« Edward, si les choses ont dérapé, ce n'est pas par hasard. On sait exactement ce qui n'a pas fonctionné. Ou tout du moins, je le sais. Tu déraillais complètement, et moi la grossesse a fait que je t'en demandais, encore et encore... On ne se contentait plus puisqu'on ne se supportait plus. Tu me l'as dit toi-même, aujourd'hui tu suis une thérapie, Aaron est rentré, hors de danger à la maison et je n'ai qu'une chose en tête Edward : toi. Alors je ne dis pas que ça va fonctionner du jour au lendemain, non, certainement pas, mais j'ai envie qu'on essaie. J'aimerai qu'on se donne la chance de se chercher, de se plaire. Toi-même tu me l'as dit l'autre fois : on a pas prit le temps la première fois, alors maintenant c'est ce qu'on devrait faire...sauf si tu préfères tout arrêter maintenant, parce qu'en t'écoutant, c'est ce dont j'ai l'impression. Je ne t'en voudrais pas Ed', seulement...moi aussi j'ai mes tords, je les reconnais largement et toi aussi alors je ne vois pas pourquoi on aurait pas le droit à une seconde chance. »

A la rigueur, ils pouvaient juste se voir à certains moments, si c'est ce qu'il voulait, mais franchement Maria préférerait largement qu'ils recommencent, depuis le tout début. Qu'ils...non pas qu'ils n'oublient, mais qu'ils passent au dessus de tout ce qui les avait brisé la première fois en espérant simplement que leurs problèmes étaient vraiment terminés et qu'ils pourraient à partir de là repartir sur des bases saines.

« J'ai besoin de savoir si tu es avec ou contre moi sur ce coup-là, Ed. »

J'espérais que Maria était sûre d'elle, car elle m'avait quitté il n'y avait encore pas si longtemps, et voilà qu'elle voulait qu'on se donne une seconde chance. J'espérais donc qu'elle ne changeait pas d'humeur comme de chemise ces temps ci, pour finalement rompre de nouveau avec moi d'ici peu de temps. Car, dans mon état, amoureux comme jamais, je n'avais pas une grande défense. J'aurais pu la suivre n'importe où. Mais je ne souhaitais néanmoins pas qu'elle me brise une nouvelle fois le cœur comme elle avait pu le faire quelques temps plus tôt. Je ne voulais pas revivre cela. Ça avait été bien trop difficile.

Je l'écoutais donc, sans chercher une seule seconde à l'interrompre. Bien sûr que c'était uniquement ce que je souhaitais, la considérer de nouveau comme ma compagne, partager ma vie avec elle. Former une véritable famille avec nos enfants. Avoir une belle vie en somme. Néanmoins, ce n'était pas dit que c'est ce que nous arriverons à avoir, Maria et moi. Je plongeais mes yeux dans les siens, les sourcils légèrement froncés. Non pas par mauvaiseté, bien au contraire. Davantage parce que je tentais de réfléchir à tout cela. « Je suis avec toi sur ce coup là, mais je veux imposer quelques règles qui sont, bien évidemment, non négociables. »

Je me levais et allais prendre place sur la chaise juste à côté de la sienne, l'air très sérieux. La brunette devait se demander ce qu'il me prenait. Je ne suis pas du genre à planifier quoi que ce soit, mais là, c'est différent. Il en va de notre avenir en commun. Et, comme pour faire durer le suspens, je buvais quelques gorgées de Coca Cola, avant de reposer mon verre sur la table. Je tournais la tête vers Maria et la regardais dans les yeux. « Règle numéro 1 : Si l'on se donne une seconde chance, je veux bien que tu me plaques pour une seule et unique raison, celle que tu préfères arrêter notre relation plutôt que de me voir mourir. » Je savais que Maria déteste ce sujet mais c'est ainsi. C'est bien l'unique raison pour laquelle j'accepterais sans rechigner qu'elle me quitte. « Règle numéro 2 : Je veux que l'on prenne notre temps. J'ai besoin que tu sois totalement sûre de toi avant de nous accorder cette seconde chance. Donc on sortira, je tâcherais de te séduire. Et le maximum que tu pourras espérer, c'est un baiser pour le moment, donc n'essaie pas de me tenter avec ton charme naturel. » Je lui adressais un beau sourire en coin. Oui, je me la jouais prude. Il paraît que c'est mignon. Ça doit bien vite changer. « Règle numéro 3 : Le jour où l'on se remet ensemble, je veux que l'on fasse l'amour toute la nuit, car Edward Junior ne s'est toujours pas amusé depuis la dernière qu'on l'a fait. » Une façon très peu poétique pour lui expliquer que je n'ai cherché à connaître intimement aucune autre femme dans la mesure où je l'aime. « Règle numéro 4 : Je veux que ça reste discret au début. Enfin, on ne devrait pas s'afficher dés le début devant les gosses. Ils ne vont absolument rien comprendre. » Et oui, il faut penser à eux aussi. « Règle numéro 5 enfin : Tu me laisses payer ces deux verres. » Nouveau sourire. Ça, c'est du Edward O'Malley tout craché.

