Premier jour de travail pour Samuel, au sein même de Berkeley. La veille, il avait été signé son contrat seulement il avait entendu Maria dire qu’elle ne voulait pas d’un ancien alcoolique dans son établissement. Evidemment Samuel l’avait mal prit et il était partit en expliquant qu’il ne reviendrait pas travailler. Mais finalement le soir même, alors qu’il était à sa première réunion des alcooliques anonymes aux Etats-Unis, Maria était là. Elle avait tout entendue et elle savait beaucoup de choses sur lui désormais. Puis, ils en étaient arrivés à parler de Maxence Delacre, un professeur français, lui aussi travaillant à La Sorbonne. Samuel le connaissait, ils avaient le même physique et le même caractère, les étudiants les appelaient les jumeaux ou les sosies. Ca les faisaient rire d’ailleurs, mais c’est vrai qu’à part le fait que Max n’ait jamais été marié et qu’il n’avait pas d’enfants, les deux hommes étaient identiques. Samuel avait donc apprit que Max et Maria avaient été ensemble et que l’un comme l’autre ils avaient souffert de ce qu’ils avaient vécus, mais surtout du fait que Maria l’avait trompé avec Edward.

En parlant du loup, Samuel venait de voir le professeur passer pour se rendre à un cours sûrement. Samuel lui partit voir Maria pour parler de son contrat, pour qu’il soit une fois pour toute bon et qu’il puisse ensuite recevoir les clés des salles, ainsi que son emploi du temps et tout ce dont il aurait besoin. Une fois qu’il réussit à tout avoir, il demanda tout de même des nouvelles de la jeune femme qui semblait aller un peu mieux. Puis, allant à son premier cours, Samuel se présenta à la classe et commença donc son premier jour par expliquer sa façon d’enseigner et ce qu’il attendait de sa première année ici. Le cours prit ensuite vit et il pû reprendre à partir du dernier cours qu’ils avaient tous eu avant les vacances de Noël. Puis, il eu deux autres heures par la suite jusqu’à arriver à 11h où il eu une pause. En effet il n’avait plus cours le reste de la matinée et il ne reprenait qu’après le déjeuner. Même s’il avait fait le tour des bâtiments la veille avec Carl, Sam ne savait plus trop où était la salle des professeurs. Prenant le plan qu’il avait demandé la veille à Carl, il regarda où il était et réussit à arriver à la salle des professeurs.

Posant ses affaires sur une chaise, il partit se prendre un café et revint s’asseoir pour vérifier les premières feuilles qu’il avait de ses étudiants. En effet il avait eu besoin de voir le niveau de chacun et il avait donné une feuille avec plusieurs questions pour savoir où chacun en était et savoir surtout avec qui il devrait travailler plus voir proposer des cours particuliers. Prenant son Ipod, il chercha une chanson qui le mettrait dans une bonne ambiance et tomba sur When You Know de Puggy. Hochant la tête en rythme, il sortit donc les feuilles de sac, les posa à gauche et sortit son cahier pour inscrire les commentaires sur les élèves à droite. Prenant un stylo, il le fit tourner entre ses doigts tout en lisant la première feuille. Buvant de temps à autre son café et malgré la musique, il restait concentré dans ce qu’il faisait, ne pensant plus au reste et ne voyant même pas si quelqu’un entrait dans la pièce.

Le retour à San Francisco avait été difficile, notamment pour moi. En effet, j'avais passé Noël avec ma famille, en Irlande. Qui dit en Irlande, dit au revoir à contre-cœur. Quand j'y étais, je me plaisais à penser que j'aurais pu continuer à y faire ma vie, au lieu d'accompagner mon ex-femme aux États-Unis. Malheureusement, ceci était bien plus compliqué, car si je l'avais fait, j'aurais dû abandonner mes deux enfants et surtout, je n'aurais jamais rencontré Maria. Mais bon, je n'aurais jamais su que je passais à côté d'une telle chose. Néanmoins, même si cette migration avait eu beaucoup de bon, j'aurais aimé retourner en Irlande, peut-être pour vivre au moins mes dernières années. Et qui sait, peut-être le ferais-je. Encore fallait-il que la brunette soit d'accord. Mais revenait le même problème : mes enfants devraient rester aux USA, j'obligerais Ambre et Aaron a quitter tous leurs repères. En somme, ne faites jamais d'enfants si vous n'êtes pas sûrs de rester à un endroit. C'était un grand dilemme pour moi, ou plutôt une grande souffrance.

