« Chérie, j'y vais. », lançais-je à Maria alors qu'elle s'était consacrée à une soirée entre filles avec quelques amies. C'était une bonne excuse pour partir d'ici. Je déposais un baiser sur ses lèvres, puis enfilais ma veste. Je saluais rapidement les autres femmes ici présentes, et fuyais avec une certainement rapidité cet attroupement de vagins. Non pas que ça soit flippant, mais ces temps-ci, oui. J'avais bien envie d'aller jusqu'au bar, à pied, afin de me changer les idées. Oui, j'y allais seul, faute de ne pas être avec Alcide. En effet, ce dernier était trop occupé ce soir avec sa nouvelle conquête dont je ne connaissais toujours pas le nom. Il avait refusé de me le dire. Mh... il avait uniquement précisé que c'était la fille d'un de ses amis. Ami en commun ? Ça, je ne le savais pas. Je ne l'espérais pas en tout cas. Quoi qu'il en soit, je préférais ne pas m'en mêler plus que ça. Je n'avais pas la tête à me pencher davantage sur la question en fait, tout simplement.

« Un verre de whisky s'il vous plaît... » Il arrive un moment où les hommes ont besoin de se retrouver seul, comme des loups solitaires. On vient errer dans un bar, on s'assoit au comptoir, on commande des verres, on boit en silence. Le but ? Ne pas être enfermé chez soit. En fait, je n'ai pas envie d'être coincé entre quatre murs et plonger la maison dans un silence douteux. J'ai préféré aller prendre l'air. Maria n'a pas été contre. De toute façon, je me trouve bien trop désagréable ces temps-ci pour lui infliger autant ma compagnie. Mieux vaut que je m'écarte un peu d'elle le temps que je remette de la mort d'Alan, le temps que je ne ressente plus une haine immense pour le monde entier. Le pire dans toute cette histoire, c'est que j'ai conscience d'être désagréable en ce moment. Je ne suis pas dans mon assiette, et j'ai beau me dire qu'il faut que je sois plus sympa, quand on m'adresse la parole, ça m'énerve, je réponds avec une certaine agressivité, et je pars au quart de tour. Maria n'était pas là pour supporter cela. Elle avait assez donné au cours de sa vie. De plus, la grossesse commençait sérieusement à la fatiguer. Enceinte de six mois, elle commençait bien à ressentir les aléas du fait de porter un bébé dans son corps. Je ne voulais donc pas qu'elle ait, en plus, à devoir s'occuper d'un adolescent en crise comme moi.

Je pensais à mon frère, alors que je jouais avec le verre de whisky dans ma main. Alan. Il allait me manquer ce con. Enfin, c'était déjà le cas en fait. Ça me détruisait de savoir qu'il était parti, parti avant moi alors que lui, avait été en parfaite santé, adoptant un rythme de vie des plus sains. Il s'était juste trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. S'il avait pris la voiture trente secondes plus tôt ou plus tard seulement, il serait encore en vie. C'est horrible de se dire ça. Dans le fond, peut-être que le destin existe vraiment. En attendant, ça me déchirait le cœur de le savoir décédé, et aussi de voir ma famille totalement anéantie. Ma mère en aura bavé une grande partie de sa vie malheureusement. J'avais mal pour elle. Si j'en avais été capable, si ça avait été possible, je lui aurait arraché cette douleur et l'aurait prise à sa place, afin de pouvoir la soulager. Comment j'aurais fait de toute façon ? La douleur était déjà trop forte, comme si on s'amusait à faire saigner davantage une plaie béante. Je portais le verre à mes lèvres et le descendais cul sec, avant d'en recommander un autre.

Mains dans les poches et sourire aux lèvres, Samuel marchait dans les rues de Richemond District. C’était le quartier où il habitait désormais et il visitait les lieux de temps en temps. Il venait de passer la journée avec quelques membres de sa famille. A vrai dire avec quelques cousins et cousines. C’était l’anniversaire d’un des cousins et ils avaient été fêter ça. Il allait rentrer chez lui, quand il avait décidé de ramener la voiture devant chez lui et d’aller faire un tour à pied. Les mains dans les poches, il continuait son chemin tranquillement, seulement au fil des minutes son sourire laissait place à un froncement de sourcil prononcé. En effet, marcher permet de réfléchir. Commençant donc par tout ce qui avait été dit et fait aujourd’hui, c’était plutôt bon, seulement Sam commença à penser à sa vie. Ca faisait un mois et deux semaines qu’il était au chômage. Il avait postulé dans plusieurs établissements, allant des universités aux lycées. Il avait pensé faire bonne impression sur la direction de l’université de Stanford, mais apparemment ça n’avait pas été le cas, vu qu’on lui avait dit qu’il ne pouvait pas être prit. Aujourd’hui niveau boulot, il n’avait toujours rien. Son dernier recours avait été de parler à sa meilleure amie Addison, médecin. Cette dernière lui avait dit qu’elle ferait de son mieux, mais qu’elle ne pouvait rien garantir et il le comprenait parfaitement. Puis, il se mit à penser à son fils, Nelligan. Il n’avait pas vu ce dernier depuis longtemps et il avait envie d’aller le voir, mais il savait qu’il n’était plus le bienvenue sur le campus de Berkeley. Il n’avait pas son numéro de portable non plus. Il aurait bien demandé à Lucie si elle l’avait, mais elle se poserait des questions et il n’avait pas envie que ça soit le cas. Il voulait d’abord apprendre à connaître Nelligan, donc il avait découvert la paternité depuis peu, avant d’en parler avec Lucie et Antoine. Ce dernier se portait bien au plus grand plaisir de Samuel. Pour Lucie, elle semblait différente. Ils avaient réussit à parler et mettre les choses aux claires, sur tout cette histoires de photos à La Sorbonne, où on voyait Samuel et Caroll s’embrasser. Depuis, il l’avait croisé quelque fois et il avait l’impression qu’elle semblait vraiment heureuse. Il avait essayé d’en savoir plus, mais elle ne lui avait rien dit.

