AN AMAZING THING IS HAPPENING

ft. Lucy E. Wakefield

Lorsque Lucy tendit sa main au-dessus de la table, Nick l’attrapa sans réfléchir. Les choses n’allaient-elles pas trop vite ? Aurait-il dû agir autrement en la voyant ? Aurait-il dû l’ignorer et continuer sa route, la punissant de toutes ces années de mensonge ? Nick était incapable de répondre à toutes ces questions. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il ne s’était jamais senti aussi libéré que depuis qu’il l’avait percuté au supermarché. Physiquement, il était exactement le même, mais intérieurement, tout avait changé. C’était comme si quelque chose de nouveau venait d’apparaître en lui, sans qu’i ne puisse y changer quoi que ce soit. « Je pensais à toi tous les jours Nick, c’est ça qui m’aidait à tenir. » Nick se trouva incapable de répondre à cela, pris de court. Le fait de savoir qu’il n’avait pas quitté son esprit en trois ans le soulageait, bien-sûr, mais le perturbait également, le ramenant toujours aux mêmes questions comme ; pourquoi n’avait-elle pas cherché à le contacter plus tôt ? Et bien qu’elle se soit expliquée à ce sujet, il semblait évident que ce n’était pas suffisant pour le criminologue qui aurait aimé autre chose.

« Est-ce qu’on te fait chanter ? Je veux dire, tes dealers, est-ce que tu leur dois encore de l’argent ? » C’est alors qu’elle revînt sur le sujet de la drogue dans laquelle Nick était tombé après le départ de la belle. Elle semblait se préoccuper bien plus qu’il ne l’aurait cru de cette histoire qui – aux yeux de Nick – faisait partie intégrante de son passé. Il hocha négativement la tête. « Je te l’ai dit. Cette histoire est derrière moi, entièrement. » Il avait toujours réglé le dealer en temps et en heure, et lorsque l’inspecteur du Yard s’était occupé de le faire admettre dans un centre spécialisé, il s’était également chargé de faire coffrer le dealer dont Nick avait révélé l’identité d’une manière dont lui-même ne se souvenait plus tout à fait, l’esprit embrumé par les effets des substances prises à l’époque. Resserrant la main de la brunette, il déclara : « Ne penses plus à ça, c’est une affaire réglée. » D’autant plus maintenant qu’elle avait fait sa réapparition dans la vie du criminologue qui reprit une gorgée de son thé. « Et ne commence pas à culpabiliser à ce sujet, ce qui est fait est fait. » Il la connaissait trop bien pour savoir qu’elle se haïssait déjà d’avoir fait ce qu’elle avait fait, le laissant alors aux mains de personnes malveillantes, autrement dit les dealers qu’il avait fréquenté. « Je suis clean depuis plus d’un an et demi. » Autant qu’elle sache tout et qu’elle cesse de s’inquiéter d’une possible rechute de sa part.

