the great escape
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❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY]

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❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Empty
MessageSujet: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptySam 23 Avr - 20:50

❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Tumblr_ljtdg1wJti1qedfx4o1_500

« JE FERAIS SANS - (...) Tes appels et ta voix que j’entends, que j’attends constamment, je ferai sans. Même si je m’applique à ne pas ignorer tes raisons tes arguments, ton souvenir a la force d’ un coup de poing que je prends en plein dedans. Je ferai sans, je ferai semblant. » Pauline Croze
« Alors cette culotte, elle arrive ? ». Il faut tout faire soi-même dans cette maison, on n’est vraiment pas aidé. Surtout lorsqu’on a pour colocataire un homme avec deux mains gauches. Je dis ça, mais, au fond, je l’aime bien le petit Atwoodth. D’ailleurs, je ne sais trop à quoi j’occuperais mes journées si je ne m’afférais pas à lui rendre la vie impossible… J’irais probablement en cours ou alors je trouverais un petit jeu de patience, je m’inscrirais peut-être même à la bibliothèque. Mais c’est tellement loin de moi, de la Emely que tout le monde connaît. Vous savez cette blonde peroxydée qui embête son monde, parle fort avec un léger accent slave et rit à longueur de temps. Cette même femme qui une fois la nuit tombée se transforme en vraie diablesse s’adonnant à des jeux ô combien scabreux, s’encanaillant avec le tout Berkeley. Le tout Berkeley, comme j’y vais. Il s’agit surtout de quelque privilégié trié sur le volet ; je ne suis pas de celle qui cède facilement… Puis admettons que je le sois, qu’y aurait-t-il de mal à ça ?

« Atwoodth, qu’est-ce que tu fous ? ». Décidément, je pouvais encore attendre longtemps… Ce mufle avait pris la poudre d’escampette, sans mots dires, me laissant choir derrière mon paravent les fesses à l’air. Alors que je m’extirpais avec difficultés, tachant de cacher autant que faire se peut mes attributs féminins, je trouvais l’objet de mes désirs, ma culotte, déposé négligemment sur le lit. Accolée à cette dernière, on pouvait y trouver un petit mot. Pour peu, je n’aurais pas cru qu’il était de Noah ! L’écriture était soignée et les lettres magnifiquement dessinées. C’était presque de la calligraphie. Mais ça, je me cacherais bien de lui dire ; il prendrait la grosse tête… Il y avait écrit :

Désolé, mais j’aurais tellement préféré avoir à te la retirer...
A bonne entendeur,

Noah
Sacré Noah, je le reconnaissais bien là. En effet, il avait tout compris aux femmes… Soigner la forme de façon à ce qu’on en oublie presque le fond. Procédé ingénieux, mais ô combien spécieux ! S’il pensait pouvoir m’attraper ainsi, il se fourvoyait. Comme je vous le disais plus tôt, j’attends un peu plus d’un homme, de la vie… Certes, j’ai connu de sombres échanges avec la gente masculine, salaces au possible, mais c’est tellement loin de l’idée que je me fais de l’amour. Pas celui avec un grand « A », celui-ci, je n’espère même pas avoir le privilège de le connaître. Car il demande du temps, des perspectives d’avenir… Et ça, je ne suis pas en mesure de les donner. Je ne sais même pas si j’en ai un d’avenir. Passons, il ne faut pas dramatiser ! Il faut savoir rester positif, voir le verre à moitié plein. La vie est belle, les oiseaux chantent et moi je suis… Apparemment en retard.

A m’émoustiller comme une sotte devant ce mot, j’en avais presque oublié mon rendez-vous. Je devais déjeuner avec Davery. Une comice devenue usuelle depuis mon arrivée à Berkeley. La belle Iota se chargeait effectivement de mon mentorat. Ainsi, tous les lundis nous nous retrouvions à la sortie de son cours de socio pour faire le point sur la semaine etc. Elle me rendait en mille ce que j’avais pu faire pour elle à l’époque. Je dis « en mille » car, hélas, je n’ai pas été ce qu’il y a de plus présente pour elle. Le mal, qui me rongeait alors, me minait d’une force telle que je pouvais à peine me lever de mon fauteuil pour profiter du bon air. Mes transfusions me fatiguaient. D’ailleurs, sans elle, je ne sais pas si je serais encore de ce monde… Car je n’ai pas toujours été ce joyeux luron qui ne perd pas une occasion de s’amuser. A la mort de Jan, je n’avais plus la force d’affronter mes démons, de me battre. C’est Shay qui m’a ouvert les yeux. Elle a été l’électrochoc qui m’a sorti de mon marasme et je ne la remercierais jamais assez pour ça.

Je me faisais donc violence enfilant fébrilement mes dessous. Oui, l’équilibre n’est pas mon fort… Je n’avais pas le temps de minauder, je prenais ainsi la première chose qui me passait sous la main. Il s’agissait d’un Tee-shirt loose blanc où l’on pouvait voir le logo des « Who » et d’un leggings noir qui avait malheureusement fait son temps. Il faudrait que je pense à en racheter… Mais pas le temps de m’encombrer l’esprit avec ces futilités, il ne fallait pas que je perde du vue mon objectif, à savoir être à l’heure. J’attrapais alors mon perfecto et des escarpins avant de disparaitre derrière ma porte. Zut, j’avais oublié mon sac ! J’étais décidément une vraie tête de linotte. Je cherchais donc à tâtons si j’avais quelque chose qui ressemblait à de l’argent et un paquet de clope dans mes poches, histoire de ne pas avoir à faire demi-tour. Eurêka ! J’avais même du feu. Pour une fois, je n’aurais pas à taxer les gens en route.