Ses enfants, les personnes les plus importantes à ses yeux. Il y avait Charles-Edouard et Abbygail, que le français avaient officiellement adoptés. Pour le jeune français, il ne l’avait pas vu depuis longtemps, mais il savait qu’il avait eu un délai à respecter pour savoir si oui ou non il deviendrait le parrain de la mafia Corse, pour continuer sur les traces de son père. Il n’avait pas eu de nouvelles du jeune homme et il avait peur de ce qu’il allait voir. Un tueur ? Un jeune étudiant ? Quelle voit avait-il choisit ? Samuel redoutait de connaître la vérité. Pour Abbygail, les choses étaient un peu moins tristes, mais c’était un peu plus tendues au niveau de sa santé. Elle allait accoucher dans quelques temps et Samuel devrait s’occuper des jumeaux comme il l’avait promit à la jeune femme, avec l’aide de sa sœur Tasha. Il risquait également de rencontrer un certain Aaron. Avec Tasha le courant n’était pas vraiment passé, mais le français espérait que les choses allaient changer. Avec Aaron, il savait qu’il jouerait les pères protecteurs et Abby lui avait dit qu’elle appréciait cela. Après la naissance des bébés de la jeune russe, elle allait se faire opérer. Ils allaient lui ouvrir le crâne pour essayer de lui redonner la vue. Sam savait que c’était dangereux et qu’elle pouvait en mourir, mais elle avait fait son choix et il serait là pour la soutenir et pour veiller sur ses bébés si elle ne survivait pas. Il espérait qu’elle survivrait, il ne voulait pas perdre la jeune femme. En effet cette dernière avait toujours été là pour lui. Elle avait d’ailleurs été bien la seule à ne pas le juger sur sa relation avec Caroll, une étudiante de Berkeley.

Se passant une main sur le visage, Samuel soupira. Caroll … une jeune étudiante de 23 ans dont il était amoureux. Il n’aurait jamais imaginé cela possible. Il avait été surprit lui-même de ressentir cela pour la jeune femme. Mais étrangement, il ne se sentait pas coupable avec elle. Avec les autres femmes qu’il avait fréquentés, il s’était sentit coupable vis-à-vis de sa femme décédée. Mais cette relation avec Caroll était comme un nouveau souffle et ça lui faisait vraiment du bien. Aujourd’hui, ils vivaient leur relation à l’abri des regards. C’était parce qu’il avait embrassé Caroll qu’il s’était retrouvé au chômage. Mais c’était aussi grâce à cela qu’ils s’étaient avoués leurs sentiments. Ils se voyaient quand ils pouvaient. La jeune femme ayant du travail et elle devait rester crédible aux yeux de ses amis, donc ils faisaient au mieux pour se voir. Nelligan, Antoine, Lucie, Abby, Charles, Caroll … Des personnes qu’il aime, mais des secrets qui doivent rester enfuis le plus longtemps possible. Samuel avait beaucoup de secrets à garder et il en aurait beaucoup à révéler. Dire à ses enfants Antoine et Lucie, qu’ils avaient un frère biologique ne serait pas une mince affaire. Expliquer que c’était au moment où il était tombé dans l’alcool qu’il avait rencontré une jeune femme dont il était tombé amoureux en une soirée et avec qui il avait fait l’amour, qu’il en ressortait aujourd’hui Nelligan, son fils, leur frère. Il devrait également leur apprendre qu’il était désormais en couple avec Caroll. Déjà que Lucie avait mal prit pour les photos, là il était sûr et certain qu’elle ne voudrait plus du tout le voir.