Quoi qu'il en soit, j'étais de nouveau à San Francisco. Nous avions repris l'avion avec les parents de Maria. Ces derniers, très agréables, étaient en quelque sorte une famille pour moi, ma famille américaine. Ça me comblait un minimum alors que les miens étaient à l'autre bout de l'océan Atlantique. Quand ils repartirent pour Las Vegas, Maria et moi nous retrouvâmes seuls avec Ambre. Comme prévu malheureusement, elle ne me ménagea pas vraiment. Elle venait de faire son apparition quotidienne à la maison et pourtant, j'étais celui qu'elle ignorait volontairement. À côté de cela, une petite tension entre la brunette et moi depuis que j'ai appris, par le plus grand des hasards, juste après Noël, qu'elle avait revu son ex, Maxence, à Paris, et qu'il l'avait embrassée. Oui, j'avais appris ce baiser « grâce » à un sms du professeur français. Au réveil, ça fait mal, vraiment. C'en était suivi une grande dispute. Depuis, ça s'est grandement calmé, mais je n'accepte toujours pas qu'il se soit passé une telle chose. Mais que pouvais-je y faire au final ? Retourner à Paris pour casser la figure à cet homme ? Aucun intérêt. Rompre avec Maria ? Pour si peu, jamais de la vie. Je pense qu'elle pourrait même me tromper avec tout San Francisco, je serais certainement incapable de mettre fin à notre relation. Donc je tentais de ne pas trop y penser, nous n'en parlions plus.

Au final, toutes ces petites choses n'avaient pas un agréable effet sur moi. En ce moment, je ne respirais pas vraiment la joie de vivre. Le soucis, c'est que ça se voit très rapidement, dans la mesure où, d'habitude, je souris à longueur de journée. On me voit hyperactif, heureux, joueur. Bon, je n'étais pas non plus en dépression, loin de là, mais je plaisantais déjà beaucoup moins. Un élan de sérieux me submergeait, et ça, c'était très rare de le voir. J'avais repris les cours depuis peu, et je voyais clair dans le regard des étudiants qui avaient participé à l'échange avec la Sorbonne, qu'ils étaient totalement dégoûtés d'être revenus ici, au point de départ. Disons qu'ils auraient volontiers prolongés leurs vacances dans la capitale française. De plus, les cours magistraux reprenaient, au plus grande damne de certains.

Dans le couloir, j'aperçus Samuel, l'homme que nous avions rencontré en France. Maria et Carl l'avait embauché hier. Il était sympa, courtois, agréable. Le fait est que ma fille, Ambre, préférait voir davantage un père en lui qu'en moi. Il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Maxence Delacre, et j'avais l'impression que Maria l'appréciait beaucoup. Oh, rien de mal bien entendu. Mais ça me frustrait un peu de le voir dans les parages, car c'était comme si Maxence avait refait son apparition dans l'université de Berkeley.

À 11h, je m'accordais une petite pause bien méritée à l'intérieur de la salle de professeurs. Canapés, tables, machines à café et j'en passe, à disposition. Et quand je rentrais à l'intérieur, Samuel surgissait directement dans mon champs de vision. Peut-être parce qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres enseignants présents. Par politesse, et parce qu'il restait un homme bien à mes yeux, je m'approchais de l'homme, attirant ainsi son attention. Je lui adressais un vague sourire et lui serrais virilement la main, avant de m'allonger sur le dos dans un canapé. Vieille habitude. J'aime me prélasser dedans, et à chaque fois que Maria entre dans la salle et me voit faire une sieste, je me fais taper sur les doigts. Ce qui l'exaspère, c'est que je n'ai jamais cessé depuis que je suis professeur ici.

Assit à une table, Samuel secouait la tête en rythme avec la musique qu’il écoutait. Avec son arrivée aux Etats-Unis, il s’était mit à jour côté films, séries télés et musiques. Il avait été chez un disquaire pour pouvoir acheter quelques albums. Après avoir choisit un album de Neon Trees, de Ryan Star et de Puggy, il avait pû écouter les chansons. Les trois albums lui plaisaient beaucoup et il avait fait un transfert jusqu’à son Ipod. Les feuilles en face des yeux, il notait les informations qui lui semblaient importantes. Voyant des niveaux différents, il savait qu’il allait devoir parler avec certains élèves. Il aurait sans aucun doute un groupe de cinq personnes en cours supplémentaires. Pour deux autres, il ne savait pas trop comment interpréter leurs réponses. Une moitié de la copie était très bonne et l’autre moitié très mauvaise. Mais bizarrement, c’était les thèmes inverses. Quand un avait bon pour les thèmes comme la parole, l’éducation, l’autre avait faux. Peut-être qu’en les mettant ensemble, ça pourrait donner un bon mélange. Il faudrait juste qu’il voit cela avec eux. Parce que créer des groupes c’était bien beau, mais il fallait aussi que les élèves se supportent. Comme Samuel ne connaissait pas encore les centres d’intérêts de chacun, choses qu’il pouvait lire sur les fiches de présentation, il verrait alors s’ils pouvaient caser ces deux là ensemble.

