the great escape
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“maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade)

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MessageSujet: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyVen 10 Juil - 1:26




“the power of a glance has been so much abused in love stories, that it has come to be disbelieved in. few people dare now to say that two beings have fallen in love because they have looked at each other. yet it is in this way that love begins, and in this way only.” victor hugo




Le bruit de ses pas résonnaient dans cette pièce qu’il découvrait sous un autre jour après y avoir vécu pendant sept années. L’appartement était désormais totalement vide, seuls quelques cartons traînaient encore au niveau de la porte d’entrée. Ollie ne reconnaissait pas l’endroit où il avait vécu depuis son départ du domicile familial. Ce logement qu’il avait souvent critiqué pour sa petite taille — si petite qu’il n’y restait que pour dormir — lui semblait tout à coup grand. Pas immense, non, loin de là, simplement grand. Grand puisque débarrassé de tous ses effets personnels, grand puisque vide, grand puisque malgré tout ce qu’il avait pu dire, il s’était attaché à cet endroit et c’était le coeur gros qu’il quittait ce trou à rats. La décision n’avait pas été facile à prendre. Loin de toutes les personnes de la profession qui balancent leur argent par les fenêtres, qui flambent pour faire la couverture de tous les magazines people, Ollie faisait très attention à ce qu’il dépensait depuis qu’il s’était émancipé de toute autorité parentale à ses dix-sept ans. Cet appartement n’était pas luxueux, loin de là, à la limite de l’insalubrité, mais il répondait aux besoins primaires d’Oliver. Ici, il pouvait dormir, il pouvait manger et il pouvait se doucher. C’était l’essentiel et il s’en était contenté pendant des années, n’ayant jamais cherché à trouver un meilleur logement. Même lorsqu’il avait décroché ce contrat dans la série, il avait décidé de rester ici, d’économiser son argent avant d’avoir une situation plus stable. Dans ce monde là, tout pouvait aller si vite, la série pouvait très bien ne pas être renouvelée pour une seconde saison. Prudent, il avait décidé de ne changer aucune de ses habitudes, tout ce qui lui arrivait était du bonus, une situation temporaire qui n’allait probablement pas s’éterniser. Mais il avait reçu ce coup de téléphone de la production le mois dernier. Il lui avait assuré que la chaîne avait reconduit la série pour deux ans au minimum et qu’ils prévoyaient également de le faire signer lui, pour cette période. Le cachet allait être plus important que le premier puisqu’il était prévu que le personnage d’Ollie prenne au fur et à mesure un peu plus d’ampleur dans l’intrigue de la série. Obtenant par la même occasion une sécurité financière à moyen terme, Oliver avait décidé de se mettre à la recherche d’un nouvel appartement, un standing au-dessus, dans une quartier de San Francisco bien plus huppé. Après quelques semaines de recherche, il avait finalement trouvé la perle rare. Un très joli et vaste appartement dans un des quartiers les plus rupins de la ville. Et aujourd’hui, l’heure du déménagement était finalement arrivée, l’heure de tourner la page, l’heure de commencer un nouveau chapitre de cette vie que je m’efforçais de vivre de la meilleure manière possible. Ollie laissa échapper un long soupir avant de regarder les deux derniers cartons qui traînaient à ses pieds. Un sous chaque bras, il quitta définitivement l’appartement et dévala les escaliers rapidement. La plupart des meubles avaient déjà été livré à son nouveau domicile par une entreprise de déménagement, il ne lui restait plus qu’à ramener un peu moins d’une dizaine de cartons et toutes ses affaires seraient dans son nouvel appartement. C’était impressionnant de voir qu’après tout, une vie entière ne se résumait qu’à quelques meubles et à des cartons remplis de babioles sans valeur. Il chassa ces mauvaises pensées qui émergeaient en claquant le coffre de la voiture. Il n’avait demandé d’aide à aucune personne de son entourage pour ce déménagement, comme à son habitude, il voulait tout faire, tout seul. Ne jamais rien devoir à personne, c’était devenu un crédo chez lui. Néanmoins, cette voiture lui avait tout de même été prêtée par un ami, preuve qu’il savait aussi accepter de l’aide lorsqu’elle était nécessaire. Trois quarts d’heure plus tard, Ollie était enfin sorti vainqueur de son combat contre le traffic de San Francisco et arrivait devant l’immeuble où il avait élu domicile. En plusieurs allers-retours entre sa voiture et le hall d’entrée, il avait enlevé tous les cartons de son véhicule et se préparait maintenant à tous les amener jusqu’à son nouvel appartement. Avant de s’y mettre, il essuya son front d’un revers de main. La chaleur de l’été californien n’était pas vraiment la météo la plus adaptée pour un déménagement, Ollie avait mal choisi son jour. Alors qu’il se baissait pour ramasser le premier carton, le bruit de l’ascenseur lui fit légèrement relever la tête. Dans un premier temps, il fût interpellé par ces jolies jambes qui sortaient de la cabine, avant de perdre son sourire au fur et à mesure que son regard remontait vers le visage de cette femme. « Putain… » ne put-il s’empêcher de chuchoter dans un long soupir. La fille en question était une organisatrice de soirée qu’il avait rencontré à Vegas lors d’un événement organisé par la production de la série. Jade, si ses souvenirs étaient bons. Ollie s’était embarrassé en renversant un verre sur sa robe et malgré toutes les excuses qu’il avait prononcé, cet air frustré n’avait pas quitté son visage de toute la soirée. N’ayant pas envie de revivre un nouveau moment gênant, dans un premier temps, il baissa la tête pour l’esquiver, avant de se raviser. De toute manière, si elle habitait ici, il serait amené à la revoir tôt ou tard, alors autant arracher le pansement dès maintenant, plutôt que de faire durer le suspense. En soi, il n’avait aucune animosité particulière contre Jade, non. Il n’avait pas grand chose à lui reprocher si ce n’était ce côté supérieur qu’elle se donnait, aristocrate de base qui avait l’air de considérer toutes les personnes ne venant pas de ce monde comme des malpropres pouvant lui refiler la peste à tout moment. Au fond de lui, il espérait sincèrement qu’elle n’habitait pas ici, qu’il ne s’agissait que d’une — malheureuse — coïncidence, qu’elle était juste venue ici pour rendre visite à un ou une amie. Il s’imaginait mal cohabiter avec une personne si hautaine, si coincée. Mais il en avait conscience, cette hypothèse n’avait que peu de chances d’être réelle. Ses doutes se confirmèrent lorsqu’elle adressa quelques mots au concierge de l’hôtel — qui n’avait strictement rien à voir avec le pouilleux qui servait de concierge à l’ancien domicile d’Ollie — elle habitait ici, le jeune Myers en était désormais convaincu. Il se releva brusquement, décidé à lui adresser quelques mots. « Bonjour… Jade, c’est ça ? » s’enquit-il poliment. Après tout, c’était peut-être l’occasion de prendre un nouveau départ, de tenter de réparer les pots cassés (et la robe tachée) de cette soirée à Vegas.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyMar 14 Juil - 23:05

There's a kind of unfamiliar electricity that goes through her at the
nearness of him, and she can't help wondering if he feels it, too.

