Quand Aengus fait une connerie et que Jorden paye

Elle avait froid, tout juste sortie de cet hôpital un peu glacial. Neuf heures sonnait là haut, tout en haut du clocher. Et Aengus avançait, déboussolée, parmi les passants dégoutés, pressés, sans intérêt. Serrant les avant bras autour de son ventre, Aengus accéléra la cadence de son pas maladroit. Vite. Un endroit chaud. Un endroit sûr… Quelqu’un, quelque chose. Elle avait si mal ici, tout en bas dans son cœur, à terre sans erreur.

Le souffle précipité la porta devant la maison des epsilon. La blonde aurait mit sa main à couper que cet endroit ne lui était pas si étranger. Depuis qu’elle avait retrouvé Jorden, sa vie avait récupéré un ou deux rayons de soleil, de douceur et de quiétude. Cette même lueur matinale qui peignait les paysages de couleur pastelles. Comment avait il pu réussi ce miracle alors qu’Aengus nageait en pleine eaux troubles depuis des mois ? Simplement. Il l’avait ramassé dans un couloir de l’université alors qu’elle ne tenait plus debout. Prétextant un surplus de consommation de stupéfiant, elle avait tenté de s’enfuir. Un pas plus tard, elle avait terminé le nez sur l’épaule de Jorden. Offerte et défoncée, il aurait pu faire d’elle tout ce qu’il aurait voulu. Heureusement, l’homme pouvait se montrer aussi agréable que grognon. Aussi, elle s’était réveillée dans un lit ultra confortable, des draps soyeux et un garçon non loin. Nul abus, nul mensonge, nulle question intrusive ou nez de fourré sans son avis dans ses affaires. Ce fut sans la moindre hésitation que la blonde lui offrit silencieusement sa confiance et un sourire. Jorden venait de passer dans le cercle VIP des amis précieux à son cœur. Jamais elle ne partagerait avec lui ce secret. Elle avait une réputation de bad girl à tenir ! Se ramollir ne faisait pas parti du contrat.

Sans comprendre pourquoi, Aengus sentait son regard s’humidifier. L’impatience et la peur gagnaient du terrain sur le calme qu’elle s’essayait de garder. Aengus ne chercha plus à patienter ou à avoir l’air normal. Ignorant l’ensemble des snobinards qui la toisaient de haut en bas, elle redressa le nez. Pas le temps ! Gardant son esprit de gamma jusqu’au bout, elle leur offrit malgré tout son majeur en pâture. Avant qu’un brouhaha ne se fasse entendre dans le couloir de Jorden, Aengus chatouilla la serrure. Facile de forcer la porte dans ces chambres…

La tête passa la porte. C’était qui la pouffe dans le dos de Jorden ? QUI LUI AVAIT PIQUE SA PELUCHE ? Grognasse ! Plissant le nez, elle se glissa en l’ouverture pour rejoindre le couple. C’était SA place ici ! Elle allait le manger ou quoi ? Espérons qu’il avait bon goût en matière de fille. Les hommes avaient tendances à choisir n’importe quoi qui possédait des seins et un vagin ! Mais la demoiselle fut rapidement repérée et identifiée… Une petite alpha coincée qui ne cessait de crier au loup lorsqu’un homme l’approchait. Bravo Jorden ! Aengus préparait déjà les félicitations d’usage pour le jeune homme. Aengus passa derrière la fille, retirant son pantalon pour finir en legging et débardeur.

« Hum Chéri…je vois que tu as ramené de quoi s’amuser. »

Se lovant contre l’alpha comme une sangsue à son canasson, sa main longea le ventre de la belle Alpha pour agripper l’un des seins encore nus. Titillant doucement la pointé rosée, Aengus ne fut pas surprise en entendant la jeune brune pousser un petit cri avant de se relever d’un bond hors du lit.

« Mais t’es qui toi ? » S’écria la fille en tentant de garder le drap contre elle.

Pas de chance, Aengus tira doucement sur le drap pour s’assurer que Jorden ne finisse pas entièrement découvert. Le voir en tenu d'Adan ne l'intéressait pas merci! La fille presque nue avait rougie d’une façon si mignonne qu’Aengus lui présenta de l’index l’endroit ou elle avait laissé tomber sa culotte. Arf vieux reste de solidarité féminine...

