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« Like father, like son. »

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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyVen 26 Avr - 17:09


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J’ai touché la corde sensible en parlant de ses cheveux blonds. Je le comprends à la seconde même où son sourire s’efface. Il me donne davantage raison en glissant sa main dans sa tignasse dorée, de façon instinctive. Il ne semble plus savoir quoi dire, jusqu’à ce qu’il reprenne son courage à deux mains. Ainsi, il fait un pas vers moi et nous nous retrouvons presque front contre front. Je ne baisse pas les yeux une seule seconde, trop occupé à soutenir son regard. J’ai souhaité le provoquer à mon tour, et visiblement, je viens de réussir. Lorsqu’il me répond que si j’avais souhaité une réponse, j’aurais dû être là-bas, me confortant dans l’idée qu’il s’agit bel et bien du jeune homme dont m’a parlé Noah. Je n’ai désormais plus aucun doute là-dessus. Et si les étudiants ne comprennent pas réellement le sous-entendu, entre lui et moi, tout est assez explicite. Je continue de le regarder dans les yeux, avec une neutralité à faire pâlir le plus insensible des britannique, j’ai nommé Joe Shark.

Finalement il recule de lui-même, et l’expression sur son visage change d’un coup, passant d’une certaine haine à un large sourire. Il décide de faire rire de nouveau l’assemblée. C’est à ce moment-là que je lui distribue des heures de colle, sans lui donner un chiffre exacte. Je verrais en fonction de mes envies. Dans la mesure où j’ai une tonne de copies à corriger dans la soirée, autant que je le fasse dans une salle de retenue, plutôt que dans ma chambre. De cette façon, je pourrais garder Kenzo très longtemps avec moi, juste pour l’énerver. Très vite, il tente de négocier, prétextant qu’en début de soirée, un ami à lui fait une fête. J’arque mon sourcil droit, sceptique et exaspéré. Est-il aussi naïf pour croire que j’accepterais ? Dans le fond, s’il est mon fils, il tient sans aucun doute ce trait de Noah. Je ne prends même pas la peine de répondre et sors de l’amphithéâtre.

La journée se passe, pour ma part, aussi lentement. Curieux, j’aimerais avoir des réponses à mes questions. Questions auxquelles Noah, lui, n’a pas su répondre. Et si je suis conscient que si Kenzo a tenté de se faire coller, c’est uniquement pour pouvoir passer du temps avec moi afin que nous fassions plus ample connaissance, de mon côté, je me laisse seulement mener par la curiosité. Je reste particulièrement sceptique quant à l’idée qu’il puisse être mon fils. Ce soir, il devra faire ses preuves pour tenter de me convaincre. Et même s’il y arrivait, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que cela changerait. Je n’ai jamais été père, et ce n’est certainement pas maintenant que ça allait commencer. Une fois qu’il aura passé un peu de temps avec moi, qu’espérera-t-il ? Que nous formions une famille ? Cela risquait d’être compliqué dans la mesure où je n’en avais ni le temps, ni l’envie.

J’arrive sur les lieux un peu avant 19h, avec deux sacs plastiques blancs dans les mains. C’est avec surprise que je reconnais Kenzo, au loin, déjà devant la salle. Visiblement, il n’attend qu’une chose, que la retenue à durée indéterminée commence. En chemin, je croise Logan. Nous nous observons avec une certaine froideur. Il rejoint Cheyenne et je ne peux m’empêcher de tourner la tête pour la contempler, sous les yeux de son homme. Lui, je le snobe complètement alors que je le sens serrer les dents et se contrôler pour ne pas se jeter sur moi. C’est donc intouchable que je reprends ma route.

- J’ai failli attendre… j’espère que vous avez prévu de quoi nous occuper, j’m’ennuie très vite si j’ai rien à faire !
- Techniquement, il n’est pas dix-neuf heures. Donc gardez vos commentaires pour vous.


Je reste sobre et hausse les sourcils avant de sortir un trousseau de clefs que m’a donné le secrétariat. De cette façon, j’ouvre la porte de la salle de retenue dans laquelle se trouve déjà mes affaires, c'est-à-dire mon sac, ainsi que mes copies, bien que je sois conscient qu’en vue de la discussion que nous devons avoir, je ne risque pas beaucoup d’avancer dans ce travail. Je laisse ma carte bleue tomber sur la table alors que je retire ma veste de costume.

- Alors, j’ai vu que vous aviez remarqué qu’on avait un petit point en commun, m’sieur ‘Clives’…

Je tourne la tête vers lui en plissant des yeux. Finalement je lui jette l’un des sacs plastiques blancs, afin qu’il les rattrape en vol. A l’intérieur, de la nourriture chinoise. Je ne sais pas s’il aime, ou bien s’il en a seulement déjà manger, et je m’en fiche un peu. Pour ma part, je n’ai pas eu le temps de déjeuner ce midi et je dois avouer commencer sérieusement à avoir faim. De cette façon, il pourra trouver aussi bien des nems, du riz cantonais, des nouilles sautées, du poulet au curry ainsi que quelques autres spécialités de ce pays d’Asie.

- En parlant de ça, je voudrais simplement que vous répondiez à une question : comment pouvez-vous vous appeler Kenzo Clives-Barkha, en sachant que je ne connais ni votre existence et donc que je n’ai pas pu vous reconnaître à la naissance ?

Le jeu était lancé. A toi de jouer, gamin.
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyVen 26 Avr - 21:53