J’allumais donc machinalement une cigarette tout en quittant ma confrérie. Préoccupée par le temps, qui me manquait toujours, je n’entendais pas les salutations de mes confrères. Pas grave, je me rattraperais bien assez tôt. Le paysage défilait à toute allure alors que je trottinais jusqu’au bâtiment principal qui était à six lieux de ma maisonnée. Bon, j’extrapole surement, mais le campus est si vaste… Ainsi, alors que j’arrivais à peine à l’orée de l’aile B, j’entendais la cloche retentir. Dam nit ! J’étais en retard. J’accélérais donc la cadence, sans me préoccuper de la foule qui m’entourait. Rien n’avait d’importance, rien si ce n’est ma soit disant ponctualité. Je lui avais promis, je n’avais pas le droit de lui faire faux bond… Davery n’avait qu’une petite heure à me consacrer, le temps de sa pause. Je ne pouvais décemment empiéter sur ce temps si précieux à mes yeux…

J’étais toujours pressée par le temps ! Pour le coup, je ne menais pas le même train de vie que les sampis. Plutôt cool et décontracte, ils avaient une fâcheuse tendance à la paresse. Je me souviens d’ailleurs en avoir longuement discuté avec Mr. Van Dehxe à l’époque où il se préoccupait encore de mon cas. Il y voyait là une envie de lutte. Lutte contre mon destin ou je ne sais plus trop quoi, bref du charabia de Docteur. Et encore je suis gentille, je ne sais pas s’il mérite vraiment cette appellation. Un Docteur est un soignant, quelqu’un sensé vous alléger de vos maux ; pas vous en causer. Ce charlatan m’avait vraiment entubé avec ses belles paroles pour finalement m’abandonner, me laisser entre des mains mal avisées. Son successeur n’avait effectivement pas son panache. Il venait avec ses gros sabots me parlant de complexe d’Œdipe non réglé. J’ai une leucémie bordel ! Dite moi en quoi c’est une névrose ? Qu’est-ce que mon père a à voir là-dedans ?! D’ailleurs en parlant de ce charlot, sa silhouette se profilait à l’horizon. Bon sang, ce n’était vraiment pas mon jour, comme si j’avais besoin de ça aujourd’hui…
Alors que j’essayais vainement de l’éviter, ce dernier approchait dangereusement. Si bien que je m’affolais. Mon cœur battait la chamade. J’étais cernée ; coincée entre un groupe d’étudiants poché avant l’heure et les bancs, je ne pouvais me soustraire. Fuir cette rencontre inopportune…

Il se tenait à présent à moins d’un mètre de moi ; je fulminais. Comment pourrais-je me contenir devant cet homme qui me faisait défaut ? Le regard noir, j’exorcisais cette rancœur qui m’emplissait comme je le pouvais…

« Professeur… Puis-je ? »


Je n’avais nullement l’intention de m’attarder avec ce dernier et je lui faisais bien comprendre… Froide au possible, ma voix se voulait posée et déterminée.
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❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Empty
MessageSujet: Re: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptyDim 24 Avr - 16:14

    L’ironie participait, souvent même, aux pires horreurs. Elle entrait parfois directement dans l’harmonisation des événements, d’autres fois, elle n’intervenait que dans les rapports – fortuits ou non – avec les êtres vivants et les lieux.
    L’ironie, dans la vie d’Alcide, avait à voir avec la symbolique des lettres grecques… Dans sa jeunesse, on lui avait parlé du Christ comme étant l’Alpha et l’Oméga, le début et la fin, celui qui représentait l’éternité… et van Stexhe, nouvellement devenu le doyen de la confrérie Oméga, s’était épris, du haut de ses presque cinquante ans, d’une jeune fille, de près de trente années sa cadette, appartenant à la confrérie Alpha. L’Alpha et l’Oméga. Une situation à la fois douteuse et gênante, le genre de trucs dont on ne se vante pas et qu’on a même plutôt tendance à cacher. Surtout quand la jeune femme en question n’est autre que la fille d’un excellent ami.
    Un type comme Lovecraft en aurait fait une superbe nouvelle, assurément, incluant dans le récit les hauts et les bas, les doutes, les craintes, les promesses… et tout ce qu’il y avait eu ensuite. La séparation, qui n’enlevait rien aux sentiments, et puis le rapprochement, d’abord un peu timide des deux êtres.

    Le professeur avait beau retourner la situation dans tous les sens, dissocier sa vie privée de sa vie professionnelle devenait de moins en moins facile. L’une s’imbriquait sans cesse dans l’autre, et inversement. Résultat : la vie d’Alcide était un vrai fouillis. Et ce fouillis, il le gérait comme il pouvait, en essayant de ne pas trop décevoir Lucie, en essayant de rester compétent dans les domaines qu’il enseignait… puis en se bourrant la gueule pour décompresser de temps en temps. Oui, ce n’était pas la manière la plus appropriée, car chacun sait que l’alcool n’a jamais rien résolu, mais de temps en temps, à défaut de résoudre quoi que ce soit, eh bien l’alcool faisait du bien. C’était aussi simple que cela.

    Un jour comme aujourd’hui, l’homme ne pensait pas à tout cela. Il tâchait de se concentrer sur son boulot, veillant au maximum à offrir des cours de qualité à ses étudiants, par principe, afin de les amener le plus loin possible dans les trois matières qu’il enseignait. Dans le cours de psychologie, ils en étaient à l’analyse du cas d’Anna Rau, basé sur les études de Blankenburg et Binswanger. En critique des sources de l’information, le sujet du moment était consacré aux plus grandes arnaques dans l’histoire. Et en critique d’art, après quelques sculptures à analyser et critiquer, Alcide amorçait doucement le passage à la peinture.
    Oui, c’était du boulot pour lui, mais depuis qu’il était gosse, Alcide s’était toujours investi pleinement dans son travail dès que quelque chose clochait. Cela lui évitait d’avoir à penser. Et au moins, l’énergie dépensée dans le travail n’était jamais perdue… ce qui faisait défaut, par contre, c’était le retour sur soi, l’intériorité et la spiritualité.
    Se noyer dans le boulot, ça avait toujours été le mécanisme de défense d’Alcide van Stexhe. Enfant, lors du décès de son frère Eric, il avait été le premier de sa classe. Durant des années, n’ayant pas fait son deuil, il avait continué à bosser comme un fou. Ça s’était un peu calmé avec son entrée en faculté de philosophie et lettres, mais ça l’avait repris lorsqu’Ana était partie. Et maintenant, avec tout ce qui le poussait à se remettre en question, eh bien, van Stexhe assurait trois cours différents – et très différents, qui plus est – et venait de décrocher un poste de doyen. Oui, il s’investissait à fond, mais peut-être pas forcément pour des bonnes raisons.