Beaucoup de choses à garder, puis à avouer l’attendait. Les sourcils froncés, il entra dans un bar. Non, il ne comptait pas boire de l’alcool, pour enterre ses mauvaises pensées. Il voulait simplement changer d’air. Ne faisant pas attention aux personnes présentes, il alla prendre place à une table et vit un serveur arriver. Commandant un cocktail sans alcool, il le reçu assez rapidement. Soupirant, il regardait le cocktail comme s’il pouvait lui donner les réponses à tous ses problèmes. S’il y avait eu de l’alcool dedans, ça l’aurait plongé dans plus de problèmes. Seulement aujourd’hui il était sobre depuis plus de dix ans et il ne voulait pas gâcher ça. Touchant le bracelet qu’il avait au poignet droit, il esquissa un sourire. Ce bracelet lui avait été offert par son parrain des alcooliques anonymes quand il avait passé le cap des un mois. Ca n’était pas grand-chose un mois, mais cet homme avait tenu à lui offrir un cadeau pour marquer l’évènement. Buvant une gorgée de son cocktail, il posa le verre sur la table et se passa les mains sur le visage. Finalement il aurait dû refuser l’offre d’emploi de Carl. D’accord, il n’aurait pas vu sa fille heureuse, il n’aurait pas connu Caroll, mais au moins il aurait eu un emploi. Un moyen de payer les factures qui commençaient sérieusement à s’accumuler. Il ne voulait pas en parler à ses enfants. Il espérait d’abord avoir une réponse de la part d’Addison et ensuite il pourrait prendre une décision, qui serait soit de vendre sa moto et quelques biens dont il pouvait se séparer, où alors il essaierait de faire bonne figure malgré tout. Levant les yeux vers le bar, il regarda les personnes présentes, seulement il remarqua un piano. Hésitant, il vit le barman lui faire signe qu’il pouvait aller jouer s’il voulait. Il ne voulait pas déranger les gens présents, mais après tout pourquoi pas jouer. Y allant, il prit place et commença donc à jouer un air calme. Il ne voulait pas d’air joyeux ou triste, mais quelque chose de plus neutre. Un air doux, calme, pour apaiser les tensions.

Boire un verre en solitaire, ou même plusieurs, ça fait souvent beaucoup réfléchir. On est nostalgique. On repense à divers souvenirs qui nous font sourire parfois. Notre esprit est submergé par diverses idées, diverses personnes. Ainsi, je repensais à Maria, sans vraiment savoir pourquoi. Le fil conducteur de mes pensées était loin d'être très logique. Peut-être parce qu'on approchait de la Saint Valentin. Et je m'amusais à me remémorer ma relation avec la brunette il y a de cela un an.


Flash Back :

Dimanche 14 février 2010. Dix-sept heure. Je sonnais à la porte de Maria, une rose rouge entre mes dents, et une boîte de ses chocolats préférés dans la main. Ainsi, quand elle ouvrit, je lui adressais un sourire très charmeur de macho fini, avant de rire. Bien sûr, je plaisantais. « Tiens ma belle. » Elle avait été touchée par mon geste car en soit, je n'avais rien à lui offrir pour cette fête, que d'habitude, je trouvais bien trop commerciale. Néanmoins, j'avais eu envie de lui faire plaisir. Elle était à l'époque uniquement ma meilleure amie. Et elle avait le droit à mon attention également ce jour là. J'avais reçu un câlin quand elle s'était approchée de moi pour venir se blottir dans mes bras. Mes lèvres s'étaient posées sur sa tempe. « Merci. » J'avais caressé doucement son dos. « De rien, tu le mérites. T'es ma chérie d'abord ! », lançais-je sur un ton enfantin. « Je te proclame ma valentine cette année. Pas de sexe. Uniquement des câlins. » Ma moue de gamin l'avait faite rire. C'était le principal.

Fin du Flash Back.


Oui, déjà à cette époque là, nous étions inséparables. J'enfilais un autre verre de whisky. J'espérais sincèrement que tout continuerait dans cette voie et ce, jusqu'à la fin de ma vie. Notre relation était bien trop forte de toute façon pour que ça se passe autrement. Enfin, j'osais le croire, même si au final, ces temps-ci, j'étais un vrai idiot, notamment salop avec elle. Comme si c'était de sa faute ce qu'il était arrivé à mon frère. J'étais en train de brouiller mon esprit avec toutes ces pensées. D'un côté je m'en voulais. D'un autre, je ne pouvais pas faire autrement. Un autre verre de whisky apparu devant moi, alors que je commençais à avoir la tête qui tournait. Dans le fond, c'était agréable. Ça me permettrait de moins réfléchir.


Flash Back :

« T'as un soucis O'Malley ?! » Un garçon de ma classe, quand j'étais encore en primaire, petit et imposant, le grand dur de la cour de récréation, la terreur des bacs à sable, ne m'appréciait pas du tout. Je serais incapable de me souvenir de la raison aujourd'hui. Mais, ce que je me remémorais facilement, c'était la façon dont il m'avait poussé, avec une certaine force pour un gosse de son âge, me faisant ainsi basculer en arrière. Et, comme à l'époque, j'étais d'humeur aussi bagarreur que maintenant, je m'étais vivement relevé pour lui donner la raclée du siècle. Ou pas. Car en soit, j'étais une crevette à côté de lui et mes coups n'auraient pas eu grand effet sur sa personne. J'ai senti une main sur mon épaule. Alan, jeune adolescent. Mon grand frère. Il avait attrapé le garçon par le col et l'avais tiré contre lui. « Tu vas lâcher mon frère ou j'te casse les dents ! » Et il n'avait eu qu'à former un poing avec sa main et le présenter sous ce regard terrorisé pour faire fuir le sale môme. Oui, en y repensant, c'était marrant, gamin mais aussi l'image d'une grande solidarité, une grande fraternité même.