Dans un élan de frustration mal contenue, Jade jeta son téléphone sur son lit, sur lequel il atterrit dans un bruissement sourd. Le sang battant à ses tempes, elle prit le temps de quelques secondes pour s'arrêter et tenter de se calmer. Inspirer lentement. Expirer lentement. Recommencer. Aussi longtemps qu'il le faudrait pour retrouver ses esprits. Elle retourna récupérer son téléphone, fit glisser un répertoire interminable jusqu'au nom désiré et tenta un appel dont elle sut, avant même la première tonalité, qu'il atterrirait sur le répondeur. Jade poussa un soupir agacé. Pourquoi Marlon, dont le seul but dans la vie était de satisfaire ses moindres caprices, ne daignait-il pas décrocher précisément quand elle avait besoin de son aide ? « Marlon, c'est Jade. Le décorateur vient de jeter l'éponge, je suis à deux doigts de la crise de nerfs et le fait que tu ne répondes pas a tendance à me donner des envies de meurtre. Rappelle-moi dès que tu auras ce message. » Sans autre forme de cérémonie, elle raccrocha, posa plus délicatement le téléphone sur ses draps de lin, et massa ses temps en fermant les yeux. Elle le savait. Elle l'avait su dès la toute première seconde, que rien n'irait comme prévu. Il n'y avait qu'une seule chose que Jade détestait davantage encore que le mauvais goût : l'imprévu. Tout ce sur quoi elle n'avait pas le moindre contrôle, en dépit de tous les efforts qu'elle mettait à tout planifier scrupuleusement, sans jamais laisser la part belle à l'improvisation. Son emploi du temps était constamment revu et mis à jour pour ne pas lui laisser le temps de songer à ce qu'elle ferait après, ses soirées étaient organisées avec une méticulosité rare, et tout ce qui n'aurait pas été prévu des semaines à l'avance serait nécessairement refusé sans même qu'elle prenne le temps de la réflexion. Elle avait toujours fonctionné ainsi, et ne voyait aucune raison de modifier un comportement qui lui avait permis de survivre toutes ces années, probablement bien mieux que le reste de son entourage en dépression nerveuse et accros au Prozac. Son prestataire venait de lui faire faux bond, après que l'un des salariés est tombé malade, le privant de l'aide nécessaire pour transporter et installer le décor autour duquel elle avait imaginé ce qui deviendrait une nouvelle soirée gravée dans les annales de Vegas : le cinéma hollywoodien. Qui demandait une minutie particulière afin de ne commettre aucune erreur dans le choix des éléments qui composeraient le décor. Le but était simple : donner l'impression aux invités d'entrer au cœur d'un blockbuster mythique, et leur donner l'occasion d'exercer le temps de quelques heures leur talent d'acteurs dans un videobooth dont les morceaux seraient assemblés pour former un film. Or sans décor, elle pouvait tout aussi bien annuler cette soirée au fiasco annoncé. Deux jours. C'était le temps dont elle disposait pour trouver un autre prestataire, aux tarifs similaires, qui ne la connaissait pas et ne savait donc pas qu'accepter reviendrait à conclure un deal avec une névrosée tyrannique dont la seule ambition était de tout contrôler par elle-même car, inévitablement, personne ne serait capable de faire aussi bien qu'elle. Elle sentit le stress la gagner à nouveau. Son téléphone sonna, elle décrocha précipitamment pour entendre le timbre d'un Marlon parfaitement détendu à l'autre bout. Elle travaillait avec Marlon depuis près d'un an et lui seul avait la capacité épatante de pouvoir la calmer. Son assistant (qui refusait cette appellation et persistait à s'affubler du titre ridicule de partenaire) apportait une dose bienvenue de zen lorsqu'elle se sentait sous pression. Bien sûr, elle avait souvent songé que la pression ne monterait pas si facilement s'il daignait faire son travail avec autant de soin qu'elle et cessait de négliger ce qu'il considérait comme des détails sans la moindre importance – elle n'oublierait jamais le lustre qui était venu s'écraser sur le sol, à une heure du début de la soirée, parce qu'il n'avait pas jugé bon de vérifier qu'il était solidement accroché – mais le tout dans le tout, ils formaient un duo aussi détonnant qu'efficace. Aussi pétillant qu'elle n'était sérieuse, aussi passionné qu'elle n'était consciencieuse, il apportait ce qu'elle-même se savait incapable de donner : du laisser-aller, et une souplesse indispensable pour la réussite des soirées qu'elle organisait. Il était l'un des rares à avoir accepté son tempérament difficile et Jade n'avait plus eu le cœur de se séparer de son acolyte, au moins professionnellement. Pour le reste, elle continuait de préserver la distance de sécurité indispensable qu'elle mettait entre elle et les autres, et toute l'affection qu'elle lui portait n'aurait su changer ça. Moins de trois minutes plus tard, elle raccrochait à nouveau, après que Marlon eut mentionné un type qui lui devait une faveur. Incapable de ne pas mettre son grain de sel, Jade avait exigé que la rencontre l'inclue, afin de vérifier qu'ils seraient tous sur la même longueur d'ondes en matière d'attente. Marlon avait accepté, en lui soufflant qu'il serait temps de quitter son appartement, dans ce cas, car le décorateur potentiel était très pris et n'aurait pas plus d'une demi-heure à leur consacrer. Retrouvant une certaine forme de sérénité, Jade enfila une robe portefeuille verte, ses talons les plus hauts, s'assura de correspondre au modèle de la jeune femme professionnelle, sérieuse et crédible avant de mettre les voiles. Une fois sortie de l'ascenseur, elle prit le temps, comme elle le faisait systématiquement, d'adresser un sourire et quelques mots au concierge qui lui répondit tout aussi poliment. Une forme de routine s'était installée entre la propriétaire du penthouse le plus luxueux de l'immeuble et le vieil homme toujours impeccablement habillé de son uniforme. Elle en profita pour lui demander de commander un taxi, et s'apprêtait à rejoindre la sortie quand une voix derrière elle appela son prénom. Surprise, elle se retourna, pour aviser un homme entouré de cartons. Elle haussa un sourcil empli de perplexité, songeant que ses traits lui semblaient familiers sans pouvoir le resituer pour autant. « Et vous êtes... ? » se contenta-t-elle de répondre, sans bonjour, ni confirmation. Elle prit quelques secondes supplémentaires pour l'observer et la réponse apparut enfin. Comment avait-elle pu oublier son visage, quand il lui avait fait perdre plus de 8000 dollars en bousillant une robe Givenchy vintage ? « Oh, c'est vous. » Elle ne connaissait pas son prénom, pas plus qu'elle ne voulait le connaître d'ailleurs, et savait seulement qu'il faisait partie de cette série pour laquelle elle avait organisé une soirée quelques semaines plus tôt. « Vous n'aviez pas besoin de venir en personne vous excuser, une carte aurait suffi » ajouta-t-elle, parfaitement indifférente aux cartons qui laissaient entendre que la raison de sa présence n'avait pas grand-chose à voir avec elle.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyVen 24 Juil - 15:32




“the power of a glance has been so much abused in love stories, that it has come to be disbelieved in. few people dare now to say that two beings have fallen in love because they have looked at each other. yet it is in this way that love begins, and in this way only.” victor hugo




