Malheureusement, la suite ne fut pas digne de l’attente que s’était faite Edwin avec son petit discours de gamin capricieux. Le brave garçon n’eut pas le temps d’ouvrir la fenêtre que celle-ci se brisa en mille morceaux. Cailin poussa un cri de surprise. Dans un réflexe de protection ses avant bras protégèrent sa tête tandis que le corps effectuait un demi-pivot pour éviter les bris de verre. Pas de chance, le fumigène roula à ses pieds. Bordel fut le seul mot qui lui passa dans la tête au moment ou l’objet s’enclencha. Cailin ne pouvait se douter qu’aussi proche de la chose, elle risquait de se bruler. Toussant, suffoquant et aveuglée, Cailin porta le revers de son poignet à sa bouche. Merde. Où était cette putain de sortie ? Tout le monde commençait à paniquer, les flics cherchaient à canaliser la sortie sans parvenir à se faire entendre. On se bousculait, se heurtait sans se voir. Des cris et des toux se faisaient entendre de part et d’autre de la pièce. Les ordres fusaient sans parvenir à se distinguer du reste du brouhaha.

Surtout ne pas tomber…pensa Cailin en cherchant un moyen de trouver la sortie dans ce beau bordel. Approchant de la fenêtre, après tout, on était au rez de chaussée, Cailin préféra finir d’ouvrir le battant pour dégager tout bout de verre et passer par là. Si Edwin désirait, elle n’avait rien contre un coup de main. L’air semblait plus frais à l'extérieur et avec un peu de chance, elle pourrait courir dehors pour voir quel crétin avait pensé à faire un truc aussi stupide ! Poser le pied au sol ne fut pas aisé et elle fini par terre à quatre pattes. Pas glamour mais l’air était plus frais en bas. Toussant et pleurant toutes les larmes de son corps, Cailin fini par avancer lentement derrière une rangée d’arbres avant de se relever et regarder les alentours. Qui semblait coupable hum ?

En réponse à Alessandra, il haussa les épaules avant de souffler Non, je comptais rester ici, mais pas passer mon été à jouer les enquêteurs, une fois mon petit boulot et mes révisions terminées. Il n'avait pas grand chose d'autres à dire, juste qu'une fois son boulot et ses révisions terminées, il n'avait qu'une envie de détendre et non pas psychoter sur ce qui pouvait arriver, sur qui avait bien pu tuer cet élève. D'ailleurs, si ça se trouve c'était un accident regrettable, et pas un meurtre,  ou alors c'était quelque chose de froid, de préméditer. Il y avait tellement de solutions possible que cela était presque impossible d'envisager toutes les possibilités. Il était d'ailleurs plutôt d'accord sur ce que disait Elmas que le meurtrier ne devait pas être ici... Ou alors c''était un malin qui voulait les mener sur une fausse piste, mais est-ce que c'était quelque chose à dire ?! Parce que s'il disait une telle chose à haute voix, cela voudrait dire qu'il soupçonnait toutes les personnes qui étaient dans cette pièce ! Après s'être passé une main dans les cheveux, le jeune homme ne tarda pas à reprendre la parole On ne peut écarter personne de toute façon. Tout le monde peut mentir, des alibis ça se créent, alors franchement on perd notre temps ici ! Tiens monsieur négatif, le retour. Désolé, c'était plus fort que lui, il n'avait pas pu s'empêcher de dire cela pour faire comprendre qu'une parole n'était que des mots plus ou moins dit en l'air, que ce n'était pas une preuve. D'ailleurs le meurtrier avait dû roder son histoire pour ne pas se faire prendre... ou alors c'est qu'il était en train de virer totalement parano.

Un bruit le fit sursauter et sortir de ses pensées. Une fenêtre venait de se briser... et quelque chose qui ressemblait à du fumigène commençait se répandre dans la pièce; crise de toux, yeux qui piquent ne tardèrent pas à suivre. Il fallait qu'il sorte mais il n'arrivait pas à voir. En bougeant un peu il bouscula quelqu'un et la seule chose qu'il souffla fut un petit D'solé En tout cas, maintenant le coupable ne devait pas être parmi eux.... Ce n'était pas possible à moins qu'il y ait un complice mais là ça devenait complètement du délire !