Notant leurs noms dans la marge de son cahier, il nota en dessous ceux du groupe de cinq qu’il voulait faire venir en heures supplémentaires. Il savait que ça n’allait pas forcément plaire, mais il ne leur laisserait pas le choix. De toute façon soit ils venaient, soit c’étaient des devoirs maison à faire et à rendre en deux jours. Si au bout du second jour il n’avait pas les copies c’était un zéro non rattrapable et une obligation de venir au cours. Il savait que deux jours ça allait être à la fois court et long comme délais. Les jeunes devraient travailler plus et être plus concentrés s’ils voulaient faire les exercices qu’il donnerait. Ce qui fait qu’au moins là ils ne penseraient pas à autre chose, ce qui n’était pas plus mal. Continuant de lire les feuilles qu’il avait sous les yeux, Samuel finit par voir du mouvement près de lui. Levant la tête, il vit Edward qui lui tendait la main. Répondant par politesse, le français esquissa un sourire et regarda l’homme prendre place sur le canapé. Haussant les épaules, Samuel reprit son travail. Changeant de chanson, Samuel continua son travail. Après tout, il était là pour ça et puis si Edward préférait rester seul, il n’allait pas le déranger. Sam repensa alors à la discussion qu’il avait eue avec Maria. Cette dernière était venue s’excuser de ses propos à son égard. Il avait apprécié et accepté ses excuses. Il avait également apprit que Maria connaissait Maxence Delacre. En France, quand Maxence et Samuel étaient ensemble, les étudiants les appelaient les jumeaux ou les sosies. Eux ça les faisaient rires et sourires, mais ils devaient avouer qu’à quelques détails prêts, ils étaient identiques. Samuel avait donc apprit que Maxence et Maria avaient eux une relation et qu’à cause d’Edward elle s’était terminée. Samuel devait avouer qu’il n’avait pas encore eu le temps d’appeler Max pour lui parler de tout ça, mais il n’était pas persuadé qu’Edward le portait désormais dans son cœur. Déjà que par rapport à Ambre ça n’était pas la joie alors par rapport à Maxence, ça n’était définitivement pas ça.

Cependant Samuel appréciait beaucoup Maria et ça n’était pas parce qu’il ressemblait à Maxence qu’il se détacherait de la jeune femme. Bon d’accord, il avait proposé à la jeune femme de ne pas travailler dans le même établissement pour qu’elle n’ait pas son passé en face d’elle à chaque fois qu’ils se verraient, mais elle avait refusé. Alors, il avait accepté son poste ici et il ne comptait pas partir ou faire profil bas. Si un jour Maria avait besoin de lui, il serait là et il ne comptait pas la laisser tomber. Peu importe ce que pourrait penser Edward d’ailleurs. Pour Samuel, Maria était une femme bien, qui méritait qu’on la respecte et qu’on prenne soin d’elle. Il était prêt à faire tout ça et à l’aider du mieux qu’il le pourrait. Mais il savait aussi qu’il pourrait aider par rapport à Ambre qui allait sûrement poser quelques problèmes. Sam était prêt à donner un coup de pouce et ça ne le dérangeait absolument pas d’ailleurs. Soupirant doucement, il continua donc son travail, entre les feuilles et son cahier, toujours en écoutant la musique.

Je n'avais pas très envie de déranger Samuel dans la mesure où il semblait très occupé avec ses copies et ce, tout en écoutant de la musique sur son gadget... dont je ne pourrais pas vraiment donné un nom. Je crois que pour les lecteurs audios, je me suis arrêté à l'époque de MP3, et on ne se moque pas, merci. Ainsi je restais allongé sur le canapé et observais le plafond quelques instants. C'était agréable d'être posé ainsi, profiter du calme, de son heure de creux. Oui, j'adore enseigner, mais certains jours, je m'en passerai bien.