« Like father, like son. » - Page 2 367464176

Je regarde la porte de la salle de retenue avec une attention toute particulière, ce doit être l'une des premières fois qu'un étudiant est si pressé d'être collé, tout en ayant tout fait afin de l'être à coup sûr. Mon irrévérence et ma manie de poser des tas de questions entre deux bavardages intempestifs avait le don d'agacer mes professeurs, cependant tout était différent dans le cas de celui-ci. Il me demanderait de nettoyer tous les tableaux blancs de la fac que je le ferai si cela me garantissait de passer du temps avec lui. J'ai senti ses résistances exprimées à travers une glaciale indifférence, mais mon optimisme combattif se moque allègrement de ses réactions. J'ai l'intime conviction que William a envie de me connaître... et je risque une forte déconvenue si jamais ce n'est pas le cas. Je suis en train d'agir d'une façon que je m'étais promis de ne pas faire, à savoir vivre sur l'espoir de retrouver un père qui voudra vraiment prendre soin de moi comme son fils. C'est un rêve inespéré depuis toujours car, même si mon père adoptif avait été d'une extrême gentillesse avec moi, j'ai toujours su que je voulais la même chose d'un seul autre homme en ce bas monde. Et celui qui l'avait bien compris, c'était Logan, dans cette caserne du Pakistan. Il ne lui avait fallu que quelques jours pour amadouer l'enfant sauvage et indiscipliné que j'étais, cet enfant traumatisé recueilli dans des ruines encore fumantes. Je dresse des plans sur la comète depuis que j'ai croisé ce regard bleu acier. Il ne reste plus qu'à espérer que Noah ait tort et que son frère ne puisse rien faire de désobligeant. Sa remarque m'arrache un sourire amusé. "Vous êtes toujours aussi pinailleur ou c'est juste parce que je vous agace ?" Leçon numéro un : je ne garde jamais mes remarques pour moi. Aussi saugrenue puisse-t-elle être, je me sens obligé de poser une question dès qu'elle me vient à l'esprit, qu'elle soit pertinente ou, au contraire, particulièrement déplacée, et je ne me rends même pas compte de l'embarras dans lequel je peux mettre mes interlocuteurs dans des moments pareils. Ce n'est même pas une question de défier l'autorité du professeurs, il s'agit seulement d'un trait de personnalité que j'ai avec tout le monde : la franchise exacerbée. Finalement, je hausse les épaules et le suit à l'intérieur de la salle. Un peu glauque, ça manque de filles et de musique pour que la soirée batte son plein, mais on fera avec. Je le contourne et pars m'asseoir sur une table devant son bureau. "C'est bien la première fois que j'me mets au premier rang... Tiens, c'est quoi qui sent comme ça ?" Non, pour tout dire, je n'ai même pas prêté attention au regard qu'il m'a jeté. J'attrape le sac et à l'intérieur, je vois... l'enfer. J'ai horreur de la cuisine chinoise. Mon nez se fronce légèrement, tout comme mes sourcils. "Ça sent les algues, votre truc... C'est meilleur quand c'est Noah qui prépare à manger." Je suis déjà habitué aux incroyables talents culinaires de mon oncle qui ne manque jamais une occasion de me faire découvrir les saveurs occidentales. Pour ma part, j'ai évidemment un gros faible pour la cuisine indienne, très relevée, épicée, mais surtout parfumée avec élégance. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne touche pour l'instant qu'au bout de viande cuisiné avec du curry. Ça, au moins, ça me parle. Je m'assieds sur la table avec nonchalance en prenant la petite boîte en carton. "J'ai jamais pigé comment on pouvait s'amuser à manger avec des baguettes... Autant y aller direct avec les doigts, non ?" Par conséquent, je n'attends pas pour attraper deux bouts de poulet avec les doigts puis je le mange avec appétit. Mes vieilles habitudes de gamin des rues. J'écoute alors cette première question qui me fait rire légèrement avant que je ne secoue la tête. "En fait, j'ai un peu anticipé avec le nom de famille... Techniquement, j'ai pas encore Clives dans mon nom de famille. Mais ça devrait se faire sous peu !" Je regarde les autres boites avec curiosité, délaissant soigneusement les nems dont je n'ai jamais compris la composition. C'est suspicieux, comme aliment, ce machin-là. Mon regard couleur noisette se pose sur la silhouette de William et je me sens obligé de continuer à parler. "Je vous ai retrouvé grâce à votre matricule. Ma mère m'a dit qu'elle ne se souvenait que du nom sur votre veste, Clives. Partant de là, j'ai fait des recherches dans les archives de l'ambassade britannique à Mumbai pour essayer de retrouver des traces officielles. Avec l'aide d'un de mes profs, j'ai pu accéder à quelques rares informations sur vous, sur votre passé dans l'armée, mais rien de très concret. Du coup, comme je n'arrivais pas à mettre la main sur vous dans les archives confidentielles, j'ai essayé d'élargir mes recherches à la famille Clives." Un vrai travail d'historien. Pas étonnant que je sois passionné par ce domaine : venant d'un enfant victime de guerre qui tente de se reconstruire une vie et retrouver les pans manquants de son passé, c'est une vocation. "C'est comme ça que j'ai retrouvé la trace de Noah, et j'ai aussi appris que vos parents sont Patrick et Catherine Clives. J'ai pris le premier avion pour San Francisco et me voilà !" Cela paraissait tout simple car je passais sous silence bien d'autres faits moins joyeux. Je termine le poulet au curry et je commence à lorgner les nouilles sautées avec scepticisme. Finalement, je regarde William, un peu gêné, puis je me mets à sourire pour dissiper mon anxiété. "Ce Clives dans mon nom de famille, c'est juste pour attirer votre attention, ça a même marché ! Mais, vous savez, j'veux pas d'argent ou quoique ce soit... J'suis pas là pour mener la vie dure à un homme, me venger ou un truc du genre..." Je me sens plus timide, tout à coup. Me venger de mon père ? Le faire souffrir ? Cela ne me mènerait nulle part, et ce n'est pas dans mon caractère. J'ose tout compte fait le fixer droit dans les yeux. "J'veux juste retrouver mon vrai père. Pour commencer. Et je sais que c'est vous."
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyMer 1 Mai - 10:57


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- Vous êtes toujours aussi pinailleur ou c'est juste parce que je vous agace ?
- Désolé de vous décevoir, mais il parait que c’est naturel.


Il aurait été trop fier de voir qu’il pouvait avoir un quelconque effet sur moi, y compris m’énerver au plus haut point. Mais chercher la petite bête, ou bien m’attarder sur des détails insignifiants faisait parti de ma personnalité, ce qui avait tendance à exaspérer pas mal de personnes, là où d’autres pouvaient y trouver une forme d’intelligence. Par là, je peux également noter un fort trait de caractère chez Kenzo : sa franchise. Enfin… sa « franchise ». En effet, il dit tout ce qui lui passe par la tête. Cependant, il y a une barrière particulièrement floue entre le fait d’être franc, et celui de manquer de tact. Je dirais même qu’ils sont souvent liés. C’est pourquoi la société actuelle est bourrée d’hypocrites. Ce ne sont pas tous des langues de vipères, mais seulement des personnes qui ne veulent pas blesser autrui.

Je l’observe s’installer sur la table collée en face de mon bureau. Et sans plus attendre, je lui lance un sac plastique qu’il attrape sans trop de difficulté. En voyant ses sourcils se froncer et son nez se plisser, je comprends que la nourriture chinoise n’est pas de sa gastronomie préférée. Tant pis pour lui, il ne sait pas ce qu’il rate. Pour ma part, je pourrais en manger tous les jours, tellement j’aime ça. Seule la nourriture japonaise ne fait pas partie de mes préférées. Rien à faire, je déteste les sushis.

- C'est meilleur quand c'est Noah qui prépare à manger.
- Je n’en doute pas. Vous voulez que je l’appelle pour qu’il vous prépare un petit dîner ?


L’expression sur mon visage reste froide, signe qu’il ne faut pas prendre ma question au sérieux. Au contraire, Kenzo pouvait y déceler un certain reproche dans la mesure où je lui avais ramené de la nourriture sans y être obligé, et qu’au lieu de me remercier, il critiquait. S’il commençait ainsi, nous risquions de ne pas bien nous entendre. Les anglais sont polis et respectueux, donc j’ai toujours été très à cheval là-dessus. Après, s’il plaisait à Noah de subvenir aux besoins de ce jeune homme dont il ne connaissait certainement rien, libre à lui, mais pour ma part, je n’allais pas être à son service. Mais revenons-en à l’instant présent, lorsque Kenzo décide de manger son plat avec les doigts. Là, on aurait pu croire que mon visage allait se décomposer. Non pas que je sois issu d’une famille riche aux règles de table exigeantes. Mes parents nous ont seulement toujours habitués, Noah et moi, ainsi que nos sœurs, à bien nous tenir à l’endroit où nous passions un moment tous ensemble, c’est-à-dire pendant le dîner. Hors de question, donc, de manger avec les doigts. Un de mes sourcils s’arque, alors que je manie à la perfection les baguettes.