    Bizarrement, la vie professionnelle était au beau fixe, si on mettait de côté quelques menus soucis qui finiraient bien par se régler un jour ou l’autre, tandis que la vie privée avait tendance à piétiner, à stagner comme de la vase au fond d’une mare d’eau croupie.
    C’était peut-être le signe qu’il était temps de faire avancer les choses avec Lucie. Essayer un nouveau départ, bien plus basé sur la confiance… mais Alcide se connaissait assez pour savoir ce pour quoi il aurait le plus de difficultés si la jeune Salaun voulait bien de lui. Ce n’était pas un besoin de chair fraîche qui le poussait à être infidèle, c’était autre chose… L’instinct, quelque chose comme ça. Pas moyen de résister, sauf en se faisant violence d’une manière extrême… et là, la frustration était telle que l’homme avait l’impression d’avoir été castré sans prévenir.
    Edward O’Malley lui avait déjà parlé de cela. L’Irlandais se sentait comme ça avec Maria, elle l’avait castré en le rendant amoureux. Et depuis cette confession de son pote, Alcide avait beaucoup réfléchi à la question. Le mieux, dans son idée, c’était que Lucie accepte qu’ils soient tous deux dans une relation libre… De toute façon, il n’y avait qu’elle qui comptait. Mais il ne savait pas comment lui dire ni comment lui montrer. Toutes les autres n’étaient que des intermèdes et l’amour avec elles, ce n’était que du sexe, sans plus, sans rien d’autre que le plaisir physique.

    Edward lui manquait un peu, au fond. Les deux hommes avaient eu une dispute assez importante lorsqu’Alcide avait dit la vérité à Samuel. Après cela, un long silence, jusqu’à ce qu’Edward appelle Alcide au moment où Maria et lui s’étaient séparés. Van Stexhe avait répondu présent et avait fait de son mieux pour soutenir O’Malley… puis tout s’était à nouveau brisé, peut-être parce que cette aide était trop unilatérale, peut-être parce qu’Edward avait fini par retourner avec Maria… Peu importait la raison, au fond, les faits étaient là. Un jour, il allait tout de même falloir mettre les choses à plat et essayer de faire la lumière sur leur amitié. Si celle-ci devait encore exister.

    Tout cela, c’était le quotidien de Mr van Stexhe. Un professeur parmi les autres, un homme parmi tant d’autres. En ce jour, il venait de quitter son cours de psychologie et s’apprêtait à faire un tour en bibliothèque, un endroit calme où il pouvait se plonger dans des lectures diverses sans déranger personne. Oui, c’était sans doute la meilleure chose à faire.
    Mais il fallait que le sort mette sur son chemin une jeune femme qui faisait depuis peu partie de ses étudiantes. Alcide l’avait repérée bien avant d’arriver à sa hauteur. Qui d’autre pouvait avoir une telle chevelure ? une telle démarche, reconnaissable entre toutes ?

    Emely McLohan. Van Stexhe la connaissait depuis quelque temps déjà. Avant qu’il ne soit son professeur de critique d’art. Avant qu’elle ne vienne à l’université. Cette fille l’avait déstabilisé et cela dérangeait l’enseignant. Il avait été son psychologue, il avait été son confident, celui qui l’avait suivie lorsqu’elle avait fait une rechute de sa leucémie… Et là, quand il lui avait appris la nouvelle et qu’elle lui avait répondu, tout naturellement
    « Ce sont des choses qui arrivent, monsieur van Stexhe », l’homme n’avait su que répondre. Il avait essayé de continuer à s’occuper d’elle, mais il n’y était pas parvenu.
    L’homme s’était souvenu de tout ce qu’impliquait une rechute de ce cancer du sang. Les leucocytes et autres cellules étaient présents en surnombre, déstabilisant tout le système immunitaire. Pour Eric, la deuxième rechute avait été la dernière. Et Alcide se rappelait parfaitement la détresse dans laquelle sa famille et lui-même s’étaient trouvés à l’époque. Le sentiment d’injustice, celui d’impuissance et puis tout un monde qui s’écroulait.
    Le cas de miss McLohan était trop proche de ce que van Stexhe avait vécu, enfant. Alors il avait pris la décision, après avoir beaucoup réfléchi, de ne pas garder ce dossier. Il se sentait trop impliqué et n’avait aucune envie de voir ressurgir ses vieux démons ou d’inverser les rôles. Paradoxalement, Alcide n’avait jamais parlé de son frère lorsque lui-même suivait une thérapie. Il avait tout centré sur Ana et son départ inopiné. Alors, forcément, il n’était pas guéri de la perte de son frère aîné.

    Et donc, une fois près de la jeune femme, l’enseignant avait prévu de la saluer poliment, comme si de rien n’était, sans rien dire… mais elle le devança avec une phrase qui l’interpela :
    « Professeur… Puis-je ? »

    Il ne comprenait pas où elle voulait en venir. La voix de la jeune fille était glaciale, tranchante et son regard ne l’était pas moins. Face à elle, Alcide se sentait mal à l’aise. C’était chaque fois la même chose.

    "Puis-je ? Mais puis-je quoi ?..." Il avait l’air perdu, sur le moment. Non, il ne comprenait pas ce qu’elle avait voulu dire, et cela se sentait dans sa voix, tout comme cela se traduisait dans son attitude. "Où voulez-vous en venir, Emely ?"