Ollie ne put s’empêcher de sourire légèrement à la remarque de Jade. Il n’avait pas l’habitude de côtoyer les personnes de ce milieu social et elle lui rappelait les personnages qu’il avait vu dans des films. C’était donc ça la haute société, un air guindé et légèrement supérieur qui vous faisait sentir comme de moins que rien, des roturiers qui n’avaient pas la place dans ce monde doré. Mais Ollie ne le prend pas mal, il ne se vexe pas, tous ces jugements de valeur, il en l’habitude. Depuis qu’il a décidé de partir de chez ses parents, de vivre sa vie comme il le souhaitait, libéré de toute autorité, les gens le jugent. Si au début, il était soucieux du regard des autres, aujourd’hui il s’en amuse. Parti de rien, il a toujours réussi à prouver aux personnes qui doutaient de lui qu’elles avaient tort. C’était même une source de motivation, des challenges à accomplir, qui ne faisaient qu’augmenter sa détermination. C’est avec le temps qu’il l’a compris. Le bonheur ne consistait pas à vivre une petite vie bien rangée, sans embrouilles, sans problèmes, sans faire d’erreurs, sans prendre de risques. Le bonheur c’était d’accepter la lutte, l’effort, le doute. C’était se mettre en danger, c’était enlever l’étiquette à laquelle on était attaché, c’était avancer, avancer en franchissant chaque obstacle qui se dressait sur notre route. Et ces obstacles se matérialisaient le plus souvent par des jugements émis plutôt que par des aléas de la vie. A en juger par la réaction de Jade, en emménageant dans cet immeuble, il allait de nouveau devoir faire face à des points de vue critiques à son égard. Ollie se contenta de répondre calmement, toujours ce léger sourire aux lèvres. « Oui… c’est moi. » Tous les deux, ils n’étaient pas partis du bon pied, mais à présent qu’ils avaient de grandes chances d’être voisin, Ollie voulait faire les efforts nécessaires pour que cette cohabitation se passe du mieux possible. Il allait sûrement devoir prendre sur lui au début, mais faire des efforts était la condition sine qua non s’il voulait vivre dans un cadre pacifique. Après tout, c’était lui qui était en faute, lui qui avait renversé un verre sur sa robe, lui qui avait ruiné sa soirée. Même si au moment des faits, il s’était excusé à maintes reprises, Jade ne lui avait visiblement toujours pas vraiment pardonné et lui fit bien savoir à la remarque qui suivit. Une carte d’excuse, sérieusement ? Elle pensait qu’il était là pour s’excuser de nouveau ? Qu’il avait fait les démarches pour retrouver son adresse, qu’il avait pris la peine de se déplacer jusqu’à son domicile, de l’attendre en bas de chez elle, pour s’excuser à nouveau ? Pour un simple verre sur une robe ? Ollie ne put s’empêcher de laisser échapper un léger rire. Les gens de la haute société étaient-ils tous comme ça ? Tellement égocentriques qu’ils pensaient que le monde entier tournait autour de leur petite personne ? « Il me semblait avoir déjà présenté mes excuses » répondis finalement Ollie, calmement, avant de compléter « à maintes reprises. » Non, Ollie n’allait pas s’excuser de nouveau pour son geste maladroit. Il avait tout fait pour se faire pardonner lors de cette soirée, réellement gêné d’avoir été si malhabile et d’avoir gâché la soirée de cette inconnue. Il avait fait tout son possible et si cela ne lui suffisait pas, ça ne regardait qu’elle. « Donc non, je ne suis pas là pour m’excuser. » Il jeta un oeil aux cartons qui étaient à ses pieds avant de poursuivre. « J’emménage dans cet immeuble. Vous habitez également ici ? Si c’est le cas, je pourrai toujours glisser cette carte dessous votre porte. » lâcha-t-il ironiquement. Non, il ne comptait certainement pas lui présenter de nouvelles excuses, même si celles-ci étaient écrites sur une simple carte. Il s’agissait davantage d’une manière détournée pour savoir si Jade allait bien être sa future voisine, pour savoir s’il allait devoir faire des efforts ou s’il pouvait faire une croix sur le savoir vivre et ignorer complètement une personne qu’il ne verrait sûrement plus jamais de sa vie. Mais le doute était de toute façon très mince. Quelle personne normalement constituée parlerait avec un concierge sans habiter dans l’immeuble ? Après avoir laissé échapper un léger soupir, Ollie décida de reprendre la parole. « Le voisinage est-il agréable ? » Question complètement bateau mais c’était une des seules manières qu’il avait trouvé pour poursuivre la conversation, pour lui montrer un minimum d’intérêt, pour faire ces efforts. Cela n’allait sûrement pas être facile de voir Jade se dérider un tant soit peu et passer par quelques échanges de banalités semblait indispensable. Afin d’entretenir des rapports cordiaux avec elle, Ollie savait qu’il allait devoir la mettre en confiance, qu’il allait devoir lui montrer qu’il n’était pas un chien enragé, que même les personnes issues d’un milieu plus modeste avaient du savoir-vivre. Malgré son habitude à relever les challenges, Ollie se surprenait à vouloir faire une si forte impression à Jade. Les efforts, il connaissait oui, mais généralement, il ne se souciait pas autant de l’opinion que les gens pouvaient avoir de lui, il se contentait de monter les échelons les uns après les autres. Elle était différente, elle lui donnait l’envie de se battre plus qu’à l’accoutumée, sans qu’il ne puisse savoir pourquoi, il avait juste envie de lui montrer qu’il était quelqu’un de fréquentable, de montrer qu’il n’était pas que le sauvage qui avait renversé son verre sur sa magnifique robe, qu’il valait mieux qu’un simple inconnu qui s’improvise massacreur de soirée. Il valait mieux que cela et il le savait. Il le savait et il voulait lui prouver. C’est dans cette optique qu’il décida de lui faire une proposition plutôt surprenante, rebondissant sur les propos qu’elle avait tenu quelques instants auparavant. « Mais si vous tenez vraiment à de nouvelles excuses, je peux vous inviter au restaurant ce soir. » Alors qu’une minute plus tôt, il se jurait qu’il n’allait pas demander de nouveau son pardon, le voilà qu’il lui proposait un dîner en guise d’excuses. Néanmoins, Ollie avait pleinement conscience que son invitation avait de fortes chances d’être refusée. Accepter d’aller dans un restaurant avec un parfait inconnu était déjà rare, alors le faire avec une personne qui a donné une mauvaise première impression relevait du miracle. « Et je promets de ne renverser aucun verre. » ne put-il s’empêcher d’ajouter avec une légère pointe d’humour.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyMar 28 Juil - 23:23