« Je suis l’autre fille que ramène Jorden d’habitude. Je vous ai maté hier tu te rappelle pas ? Maintenant je viens pour le plan à trois. Aller fais pas ta timide… T'étais moins coincée hier! » Menti Aengus dans un petit clin d'oeil coquin avant d'imiter une fellation en tapant sa langue contre l'intérieur de sa joue.

Bizarrement, ca n’avait pas l’air de tenter la fille en question et tant mieux.

« T'es qu'un gros porc Jorden!» Chouina l'Alpha en cherchant ses affaires, prête à pousser Jorden hors du lit.

La soirée fut épique quoiqu'un peu floue. J'étais dans mon lit, j'étais bien. Ce sentiment de bien-être, exactement comme lorsque l'on vient de s'envoyer en l'air avec la première minette venue. J'ouvris les yeux et tournai ma tête sur le côté. Je vis une magnifique créature, à moitié endormie juste à côté de moi. Elle était complètement nue, elle semblait belle. En même temps, n'importe qui pourrait passer pour une bombe sexuelle, il n'y avait presque pas de lumière. Je pouvais juste apercevoir son ombre, deviner ses formes. J'eu un petit rire discret, ça tombe je venais de me taper Susan Boyle. Peut-être avais-je trop bu, me voilà pris d'un fou rire en m'imaginant en pleine action avec ce carton. J'essayais d'être le plus discret possible pour ne pas la réveiller. Voulant faire le moins de bruit possible, je manquais de m'étouffer avec ma propre salive. La nana bougea à côté de moi, elle gémit un instant avant d'étendre ses jambes, prenant la moitié du lit. Je soupirai en sentant ses pieds froids me frôler. Non mais c'est dingue ça, elles ont toutes un frigo à la place des pieds. Je ne supportais pas ça. La jeune fille me tourna alors le dos et me dit tendrement. « Colles-toi contre moi et dis-moi que ce n'était pas qu'un flirt d'un soir. » Non mais allô quoi, il est deux heures trente du matin et la nana elle me dit ça. Elle croyait quoi ? Que c'était la fête du slip ? Je soupirais de nouveau avant de me coller contre elle. Je n'en avais absolument rien à faire d'elle et d'ailleurs, son prénom m'avait échappé depuis bien longtemps. Je ne répondis pas, je m'endormis quelques temps après, évitant toute discussion fâcheuse.

Un cri et me voilà à poil. Il fait froid, je me réveille brutalement, sorti tout droit d'un rêve qui n'était pas si mal pour une fois. Un mal de crâne me prit soudainement, sans doute un reste de gueule de bois. « Mais t’es qui toi ? » Je ne pris même pas la peine de réagir. Elle était quand même assez spéciale comme fille, hum. Les yeux fermés, je m’apprêtais à répondre une connerie quand quelqu'un me devança. « Je suis l’autre fille que ramène Jorden d’habitude. Je vous ai maté hier tu te rappelle pas ? Maintenant je viens pour le plan à trois. Aller fais pas ta timide… T'étais moins coincée hier ! » En un réflexe, mes yeux s'ouvrirent rapidement. Je n'avais pas tout de suite reconnu sa voix mais une fois que je la vis à côté, j'eu un petit sourire sur le coin des lèvres. Je me redressais légèrement et pris un peu connaissance de la situation. Aengus était allongée à côté de moi et la petite Alpha était debout avec un de mes draps pour se couvrir et garder un peu de dignité. Je ne pouvais m'empêcher de sourire. Je ne l'avais même pas entendue rentrer. « T'es qu'un gros porc Jorden ! » Je fronçais les sourcils « Attends t'es sérieuse là ? Tu ne vas quand même pas la croire. » Et voilà, j'avais déjà mal au crâne et dès le réveille, elle me prenait la tête. Je n'avais pas envie de me justifier, je n'avais pas envie de me confondre en explications. Elle me fusillait littéralement du regard. « Qu'est ce qu'elle fou là alors ? » La nénette commençait déjà à rassembler ses affaires pour partir, on pouvait sentir la rage dans ses yeux. Je me retournais alors vers Aengus. De toute façon, même si j'essayais de mettre les choses au clair avec la p'tite Alpha, elle ne voudrait certainement rien entendre. Allons bon, pourquoi s'en préoccuper d'avantage. « Bah ouais, qu'est-ce-que tu fous là ? » Je la regardais quand même du coin de l'oeil, elle s'était déjà rhabillé et limite prête à partir.

