Routine parisienne here we go ! Le train-train caractéristique de Paris et tout ce qui suivait, la cohue à Châtelet, le jardin du Luxembourg bondé pendant les pauses repas et Fleur qui devait à nouveau s’habituer au plan RATP format de poche à transporter partout. Enfin partout, avec le petit être qui évoluait en elle à une vitesse grand V. et le mystère qui régnait autour du sexe de l’enfant ; en rentrant de l’hôpital américain de Neuilly elle prit enfin conscience que bientôt cet être ne serait plus juste dans la machine, sous une vision en noir et blanc mais bel et bien réel. Constance visiblement occupée par diverses histoires, au moins cette année la demoiselle bossait et Fleur ne regrettait même pas de devoir connaître la réponse seule. Pour une fois que son amour et compassion pour les gens pouvait être mit de côté ce n’était sans compter la présence ou plutôt retour dans leur vie du paternel.
Ayant toujours entretenu des rapports conflictuels avec le patriarche elle n’aurait jamais pensé qu’il se serait manifesté de lui-même pour l’accompagner jusqu’à Neuilly emprunter ce satané périphérique, enchaîné sur l’autoroute et se plaindre ensuite que cette clinique privée n’avait rien à comparer à celui du Val de Grâce. Trajet retour silencieux ; Fleur stressée, angoissée devant rassurer son père qui éprouvait les même inquiétudes. Elle devait le rassurer avec des phrases qui ne la rassuraient pas elle-même ; quand le sujet épineux du père de l’enfant arriva elle fut soulagée de voir que son bâtiment se dessinait sous ses yeux. Accrochant son Miu-Miu crispée, elle fit claquer les talons de ses escarpins sur le carrelage du hall d’entrée.

L’appartement lui manquait, la concierge prête à tout faire pour elle lui manquait, Fleur se souvenait encore de sa mine étonnée de la voir accompagnée et enceinte. Alors qu’elle l’avait vu durant plus d’une année tous les jours partir et rentrer le soir seule, et portant une dizaine de bouquins. Son père s’occupait toujours de payer les charges sans payer de loyer vu qu’il en était propriétaire et quand elle était arrivée rien n’avait bougé. Mr La Tour Dubois n’était pas le genre de père fouine ou voulant toujours gagner grâce à son investissement en sous-louant l’appartement par exemple. Les mêmes pièces, les même photos, la même terrasse que la voisine du dessous lui enviait, et les mêmes fringues laissés ici faute de place dans ses valises, elles iront un jour à Berkeley toutes ces fringues ouais un jour. Les échographies à la main, elle se hâta d’enrouler le dossier dans son sac et d’abandonner ce même sac au pied de son lit. Drew n’était pas encore là, en fait même sous le même toit elle sentait qu’ils ne se voyaient à peine et encore quand elle ne lui prenait pas la tête pour le moindre détail. Il lui resterait quelques minutes avant qu’il ne rentre et déjà bien fatiguée elle se dirigea vers la chambre qu’ils partageaient, chambre dans les tons pastel mais sobre. Pas la chambre de gamine qu’elle a traîné jusqu’à ses seize ans une chambre bien joliment aménagée pour deux. Son père ne resterait pas longtemps juste le temps de passer au siège social de l’entreprise et ensuite retourner en Suisse, les retrouvailles avec toute la famille n’étaient pas pour maintenant tant mieux devoir manger dans un des restaurants à Montmartre devenait d’un ennui total.
« Je ne resterai pas pour la soirée j’ai des formalités à régler et mon train est à 19h25.. » Fleur ne se voyait pas le laisser partir avec un taxi même si ils se verraient la semaine prochaine, alors prête à lui demander si comme à chaque fois ils auraient à aller à gare du Nord et qu’elle pourrait l’accompagner parce que là-bas il y avait plus de magasins qu’à Austerlitz sa mine se renfrogna quand plusieurs bruits de portes claquées résonnèrent dans l’appartement. Par flemme énigmatique de se lever elle s’engouffra encore plus sous la couette, pour l’infusion au miel elle attendra. Pour le coup de fil à Florence il attendra aussi ; ce bébé tout le monde l’attendait qu’à force on l’oubliait elle… Rapide tour des chaînes encore disponibles, celles du satellite viraient plus à la neige qu’autre chose et un porte qui s’ouvrit à pleine volée, formant un « oh » de surprise elle vira rouge sang quand en plus de voir Drew nu elle entendit son père crier son prénom à multiples reprises.