Jade semblait vivre dans un monde parallèle, un monde où peu de choses l'atteignaient – en apparence – et où seule son petit univers paraissait avoir droit d'existence. Le reste, elle le balayait d'un parfait dédain et l'écrasait d'un talon de Louboutin. Reine de son royaume imaginaire, ceux qui n'avaient pas le luxe d'en faire partie se voyaient remis à la place qui était la leur : l'indifférence la plus totale. Aussi, lorsque ce Ollie était apparu devant elle par le plus grand des mystères (et il était déjà chanceux qu'elle se rappelle de lui, fut-ce pour d'aussi mauvais souvenirs), il lui sembla évident que sa présence ne pouvait être liée à autre chose que celle de Jade dans l'immeuble. Parce que la seule idée qu'il pût avoir sa propre vie, loin de l'effervescence de celle de l'héritière, ne lui paraissait non pas absurde mais inexistante. Jade ne réfléchissait que rarement à l'existence des autres, sans même parler du piètre intérêt qu'elle pouvait avoir, et lorsqu'elle le faisait, elle trouvait toujours le moyen de la ramener à elle. Elle haussa un sourcil surpris à sa réponse, qu'elle masqua rapidement d'un regard parfaitement neutre. « Si vous n'êtes pas là pour me faire des excuses, alors qu'est-ce que vous pouvez bien avoir à faire dans cet endroit ? » Pour le peu qu'elle en savait, il était acteur – une conclusion qu'elle avait tirée par sa seule présence à l'événement qu'elle avait organisé – mais si sa connaissance en la matière se limitait aux plus célèbres d'entre eux, elle aurait pu cependant jurer que lui ne rentrait d'aucune manière que ce soit dans cette case. Un acteur de bas étage, donc, qui n'aurait pu avoir les moyens de résider dans le même endroit qu'elle, au cœur d'un immeuble de standing en plein San Francisco. Quand bien même Jade avait-elle remis en question une bonne partie de son existence en acceptant de quitter son Las Vegas originel pour retourner dans la ville qui l'avait vue naître et dont elle ne savait que peu de choses, elle n'aurait pu assumer un changement radical au point de loger dans un appartement lambda. Le sien, en l'occurrence, se situait au dernier étage de l'immeuble et s'étalait sur l'étage tout entier. Un espace dont elle n'avait pas l'utilité mais qui, pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, suffisait à la rassurer, comme si le fait de se montrer futile au point de louer des centaines de mètres carrés pour une seule personne pouvait la conforter dans l'idée que rien n'avait vraiment changé. Jade n'aimait pas le changement, un fait qu'elle avait depuis longtemps assimilé, et si elle devait l'adopter, elle le faisait pas à pas, plus tâtonnante qu'assurée. Ollie tenta une pointe d'humour qu'elle ignora avec une superbe indifférence. Le simple fait qu'il se trouvât au même endroit qu'elle ne lui donnait pas de laisser-passer. Cependant, la politesse enseignée depuis toujours l'obligea à forcer un semblant de sourire, sans pouvoir toutefois le ponctuer de chaleur. « Ce ne sera pas utile » répondit-elle calmement. Elle n'avait pas besoin d'une carte d'excuses – quand bien même l'eut-elle appréciée – mais d'une nouvelle robe Givenchy vintage, de préférence vierge de toute tâche. « Et en effet, j'habite ici » confirma-t-elle en acquiesçant. Ce qui était moins surprenant que le fait que lui puisse aussi y habiter. Elle s'apprêta à s'excuser et prendre la fuite – un trait caractéristique de sa personnalité, Jade n'étant pas exactement la plus sociable des personnes – mais une nouvelle question l'arrêta dans sa lancée. Une fois de plus, elle hocha la tête. « Je suppose. » Elle n'avait pas encore eu à se plaindre, sans pouvoir toutefois affirmer que ledit voisinage était sympathique. Agréable à vivre, certes, mais elle n'avait pas poussé le vice jusqu'à faire leur connaissance. Indépendamment du fait qu'elle n'aimait pas se mêler aux autres, encore moins à ceux qu'elle ne connaissait pas, Jade savait qu'en quelques secondes, elle serait cataloguée – à juste titre, certes – comme l'une de ces riches héritières condescendantes persuadées de valoir plus que le bas peuple. Une évidence, n'aurait-elle pas manqué de répondre, et il en aurait été fini du mince espoir de lier contact avec le voisinage. Ollie ne sembla pas s'offusquer de ses réponses laconiques et poursuivit sur sa lancée, assez courageux pour se risquer à lui proposer ce que personne ne lui proposait d'ordinaire. Aller au restaurant, avec un parfait inconnu qui avait eu l'outrecuidance de tâcher sa robe ? Dans quel monde pensait-il plausible qu'elle ne fasse ne serait-ce que considérer la question ? L'observant comme s'il parlait une langue étrangère qu'elle n'aurait pas comprise, elle mit de longues secondes avant d'envisager la moindre réponse. Non. Non, elle ne pouvait pas aller au restaurant, quand bien même promettait-il de ne pas renverser de verre cette fois, comme s'il pouvait s'agir de la seule raison justifiant un refus. Elle secoua la tête, vaguement désolée. « J'ai un emploi du temps chargé, je doute pouvoir caser un restaurant dans ma journée. » Elle n'ajouta aucun mot d'excuse, et n'envisagea même pas de proposer une autre date susceptible de leur convenir. La vérité, c'était que son emploi du temps, au moins pour la soirée, était parfaitement vide. Son tempérament si particulier, et l'intensité de ses névroses, avaient fini par la couper presque entièrement des relations avec les autres, en-dehors des échanges polis et superficiels qu'elle pouvait avoir avec ses prestataires et ses invités. Pour le reste, elle avait tout oublié de ce qui pouvait consister en une relation normale, entre deux personnes ne se connaissant pas. Elle crut déceler une pointe de déception dans le regard de son nouveau voisin qui acheva de la faire se sentir mal à l'aise. Que faisait-elle, au juste ? Pourquoi être venue à San Francisco si elle se contentait de reproduire le même schéma qu'à Vegas, celui-là même qu'il l'avait isolée de tout et de tous ? San Francisco était censé être son nouveau départ empli de bonnes résolutions, et au lieu de cela elle recommençait à se fermer à tout ce qui pouvait représenter l'inconnu. « Mais... je peux... je peux peut-être essayer » reprit-elle finalement, moins froidement. Essayer, c'était bien tout ce qu'on lui demandait et si Jade persistait à refuser toutes les occasions qui se présentaient à elle, elle n'aurait aucune chance de transformer l'essai.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyMar 4 Aoû - 22:08




“the power of a glance has been so much abused in love stories, that it has come to be disbelieved in. few people dare now to say that two beings have fallen in love because they have looked at each other. yet it is in this way that love begins, and in this way only.” victor hugo