Je tournais un instant la tête vers Samuel. Ce dernier était si concentré qu'il possédait un air grave sur le visage. Et je ne pus m'empêcher de passer quelques instants à l'observer avec une grande discrétion, me demandant ce que Maria pouvait trouver à ce genre d'hommes. En effet, si elle avait craqué sur le physique de Maxence, elle devait également craquer sur celui de Samuel dans la mesure où ils sont quasiment identiques. Peut-être était-ce cet air sérieux, mystérieux et dur qu'il possédait ? Ses yeux bleus ? Oui, cela devait jouer car la brunette a toujours avoué adorer mon regard azur. Lui avait presque le même. Son intelligence ? Son charisme ? Son charme ? Une prestance sans limite. Les cheveux légèrement grisonnants qui faisaient chavirer les femmes, bien plus qu'on ne pourra le penser. Quand il y a de la neige sur le toit, il y a du feux dans le cheminée, comme on dit par chez moi. Bref, à mon humble avis, c'était une accumulation de tout. Le physique joue beaucoup, même si on se plaît à dire que ce n'est pas la priorité. Je suis d'accord avec cela, car j'ai déjà eu des liaisons avec des femmes loin d'être mannequins. Elles avaient quelque chose dans le crâne, on pouvait avoir de grandes discussions avec elles, elles étaient d'un humour dévastateur et d'un charme sans limite. Mais le fait est que pour être avec une personne, il faut que physiquement, elle nous attire un minimum. Et je pouvais dire, sans réel doute, que Samuel représentait l'Apollon aux yeux de Maria et ça, ça me rendait quelque peu jaloux. Je me disais que je ne faisais pas le poids avec mon minois d'enfant. Mh... assez énervant comme situation, mais que peut-on y faire ? Je ne pouvais clairement pas en vouloir à la brunette de trouver sexy telle ou telle personne.

Il fallait que j'arrête de penser à tout cela. Ce n'était pas parce que Maria avait revu Maxence, que ce dernier l'avait embrassée, que la brunette allait me tromper avec Samuel juste sous prétexte qu'il lui ferait rappeler son amour d'avant. Ce n'était pas son genre. Et même si j'avais une grande confiance en elle, je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur. Notre couple ne va pas très bien ces temps-ci, et ce qui m'effrayait, c'est qu'un homme se montre présent pour elle, et qu'elle se rende compte qu'au final, elle serait mieux sans moi. Oui, j'avais réellement perdu confiance en moi ces derniers temps. Un fin soupir s'échappa de mes lèvres. Edward, arrête d'y penser !

Je me redressais légèrement et doucement, afin de ne pas avoir la tête qui tourne comme ça avait tendance à m'arriver bien souvent, et adoptais une position assise sur le canapé, juste à côté de celui où se trouvait Samuel. « Alors, une nouvelle vie commence pour vous ? », lui demandais-je sur un ton calme et posé, dans le but de discuter avec lui comme deux adultes responsables et civilisés. Pourquoi serait-ce différent après tout ? Il n'avait rien fait de mal. Disons simplement que tout lui tombais un peu sur le dos sans qu'il ne puisse dire quelque chose. Oui, Samuel semblait être le genre d'hommes qui n'est jamais là, au bon endroit, ni au bon moment. Mais après tout, peut-être serions-nous amis un jour ? Je lui adressais un vague sourire alors que je le voyais retirer ses écouteurs. Et, un court instant, je me demandais si je ne le dérangeais pas, si je ne ferais pas mieux de me taire et de le laisser travailler. Je me levais, et m'avançais jusqu'à la machine à café. Oh, s'il préférait rester tranquille, il n'avait qu'à me le dire, je ne le prendrais pas mal. « Si vous êtes perdu à cause de l'administration de l'université, ou bien à cause des bâtiments, je pourrais vous aider. On est toujours un peu perdu quand on arrive ici. J'ai eu de la chance, dés mon arrivée, à ce que quelques collègues et Maria me propose leur aide. » Fin sourire sur le coin des lèvres. Puis je me tournais vers la machine à café. Je plongeais ma main dans la poche de mon pantalon de costume noir, et y sortais quelques centimes que j'introduisais dans la fente. Puis j'appuyais sur le bouton correspondant à un café noir avec du sucre.

Travailler était quelque chose que Samuel appréciait. Evidemment les moments de détentes étaient également les bienvenues. Pouvoir profiter d’être seul pour réfléchir, se reposer, ça faisait un bien fou. Evidemment passer du temps avec ses enfants n’avait pas de prix aux yeux du professeur français, mais pouvoir se retrouver seul n’était pas plus mal. Ce qui était encore mieux c’était pouvoir avoir un bon verre d’un bon whisky, tout en jouant au piano. Ca c’était juste parfait. La musique étant une passion pour Samuel ça n’était pas compliqué pour lui de pouvoir jouer un morceau. L’inspiration pouvait venir facilement ou alors au fil des notes. Il aimait construire des mélodies sans avoir la moindre idée de ce qu’il allait jouer avant de le faire. Mais là il ne devait pas penser à cela, mais plutôt au fait qu’il avait du travail. Notant donc le nom de certains étudiants dans la marge de son cahier, il en profita pour penser à comment les faire s’allier pour qu’ils donnent un groupe partant pour travailler dans la bonne humeur malgré le fait qu’il s’agisse d’une matière comme la philosophie. Continuant de parcourir les feuilles, il en arriva à secouer une nouvelle fois la tête au rythme de la musique. Ca lui fit penser qu’il allait devoir demander à sa fille qu’elle chanson elle écoutait l’autre soir avec ses copines. Samuel était juste repassé chez lui rapidement pour chercher son porte feuille qu’il avait oublié.