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❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Empty
MessageSujet: Re: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptyMar 26 Avr - 19:42

❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Tumblr_ljatxsFMLv1qb6hcko1_500

« LIVRE DES SENTENCES - (...) Il n'y a que les pères et les mères qui s'affligent véritablement de la maladie de leurs enfants. » Confucius
« Puis-je ? ». Ces simples mots avaient dépassé ma pensée. De quoi avais-je l’air à présent, embarrassée au possible, devant cet homme de trente ans mon aîné. Dire que ma mère me rabâchait sans cesse qu’il fallait respecter ses paires... Elle rougirait de honte si elle me voyait. Qu’est-ce qui m’avait pris d’aller lui dire ça ! Le voilà qui demandait des explications ; je m’étais encore fichue dans un bel embargo. Pourquoi ?! Pour la bonne et simple raison que je n'étais pas en état de lui en fournir. Je me voyais mal affronter son regard pour lui dire que j'avais le cœur sur les lèvres à sa simple vue. Il me faisait l'effet d'un judas, m'ayant mené non vers Ponce Pilate, mais un endroit similaire ; sans foie ni loi où la confiance n'a pas sa place, n'a plus sa place. Lui non plus ne semblait pas à l’aise… A croire que c’était le jour qui voulait ça ! Car dieu sait que j’avais rêvé de cet instant, du jour où je pourrais déverser tout mon saoul, exorciser cette douleur qui m’anime. Car oui professeur, depuis qu’on ne s’est vue, depuis que vous m’avez abandonnez, il s’en est passé des choses ! Et sans vous pour m’aider à prendre les bonnes décisions, faire les bons choix ; car c’est bien le rôle d’un mentor non ?! Et bien sans vous, j’ai complètement merdé. Quel terme vil et si peu approprié, c’est pourtant bel et bien ce que je pense. J’ai merdé, vous avez merdé ; on a tous merdé.
J’ai envoyé paitre l’un des rares hommes que je pense avoir aimé ou apprécié, appelez ça comme vous voulez. Je fuis tout ce qui ressemble de près ou de loin à un engagement sur la durée, pour dire, j’ai même entrepris des études qui ne mènent nulle part ! Il est beau le résultat…

Alors même que nos pupilles se confondaient, une larme de fureur perlait sur ma joue. La bouche légèrement entrouverte, j’essayais de baragouiner quelque chose, en vain. Aucun son ne semblait vouloir s’en réchapper. Je restais donc là, inerte. Le regard vitreux, les mains moites, en sueur ; le diagnostic ne trompait pas. Alors Docteur, verdict ?

Vous ne vous mépreniez pas, j’entamais effectivement une petite crise d’angoisse. Petite ; comme j’euphémise. Ma respiration se saccadait à mesure que mon pouls s’accélérait ; j’étais bientôt en rade d’oxygène. Agrippant ma gorge de mes griffes acérées en un vague soubresaut, je croyais défaillir. J’avais beau serrer de toutes mes forces de sorte que le mal qui m’habite ne s’extirpe, rien n’y faisait. Je suffoquais. Terrassée par cette vilaine angoisse, je m’affaissais de tout mon long sur le sol poudreux du sentier qui menait à l’une des entrées de l’université. Des groupes d’étudiants qui passaient par là se retournaient de temps à autre, lançant un petit Regardez là celle-là !. Ils me montraient du doigt, me dévisageaient. J’étais redevenue le monstre d’autrefois, Emely la sorcière.
Avec cela, j’en avais presque oublié la présence du professeur qui était bientôt plus blanc que mon Tee-shirt. Il n’avait pas l’air bien le pauvre… J’avais presque de la sympathie pour lui tout à coup. Et alors que ma vue se troublait, j’essayais de décrypter le moindre de ses faits et gestes. De comprendre, de le comprendre. Ce n’était pas chose aisée avec le palpitant qui faisait des siennes. C’est alors qu’on s’empara de ma main, celle qui m’entourait toujours le cou, la projetant avec force sur le sol. Le nuage de poussière qui s’en réchappa masqua subversivement le sang qui s’en réchappait. Quelle sotte ! Je m’étais griffée à sang…

Le temps me semblait infiniment long, il pouvait bien s’être passé une heure. Alors qu’en réalité, tout allait vite. Pris dans le feu de l’action, le professeur avait dû mettre de côté ses propres angoisses et réticences pour s’adonner aux miennes.

Ainsi, ce ne fut que lorsque ma respiration reprit un semblant de régularité que je repris conscience. Il était là, à mes côtés… Troublée, je ne savais plus si je devais lui être redevable pour ce secours minute ou lui en vouloir pour être la cause de ce mal-être. J’optais pour un merci, histoire que ma pauvre mère n’ait pas trop honte de sa fille. « Merci… » ; ces mots avaient des airs d’excuse. Et pourtant, je n’avais nullement l’intention de m’excuser. Je ressentais une pléthore d’émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres de sorte que je ne savais plus vers laquelle me tourner… J’étais adosser tout contre cet homme au regard ténébreux qui me jaugeait. Je ne pus m’empêcher de humer son parfum, la tête sur son épaule. Il sentait bon le chèvrefeuille… Comme mon père. Je me laissais alors aller à quelques divagations, fatiguée et à demi-somnolente, je susurrais : « Je ne m’éloignerais plus, promis. Je ne vous… Je ne m’infligerais plus jamais ça. Tu m’as tant manqué ! Pa… ». Mais ces propos incohérents, en apparence, ne l’étaient pas tant que ça. Ils en disaient long sur mon ressenti. Mes parents me manquaient, c’était indéniable. Mais je déplorais surtout la perte d’une figure d’autorité, d’un encadrant. Ce même rôle que j’avais prêté plus tôt dans l’année à Mr. Van Stexhe. Et tout à coup, je le retrouvais pour un court instant, le temps d’une pause. Le temps d’une trêve.