- Vous mangez comme ça à la cafétéria de l’université ? Parce que je ne sais pas si ça plaît à beaucoup de filles.

Finalement je décide de m’attarder sur un autre sujet : notre pseudo lien de parenté. Très vite, je lui pose une question concernant son nom de famille. Il m’explique alors que « Clives » n’est pas encore officiel. Je lève les yeux au plafond, avec un air quelque peu exaspéré. S’il souhaite attendre que je le considère comme mon enfant pour refaire son identité, il risque d’attendre très longtemps. Et là, il me parle de sa mère. La mère en question – en admettant qu’il dise vrai – reste mon premier amour. Effectivement, cette histoire remontait à une vingtaine d’années et correspondrait à l’âge de Kenzo. Autre détail troublant, « Clives » était effectivement inscrit sur ma veste. Cependant, je trouvais étrange qu’elle ne se rappelle de mon prénom. Peut-être avait-elle préféré donner uniquement mon nom de famille à son fils, afin d’éviter qu’il ne se lance à ma recherche ? Avec le prénom, il aurait certainement retrouvé ma trace plus vite que prévu, car des Clives, il en existe un certain nombre. Finalement, il enchaine avec son « enquête », pour terminer par :

- C'est comme ça que j'ai retrouvé la trace de Noah, et j'ai aussi appris que vos parents sont Patrick et Catherine Clives. J'ai pris le premier avion pour San Francisco et me voilà !

Je reste un instant silencieux. Il m’est étrange d’entendre quelqu’un prononcer l’identité de mes parents. Parents que je n’ai pas revus depuis mes dix-huit ans. Mon cœur loupe un battement, tandis que mon visage reste toujours aussi sévère. Instinctivement, je laisse ma boite contenant le poulet au curry, à Kenzo. Il a l’air d’aimer ça après tout. N’allez pas voir un quelconque signe d’affection par ce geste. Enfant, je donnais toujours ma part à Noah lorsqu’il aimait quelque chose, même si moi-même, j’adorais. Mon côté protecteur sans doute, et puis j’aimais voir un sourire naître sur son visage.

- A peu de choses près, ils n’auraient pas pu vous aider puisqu’eux-mêmes n’avaient pas de nouvelles de moi.

Je le laisse terminer. Et lorsqu’il me confit qu’il sait que je suis son père, j’arque un sourcil. Certes, plus le temps passe et plus le doute s’installe en moi. Je ressens de plus en plus de difficultés à nier l’hypothèse d’un fils caché dans la mesure où Kenzo est capable de donner des détails que seuls sa mère et moi connaissons. Finalement je secoue la tête de gauche à droite, alors que je tente de remettre mes idées en place.

- Vous voulez que je vous crois, alors dites-moi : quel est le prénom de votre mère ? Vous a-t-elle raconté où l’on s’est rencontrés, exactement ? Est-ce que je peux tout simplement la joindre d’une manière ou d’une autre ?
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptySam 4 Mai - 16:20

« Like father, like son. » - Page 2 367464176

J'en viens finalement à hausser les épaules lorsqu'il avoue être naturellement insupportable. Chacun ses défauts, je me souviens qu'il y a environ quatre jours, Noah m'avait regardé de travers lorsque j'avais conseillé à une caissière d'aller voir s'ils pouvaient faire quelque chose pour elle au rayon antidépresseur vu son manque flagrant de gentillesse. Les gens voient ça comme de la méchanceté gratuite, mais ils se trompent car, la plupart du temps, je ne fais que dire ce qui me passe par la tête sans prendre la peine de réfléchir. Après, ça passe ou ça casse, tant pis. Cependant, lorsque William se propose d'appeler Noah pour me préparer un vrai dîner, je regarde le poulet au curry avec un sourire amusé. "Oh non, ne vous dérangez pas... S'il fait à manger, il y en aura largement assez pour vous aussi. J'l'appelle ou bien c'est vous qui..." Au moment où je relève la tête, je croise un regard bleu acier qui n'a absolument rien de rassurant. J'écarquille les yeux en hochant la tête. "Ah, vous plaisantiez, c'est ça ? Désolé, j'ai encore un peu de mal avec l'humour anglais !" Et, comme si de rien n'était, je continue à piocher dans la boîte en carton pour récupérer les petits morceaux de viande avec appétit. Je secoue la tête en léchant mon index et en fronçant les sourcils. "Non, j'ai juste l'habitude de..." Je m'interromps soudain puis je baisse les yeux. J'ai l'habitude de manger avec les doigts car ma mère n'a jamais eu les moyens d'acheter quelques couverts à la maison, ou parce que dans le bidonville de Dharavi, personne ne prenait la peine d'avoir des bonnes manières tant qu'on pouvait au moins trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Alors, pour faire bonne figure, je reprends une posture un peu plus fière et j'affiche un air plus assuré. "À la cafétéria, ce sont les filles qui me nourrissent. Et puis j'arrive pas à manger avec les baguettes, j'trouve ça idiot. D'ailleurs, en Inde, c'est une coutume." Autant servir quelques vérités générales autour d'un mensonge, ça évitera qu'on s'attarde sur mon manque d'éducation à table. Par ailleurs, je mange très proprement avec de vrais couverts, signe de mon apprentissage au contact de ma riche famille adoptive. Je n'avais pas tellement envie de poursuivre sur ce sujet, alors je mangeais le poulet sans me faire prier, il m'avait même laissé sa boîte. J'en émis un grand sourire ravi et le remerciai en lui laissant tout le reste de mon sac. Cela partait d'une bonne intention mais la seule fois où mes parents adoptifs avaient essayé de m'initier à la cuisine chinoise, j'avais passé toute la nuit la tête dans la cuvette des toilettes, et la journée suivante tordu en deux dans mon lit. Un vrai calvaire. Je prends une mine assez compatissante de savoir qu'il n'était pas en contact avec ses parents, Noah m'en avait touché un mot et j'avais compris le reste par moi-même. En intégrant l'armée, William avait été contraint de couper les ponts avec sa famille, chose sans doute aussi difficile pour eux que pour lui. J'arrivais presque à voir une lueur de mélancolie dans les reflets clairs de son regard pourtant très dur. Derrière ses grands airs de britannique détaché, il y a un cœur qui bat, c'est sûr. Un cœur de pierre, oui, mais quand même. Il commence à douter et me questionner directement sur certains faits qui pourraient n'être connus que d'un probable fils de la femme qu'il a côtoyé jadis. Je me redresse et je regarde William droit dans les yeux pour lui faire comprendre que je ne mentais pas. D'ailleurs, il lui a fallu peu de temps pour comprendre que je n'étais vraiment pas un bon menteur. "Ma mère s'appelait Salma. Assez petite, des yeux noisette comme les miens et des cheveux bruns bouclés quand elle ne portait pas son voile. Et elle avait cette étrange manie de froncer du nez quand elle riait..." ajoutai-je avec un sourire assez rêveur. J'en parle très rarement de ma mère, je n'en avais d'ailleurs pas parlé à Noah. Je la considérais comme un souvenir que je devais protéger jalousement. Néanmoins, je devais me rendre à l'évidence que, hormis certains détails, je n'avais que peu de preuves à l'esprit pouvant permettre à William de me croire. Alors, je commence à tortiller mes doigts dans une serviette en papier. "Par contre, je crois que vous vous êtes rencontrés lors d'une perquisition dans le village, mais je ne suis pas sûr. En fait, elle ne voulait jamais me parler de mon père, elle avait peur que j'en parle autour de moi alors que, dans le village, on la regardait déjà de travers parce qu'elle élevait l'enfant d'un étranger." Je n'avais pas été élevé dans une ambiance très agréable, on nous avait toujours vu comme des exclus de cette micro-société. Voilà pourquoi, sans renier mes origines, je voulais me construire une toute autre vie en Amérique. "Par contre, vous n'allez pas pouvoir la joindre, elle est morte quand j'avais huit ans. Les talibans ont débarqué au village, ils ont commencé à tirer sur les gens et brûler des maisons. Je... Elle..." Je commence à regarder ailleurs, brusquement très mal à l'aise. Rien que d'en parler, j'ai de la sueur qui vient perler sur mon front, je me masse la nuque et je frissonne. Jamais je n'oublierai l'horreur à laquelle j'avais assisté. Je pris une grande inspiration et j'accrochai un sourire artificiel à mon visage afin de dissiper mon mal-être. "Vous n'avez qu'à demander à votre collègue, Logan Salaun. Il m'a recueilli juste après l'attaque et j'ai passé un an dans la caserne militaire qui se trouvait à une dizaine de kilomètres. Il vous racontera, lui." Car pour ma part, je ne voulais pas en parler. Pas maintenant. Je prends une grande inspiration puis je délaisse un instant le poulet, ma faim s'étant atténuée en parlant de ça. "Qu'est-ce que vous savez d'elle, vous ? Vous avez vécu combien de temps ensemble ?" J'étais curieux à l'idée d'en apprendre plus sur eux deux et, par conséquent, sur l'homme derrière le costume. "Vous savez, y a un moyen pour qu'on soit fixés sur notre parenté, c'est un test sanguin." Je suis certain qu'il y a pensé, et le fait que ce soit moi qui lance cette possibilité en premier lui prouvera peut-être que je ne suis pas un fabulateur. C'est lui, mon père, j'en suis sûr. Je suis un Clives grâce à lui.
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyJeu 9 Mai - 21:33