ALL MY SCARS ARE OPEN

ft. Lucy E. Wakefield

« Comment peux-tu me demander une chose pareille ? Je ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir, et toi aussi tu as des raisons de m’en vouloir mais tu as trop peur que je prenne la mouche et que je reparte. » La vérité criante de ses mots toucha Nick de plein fouet, tant qu’il dû admettre, d’un hochement de tête entendu, qu’elle avait effectivement raison. Il osait à peine cligner des yeux, de peur qu’une fois les yeux rouverts, elle ne soit plus là. Il était simplement mort de peur que tout ceci ne soit pas réel, et qu’elle ne soit plus de ce monde. Alors oui, lui qui d’ordinaire n’hésitait pas sur les mots, était présentement aussi apeuré qu’un enfant qui aurait cassé le vase préféré de sa mère et que celle-ci décide de ne plus jamais l’aimer. La comparaison se valait à la perfection. « C’est douloureux de me voir après tout ce que tu as enduré ? » Il avala difficilement sa salive, de nouveau pris de court. Oui, bien-sûr que ça l’était, mais c’était également tout ce qu’il y avait de plus agréable, du moins aux yeux de Nick. « Peu importe ta réponse, je ne me vexerais pas. » Vraiment ? Ne se vexerait-elle pas de l’entendre dire qu’il avait mal d’imaginer qu’elle puisse être là après trois ans de silence, d’ignorance ? Bien-sûr que si, elle serait vexée, tout le monde le serait. Mais la connaissant, Nick savait aussi qu’elle culpabiliserait d’autant plus – et de là, elle déciderait peut-être que battre en retraite serait préférable, et s’en irait. Voilà ce que Nick craignait le plus et refusait strictement. Maintenant qu’elle était là, il fallait qu’elle reste. Il avait besoin d’elle. Elle ne pouvait donc pas le laisser là, seul, abandonné, une fois de plus. « Je me dis que tu aurais pu m’éviter pas mal de souffrance, c’est vrai. Mais personne ne peut revenir sur ce qu’il s’est passé, Lucy, même pas toi. Maintenant, je sais aussi que je… » Il hésita. « Lucy, je suis redevenu celui que j’étais avant de te rencontrer. Cet enfoiré sûr de lui prêt à séduire sans se préoccuper du reste. » La révélation n’était pas facile à faire, mais encore une fois, ces deux-là s’étaient toujours montrés d’une franchise hors norme l’un envers l’autre, et ce, depuis le commencement de leur relation, même avant qu’ils ne sortent ensemble. « Et je…je ne sais même pas ce que tu veux, toi. » C’est vrai, était-elle venue ici dans le but de lui présenter ses excuses pour ensuite repartir en Grande-Bretagne ? Etait-elle là dans l’espoir d’une nouvelle histoire avec lui ? Voulait-elle commencer une nouvelle vie, loin de ce qu’elle connaissait – Nick y compris ? Comment pouvait-il savoir où il en était tout en ne sachant même pas ce qu’elle, elle désirait en venant ici ?

LET'S DO THIS ALRIGHT

ft. Lucy E. Wakefield

« Eh bien, je suis venue pour te faire savoir que j’étais vivante, je pense que je te dois bien ça. Mais comme j’ai conscience que cette révélation peut remettre en question tout un tas de chose, je ne suis pas venue avec des attentes particulières. Je suis venue pour toi et rien que pour toi. Comme je te l’ai déjà dit je ferais tout ce que tu voudras. Tu peux prendre le temps qu’il te faut pour réfléchir à nous deux, réfléchir à ce que tu veux. Je resterais là le temps qu’il faut. » La franchise de la brunette toucha sincèrement le criminologue. C’était exactement ce qu’il avait besoin d’entendre en ce moment. Le fait de savoir qu’elle restait. Le fait qu’elle lui donnait le temps dont il aurait besoin. Et évidemment, du temps, ils en auraient tous les deux besoin, et pas seulement lui comme elle semblait pourtant le croire. « Je ne sais pas ce que veux, tout ce que je sais c’est que je t’aime et quand je te vois devant moi je me rends compte à quel point tu m’as manqué et l’erreur que j’ai commise. Je sais qu’on ne pourra pas retrouver notre vie d’avant. Mais, je veux bien essayer, enfin j’ai envie d’essayer. » Ce fut le coup de grâce, mais le bon. Nick lâcha la main de la jeune femme, quitta sa chaise, fit le tour de la table, pour arriver juste devant la brunette dont il attrapa avec délicatesse le menton, l’obligeant ainsi à relever la tête vers lui, et captura avec une certaine violence ses lèvres. Il avait été ce salaud du passé envers la gente féminine, c’est vrai, mais elle…Lucy Wakefield…elle était capable de n’importe quoi. Et l’effet qu’elle pouvait avoir sur Nick tenait du surréaliste. Une heure avant, il la pensait morte, et le voilà présentement en train de l’embrasser avec ardeur. Ce baiser fut empli de rage autant qu’il le fut d’amour pour la jeune professeur des écoles. Toute cette colère si longtemps ressentie était en train de le quitter, en même temps qu’ils échangeaient ce baiser. A croire que ces trois dernières années étaient en train de s’effacer et que seul le temps où ils avaient été ensemble existait.

