the great escape
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beautiful insane in the rain (holden)

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MessageSujet: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptySam 18 Oct - 15:34


Marylou was watching Dean as she had watched him clear across the country and back, out of the corner of her eye—with a sullen, sad air, as though she wanted to cut off his head and hide it in her closet, an envious and rueful love of him so amazingly himself, all raging and sniffy and crazy-wayed, a smile of tender dotage but also sinister envy that frightened me about her, a love she knew would never bear fruit because when she looked at his hangjawed bony face with its male self-containment and absentmindedness she knew he was too mad.

lola rodehorst and hoden carlisle
.▶.

Attablée, Lola étalait ses petites mains vernies sur la table de bois clair. Visage ombragé par la tonnelle qui accueillait les longues cordes d'eau que le ciel déversait, lèvres nues esquissant des mots dans le silence tâché de clapotis, elle se détachait de l'entité dissonante du monde en laissant mourir le zéphyr d'octobre contre sa peau. Un strict tas de feuille captait son regard, papier blanc sous ses yeux bleus, sa main gauche attrapait parfois une tasse de café avoisinante, patientant à ses côtés, reléguée au simple poste d'assistante. Elle lapait la boisson chaude par petites gorgées, léchait du bout de sa langue rose la crème qui venait s'échouer sur sa lèvre supérieure. Petite comédienne aux airs féeriques, elle se plongeait dans une délicate réflexion dont rien n'aurait su l'en faire sortir. Sous ses grandes prunelles vert d'eau vivaient les personnages d'Oscar Wilde, une Lady Windermere à l'éventail affolé s'exclamait en son for intérieur. Elle avait eu son texte hier, avec la folle surprise de se voir attribuer le rôle principal. Elle était rentrée chez elle, avait tout balancé, attrapé une Swan ensommeillée par le bras et s'était offert un verre de vin rouge devant San Francisco mouchetée d'éclats de lumière. Dans ce feuillet de répliques acerbes frémissait encore sa joie teintée de fierté. Elle relisait son texte depuis une heure et demi, joues rosies, cheveux défaits, en était à son unique deuxième tasse de café et tentait de vivoter dans ce nouveau petit quotidien de fille rangée, appliquée. Elle s'était glissée de nouveau dans sa vie d'avant avec une facilité surprenante, avait repris sa place, ses responsabilités en un éclair et se contentait de ça, de ce qu'elle réussit à accomplir sous les regards sévères. Elle ne s'était plus départie de ses jurons grossiers – oui, la gentille Lola aux cheveux blonds disait ''putain de bordel de merde'' quand elle oubliait un plat dans le four, laissait ses clefs sur la table basse – avait refusé de mettre ses vérités au placard, avait édulcoré sa furieuse personnalité. Et là, assise sur sa chaise depuis des plombes, sirotant un café à peine tiède, elle avait terriblement envie d'une clope. Elle pourrait, qu'elle pensait. Elle pourrait, cette éternelle emmerdeuse de la vie avait gardé un paquet de Malboro dans son sac à main, juste pour avoir le plaisir de se voir ne pas y toucher, juste pour sentir la tentation brûler à côté, et ne pas assouvir ses désirs. La nicotine n'était pas la seule addiction qui voyageait avec elle. Dans son petit porte-feuille en cuir, elle avait gardé un vieux bout de papier. Pas grand chose, un truc tâché, roussi sur les coins, un peu écorné, poussiéreux, qui avait perdu de ses éclats de papier glacé, mais les couleurs de son cliché restaient, indélébiles. Visage d'homme, cheveux bruns, barbe de deux jours, les yeux aussi profonds qu'un océan, en un mot Holden, d'une beauté toute virile fixait l'objectif derrière lequel elle était. Elle avait pris la photo, se félicitait de l'avoir gardée. Son homme défiait l'appareil d'un demi-sourire. Holden demeurait la tentation, sulfureux désir qui la chagrinait. Quand elle avait décroché le rôle de Lady Windermere, elle avait payé sa tournée à cette fougueuse bande de comédiens et au moment de prendre son billet pour payer, la photo l'avait fusillée de ce regard si particulier qu'il savait avoir, la photo lui avait sourit, d'une certaine façon, plus que jamais on n'aurait su le faire. Lola continua de fixer la police d'imprimerie grisâtre sur ce papier blanchâtre, pensa aux vraies couleurs, celle de l'ocre du sol, du rose de l'aube, des oranges du crépuscule, de l'or de la peau d'Holden, de l'ébène de ses yeux. Même le temps assassin n'avait su flétrir ses souvenirs, ils restaient intacts, petites réminiscences d'horizons infinis qui trottaient encore de temps en temps entre ses deux tempes. La fille feu-follet se rappelait, la gorge serrée, sa belle époque. Retour brutal à la réalité, bourdonnement d'une voiture une centaine de mètre plus loin, rires étouffés par les murs de l'Albatross, briques rouges qui la fixaient, impassibles, alors qu'elle retombait tout doucement sur son siège, dans son texte. Elle sourit avec cette douceur inapprivoisée, caressa les pages du bout des doigts, se ressaisit. T'as pas le droit de penser à ça, pas le droit, c'est le passé. T'as promis, t'as gagné, ton temps est fini, faut changer d'ère, Lola. Elle but une nouvelle gorgée de ce café dégueulasse, froid maintenant, avec toutes ses conneries. Nouveau plongeon dans son texte qu'elle commençait à connaître comme on reconnaît doucement les traits d'un vieil ami. La pluie continuait de se déverser à cinquante centimètres d'elle, les gouttes s'écrasaient contre le bitume anthracite, explosaient de leur petite mort. Inflexible, elle les laissa valser sans tourment, donna son regard tout entier à ses feuilles, plus rien n'importa d'autre que cette époque victorienne qu'elle allait pouvoir rencontrer sur les planches, elle ne pensait qu'à cette violente collison entre deux mondes ; celui-ci où elle marchait, et l'autre, celui de Wilde, dans lequel elle pourrait danser. Elle sentit la chaleur d'une présence brusquement, tout près. Un parfum remonta jusque dans les méandres de sa mémoire, lui pris la gorge, les yeux, inhiba ses sens. Elle ne leva même pas les yeux. Lola savait. Tout s'écriait à l'intérieur, tout tremblait, se liquéfiait, à l'intérieur d'elle grondait la transsubstantiation de son manque en présence, de ses certitudes en doutes, de ses oublis, ses failles, en nouvelles plaies. Holden. Là, à côté d'elle, dans la même brise qu'elle. Holden avait traversé la pluie, son parfum en était tâché. Lola leva très lentement la tête, peignit son visage d'un mince sourire, joua de ses petites mains avec sa tasse blanche, goûta silencieusement à ses retrouvailles avec le passé. « Holden. » elle le dit avec la douceur d'une femme brisée, alors qu'elle taisait les cris, les sanglots qui enflaient au dedans. Lola bloqua ses émotions, tut ses épanchements excessifs. Il était beau, de sa beauté atypique, sauvage. Cet indomptable avait les mèches brunes constellées de gouttes d'eau, de morceaux d'averse capturé par son hirsute chevelure. Et ses yeux, ses yeux appelaient quelque chose, quelqu'un, l'appelaient elle, sans doute, et leur expression craquelait toutes ses belles paroles. « T'aimais pas Columbia ? » elle le regarda du coin de l’œil, malicieuse, se délecta du spectacle. L'impact qu'il avait sur elle était brutale, elle essayait de dompter cette respiration capricieuse qui ne lui prodiguait plus assez d'oxygène. Elle replaça une mèche derrière son oreille, faussement sereine. Elle referma le feuillet, elle tremblait un peu. Elle leva ses grands yeux vers lui, s'orienta vers cet homme, ou plutôt l'homme, celui avec un grand h, cet amour limpide dans lequel elle avait baigné deux ans durant. Elle baissa les yeux vers le sol luisant, se concentra un instant dessus, fronça les sourcils. Lola ne voulait pas tomber dans les classiques, dans les bonjour, comment vas-tu, Lola ne voulait pas de banalités dans son langage, pas face à lui. Avant, tout venait tout seul, les mots, c'étaient naturel entre eux. Elle donna un petit coup de menton vers la pluie. « C'est con, t'arrive l'automne où il fait moche, elle marqua une petite pause. Mais c'est tout toi ça, arriver au mauvais moment. » elle maintint quelques secondes son regard, retourna à sa contemplation sourde des gouttes sur l'asphalte ruisselant. Elle avait presque chuchoté ses derniers mots, soufflés pour elle-même. Il débarquait dans sa vie quand elle croyait s’accommoder, s'apprêtait à déranger ce qu'elle avait si bien ordonné.
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptyJeu 23 Oct - 22:37

Oh I beg you, can I follow ? Oh I ask you why not always ?
Be the ocean where I unravel, be my only, be the water and I'm wading.
You're my river running high, run deep run wild, I follow, I follow you deep sea baby.