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Je comprends assez rapidement qu’il ne saisit pas les sarcasmes. Signe qu’il n’est ni habitué à ce monde occidentale ainsi qu’à cette langue qui n’est pas la sienne. Il renforce l’image du jeune pakistanais qui sort à peine du continent asiatique et qui fait ses premiers pas dans notre monde, réellement différent, avouons-le. Cependant, si mon visage reste figé et désespérément neutre, dans le fond, je suis amusé de son comportement. J’y trouve même quelque chose d’attachant, mais très vite, je rejette cette hypothèse. Je suis incapable de ressentir beaucoup de sentiments de ce genre. Ou bien de sentiments, tout court. Et si je l’observe en haussant un sourcil, à peine moqueur et exaspéré, je ne trouve rien à répondre et le laisse replonger ses doigts dans sa nourriture.

- Ma mère s'appelait Salma. Assez petite, des yeux noisette comme les miens et des cheveux bruns bouclés quand elle ne portait pas son voile. Et elle avait cette étrange manie de froncer du nez quand elle riait...

Là, mon cœur loupe un battement. En entendant le prénom, je tombe de haut. Salma, oui, c’était ainsi qu’elle s’appelait. Je n’ai pas le temps de réagir verbalement qu’il me donne sa description. Encore une fois, c’est exact. Je me revois, la vingtaine, à caresser ses cheveux après que nous ayons fait l’amour. Je me souvenais parfaitement de ce regard noisette qui, au soleil, dévoilait quelques nuances dorées. Ses yeux faisaient partie intégrante de son charme. Les cils longs, noirs, lui donnaient un regard de biche. Et la couleur de ses iris avait beau être marron, elle n’en restait pas moins originale. Kenzo avait les mêmes. J’aimais la contempler. Puis, quand il vint à me parler de ce nez qui se fronçait lorsqu’elle riait, j’esquissais – sans m’en rendre compte – un sourire nostalgique.

- Et elle riait souvent, m’étonnais-je de répliquer.

Je me souvenais parfaitement de notre rencontre. Je l’avais bousculé involontairement dans une ruelle du village, et avais fait tomber son panier de fruits. Nous nous étions abaissés au même moment pour tout ramasser et nos fronts s’étaient entrechoqués. Une maladresse à l’état pur. Finalement j’avais échangé un regard avec elle, bien conscient qu’il ne servait à rien de tenter de parler puisque nous n’avions pas la même langue. Alors que mes frères d’armes m’appelaient au loin, je m’étais éloigné en continuant de la contempler. Et si elle n’avait pas osé m’adresser un sourire, ses yeux avaient parlé. Il fallait que je le voie à nouveau. Le soir même, j’étais retourné à l’endroit exacte où je l’avais vu et, à ma grande surprise, elle m’y attendait. Nous avions passé la nuit ensemble, puis celles qui suivirent.

- Par contre, vous n'allez pas pouvoir la joindre, elle est morte quand j'avais huit ans. Les talibans ont débarqué au village, ils ont commencé à tirer sur les gens et brûler des maisons. Je... Elle...

Je reste sans voix devant ce qu’il me raconte. Mes yeux s’écarquillent sous la surprise. Je… Aussi étonnant que cela puisse paraître, même si je n’ai pas eu de nouvelles d’elle depuis vingt ans, mon estomac se tord et mon cœur se compresse sous la tristesse. Comme Kenzo, je délaisse la nourriture. Ma faim vient d’être coupée. Il me parle finalement de Logan Salaun, et je comprends qu’il n’arrivera pas à m’en dire plus sur cet évènement tragique. Mais une chose est certaine désormais, il est bel et bien le fils que je ne connais pas. Jamais il n’aurait pu inventer cette histoire de toutes pièces, sans aucune faute. Et si j’avais du mal à l’admettre, je devais me faire à l’idée qu’elle avait eu un enfant de moi.

- Notre histoire a été courte. Deux ou trois mois seulement. Entre nous, ça a été dés le départ une attirance physique. Et peu à peu, des sentiments sont nés.

Je fronce les sourcils, sans prendre la peine de regarder Kenzo. Je digère mal la nouvelle de sa mort, pour être honnête.

- C’est elle qui m’a appris à parler ta langue. Quoi qu’il en soit, notre histoire a été secrète, jusqu’à ce que son prétendant de l’époque l’ait découverte et que j’ai été passé à tabac. Mais… point positif, il n’a pas fait de mal à ta mère.

La violence envers les femmes restaient monnaie courante dans ces pays-là. Et c’est une des raisons pour lesquelles nous avions fait en sorte de garder cette histoire secrète. Là résidait ma plus grande crainte : qu’on s’en prenne à elle pour avoir aimé un étranger. Et si son prétendant m’avait passé à tabac, il avait préféré ne plus entendre parler de Salma, plutôt que de lever la main sur elle. Par ailleurs, le fait que je vienne à tutoyer Kenzo était une façon de lui faire comprendre que je le croyais. Et qu’ainsi, il pouvait stopper le vouvoiement à son tour. Cela ne voulait pourtant pas dire que j’allais me découvrir un rôle de père prochainement.