Lucie avait demandé à avoir la maison et donc Sam était partit au cinéma avec son fils. Antoine, avait bien voulu venir voir un film avec lui et ça n’était pas pour déplaire au père de famille. Par la suite ils avaient été au restaurant et ils avaient dans un bar. Evidemment avec ses problèmes d’alcool Sam s’était contenté d’un cocktail sans alcool. Il avait aussi apprécié les groupes qui étaient passés jouer sur la scène. Son fils avait déjà repéré les bons endroits et gardés les bonnes adresses pour lui. Mais ça faisait plaisir au français de voir que malgré les problèmes qu’il a apporté à ses enfants et qu’ils sont à des âges où ils n’ont plus forcément besoin de lui qu’ils sont tout de même là. Antoine a toujours été très présent ce qui plaît au père de famille. Lucie elle commence à se détacher un peu de lui, mais du haut de ses vingt ans, c’est tout à fait normal. Souriant en repensant à la fois où elle lui avait dit que c’était « juste la honte » que son père l’accompagne chez une amie. Il ne l’avait pas encore entendu et ça l’avait fait sourire. Même Antoine ne l’avait pas dit une seule fois quand il était plus jeune. Gardant son sourire, Samuel entendit la chanson « Girls and Boys in school » de Neon Trees. Un bon rythme qu’il pourrait sans doute reprendre à la batterie. Continuant de secouer la tête, il entendit tout d’un coup qu’on lui parlait. Relevant alors la tête, il fixa Edward qui le regardait. Apparemment il venait de lui parler, seulement avec la musique le professeur de philosophie n’avait pas entendu ce que son collègue lui avait dit.

Retirant donc ses oreillettes, il regarda l’américain, attendant qu’il lui parle plus, mais apparemment ça n’était pas le cas. Baissant un peu le volume de la musique, il laissa ses oreillettes tout de même sur ses oreilles, comme ça il pouvait écouter la musique. Regardant à nouveau ses feuilles, il laissa faire Edward pour ce qu’il voulait faire et lui reprit son travail. Levant à nouveau la tête quand l’homme lui parla, Sam l’écouta cette fois-ci et il esquissa un sourire poli.

C’est gentil merci, mais Carl et Maria m’ont déjà fait visiter l’établissement. De plus Maria m’a passé une carte pour que je puisse repérer mes salles de cours et les endroits les plus importants.

Gardant son sourire, il vit qu’Edward se servait un café. Sam n’en avait pas besoin de son côté, alors, il baissa à nouveau les yeux sur ses feuilles. A vrai dire, il ne savait pas trop quoi dire à l’homme. Après tout, il semblait gentil, mais il ne voyait pas ce qu’ils avaient en commun. A part Maria et Ambre, qui étaient deux sujets sensibles, il ne valait mieux pas qu’il parle de ça. De leurs cours ? Ca allait être une conversation des plus rapides. Ne sachant pas trop quoi dire, il replongea son attention dans ses feuilles, cherchant tout de même à faire la conversation. Seulement n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il pourrait dire, il préféra se taire une nouvelle fois.

J'observais le café couler dans le gobelet en plastique, alors que la voix rauque de l'homme derrière moi se fit entendre, enfin. « C’est gentil merci, mais Carl et Maria m’ont déjà fait visiter l’établissement. De plus Maria m’a passé une carte pour que je puisse repérer mes salles de cours et les endroits les plus importants. » Je me tournais vers lui et hochais la tête avec un vague sourire en coin. « Oh, c'est sympa ça. » … Et un ange passa, non en fait dix passèrent. Visiblement, il y avait une certaine tension entre nous deux, probablement à cause de ce qu'il s'était passé à Paris. Si Ambre n'avait pas décidé de flinguer l'ambiance – un peu contre son gré, je vous l'accorde –, probablement aurions nous pu discuter, nous trouver des points communs, s'apprécier. Le fait est qu'à chaque fois que je le voyais, c'était comme si on me balançait de nouveau en pleine figure que la fillette que je venais d'adopter avec ma compagne, n'était en fait pas heureuse de m'avoir comme père. Elle préférait accorder ce statut à un homme que je ne connaissais quasiment pas. C'était frustrant mais au final, je n'y pouvais pas grand chose.