Avec ce déménagement, Ollie souhaitait par dessus prendre un nouveau départ. Au delà du passage d’un logement délabré à un loft plus luxueux, c’était au niveau de ses connaissances, de son comportement auxquels le jeune acteur voulait donner un nouveau souffle. Fini de traîner avec des personnes qui le tiraient irrémédiablement vers le bas, il s’était imposer la résolution de faire de nouvelles rencontres, de s’entourer de personnes enthousiastes, de personnes qui contribueraient à son bonne humeur quotidienne. Et si Jade ne remplissait à première vue pas les critères derrière ses airs revêches et acariâtres, elle donnait néanmoins l’impression d’une personne qui savait ce qu’il voulait et qui se donnait les moyens de ses ambitions. C’était également une chose que recherchait Ollie, la réussite, la recherche perpétuelle d’amélioration, voire même de perfection. Quand bien même sa nouvelle voisine n’avait pas l’air très accueillante, Ollie avait envie d’apprendre à la connaître. Ayant conscience qu’il partait avec un bel handicap étant donné les événements passés de la soirée à Vegas, il allait devoir arrondir les angles au maximum et prendre sur lui lorsqu’elle le jugerait sans le connaître. Car il le savait, ce moment arriverait tôt ou tard. Probablement plus tôt, que tard. Des personnes de son monde, il en avait croisé dans ces soirées mondaines auxquelles il avait toujours du mal à s’habituer, et elles semblaient toutes émettre des jugements accusateurs pour tout et n’importe quoi. Alors Ollie ne fût pas surpris le moins du monde par la réponse de Jade. Bien entendu qu’elle pensait qu’il était là pour réitérer des excuses, pour réparer l’incommensurable erreur qu’il avait commise. Que pourrait-il faire là autrement, lui le roturier, l’homme du bas peuple tentant désespérément de gravir les échelons de la hiérarchie sociale. Ollie ne vacilla donc pas d’un pouce face à cette remarque et répondit simplement, armé de son flegme légendaire. « Oh. J’aime bien faire les halls des immeubles chics, y emporter mes cartons de sans-abri et y rester quelques heures, pour m’imprégner de l’ambiance. » Sachant qu’il n’était pas ici pour s’excuser, la pensée de Jade à l’heure actuelle devait plus ou moins se résumer à ceci, à quelques détails près. Il détestait le comportement de Jade, elle représentait tout ce qu’il n’aimait pas dans la haute société. Une emmerdeuse imbuvable et hautaine qui vivait dans son monde doré sans aucune ouverture d’esprit. Mais pourtant, il était toujours là, à lui parler. Quelque chose chez elle l’attirait irrémédiablement, sans qu’il ne puisse vraiment mettre un mot dessus. Elle ne lui plaisait pas non, enfin peut-être un peu, il n’en était pas sûr. En tout honnêteté, si, elle lui plaisait, il était juste trop fier pour l’admettre. Au delà de son caractère exécrable et de ses manières impérieuses, elle dégageait quelque chose. Une délicieuse aura, une part de mystère qu’Ollie voulait inconsciemment se presser de découvrir. Alors qu’elle ne laissait rien paraître, il avait juste cette sensation, au fond des tripes, qu’elle avait bien plus à offrir que ce qu’elle laissait paraître à tout le monde. L’indifférence totale avec laquelle Jade répondait à chacune de ses remarques lui tira un léger sourire. Il avait vraiment l’impression d’être un moins que rien à ses yeux, quelqu’un dont elle voulait se débarrasser le plus rapidement possible. Après tout, à ses yeux, il n’était que le connard qui avait détruit une de ses robes de soirée. Une robe dont le prix atteignait probablement des sommes qu’Ollie ne côtoyait qu’une fois dans les bras de Morphée, perdu au fin fond de ses rêves. C’est donc par pur esprit de provocation - et aussi par l’influence de cet inavouable attirance - qu’il décida de lui proposer un diner au restaurant le soir même. Sa tentative était sans le moindre doute possible un coup d’épée dans l’eau, mais il avait au moins le mérite d’essayer. D’essayer de faire en sorte que sa nouvelle voisine s’ouvre ne serait-ce que laconiquement à l’inconnu. Après quelques secondes d’un silence total, Jade déclina enfin la proposition. Alors qu’il aurait habituellement adopté un grand sourire devant l’évidence de sa réponse, cette fois-ci, il ne pût s’empêcher de laisser paraître un très bref instant de déception. L’espace d’une demie seconde, pas plus, mais il l’était bien là. Il aurait beau prétendre qu’il se moquait de ce refus, les apparences étaient contre lui. Il savait qu’il ne devait pas aller plus loin, qu’il ne devait pas insister, ne pas franchir la ligne qui le ferait passer pour quelqu’un d’étouffant, d’oppressant. Il avait essayé, il avait échoué, fin de l’histoire. Essayer. C’est ce même mot qui sortit de la délicate bouche de Jade. Elle allait essayer. Un simple mot, un mot qui n’offrait aucune promesse, aucune garantie, mais qui redonna à Ollie son sourire et son enthousiasme perdus quelques secondes auparavant. Ne perdant pas de temps, il rebondit immédiatement sur les propos de Jade, profitant de son hésitation. « Voilà ce que nous allons faire. » Il se dirigea vers la console du concierge, saisit un stylo et un post-it sur lequel il griffonna rapidement, avant de tendre ce bout de papier à Jade. « Voilà mon numéro. Si jamais vous arrivez à vous libérez pour ce soir, appelez-moi. Si vous ne pouvez pas, nous pourrons toujours reporter à plus tard. » Mais pourquoi remettre à demande ce que l’on peut faire le jour même eut-il envie d’ajouter. Il marqua une légère pause, puis reprit la parole, jouant cette fois-ci la carte de la provocation, pour déceler une pointe d’émotion chez cette reine de glace. « A moins que vous n’ayez pas envie de vous afficher en public avec quelqu’un qui ne vient pas de votre monde, ce que je pourrai tout à fait comprendre. Dans ce cas-là, je pourrai cuisiner, mais je préfère prévenir, ça ne sera sûrement pas un gage de qualité. » La vérité, c’est qu’en dehors des pâtes, des oeufs et du bacon, Ollie ne savait cuisiner aucun plat. Mais si c’était ce qu’il en coûtait pour obtenir le droit d’apprendre à connaître sa nouvelle voisine, il voulait bien tenter sa chance.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptySam 8 Aoû - 17:38