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MessageSujet: Re: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptyMer 27 Avr - 21:41

    La situation n’avait rien d’exceptionnel en soi, mais elle n’était pas toute simple pour autant. Compte tenu des tenants et aboutissants de tout ce qui reliait Alcide à Emely, il n’était jamais facile pour l’homme de trouver la réaction adéquate. Lui qui se devait de mettre en avant la confiance, la discussion et le non-enfermement était complètement déstabilisé face à cette jeune fille… car, au fond, elle était comme une incarnation de ses propres limites. Son plus grand échec avait été d’être obligé de laisser ce dossier à un collègue… Van Stexhe avait eu beau essayer, de toutes ses forces et de tout son être, ce petit bout de femme le mettait face à ses angoisses, aux confins de ses capacités personnelles…
    Alors que le dossier McLohan lui avait d’abord paru être une formidable occasion d’essayer de se guérir lui-même, d’enfin faire son deuil, en assistant aux progrès d’Emely et à sa guérison, la rechute avait tout chamboulé. Et le fait que la jeune femme prenne cela si bien… enfin, "si bien"… il ne fallait pas non plus exagérer, mais Alcide ne comprenait pas l’attitude de la demoiselle face à ce qui lui arrivait : elle n’était pas résignée, non, c’était plus proche de l’acceptation que de la résignation. Et cela, c’était sans aucun doute une barrière que le professeur ne pouvait pas franchir, parce que cette fille était fichue, condamnée par cette maladie, comme l’avait été Eric avant elle… et, vraiment, l’homme était tout bonnement incapable de pouvoir comprendre cette réaction.

    Retrouver une ancienne patiente à Berkeley, cela n’était pas non plus exceptionnel. Même les psychologues étaient tenus au secret professionnel, alors, jamais Alcide n’aurait fait allusion à quoi que ce soit qui puisse gêner ou déranger Emely. Car, au fond, elle était plus qu’une patiente, à ses yeux. Elle était celle qu’il n’avait pas pu aider. Celle qui rappelait sans cesse Eric à ses souvenirs. Celle qui envisageait la vie comme elle venait alors que lui se dispersait de tous côtés pour éviter d’être confronté à une réalité trop dure pour lui. Le travail, le sexe, les sorties… tout cela lui apportaient un sentiment de sécurité, d’une certaine manière.
    Et il en avait besoin. Ces temps-ci, tout particulièrement, tant il avait l’impression d’être un homme traversant la vie avec des souliers trop étroits et un sac à dos bien trop lourd. Le poids du passé prenait tout son sens et l’enseignant avait déjà plusieurs fois hésité : peut-être était-il temps de prendre un petit congé médical ou de démissionner. Mais cette dernière option ne serait avancée qu’en dernier recours. Si vraiment rien ne pouvait s’améliorer. Au tréfonds de lui-même, van Stexhe espérait que son rôle de doyen allait pouvoir lui permettre de se réapproprier sa vie comme il le devait. Il avait des choix à faire et ne parvenait pas à se décider. Un tas de dilemmes traversaient son existence ces derniers temps et, à la longue, cela était particulièrement éreintant.

    Les yeux couleur havane d’Alcide s’étaient plongés, comme par réflexe, dans ceux de son ancienne patiente et l’homme vit perler quelque chose au coin de l’œil d’Emely. Face à lui, elle était une dame de fer ou de glace, elle semblait le voir comme un ennemi, comme quelqu’un qu’il ne fallait pas mettre sur son chemin. Il eut aussi l’impression que le menton de la jeune Sampi tremblait un peu. Et puis, tout se passa très vite.
    Alors qu’au départ, ces petits détails avaient paru n’être que des traductions physiques de la déception profonde que ressentait Emely à son égard, Al se rendit petit à petit compte qu’il y avait autre chose. La jeune fille se mit à avoir des difficultés respiratoires, comme de l’hyperventilation. Puis, elle attrapa sa propre gorge qu’elle se mit à griffer…
    Cette image fit pâlir van Stexhe. Elle n’était quand même pas en train d’essayer de se foutre en l’air sous ses yeux ?

    Le corps de la jeune fille se raidissait, ses yeux se remplissaient de larmes… et l’homme jeta ses affaires sur le côté pour se précipiter sur elle. Il se devait d’agir, il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il avait foncé, en ne pensant à rien d’autre qu’à empêcher que n’arrive un accident, et avait arraché la main d’Emely de sa gorge. Elle s’était ouverte jusqu’au sang. Alors que sa maladie l’affaiblissait déjà.
    Accompagnant doucement la jeune femme dans sa chute, van Stexhe s’assit sur le sol du sentier, se fichant pas mal de la poussière, et il installa la Sampi contre lui, parce qu’il lui serait sans doute plus confortable de ne pas être étalée sur la poussière et les minuscules cailloux – parfois pointus – qui jonchaient ce petit chemin.

    Elle semblait commencer à se calmer, Dieu seul savait comment et pourquoi, et Alcide s’en sentit soulagé. Quelques étudiants regardaient la scène sans réagir, comme s’ils assistaient à un spectacle, au lieu d’appeler une infirmière ou quelqu’un de compétent dans le domaine médical. Van Stexhe connaissait les bases, les premiers soins, enfin, il avait eu plusieurs formations là-dessus, et il avait rarement dû mobiliser ces connaissances-là au cours de sa vie, à vrai dire. Alors sur le moment, c’était plutôt à l’instinct qu’il avait fonctionné. Empêcher Emely de se faire du mal. L’empêcher de tomber lourdement sur le sol. Amortir sa chute… et vérifier les fonctions vitales.
    La main gauche de l’homme avait pris le poignet gauche de miss McLohan et il lui prenait le pouls en regardant furtivement sa montre. Après cela, un peu rassuré, il essaya de se montrer protecteur, ordonna aux étudiants qui les regardaient de s’éloigner… Il se disait que cela allait passer, qu’Emely allait vite reprendre conscience et qu’il ne pouvait rien faire de plus que rester près d’elle en un pareil moment.