Maria O'Berkeley
♣ Edward O'Malley

Le fait de vouloir établir une sorte de règlement était tout à fait dans le genre d'Edward, dans le sens où mettre des règles en vigueur était une manière de contrôler la situation, bien que ce genre de choses ne soient en rien contrôlables. Mais bon, qui ne tente rien n'a rien, une fois de plus. Cette façon de penser allait finir par agacer Maria sur le long terme, elle ne le sentait que trop bien. Dans le détail, la règle une ne fut pas franchement pour plaire à la brunette qui se contenta d'écouter ne pensant pas que couper l'homme irlandais dans son élan serait la meilleure des choses à faire, surtout au vu de la situation, et surtout de ce qui se 'passait' entre eux deux, sur cette terrasse, l'un à côté de l'autre, Edward s'étant rapproché de Maria. Tout d'abord, la directrice de Berkeley ne savait pas si elle viendrait un jour à quitter Edward, dire le contraire serait synonyme de mensonge, mais franchement elle ne se voyait certainement pas quitter Edward parce qu'il était condamné, alors là, non, jamais. Maria n'était pas de ce genre-là, décidément pas. La règle numéro deux fut bien plus acceptable, et un sourire s'échappa même des lèvres de la brunette lorsque l'Irlandais lui expliqua qu'elle n'aurait rien de plus qu'un baiser pour le moment. Qui dit qu'elle en voulait plus ? Toujours silencieusement, Maria écouta la suite, attentivement. Lors de l'énonciation de la règle numéro trois, la brunette explosa d'un rire franc tout en sachant qu'Edward était l'homme le plus sérieux du monde et qu'elle devrait se préparer physiquement pour cette fameuse journée. Il était fou, elle l'aimait pour ça, mais pas que... La règle numéro quatre était finalement la règle qu'ils avaient en commun. Ils ne voulaient pas aller plus vite que la normale, ce que Maria appréciait dans le sens où en énonçant cette règle-là, Edward voulait tout d'abord protéger les enfants. Puis vînt la cinquième et dernière règle de l'Irlandais, à laquelle Maria répondit.

« Oui, monsieur. »

Lui souriant, son regard si charmeur entra en action et se tourna un court instant vers la table où était l'homme british qu'Edward avait bien failli frapper tant il observait Maria d'un regard douteux et envieux. Il était parti. Cela fit sourire la brunette.

« Calme-toi Roméo, ton pire ennemi est parti. »

Souriant de nouveau à Edward, la brunette passa une main dans les cheveux de l'homme qu'elle remit à peu près en place car le léger vent avait fait du grand n'importe quoi avec ceux-ci.

« Voilà. Là tu es tout ce qu'il y a de plus crédible. »

Cela me faisait du bien de voir Maria rire de bon cœur. C'est tout à fait moi ça, de dire des choses sérieuses tout en glissant quelques âneries ou autres petites blagues à l'intérieur. En fait, une conversation trop sérieuse, trop sévère me met rapidement mal à l'aise. Je préfère briser la glace. Souvent, ça marche. Par exemple, quand j'ai passé mon entretien avec Carl Hambrush pour décrocher le poste de professeur, j'ai un peu misé sur l'humour. Sachez que plus l'humour est pourri, plus ça marche. J'ai toujours eu l'habitude de faire le clown, et ce, depuis que je suis en maternel.