Jade possédait une maîtrise mal assurée du sarcasme : elle l'utilisait sans s'en rendre compte, mais ne le percevait que rarement chez les autres. Trop premier degré pour en saisir les subtilités, elle restait hermétiquement close à ce genre d'humour, aussi resta-t-elle de marbre face au semblant de plaisanterie d'Ollie. « Je vois ? » fut tout ce qu'elle parvint à répondre. Elle se garda d'une remarque condescendante qui lui brûlait pourtant les lèvres. Comment comptait-il payer un logement ici ? De toute évidence, il n'avait pas encore l'étoffe d'une superstar, fût-elle du petit écran, et pour ce qu'elle en savait, seules les personnes possédant un compte en banque confortablement garni pouvaient prétendre à un appartement dans un immeuble de tel standing. Jade, toute dévouée qu'elle était à l'entreprise d'une vie un peu différente de celle qu'elle avait laissé à Vegas, n'aurait toutefois pas sacrifié le confort de centaines de mètre carrés pour un appartement minuscule dans les confins des quartiers les plus sensibles. « Et vous vous installez définitivement ici ? Parce que je ne sais pas si on vous a prévenu que ce n'est pas à la portée de... » elle hésita un instant « n'importe qui. » Elle avait toujours possédé une vision relativement manichéenne du monde, un enseignement prodigué par des parents méprisant de tout leur être la plèbe et les ennuis qu'elle apportait. Il y avait deux types de personnes : les gens comme elle, et les autres. Si elle accordait un intérêt tout relatif à ceux de son monde, parfois conjugué à un profond mépris pour ceux qui tentaient de l'atteindre sans toutefois y parvenir, elle n'accordait en revanche aucun intérêt à ceux qui s'en voyaient d'office exclus. Elle aurait pu se sentir coupable d'un tel cloisonnement si seulement elle n'avait pas grandi dans un écrin d'or, soigneusement protégée du reste du monde pour éviter que les vicissitudes de la vie ne corrompent la pureté d'un tel être. Ses parents avaient vu en elle la seule merveille du monde, plus brillante, plus parfaite que ne pouvaient l'être les sept monuments que l'on surnommait ainsi. Leur vision était une arme à double-tranchant, dont le prix lui paraissait désormais bien lourd à payer. Un être si parfait n'aurait pu souffrir de la moindre faille, du moindre défaut de fabrication : la quête de la perfection était aussi épuisante qu'impossible à accomplir. Finalement, cette si belle vision de leur enfant, plutôt que de lui rendre service, l'avait transformée en une machine de guerre à la mécanique rouillée. Jade ressentait. Elle ressentait tout, toutes les émotions les plus humaines, dont elle se préservait pourtant face au reste du monde. Cette dualité entre l'être et le paraître avait nourri toutes ses névroses, effaçant par la même l'idée d'être cette créature divine que ses parents avaient engendré. Son mépris de tous ceux qui n'appartenaient pas à son monde n'était que la traduction immédiate de la bulle dorée dans laquelle on l'avait enfermée. Cela ne sembla pourtant pas empêcher Ollie de s'entêter à entretenir le contact avec elle, s'offrant même le luxe incroyable de l'inviter à dîner. D'aussi loin qu'elle s'en souvenait, personne ne l'avait jamais fait, probablement parce qu'ils n'avaient jamais osé. A Las Vegas, elle avait régné en maîtresse absolue sur son petit monde étroit, jamais égalée, jamais défiée. Les hommes l'avaient désirée comme l'on désirait quelque chose hors de portée : avec retrait, réserve. Certaines avaient tenté de braver les obstacles, sans savoir que la déception les attendrait inévitablement au bout du chemin. Lorsqu'on la connaissait un peu mieux, Jade était exactement ce qu'elle donnait l'air d'être, à cela près qu'elle ajoutait les névroses, les complexes et la méfiance. L'armure d'acier qui l'entourait était aussi solide qu'efficace. Personne n'avait jamais été en mesure de tenir la distance, et elle ne les blâmait pas. Le simple fait qu'elle laissa flotter l'idée d'accepter un dîner avec un parfait inconnu qui avait eu un mauvais départ constituait en soi un véritable exploit – dont il ne prenait sans doute pas la mesure. Sans se laisser démonter, il partit chercher de quoi écrire son numéro sur un post-it et le lui tendit. Elle déglutit péniblement, ses doigts attrapèrent le papier et elle ne s'aventura pas à relever le regard sur lui. « Pourquoi ? » s'enquit-elle enfin, une pointe de vulnérabilité dans la voix. « Qu'est-ce que j'ai fait pour vous donner envie de dîner avec moi ? » Il n'y avait aucune trace d'agressivité, sa question était sincère. Elle n'avait été rien moins qu'odieuse avec lui, en dépit de la politesse hypocrite qu'elle lui avait servie pour dédramatiser le verre renversé sur sa robe, et continuait à le faire aujourd'hui. Personne de sensé n'aurait accordé plus d'une demi-seconde à une fille avec une si haute opinion d'elle-même. « Je ne sais pas cuisinier » confia-t-elle alors en haussant les épaules. Elle avait été entourée d'une ribambelle de personnes chargée de cuisiner à sa place et n'aurait même pas su faire cuire des pâtes, si elle avait seulement voulu le faire. « A l'extérieur, c'est mieux. » C'était une réponse à peine déguisée à l'invitation. Il n'était pas envisageable de mettre un pied chez quelqu'un qu'elle ne connaissait absolument pas. Mais c'était un premier pas, immense pour une femme qui toute sa vie s'était heurtée à la barrière, invisible mais bien réelle, d'univers aussi différents qu'incompatibles. « Je verrai si je peux me libérer ce soir. Mais je ne promets rien » mentit-elle effrontément. Elle l'appellerait. Même s'il fallait pour ça se faire violence. Un dîner n'engageait à rien, et lui se rendrait compte rapidement que l'intérêt qu'il semblait lui porter avait disparu.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyLun 17 Aoû - 22:08




“the power of a glance has been so much abused in love stories, that it has come to be disbelieved in. few people dare now to say that two beings have fallen in love because they have looked at each other. yet it is in this way that love begins, and in this way only.” victor hugo




La succession de remarques condescendantes de Jade irritait Ollie de manière exponentielle, mais il faisait de son mieux pour rester de marbre, en apparence. Il ne voulait pas montrer le moindre signe d’énervement, rester d’un calme olympien, peu importe si Jade était une emmerdeuse de première, il voulait faire bonne figure. La dernière chose dont il avait besoin, c’était d’avoir des problèmes avec son voisinage avant même d’avoir fini d’emménager dans son nouvel appartement. Bien s’entendre avec une personne si différente de lui, une personne qui représentait tout ce qu’il n’aimait pas chez les personnes venant de la haute société, était un véritable challenge, mais Ollie était prêt à le relever. Il n’avait jamais reculé devant les difficultés, il n’allait pas commencer aujourd’hui parce qu’une pète-sec se montrait trop condescendante. « Pour l’instant, je me contente d’une location. Peut-être que j’achèterai un jour, qui sait ce que nous réserve l’avenir. » Ou peut-être que dans quelques mois je vivrai chez toi, eut-il envie de rajouter sur un ton humoristique, mais il préféra se censurer. Du petit aperçu qu’il avait eu de Jade, il était persuadé que c’était typiquement le genre de blagues qui ne la ferait pas rire, qui ne lui arracherait même pas un léger rictus. A vrai dire, il ne savait pas s’il y avait quelque chose qui pouvait la faire rire. Son existence avait l’air si sérieuse, dénuée de toute joie, du moins, telle était l’image qu’elle dégageait de prime abord. « Mais oui, je suis au courant des tarifs exercés ici. Ca va me changer de mon ancien logement. » Concrètement, le loyer d’Ollie allait tripler avec ce changement de logement. Mais ce changement, il en avait besoin, il devait tourner la page de ses années de galère, ouvrir ce nouveau chapitre de sa vie qui s’annonçait bien plus ensoleillé. Avec l’argent qu’il avait économisé pendant ses années de mannequinat, additionné à l’augmentation qu’il était en train de négocier avec les producteurs de la série, Ollie n’aurait aucun mal à augmenter son niveau de vie de manière durable. Bien entendu, il n’allait pas non plus jeter de l’argent par les fenêtres, le métier d’acteur étant bien souvent éphémère, mais il pouvait se faire quelques petits plaisirs, la location de cet appartement en était le parfait exemple. Ollie regardait Jade hésiter, réfléchir suite à sa proposition de dîner en guise d’excuses. Quand elle ne parlait pas, quand elle ne montait pas sur ses grands chevaux, quand elle laissait sa condescendance de côté, elle était réellement séduisante. Plus que ça même, elle était envoûtante. Oliver cligna des yeux et détourna soudainement le regard. Il n’avait pas envie de la fixer trop longtemps, de paraître insistant, lourd. Il venait tout juste de proposer un dîner à une parfaite inconnue, ou presque, alors s’il se mettait désormais à la fixer pendant de longs instants, la situation pourrait rapidement devenir gênante, voire même glauque. Finalement, Jade décida de répondre à la proposition d’Ollie par une autre question. Une question qui l’interloqua. Pourquoi voulait-il l’inviter ? Il marqua un long temps d’arrêt, ne sachant pas vraiment quoi lui dire, pour la simple et bonne raison qu’il n’était lui-même pas sûr de connaître la réponse. « Pour essayer de réparer les dégâts que j’ai causé… » S’excuser, encore et encore. Cette demande de pardon était elle-même une excuse, un prétexte pour lui proposer ce dîner. Que pouvait-il lui dire ? Qu’il la trouvait jolie et qu’il était persuadé que derrière sa carapace d’emmerdeuse condescendante coincée, se trouvait une femme qui valait la peine d’être connue ? A l’écran, peut-être que ce genre de choses marchaient, mais pas dans la vraie vie. Là, il aurait juste l’air d’un pauvre type, louche, effrayant, qui croit avoir cerné une inconnue en l’espace de quelques minutes. Finalement, il se décida tout de même à dévoiler une part de vérité pour compléter sa précédente réponse. « Et je dois l’admettre… vous m’intriguez. » Et ce n’était rien de le dire. Habituellement, avec une personne qui le traitait de la manière dont Jade l’avait fait, Ollie n’aurait pas essayé d’aller plus loin, il n’aurait pas essayé d’apprendre à la connaître, mais cette fois-ci était différente. N’arrivant pas à mettre de mot sur ce qui l’intriguait vraiment, il décida de passer à autre chose, de chasser ses idées de sa tête. « Allons-y pour un restaurant dans ce cas. C’est sûrement plus sûr en effet. » Pour elle, comme pour Ollie et sa cuisine catastrophique. Il se rendait tout juste compte qu’il venait d’inviter une parfaite inconnue à venir chez lui le soir après seulement quelques minutes de conversation. Tout ça, en étant parfaitement sobre. Maladroit, il l’était, mais bizarrement, Jade ne semblait pas vraiment lui en avoir tenu rigueur, peut-être n’avait-elle pas vu de sous-entendu là où Ollie n’avait justement pas voulu en mettre. « Très bien, j’attends votre appel dans ce cas. » répondit-il lorsqu’elle l’informa qu’elle ferait de son mieux pour se libérer. Il était persuadé qu’elle ne le ferait pas, mais après tout, il aurait fait de son mieux, il aurait essayé. En jetant un coup d’oeil dehors, Ollie aperçu un taxi garé devant l’immeuble. « Je crois que votre taxi est arrivé. » Il prit deux des cartons qui gisaient encore sur le sol et se dirigea vers l’ascenseur pour monter jusqu’à son appartement. « Bonne journée, à très vite… j’espère. » Et il espérait que ce très vite serait ce soir. Il n’allait pas seulement passer son après midi à finir d’emménager dans son nouvel appartement, il allait surtout le passer à garder un oeil sur son portable, dans l’attente d’un appel de Jade. Un miracle, voilà ce dont avait besoin Ollie pour qu’elle accepte ce dîner, il était prêt à devenir croyant s’il le fallait.
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptySam 5 Sep - 0:53