Honnêtement ? La situation me dépassait largement. Je venais à peine de me réveiller et déjà, on me faisait chier avec des histoires à la con. J'aurai dû me méfier hier soir, lorsque la petite Alpha m'a posé tout un tas de questions et a voulu que je la rassure. Enfin bref, je ne suis pas fait pour les relations sérieuses, ce n'était pas nouveau et ce n'était un secret pour personne. Elle croyait quoi ? Que j'allais changer de comportement et de vie pour elle ? Certainement pas. En plus, mon petit faible à moi, c'est les blondes. Elle était déjà mal partie. Je regardais simultanément la nénette et Aengus, j'aurais dû me sentir mal à l'aise ? Et bien non, pas le moindre du monde. Au contraire, la présence d'Aengus tournait à mon avantage, elle allait me permettre de laisser partir la belle Alpha, sans qu'elle ne cherche à me recontacter. Je n'étais pas un connard, je ne lui avais pas promis la lune, c'était elle qui s'était fait tout un film toute seule. Je n'y peut absolument rien si elle était désespéré. Cela étant, avant même que je puisse réagir, je reçus mon pantalon en pleine figure. Un peu plus et je m'écorchais la peau avec la braguette. Quelle conne !

Le temps que j'enfile mon pantalon, la brunette était déjà partie en claquant la porte. C'est ça, bon vent. Je m'installai de nouveau sur le lit avant de regarder Aengus. En fait, d'une certaine manière, elle me sauvait la vie. « Ca fait au moins TROIS semaines que j’ai pas eut un câlin. Si ça continue… je vais faire une crise de manque et je serais aussi débile qu’elle… Tu veux pas que je finisse aussi débile hein ? Ou alors que je te casse les oreilles jusqu’à demain ? J’ai troooop enviiiie.» J'affichai un large sourire, elle m'avait presque manqué celle-là, c'était bon de voir une tête connue. Aengus s'allongea prêt de moi et commença à faire .. un caprice. Au moins, nous avions tous les deux un point commun, j'étais également du genre capricieux. Quand je veux quelque chose, je le veux tout de suite, maintenant. Je me tournai vers Aengus, elle venait de saisir un coussin et de le poser sur elle. Doucement, je commençais à émerger et à prendre conscience de l'environnement qui m'entourais. La petite Alpha venait de partir, elle semblait furieuse. Aengus était rentré dans ma chambre, par je ne sais quel miracle. « Oh non je ne veux pas que tu finisse comme elle. Le jour où tu seras comme elle n'est pas prêt d'arriver, du moins je l'espère. » Je saisi le cousin qu'elle avait posé contre elle et le balança un peu plus loin. Je m'approchais alors délicatement et vint me coller contre elle. Je dis délicatement hein, je n'étais pas tout frais et j'avais pas vraiment émergé, j'avais ce mal de tête qui ne me quittait pas. Je fermais les yeux, profitant d'un petit moment au calme. Parce qu'avec Aengus, ça n'allait pas durer bien longtemps. « Et tu viens d'où comme ça ? » Si cela ne tenait qu'à moi, je me serai bien rendormi. Je n'arrivais pas à me réveiller mais la présence d'Aengus ne s'annonçait pas de tout repos. Tant mieux, il faudrait peut-être que je me bouge un peu, au lieu de faire ma larve.