Carl : « Vous venez donc d'Irlande ? Pourquoi avoir déménagé ? »
Edward : « Mon mouton est mort, donc je n'avais plus d'attache là-bas. Et puis... j'ai toujours rêvé de manger un énorme cheeseburger. »
[…]
Carl : « Vous êtes archéologue à mi-temps... »
Edward : « Oui, c'est moi le véritable Indiana Jones. Celui qu'on voit à la télévision, ce n'est qu'un frimeur. Oh et puis je suis distributeur d'heures de colle aussi, mais pour le moment, ce n'est que du bénévolat. »

Bref, aller savoir comment, mais j'ai quand même décroché le poste. Il faut croire que les gens aiment l'humour merdique et le manque total de sérieux. Quoi qu'il en soit, Maria semblait également apprécier. Tant mieux j'ai envie de dire. Je lui adressais un beau sourire en coin alors qu'elle m'expliquait que l'homme dont j'étais jaloux venait de partir. Je tournais donc la tête, comme pour m'en rassurer. « De toute façon, les irlandais ont toujours été plus sexy que les anglais. » Mh... mais bien sûr !

Je sentis soudain la main de Maria dans mes cheveux. Je me laisse faire. Elle sait que j'adore cela, ce qui explique les nombreuses fois où, devant la télévision, j'étais allongé sur le canapé, la tête sur ses cuisses, pour qu'elle me masse la tête et me caresse les cheveux. Quand elle le fait, j'ai l'impression d'être un pacha. Pour ma part, je replace une mèche brune derrière son oreille, avant de laisser mes doigts glisser avec tendresse le long de sa joue. Je ne peux retenir un sourire. « Tu es consciente que tu peux faire de moi ce que tu veux ? », lui demandais-je avec amusement même si dans le fond, c'est vrai. Elle a une emprise tellement forte sur moi que j'ai l'impression à chaque fois que mes couilles se font la malle.

Maria O'Berkeley
♣ Edward O'Malley

Que pouvait-elle répondre à cela ? Que ce n'était pas ce qu'elle désirait ? Évidemment, elle n'avait pas franchement besoin de le spécifier ça. Edward était majeur et vacciné, il avait toute sa tête et donc était maître de lui-même. Maria ne voulait en aucun cas qu'Edward se voit comme un homme dépendant à une femme, car ce genre de comportement masculin était vraiment dangereux et ça, Maria ne le savait que trop bien dans le sens où elle avait vu ça plusieurs fois avec des amis à elle qui étaient comme cela avec leurs petites amies. De plus, elle trouvait ça idiot puisque tout le monde est maître de soi à la base, la soumission on l'accepte ou on la refuse, pour le coup c'est soit blanc, soit noir mais certainement pas gris. Enfin, tout ceci n'était que le point de vue de la brunette, bien-sûr.

« Je préfèrerai que ça ne soit pas le cas, tu sais. »

L'embrassant sur le front comme une mère embrasserait son fils avant que celui-ci ne parte pour l'école, Maria se recula par la suite pour être sûre et certaine qu'Edward ne tenterait pas de l'embrasser maintenant, car s'il le faisait, alors elle ne répondrait plus de rien alors qu'elle savait qu'elle le devait. Reprenant son verre de jus de fruits en main, la brunette termina son verre et regarda Edward qui n'avait pas bougé. Il était tellement beau. Ses Ray-Ban sur le nez qui lui donnait un air sur de lui, ses cheveux qui avaient repoussé et qui le rendaient alors terriblement sexy – comme quoi il n'y avait pas que sur elle que les gens pouvaient flasher. En vérité, Maria avait également très peur du regard que les autres femmes pouvaient jeter sur l'Irlandais dans le sens où, d'un il était plus jeune, et de deux il était beau comme un dieu. Il y avait largement de quoi s'inquiéter, non ?

« Tu as donné des cours l'université, aujourd'hui ? J'ai entendu dire cela ce midi à la cafétaria. »