« Non mais il fait moins huit mille ici ! » Grognant comme toujours, je sortais du chalet, combinaison sur le dos, bonnet sur les oreilles et écharpe couvrant la moitié de mon visage. Quelle idée avaient-ils eu, ces deux cons de doyen ? Qui avait envie de se cailler le cul dans le nord du Canada alors que nous habitions San Francisco, là où, en plein mois de février, on pouvait se balader en t-shirt. Je maudissais cet échange, je maudissais ce fichu spring break qui m'éloignait de ma poupette pour dix jours. C'était peut être ça le plus dur dans ce voyage, être loin de ma fille, voyager sans elle. Il y a encore deux mois, je disais à Steven que je rêvais de voyager et maintenant que j'étais loin de la maison, je n'avais qu'une envie : rentrer. J'étais un vrai complexe à moi toute seule. Marchant avec mes après ski dans une bonne quinzaine de centimètres de neige, je continuais de grogner, de m'énerver après la terre entière et il y avait une chance sur deux que je casse les deux jambes du premier couillon qui venait se mettre en travers de mon chemin. Aujourd'hui, j'avais rendez vous avec Posy pour une petite après-midi ski entre filles. Ni elle ni moi n'étions douées mais nous nous débrouillions. Elle ne semblait pas s'être froissée un muscle ou cassée une jambe et il en était de même pour moi. Seulement, aujourd'hui, on appréhendait quelque chose de nouveau ; le tir fesse. Je n'étais jamais montée sur un tel appareil, préférant les télésièges pour gagner le haut de la piste. Choisir la facilité dans ce genre de situation était bien mon style mais, pour une fois, je voulais me prouver que je pouvais réussir à me servir de cet engin. Il y avait une chance sur deux que je me coince les skis, dérape et finisse traînée sur le dos pendant quelques longs mètres. Ce serait vraiment la poisse, la honte, pire que tout. Quelle idée avais-je encore eu à proposer cela ? Me dirigeant vers le café de la station, je souleva légèrement mes lunettes de soleil pour trouver mon amie. La voyant à une table au fond, un sourire se dessina sur mes lèvres. Elle était là, à l'heure et c'était tant mieux. Un petit chocolat chaud et nous serons sur les pistes ! M'asseyant sur le fauteuil – plus que confortable – en face d'elle, je l'interrogea rapidement. « Ca va ma belle ? Prête pour un peu de ski ? » J'attendais, avec impatience, qu'elle me raconte les premiers jours de notre petite virée dans le nord du Canada, qu'elle me raconte sa relation avec Adriel. Je ne le connaissais pas beaucoup, pour ne pas dire pas du tout mais il semblait plutôt sympa comme garçon. Il avait quelque peu voyagé dans les confréries mais je m'en fichais bien. Laissant la belle anglaise m'expliquer tout cela, je commanda une boisson et la sirota calmement. J'étais prête à affronter les pistes de ski ! Les plus simples mais tout de même... Je ne me préoccupais même pas de Pearl qui semblait avoir trouvé un soutien auprès d'Andrea. C'était bien le comble ça, mon meilleur ami d'enfance qui copinait avec la fille la plus ennuyante du voyage. Chassant ces pensées de ma tête, j'enfournais le tire fesse avec brio. Un large sourire se dessina sur mes lèvres. J'étais fière de moi, absolument fière. Je regardais le paysage glisser sous mes pieds. « Putain Posy, j'y suis arrivée ! » hurlais-je, regardant derrière moi mon amie qui me faisait un sourire. Seulement, petit moment d'inattention, mes skis se croisèrent et je ne sus comment faire pour les remettre en place. Quelques secondes plus tard, j'étais allongée sur le dos, hurlant de rire. Bordel que c'était froid. J'étais dans un fou rire incontrôlable, je n'arrivais plus à bouger, mon ventre me faisait mal et je continuais d'hurler de rire. Jusqu'à ce que Posy hurle et finisse allonger sur moi. Roulant légèrement, je ne pus me retenir de rire, voyant de la neige dans sa chevelure brune. « J'ai maaaaaaal » hurlais-je, toujours morte de rire. « Mon veeeentre » Je continuais de me tordre de rire alors que le regard de l'anglaise était plutôt menaçante. Détends toi brunette. Première chute du voyage, première. Il fallait bien une première fois à tout et j'étais contente que ce soit avec la jeune femme, il n'y avait pas à dire.