Aengus & Jorden

Adieu coussin, bonjour câlin ! Les bras encerclèrent son corps l’enfermant dans une agréable chaleur. Dans un grognement de satisfaction, elle vînt se lover un peu plus contre le torse du jeune homme. Se détendant petit à petit, elle ferma les yeux pour profiter de la douceur. L’affection était plus qu’un besoin. C’était une nécessité pour chaque être humain. Passant le bras libre autour de Jorden, elle ne prêta plus attention à grand-chose. La sécurité semblait n’être qu’un luxe depuis des mois. Cette petite bulle lui ferait le plus grand bien.

A sa question, Aengus ne réfléchi pas à la réponse. Habituellement, elle donnait un mensonge comme seule avancée pour ses proches. Impossible d’admettre la moindre petite faiblesse. Non, impossible. Pourtant, aujourd’hui les mots lui échappèrent dans un souffle presque endormie. Tant de fatigue pesait sur ses épaules.

« De l’hôpital. »

Le nez contre le torse de Jorden ne bougea plus. L’odeur humaine dans un tel contexte devenait tranquillisante, comme une drogue.

« Je suis pas en état de faire des nuits de folies, comme toi. Je me suis cassée au Spring. Fal… »

La voix avait diminué lentement mais surement pour une respiration lente, apaisée et profonde. Non, Jorden ne rêvait pas. La pile nucléaire qu’il avait entre les bras venait de s’assoupir. La blonde hystérique toujours montée sur ressort s’était endormie comme une marmotte. Au vu de son état de santé, le choc ne devait pas être immense. Il était rare pour elle de parvenir à dormir ainsi. Les cauchemars et la douleur la hantaient nuit et jour. Probablement qu’elle se réveillerait en sursaut dans peu de temps. En attendant, Jorden avait le choix, se rendormir à son tour, se lever ou la réveiller. Si elle dormait, elle le ferait pour deux bonnes heures. Le réveil n’aurait rien de glorieux. Les yeux s’ouvriraient en grands dans un hoquet de panique avant qu’elle ne se détende brusquement en réalisant ou elle se trouvait. Des cauchemars, toujours des cauchemars. Mais qu’importe, elle n’avait pas l’intention de s’arrêter à si peu mais de profiter de la présence de Jorden, nounours attitré !

Collé contre Aengus, elle ne mit pas longtemps avant de se blottir dans mes bras. Ceci ne m'étonnait plus, en quelques mois, j'étais devenu son petit nounours attitré. D'ailleurs elle m’appelait ainsi. Ce statut m'allait parfaitement puisque cette nana, je l'aimais vraiment bien. Elle était aussi simple que compliquée et derrière sa grande gueule, se cachait une fille extraordinaire. Son caractère si spécial me plaisait. En sa présence, j'en oubliais tous mes soucis, elle avait le don de faire ressortir le meilleur chez moi et ça n'avait pas de prix. Toujours le sourire aux lèvres, rien ne semblait l'atteindre et pourtant, je suis sure certain que derrière sa petite bouille, se cache une fille sensible, en manque d'affection. Sa présence ici en était la preuve, elle venait à peine d'arriver et déjà nous étions blottis l'un contre l'autre. Il n'y avait aucune ambiguïté, aucune attirance charnelle. Une amitié sincère et un besoin de l'autre, voilà tout.