- Ensuite j’ai dû partir pour l’Irak. Je ne savais pas qu’elle était tombée enceinte. Si ça avait été le cas, tout aurait été différent.

Je ne me cherchais pas d’excuse. Seulement, je savais assumer mes responsabilités. Il est clair que si j’avais pris conscience de sa grossesse, je l’aurais prise avec moi, et nous serions rentrés en Angleterre. Ma vie aurait également été différente. J’aurais quitté l’armée, je n’aurais probablement jamais mis un pied au MI6 et je ne serais pas là aujourd’hui. Lui non plus d’ailleurs.

- Parle-moi d’elle…

Je venais de poser mon regard dans le sien. J’avais envie – besoin même – qu’il me raconte quelques anecdotes à son sujet, qu’il me rappelle des détails que j’avais pu oublier avec le temps, comme son plat ou bien sa couleur préférés.
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyVen 10 Mai - 9:33

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Je m'applique à tenter de percer à jour le mystère William Clives, ou au moins d'y trouver un semblant d'expression. Voire même d'humanité, qui sait ! Clairement, notre caractère diffère légèrement sur ce point. Sous mes dehors dragueur, un peu impitoyable avec les gens moches et très superficiel, je suis en réalité un homme très sensible. Et pas ce genre de sensibilité scandé par ces messieurs pour séduire. Je prends tout très à cœur, je suis une bombe de bonne humeur d'après mes proches et, pourtant, je le suis pour ne plus avoir à vivre l'horreur d'une enfance très malheureuse. J'ai beau être à la tête d'une fortune léguée par mes parents adoptifs ainsi que d'un patrimoine immobilier reçu après leur décès, je n'oublie pas mes origines. J'ai toujours eu ce besoin d'être attentif aux autres quoiqu'il arrive, de m'inquiéter souvent plus pour eux que pour moi, quand bien même je serais très égocentrique. Une preuve de mon attachement à autrui ? Les sommes folles que je verse chaque année aux associations caritatives en Inde et au Pakistan afin de venir en aide à ceux qui m'ont accueilli quand je n'étais qu'un gosse errant et orphelin. J'arrive à apercevoir l'ombre d'un sourire venir se loger sur les lèvres habituellement figées de l'ancien militaire et, immédiatement, un sourire deux fois plus large prend empire sur mon visage. Il s'en souvient. Au fond, le fait qu'il se montre aussi intrigué et même nostalgique me fait penser que je ne suis pas une erreur complète. Certes, ce ne fut pas la belle histoire d'un amour perdurant des années entières, mais ce n'est pas non plus le coup d'un soir impossible à se remémorer après une soirée trop arrosée. Je n'ai peut-être pas été vraiment désiré, mais je n'en suis pas moins un enfant né de l'amour entre ma mère et cet homme. Ce simple fait console déjà quelques craintes que j'avais en croisant le regard fatigué de ce type qui m'a, de toute évidence, légué un penchant pour la séduction et les conquêtes à répétition. Néanmoins, je fronce tout de même les sourcils car, pour ma part, j'avais moins eu l'occasion de voir ma mère rire. Ça lui arrivait assez rarement, c'est pourquoi j'avais pris chacun de ses rires pour un cadeau en soi. "Ah bon ? Ça devait sûrement être grâce à vous, alors. J'ai toujours vu Maman avec un peu de mélancolie dans les yeux, comme s'il lui manquait quelque chose. Elle me regardait souvent comme ça, d'ailleurs." Je n'avais pas conscience que mes paroles pourraient éventuellement gêner William car, dans ma petite tête, je n'avais jamais compris ce qui manquait à ma mère... alors que je l'ai sous les yeux aujourd'hui. Enfant, j'avais mis ça sur le compte des regards et des brimades des gens du village, rien de plus. Ou parce qu'aucun homme ne voulait mettre les pieds dans notre maison. Les seules fois où j'arrivais à la faire rire, c'était quand je sortais une question sûrement idiote ou quand je me prenais pour l'homme de la maison dès l'âge de cinq ans. L'air choqué de William à l'annonce de la mort brutale de Salma me fit entrouvrir légèrement la bouche. Dans un sens, il semblait enfin me croire et se douter qu'avec une attitude aussi gênée que la mienne sur ce sujet, je n'avais pas tout inventé. Néanmoins, au lieu de me vanter d'avoir enfin été crédible à ses yeux, je prends un air désolé. "Pardon, je... J'voulais pas vous annoncer une mauvaise nouvelle." J'aurais peut-être dû mentir, en fait. Lui donner un numéro au hasard dans l'annuaire, ou celui d'une femme que j'aurais briefée avant pour qu'elle joue le rôle de ma mère au téléphone et faire en sorte qu'il ne soit pas triste. Mais non, ça aurait ensuite provoqué d'autres problèmes s'il avait voulu la rencontrer... Quoique avec un bon déguisement, c'est jouable... Non, laisses tomber, Kenzo. Allez savoir d'où me vient un tel caractère farfelu. Sans doute un oncle pas très éloigné, avec des cheveux blonds bouclés. Loin d'être réjoui à l'idée de le savoir blessé, je l'écoute néanmoins avec une grande attention me parler de sa rencontre avec ma mère ainsi que de leur très courte vie commune. Quand il m'apprend que ma mère avait apparemment quelqu'un qui la désirait mais que William était passé avant, je me surprends à imaginer ce qu'aurait pu être mon enfance "normale" avec un père et une mère du pays. J'aurais été comme tous les autres enfants, peut-être. Je baisse les yeux mais je les relève aussitôt en l'entendant me tutoyer. Le sourire revient éclairer mon visage et d'un coup, j'ai l'impression qu'un cap est franchi et même si j'ai tendance à m'emballer très - trop - vite en règle générale, je ne peux pas m'empêcher de me projeter un peu plus loin dans l'avenir, chose que je m'étais promis de ne pas faire. "Vous... Vous parlez plutôt bien la langue, en tout cas." Je n'étais pas tout à fait sûr de savoir s'il accepterait que je le tutoie, malgré mon envie de le faire. "En tout cas, après vous, aucun homme n'est plus jamais venu à la maison. J'ai jamais su si c'était parce qu'ils ne voulaient pas ou si Maman n'avait pas envie." Elle me tenait souvent éloigné des autres hommes et, étant petit, je ne savais pas si c'était pour m'éviter leur influence ou bien la possible violence qu'ils pourraient éprouver envers moi. Dans un sens, peut-être que le fait d'avoir été le seul homme de sa vie réconfortera un peu William. Ma mère n'a jamais été une séductrice, les femmes ne le sont pas vraiment, là-bas. Soudain, je me fige quand il m'annonce que tout aurait été différent s'il avait su. Immédiatement, je me redresse et je secoue la tête. "On peut refaire l'Histoire avec des "si". J'veux pas le savoir." Quand je m'aperçois que j'ai sans doute été brutal dans cette nouvelle réponse impulsive, je prends un air plus détendu. "En fait, je m'en doute que ça aurait été différent... Mais j'ai pas envie d'en parler. J'ai pas envie de me dire que ma mère aurait dû vous le dire, ou que vous auriez pu être moins égoïste et ne pas partir. J'veux rejeter la faute sur personne. Les choses sont ce qu'elles sont, ça sert à rien d'imaginer ce qu'elles auraient pu être." Dans un sens, je lui demande de ne pas s'en vouloir, mais également de ne pas en vouloir à ma mère. Elle ne m'a presque jamais parlé de William, et encore moins des raisons qui l'ont poussée à cacher sa grossesse. La peur, la honte, peut-être ? Nous ne le saurons jamais et je ne veux pas m'enfermer dans le passé. Au contraire, je veux seulement aller de l'avant, c'est comme ça que j'ai appris à vivre et dépasser tout ça. Je ne suis pas venu pour faire des reproches, je suis venu chercher mon père. Quand il m'autorise en silence à le tutoyer, je prends toutefois le temps d'hésiter. "J'sais pas si j'ai vraiment envie d'en parler." Ma mère est un sujet presque tabou, je n'aime en parler à personne. Chaque mot qui sort de ma bouche me rappelle les cris de ses derniers instants de vie dans cette maison en flammes, après avoir été souillée par ces monstres. Je soupire puis je regarde ailleurs. La seule chose qui parvient à rompre mon silence, c'est l'envie de voir des émotions circuler dans le regard bleu acier du britannique, de pouvoir me rapprocher de lui par cette femme que nous avons en commun et que nous avons aimé chacun à notre manière. "Dès qu'elle le pouvait, elle m'emmenait à l'oasis. Elle aimait beaucoup cet endroit, elle y avait planté quelques fleurs qu'elle avait acheté au marché et elle s'en occupait autant que possible. Jusqu'à ma naissance, je crois qu'elle dessinait aussi un peu... J'ai retrouvé des vieux dessins qu'elle avait caché sous son lit, mais je ne lui ai jamais dit, j'avais peur qu'elle le prenne mal. Quand elle était triste, elle prenait un petit bocal avec des fleurs de jasmin séchées dedans et elle respirait longtemps. C'est vrai que ça sent bon, le jasmin..." ajoutai-je en fronçant les sourcils, inconscient que ma concentration touchait bientôt à sa fin. "Et puis le soir, avant de s'endormir, elle buvait exactement trois gorgées d'eau. J'ai jamais compris pourquoi, mais ça m'a toujours amusé de les compter." J'émets un petit sourire de gosse avant de regarder à nouveau William. "C'est quoi qui t'as le plus plu, chez elle ? Et l'Irak, ça ressemble à quoi ? Ça fait longtemps que t'es plus militaire ?" Ou comment sauter quasiment du coq à l'âne.
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyLun 20 Mai - 21:06