Les mains dans les poches de son manteau noir, d'une marque de luxe quelconque, Holden brave la pluie battante qui s'abat sans discontinuer sur San Francisco depuis plusieurs heures maintenant. La nuit ne tardera plus, maintenant, et déjà les lueurs du jour se battent avec celles de la nuit, un combat perdu d'avance pour les maigres rayons de soleil qui ont déjà abandonné leur guerre contre la pluie et s'apprêtent à présent à laisser place à un crépuscule gris, terne, maussade. Maussade, comme son humeur. Maussade, terne, grise elle aussi, de n'avoir pas trouvé ici ce qu'il pensait être venu chercher. Tout ce chemin depuis New York pour... rien. Holden désespère en silence, mutique depuis une bonne heure. Contrairement à la plupart des gens, il aime la pluie. Il aime le clapotis régulier des gouttes d'eau contre le bitume, contre les vitres, contre les gens. Cinquante nuances de gris dans un ciel en clair-obscur, qui le ramènent immanquablement aux longues heures passées dans une baraque de fortune, quelque part en plein milieu du no man's land américain, clope au bec, bière à la main, Lola juste à côté de lui, attendant le top départ pour s'élancer dans la pluie, indifférent à l'eau glissant contre leurs peaux. Il y a quelque chose de profondément nostalgique dans sa contemplation de la pluie, mais la nostalgie masque à peine – et mal, si mal – l'impatience, mue en amertume depuis plusieurs jours. Lola est introuvable, Lola est invisible, Lola est une ombre qui se promène dans sa mémoire plus que sous ses yeux. Une si grande université, Berkeley, et pourtant, tout le monde a l'air de se trouver. Les gens tombent naïvement amoureux, au détour d'un couloir, ils ne se cherchent pas, mais ils se trouvent. Lui ? Lui, il cherche désespérément, et ne trouve rien, et surtout pas elle. A peine quelques apparitions quasi divines pour le relancer dans sa quête, lorsqu'il aperçoit une masse de cheveux blonds, ou qu'il entend un éclat de rire qu'il ne connaît que trop bien. Mais jamais de Lola face à lui, et jamais de rire pour lui. C'est à se demander s'il finira un jour par la retrouver. Alors Holden affiche une mine blasée, comme fatiguée d'une recherche si ardente n'aboutissant jamais. Et Holden se replonge, tête la première, dans cette comédie qu'il peine encore à apprivoiser. Lola s'éclipse de ses pensées pour quelques minutes, quelques heures lorsqu'il est chanceux. Holden devient Carlisle, laisse de côté les souvenirs de la vie sur la route pour reprendre le rôle de sa vie, celui qu'il ne parvient pas encore à jouer parfaitement. Celui du gendre idéal, promis à l'avenir idéal, qui épousera la femme idéale, dirigera l'entreprise idéale, pour parfaite l'image d'Epinal à laquelle on le soumet depuis toujours. Oh oui, cette vie sera la sienne, et il n'aura qu'à claquer des doigts. Il est tombé du côté appréciable de la barrière, celle où rien n'est difficile, où l'on obtient ce que l'on veut. Il aura de beaux enfants, une épouse qu'il n'aimera pas, mais fera semblant de chérir, pour la forme, tandis que, même dans trente ans, ses pensées le ramèneront invariablement à Lola. Qu'il se demandera ce qu'elle fait, ce qu'elle est devenue, qui partage sa vie, qui partage ses nuits. A-t-elle des enfants, Lola ? Une gosse comme elle, est-ce qu'elle ferait une bonne mère ? Et qu'est-ce que sa vie aurait été, s'il l'avait retrouvée ? La mécanique du cœur s'emballe, Holden pousse un soupir contrit, alors qu'il passe devant l'Albatros, prêt à quitter le campus, retourner dans un appartement modeste en total contraste avec les maisons absurdes choisies par les Epsilons. Il ne comprendra jamais cet étalage – parfaitement dispensable – de richesse et d'exubérance. Chez lui, rien ne l'attendra. Personne. Il enlèvera son beau masque de beau garçon, s’assoira sur le rebord de son balcon donnant vue sur la mer (seul luxe octroyé) et observera le ciel se teinter d'encre noire, le temps d'une cigarette. Mais ses projets s'envolent soudain, alors qu'apparaît sous ses yeux incrédules la silhouette tant attendue, si longtemps espérée. C'est tellement surréaliste qu'il peine à y croire. Son esprit lui jouerait-il des tours ? Lui ferait-il voir quelque chose qui n'existe pas ? Pourtant Lola ne bouge pas, pas même lorsqu'il cligne des yeux. Elle est là, penchée sur quelque chose qu'il ne distingue pas. Elle est là, et cette fois elle ne peut pas disparaître hors de sa vue tant il s'accroche à ses mèches blondes et sa peau laiteuse. Il n'hésite pas une seconde, lorsqu'il entre dans la cafétéria, se dirige droit vers elle de peur qu'elle ne s'évanouisse encore une fois. Mais elle n'a pas bougé d'un centimètre, tout juste a-t-elle relevé la tête, mue par l'instinct qui ne trompe pas. La connexion entre eux existe encore, constate-t-il non sans soulagement. Et son regard se fait espiègle, lorsque son prénom s'échappe d'entre ses lèvres rosées. Holden. Elle pourrait prononcer n'importe quel mot qu'il aurait toujours un son délicieux. « Lola » répond-il, mais son ton à lui n'a rien de malicieux. Il est à la fois anxieux et soulagé, lui qui a attendu ce moment durant ce qu'il lui semble être une éternité. Plus d'un an, et enfin, il la voit, et plus important, elle le voit. Elle mentionne Columbia, et il a envie de rire devant l'incongruité de la situation. Si Columbia l'avait adopté d'emblée, lui au contraire s'y était senti douloureusement oppressé, loin, si loin de ses grands espaces. Et surtout si loin de Lola. Il se fait hésitant : doit-il lui dire qu'il s'est senti infidèle, de se trouver où elle n'était pas ? Que sa poitrine se compressait douloureusement chaque fois qu'il laissait ses pensées s'égarer à imaginer ce qu'elle faisait, sans lui ? « Pas autant que Berkeley » répond-il finalement, à peine l'ombre d'un sourire au coin des lèvres. « Toujours eu une affection particulière pour San Francisco » qu'il ajoute. Ce berceau de la beat generation ayant abrité les affres passionnés des plus grands. Il tourne la tête en même temps qu'elle désigne la pluie d'un bref signe de tête, hausse les épaules. « J'aime la pluie. » Et il l'aime, elle, sous la pluie, trempée des pieds à la tête, riant, riant, si fort qu'elle semblait incapable de s'arrêter, jusqu'à ce qu'il l'embrasse, lui aussi hilare. « Peut-être que je suis arrivé au bon moment, au contraire... » Il finit par s'asseoir, face à elle, si proche et en même temps si loin de la Lola de ses souvenirs, de la Lola qu'il n'a eu de cesse d'aimer depuis toutes ces années. Son cœur bat la chamade tandis qu'il garde son regard rivé sur elle, s'imprégnant de chaque détail de ses traits familiers. Que dire à une femme que l'on aime passionnément et que l'on retrouve enfin ? A une femme qui ne vous a jamais contacté pour prendre de vos nouvelles, qui vous a rayé de sa vie au moment où elle vous a tourné le dos pour monter dans un bus, au milieu de nulle part ? « T'es belle. » Il aurait tout aussi bien pu dire qu'il crevait du manque d'elle, qu'il a cru qu'il finirait par mourir purement et simplement, anéanti par l'absence et l'indifférence. Mais à quoi bon se lancer de telles déclarations. « J'ai trouvé plein de choses à Columbia. Mais je t'ai pas trouvée, toi. Pas faute de t'avoir cherchée pourtant... » Dans toutes les chevelures blondes dans lesquels ses doigts venaient se perdre, dans tous les corps frêles qui se collaient contre le sien, attendant quelque chose qu'il n'offrirait jamais, dans tous les sourires mutins qui lui rappelaient Lola d'une façon désagréable. Il y avait eu des copies d'elle, mais aucune digne de s'en approcher, pas même un peu. « Alors je me suis dit que Berkeley, c'était bien aussi. »
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptyDim 26 Oct - 0:16

and then my soul saw you and kind
of went "oh there you are. I've been looking for you."