Aengus avait passé son bras autour de moi, je serrais un peu plus l'étreinte. Non mais franchement, elle était là, tout contre moi, je n'avais qu'une seule envie : la protéger. Elle semblait si fragile, si vulnérable. N'importe quel homme aurait profité de la situation mais pas moi, parce que je n'en avais pas envie mais aussi parce que je respectais Aengus et que je tenais beaucoup à elle. Bien plus que je ne voulais bien l'admettre. « De l’hôpital. Je suis pas en état de faire des nuits de folies, comme toi. Je me suis cassée au Spring. Fal… » Sa voix devenait faible, elle semblait s'endormir. Je souris en l'entendant se relâcher ainsi. Les moments de calme avec elle étaient tellement rares, cela en était presque perturbant. Ne voulant pas la réveiller, je ne pris pas la peine de répondre. Sa peau était froide, je me collais un peu plus à elle. D'une main libre, je pris la couette que je mis à sa hauteur. J'essayais de faire le moins de bruit possible pour ne pas la réveiller. Lorsque je l'avais vu tout à l'heure, la première chose qui m'avais frappé, c'était ses yeux. Elle était cernée et semblait vraiment fatiguée, elle avait juste besoin d'un peu de repos. Le calme, il n'y avait plus un bruit, le silence commençait à devenir pesant. Je fermais les yeux, je ne mis pas longtemps avant de me laisser également bercer par la douceur du câlin. Aengus sursauta d'un bond, j'ouvris les yeux aussitôt, je fis un sursaut également. Elle semblait perdue, paniquée. Avait-elle fait un cauchemar ? Je ne l'avais jamais vu aussi faible qu'à cet instant. « Chut, rendors-toi. » Je déposai un doux baiser sur son front avant de lui faire quelques caresses sur son épaule. Elle avait besoin de tendresse, je l'avais bien remarqué. C'était mon rôle à présent, à moi de faire les choses bien. Aengus semblait si vulnérable, je n'avais pas l'habitude, elle qui était toujours si impulsive en temps normal. Je sentais son coeur battre, son rythme cardiaque ralentissait et le mien avec. Je venais de tomber dans les bras de Morphée comme une grosse merde.

J'ouvris les yeux quelques heures après. Je me sentais beaucoup mieux, ce mal de tête m'avait quitté mais par contre, Aengus était toujours à la même place. Elle n'avait pas bougée d'un centimètre. Je tournai la tête pour essayer d’apercevoir l'heure un peu plus loin, il était midi trente-deux. Je venais de dormir environ ... trois heure ! Heureusement que nous n'avions pas cours aujourd'hui parce que je n'aurais pas pu me permettre de rater les cours, surtout pas en ce moment. Que faire ? La réveiller ou la laisser dormir ? Peut-être avait-elle des choses à faire aujourd'hui. Oh le dilemme. Elle semblait si paisible, ce serait trop cruel de la réveiller. Sans faire de bruit, je me glissais hors de son étreinte et m'assis au bord du lit. Aengus se retourna mais ne se réveilla pas pour autant. Je passais ma main dans mes cheveux, quoi que j'allais faire ça allait faire du bruit. En plus, lorsqu'il faut que je sois discret, c'est dans ces moments-là que je suis le plus maladroit. Je tournais la tête vers Aengus, elle commençait à bouger dans tous les sens, à s'agiter. Peut-être faisait-elle un cauchemar. Je m'approchais doucement d'elle et lui chatouilla le bout du nez. « Hé princesse, tu te réveilles ? » J'attendis qu'elle ouvre les yeux.

Aengus se sentait bien. Malgré le cauchemar, elle ne tarda pas à se rendormir. La raison de cette tranquillité demeurait simple. Jorden avait un caractère idéal pour apaiser la blondinette. Pas facile de l’impressionner, pas simple de lui marcher sur les pieds ou de le soumettre. Contrairement à Maël qui avait flippé devant le professeur O'Maley, cherchant à lui lécher les bottes, Jorden n'irait pas donner des détails de la vie de son amie à un parfait inconnu. Il n’irait donc pas raconter à tout va qu’elle était fatiguée, qu’elle faisait des mauvais rêve ou toutes informations pouvant entacher sa réputation. Elle espérait ne pas se tromper, encore une fois.

Plissant le nez, Aengus commençait à se réveiller. S’étirant doucement, très doucement pour ne pas entrainer de douleur dans son bas ventre, elle ouvrit les yeux. Cette sensation d’être reposée ne lui semblait plus familière. L’ensemble sonnait presque étrange.

« C’est l’heure du petit déjeuné ? »

Morfale… A peine réveillée et elle pensait déjà à manger ! Le premier repas de la journée était le meilleur. Sucré à souhait. Possible de manger une tonne de sucre sans avoir l’air de grignoter ou culpabiliser. D’ailleurs, le petit déjeuné était le seul repas de sa journée. Le reste avait tendance à ne pas passer. Puis sans prêter attention à son environnement, elle tourna sur le coté dans un grognement. Dur de se lever tout de même, surtout lorsque l’on était bien au chaud sous la couette. Néanmoins, tout avait une fin, comme le lit. Une fin qu’Aengus négligea. Aussitôt, elle bascula contre le sol dans un petit hoquet de surprise. Après un moment de silence, une voix pâteuse s’exclama.