    Et soudain, bougeant à peine les lèvres, la jeune femme murmura un remerciement auquel Alcide répondit par un simple
    "Chhht, garde tes forces, Emely…"

    Il l’avait tutoyée, comme lorsqu’elle était son dossier. C’était sorti tout seul et, à vrai dire, ce n’était peut-être pas plus mal.
    Van Stexhe avait l’impression que la jeune femme adossée contre lui avait besoin de se poser un peu, un moment, de prendre un peu son temps et de se laisser un peu aller. Elle avait l’air d’être fatiguée, très fatiguée… et elle délirait. A moins que ce ne soit juste la vérité qui sortait, sans qu’elle n’ait plus la force de la retenir ? Sa voix était si faible en cet instant… si douce, aussi, plus rien à voir avec la voix glaciale à laquelle l’homme avait eu droit quelques instants plus tôt… Quant aux propos… eh bien, à la vérité, Alcide les perçut très bien. Ce n’était en rien des reproches, c’était plutôt comme une promesse, doublée d’une reconnaissance… et le
    "Pa…" final, l’homme se disait qu’il ne devait pas être pour lui. Il n’était pas un père. Il ne l’avait jamais été et il y avait des chances pour qu’il ne le soit jamais.

    "Ne t’inquiète pas, Emely, je suis là, je reste avec toi. Moi non plus, je ne m’éloignerais plus."

    Il ne l’abandonnerait pas. Il s’en voulait déjà suffisamment de n’avoir pas été à la hauteur pour aider Emely comme il aurait dû le faire. Cette situation était différente, mais il pouvait faire quelque chose. Ôtant sa veste, van Stexhe la posa au-dessus de la jeune fille, il n’avait pas mieux comme couverture et, bien que le printemps était assez chaud, il arrivait que de tels malaises donnaient l’impression d’un froid intense.

    Alcide posa le dos de sa main sur le front de l’étudiante, pour vérifier qu’elle n’était pas en train de faire une montée de fièvre. Il craignait pour elle… il la savait si fragile physiquement… peu importait le reste, pour le moment, seule Emely comptait et Al avait bien l’intention de rester à ses côtés le temps qu’il allait falloir pour qu’elle se remette.

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MessageSujet: Re: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptyMar 24 Mai - 12:32

❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] Tumblr_lkvd83HPeP1qhsh8po1_500

« DEMAIN DES L'AUBE - (...) Je marcherai les yeux fixés sur mes pensés. Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, triste, le jour pour moi sera comme la nuit. » Victor Hugo
Avachie sur son épaule, encore un peu sonnée, je reprenais peu à peu connaissance. Mes yeux, encore embrumés d'avoir trop pleurés, se posaient d'instinct sur le visage de mon sauveur. Troublée, je ne savais trop que faire, quoi dire. J'étais là à me prélasser sur celui envers qui, plus tôt, je fustigeais. Cette douce accalmie n'était en rien pour me déplaire, je n'avais jamais aimé guerroyer, me battre. Je n'en avais plus la force. Preuve en est, au lieu de lutter contre le destin et la fatalité, je l'épousais ; abondant en son sens. Je me destinais à une fin des plus tragique et j'en prenais conscience aux côtés de cet homme qui avait essayé maintes fois de me résonner. Mais pourquoi tant d’acharnement ? C’est vrai ; égoïste au possible, je n’avais cherché à savoir pourquoi le beau professeur c’était alléger de mon cas. Pourquoi m’avait-il lâchement abandonné aux mains soit disant experte de ce collègue incapable ?! Et quand bien même je le saurais, changerait-ce quoi que ce soit à ma position ? J’en doute. Trop rancunière pour laisser passer à la trappe une telle trahison, je ne pourrais décemment lui pardonner. Plutôt mourir que d’avoir à ravaler ma fierté, cet orgueil destructeur.

Ne t’inquiète pas, Emely, je suis là, je reste avec toi. Moi non plus, je ne m’éloignerais plus. Ces quelques mots dissonaient avec le portrait que je me faisais de lui. Il ne m'abandonnerait plus... Devais-je lui faire confiance ou était-ce un mensonge de plus ? Perdue, une fois encore, je tentais vainement de me relever. Car si ma vue semblait être revenue, mes jambes, elles, ne paressaient pas enclines à en faire de même. Tant pis, ce n'était que partie remise. Je devrais donc supporter cette douce mascarade, me prêter à quelques sourires enjôleurs et faire bonne figure avant de le quitter, que la situation revienne à la normale. Gainsbourg et Aznavour avaient tellement raison. « Désolée un instant, prête à recommencer » ; c'était tout à fait cela. Je n'en faisais vraiment qu'à ma tête ! Lunatique au possible, je me comportais comme une enfant avec ce dernier. Quoi qu'il n'y avait pas qu'avec le beau professeur... Alejandro, lui aussi, souffrait de mes caprices incessants. Je l'avais lâchement abandonné alors que le bonheur nous souriait et qu'aucune ombre ne semblait se profiler à l'horizon. Il faut croire que j'avais un problème avec ça. Je me disais fatiguer par la guerre, méprisant la vengeance et le mensonge et pourtant je n'hésitais pas un instant à m'y adonner corps et âme. Comble de l'hypocrisie, j'étais membre d'une des rares sororités pour qui le pardon était devenu un mantra... Pardonner ; le pourrais-je seulement ? Avais-je assez de courage et de dextérité pour mettre de côté mes propres prérogatives et me soucier du bien commun, de la paix. je n'irais pas jusqu'à dire universel, mais presque. C'est après tout les plus petits actes du quotidien qui participent à l'élaboration de cette belle et grande œuvre. Certains parlent d'effet papillon ; l'image est belle, mais ô combien simpliste.