Et alors que je tentais de faire la discussion, Samuel répondait, certes, mais ne renvoyait pas vraiment la balle pour que nous puissions avoir une conversation entre deux adultes responsables et civilisés, ce qui me laissait croire que peut-être je l'ennuyais, qu'il n'avait probablement pas envie de me parler, qu'il préférait à la place corriger ses copies pour gagner du temps et donc ne pas le perdre avec moi. Je laissais le café remplir le gobelet, et quand ce fut fait, je le saisissais entre mes doigts, mélangeant le sucre à la boisson chaude et reprenais place sur le canapé. Je buvais une gorgée de ce liquide brûlant après l'avoir porté jusqu'à mes lèvres. Mes yeux bleus regardaient le mur en face de moi. Ouais... Comment tentez d'engager une nouvelle fois la discussion ? Mais ce qui était sûr, c'est que si je lui reposais une question et qu'il n'était pas dans l'idée d'avoir une conversation, j'irais voir ailleurs, je sortirais de la salle de professeurs et irais je ne sais où, au lieu de me noyer dans cette atmosphère plus que gênante. Ça me rappelait un peu le dîner que nous avions passé ensemble à Paris, avec Ambre et Maria.

Je tournais de nouveau la tête vers lui, alors que je tentais tant bien que mal de trouver une question qui pourrait servir d'accroche afin d'engager une conversation. Je me mordillais la lèvre inférieure, baissais les yeux au sol, les sourcils froncés. Ah bingo ! Je relevais vivement mon visage vers lui, et lui demandais : « Alors, vous vous êtes bien installés à San Francisco ? » Bon, s'il décidait de me répondre et de poser par la suite d'autres questions, j'espérais seulement qu'il retirerait une bonne fois pour toute les écouteurs accrochés à ses oreilles, car ça allait me donner l'impression de parler à un mur, un mur qui écoute de la musique...

Il ne se sentait pas vraiment à l’aise. Edward connaissait sans aucun doute Maxence, donc Samuel ne préférait pas en parler. Il évita également les sujets qui concernaient Maria et Ambre. Alors, il ne restait plus grand-chose à dire finalement. Ils auraient pû parler de leurs métiers, mais il n’était pas persuadé que ça serait vraiment quelque chose de passionnant ou intéressant. Non pas qu’il n’aimait pas son métier, mais c’était plutôt qu’il ne se voyait pas parler de ça pendant des heures même s’il aimait parler de philosophie. Alors, préférant ne rien dire, il reprit sa lecture et soupira doucement. Pourtant il voulait faire un effort, pour que Maria et Ambre n’ait rien à lui reproche vis-à-vis de son comportement face à Ed, mais ça n’était pas simple pour Samuel. Il ne savait vraiment pas comment faire, donc il resta muet. Seulement au bout de quelques minutes, il entendit Edward lui poser une question. Prenant son Ipod, Samuel arrêta la musique et rangea l’appareil dans sa poche. Posant son stylo, il regarda ensuite son collègue et haussa les épaules.

Ca peut aller. César m’avait laissé deux jours pour venir faire du repérage avant que je ne vienne travailler ici, donc ça m’avait laissé un petit délai, mais j’eu pû avoir une maison et une voiture.

C’est vrai que César, le directeur de La Sorbonne lui avait laissé ces deux jours. Ca avait fait avancer les idées sur ce qu’il voulait comme vie aux Etats-Unis. Alors, il avait pû acheter la maison qu’il avait aujourd’hui et la voiture qu’il avait toujours eu envie d’acheter, une Dodge Charger. Cette voiture il la voulait depuis longtemps et il avait les moyens de se la payer, donc il en avait profité. Une sorte de caprice, mais il savait aussi que son autre caprice serait une moto, il voulait en acheter une cinquième. Bon d’accord, il en avait plus que quatre, mais elles étaient restés en France. Il avait préféré les laisser chez ses parents, en Bretagne. Il avait juste prit la Repsol.

Mais depuis mon arrivée, enfin notre arrivée, avec mes enfants, moi je ne suis pas beaucoup sortit. Mon fils lui a trouvé les restaurants, les bars et les endroits où on peut s’amuser. Ma fille elle, a trouvé les centres commerciaux et les magasins intéressants.

Souriant, Samuel devait avouer qu’il n’en attendait pas moins de ses enfants. Antoine jouant lui aussi d’un instrument de musique, forcément il avait pû dire à son père qu’il y avait des endroits où on pouvait jouer d’un instrument. Sam avait été une fois voir, mais il n’avait pas joué.

Il faudra que j’aille voir par moi-même. Je suis pourtant déjà venu ici souvent, mais pour y vivre tous les jours ça va prendre un peu plus de temps.

Ce qui était d’ailleurs normal. Il n’avait jamais vécu ici, il ne venait que pour voir sa famille, donc c’était sur de courtes périodes.

Ca fait longtemps que vous vivez ici ?

Sam ne savait pas si Edward pouvait lui conseiller quelques endroits, mais après tout pourquoi pas.

