"TOUT LE MONDE AU GRENIER, ET QUE CA SAUTE !!!" La voix de Kenzo me fit froncer les sourcils. N'y avait-il pas d'autres manières de nous rassembler? Il fallait croire que non. Je soupirais tandis que la voix de ma mère résonnait aussi dans mes oreilles. « Je vais bien maman ! C'est juste qu'on ne va pas pouvoir sortir du campus de tout l'été. » Moi qui me faisait un plaisir de retourner à Los Angeles et d'oublier tous les évènements de ces derniers temps.  « Je dois y aller, réunion au sein de la confrérie…. Je t'appelle dans quelques jours. » Je raccrochais mon téléphone avant de me lever et de me diriger vers la voix qui quelques minutes plus tôt nous avait demandé de nous réunir. Je ne pouvais décemment pas dire à mes parents ce qu'il en était réellement. Cela m'amènerait à parler de ce qui s'était produit en Russie, il y a quelques années. Chose qui restait impossible. Non, je ne pouvais pas. J'allais - comme à mon habitude - faire semblant que tout allait pour le mieux. J'arrivais au grenier où était déjà réuni mes autres confrères bêtas et deltas. « Une tequila pour moi aussi Lily, s'il-te-plait ! » A moitié Mexicaine, la tequila et moi était une grande histoire d'amour. C'était bien meilleur que tout ce qu'on pouvait boire ici. Je connaissais la plupart des présents dans la pièce et même si je devais avouer qu'avec certains c'était plus tendu qu'avec d'autres, j'allais devoir faire un effort ce soir. Le but était de laisser de côté les évènements du bal de fin d'année alors, autant le faire correctement. Ce n'était pas ce à quoi on n'était habitué chez les bêtas/deltas. Nous étions les rois et les reines de berkeley et de toutes les fêtes  et aujourd'hui, nous nous retrouvions réunis pour jouer à action/vérité. Pourquoi pas ! Ca bousculait notre routine, ça nous changeait de nos habitudes et qui sait, peut-être que cela nous ferait le plus grand bien, nous faisant oublier - au passage - toutes ces images de sang et d'horreur dont nous avions été témoins quelques jours plus tôt. Prenant chacun notre place, le jeu pouvait commencer et Lily-Rose ne se fit pas prier, allant même jusqu'à défier notre cher président. C'était un bon point pour les filles. Ces messieurs n'allaient pas faire long feu longtemps. « Vous allez vite déchanter messieurs ! » Laissais-je entendre tandis qu'un sourire apparaissait sur mon visage. J'étais loin d'être aussi joyeuse que je le prétendais actuellement mais, peut-être qu'avec cette soirée, en compagnie de mes camarades de confrérie, cela allait changer. Du moins, je l'espérais. Sortant mon téléphone de la poche de mon jean, je le mis en silencieux. Ce soir, je ne voulais pas être dérangée. Ce soir, je me reprenais et la Tessa que tout le monde connaissait allait revenir en force. Mon regard passa d'un visage à un autre, nous étions tous présents, laissant de côté nos différents et nos rancunes pour ne faire plus qu'un. C'était aussi ça qui me plaisait chez les bêta/delta, notre capacité à nous entraider envers et contre tout.

