M'habiller en fille en simple déguisement m'amusait bien plus que cela n'heurtait mon ego déjà blindé comme ce n'est pas permis. D'un naturel joueur et particulièrement égocentrique, il en fallait bien plus pour espérer me faire chuter du piédestal sur lequel j'étais monté sans aucune encombre en devenant président de cette confrérie. Au lieu de rabrouer celles et ceux qui riaient à me voir dans un accoutrement pareil, je préférais de loin rire avec eux afin d'en faire des tonnes pour amuser la galerie. Clairement, de Valentina et moi, c'est la doyenne qui est la plus responsable. Et elle le sait, Sa Majesté Jaslang. Le compliment détourné de Quinn me fit tourner la tête avec un large sourire dans sa direction. "Merci !" Quinn, alias la fille qui me porte la poisse dès qu'elle se trouve dans un secteur plus ou moins proche du mien. Je la regarde de loin et j'évite de m'approcher de peur qu'une flaque d'huile apparaisse mystérieusement juste devant elle, ou bien qu'un poids d'une tonne ne tombe du plafond pour m'aplatir en dessous. Si si, c'est tout à fait possible quand on a connaissance des indénombrables péripéties qui nous arrivent lorsque nous sommes ensemble pour une raison X ou Y. Le jour où vous verrez un braquage à la banque en premier titre du journal de 13h, dites-vous que c'est parce que nous venions retirer de l'argent au même moment. True story. Gêné par la taille des vêtements de ma petite-amie – logique, jusque là – je me décide à retirer la robe et les talons aiguilles afin de ne rester qu'en simple boxer devant tout le monde. Je ne suis vraiment pas du genre pudique, je serai même plutôt du genre à dénicher la moindre raison pour exhiber ma plastique de mannequin doublé d'un sportif de haut niveau dès qu'on m'en donne l'occasion. Et puis, dans cette confrérie, ce n'est pas comme si tout le monde n'en faisait pas autant. "Viens faire à bisou à la nouvelle femme de ta vie, chérie." Même travesti, la modestie n'est pas mon amie. J'embrasse Valentina en prenant bien soin de lui laisser une belle trace de rouge à lèvres et je m'esquive en riant de bon cœur. Je vrille alors mon regard noisette sur mon cher bras droit. "A mon tour de choisir, alors ! Casey, action ou vérité ?" Il n'y a pas de raison que les garçons ne soient pas aussi capables de choisir leurs pairs. Je marche près de William, un autre Delta peut-être un brin plus distant que les autres et je dépose mon bras autour de ses épaules dans une approche de franche camaraderie. "Allez, souris un peu ! Tiens, je t'offre whisky coca. William, c'est bien ça ?" lui dis-je en tendant un verre que j'avais attrapé au passage sur le bar, non sans m'en prendre un aussi. Tout le monde doit se sentir à l'aise dans cette confrérie, alors j'aimais aussi me mélanger à presque tous les membres de cette fratrie estudiantine, sans complexe aucun.