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- Ah bon ? Ça devait sûrement être grâce à vous, alors. J'ai toujours vu Maman avec un peu de mélancolie dans les yeux, comme s'il lui manquait quelque chose. Elle me regardait souvent comme ça, d'ailleurs.

Je restais quelque peu étonné par la tournure de la situation. Comment deux destins peuvent-ils être si différents ? Pendant qu’elle, elle élevait le fils que je ne connaissais pas, dans un village pakistanais où elle avait dû perdre sa place pour devenir marginale en aillant fait un enfant à un étranger venu d’Angleterre, pour ma part, je vaquais à mes occupations. Mon travail possédait, comme aujourd’hui, une part importante de ma vie. Après elle, j’avais connu d’autres femmes. Un nombre incalculable. Et si je n’étais tombé amoureux qu’une seconde fois, les autres n’avaient été pour moi qu’une distraction. J’avais profité, sans me douter un seul instant que là-bas, à des milliers de kilomètres de chez moi, une femme luttait pour élever mon fils. Donc oui, tout aurait été différent si je l’avais su…

Je me surprends à imaginer ce qu’aurait pu être ma vie si, à l’époque, elle m’avait simplement dit « Je porte ton fils ». Je serais resté quelques temps avec elle. Puis, je l’aurais entraîné avec moi en Angleterre afin d’élever cet enfant, car sans aucun doute, j’aurais pris mes responsabilités à ce sujet. J’aurais probablement quitté l’armée afin de trouver un travail plus stable. De ce fait, jamais le MI6 n’aurait entendu parler de moi. Je n’aurais pas rejoint leur rang et à partir de là, j’aurais renoué le contact beaucoup plus facilement avec Noah et le reste de ma famille. Je n’aurais pas non plus rencontré Alice. Salma, elle, serait probablement encore en vie. Je ne serais pas là aujourd’hui, Kenzo non plus. Non, nous n’aurions pas été là, à nous découvrir dans une salle de retenue à l’université de Berkeley, en Californie. Ma vie aurait pu prendre un tournant décisif avec une seule parole. Je ne ressentais pourtant pas un certain dégoût à me dire que j’étais passé à côté d’une vie beaucoup plus stable et certainement plus heureuse. Depuis, mon caractère avait changé. J’étais devenu un homme froid, distant et solitaire. De ce fait, ma vie actuelle semblait me correspondre sur bien des points. Ce que j’éprouvais, en revanche, c’était une grande frustration. Mais effectivement, avec des « si », on peut refaire le monde.

Alors que je demande à Kenzo de me parler de sa mère, il semblait hésiter, refuser même. Le souvenir le blesse trop, et je peux le comprendre sans aucune difficulté. Il m’était également très difficile de pouvoir parler de façon détachée d’une personne dont le décès à bouleverser ma vie. Je m’en voyais même incapable. Probablement tenait-il de moi de ce côté-là. Cependant, alors qu’il ne fait que relever les yeux vers moi, il se lance finalement dans quelques petites anecdotes. Je l’écoute attentivement, afin de pouvoir me souvenir de cette femme que j’avais aimée.

Je me souviens de l’oasis. Ce village du Pakistan avait été construit à proximité de cette dernière, et grâce à cette dernière. Les marchands y avaient tracé une route, afin de pouvoir s’y désaltérer durant leurs voyages. Un coin de Paradis dans le désert. L’agriculture avait ainsi pu se développer. Et le village tenait sa maigre richesse de cette bénédiction de la nature. Je m’en souvenais parfaitement. Une belle végétation installée sur le sol, et grimpant sur des parois rocheuses de nombreux mètres. Une cascade aussi. J’avais appris à aimer cet endroit où il faisait bon vivre. Là-bas, on n’y oubliait la vie difficile de ce village désertique. Et dans mes souvenirs, Salma affectionnait beaucoup cette oasis.

Puis je repense à ses dessins. Effectivement, elle avait un don pour cela. Je l’avais même surprise une nuit, en me réveillant, de la voir me prendre pour modèle tandis que je dormais. Mais j’imagine que Kenzo n’était jamais tombé sur cette feuille. De cette façon, il aurait pu savoir à quoi je ressemblais. Car même si j’avais vieilli, je gardais les mêmes traits. Je continue de l’écouter avec attention, et rapidement, il m’envoie en plein visage plusieurs questions, ne me laissant même pas le temps de répondre à une seule d’entre elles.