« Lets play truth or dare, or just dare because nobody tells the truth anymore.  »

Action ou vérité. Ce jeu a probablement été le jeu le plus marquant de ma vie. Je pense que j’y jouerais tout au long de ma vie, même quand je serais une vieille. Action ou vérité sera comme le nouveau jeu de cartes : le jeu que tout le monde sait jouer et veut jouer en communauté. C’est incroyable ce que j’ai pu apprendre avec ce jeu. La vérité sort facilement et nous pouvons également facilement détecter les menteurs. J’ai beaucoup vécu en jouant ce jeu aussi. Je jouais à action ou vérité quand j’ai eu mon premier baiser. J’avais probablement sept ans et déjà à cet âge j’étais une vraie séductrice qui choisissait ses proies à la baguette magique. De plus, cela a été avec le garçon que j’aimais à l’époque, ce souvenir je ne l’oublierais probablement jamais, il restera marqué à jamais dans mon esprit à côté des autres bons souvenirs ou mauvais. Enfin dans un coin de mon esprit aux côtés de ses choses que n’ont peu point oublier, comme ton premier baiser, ta première fois, ton premier grand amour, ton premier enfant, le jour de ton mariage, ton admission à l’université de tes rêves et les choses stupides de ce type-là qu’au fond, nous rêvons pratiquement tous de rencontrer au moins une fois dans la vie. Mais s’il y a bien une chose, que j’ai appris à ce jeu, c’est qu’il ne faut jamais oublier ce que les gens disent lorsqu’ils sont en colère, car c’est à ce moment que la vérité se montre, c’est à ce moment que ce qu’ils pensent vraiment au plus profond d’eux, sort de leurs bouches. Mes pensées furent interrompues par les pas précipités des bêtas et deltas, qui se dirigeaient en direction du grenier, la soirée allait sûrement commencer, mais qu’importe, de toute façon être en retard était tout à fait mon genre, j’aimais me faire désirer quelque part, mais aussi tout le monde savait que j’allais être en retard, donc bon. Je préférais ne rien changer à mes habitudes. Je me précipite vers ma garde-robe et en conclu, comme à mon habitude, que je n’avais rien absolument rien à mettre. Je reste planquée devant mon placard pendant dix bonnes minutes, un moment où je finis par me plonger dans mes pensées les plus profondes, elles furent encore une fois interrompues lorsque mes yeux défilèrent verticalement sur quelque chose de sexy : une robe rouge que j’avais commandé il y a environ un petit mois sur le site international Asos. Je me dépêche de l’enfiler et de me maquiller, histoire d’être sur mon trente-et-un. Peut-être que les iotas par exemple, en une soirée comme celle-là se ramèneraient en pyjama, même si nous savons tous les deux que leur imagination créativité ne va pas aussi loin que la nôtre. Je chausse des sandales blanches que j’avais achetées en même temps que la robe rouge et que pleins d’autres vêtements et accessoires d’ailleurs. Il fallait bien que je gaspille mon argent quelque part de toute façon. Je laisse mes cheveux relâchés sur mes épaules et finit ainsi de me maquiller le plus simplement, mais en même temps, le plus sexy possible. Enfin prête, je glisse simplement mon portable dans mon soutien-gorge comme à mon habitude et souris à la glace, pour enfin monter au grenier. Pile au moment où je franchis la porte, je m’apprêtais à dire bonjour lorsque mes yeux croisent ceux de Caroline, qui était dans un coin avec Seth. En Angleterre, nous étions les deux meilleures amies du monde, nous faisions partie de la même bande de garces qui régnaient et  qui se trouvaient au-dessus de tout le monde. Lorsqu’elle arriva à Berkeley, elle changea radicalement de comportement, devenant ainsi plus amicale et gentille avec son entourage, chose qui forcément ne fait que me déplaire. C’est ainsi que nous nous éloignons de plus en plus et finissons par ne plus du tout être amies. On se parle à peine, lorsqu’il faut le faire, on ne se gêne pas pour s’envoyer des piques. Au fond elle me manque. Elle me manque terriblement et je sais que je lui manque aussi. Mais ce qui me manque surtout c’est l’ancienne Caroline. Cette deuxième version de Caroline, plus douce et amicale, n’est pas la vraie. Selon moi, ce n’est juste qu’un masque qu’elle porte. J’aurais aimé pouvoir faire quelque chose, mais je ne peux pas. Elle se trouve tout de même parmi les bêtas et surtout dans cette salle. J’étais avant tout là pour jouer et m’amuser, qui sait, ce jeu me servirait à bien plus que ce que je croyais. Notamment à découvrir LA véritable vérité du pourquoi de ce changement phénoménal de personnalité. Je ne baisse point les yeux, mais je détourne le regard vers Tessa, une de mes bonnes amies à Berkeley. Je lance un regard séducteur à Seth, lui seul pouvait comprendre le pourquoi. « Coucou les meilleurs. » Exclamais-je d’un ton d’amusement. Je salue donc tout le monde et me dirige m’installer à côté d’elle. Tous en rond, nous attendions avec impatience de savoir quel est l’action que la bêta allait lancer au beau président. Que le jeu commence, bitches.