« Mais depuis mon arrivée, enfin notre arrivée, avec mes enfants, moi je ne suis pas beaucoup sorti. Mon fils lui a trouvé les restaurants, les bars et les endroits où on peut s’amuser. Ma fille elle, a trouvé les centres commerciaux et les magasins intéressants. » Je ne pus m'empêcher de penser que quelque part, Samuel avait beaucoup de chance. Il était venu aux États-Unis, non pas pour des vacances, mais dans le but d'y faire une nouvelle vie. Un travail de professeur lui avait attribué et surtout, ses enfants, malgré qu'ils soient adultes, l'avaient suivi jusqu'ici, abandonnant également de leur côté toutes leurs attaches. C'était peut-être égoïste de ma part, mais j'aurais adoré la même chose de la part de Maria et de mes enfants, afin d'aller vivre en Irlande. Mais il en était hors de question. Je sais à quel point ça peut faire mal d'être loin des siens, on se sent seul, on ne peut pas se permettre de prendre l'avion et de traverser l'Océan Atlantique lorsque quelque chose ne va pas, pour voir sa famille. Je n'avais donc pas envie que la brunette vive la même chose. En effet, si nous allions vivre en Irlande, c'est sa famille à elle qui serait loin. Et ça, je ne l'accepterais pas. Je ne voulais pas que Maria vive ce genre de choses, car on n'est incapable de s'y faire. Ça ne fait presque un an et demi que je suis à San Francisco, et j'ai l'impression que ça fait bien plus longtemps. Mais il faut faire avec. Le mieux, au final, ça serait que tout le monde migre jusqu'à l'île irlandaise. Oh oui, ça serait le pied, vraiment.

Je pouvais très bien comprendre le fait que Samuel soit perdu dans cette nouvelle vie. Même s'il disait être déjà venu à San Francisco, ce n'est pas pareil lorsque l'on y habite. Je suis passé par là et les premiers contacts se font au travail. On se fait un nouvel entourage, de nouveaux amis, on a de nouvelles habitudes, on est face à une nouvelle culture. Tout est différent d'un pays à l'autre. Ce n'est pas quelque chose d'agréable en soit, car on se sent vraiment seul. Enfin, au début, ça allait pour moi, car j'avais Sarah à mes côtés, mes enfants. Mais comme nous avons divorcé quelques mois après, là, je me suis senti totalement délaissé et moi qui viens d'une famille nombreuse, me retrouver seul dans un appartement vide, ça a été une dure épreuve. Heureusement que Maria a été présente, ainsi que mes nouveaux amis. On ne m'a pas laissé tombé, on a été présent pour que je prenne le mieux possible ce qu'il m'arrivait.

« Ça fait longtemps que vous vivez ici ? » Je portais le gobelet de café chaud jusqu'à mes lèvres pour en prendre une gorgée, après avoir mélangé la boisson au sucre. Me pinçant légèrement les lèvres, je tournais la tête vers l'homme, le visage sérieux, bien que j'étais totalement ouvert à la discussion. « Mh... ça va faire un an et demi déjà que je suis ici. Mais contrairement à vous, je n'avais jamais mis les pieds à San Francisco, ni même aux États-Unis en général. Pourtant, mon ex-femme vient d'ici. Mais comme elle est portugaise à la base, je voyais sa famille au Portugal, pendant les vacances. » J'affichais un fin sourire en coin qui dévoilait les fossettes sur mes joues finement barbues. Je buvais une nouvelle gorgée de café, puis posais le gobelet sur la table en face de moi. Enfin je passais mes mains dans mes cheveux, puis reprenais la parole. « Vous avez de la chance que vos enfants vous ai suivi. Ça n'a pas été difficile pour vous comme pour eux de quitter la France et tous les repères pour venir s'installer ici ? » Non pas que c'était un reproche, bien au contraire, je trouvais touchant qu'ils soient tous aussi famille et solidaires les uns avec les autres. Mais ils devaient bien avoir un peu d'attaches dans leur ancien pays, non ? De la famille ? Des amis ? Pour ma part, si j'étais venu à San Francisco, c'était uniquement pour Sarah. À la base, ce n'était pas prévu. Nous étions venus ici pour l'enterrement d'un de ses frères. Nous avons allongé notre séjour, afin de rester avec la famille de cette dernière. Au final, mon ex-femme m'a proposé que nous restions ici pour y vivre. Allez savoir pourquoi j'ai accepté. Peut-être parce que j'avais réussi à trouver un poste de professeur d'Histoire dans une des plus grandes universités des États-Unis, ainsi qu'une place dans une équipe d'archéologues. Quand on a un avenir professionnel assuré dans un nouvel endroit, ça enlève déjà plusieurs contraintes. Et puis, peut-être que je ne réalisais pas encore l'ampleur de cette décision. Pour Sarah, c'était une occasion de retrouver sa famille, de la voir régulièrement, comme si elle avait eu un déclic en apprenant la mort de son frère. C'était une famille de revivre sur les terres de son enfance et ça, ça n'a pas de prix.