Fin du flash-back.


Un soupir s'échappa de mes lèvres. Puis une mélodie parvint jusqu'à mes oreilles. Une mélodie jouée au piano qui m'interpella. Je tournais mon regard vide vers le son. Samuel Salaun. Il était là, présent dans ce bar. Étrange. Enfin, ce n'était pas parce qu'il ne buvait pas d'alcool qu'il ne pouvait pas fréquenter ce genre d'endroits. Et merde, moi qui pensait pouvoir boire à l'abri des regards des gens que je vois souvent... Nos yeux d'ailleurs se croisèrent. Un silence. Nous restâmes là, un instant, à nous regarder de la sorte. Puis je tournais la tête vers mon nouveau verre – j'aurais été incapable de dire combien j'en avais déjà ingurgité –, le portais à mes lèvres et l'enfilais cul sec. Oui, j'avais réellement envie de me souler pour oublier ce soir. Ce n'était pas comme si je le faisais souvent. En fait, à part lorsque je suis avec Alcide en soirée, je ne bois que très rarement, voir pas du tout. Mais comme je vois souvent mon collègue, en soit, ça revient un peu au même. Mon Dieu Edward, arrête de te contredire...

Des mauvais choix, ont en fait tous. Certains le font volontairement, d’autres le ça leur tombe dessus sans qu’ils n’aient rien demandés. Devoir faire face à la dure réalité était parfois trop complexe. Etre adulte ça craint aussi parfois. Samuel vivait ça depuis tellement longtemps qu’il avait plusieurs fois pensé au suicide. Il avait d’ailleurs tenté de se tuer à plusieurs reprises dans sa période la plus sombre, reliée à l’alcool. Seulement c’était une solution qui était perçue différemment par chacun. Pour la personne qui veut se tuer, c’est une sorte de libération, la seule façon qu’il trouverait pour vivre vraiment. Pour les personnes qui sont abandonnés, ça serait la pire chose de leur vie. Pour eux, la personne qui se suicide a été égoïste. C’est après sa troisième tentative de suicide que Samuel a comprit qu’il allait laisser ses enfants. Il les avait déjà assez fait souffrir, ils n’avaient pas besoin de ça en plus. Jamais personne ne leur avait dit qu’il avait tenté de se suicide et c’était beaucoup mieux ainsi. Son médecin était au courant par contre et il valait mieux. On ne laisse pas une personne qui a fait des tentatives de suicide, seul sans l’aider. Mais aujourd’hui Samuel n’avait plus se genre de pensées. Il se disait qu’il devait être là pour sa famille et même si aujourd’hui tout va de travers, il devait tenir bon. Il n’avait pas encore épuisé toutes ses ressources, il devait donc rester la tête levée et continuer d’avancer malgré tout. Ce soir, il avait besoin de se retrouver seul, sans quoi il allait vraiment avoir besoin de boire. Seulement le bar était le meilleur endroit pour lui. Non seulement parce qu’il serait entouré de personne qui ne le laisserait pas se faire mal même s’ils ne se connaissaient pas, mais en plus il avait toutes les tentations avec les boissons alcoolisées autour de lui. C’était une attitude nulle, vraiment très mauvaise, parce qu’il pouvait céder à la tentation, mais c’était aussi une façon de s’infliger de la peine et ça marchait plutôt bien.

Seulement en voyant le piano, il se demanda si ça ne pouvait pas le libérer quelques minutes. Voyant que le barman lui faisait un signe de tête pour l’encourager à aller jouer, Samuel hésita, mais partit jouer un air calme. Pas de tensions, juste de la musique et en profiter pleinement. Fermant les yeux, Samuel commença à jouer à rythme lent. Ca lui faisait du bien de pouvoir jouer, ça avait toujours été un moyen de parvenir à apaiser les tensions et tout ce qui le tourmentait. Ouvrant les yeux, il soupira doucement, jusqu’à ce qu’il croise le regard d’un homme, Edward. Etant étonné de le voir ici, il resta le fixer, tout en jouant, jusqu’à que leurs regards se perdent. Regardant alors les touches du piano, Samuel continua de jouer un moment. Appuyant sur la dernière touche, Samuel soupira. Ca ne l’avait pas vraiment aidé de jouer ce soir finalement. Attrapant son verre, il en but une gorgée et se leva. Il allait retourner vers sa table, quand il remarqua Edward qui buvait à nouveau. Il avait vu dans son regard l’état d’ébriété dans lequel il se trouvait. Il savait aussi que ça n’était pas du tout une bonne chose. Allant alors vers l’homme, le français prit place au bar et posa son verre sur le comptoir avant de regarder Edward.

Je ne sais pas pourquoi vous buvez autant, mais l’alcool ne vous apportera rien.