Elle pouvait sentir, presque palper l'irritation qu'elle faisait naître chez son interlocuteur. C'était une manie, autant qu'une tare : quand bien même aurait-elle chercher à se montrer cordiale et vaguement sympathique, elle n'aurait jamais réussi à laisser entrevoir plus que l'ombre du dédain et de la condescendance conférée par son statut vénéré. Parfois, bien sûr, elle le faisait exprès, se demandant combien de temps il lui faudrait avant d'exaspérer entièrement la personne en face d'elle, mais d'autres fois, comme celle-ci, Jade n'avait même pas conscience d'être en tout point odieuse. C'était sans doute pire. « Si vous souhaitez acheter, mieux vaut avoir une idée de ce que votre avenir vous réserve » nota-t-elle de son timbre aussi clair qu'agaçant. Elle ne s'embarrassa même pas d'un regard supplémentaire sur lui : elle avait vu tout ce qu'il y avait à voir, au moins au premier abord – et le reste n'éveillait pas spécialement d'intérêt en elle. « J'imagine, en effet. » Pour Jade, le montant de son loyer, quoiqu'imposant, n'était pas et ne serait jamais une problématique, elle payait plus ou moins autant que l'appartement qu'elle avait loué lors de ses études à Stanford, à ceci près qu'elle avait à présent une splendide vue sur la ville. Mais lui, jugea-t-elle, devait venir d'un trou à rats miteux, où le loyer excessivement élevé par rapport au logement en lui-même ne se serait même pas approché en rêve du montant de son loyer actuel. C'était une habitude, chez elle, de juger et catégoriser les gens. Cela lui apportait une espèce d'assurance mal placée, un sentiment de réconfort : tant qu'il y aurait des personnes pauvres pour graviter autour de l'aura désirable des gens riches, le monde resterait en place et continuerait de tourner. Et tant qu'elle savait qui faisait partie de l'une ou l'autre de ces catégories, son petit monde à elle le restait également. Jade se montrait toujours aussi hésitante à accepter une invitation véritablement sortie de nulle part. Ollie essayait sans doute de se montrer voisin agréable, mais elle, de son côté, s'accommodait parfaitement de sa solitude et du fait de ne pas avoir à faire la conversation à ses voisins. Et plus elle tentait de comprendre, moins elle y parvenait. Elle l'intriguait, à présent. Elle lui jeta un regard à mi-chemin entre la surprise et le dédain total, se garda – tout juste – d'un cinglant « évidemment que je vous intrigue, le contraire aurait été surprenant » pour se contenter d'un soupir faussement exagéré. « Vous seriez déçu » commenta-t-elle calmement. A la longue liste de ses défauts, elle pouvait au moins ne pas ajouter la fausse modestie, cette humilité savamment travaillée pour forcer l'intérêt des autres ainsi que leur envie. Jade évitait de donner inutilement des espoirs, et le plus souvent sans même s'en rendre compte. Comme tout le reste de son comportement, il s'agissait d'habitudes soigneusement ancrées en elle, et elle avait trop souvent vu les personnes intéressées par son tempérament singulier se désintéresser d'elle sitôt qu'ils avaient eu un aperçu de ce qu'elle était véritablement. Elle ne les en blâmait pas. La fausse apparence de perfection qu'elle tentait de renvoyer s'effritait de jour en jour pour finir par se réduire à peau de chagrin. Tout juste parvenait-elle à conserver la face devant des inconnus. Ollie lui indiqua l'arrivée de son taxi et elle le remercia d'un hochement de tête gracieux avant de prendre la fuite, encore incertaine de l'issue de sa journée.