Autant être appelée par ses prénoms, et son nom pouvait être plaisant dans d’autres circonstances là ça ne l’était plus du tout. MTV qui passait du Shontelle, et le bouton mute qui clignota aussitôt sur l’écran de la télévision. Relevant la frange qu’elle avait basculé sur le front et resserrant l’élastique attachant ses cheveux, elle le pointa du doigt le regard mi-amusé, mi-compatissant : « Tu sais il est propriétaire donc il a le droit d’être là hein… » Reprenant la télécommande et désactivant le muet pour baisser le volume afin de continuer leur conversation avec un léger fond-sonore. « Il repart ce soir, il n’aime pas vraiment vivre ici donc t’as qu’a jouer cache-toi d’ici 18H et incident vite oublié… » Encore bien mouillé elle déplora en garda le silence l’eau qui formait une jolie marque sur l’oreiller mais se penchant vers lui elle posa ses lèvres contre les siennes continuant : « Je peux toujours en profiter ou ça y est, voir mon père a vraiment tout détruit ? » Comme si elle ferait quoique ce soit au nez de son père, bon c’est vrai que Drew était presque à la diet’ mais Fleur ne supportait pas vraiment qu’on la touche, surtout en ce moment. « Bon je crois que j’vais devoir lui parler… »

Le fait qu’elle l’ait repoussé n’était vraiment pas pour l’agacer ou l’ennuyer mais surtout parce que la vision que son père se trouvait dans la pièce d’à côté ne faisait pas office d’aphrodisiaque ou la détendait mais la bloquait. Elle prenait conscience de jours en jours qu’ils se retrouvaient au pied du mur ; que de couple ils passaient à colocataires, elle en était désolée sincèrement mais à chaque fois qu’elle s’imaginait dépasser le stade des baisers passionnés le bébé toquait à la porte de son esprit pour signaler sa présence. Sentiment de culpabilité qui l’envahit elle savait qu’il ne tiendrait pas neuf mois et que pour lui deux mois révélait d’une notification dans le Guinness Book des records. S’il l’avait connu à sa période presque clean teen il en aurait pensé quoi de celle qui deviendrait bientôt sa femme ?
La référence de la Corse et de ce qu’elle avait apporté la vexa tout en lui donnant son lot de mauvais souvenirs ; le début avait bien commencé mais la fin. Grimace et regard posé sur le bras du jeune homme, plus aucune marque rien du tout à croire que rien ne l’avait touché qu’il n’avait jamais été blessé. « Tu te souviens de comment ça s’est fini LA C-o-r-s-e ? Et j’parle pas uniquement de ton bras mais de nous aussi… » La réalité qui avait brisé leur jolie complicité, tout ce qu’elle avait apprit mais pourtant les premiers jours étaient juste idylliques. Faudrait qu’elle évite de se voiler la face un peu ça lui manquait, ils ne se voyaient à peine ou plutôt la future maman évitait de devoir trop rester avec lui en tête à tête et ne réfléchissait que par rapport au bébé ; elle ne se voyait plus jeune femme mais maman au début. Ce bébé arriverait bientôt elle aurait tout le temps ensuite de s’en préoccuper, le matin même savoir qu’elle aurait confirmation du sexe du bébé l’angoissait maintenant elle pensait déjà à ce que donnerait l’accouchement.