Il savait de quoi il parlait. Il ne voulait pas jouer les rabat-joie, de l’ancien alcoolique qui donne des conseils à des personnes qui boivent seulement de temps en temps. Mais là Sam voyait que ça n’allait pas et il préférait parler avec l’irlandais s’il en avait besoin, plutôt que de le voir boire sans fin.

Je savais que Samuel allait venir me parler. J'avais beau tout de même l'apprécier pour sa personnalité, je n'avais pas envie de le voir. En fait, je n'avais envie de voir personne. Bon d'accord, vous allez me dire qu'aller dans un bar n'est pas le meilleur endroit pour rester en solitaire. Si j'avais décidé d'y passer la soirée, c'est parce que je m'y sens à l'aise, on peut y rester seul, ou bien parler à tout le monde, et, c'était une façon de pouvoir boire en toute tranquillité, se prendre une mine sans que les personnes que l'on connaisse nous voit. Maria ne m'aurait jamais laissé boire à la maison une bouteille de whisky jusqu'à l'excès. C'était assez embêtant donc. Ainsi, j'avais quitté la maison pour me réfugier ici, dans un des bars les plus proches de la maison. Ce n'était, par conséquent, pas contre Samuel lui-même. Je n'avais tout simplement envie de parler à personne. Qu'on me laisse boire en paix.

Mais, même si Samuel était une personne que j'avais rencontré il y a peu, je le connaissais assez pour savoir qu'il viendrait à ma rencontre après que nos regards se soient croisés, quelques minutes plus tôt. Soit il allait me taper la causette, me demander comme allait Ambre. Soit il allait me faire la morale vis à vis du fait que j'enchainais les verres d'alcool, et que j'étais déjà dans un petit état second. D'ailleurs, il valait mieux pour lui qu'il ne me parle pas de la fillette. Je supportais déjà assez mal le fait qu'elle le voit comme son père et qu'à côté de lui, je ne sois rien à ses yeux. La relation entre Ambre et moi évoluait doucement mais sûrement. Oh, elle ne me considérait pas comme son papa, et ne le ferait certainement jamais, pourtant, nous commencions doucement, sans aller trop vite, à apprendre à nous connaître. Nous faisions quelques petites choses ensemble qui n'auraient jamais relevées de l'ordinaire entre un père et sa fille en temps normal, pourtant à mes yeux, c'était un grand exploit. Je n'avais donc pas envie que Samuel vienne tout gâcher en imposant sa présence et en faisant rappeler à Ambre que leur relation était bien plus forte que la notre. Oh, je m'en voudrais bientôt de penser ce genre de choses dans la mesure où ça pourrait faire du mal à l'homme. Mais j'en avais marre de passer ma vie à faire en sorte que tout le monde soit heureux, faisant passer leur bonheur toujours avant le mien. J'avais envie de me ménager ces temps-ci. Je le méritais bien pour une fois, non ?

Comme prévu, Samuel arriva vers moi et s'installa juste sur le tabouret à côté. Un soupir s'échappa de mes lèvres lorsqu'il m'adressa la parole. « Je ne sais pas pourquoi vous buvez autant, mais l’alcool ne vous apportera rien. » Non, sans blague ? Pour qui me prenait-il ? S'il commence à me faire la morale, je sens que ça va vite m'énerver. Et je n'avais pas vraiment envie de m'emporter devant lui. Mh... ça sera pour une prochaine fois apparemment. En effet, je tournais la tête vers lui et l'observais dans les yeux en fronçant les sourcils. « Sans blague, je pensais que ça apportait des tonnes et des tonnes de vitamine C. » Nouveau soupir. Je jouais avec le verre dans ma main. « La cigarette aussi c'est mauvais pour la santé et pourtant, il y a beaucoup de fumeurs dans le monde. » J'avalais le contenu d'une traite et le déposais sur le comptoir, retourné. Ça commençait bien à tourner. Ça allait me permettre d'oublier un peu mes problèmes ces temps-ci. Et, comme sa présence m'énervait tout autant que sa phrase, je reprenais la parole, piquant un peu dans le vif du sujet. « Vous êtes bien placé pour savoir ce que ça apporte, non ? Après tout, si vous n'y preniez pas un minimum de plaisir, et si ça ne vous apportait pas l'effet attendu, vous n'auriez jamais bu jusqu'à vous détruire le foie, non ? Alors inutile de me dire ce genre de paroles, car vous connaissez très bien la réponse. » Dans le fond, je n'avais pas tord, même si mes paroles étaient un peu dures sur les bords. Mais il fallait bien aussi que je lui fasse comprendre que ça me dérangeait pleinement. Vous savez, c'est comme lorsque l'on fume une cigarette dans la rue. Il y a toujours un type énervant qui va vous dire « Han ! C'est pas bien de fumer ! ». Mais merde alors ! On est au courant. On est majeur et vacciné, donc lâchez nous la grappe !