Elle poussa un long soupir avant de jeter un œil furtif sur l'ensemble des étudiants se trouvant dans la pièce. Elle ne voyait vraiment pas qui avait pu faire ça, et en restant coincée ici elle avait bien plus l'impression de perdre son temps qu'autre chose. Ces agents de police devaient bien avoir une petite piste, aussi minime soit-elle. Ils ne pouvaient pas rester dans l'ignorance plus longtemps. La situation était déjà assez grave comme ça, alors il ne fallait pas que le meurtrier ait le temps de faire plus de victimes. Elle songea rapidement à ses vacances d'été. C'était triste tout de même, rester ici alors qu'ils avaient tous un tas de projets. Écoutant attentivement ce que ses camarades avaient à dire, elle comprit rapidement que cette conversation ne mènerait à rien. Ils tournaient en rond, s'imaginant des scénarios et des possibilités qui n'étaient sûrement pas les bons. « Oui, impossible de discerner le faux de la vérité. Alors on ne peut pas y faire grand chose. » En tant que simples étudiants, ils restaient impuissants. Ce n'était pas leur travail et c'était fatiguant à la longue de chercher et de se retrouver face à des impasses. Ils devraient tous sérieusement songer à faire une pause. Et se reposer. Parce que du repos leur ferait le plus grand bien, histoire d'oublier ce qu'il s'est passé pendant le bal, ou du moins se déconnecter de la réalité quelques instants pour leur bien-être personnel. Alors qu'elle s'apprêtait à changer de sujet de conversation, un bruit vint l'en empêcher. Une fenêtre cassée puis de la fumée qui envahit la totalité de la pièce. La vision brouillée, elle ne voyait plus rien et il était fort désagréable de rester les yeux ouverts. Quelques larmes coulant le long de ses joues du fait des picotements, elle tira sur son gilet pour venir recouvrir ses lèvres. Elle ne devait pas respirer cette fumée et essayait de faire de son mieux pour en inhaler le moins possible. Complètement perdue, elle heurtait des personnes sans même s'en rendre compte. Elle entendit une personne s'excuser, puis en fit de même rapidement. « On devrait se diriger vers la sortie ! » ajouta-t-elle, avant de voir à quel point ses paroles étaient ridicules. Bien sûr, ils n'allaient pas non plus s'attarder ici, question de logique. Elle essayait tant bien que mal de rejoindre l'extérieur, suivant aveuglément un mouvement de foule qui devait certainement l'emmener vers la bonne direction. Une fois à l'extérieur, prise d'une toux incontrôlable, elle finit par regarder autour d'elle, recherchant activement les personnes avec qui elle était quelques secondes avant, et Alessandra en particulier.

Les uns donnaient les alibis, les autres donnaient leurs opinions et moi je commençais à trouver que tout cela tournait en rond. Je n’ouvris la bouche qu’une nouvelle fois pour promettre à Elmas de la trainer avec nous la prochaine fois. De nouvelles personnes s’ajoutèrent à notre groupe, des gens que je ne connaissais pas; une blonde qui semblait avoir un enfant puisqu’elle blâmait son retard sur « sa petite » et un brun qui semblait s’échauffer rapidement. Il faisait presque un bon coupable à se lancer aussi fougueusement dès le départ.
Je ne savais pas quoi ajouter pour ma part. Je n’avais rien à voir avec tout ça, mais j’étais assise là, à jouer à clue avec d’autres étudiants et le mal de tête de Siloé semblait être contagieux puisque je commençais à sentir mon crane vouloir exploser autour de mon cerveau. Mais les derniers arrivants semblèrent venir avec des ennuis, car peu de temps après leur arriver, un bruit de vitre brisé me fit sursauter. Je ne compris pas sur le champ ce qui se passait, cherchant avant tout la vitre plutôt que ce qui l’avait fait voler en éclat. Ce n’est que lorsque la pièce commença à s’enfumer que je compris ce qui se passait. En tout cas le tueur ne devait pas être parmi nous, c’était certain. Ou bien cette personne était réellement dérangée mentalement.
Avec la panique et s’en suivit, je me retrouvai bien vite debout sans trop savoir comment ni pourquoi. « Siloé? Orphée? » dis-je d’une voix incertaine avant d’être prise par une quinte de toux, mes yeux se remplissant d’eau à cause de la fumée. Je pris le col de mon chemisier et tirait dessus pour le placer au-dessus de ma bouche et de mon nez afin de bloquer un minimum l’effet du fumigène. Je plissai les yeux aussi, histoire de tenter de voir un peu au travers du « brouillard » mais aussi de faire un petit écran pour mes yeux qui me piquaient.
Je me retrouvai seule soudainement, mais je ne pouvais pas céder à la panique. Je n’avais jamais vraiment cédé à la panique avant, alors pourquoi aujourd’hui? Ça ne servait à rien. Tout ça ne servait à rien. Pourquoi les gens se forçaient tant pour des choses si inutiles et futiles? Je suivis le mouvement de foule, me disant que bien vite, cela me mènerait à l’extérieur, et ce fut effectivement le cas. L’air extérieur me fit tousser à nouveau, comme si mes poumons cherchait à se vider le plus vide possible de la fumée que j’avais inhalée à l’extérieur. Je fis quelques pas, mes yeux pleurant encore plus qu’à l’intérieur, mais je réussis tout de même à me rendre jusqu’à Elmas et me laissai tomber à quatre pattes sur l’herbe verte à ses côtés, toussant de plus belle. Lorsque je pu reprendre le contrôle, je m’assis sur le sol à ses côtés, posant ma tête sur sa jambe. « Peu importe qui est derrière tout ça, cette personne est complètement dingue… » Et ne voulait réellement pas se faire attraper… Dire qu’à ce moment précis, je ne savais pas encore ce qui était arrivé aux étudiants des autres confréries… Mais je m’en foutais bien d’eux, on avait déjà bien assez de soucis ici, et il fallait retrouver Siloé et Orphée et aussi… de l’eau oui, il nous fallait de l’eau. Je ne savais pas exactement pourquoi, mais j’avais entendu dire qu’il fallait boire de l’eau après avoir inhalé des fumigènes.