A cet instant précis, alors que Alcide s'attachait à me recouvrir de son veston. Certaine que l'attirail seyait mieux à ses courbes qu'aux miennes, je grimaçais légèrement. La mine renfrognée, je minaudais. Pour sûr, j'allais beaucoup mieux. Mais ça, Mr. Van Stexhe ne semblait pas l'avoir vu... Trop occupé à essayer de me prendre la température tout en me maintenant droite, il ne pouvait apercevoir le sourire qui se dessinait à mesure de ses actions sur mon visage. Amusée de le voir si préservant, je me demandais quel père ferait le beau professeur. Décidément, lorsque je parlais de lui tout tournait toujours autour de la paternité...

C'est alors que je me détachais de ses longs bras qui épousaient mes courbes avec tant d'ardeur pour plonger mes prunelles, une fois encore, dans ses yeux couleur havane. Son regard en disait long ; il s'en voulait c'était plus que certain. Mais il y avait autre chose, quelque chose de plus profond. Un mal, perçant, qui ne daignait faire surface de peur d'accabler les badauds, se montrer fragile. J'étais bien placer pour savoir ce qu'on pouvait ressentir dans ces cas là... J'oubliais ainsi temporairement ma rancœur pour m'intéresser à la sienne. Ma curiosité était telle que je n'en avais plus rien à faire du pourquoi je me retrouvais là, sale, sur le bas côté. Plus rien n'avait d'importance si ce n'est combler cette soif insatiable de savoir et connaissance. Je m'étais ouverte tant de fois à cette homme, n'était-il pas normal d'en attendre de même venant de sa part. Il m'aiderait peut être ainsi à comprendre, le comprendre, à résoudre l'équation Van Stexhe qui me faisait défaut depuis bien longtemps.

« Mr. Van Stexhe qu'est-ce que tout cela ? Et ne me dites pas que c'est du à mon seul état auquel cas je ne vous croirais pas. Il y a autre chose n'est-ce pas ? Je le vois. ». S'en suivit un long silence réprobateur, il essayait de fuir lui aussi. Cette conversation, peut être trop intimiste, l’incommodait. Nous avions assurément beaucoup plus en commun que ce qu'on voulait bien admettre et encore... Je n'étais pas au bout de mes surprises. C'est alors que j'ajoutais, laissant de côté le tact et les pincettes :

« Je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, bien au contraire. J'essaye seulement de comprendre. Je suis un peu perdue et encore, c'est peu dire. Seulement, j'ai l'impression que cela n'est rien à côté de votre cheminement intérieur. Bon, ce n'est peut être pas le bon mot, pardonnez moi. J'ai encore un peu de mal à jongler avec la langue de Shakespeare. Cependant, l'intention y est. J'ai l'intime conviction que ce que vous pourriez me dire, m'annoncer, pourrait m'aider. Je sais, c'est idiot. Appeler ça un sixième sens, l'intuition féminine ; je ne sais pas... Mais... ».

Un nouveau silence s'installa. Je ne sais trop comment, ni même pourquoi mais j'avais l'impression d'enfin détenir la clef, l'élément phare de cette équation. « Vous n'êtes pas fatigué de feindre vous aussi ? ». Ces mots, de haut vol, semblaient l'atteindre. La question était me répondrait-il ou userait-il de quelques stratagèmes pour fuir comme le veut l'usage. Retors, je m'attendais à ce qu'il utilise des tournures alambiquées à l'instar de ces prestidigitateurs de la prose : les politiciens.
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MessageSujet: Re: ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] ❝ La haine, comme l’amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. ❞ [ALCIDE&EMELY] EmptyLun 30 Mai - 19:00

    La situation était telle qu’Alcide se tenait prêt à tout. Il savait pertinemment que la maladie dont était atteinte Emely affaiblissait beaucoup son système immunitaire. Il savait qu’une leucémie pouvait s’aggraver en un rien de temps, à cause de broutilles : une plaie laissant entrer une bactérie ou un microbe quelconque dans le corps, même un bête petit rhume pouvait déclencher des avalanches. Van Stexhe avait vécu tout cela étant enfant, lui et sa sœur avaient dû rester une semaine chez leurs grands-parents lorsque, Eric ayant pu rentrer de l’hôpital, Gwendoline avait commencé une varicelle. Il fallait mettre les personnes atteintes de leucémie à l’abri de tout cela et ce n’était jamais facile à vivre.

    Alcide savait aussi que la jeune femme lui en voulait. Et il comprenait très bien cela. Lui aussi aurait certainement perçu une telle défection comme un abandon ou une désertion de poste. Mettre sa vie, son histoire et sa confiance entre les mains d’une personne qui finalement vous laissait tomber, cela ne pouvait alimenter que de la haine et de la rancœur… et cela, l’homme l’entendait très bien. Pourtant, ce n’était pas pour essayer d’arranger les choses que l’enseignant s’était rué au secours de son ancienne patiente. Cela n’avait rien à voir avec lui, ni même avec elle. Il l’aurait fait pour n’importe qui. Le hasard avait décidé que ce serait eux deux et pas des inconnus, simplement.