Les heures n'arrangèrent en rien le problème. Plus elles avançaient, plus Jade trouvait mille et une raisons de repousser, voire annuler complètement cet hypothétique dîner qui soulevait bien plus d'inquiétudes qu'il n'aurait du le faire. Ce n'est qu'un dîner, pour l'amour du ciel, Jade, avait dit Marlon en balayant le plafond d'un regard agacé avant de se remettre au fastidieux travail qui leur incombait. Par miracle, elle n'eut plus d'imprévu à maîtriser pour l'organisation de sa prochaine soirée, ce qui eut le mérite de la mettre dans des dispositions correctes une fois rentrée chez elle. Elle attrapa le bout de papier sur lequel était inscrit le numéro d'Ollie, l'observa comme s'il risquait de la manger, avant de le reposer. Consciente qu'elle ne serait jamais capable d'appeler, elle en fut réduite à prendre les mesures qui s'imposaient pour s'empêcher de faire marche arrière. Elle se connaissait bien trop pour ignorer qu'entre l'appel et l'heure de rendez-vous elle aurait trouvé un tas de prétextes pour annuler à la dernière seconde, elle se présenta directement devant la porte de son appartement, élégamment vêtue, cheveux relevés, lèvres parfaitement maquillées. Même pour un simple dîner, elle ne pouvait s'empêcher de se montrer sous son meilleur jour, se moquant bien d'obtenir l'effet inverse tant elle détonnait dans le décor. Elle prit une profonde inspiration, hésita quelques secondes avant de se forcer à avancer la main contre la porte. Elle frappa quelques coups secs, réfléchissant au nombre de secondes qu'elle devrait attendre avant de pouvoir partir sans paraître impatiente. Elle n'eut pas à patienter longtemps, cependant, et la silhouette d'Ollie se dessina dans l'embrasure de la porte. « Je préfère vous prévenir : d'ici une heure, vous aurez regretté de m'avoir proposé un dîner avec vous. » C'était une façon pour le moins étrange d'entamer la discussion, mais Jade n'était plus à une bizarrerie près. « Mais j'ai une table pour deux dans un petit restaurant à quelques blocs d'ici. »
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MessageSujet: Re: “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) “maybe the two different worlds we live in weren't so different. we saw the same sunset” (jade) EmptyJeu 10 Sep - 19:01




“the power of a glance has been so much abused in love stories, that it has come to be disbelieved in. few people dare now to say that two beings have fallen in love because they have looked at each other. yet it is in this way that love begins, and in this way only.” victor hugo




Ce n’était pas seulement un nouveau travail qu’Ollie avait décroché quelques mois plus tôt, c’était une opportunité pour un nouveau départ, pour une nouvelle vie. Et comme à son habitude, il avait envie de faire les choses de la bonne manière, faire en sorte de se donner les moyens de ses ambitions. Il voulait surmonter ce nouveau challenge et pour ce faire, il n’avait pas hésiter à couper les ponts avec de nombreuses personnes. C’était une des premières règles qu’il s’était fixé : se débarrasser des personnes qui le tiraient vers le bas, ceux qui dégageaient des ondes négatives. Il avait eu sa dose de problèmes, sa dose de drames par le passé et avec ce nouveau départ qui s’offrait à lui, le calme et le bien être étaient au centre de son attention. Même si Jade lui donnait l’impression d’être une fille vraiment spéciale, à la limite de la névrose, ce côté carriériste évident lui donnait envie de la connaître davantage. S’entourer de gens ambitieux ne pouvait être qu’une bonne chose pour sa propre carrière, cela pouvait être une motivation supplémentaire, une source d’émulation pour donner toujours plus afin de ne pas paraître pour un moins que rien. Car à l’heure actuelle, de ce qu’il comprenait, c’était le sentiment qui dominait chez Jade. Elle ne voyait Ollie que comme un petit acteur minable qui ne ferait jamais rien de sa vie. Vexé, il aurait pu l’être. Mais plutôt que de se morfondre sur ce que les gens pensaient de lui, Oliver avait toujours souhaité leur prouver qu’ils avaient tort et Jade ne faisait pas exception à la règle. Elle allait apprendre à le connaître, elle s’apercevrait tôt ou tard qu’il valait bien qu’elle ne le pensait et tout cela pouvait commencer dès ce soir avec cette invitation à dîner qu’Ollie avait lâché comme une bombe. Néanmoins, de manière peu surprenante, sa toute récente voisine ne semblait pas être réellement convaincue par cette invitation. A un tel point qu’Ollie eut même à se justifier, à expliquer les raisons qui le poussaient à l’inviter à dîner. La réponse que Jade se contenta de donner l’interloqua. Alors qu’il pensait qu’elle profiterait de l’occasion pour se mettre en avant, pour dégager ce côté prétentieux et hautain qu’Ollie avait cru déceler, c’est une toute autre réponse qui sortit de sa bouche. Ollie serait déçu s’il en apprenait davantage sur son compte. Du moins, c’est ce qu’elle prétendait. Il l’avait apparemment jugé bien trop rapidement, derrière ses airs supérieurs, Jade semblait camoufler un léger manque de confiance en soi qu’elle venait de dévoiler, volontairement ou non. « J’en doute. Mais après tout, il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. » Ollie comptait sur son opiniâtreté pour la pousser à accepter son invitation dans le but de lui prouver qu’il avait tort et qu’elle avait raison. Déçu, peut-être qu’il le serait, aux premiers abords, cette femme semblait imbuvable et lui donnait la nausée, mais ce qu’il découvrait petit à petit, les bribes d’informations qu’il parvenait à déchiffrer ci-et-là créaient une réelle envie d’apprendre à la connaître. C’est avec un sourire sincère qu’il la salua lorsqu’elle rejoignit le taxi qu’elle avait commander plusieurs minutes auparavant. Ses cartons en main, il remontait jusqu’à son appartement pour finir d’emménager. Ollie avait beau trouver Jade intrigante, il savait pertinemment que la réciproque n’était sûrement pas vraie. Malgré tout, il partait confiant, il avait l’intime conviction qu’elle accepterait son invitation. Si ce n’était pas ce soir, ce serait pour une autre fois.

Tout juste sorti de la douche, Ollie sa laissa tomber sur son canapé. Il avait travaillé tout l’après midi à l’aménagement de son nouvel appartement et était exténué. Le précédent locataire n’avait pas laissé les lieux dans le meilleur état et il avait dû s’improviser plomber pendant quelques heures afin de réparer la tuyauterie de la salle de bain qui était dysfonctionnelle. Après avoir passé en revue les chaînes de sa télévision sans trouver le moindre programme qui l’intéressait, il jeta un oeil à son téléphone, sans grand espoir. Jade n’avait toujours pas appelé, toujours pas envoyé de message. Son intuition lui avait fait défaut, elle n’accepterait pas l’invitation, il était désormais trop tard. Ollie pianotait dans le répertoire de son téléphone, à la recherche d’un nom, d’une personne à qui il pourrait proposer quelque chose pour ce soir lorsque quelqu’un frappa à sa porte. Jade. Elle s’était finalement résignée à accepter son invitation et la voir débarquer ici sans prendre le soin de prévenir était une manière implicite pour Ollie de comprendre qu’elle avait les rennes de la soirée, qu’elle fixait par avance ses conditions. « C’est déjà bien, cela voudrait dire que vous arriverez à me supporter pendant une heure alors. » répondit Ollie, tout sourire, dans le but de dédramatiser la situation. Paradoxalement, les rôles semblaient inversés, alors que lui était tout à fait à l’aise, Jade semblait nerveuse, tendue. Pourtant, c’était lui l’outsider et elle la fille qui l’avait pris de haut quelques heures plus tôt. « Très bien, dans ce cas, qu’attendons nous ? » Il attrapa une veste accrochée au porte manteau de sa porte d’entrée et rejoignit Jade en direction de l’ascenseur. Pour la première fois de sa vie, Ollie remercia la musique d’ambiance. Jusqu’au rez-de-chaussée, nul d’entre eux n’ouvrit la bouche et cette mélodie brisait ce silence gênant. Une fois sortie de l’immeuble, Ollie décida de briser la glace, ne pouvant supporter de faire le chemin jusqu’au restaurant dans cette ambiance sordide. « Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis? Vous ne sembliez pas du tout emballée par ma proposition cet après-midi. »
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