« Wouah…même le sol est confortable ici… »

Un comble ! Finalement, la tête ressortie du nulle part pour laisser ses orbes claires se poser sur Jorden dans un sourire malicieux. Un éclat de rire plus tard, elle plaisantait.

« Ca y est Jorden. C’est officiel. On a couché ensemble ! »

Très drôle Aengus…réellement très drôle. T’en as d’autre des aussi stupides ? Appuyant son coude sur le rebord du lit, elle prit un air nonchalant, imitant un play boy un peu trop sûr de lui.

« Alors ? Heureux ? »

Sa bêtise la fit tellement rire que son rôle s’évapora rapidement. Son fou rire la reprit aussitôt entremêlé d’une grande reconnaissance envers Jorden. Après tout, c’était grâce à lui si elle avait pu profiter d’une bonne sieste. La tranquillité était fragile et précieuse. Mais son petit numéro humoristique tentait surtout de noyer un certain malaise. Il était bien le premier à qui elle parlait de son hospitalisation, qui assistait à ses cauchemars et qui avait pu entrevoir autre chose que la fille un peu trop hystérique. Cette mise à nue devenait difficile à gérer. Qu’allait il faire ? Dire ? Etait il déçu ? Peu importe, ce qui était fait était fait.

Comme c'était bon d'avoir pu se reposer encore un peu, mon mal de tête avait disparu et ma gueule de bois s'était envolée par la même occasion. Je me sentais mieux, reposé et plutôt en forme. Le plus étonnant dans tout ça, c'est que la petite sieste s'était faite avec Aengus, chose que je n'aurai jamais pu imaginer. La jeune fille était tellement speed que de la voir aussi calme était perturbant. Elle avait dormi quelques heures, elle semblait si paisible, si reposée. Incroyable, vraiment. Je suppose qu'Aengus ne se laisse pas aller ainsi avec n'importe qui ou alors, il faudrait qu'elle soit vraiment fatiguée. C'était surprenant mais ce n'est pas pour autant que j'allais en faire des tonnes, peut-être une réflexion un peu plus tard pour la taquiner mais cela s'arrêtera là. Je venais de la réveiller calmement pour ne pas la brusquer. Aengus commençait à gigoter dans tous les sens, sans doute faisait-elle un mauvais rêve. Dans le doute, j'avais décidé de la réveiller. Et si elle se mettait à hurler dans la chambre, non non, je tenais un minimum à ma tranquillité.

Aengus ouvrit un oeil, puis l'autre et s’étira de tout son corps. Les cernes en dessous de ses yeux s'étaient atténués, une bonne chose. Elle semblait bien dans son lit, elle s'enroula dans les couettes et par je ne sais quel prodige, se retrouva par terre. Je ne réagis même pas, j'aurai pu essayer de la rattraper mais au petit matin ainsi, mes réflexes étaient encore endormis. Après tout, le lit n'était pas bien haut donc au pire, elle aura mal à la tête, rien de bien grave du moins. « Eh ça va ? » Plus un bruit, mince, elle s'était peut-être fait plus mal que prévu. Je m'approchais légèrement pour essayer de repérer son corps sur le sol. Aengus leva la tête. « Wouah…même le sol est confortable ici… » Qu'elle est bête quand même, j'avais un petit sourire sur mon visage, je ne pouvais m'en empêcher, je préférais la voir ainsi que comme tout à l'heure. C'était bon de la voir ainsi. Je rigolais, elle avait toujours le mot pour faire sourire, pour rendre absolument tout dérisoire. Enfin je retrouvais ma petite Aengus. Cette dernière prit un air sérieux. « Ca y est Jorden. C’est officiel. On a couché ensemble ! Alors ? Heureux ? » Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire, ça lui allait tellement bien ce rôle de bad-boy. Un court instant, je cru me reconnaître en ce qu'elle disait. C'était tout à fait le genre de réflexion que je pourrais faire dans un vrai cas, un peu plus sérieux. Décidément, elle n'avait pas changé et son comportement me rassurait. J'eu peur que son petit séjour à l'hôpital ne la rende plus calme. Pas possible, Aengus sage, ce n'est plus Aengus. « Très heureux. » lui répondis-je, l'air satisfait. A mon tour de me lever, je pris soin de ne pas tomber comme elle. Une fois debout, je m'étirais de tout mon corps, j'étais assez engourdi. En temps normal, je n'aimais pas dormir et faire ma larve comme je venais de faire mais bon là, c'était l'exception qui confirmait la règle. Je me retournais alors vers Aengus. « Bon tu m'excuses, après avoir tiré mon coup, j'aime bien prendre une petite douche. Mais je t'en prie, fais comme chez toi et si tu es sage, j'irai te chercher un petit déjeuner. » Je rigolais légèrement, au moins Aengus ne prenait rien au sérieux, elle ne se prenait pas la tête et ne me prenait pas la mienne au passage. Bref, mon hygiène corporelle, c'était quelque chose que je ne négligeais pas. Je lui fis un clin d'oeil avant de me rendre dans la salle de bain. Je n'étais pas motivé, j'avais du mal à me bouger !