- Son caractère. Ta mère n’était pas comme les autres femmes, à se plier aux humeurs des hommes afin de les satisfaire au mieux. Elle savait élever la voix contre moi, me remettre à ma place. Et pourtant, elle restait d’une grande douceur. Elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. J’en ai fais les frais, et c’est ce qui m’a attiré.

Son caractère bien trempé avait eu raison de moi. Pourtant, cela ne faisait pas d’elle quelqu’un de désagréable, au contraire. Et elle n’en perdait pas sa féminité.

- J’ai quitté l’armée il y a treize ans pour reprendre mes études. C’est comme ça que je suis devenu professeur d’Histoire à Oxford.

Bien évidemment, je n’allais pas parler de mon second travail au sein de MI6. Je n’en avais ni le droit, ni l’envie. Ce secret planait sur ma vie et sur celle de Joe Shark. Evitons de recevoir les foudres de McKinney.

- Et toi, comment est-ce que tu en aies arrivé jusqu’ici ? Tu as dû survivre seul j’imagine, si Logan Salaun n’est resté avec toi qu’une année.

Il paraît que le monde est petit. Etrange, non ? Logan Salaun et moi devions avoir des destins croisés, entre sa rencontre avec Kenzo, et la mienne avec Cheyenne. C'était comme si tous nos destins étaient croisés à plusieurs endroits. Certains personnes sont uniquement de passage dans notre vie, d'autres peuvent jouer un rôle plus importants et être récurrents. Mais je trouvais étrange le fait que malgré nos nationalités différentes, nos modes de vie différents, nous arrivions à tous nous retrouver dans le plus grand des hasard dans une université aussi prestigieuse à l'autre bout du monde.
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyMer 22 Mai - 5:58

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J'avais l'air d'un bout-en-train survolté et populaire en apparence mais, derrière la façade, il n'y a rien d'autre qu'un petit garçon que la vie a contraint à grandir trop vite. Se battre pour sien sortir, je connais et c'est sans doute pour cette raison qu'à mon arrivée à Berkeley, j'avais souri en voyant les étudiants désespérer devant un gros bouquin à lire ou un devoir à rendre. C'est si dérisoire... Parler de mon passé me gêne terriblement car il me replonge dans une époque où rien n'était sûr, pas même le lendemain. Dormir dans un bidonville en plein hiver et se demander, avant de s'endormir, si on se réveillera le lendemain, c'est quelque chose qu'ils ne connaissent pas, ces gens-là. Je ne veux pas qu'on me regarde avec pitié, plus jamais. Alors, je passe mon passé sous silence. Je reste évasif, j'invente, j'embellis, mais surtout, je m'abstiens d'être honnête. J'accepte aujourd'hui de parler à cœur ouvert avec William uniquement parce qu'il consent lentement mais sûrement à considérer que je sois son fils biologique. J'ai envie d'être honnête avec lui dans cet espoir naturel de créer un semblant de lien car, hormis Noah qui m'a déjà "adopté", je n'ai plus aucune famille et je crains désespérément d'être seul. Je souris un peu en l'entendant parler du caractère bien trempé de ma mère. Au début, elle était toujours comme ça, c'est vrai. Je me prends d'ailleurs à songer à voix haute. "Oui, elle ne se laissait pas faire... Mais je crois qu'elle commençait à être fatiguée de devoir se battre. Une fois, un homme l'a bousculée et lui a craché dessus, au marché. D'habitude, elle se levait et s'indignait mais ce jour-là, elle n'a rien fait. Alors j'ai pris une pierre et je l'ai lancée sur le crâne de ce type avant qu'on rentre vite à la maison." Je ne sais même pas pourquoi j'éprouve tout à coup le besoin d'en parler. Ce n'est pas pour faire culpabiliser William, mais plutôt pour réaliser que dans un sens, j'avais réussi à prendre une petite part du rôle de chef de famille dans notre maigre foyer. J'avais toujours eu un fort instinct de protection, surtout envers les femmes et les enfants. Vers les plus faibles, aussi. J'ai beau être moqueur, narcissique et égocentrique, je n'en suis pas moins très sensible. "Du coup, plus une femme t'en fais baver et plus ça te plait ? C'est marrant, ça." J'affiche un sourire amusé en fouinant ensuite dans le sac à côté de moi pour essayer de dénicher un dessert digestible. Peut-être est-ce un point que nous avons en commun : je suis né d'un couple éphémère de fortes têtes et, bizarrement, j'adore qu'on cherche à me résister juste pour le plaisir d'avoir un peu de répondant. J'opine du chef en gobant sans me poser de questions le fait qu'il ait quitté l'armée sans jamais fréquenter à nouveau le milieu militaire. Ça a drôlement dû le marquer pour qu'il paraisse aussi détaché en permanence. "T'as quitté l'armée ou tu t'es fait virer parce que t'étais trop insolent ?" Quoi ? Lui aussi il est arrogant. Une vraie tête de mule, heureusement qu'il ne se s'est pas reproduit... Ah, si, en fait. Je baisse un peu la tête quand il me demande ce que j'ai fait pour m'en sortir ensuite. Mes pensées vont vers Logan. Tout seul ? Non, c'est faux. Pourquoi croit-on que j'ai besoin d'être populaire, d'avoir un harem de groupies, un tableau de chasse féminin et être entouré en permanence ? Être seul me ramène tout droit à la hantise qui m'avait rongé ne serait-ce que quelques heures entre le moment où ces talibans avaient débarqué pour détruire le village et le moment où Logan Salaun m'avait arraché aux ruines d'un logis où gisaient les cendres souillées de ma mère. Je ne voulais pas revivre ça et, quand on y pense, je n'ai jamais été vraiment seul. Je suis passé de ma mère à Logan, de Logan à Thalia et sa mère, puis des deux femmes à ma famille adoptive avant d'arriver ici. En tout et pour tout, j'ai dû être vraiment seul environ deux mois dans ma vie. "Les autres soldats m'aimaient pas, ils pensaient que j'étais comme... eux. Ils pensaient que me laisser trainer dans une caserne, ça allait faire de moi un terroriste. Logan s'est bien occupé de moi, mais il se faisait crier dessus dès que je faisais une bêtise... et j'en faisais beaucoup. Du coup, pour éviter qu'il continue à se faire remonter les bretelles, j'ai piqué quelques unes de ses affaires et je suis parti en Inde, vers Mumbai." Je prends finalement une pomme dans mon sac et je commence à croquer dedans avec appétit. "J'suis tombé sur une fille un peu par hasard, dans le bidonville de Dharavi. Elle s'appelait Thalia, elle vivait seule avec sa mère, du coup elles ont accepté que je vienne vivre avec elle. Ça leur a fait du bien aussi, à mon avis. J'savais pas lire ou écrire, mais on allait espionner parfois à l'extérieur des petites écoles de la grande ville. La vie n'était pas très simple, mais on se débrouillait avec les moyens du bord. J'ai essayé de gagner un peu d'argent pour tout le monde tant que possible..." Pendant que je parle, je frotte machinalement le tatouage que je porte à l'intérieur du poignet, le signe de mon appartenance au commerce sexuel. J'avais œuvré pendant quelques temps dans la prostitution, vendant mon corps et mes charmes à des femmes de tous bords, sans distinction sociale. Je n'avais que 14 ans, mais j'avais toujours eu un physique un peu en avance sur mon âge. Si je suis aussi redoutable pour séduire les filles, c'est précisément parce que j'en ai fait mon métier. "Ensuite, un couple de riches habitants de Mumbai m'ont rencontré et ont voulu m'adopter. Ils ne voulaient pas passer par toutes les complications de procédure, surtout que je n'étais pas comme tous les autres enfants, niveau papiers, santé et tout. Ils m'ont emmené à l'âge de quinze ans après avoir eu mon accord, j'voulais pas laisser Thalia et sa mère comme ça. J'ai appris à lire, écrire, etc., j'ai rattrapé mon retard en peu de temps. Ils sont morts dans un accident de voiture au début de l'année en me léguant leur fortune et des actions dans leur société immobilière. Et maintenant, me voilà !" Je conclus en tapant dans mes mains avec un grand sourire, comme si je venais de raconter un conte. Une histoire expédiée rapidement car elle se termine bien. Je jette un œil à mon tatouage puis je regarde mon père. "Alors, ça te fait quoi d'être père ? Promis, je ne mets pas de couche, t'auras pas à me changer... même si je crois que Noah ne l'a pas très bien intégré." ajoutai-je en fronçant les sourcils. Noah et sa manière de toujours couver. "Tu... Tu m'en veux pas de débarquer un peu comme ça ?"
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MessageSujet: Re: « Like father, like son. » « Like father, like son. » - Page 2 EmptyVen 24 Mai - 12:06