Ayant été un ancien alcoolique, Samuel savait qu’elles étaient les méfaits de l’alcool. Il savait aussi qu’Edward n’était pas un alcoolique. Depuis le temps Sam savait les repérer. Il n’avait aucun signe de tout cela et temps mieux pour lui. Sam c’était déjà heurté à des non buveur et en général ça finissait soit par des paroles blessantes, ou des bagarres plus que lourdes. Ce soir Samuel préférait parler, mais il donna tout de même un petit conseil à son collègue. Il ne considérait pas vraiment Edward comme un ami. Ca commençait à le devenir, mais pour le moment, entre les histoires avec Ambre et Maria, ça n’était pas vraiment le mieux pour se lier d’amitié avec l’irlandais. De plus, ne travaillant plus à Berkeley, Samuel ne voyait plus les membres du corps enseignant de l’établissement. Prenant donc place aux côtés de son ancien collègue, il l’écouta parler et esquissa un sourire. Seulement au visage qu’il arborait, Samuel savait que ça n’était pas bon signe. Il allait sans doute ne pas apprécier que Sam vienne à ses côtés, mais c’était trop tard. Il n’était pas là pour lui faire la morale, mais juste tenter de le faire boire moins qu’il avait pensé boire de verre en arrivant ici. L’entendant parler des fumeurs, Sam haussa les épaules. Il n’avait pas tort, personne ne disait aux fumeurs qu’ils allaient mourir. Quoi qu’avec tous les messages de prévention, un peu quand même. Buvant une gorgée de son cocktail, Sam écouta l’homme parler et fut assez surprit de ses propos. Posant son verre sur le comptoir, il fronça les sourcils et le fixa.

Au début oui, seulement après on devient juste une loque et on perd tout ce qu’on a de plus cher au monde, la famille et les amis.

Fixant l’homme, Sam savait que de lui dire tout cela lui passerait bien au-dessus de la tête, mais s’il ne voulait pas l’entendre dire ce genre de choses, il n’en dirait plus.

Mais si vous voulez que Maria vous haïsse pour être tombé dans l’alcool en plus de votre greffe et faire souffrir encore plus Ambre, c’est votre problème.

Ne pas chercher un ancien alcoolique qui va mal et qui est proche de boissons alcoolisés. Lui aussi peut devenir aussi mauvais que vous. Esquissant un sourire à l’homme, il le fixa dans les yeux.

Saoulez-vous bien Edward.

Prenant son verre, Samuel repartit à la table où il avait été quelques minutes plus tôt. Après tout Ed ne voulait pas parler, autant qu’il le laisse. Ca ne servait à rien, il semblait prêt à se braquer directement, donc autant le laisser tranquille après lui avoir prouvé qu’être méchant et chercher les points douloureux n’était pas une bonne idée. Prenant donc place dans un des canapés, il but une gorgée de son cocktail et le posa sur la table, tout en soupirant.

Depuis que je suis jeune, je suis bercé dans l'alcool, mais jamais à l'excès. Certes, je ne peux pas compter le nombre de fois où j'ai finis ivre, mais qui ne l'a jamais été ? J'aime boire parfois en soirée, me saouler, profiter d'un état d'ébriété assez fort. Néanmoins, ça ne fait pas de moi un alcoolique. Je n'ai pas besoin de mon verre de whisky tous les jours, je peux largement m'en passer. D'ailleurs, si on me compare à des personnes qui boivent une fois tous les jours, je suis bien placé, car ce n'est pas mon cas, mais si je compense à certaines soirées au niveau du taux d'alcool bût. Donc non, je ne suis pas un alcoolique, je suis quelqu'un qui apprécie une cuite de temps en temps, sans que ça ne devienne quotidien. Samuel pouvait être d'accord ou non avec cette vision, je m'en fichais pas mal. Son avis m'importait peu ce soir et de toute façon, je n'avais pas envie de l'entendre me faire la morale sous prétexte qu'il a déjà eu des soucis avec l'alcool. Ainsi, pour qu'il parte le plus rapidement possible, je touchais en plein dans la corde sensible. Dégueulasse de ma part, non ? Oui, mais ça aussi, je m'en fichais. Je n'étais pas dans mon état normal, ni même dans mon assiette. Donc effectivement, ça m'importait peu de le blesser ou non. Je m'en voudrais plus tard, ça, c'était sûr, mais pas maintenant.

Nous nous fixâmes, alors que Samuel semblait assez énervé par les paroles que j'avais pu tenir. J'arrivais à ressentir un peu de haine dans son regard bleu. Et, dans une grande arrogance, je ne baissais pas les yeux, me contentant de froncer les sourcils. Que croyait-il ? Que parce qu'il avait été une loque et avait perdu ceux qu'il aimait, l'avenir me réserverait la même chose ? Qu'il ne prenne pas son cas pour une généralité. Ce n'est pas parce qu'il était devenu alcoolique que j'allais faire de même. Je savais me retenir sur ce genre de choses. Merde quoi ! Mais laissez moi tranquille ! Finir ivre le temps d'une soirée, d'une SEULE soirée, pour faire évacuer les soucis quotidiens, ne signifiait pas que j'allais me taper une bouteille de whisky à moi tout seul, tous les soirs en rentrant du boulot. Il faut arrêter de tout dramatiser. Mais sa seconde parole me fit comme l'effet d'une bombe.