La conversation n’était pas très fournie entre les deux hommes. En même temps Samuel ne savait pas si l’homme lui en voulait depuis Paris, c’est pour ça qu’il ne relançait pas la conversation. Seulement Edward lui posa une nouvelle question, pour savoir s’il était bien installé à San Francisco. Samuel expliqua donc ce qu’il avait pû faire, le fait qu’il soit venu avec ses deux enfants. Evidemment les deux jeunes avaient déjà trouvés pas mal de choses qui les intéressaient et Sam en était tout à fait content. Ils avaient d’ailleurs tout les deux acceptés de venir vivre ici. Lucie avait fait de nouvelles rencontres grâce à l’échange et donc elle voulait pouvoir passer du temps avec ses nouveaux amis. Antoine lui avait toujours eu envie de vivre aux Etats-Unis, mais il n’en avait jamais eu l’occasion et cette opportunité lui plaisait. De plus, lui aussi avait fait de nouvelles rencontres avec l’échange, des personnes qu’il avait apprécié. Donc tout le monde y trouvait son compte et ils avaient pû déménager plus sereinement. Puis, expliquant qu’à l’homme qu’il avait devoir se faire à tout cela, il devrait aussi faire ses propres découvertes par lui-même. Après tout il était un grand garçon, il pouvait marcher et découvrir la ville par ses propres moyens. Mais le fait que ses enfants aient déjà fait un premier tour et ait sélectionné ce qui leur plaisait forcément c’était déjà un bon début pour l’enseignant. Demandant ensuite à son collègue s’il vivait ici depuis longtemps, il ne voulait pas être curieux, mais plus savoir comment ça c’était passé pour lui et pourquoi pas voir s’il pouvait lui donner de bonnes adresses. Ecoutant donc sa réponse, Samuel hocha la tête.

Le Portugal, ça doit être un pays intéressant aussi je suppose. Je n’y ait jamais été, mais ça m’intéresserait bien.

Samuel avait déjà été en Espagne, un des pays qui était en frontière de la France, mais jamais au Portugal. D’ailleurs l’Espagne faisait partit de ses pays préférés. Il se disait parfois qu’il devrait y retourner, mais il n’avait pas vraiment le temps pour ça. Mais finalement ça ne faisait pas longtemps qu’Edward était aux Etats-Unis. Entendant ensuite l’homme reprendre la parole, Sam se mit à sourire. Il se souvenait encore de la mine surprises de ses enfants quand il leur avait demandé s’ils seraient d’accord de venir vivre aux Etats-Unis. Il avait eu l’impression qu’ils s’étaient exprimés par des haussements de sourcils et des bouches ouvertes et qu’on les avaient arrêtés en mode pause. Ils ne bougeaient plus comme si leurs cerveaux c’était arrêtés et qu’ils ne voulaient se remettre en route. Puis, ça avait été l’euphorie générale, surtout pour Lucie.

Au début non. Quand je leur ait demandé ce qu’ils en penseraient, ils ont été surprit, puis très content. Mais ensuite on a pensé à nos proches, nos amis, mais ont savaient aussi qu’on voulait venir ici. Déjà que mes parents m’ont reprochés de m’éloigner d’eux quand je suis partit de Bretagne pour aller à Paris, alors là, devoir traversé un océan en plus, c’était trop pour ma mère, mais elle a comprit aussi pourquoi je venais ici.

C’est vrai que la mère de Samuel n’avait pas été très coopérative. Il s’était retrouvé comme un petit garçon qui avait fait la plus grosse bêtise de sa vie, mais qui ne recevait aucun cri, juste du déni. Ca faisait mal, mais il pouvait le comprendre. Mais sa mère lui avait dit qu’elle voulait avoir des nouvelles régulièrement et qu’elle voulait les voir au minimum deux fois par an. De toute façon pour Samuel, le jour de Noël serait réservé à ses parents et le jour anniversaire de sa mère aussi. Pour son père, il ne s’en faisait pas, vu leur passé houleux. Ce dernier n’avait d’ailleurs pas réussit, donc Sam ne s’en était pas du tout fait.

Pour ma part, mes amis avaient vus que j’aimais passer du temps avec vous américains, donc ils s’y attendaient un peu.

Fronçant les sourcils, Sam réalisa qu'il ne savait pas d'où venait son collègue.

Mais d'où venez-vous finalement alors ? Enfin si ça n'est pas indiscret ?