« Like father, like son. »
Kenzo & William



En entendant les paroles de Kenzo, je ne peux m’empêcher de fulminer intérieurement. Là-bas, le respect de l’homme envers la femme n’est pas le même qu’ici. Ici, personne ne se permettrait de cracher à la figure d’une personne de la gente féminine. Le simple fait de cracher au visage de quelqu’un, en général, reste assez rare pour être honnête. C’est d’ailleurs toujours ce que j’ai pu reprocher à ces pays. Si je ne mettais pas tous les hommes dans le même panier, car certains possédaient un respect plus grand, la majorité des « mâles » respectaient leur coutume, à savoir que la femme n’avait que très peu de droits, pour ne pas dire aucun à certains moments, et qu’elle devait se taire lorsque monsieur parlait. Pour qui se prenait-il ? Il n’y avait qu’à voir les atrocités qu’ils leur faisaient parfois vivre. Combien ai-je vu de pakistanaises défigurées car leur mari les a aspergé d’acide durant la nuit ? Là-bas, la femme pouvait être réduite au statut d’animal. Du moins, c’est l’image que je possédais, moi, occidental qui n’avait passé que quelques mois sur ces terres. Peut-être étais-je dans le tord après tout.

- T'as quitté l'armée ou tu t'es fait virer parce que t'étais trop insolent ?

Cette question me fait sourire. Amusé, je secoue négativement la tête. Si, effectivement, mon insolence m’avait coûté chère à certains moments, je reste particulièrement bon dans mon domaine, si bien que l’on passait toujours outre mes frasques. Dans le fond, mon unique problème résidait dans le fait que je prenais mes décisions seul, et que lorsque je n’étais pas d’accord, je le faisais savoir. En attendant, suivre mon propre instinct ne m’avait, au final, jamais fait du tord dans le mesure où j’étais toujours parvenu à remplir mes objectifs. Seul le manque d’obéissance restait à déplorer.

- Je l’ai quitté de mon plein gré, avant qu’ils ne viennent à me virer j’imagine.

J’écoute son récit avec attention, désirant en apprendre plus, curieux de savoir comment il a pu passer de là-bas à ici en si peu de temps. En effet, il n’a que vingt ans après tout et déjà, il avait vécu l’équivalent d’une vie entière. Une vie bien remplie, entendons-nous bien. Mais j’imaginais qu’il aurait préféré qu’elle soit un peu plus monotone et heureuse. Mes yeux bleus se déposent un instant sur le tatouage à l’intérieur de son poignet, qu’il frotte machinalement. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour en découvrir la signification. Outre mon parcours militaire, en faisant partie du MI6, j’ai dû arrêter des hommes pour blanchiment d’argent, afin qu’ils ne financent pas le terrorisme. Et parmi les activités illégales, le commerce sexuel des enfants revenaient souvent. Ce symbole, donc, je le connaissais. Voilà comment il avait gagné de l’argent. Mon cœur loupe un battement bien que mon visage reste particulièrement neutre. C’est toujours assez choquant de comprendre que si nous, nous vaquons à nos petites occupations dans un pays riche comme le notre, dans d’autres, des enfants sont obligés de se prostituer pour pouvoir manger et donc survivre. De cette façon, on apprend à relativiser, et à se dire que malgré les ennuis, il y en a toujours qui s’en sorte moins bien que nous. Pourtant, je n’ai pas l’occasion de faire un seul commentaire sur ce tatouage qui retient mon attention, mais que j’évite de fixer à longueur de temps.

- Alors, ça te fait quoi d'être père ? Promis, je ne mets pas de couche, t'auras pas à me changer... même si je crois que Noah ne l'a pas très bien intégré.

Cela ne me surprend pas de la part de mon petit frère. Il a toujours tendance à adopter le rôle d’une mère-poule. Etait-il ainsi parce qu’enfant, j’étais très protecteur envers lui ? Ou bien était-ce par qu’il tenait de notre mère ? Cela restait un grand mystère. Et si Kenzo devait fortement apprécier son oncle, il devait être pour le moins étonné de son comportement envers lui.

- Tu... Tu m'en veux pas de débarquer un peu comme ça ?

Je l’observe longuement, sans trop savoir quoi répondre. Bien sûr que non, je ne lui en veux pas. Pourquoi lui en voudrais-je ? C’était complètement stupide. Cependant, je ne savais pas quoi penser de toute cette situation. On m’apprenait d’un coup que j’étais le père d’un jeune homme de vingt ans, que mon premier amour avait quitté ce monde et je me retrouvais là, entre les souvenirs que j’avais, et ce que j’aurais dû avoir.

- Non, je ne t’en veux pas. J’imagine que c’est normal de vouloir connaître son géniteur mais… si tu espérais trouver un père ici, de façon symbolique, je ne sais pas si tu es bien tombé sur moi. Je ne connais pas ce rôle, et pour être honnête, je ne suis pas sûr de vouloir l’assumer maintenant alors que je ne te connais pas. Ce qui, bien évidemment, n’est aucunement de ta faute. Tu comprends ?

Je ne voulais absolument pas le vexer et aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens presque stupide à l'idée de voir une moue déçue sur son visage. Je ne souhaitais absolument pas casser ses rêves, mais je me devais d'être franc avec lui. Dans mon esprit, je n'avais jamais été le père de quelqu'un. Aujourd'hui, un jeune homme de vingt ans m'expliquait qu'il était mon fils. Je ne l'ai pas connu enfant, et, bien évidemment, l'idée doit faire son petit bout de chemin pour que j'arrive à réaliser la chose, même si je savais très bien aujourd'hui qu'il n'était pas un imposteur.
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