Elle se rappelait les instants volés sous la pluie, sous le soleil, dans la poussière, toutes ces minutes de délice qu'elle avait consumé goulûment, dont elle s'était drapé, dans lesquels elle s'était réfugiée tous ces jours en oubliait les ombres de l'avenir qu'elle avait promis de porter. Elle se souvenait des clopes au petit matin, portant uniquement ses parfums d'agrûmes et sa petite culotte sous la chemise d'Holden, accoudée au balcon, aspirant sa nicotine par petite bouffée, baignée de lumière et de liberté. Elle se souvenait des lèvres d'Holden qui glissait dans son cou alors qu'elle fixait l'horizon étranger, mystérieux, qui se taisait et lui jurait des merveilles tout à la fois. Et l'odeur de son homme remontait jusqu'aux tréfonds de son esprit blessé, le goût de ses lèvres, salées comme les larmes, nappait sa bouche et un intant elle était avec lui en pensée, s'abandonnait à cette âme soeur de substitution, ce demi Holden déposé à ses côtés en une brume de souvenirs, en effluves de rêves ténus. Holden s'était ancré en Lola, bien malgré elle, à travers l'encre déposée contre les pores de sa peau, à travers son audacieux sourire qui lui revenait en tête par flash, à travers toutes ces particules de lumières, de couleurs qu'elle percevait dans une Californie geôlière de son âme bohème et qui la ramenait ailleurs, à ces lieux traversés une poignée d'heures qui s'étaient amarrés dans son esprit. Les images, les photos, les horizons qui lui étaient restés, lovés dans sa mémoire chagrinée. Et chaque fois qu'ils resurgissaient, mélancoliques visions de ses nouveaux interdits, le visage de son Dean s'amenait avec, ses traits sortaient, elle débusquait un profil, un portait de lui et s'en abreuvait une seconde à peine, avant de se prendre dans ces contemplations damnées. Lola jeta un nouveau coup d'oeil à son café froid. Maintenant cette fumée de réminiscences qui s'envolaient quand elle voulait les toucher s'était matérialisée en Holden. En son Holden. Le plus beau, le plus passionné des amours se dressait face à elle, et elle se sentait la plus impuissante des femmes, confrontée à son désir sans savoir quoi en faire. Holden était le bateau à ne pas prendre, celui qui s'échouerait, parce que les vagues l'engloutirait. Holden était un voilier, au charme certain, au goût d'aventure, qui fendait la mer et déployait des beautés uniques, tempêtueuses. Mais ce dont Lola avait besoin par dessus tout, c'était un bateau à moteur, un truc qui puisse la porter jusqu'à l'autre rive, jusqu'au but sans flancher. Certes moins excitant, certes stéréotypé, blanc, sans le moindre désordre, le moindre défaut, sur lequel on avance sans sensations, sans même percevoir la hoûle, mais c'était ce à quoi ses parents aspiraient pour elle, ce qui était le plus raisonnable pour elle. Choisir la facilité. Et pourtant elle crevait d'envie de monter sur le voilier, quitte à sombrer en route. Elle s'arrêta, jugea la pluie d'un regard azur morne de chagrin, s'imagina enserrant un petit garçon dans ses bras, l'annulaire emprisonné dans l'étau doré d'une alliance. Elle ne voulait pas dessiner la suite, se refusait à l'image d'un mari en costard cravate, se dérobait à l'étreinte oppresante d'un quotidien à la ritournelle tenace, facile, un petit air chantonné au piano, qui la suivrait jusqu'à la tombe. Non, Lola ne voulait pas d'une petite cantate jouée du bout des doigts, Lola voulait un orchestre, des batteries, des guitares, Lola voulait que ça pète, voulait danser tous les jours. Holden était son rock, mais on l'intimait aux valses. Elle se rappela d'une soirée d'été, ils avaient élu domicile dans un de ces bars sur le côté de la route, la nuit s'étendait au dessous d'eux mais ils riaient. Holden était allé jusqu'au tourne-disque qui trônait, impérial, au fond de la pièce. Il avait mis un vieux disque de rock, et les airs déchaînés avaient hurlés dans tout le bistrot. Il était venu jusqu'à elle, il avait attrapé sa main, et il l'avait fait danser. Ils étaient sorti jusque dans la rue devant ce commerce qui gueulait un rock'n'rol irrévérenscieux. Et maintenant Holden ne dansait plus. Holden la fixait, l'attendait au tournant et elle, petite Lola au coeur colère, ne savait pas quoi faire. Trop de complications, trop d'obligations, trop de poids arnachés à elle, trop de chaînes à porter, avec lesquelles elle devait avancer, qui lui sciait l'âme. Il prononça son prénom, un long frisson lui parcourut l'épiderme. Son myocarde s'emballa, devant cet homme aux charmes diables, elle perdait pied, sombrait dans ses tissus de faux-semblants, devenait fragilité exacerbée, fillette porcelaine qui se craquelait de partout. Elle savait qu'elle se noierait dans son regard, fusil de ses raisons, si elle relevait les yeux vers le prince de la route. Lola mettait ses désarrois sous verrou, cadenassait son coeur en présence de cet être à la sulfureuse aura. Il la brûlait de sa voix, l'embrasait de ses yeux. Lola suffoquait dans son enveloppe de pâlichonne fille assurée. « Je comprend, les beatniks... Ton grand amour. Moi j'ai ralenti sur Kerouac, Krakauer et les autres, faut pas abuser des bonnes choses. » elle lui souriait, décochait une discrète référence à leur passion qui se devait de s'éteindre de sa belle mort, s'achever dans la passion, comme elle avait commencé. Mais il revenait, fantômatique énigme ambulante, revenait hanter sa petite comédienne aux compromis qui lui brûlait les ailes. Lola fit mine de compter le nombre de pages qu'il lui restait à lire, essaya de dissimuler le bric à brac euphorique qui tremblait au dedans. Dieu qu'il avait l'art de la rendre dingue. Son Dean était déjà partout dans son esprit, dans le moindre texte elle trouvait une phrase qu'elle aurait voulu lui lire, entendre cet érudit bellâtre disserter de les idées exprimées. Mais ces mots mourraient sur ses lèvres, parce qu'il n'était pas là. Et maintenant qu'il l'était, Lola aurait aimé recouvrir ce calme, sa tranquillité, parce que c'était plus simple de ne pas avoir à choisir entre le droit chemin et la déraison - surtout quand elle savait avec pertinence ce qu'elle préférait. « Et peut-être que San Francisco aurait préféré que tu la vois ensoleillée. » nouveau sous-entendu lourd de sens, lourd de non-dits. Lola ne voulait pas qu'il voit cette fille-là, celle qui bossait pour quatre et avait relégué la route à un simple axe de communication. Lola voulait qu'il garde d'elle le souvenir de sa vagabonde, de cette fille qui était montée dans le bus sans se retourner, sac à dos lui cisaillant les épaules. Lola ne voulait pas qu'il sache que quand elle était montée, derrière ses cheveux blonds, les yeux lui brûlaient, de larmes, aussi de la laideur de ces grandes villes où il ne serait plus. Mais elle s'était résignée, elle avait promis, c'était sa vie qu'elle devait affronter maintenant. Lola ne pouvait plus vivre entre parenthèses. Il lui dit qu'elle était belle. Elle aurait voulut lui dire qu'il était un idiot. Mais elle se contenta de sourire doucement en fixant la pluie. « Oh pitié, je suis sûre qu'il y avait ce qu'il fallait en fille à Columbia. » elle le regarda, contempla ce visage chiffoné par ces retrouvailles inéspérées. Il l'avait cherché, la retrouvait et elle savait qu'elle ne répondait pas aux attentes d'un tel trajet, d'une telle course. Lola n'arrivait pas à récompenser la quête d'Holden parce qu'elle n'avait pas voulu être trouvée. Lola voulait rester un souvenir, réussir à vivre loin de lui. « Le campus est sympa, oui. » petit sourire mutin peint sur ces lèvres roses, elle jouait au plus con en toute connaissance de cause. « Alors, t'as prévu quoi ? Passer quelques semaines à Berkeley, te taper cinq ou six californiennes et repartir conquérir le monde ? » elle remua son café du bout de la cuillère argentée, contempla le tourbillon qui dansait au milieu de sa tasse, repensa à la véhémence des sentiments, à l'incongruité de la situation. « J'ai fait des promesses, Holden. » il savait ce à quoi elle faisait allusion, à son retour à l'université après deux ans de soubresauts furieux sur le bitume. « Et je compte m'y tenir. »
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptyLun 27 Oct - 0:10

You are a queen I am your kingdom, no matter what I could,
Be all the prints to all your questions, we know it can be cruel,
But I refuse to lose it all to those who think we should not be true and I won't give up.