Détachant finalement ses lèvres de celles de Lucy, Nick sentit quelque chose lui couler le long de la joue gauche. Il pleurait. La dernière fois qu’il avait pleuré, c’était au cours de cette fameuse soirée avec Noah lorsque celui-ci avait découvert l’existence de Lucy, justement, et que le criminologue lui avait tout révélé. Ce soir-là, oui, il avait craqué. Tant qu’il en avait quitté son propre appartement au beau milieu de la nuit, y laissant seul son ami, pour aller marcher dans la ville, ayant besoin de faire le vide et surtout de se reprendre en évitant que toutes ses pensées n’aillent vers Lucy. Ce qu’il n’avait évidemment pas réussi à faire. Passant sa main sur sa joue, il détourna la tête, faisant comme si son attention avait été attirée par quelque chose, ce qui n’était absolument pas le cas. Il ne voulait juste pas se montrer si faible face à Lucy. Non, lui, c’était l’homme fort et parfois trop dur, mais certainement pas celui qui craquait.

TOO LOST IN YOU

ft. Lucy E. Wakefield

« Et maintenant ? » La question devait être posée, mais devait-elle l’être si tôt ? Nick n’avait aucune réponse à fournir, n’ayant lui-même aucune idée de ce qu’ils étaient censés faire dorénavant. La raison voulait qu’ils laissent les choses se faire, avec le temps, pour voir où tout ceci les mènerait après tant de temps passés l’un sans l’autre, mais le cœur de Nick lui dictait une toute autre conduite. Incapable de raisonner correctement quant à la situation présente, il se voyait parfaitement lui demander de venir chez lui, pour qu’ils soient plus au calme. Mais il savait aussi que cela serait inapproprié vis-à-vis de la jeune femme qui n’était sans doute pas tant à l’aise que cela, ce qui était tout à fait compréhensible soit disant. « Mon thé est meilleur. » C’était sa manière à lui de lui demander de bien vouloir quitter les lieux, en sa compagnie. Comment allaient-ils réussir à gérer la compagnie de l’autre ? Comment allait se passer le moment où ils allaient se quitter, elle pour retrouver son hôtel et lui, son appartement ? Serait-il seulement capable de la laisser repartir de la sorte sans même essayer de la retenir ? Rien n’était moins sûr, en réalité. Et sur la longue, qu’en serait-il ? Tant de questions auxquelles le criminologue était dans l’incapacité de répondre pour le moment – sans savoir s’il serait capable d’y répondre un jour d’ailleurs. « La Fontaine a dit un jour : “tout est mystère dans l’amour”. » Sa manière à lui de lui faire comprendre qu’il ne pouvait répondre à sa question, du moins pas pour le moment. Le temps ferait les choses pour eux, s’ils lui donnaient un petit coup de main, bien-sûr. Maintenant qu’il la savait bien vivante, Nick aurait bien du mal à imaginer ses journées sans elle, sans son sourire, son parfum…elle. « Financièrement, combien de temps penses-tu pouvoir tenir en logeant à l’hôtel ? » Nick connaissait les prix et les savaient peu avantageux, pire, il les savait fortement élevés dans cette partie des Etats-Unis. San Francisco attirait bon nombre de touristes d’où les prix parfois monstrueusement élevés, se rapprochant parfois d’une véritable arnaque. « J’ai à peine tenu deux semaines avant de chercher un logement. » Avoua-t-il, pour lui prouver que, lui aussi, était passé par-là. Qu’adviendrait-il s’il osait lui proposer de l’héberger ? Le prendrait-elle pour un fou furieux qui ne savait laisser du temps au temps ou au contraire, comprendrait-elle par là qu’il cherchait à sa rapprocher d’elle maintenant qu’ils s’étaient retrouvés ? Seule Lucy avait la réponse à cette question.