    Van Stexhe était aux petits soins avec Emely. Il connaissait les bases des premiers soins, il avait fait en sorte d’éviter tout suraccident, avait ordonné aux étudiants curieux de s’écarter, pour ne pas étouffer la jeune Sampi… Peut-être avait-il été agressif à ce moment-là, car les badauds s’étaient éloignés sans broncher, sans même lui proposer un peu d’aide. L’homme se retrouvait seul avec cette jeune femme inconsciente dans les bras.
    Il vérifiait les fonctions vitales, essayait d’analyser la situation de son mieux, tenant compte du pouls, cherchant à se rassurer quant à la température corporelle de l’étudiante… il était même allé jusqu’à ôter sa veste pour protéger la jeune femme d’un éventuel courant d’air. L’homme aurait bien appelé quelqu’un, les urgences ou Antoine, histoire d’avoir quelqu’un de compétent pour l’aider, mais il sentit la jeune femme bouger sous ses bras, se retourner pour le regarder avec une intensité qu’il n’aurait pas pu soupçonner.
    Alcide eut l’impression que les yeux d’Emely le vrillaient, comme deux mèches d’une perceuse électrique qui s’enfonçaient en lui par le simple regard. Il ne dit rien, mais se sentait soulagé qu’elle ait repris ses esprits. Et quand elle prit la parole, van Stexhe sut qu’elle avait lu en lui, Dieu seul savait comment, et qu’elle le tenait.
    Silencieux, le professeur ne baissa pas les yeux. Il tendit la main vers la joue pâle de l’étudiante, l’effleura, parce qu’il s’était inquiété pour elle et que le soulagement qu’il ressentait lui intimait l’ordre de continuer à être prévenant et attentif à elle…

    Miss McLohan parla à nouveau. Elle avait, apparemment, repris tous ses esprits et semblait prête à recevoir quelques explications. Enfin, c’était cela qu’elle désirait, au fond, des explications. Elle disait vouloir comprendre, être perdue… un peu à cause de lui, sans doute, à cause de sa fuite, de sa désertion… mais elle lui parlait aussi de lui, elle avait lu dans ses yeux, elle avait découvert quelque chose que l’homme avait enfoui profondément, quelque chose dont il ne parlait jamais. Même Samuel et Edward n’en savaient rien.
    Les propos de la demoiselle se terminèrent par quelque chose qui ne pouvait que faire réfléchir le professeur. Emely était convaincue que s’il lui parlait, cela l’aiderait. Alcide resta immobile. Il ne voulait pas parler de cela. Pas ici, pas maintenant… C’était trop personnel, c’était trop intime…

    Et puis elle eut ces mots qui atteignirent leur but. Fatigué de feindre… bien sûr qu’il était las de toute cette comédie. Evidemment, il en avait assez de tenir le rôle de l’homme fort, capable de tout supporter sans craquer…
    Pouvait-il parler de sa propre vie à une ancienne patiente ? Pouvait-il espérer que cela pourrait aider la jeune femme ? Pouvait-il espérer que cela allège son propre fardeau ?

    L’homme se souvenait de ce qu’il avait découvert, quand il avait quatorze ou quinze ans, avant de péter les plombs et de devoir changer d’école…
    Le pardon est un don, un cadeau : il ne s’impose pas, on ne peut pas l’exiger de quelqu’un.
    Pardon et compréhension ne sont pas deux attitudes équivalentes : on peut pardonner à quelqu’un sans comprendre pourquoi il a mal agi et inversement, comprendre pourquoi il a agi, sans pour autant lui pardonner, en lui gardant une profonde rancœur.
    Le pardon nécessite la vérité pour que la victime se sente reconnue dans sa souffrance et que l’agresseur prenne conscience de ce qu’il a fait.
    Pardonner, ce n’est donc pas trouver des excuses, fermer les yeux en disant : « Ce n’est pas grave ». Le véritable pardon, celui qui ne laisse plus de traces douloureuses dans la relation, c’est parfois dire : « C’est grave ce qui s’est passé entre nous mais notre relation est plus forte que cela. Ma souffrance est profonde mais je t’aime plus que cela. »
    Le pardon est de l’ordre de la renaissance : il s’agit de faire revenir à la vie ce qui était mort dans la relation. C’est continuer à donner (son amour, son amitié, sa confiance, etc.) malgré ce qui s’est passé :
    Par-donner.
    Pardonner ce n’est pas oublier. Oublier ce serait oublier l’offense mais aussi la souffrance, faire comme s’il ne s’était rien passé, occulter une partie de son histoire. Comment essayer de reconstruire une relation sur de telles bases ? A la première occasion, ce qui était enfoui risque de refaire surface et de provoquer des ravages.
    Le pardon introduit une nouvelle dimension dans la relation. Une relation renouée est souvent plus forte que celles que rien n’a jamais égratignées…

    Voulait-il vraiment qu’Emely sache la vérité ? Il n’en était pas sûr. Avait-il le droit de se livrer à elle ? En théorie, elle n’était plus sa patiente et il n’avait donc plus rien à voir avec elle. En pratique, elle était son plus grand échec professionnel. Et ça, il n’avait jamais pu l’accepter vraiment… Emely McLohan l’avait mis face à ses propres faiblesses, à ses limites d’être humain et elle lui avait, sans le savoir, rouvert des plaies qui n’avaient jamais vraiment cicatrisé. Chacune de ses paroles, décochées comme autant de flèches, atteignait Alcide en plein cœur. Cette relation psy-patiente avait été bien trop prenante, presque intrusive… Il avait fallu y mettre un terme pour ne pas perdre pied. Pouvait-il désormais se livrer, se confier à celle qui ne lui avait offert que sa confiance puis sa rancœur depuis qu’il la connaissait ?

    Alcide hésitait et cela se voyait. Il pesait le pour et le contre, cherchait une issue qui pourrait satisfaire la soif d’Emely sans remuer trop son passé à lui, mais cela n’était pas possible. Alors, décidant que la jeune femme avait le droit de savoir, il prononça quelques mots, à voix à peine audible…


    "Être face à toi était trop difficile pour moi Emely…" C’était un début, mais à vrai dire, van Stexhe ne savait pas vraiment comment il était censé exprimer cela… "Tu me rappelais… tu me rappelles trop de souvenirs pour que je garde la tête froide… C’est au-dessus de mes forces, Emely… J’ai été obligé de te décevoir et t’abandonner pour me préserver…"

    Il n’avait pas eu le choix. Mais en disant cela, il ne faisait qu’entrouvrir la porte vers une confession plus profonde, à laquelle il ne se sentait pas encore prêt.

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