Qui est cette fille, qui ressemble trait pour trait à la Lola qu'il a connue, et qu'il a aimée ? Qui est-elle, celle-ci, qui le dénigre, lui faisant si peu subtilement remarquer que contrairement à lui, elle a changé. Il retrouve sa Lola dans chacun de ses gestes, chacun de ses sourires, mais son regard, lui, n'est plus le même. Il n'y a plus ce feu ardent, cette passion qui savait l'embraser, les embraser tous deux, alors qu'ils passaient des heures dans une voiture de fortune à partir conquérir de rire et d'amour ces terres arides ? Et qu'était-il arrivé aux levers de soleil, enlacés l'un contre l'autre dans une couverture de fortune pour se tenir chaud, alors que les premiers rayons venaient frapper les monuments rougeâtres que la nature seulement avait créés ? Lola n'existait plus. Plus comme dans son souvenir, du moins. Elle était une ombre, un fantôme, qu'il avait préservé dans son esprit amoureux, qu'il avait sans doute trop imaginé, trop espéré pour que la réalité soit à la hauteur. La réalité était terriblement décevante, douleur sans doute commune à tous ceux qui avaient aimé passionnément. La réalité... était comme le ciel de San Francisco. Morne. Gris. Triste à pleurer. Et le ciel pleurait les larmes de douleur d'Holden, celles-là même qu'il conservait prisonnières de son esprit, parce qu'un homme ne pleurait pas. Le ciel lui rendait justice, mais Lola restait sourde à ses appels muets et désespérés. Elle se moquait bien qu'il fût là, face à elle ou non. Elle l'avait gommé de son esprit à l'instant-même où leur chemin s'était séparé, où leur cycle d'apprentissage trouvait un terme dicté seulement par la réalité de leurs vies, qu'ils avaient tues deux années durant. Le devoir avait repris ses droits, et des deux amants terribles il ne resta alors plus rien que des souvenirs, si douloureusement beaux qu'ils en devenaient amers. Quelle réalité pouvait un jour supplanter dans l'esprit d'Holden ces moments passés à aimer cette fille, cette femme, ces voyages, ces découvertes, l'amour, la haine, la jalousie, la passion, fiévreuse et cruelle ? Holden s'était senti vivant, plus vivant qu'il l'avait jamais été, bien plus qu'il ne l'est maintenant, attablé face à elle, cherchant dans son regard bleu délavé les souvenirs de ce qu'ils avaient été. Il encaisse, silencieusement, détourne ses yeux des siens pour les poser sur la pluie qui continue de tomber abruptement contre le goudron. Il pleut sur la ville comme il pleure dans mon cœur, songe-t-il. « Je vois pas en quoi. » Ses mots sont aussi durs et tranchants que ceux de Lola. Comme il est déçu, cet homme qui pensait que le plus difficile serait de la retrouver, quand en vérité, le plus difficile est encore de l'aimer. « Ce n'est pas parce qu'on n'est plus sur la route qu'on doit oublier ce qu'on aime. » Ou bien ceux qu'on aime, une interprétation qu'il laisse libre à Lola de comprendre. Alors quoi, parce qu'il se retrouve maintenant étudiant, parce qu'il a fait ses adieux à son passé, il devrait en plus se priver de ses auteurs préférés ? C'est bien là la seule chose qui le fasse encore vivre, et il sourit, comme il sourit, chaque fois que ses yeux s'égare sur des pages qu'il ressent, et revit chaque jour. L'échappée de Kerouac, sur la route de l'Ouest vers l'Est, du Centre vers le Sud, de l'Ouest vers l'Est, lui aussi l'a connue. Et qu'elle a été belle cette échappée... Lola avait la magie de rendre ce qu'ils vivaient plus intense, et toujours plus passionné. Mais celle qui lui fait face n'a plus rien en commun avec celle-là. Elle est devenue ce que sa famille attendait sans doute toujours qu'elle devienne. Elle est devenue ce que lui devrait être, cet homme rangé, accueillant son avenir sereinement, les bras grands ouverts, embrassant le futur soigneusement, méticuleusement tracé, depuis bien avant sa naissance. Cette vie qu'il n'a pas choisie, sur laquelle il n'a pas de pouvoir. Est-ce donc cela, que Lola veut ? Cette vie morne et sinistre, où tout ce qu'elle fait a été prémédité sans même qu'elle ne s'en rende compte, où chaque personne, chaque journée, chaque mot prononcé fait partie d'un cadre défini préalablement à son existence même ? Holden, lui, ne veut pas de ce monde, le rejette furieusement autant qu'il tente de l'apprivoiser. Alors que lui reste-t-il, si ce ne sont ses livres qui continuent de le faire rêver ? Si ce ne sont ses carnets de voyage, barbouillés de terre, vestiges de leurs larmes et de leurs rires, de leurs amours enfiévrés ? « Mais moi je préfère la pluie. C'est plus lancinant. C'est plus intense. » Qu'elle ne s'imagine pas une seule seconde qu'il ne sait pas où elle veut en venir. Lui, c'est ainsi qu'il l'aime, Lola. Lancinante et intense. Pas cet automate qui lui fait face, petit pantin de chair qui se laisse docilement mouvoir par son entourage, sans jamais protester. C'est triste, triste à pleurer, triste à mourir, de la voir ainsi. L'image qu'il conservait d'elle, précieusement dans un coin de son esprit, se fissure, et se brise finalement. Columbia aurait du être sa destination finale, et voilà qu'il traversait les Etats-Unis pour la retrouver... pour rien. Cette fille-là, il n'en veut pas. Il ne l'aime pas. Elle lui ressemble, oui, mais elle n'est pas Lola. Holden soupire face à son commentaire désobligeant. La jalousie dont il a toujours fait preuve avec elle revient à la charge, et il sent ses poings se serrer sous la table. Et elle, en a-t-elle trouvé, des hommes comme lui, ici ? Les a-t-elle embrassés, les a-t-elle peut-être même aimés ? Son visage se crispe. « J'ai eu beau y mettre toute ma conviction, elles restaient désespérément fades » confie-t-il sur le ton de l'aveu. Holden se fait cynique et mauvais. Il est désemparé, à court de mot pour exprimer ce qu'il ressent. Il saurait sans doute l'écrire, oui, mais le dire... ? Il lui semble que les mots refusent de se former dans son esprit. « Toutes semblables. C'est devenu lassant. » Mensonge éhonté qui ne le fait pas même ciller. Il n'y en a pas eu d'autres. Oh, bien sûr, certaines s'étaient aventurées jusqu'à lui, avaient tenté de le faire les aimer, mais en vain. Holden leur offrait parfois une nuit, mais n'y croyait pas lui-même. Elles lui rappelaient Lola, mais une version plus terne, une version plus triste, une version qui ne correspondait pas et qu'il détestait. Lola vire dans l'odieux à présent, visiblement indifférente à la souffrance de celui qui l'aime encore, et se hait de le faire. Quel type ne parvient pas à oublier une femme ? Une femme, une seule femme. Il est pourtant bel homme, Holden. Il les attire sans même avoir besoin de le faire, et il pourrait trouver dans l'une d'elles précisément ce qu'il cherche. Mais Lola est arrivée avant, et ce goût-là ne s'oublie pas si facilement. Pas plus que les deux années construites ensemble, où il lui avait tout donné, son cœur, son âme, tout. Lola l'empêche d'avancer, consciemment ou non, elle s'impose à son esprit chaque fois qu'il voudrait enfin tourner la page de leurs péripéties. Holden ne sait pas quoi lui répondre, à cette fille qui croit sans doute qu'il a profité de son absence pour se taper tout ce qui bouge. Le connait-elle si mal ? « Ouais, je vais sans doute faire ça ouais. C'est le programme. » Il secoue la tête, effaré de sa réaction. « C'est vrai, je veux dire, je viens de traverser les Etats-Unis et m'inscrire à Berkeley pour une seule personne, une seule femme même, mais après tout, les Californiennes, c'est peut-être pas si mal. » Et là, Lola, tu l'entends, le cœur d'Holden qui bat encore pour toi ? Si elle l'entend, elle reste désespérément sourde à son appel. Des promesses, qu'elle dit avec ferveur. Des promesses. Comme elle lui a promis de rester sienne, quoi qu'il arrive ? Lola, elle a le chic pour les briser, ces promesses, alors pourquoi ne pas le faire avec celles-là ? « Moi aussi j'ai fait des promesses, Lola. Et moi aussi je compte bien m'y tenir. Mais je vois pas ce que ça empêche. » S'aimer ne les oblige pas à renoncer à ce futur méticuleusement dessiné par leurs familles. Au contraire, ne serait-ce pas le plus joli pied de nez que de s'aimer malgré ça ? Ne sont-ils pas les âmes-soeurs véritables, aux parcours similaires ? Qui mieux qu'Holden pour comprendre ce qu'elle ressent, qui mieux que Lola pour comprendre ce dont il a envie ? « Je suis venu pour toi, Lola. Le moins que tu puisses faire c'est au moins de me regarder dans les yeux quand je te parle. »
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptyVen 7 Nov - 20:00

As we were dancing in the blue
I was synchronized with you
But now the sound of love is out of tune