Heureusement, sa plaisanterie lui plaisant. Un instant, la crainte qu'il le prenne de travers ou comme une insulte lui avait traversé l'esprit. Le soulagement la saisit. Un rire accompagna celui de Jorden aussitôt. Difficile de ne pas se sentir bien.

Faire comme chez elle ? L’erreur ! La chose à ne pas dire ! Il pouvait être sûr qu’en revenant, elle aurait retournée toute la chambre pour fouiner. D’ailleurs, elle ne prêta pas attention au départ de Jorden vers la salle de bain. Déjà, elle se demandait par ou commencer sa quête d’occupation. Aller ! Durant son sommeil, son petit corps avait reposé sur le lit. Depuis son agression, une impression de salissure la saisissait. Il convenait de nettoyer. Elle commença par défaire le lit pour mettre les draps au sales, le laisser s’aérer en ouvrant la fenêtre puis, en changeant de draps. Lorsque Monsieur reviendrait dans la chambre, il trouverait une Aengus coincée sous les draps pour tenter de lui faire peur. Les bras levés pour battre l’air comme un oiseau, le ridicule ne la tuait pas. Heureusement !

« BOUHOUUUUUU ! »

Elle s’était donnée du mal. Mais elle réalisa à retardement… Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Un fantôme sans son boulet ? Aucune crédibilité. C’était pour cette raison que Jorden n’avait pas eut peur. Evidemment, sa piètre prestation n’y était absolument pour rien du tout. Toujours la faute des autres vous ne saviez pas ? D’ailleurs, sous son drap, sa vision se retrouvait encombrée. Pensant avancer vers Jorden pour un calin, elle atterri droit dans le mur.

« Aie, merde… Je pensais pouvoir passer à travers ! »

Bah voyons ! Dans un rire, son sérieux s’envola. Elle retira donc son drap pour lui faire face. Ses cheveux s’étaient ébouriffés pour tomber devant ses yeux. A grand coup de souffle, les mèches virevoltèrent sans parvenir à se remettre en place.

« T’y as cru ? » Demanda t elle avec espoir « J’avais pas la brune de tout à l’heure pour faire mon boulet mais ca pouvait y ressembler hein ?! Dans mon pays, je faisais visiter des châteaux hantés et tout ! Du coup, j’ai côtoyé des fantômes. Ils m’ont montré comment on fait ! J’ai eu mon permit de fantôme ! J’y ressemble non ? » Le regard plein d’espoir se posa sur Jorden. « Sexy fantôme !» Ajouta t elle en se dandinant sensuellement. Malheureusement son effet fut raté. Le drap trop ample jouait les burka… Impossible de profiter de ses formes.

A grands renforts d’efforts, elle parvient à ne pas exploser de rire. Permit de fantôme… Sincèrement ? Comment faire plus pitoyable ? La question demeurait en suspens. Levant le drap dans les airs pour le jeter sur leur tête. La légèreté revenait battre son plein auprès d’elle. C’était agréable.