« Mais si vous voulez que Maria vous haïsse pour être tombé dans l’alcool en plus de votre greffe et faire souffrir encore plus Ambre, c’est votre problème. » Je fronçais de nouveau les sourcils. Venait-il de dire « Si vous voulez faire souffrir encore plus Ambre, c'est votre problème. » ? Qu'est-ce que je devais entendre par là ? Que j'étais la cause de sa souffrance ? Que j'avais fait quelque chose de mal avec elle ? Mais pour qui se prenait-il sérieusement ? Et alors que j'étais en train de me demander si j'avais bien entendu ce qu'il m'avait dit, il reprit la parole en me souhaitant une bonne cuite, puis retourna s'asseoir à sa place initiale. Je l'observais faire, avec une certaine rancœur. Pour qui se prenait-il pour ainsi juger ma famille ? Et alors que je n'admettais pas ce genre de propos, je me levais, et me déplaçais jusqu'à Samuel. Nos regards se croisèrent à nouveau, alors que je serrais les dents. « Qu'est-ce que je dois entendre par là ? Que je fais déjà souffrir Ambre ? », lui demandais-je sur un ton on ne peut plus agressif. Était-ce ma faute si elle se sentait incapable de me voir comme son père ? Non, c'était celle de cet homme ! S'il n'avait jamais été là, peut-être que ça aurait pu marcher directement, entre la fillette et moi.

Et comme je trouvais sa parole assez blessante, je comptais bien faire de même. Vous savez, un peu comme les animaux et leur instinct de survie. On nous attaque, on se défend, souvent par l'offensive. « Écoutez Samuel, je ne vous permets pas de tenir ce genre de propos sur ma famille. Et arrêtez un peu de vous inquiétez pour Ambre. Au cas où vous l'auriez oublié, elle n'est pas votre fille, mais la mienne. Donc désolé de briser votre rêve, mais vous ne faites pas parti de la famille, on est bien d'accord ? » Outch. Oui, c'était le genre de paroles qui pouvaient réellement blesser. Je restais là, debout, les yeux baissés sur l'homme qui lui, était resté assis. Les sourcils éternellement froncés, je l'observais.

Les problèmes, les greffes et l’alcool, c’était le lot quotidien de Samuel. Il savait de quoi il parlait et il savait aussi qu’Edward étaient passés par les deux premières étapes. Il avait dû avoir des problèmes lui aussi dans son passé, il avait vécu une greffe, mais l’alcool, ça Sam en savait quelque chose. Allant donc au départ juste parler avec Edward, la discussion vira finalement très mal. Edward piqua au vif du sujet et Samuel comprit que ça n’allait pas être plaisant. Parlant donc de Maria et Ambre, Samuel laissa ensuite Edward seul. Allant s’installer à la table où il était allé quelques minutes plus tôt, il posa son cocktail sur la table et vit l’irlandais arriver finalement vers lui. Entendant les propos de l’homme, Samuel soupira. Il n’était pas là pour chercher les problèmes. Tout ce qu’il avait voulu, c’était empêcher de voir l’homme ivre. Il savait que Maria serait sûrement énervé de le voir dans un tel état et vu qu’elle était enceinte, elle n’avait pas gérer Edward. Le français voulait donc juste parler et essayer de reculer le nombre de verre que pourrait boire son collègue. Le laissant donc parler, il l’écouta revenir sur le sujet d’Ambre. Samuel savait qu’en effet il n’était pas son père, chose qu’il avait regretté par le passé. Il aimait vraiment cette fillette. Seulement il devait faire avec. Il savait d’ailleurs que Maria serait une très bonne mère. Pour Edward il serait sans doute un bon père vu qu’il avait déjà des enfants. Buvant une gorgée de son cocktail, Samuel posa son verre sur la table et fixa l’homme. Il n’aimait pas ce qu’il était en train de dire, vraiment pas du tout d’ailleurs.

Je sais que je ne fais pas partit de votre famille, mais je considère Ambre comme ma fille et vous ne pourriez rien faire contre ça. Je la protègerais même de loin, comme je l’ai toujours fais depuis que je la connais.

Fronçant les sourcils, Samuel finit son cocktail. Il ne voulait pas que ça se passe mal, alors il préférait encore partir. Se levant, Sam fixa l’homme et soupira. Ca ne servait à rien d’essayer de prendre le dessus, ils n’avaient de toute façon, physiquement parlant, que quelques centimètres de différences, Samuel étant plus grand, mais il savait qu’Edward avait trop bu pour parler posément. Allant voir le barman, il paya sa consommation et il allait partir, quand il se mit à sourire. Se retournant vers Edward, il avança vers lui.

A vous voir dans cet état, ça me fait penser à Maxence. Vous savez Maxence, l’homme qui était avec Maria quand vous avez couché avec elle.

Samuel savait qu’il était mauvais, mais il ne savait pas pourquoi il disait cela.