Il y avait le regard sombre d'Holden face à elle, qui l'exhortait aux réponses, et elle restait pantoise, le visage chiffonné d'une triste perplexité. Incapable de répondre à cette apparition soudaine, qu'elle guettait si souvent pourtant, elle se sentait corsetée d'impuissance et étouffait dans son rôle de raisonnable inconnue. Drapée de fierté, elle se débattait avec des envies mauroses qui l'échouait, inévitablement, sur les rivages du continent Holden. Tout l'appelait chez lui, les souvenirs qu'il trimballait en volutes de fumée autour de son corps, son visage qu'elle avait vu sourire mille fois, mais les chaînes de la volonté parentale l'assignaient à son siège. Elle revoyait les sourcils froncés, les lèvres pincées, cet air sévère qui l'intimait au travail, au conformisme. Elle savait exactement ce qu'on attendait d'elle, comment y parvenir, les obstacles à soigneusement éviter pour percer jusqu'au but. Et c'était dans ce savoir que résidait toute la complexité du problème. Choisir entre la passion et la simplicité. Drôle de dilemme, si fréquent pourtant. Son chemin était tracé vers une carrière soignée, un mari aimant et un ou deux enfants cachés derrière ses jupons de mère rangée. Et il y avait l'autre embouchures, le virage barré de ronces, derrière lequel elle croyait entrevoir les plus belles éclaircies que ne lui aurait jamais offert sa première direction. Lola savait qu'avec Holden, il y aurait des orages, la foudre, le tonnerre, un ciel hurlant mille émotions à la fois, et au fond l'attraint du grandiose bien que violent l'happait totalement. Elle préférait les orages, les crépuscules, les averses, les tornades à un ciel désespérement bleu. Elle le savait, et pourtant elle retenait le volant de sa vie de faire cette déraisonnable embardée vers des terres terriblement plus excitantes. Elle se refusait cette directive et pourtant, Holden ne se vaporisait pas, il restait égal à lui-même, confortablement assis en face d'elle, avec son éternel aplomb de fils de la route. Lola se mordilla la lèvre inférieure, elle avait envie de mordre jusqu'au sang. Déferlente de sentiments, désordre de sensations. Implosion. Lola aurait voulut juste porter ses doigts jusqu'à la peau dorée de ce tempêtueux locuteur, palper ce qu'elle croyait immatériel. Lola voulait la tranquilité. Et elle voulait qu'il reste. Le crâne enflé de désirs paradoxals, elle nageait dans des courants inverses, déchirée entre envies et fardeaux. Est-ce qu'elle devait conduire sa barque tout droit jusqu'à une prétendue destination, ou risquer de couler pour mieux savourer les vagues ? Grands yeux immuablement rivés vers cette tasse de café blanche, immobile, seule silhouette amie dans cette mélasse de corps entremêlés. Il y avait, à deux pas de la sienne, celle d'Holden bien sûr. Et pourtant. Pourtant elle ne voulait pas le regarder dans les yeux, elle avait peur de la dépendance, de l'addiction, des amours enfouies qui se soulevaient face à son intensité. Craquelée, accrochée à ses seules certitudes - celle qu'elle l'aimait encore et celle qu'elle ne devait pas l'aimer - Lola tentait à refuser un imminent naufrage. Cruauté de la vie qui lui tendait son poignard. Lola aurait voulut mourir foudroyée plutôt que d'affronter une minute de plus la déception d'Holden. Elle lançait ses pamphlets acerbes mais contrairement à ce qu'il pensait, ils restaient empêtrés dans les liens qui les unissaient. Elle sentait son coeur, le sien, le voyait battre et elle savait qu'Holden aurait préféré passer ses mains autour de la gorge de cette prétendue Lola que de la supporter un instant de plus. Et elle aurait préféré mille fois cette violence assouvie à tous ces transports convulsifs de brutalité, de désespoir sous-jacents, muets. « L'oubli ça a du bon parfois. » les gouttes s'égrenaient avec plus de débit encore, le ciel leur vomissait une grise averse, des larmes d'amour gâché qui léchaient le sol de San Francisco. Lola se demanda ce qu'ils auraient fait s'il n'y avait pas eu cette barrière, s'ils avaient été sur la route. Sur leur route. Elle serait sortie, elle se serait assise en tailleur au milieu des cordes de pluie, aurait tendu son visage au ciel. Oui, voilà, elle se serait laissée aller à ses mélodies intérieures, se serait foutue de la meute d'étudiants éberlués qui serait venue la contempler, à moitié dévêtue sur la pluie battante. Elle se serait mise à chanter quelque chose, une vieille rengaine qu'elle avait dans un coin de la tête, les lèvres mouillées. Elle aurait peut-être chanté du Patti Smith, toute seule sous l'eau des cieux, se serait laissée aller à une complaisante solitude teintée de musique. Elle aurait cru être seule vouée aux gouttes, et elle aurait senti le grand corps d'Holden s'asseoir à côté d'elle. Il aurait esquissé le début d'une question, elle lui aurait dit de se taire. Elle aurait continuer de chanter sous la pluie et il l'aurait écouté. Ils seraient restés là, à se nourrir de rien, à vivre de tout. Lola en aurait pleuré, de ces envies refoulées parce que l'étiquette ne cautionnait pas les parties de sérénité sous une pluie drue. « Je préfère le soleil. Plus doux, plus tranquille. » Elle préférait la pluie. Tout son corps protestait, mais elle mit ses réticences aux sages décisions sous cadenas. Ses cheveux blonds perdaient un peu plus de leur or chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, ses yeux perdaient un peu plus de leur bleu chaque fois qu'elle acceptait son destin. Holden parla des filles, fades, sans goût. Lola songea aux quelques corps chez lesquels elle avait fini, toutes ces tentatives vaines qui s'était soldées par une fuite sur la pointe des pieds, dans un petit matin prometteur qui lui riait au nez. Elle était partie à cause de ces minutes de flottement quand elle sortait encore tiède des bras du sommeil. Ces minutes d'espoir où elle s'apprêtait à poser une petite main sur le dos qui lui faisait face. Ces minutes qui précédaient à sa renonciation quand ses yeux ne trouvaient pas le grain de beauté qui aurait normalement du se trouver sur l'épaule de ce corps voisin. Ce grain de beauté qu'Holden avait. Elle cherchait cette tâche, les yeux hagards, s'égarait dans des minutes d'incompréhension. Et puis la déflagration lui déchirait le palpitant et elle réalisait. Alors elle déambulait à six heures dans une ville rosée d'aube, les chaussures à la main, s'autorisait le contact de ses pieds nus avec le sol, pour une fois que les apparences ne lui revenaient pas en tête. Lola grimaçait presque en imaginant des midinettes blondes se succédant dans le lit de cet homme. De son homme. « Navrée de t'avoir rendu si exigeant. » elle ne l'était pas. Elle se félicitait presque d'entendre qu'il n'avait pas réussi à trouver meilleure qu'elle. Elle s'était ancrée dans son coeur et vacillait entre satisfaction et indifférence. Elle était sienne, il était sien. Ils étaient ainsi faits, attachés l'un à l'autre, censés valser pour l'éternité. Ils se battaient pour d'infinies minutes. Goût métallique dans la bouche. Elle avait mordu un peu trop fort. « Faudra t'en contenter. » elle murmurait presque, fixant obstinément l'horizon. Le ton d'Holden haussait, il la secouait, elle se sentait agitée par les vents contraires. Il était venu à Berkeley pour elle, elle le savait, mais lui laissait pour seule récompense les californiennes. Elle avala difficilement sa salive, chercha un nouveau rythme à sa respiration, chercha à créer une mélodie à l'intérieur de cet esprit échauffé, de s'apaiser par une quelconque présence intérieurement suffisante à endiguer cette marée de confusion. La jolie Lola, élégante Lady Windermere au contrôle de ses émotions et du débit de son sang irréprochable, future héroïne du génie d'Oscar Wilde d'ici quelques semaines, capable de feindre la panoplie entière des sentiments en un quart de seconde, n'arrivait plus à se couper de cet horripilant chagrin marqué sur ses traits poupins. Gamine ternie de tristesse, elle masquait maladroitement son désarroi dans la contemplation appliquée des bâtiments du campus qui lui faisaient face, géants de briques immuables, bienveillantes présences dont elle ne savait tirer aucun conseil. Douleur, malheur, parfum d'échec logé dans le creux dans son esprit. Elle posait ses mains bien à plat sur la table, essayait d'oublier ses envies de clopes, d'alcool, de musique trop forte, son envie des lèvres d'Holden. « Vraiment pas ? » il ne voyait pas en quoi leurs obligations les empêchaient d'être ensemble ? Holden était dans la même situation d'elle, balancé entre responsabilités et désirs fous, et il réveillait le pire - ou le meilleur, selon les différents juges - chez elle, la poussait à dépasser toutes ses envies, à élever ses rêves au rang de projets, l'emmenait plus loin qu'elle n'était jamais allée. Quelque part, elle avait peur. Peur de ce potentiel bonheur à portée de main, qui lui semblait cruellement éphémère. Peur d'eux, de la violence de leur sentiments, de leur instabilité. Si elle voulait respecter ses engagements, ce n'était pas Holden qu'il lui fallait aimer. Cruellement pas. Il lui suggéra de le regarder dans les yeux, amer et déçu de celle qu'il retrouvait là. Lola lâcha un petit rire, se retourna vers lui, planta son regard dans le sien, réprimant sa douleur, se meurtrie dans ses yeux en lui souriant effrontément. « Tu t'attendais à quoi comme accueil, Holden ? Un nouveau départ en fanfare, que je me jette dans tes bras ? » sarcastique, cynique, môme toute retournée de cette âme amie-ennemie face à elle. « Je te l'avais dit putain, je t'avais prévenu. Deux ans. J'avais deux ans. Après ça, c'était adieu la route, adieu tout ça. » ses yeux pétillaient de furieuses étincelles de tristesse. Lola haussait le ton, fille ouragan, corps-colère jeté à ses démons. « Mes deux années sont écoulées, tu le savais en venant ici. Alors me demande pas de te remercier d'être venu, tu sais très bien ce que j'en pense. » Elle se leva.
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptySam 15 Nov - 12:10

" Because you aren’t just someone I loved back then.
You were my best friend, my best self, and I can’t imagine giving
that up again. You might not understand, but I gave you the best
of me, and after you left, nothing was ever the same. "