Ok ça avait le mérite d'être clair. Casey n'en avait strictement rien à foutre de moi et le pire c'est qu'il me montrait ouvertement en ne m'adressant pas un regard ni un mot. Des fois j'aurais bien aimé qu'on ne soit pas dans la même confrérie car il fallait le dire c'était insupportable ! Surtout quand on savait que sa chambre se trouvait à quelques pas de la mienne et surtout que j'y passais le plus clair de mon temps ! Je pris le verre qu'il me tendis sans l'ombre d'un sourire et je compris vite qu'il allait m'énerver à jouer la carte de l'indifférence. Tous les gens qui arrivaient semblaient de bonne humeur sauf que moi c'était d'une humeur de chien dans laquelle il me transformait. Je sentais la colère monter et j'étais même sûre que mes joues avaient rougit sous le coup de l'énervement mais après tout, je ne pouvais rien lui rejeter au visage puisque nous n'étions pas seuls. En faîtes, j'aurais bien aimé l'humilier ici et maintenant. J'avais dit à Marni et Harper qu'on ne se parlait plus. La première réaction des filles avait été celle attendue. Elles ne comprenaient pas vu qu'elles pensaient qu'il 'nétait que mon meilleur ami avec plus depuis quelques temps. Je n'osais pas les contredire pour ne pas montrer que s'il y avait sentiment de mon côté alors il y en avait du sien et surtout qu'il avait une bonne raison de faire la gueule. En même temps, rien n'avait été dit avant que je lui fasse du mal et je n'en étais pour rien si on s'était mentit tous les deux. Pourtant la faute me revenait totalement en vue de son regard désapprobateur. Et même comme ça, il me faisait totalement craquer et me rendait dingue. Je n'allais pourtant surtout pas le laisser filer ce soir. Après tout, la dernière fois que nous nous étions revus était lorsqu'on avait dû se défendre devant le doyen au sujet du fameux accident au bal. Sauf qu'il était hors de question que je lave mon linge sale devant tout le monde. Pourtant j'avais l'impression qu'il ne me laissait pas le choix puisqu'il me fuyais totalement. Et le pire c'est qu'il savait que dans ces moments-là je pouvais être assez lâche pour fermer ma bouche et continuer comme si de rien n'était comme bonne princesse qui se respecte et qui n'est touchée par rien. Tant pis, il me touchait, il me faisait craquer et j'allais forcément lui rentrer dedans à un moment dans la soirée. C'était obligé après tout, si c'était la seule manière pour capter son attention, je n'allais sûrement pas laisser passer cette occasion ! Dis moi Casey tu vas m'ignorer longtemps comme ça ? Non parce que dis moi que je sache si je dois te remplacer ou pas car j'ai pas que ça a faire de te courir après ! Mes paroles avaient totalement dépassées mes pensées mais c'était trop tard. Elle était sortit, méchantes et mesquines et je n'avais plus qu'à attendre son regard qui ne tarderait pas à me montrer que je le dégoutais de par ces paroles. J'avais voulu lui faire mal et comble de tout, j'avais réussit. Petite conne. Sentant mon trouble grandissant et ne voulant rien lui montrer sur le fait qu'il était tout simplement irremplaçable, je me dirigea vers Quinn avec un sourire légèrement forcé. Salut Quinn, je t'attendais, je t'avoue que je sens le trac nard là ! Son simple sourire doux me fit sourire puis j'écoutais enfin le reste des personnes qui se trouvait dans l'espace clos pour sourire une nouvelle fois aux paroles de Seth cette fois. Colocataire de mon cher et tendre Casey qui ne l'était plus depuis ces quelques jours, je ne pus m'empêcher de profiter de ses paroles pour le taquiner comme je le faisais dès que j'en avais l'habitude. Même pas moi Seth ? Tu me déçois, vraiment ! Sourire charmeur, je savais qu'il avait bien l'habitude de ce genre de réplique qui servait juste à le provoquer comme une enfant.