J’ai vu mon meilleur ami mal devant mes yeux pendant des mois entiers. A cause de vous il a sombré et il était dans le même état que vous l’êtes aujourd’hui. Au moins avec lui Maria et Ambre auraient été heureuses.

Haussant les épaules, Samuel ferma sa veste et alla vers la sortie du bar. Peut-être que ça ferait réfléchir Edward sur son comportement actuel … ou pas.

Je voulais que Samuel comprenne qu'il n'avait rien à voir dans nos affaires familiales. Je ne comprenais même pas comment il n'avait pas pu le comprendre avant. Après tout, Maria était également mal à l'aise à l'idée qu'il soit trop proche de notre fille, car cela signifiait qu'Ambre ne chercherait pas à améliorer notre relation dans la mesure où elle ne verrait que Samuel comment son père, et personne d'autre. Donc oui, même sa présence pouvait déranger à la brunette. Mais ça, il préférait certainement fermer les yeux dessus. Quel idiot ! Donc, quand il m'avoua qu'il considérait la fillette comme la sienne et qu'il l'a protégerait toujours, de près comme de loin, je ressentis une envie fulgurante de le frapper, de faire goûter à son visage, mon poing. La protéger de quoi ? J'étais un danger pour elle, c'était ça qu'il pensait ? Mais pour qui me prenait-il ? Je savais que je n'étais pas le meilleur des papas, mais je me débrouillais assez bien dans le domaine. J'arrivais à élever mes enfants, à leur inculquer des valeurs, à faire en sorte qu'ils se comportent bien et ce, naturellement, sans avoir à user de la crainte. Jamais je n'ai levé la main sur mes gosses, même pas une simple gifle. Je sais me faire respecter autrement. Je sais être sévère quand il le faut, et rester un papa cool, qui donne de l'amour, de l'affection et de l'amusement à sa progéniture. Donc il n'avait pas besoin de la protéger, car Ambre n'a pas un traitement différent. Je la traite exactement comme je traite Seth et Jade. Elle ne semble pas vraiment s'en plaindre, et même si notre relation n'est pas au beau fixe, elle ne s'est jamais plainte de moi, de mon comportement envers elle. Donc qu'il ferme sa grande gueule une bonne fois pour toute !

Il s'était levé dans le but d'aller payer sa boisson non-alcoolisée et quitter le bar, sûrement afin de rentrer chez lui et d'aller dormir. Tant mieux, je préférais cela, qu'il prenne la fuite et qu'il dégage de mon champs de vision avant que je n'ai un geste que je pourrais regretter. Mais il revint bien vite pour m'asséner d'autres paroles qui n'étaient peut-être pas très bonnes à dire, notamment pour lui. « A vous voir dans cet état, ça me fait penser à Maxence. Vous savez Maxence, l’homme qui était avec Maria quand vous avez couché avec elle. » Je fronçais les sourcils. Il se mêle vraiment ce qu'il ne le regarde pas ! Et pourtant, il poursuivit bien rapidement en m'expliquant brièvement que j'avais été la cause de la tristesse de son meilleur ami, et que Maria était plus heureuse quand elle était en couple avec lui. Là, c'en était trop ! C'était bien trop simple de penser ce genre de choses dans la mesure où il était très ami avec Maxence. Donc forcément, à ses yeux, il était bien meilleur que moi. J'en avais marre de devoir toujours me sentir en compétition avec ces deux sortes de jumeaux. En compétition avec Samuel pour le rôle de père vis à vis d'Ambre. En compétition avec Maxence pour conquérir le cœur de la brunette. Alors qu'il prenait le chemin de la sortie, je le rattrapais. Il ne s'en sortirait pas aussi facilement. Je l'obligeais à se retourner vers moi. « Si elle était si heureuse avec lui, pourquoi elle a été voir ailleurs ?! Si elle était si heureuse avec lui, pourquoi elle ne l'a pas suivi en France pour essayer de le récupérer ? Pourquoi on s'est mis ensemble peu de temps après ?! Et pourquoi ça marche alors ?! »

J'avais prononcé ces mots en serrant le poing. Et là, j'éclatais. Les sourcils froncés, j'assénais un coup de poing ma foie assez violent dans le visage de Samuel si bien qu'il bascula en arrière. Toutes les personnes présentes dans le bar s'étaient retournées vers nous pour observer la scène, la plupart surpris, certains prêts à nous arrêter si ça tournait encore plus mal. « T'as vie est tellement merdique que tu te sens obligé de te mêler de celles des autres. Occupe toi de ton cul, et laisse ma famille tranquille, d'accord ?! » Oui, je venais de le tutoyer. Signe que j'avais perdu un grand respect pour lui, tant il m'avait énervé ce soir, tant la situation avait dégénéré. Ivre ou non, c'était la même chose. Mieux valait pour Samuel qu'il ne s'approche plus de Maria, ni même d'Ambre, car si je l'apprenais, si je le prenais la main dans le sac, il aura volontiers un autre œil au beurre noir de ma part..