Quelque part dans sa quête de Lola, Holden s'est perdu. Il s'est égaré dans ses sentiments, a refusé d'avancer, de penser à autre chose, d'imaginer une seule seconde que le départ de Lola ait pu marquer la fin d'une aventure, puis la fin d'une époque. Il refuse encore fermement d'y croire. Celle qui se trouve devant lui n'est pas celle qui lui a appartenu, voilà deux ans. Elle n'est pas celle qu'il a aimée, si fort que son cœur aurait pu en imploser, pas celle qu'il a tenu contre lui tout ce temps, priant pour que leur amour ne connaisse jamais de fin, pas celle, encore, qui le regarde de ses yeux délavés et tristes, pas celle qui lui fait croire qu'il n'y a plus rien. Holden sait que cette image n'est rien qu'un mensonge, un mensonge que lui aussi tente de faire avaler aux autres. Ils prétendent être ce qu'ils n'ont jamais été, deux êtres calmes et raisonnés, que rien ne saurait faire dévier de leur chemin. Mais Holden chavire, encore et toujours, il perd complètement pied dans l'océan de sentiments si éloignés de ceux qu'il devrait ressentir. Son père le lui avait pourtant dit. Deux ans mon garçon, deux ans pour faire ton expérience de la vie. Deux ans, et après ça, tu reviendras à New York et tu prendras enfin tes responsabilités. Mais s'il a cru vivre avant ce voyage, il a compris que c'était faux. Holden ne vivait pas, avant la route. Holden bougeait, respirait, parlait, mangeait, dormait, mais il ne vivait pas. Ce voyage initiatique lui a ouvert des yeux qu'il gardait fermement clos avant, lui a montré l'étendue des possibilités, aussi infinies qu'exaltantes. Il lui a montré ce qu'il était vraiment, et combien il n'était pas fait pour cette vie rangée à laquelle tout le monde aspirait pour lui. Lola vient du même moule, il le sait, et elle le sait aussi, quand bien même s'en défend-elle. Ils sont de ceux qui ne connaissent pas les limites, qui ne connaissent que la recherche de l'émotion, la passion, les cris, les larmes. Ils sont de ceux que rien n'arrête, qui suivent leurs envies en se moquant bien de ne pas correspondre à ce qu'on voudrait qu'ils soient. Ils sont les orages, les tempêtes, les ouragans de force cinq. L'accalmie les déforme, les dénature. « Arrête, Lola. Tu ne sais pas mentir » tranche-t-il avec agacement. Elle n'est pas crédible, pas une seule seconde. Chaque mouvement de son corps appelle Holden, l'appelle désespérément, il le voit, il le sent, il le sait parce qu'il est pareil. Son corps a désiré Lola pendant tout ce temps, ne s'est jamais contenté de moins quand bien même il le voulait. Les autres n'étaient pas assez, et il a gardé sur ses lèvres le goût de ses courbes, le parfum de sa nuque, la chaleur de son corps contre le sien. Elle ment, il le jurerait. Leur histoire ne s'oublie pas. Elle se regrette. « Tu mens encore ! » Qui est-elle, cette Lola qui pense pouvoir lui mentir en le regardant droit dans les yeux ? Se croit-elle assez bonne comédienne pour le tromper lui, qui la connait par cœur ? Il est sans doute le seul à saisir les signes qu'elle laisse involontairement trainer devant lui. Sa main, qui tremble, ses yeux, qui disent trop et trop peu à la fois. Ses lèvres, qui tentent de s'étirer dans un rictus maladroit, quand Lola riait à pleines dents ; Holden ne croit pas à cette mascarade. « Tu n'as jamais aimé la tranquillité, ne viens pas me faire croire que tu as changé à ce point. » Son ton se veut froid et colérique, distant tout à la fois, mais son cœur s'emballe. Il voudrait la prendre par la main et la secouer violemment pour lui faire recouvrer ses esprits. Il voudrait l'embarquer avec lui dans une vieille bagnole pour repartir sillonner les routes américaines, comme ils le faisaient avant. Repartir dans l'odyssée d'une vie, imprévisible et passionnante, goûter à nouveau aux rayons du soleil de l'Utah sur leur peau tandis qu'ils émergent d'un sommeil troublé, serrés l'un contre l'autre à côté de cette voiture, l'embrasser fiévreusement, inconscient du reste, priant pour que ce moment ne s'arrête jamais. Holden doit grandir, c'est là la tristesse de sa vie. Mais quand Lola embrasse son destin, lui le refuse et le rejette. Il n'est pas cet homme-là. Et s'il venait à le devenir un jour, il ne renierait jamais ce qu'il a été, ni combien l'exaltation et la curiosité guidaient ses moindres gestes, ses moindres pensées. « Navré que tu ne le sois pas devenue. » Exigeante. Navré qu'il ne l'ait pas rendue capable de ne jamais se compromettre. Ils font partie de ces gens qui n'auront jamais à s'inquiéter des lendemains qui déchantent, des gens qui se contentent de rien et jouent aux riches. Des gens qui pensent que l'argent n'achète pas le bonheur, mais qui acceptent quand même de le garder, par prudence. Lola s'est égarée. Mais Holden garde espoir qu'il ne soit pas encore trop tard, et qu'il puisse la récupérer. « Alors ça t'es égal, Lola ? De savoir d'autres femmes dans mes bras ? » Il la fixe, cherche sa réponse non pas dans ses mots, qui ne veulent plus rien dire, mais dans ses gestes. Son cœur qui tressaute, ses joues qui rougissent de colère, ses sourcils qui se froncent. Elle ne peut pas lui mentir, pas à lui. « Vraiment pas » confirme-t-il enfin. Comment peut-elle imaginer une seule seconde trouver quelqu'un de calme, de plat, de fade ? Ne sait-elle pas qu'elle s'ennuiera, parce qu'elle ne leur ressemble pas, même quand elle essaie d'être comme eux ? Lola a découvert la vraie vie au même moment que lui, le reste n'est qu'une vulgaire comédie, pathétique de superficialité, creuse et vaine. Il n'y a que lui, pour ressentir la même chose, pour accepter de lui prendre la main et la regarder, confiant, prêt à jouer à son tour le rôle qui a été écrit pour lui. Ils pourraient l'affronter ensemble, cette vie qui ne leur va pas. Mais Lola se renferme sur elle, affiche des convictions qui ne sont pas les siennes. Il lui semble entendre son père dans les propos qu'elle balance négligemment. Il la laisse parler, la laisse s'énerver, puisque c'est là la seule tempête à laquelle il aura le droit. « Oui je sais ce que t'en penses, Lola. Tu mens comme un arracheur de dents, c'est même pas moi que t'essayes de convaincre, c'est toi. Tu vois à quel point tu te perds ? T'es obligée de jouer ta propre comédie à toi-même pour te faire croire que c'est ce que tu veux ! » Il se lève à son tour, la rattrape par le bras. « Tu crois que je suis venu pour t'embarquer à nouveau sur la route ? » Il rit, secoue la tête. « Je suis là pour toi, pour être avec toi, même si c'est pas au milieu de nulle part devant un coucher de soleil. Je suis là pour cette fille, cette femme, dont je suis tombé amoureux il y a trois ans et qui est encore là, quelque part, en toi. » Il s'approche d'elle. « J'ai traversé les Etats-Unis pour toi, et tu essaies de me repousser en me faisant croire que tu t'en fous, que ça t'es complètement égal. Et pourtant t'as le corps qui s'est mis à trembler dès que j'ai parlé d'autres femmes. C'est pas des conneries, ça, hein Lola ? Tu m'as dans la peau, deux ans ou pas deux ans. Ce qu'on a vécu, c'est pas quelque chose qu'on oublie comme ça et tu le sais aussi bien que moi. » Il relâche son bras, qu'il a sans doute serré un peu trop fort. Il l'observe, guette la moindre réaction. Lola se ment à elle-même plus qu'elle ne lui ment à lui, et ils en sont tous les deux conscients. La seule différence, c'est qu'elle continue de s'accrocher à cette fausse réalité, tandis qu'Holden se contente de l'ignorer.   
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptyMer 26 Nov - 15:48