Prenant une longue et profonde inspiration elle regretta de lui avoir filé entre les doigts cette fois encore mais se promit de se racheter bientôt juste avant qu’il ne se hisse hors du lit elle attrapa son bras l’attirant vers elle, sur les genoux elle ne pu refréner la gêne de son ventre qui dépassait plus que la moyenne. L’Alpha pouvait bien se comporter comme la pire des garces elle n’en restait pas pour le moins la plus amoureuse possible : « Je te promets que tout ira comme avant… » C’était étrange de voir la place du sexe dans leur relation ; à fortiori elle ne prenait pas ça comme un pilier important dans leur relation mais comme un compliment limite un truc en plus, cachant toujours cette idée elle avait conscience que ce n’était pas le cas pour lui. En vacances, elle profitait et profitait aussi d’une libido plus active là non les hormones travaillaient plus son humeur qu’autre chose. Pourtant au contact de sa peau elle remarqua que sur sa peau il y avait toujours cette étrange sensation d’écho ; il la touchait à un endroit toutes la parcelle de sa peau en sentait les vibrations. Lorsqu’il l’embrassait l’écho s’amplifiait, en plus de nouer son estomac elle avait envie de lui comme à leur premier rendez-vous « officiel ». Le laissant s’affairer à vouloir plaire à son père elle le fixa d’un œil inquiet tandis que lui tout sourire se faisant enfin à la raison de devoir lui adresser la parole.
Limite a prendre ça trop à la légère, bon par le passé il connaissait peut être les brunch dominicaux avec la famille de ses ex où elles le présentaient à peine avec leur sourire colgate et lui n’avait qu’à hocher la tête et mimer un semblant d’intérêt profond pour leur fille là non on passait au niveau supérieur. On parlait mariage et bébé, plus d’une vie en couple simple mais de tout ce qu’imposerait une famille. Quand enfin préparés il glissa sa main dans la sienne, elle sentit un vent froid traverser toute son échine ; l’étape « présentation du petit-ami » Fleur ne l’avait jamais connu, elle évitait le sujet de sa vie sentimentale l’estimant un peu trop privé. Et puis son père semblait apprécier ce choix et ne cherchait pas vraiment à connaître les « Hommes » de ses filles. Voyant que le couloir donnait l’air d’un corridor aussi long que la Galerie des glaces de Versailles (et en moins bien éclairé niveau luminosité) elle essaya de le détendre en le forçant à sourire, en tirant la langue, en lui faisant un clin d’œil et en articulant un joli « je t’aime ». On en oublierait presque qu’elle est chiante grâce à ça…

Le regard de son père régissant tel un juge, et l’attente du ton de sa voix. Si la jeune femme savait bien une chose c’est qu’en fonction du ton de la voix de son père elle saurait s’il prenait Drew au sérieux, s’il le moquait de lui, ou s’il le détestait déjà.
Et puis son fiancé prit la parole, le temps parût long mais les paroles sincères (enfin on l’espère) et même si la petite donnait quelques coups, pour qu’on ne l’oublie pas sûrement elle se contenta de garder son regard fixé dans celui de son père ; elle y voyait quelques petites choses. Et après leur longue discussion de la matinée l’issue de cette conversation serait presque prévisible :
« Vaudrait mieux pour vous que vous restiez habillés à partir de maintenant... » Long silence donc reproche, Drew devrait se taire s’il tenait à se faire bien voir. Si le patriarche pouvait rire il restait beaucoup trop sur la défensive. Situation cocasse ou pas il n’appréciait pas peut être que le long éloge qui suivrait ferait moins tâche. Ou peut être pas : « Vous savez qu’il y a une dote à payer aussi ? On ne demande pas la main d’une La Tour Dubois aussi facilement que ça… » Gros yeux second silence beaucoup plus gêné, l’épisode de la dote ? Son père vivait vraiment au siècle dernier ? Comptant de cinq à zéro elle pria pour qu’il dise qu’il le taquinait : « … Je plaisante. » Comme si son père l’ajoutait ça ne découlait pas d’une évidence. « J’espère juste que vous ne faites pas d’erreur en vous mariant trop tôt j’en ai parlé à Fleur ce matin, mais elle a l’air d’être sûre d’elle, et elle est heureuse avec vous ça veut bien dire qu’il y a bien quelque chose entre vous. » Soupir de soulagement bon le couplet qu’il acceptait pour la main de sa fille et tout le blabla il ne le répéterait, son père était un avant-gardiste et non pas ceux qui vivent encore des traditions du début des temps. « Et sinon au passage félicitations pour la fille… » Ouais bon okay ça c’était elle qui était censé lui annoncer vu la volonté de monsieur d'avoir un garçon. Il aura affaire à une nouvelle La Tour Dubois mais associée à McFendders ça change tout.