In my memory, it doesn't end.
We just stay there, looking at each other
forever

Il y avait une certaine constance dans l'inconstance de leur tranquillité. Lola essayait d'aborder la vie sous un abord plus doux que celui de la soif de liberté et se heurtait à des rocs en retrouvant le visage d'Holden. Elle se noyait dans de vieux sentiments, étouffés mais toujours vifs, piquant comme au premier jour. La pluie s'abattait sur la ville et ils étaient prostrés dans cet étrange face à face de deux personnes qui s'étaient connues, puis perdues. Mais le revoir, c'était sentir une nouvelle fois sa peau contre la sienne, se remémorer, s'autoriser aux réminiscences l'espace d'une seconde. Se souvenir de quand ils étaient deux, que nous signifiait encore quelque chose de consistant. Leur amour était passé par toutes les couleurs. Elle n'avait jamais su l'aimer avec constance, elle l'avait détesté, souvent. Elle l'avait haït, parfois. Elle avait voulu l'oublier, aussi. Lola n'avait jamais aimé Holden sur toute la ligne, leur histoire s'était ponctuée de monstrueuses vagues, de tempêtes, mais Lola avait toujours été totalement, inconditionnellement et irrémédiablement amoureuse de lui. Tu ne peux pas aimer quelqu'un tous les jours, mais tu peux aimer quelqu'un toujours, avait dit quelqu'un. Et Lola souriait en pensant que cette phrase s'appliquait à sa propre instabilité, à la violence de leurs déboirs amoureuses. A travers lui, elle voyait toutes les nuances ; toutes les couleurs chaudes du bonheur, quand elle laissait ses mains caresser le vent par la fenêtre quand il roulait, les couchers de soleil admirés les doigts enroulés contre les siens, toutes ces aubes vécues la joue contre la peau de son torse, toutes ces fois où ils redevenaient les gamins qu'ils avaient été, qu'ils se couraient après, escaladaient les ruines d'une terre abandonnée, ou sautaient au dessus des vagues quand le monde leur offrait la mer... Mais il ramenait à elle, simultanément, les couleurs noires de leur jalousie, quand ils étaient ensemble sans l'être, sans s'avouer vouloir s'appartenir mutuellement, tous ces soirs passés à jouer à qui séduirait le plus vite un sombre inconnu, avec pour seul plaisir la jalousie de l'autre, toutes ces disputes, où ils gueulaient jusqu'à ne plus savoir d'où était parties les premières hostilités... Holden était tout ça à la fois, Holden était une entité rutilante, flamboyante, composée de milliers de reflets, de milliers de facettes, d'éclats. C'était ce qu'elle aimait chez ce fils de la route. Holden était surprenant, c'était le seul homme qui ait jamais su lui faire fermer sa gueule. Holden avait des idéaux, voulait des choses, visaient les montagnes, se dégageaient de tous les obstacles. Lola lui vouait, secrètement, la plus dévorante des admiration. « Qu'est-ce que tu sais encore de moi, Holden ? » qu'elle lui demanda, môme assombrie dans ses moues boudeuses, les yeux toujours en vadrouille ailleurs que dans ceux de son interlocuteur. Il l'accusait de mentir, et elle crachait son venin sans réfléchir, lui lançait ses poisons dès qu'elle le sentait trop proche de ses propres vérités. La gorge serrée, elle laissait ses mots siffler dans un air rarifié. Sa bouche cherchait l'oxygène, ses poumons s'affolaient, elle voulait replonger dans ses études, ne plus lever le nez sur ce monde qu'elle aurait pu croquer si elle n'avait pas voulu faire plaisir, plaire à ses parents, avoir la paix et vivre tranquillement, même si c'était à travers un costume qui ne lui plairait jamais vraiment. « Je préfère le soleil, point à la ligne. » persiflait-elle, poupée figée contre ce canapé usé. C'était tout ce qu'elle avait à répondre à ce fantôme d'une autre époque. Elle se fondit une nouvelle fois en contemplation pensive d'un paysage détrempé, laissa ses yeux ramper le long des troittoirs luisant, le cœur en bandoulière. Lola n'avait plus qu'à se laisser fondre sous le soleil Holden. Elle se voulait froide mais à travers ses fêlures, il apercevait ses éclairs d'espoir, d'envie. « Oh mais je le suis, merci de t'en inquiéter. Je m'applique à faire les bons choix, c'est ça, être adulte. » crachait-elle quand il semblait lui reprocher son manque d'exigence. Certes, s'ils avaient été sur la route, elle aurait été répugnée de toute cette froide sagesse, de cette réserve amère. Ecoeurée des conventions qui la menottaient maintenant, de toutes ces responsabilités qu'elle avait accepté, volontaire, dans lesquelles elle était désormais empêtrée, juste pour pouvoir sourire poliment à ses parents en acceptant un putain d'avenir blanc, lisse. Quand ils étaient ensemble, ils voulaient un chef d'oeuvre sinon rien. Ils voulaient des ouragans, des cris, des danses endiablées, de la magie dans l'instant, sous-jacente même sous la violence. Quand ils s'engueulaient pendant des heures, et finissaient par s'embrasser, qu'Holden lui ordonnait de le suivre, l'emmenait dans les rues d'une ville inconnue, jusque dans l'antre couleur encre d'un tatoueur, qu'il traçait dans leur deux peaux le même signe au même endroit, scellait le pacte muet des amants de la route, ça c'était la magie. C'était ce qu'ils mourraient d'envie de revivre et ce qu'elle leur refusait. Elle avait l'impression que son tatouage la brûlait, que son dos était mordu d'une brûlure profonde, ancrée dans sa chair. Il lui répondait qu'il ne voyait pas ce que ça empêchait, confirmait devant ses sarcasmes, elle se tortillait sur son siège, sentait le monde entier se refermer sur elle, les yeux d'Holden avec. « Pitié, épargne-moi tes grands discours. ''Être ensemble'', ça sonne bien mais ça rime à rien. Franchement, nous deux, un joli petit couple ? Nous abaisse pas à ça, Holden. Tout ce qu'on sait faire c'est gueuler, se réconcilier pour se déchirer de plus belle. Tu le sais aussi bien que moi. Et ''cette fille'', comme tu dis, n'est décidément plus décidée à te faire entrer dans sa vie. Je veux du soleil, garde ta pluie. » il y avait toujours sa main contre son bras, il parla de lui, qui s'était ancré dans sa peau comme aucun autre. Il touchait le vif, la plaie ouverte, béante, qui essayait de cicatriser en continuant de saigner. Il la connaissait par cœur, et elle le détestait pour ça, pour cet effet qu'il avait sur elle, pour ses propres sentiments qu'il lui envoyait à la figure. Elle se crispa, approcha sa main de la mâchoire d'Holden. Elle plaqua ses lèvres contre les siennes, l'espace de quelques minuscules secondes. Baiser bref, violent, arraché. Elle se recula. « Maintenant fous-moi la paix. »
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptySam 6 Déc - 13:18

" Who cares where we go, we're ready for the afterglow. "

La question qu'elle lui pose avec cynisme est une de ces questions sans fin, sur lesquelles on se surprendrait à disserter, encore et encore, un sourire nostalgique aux lèvres. Ce qu'il sait encore d'elle ? Ne voit-elle pas, Lola, qu'il sait tout ? Depuis sa façon de plisser les yeux quand elle se réveille sous les rayons du soleil jusqu'à la furie de vivre qui l'habite, depuis son corps tendu contre le sien jusqu'à ses crises de colère démentielles à en réveiller les morts. Ce que Lola ne sait pas, c'est qu'il l'a apprise par cœur, probablement mieux qu'elle ne se connait elle-même. Elle a passé deux ans à lui révéler, au compte-gouttes, des bribes d'elle qu'elle aurait espéré soigneusement enfermées et inaccessibles. Il a cerné, des heures durant, chaque facette d'elle, les plus tendres comme les plus terribles. Elle reste peut-être un secret pour tout le monde, mais pas pour lui. Jamais pour lui. Encore maintenant, il se surprend à scruter ses grands yeux délavés pour y trouver les mêmes réponses qu'à l'époque, quand il n'y avait qu'eux deux, au milieu de nulle part. Ce besoin irrépressible de découvrir, de connaître, cette soif intarissable de l'aventure, la même que la sienne, cette nécessité de parcourir le monde pour s'apprendre elle-même. Holden le sait, lui, parce qu'il a toujours été nourri de ce même appétit pour le monde et les trésors qu'il recèle en lui. En deux ans de route, ils n'ont jamais cherché à aller plus loin que les Etats-Unis. Ancrés dans un solide présent, leur seule certitude était qu'ils changeraient de ville dès le lendemain, en pointant leur doigt au hasard sur une carte. Nouvelle-Orléans et ses airs de jazz dans le Quartier Français. L'Utah et son arche délicate, rougeâtre, offrant un panorama que l'on ne saurait imaginer, pas même en rêve. Le Colorado et son Grand Canyon, cette compréhension soudaine de la vie, cette minimisation de soi face à l'immensité de ce que l'on voit. Nous sommes des êtres pauvres, égocentriques, mais cette vue, cette vue-là, lorsque le soleil point à l'horizon et berce de rayons orangés des milliers de kilomètres d'un désert rouge, donne envie de pleurer notre ridicule et notre inconsistance. Holden et Lola disparaîtront un jour, mais ces décors, eux, ne changeront pas. Cette révélation soudaine de l'insignifiance a guidé leur parcours, de jour en jour, de kilomètre en kilomètre. Ils se sont découverts au rythme de leurs découvertes, d'une façon qu'aucun d'eux n'aurait pu prévoir. Ils se sont apprivoisés sans le vouloir, parfois sans le savoir, se sont nourris l'un de l'autre jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une seule âme, séparée en deux corps. Et cette Lola voudrait lui faire croire qu'il ne sait rien d'elle, parce qu'ils ont passé deux années loin de l'autre ? « Bien plus que ce que tu voudrais que je sache » répondit-il, las. Il n'a plus envie de chercher à la convaincre, il sent le même besoin au fond de ses prunelles qui se dérobent à sa vue. Pourquoi ne peut-elle pas soutenir son regard, si elle est si certaine qu'Holden n'y trouvera rien ? « Le soleil, vraiment ? Lequel exactement ? Celui dont les rayons te réveillent ? Celui dont la chaleur t'étouffe en plein désert ? Ou celui, triste et voilé, de San Francisco ? » Il esquisse un sourire, sait qu'il vient de marquer un point, qu'elle niera probablement car Lola tente encore de se convaincre qu'il ne comprend rien. Elle se trompe. Il comprend mieux que personne, lui aussi a cru qu'il pourrait devenir cet homme puissant, cynique, froid, détaché, capable de diriger d'une main de fer un empire dont on lui laisse la charge. Mais il sait, à présent, que cet homme ne sera jamais lui. Que l'appel du vide, de la route, de l'infini, auront raison de lui un jour ou l'autre. Il suffit de l'accepter, et d'embrasser cette part de désir inconnu prenant naissance dans les tripes. Holden ne conciliera jamais cet autre lui avec ce qu'il est profondément, pas plus que Lola n'y parviendra. Mais lui sait que ce n'est pas possible, quand elle, croit encore qu'elle peut y arriver. C'est naïf, peut-être un peu stupide aussi. « Les bons choix que ta famille t'impose ? Allons Lola, ce n'est pas ça, le choix, tu le sais aussi bien que moi. Si tu n'es pas libre de ta volonté, ça n'a rien d'un choix, c'est une obligation. Ce n'est pas ça, être adulte. » Son intonation se fait légèrement moqueuse, un peu condescendante, aussi. Elle se sait mise à nu, devant celui auquel elle ne peut pas mentir, acculée contre un mur, poussée dans ses retranchements, prête à balancer n'importe quelle ineptie plutôt que de concéder ce qu'ils savent tous les deux : ils n'ont pas changé. Alors Holden finit par jouer le même jeu qu'elle, celui de l'indifférence mal maîtrisée ; il est venu pour la retrouver, et lui rappeler ce qu'elle est, ce qu'ils sont, même contre le gré de leur famille. Des aventuriers, pas des bureaucrates engoncés dans leurs fringues hors de prix, fréquentant les plus hautes sphères sociales en prétendant y trouver un intérêt. « Et pourquoi pas, Lola ? De quoi as-tu peur, exactement ? Que je réveille en toi les pires instincts ? C'est déjà fait, et tu n'as pas eu besoin de moi pour ça. Tu es comme moi, tu peux essayer de prétendre autant que tu veux, me faire croire que tu as laissé toute cette étape derrière toi, mais c'est faux. Tu ne peux pas changer ce que tu es. » Les regards se sont tournés vers eux, pour contempler ce qu'ils imaginent être une dispute de couple. Pauvres ignorants. « Si tu ne veux pas te rappeler de moi, alors rappelle-toi au moins de ça. Ce n'est pas que nous. C'est ce qu'on est, au fond de nous. » Il se sent ridicule, a l'impression de sortir une phrase d'un roman niais. Mais Lola pose furieusement ses lèvres contre les siennes, l'espace de quelques secondes. Ce baiser, il a le goût de l'adieu révolté, contre lequel on voudrait lutter, en vain. Elle transmet, d'un simple geste, les mots qu'elle n'arrive pas à faire sortir. Elle se détache, recule, le jauge avec hargne. Lui foutre la paix ? Elle n'a pas besoin de lui pour déchaîner la tempête qui gronde en elle. Lui, il ne fait que lui rappeler qu'on ne peut se mentir qu'un temps. « Comme tu voudras, Lola. » Que pourrait-il dire de plus ? Il ne peut pas l'empêcher de partir, si c'est ce qu'elle veut.
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MessageSujet: Re: beautiful insane in the rain (holden) beautiful insane in the rain (holden) EmptySam 17 Jan - 16:23

Holden lui faisait revivre de petites bouffées de route. Les images explosaient comme des bulles de champagne contre ses tempes. Les couleurs, les sons et les parfums lui revenaient en effluves ténues, délicates. L'exotisme d'une poignée de mois passés sur la route lui revenait, une drôle de chaleur qui irradiait sur eux deux. Les premiers kilomètres lui revinrent. Brûlants, la voiture fendant la fournaise californienne, lui faisant découvrir la beauté ocre de la poussière, des déserts au milieu desquels pointaient des arbres verts et de gros rochers. La caresse tiède du soleil qui mordait dans les chairs caramel de ventres impudiquement découverts de sous des chemises blanches. L'enivrante alternance entre la musique trop forte, les joyeux bavardages et le silence complet. Des heures passées à crâmer sous le ciel clair en bouffant des yeux le paysages. Lola se souvenait de l'euphorie des pubs au bord de la route, petites bicoques pleines à craquer de rires et de rythmes. Elle se souvenait de la main qui se tend, qu'elle attrape, d'elle qui monte sur une scène, déclame quelques vers de Whitman et enchaîne presque immédiatement sur une danse improvisée accompagnée d'un rock vibrant. Les regards qui se croisent, la brûlure visuelle, la sensation que le sien ne pourrait jamais se lasser de la face intriguée de ce gars-là. Les balades dans le noir, sous les étoiles allumées comme des millions de joyaux enflammés, la main calée dans celle du gars dont elle ne connaît pas encore le nom. La maison poussiéreuse, les autres couples qui roulent sur les matelas et eux qui discutent sous une lune ronde et argentée. La fumée de sa clope qui s'échappait d'entre ses lèvres quand il parlait, la brillance du rêve au creux de ses yeux. Et tout le reste aussi. Elle se souvenait d'une entité bruyante, de toutes les nuances qui avaient peints le tableau de leur désir. Toutes ces nuits à aspirer de la nicotine en se regardant dans les yeux. Lui qui lui demandait de lui réciter des poèmes, elle qui s'exécutait, le sourire en coin. Elle qui lui demandait de quoi il aurait voulut que son lendemain soit fait. Toutes ces répliques mi-sérieuses mi-insinuations. Le premier baiser après des nuits à ne faire que parler. Les bouteilles descendues, l'aiguille dans sa peau, l'encre qui marque à jamais leurs pores. Le signe tracé, symbole de l'éternel pacte qui les lierait. Les soirs de beuverie où l'on gueulait dans ces mêmes genre de pubs où ils s'étaient rencontrés. Le garçon blond qui s'approchait d'elle, la fille brune qui tournait autour de lui. Les regards de défis échangés, à celui qui serait trahi le plus vite. Les engueulades au clair de lune, la finale chute sur le lit, sourcils froncés, lèvres gonflées. Le soleil qui se lève, sa joue contre son torse, son odeur qui se perd dans les méandres de son esprit, qu'elle garde jalousement, pour elle et pour personne d'autre. Les sourires mi-gagnants mi-vaincus. L'espoir d'un « nous ». Les mêmes jeux chaque soirs, les mêmes clopes échangées sous les nuages de temps en temps. La folie des lendemains flous. Les danses sous la pluie, les baisers sous le soleil, les chants perdus dans le lointain, les silences face à l'immensité de l'horizon. Et puis finalement le départ, le paysage qui défile derrière les vitres sales d'un car à moitié remplis, la silhouette qui se perd dans un amalgamme de couleurs et de lumière. Lola savait se souvenir à travers de lui, des milliers d'étoiles qui avaient formé leur galaxie. « Tu marques un point. » qu'elle lui fait remarquer. Oui, il en connaît bien trop pour qu'elle puisse continuer de prétendre avec décence. Mais elle s'enfonçait toujours avec conviction dans ses propres mensonges, embourbées dans ses propres tricheries. Qu'elle était pâle, cette Lola-là. Tristement blanche, insipide. Si l'ancienne elle s'était retrouvée face à cette épave, faussement sage, faussement attachée à toutes ses valeurs conservatrices dont elle avait mis tant de temps à s'éloigner, elle lui aurait foutu une bonne gifle, l'aurait sommé de réagir, de s'extraire de cette gerbante torpeur. Holden était une claque en lui-même, mais elle n'en restait pas moins enchaînée à ses « promesses ». Elle sourit quand il lui parla du soleil. « Le soleil orange du crépuscule. Les dernières minutes de jour. » Lola marqua une pause, gratta la table du bout de l'index, finit par laisser son visage se fendre d'un grand sourire. « Le soleil de midi, plus haut, plus brûlant. » elle continua de sourire, la vagabonde énumérait avec une lenteur mesurée tous les aspects de l'astre qu'elle aimait. Elle admit silencieusement qu'il a gagné, lui voua sa victoire d'un simple regard. Il la connaît trop bien. « Et si j'avais choisi, hein ? Si c'était ce que je voulais, moi ? » elle essaya de le convaincre de suivre cette hypothèse, mit autant de sincérité dans sa voix qu'elle le put, mais les mots sonnaient désespérément faux. « Mais ouais après tout, t'as raison. Je fais ce qu'on veut que je fasse. Mais j'ai la paix et ça, c'est ce que je veux. » nouvelle tentative maladroite de s'expliquer, elle s'insufflait à ses lèvres la force nécessaire pour tenter de lui faire comprendre. On avait d'autres idéaux pour elle, les siens ne seraient jamais légitimes pour ses pairs. Il fallait choisir d'avancer dans un sens ou dans l'autre, elle avait choisit la facilité. « Mais j'arrive à prétendre, Holden. Ça fait un an que je prétend être cette fille, que je me démerde pour jouer le rôle qu'on a écrit pour moi. Celui de la réalité, de la vie. J'essaie de faire ce que je suis censée faire, et crois-moi, c'est déjà assez difficile comme ça sans que tu viennes en rajouter une couche. » les regards tournés vers eux, elle s'en contre-foutait, Lola le fixait, et cette rage qui grondait en elle montrait encore une fois à quel point il avait raison, à quel point ils étaient ce qu'ils étaient, inchangeables. La phrase d'Holden l'obligea à rester muette, incapable de répondre à cette lumineuse vérité, qui irradie, qui brûle tant elle est obligée d'admettre qu'il a raison. Et il partit, elle le regarda partir. Une minute entière lui fallut pour sortir à son tour, se planter sous la pluie, des mètres derrière lui. « T'as raison. Je préfère l'orage. » qu'elle lui gueula alors que la pluie trempe ses vêtements. Mais c'était trop tard, le clapotis des gouttes avait mangé ses mots.
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